• Jonathan sur twitter à propos des 180000 vols à vide de la #Lufthansa

    Tout le monde RT ce tweet avec un petit commentaire sarcastique du style : « Et surtout n’oubliez pas de fermer le robinet pendant que vous vous brossez les dents ! ».

    Sauf que ce ne sont pas les règles européennes qui sont aberrantes, c’est le détournement qu’en fait Lufthansa.

    Les ubuesques décollages à vide pour ne pas perdre les créneaux aériens
    https://video.twimg.com/amplify_video/1478991506602090496/vid/640x360/ssSa1csdQlWOVsdE.mp4?tag=14

    Le nombre de pistes étant limité dans les #aéroports, un certain nombre de créneaux de décollage / d’atterrissage (slots) sont mis à disposition de chaque compagnie. En Europe ces slots ne sont pas vendus, ils sont attribués en fonction de critères différents dans chaque pays.

    La réglementation européenne impose en revanche qu’un slot attribué à une compagnie soit utilisé à au moins 80 % de sa capacité. En dessous de ce seuil, le slot revient à son gestionnaire (la #Cohor en France), qui le réattribuera à une compagnie concurrente en manque de slots.

    C’est à mon avis (je ne suis pas un professionnel du secteur) la façon la plus juste et efficiente de gérer ces slots. Cela évite que certaines compagnies les monopolisent en vue d’un usage futur, cherchent à évincer un concurrent d’un aéroport, ou qu’elles se livrent à des « trafics » de slots (c’est quand même le cas dans les faits pour ce point, mais ça reste négligeable).

    Une chose à savoir : le fait de programmer un vol sur un slot puis de l’annuler compte comme une utilisation du slot.

    L’idée derrière sûrement est que la compagnie n’est pas responsable des aléas (météorologiques notamment). J’ai cru comprendre que l’annulation d’un vol à la dernière minute n’entraînait pas la facturation du slot par son gestionnaire, mais je n’en ai pas trouvé de confirmation.

    Pour vous donner une idée de la criticité des slots pour les compagnies aériennes : il arrive régulièrement qu’une petite compagnie soit rachetée par une plus grosse pour… ses slots.
    Pas de slots, pas de décollage, pas billets à vendre.

    Pendant la crise du #COVID, le #trafic_aérien ayant été fortement réduit, l’#Europe a abaissé le seuil de 80 % à 50 %, notamment pour éviter que les compagnies effectuent des vols à vide, des vols sans passagers dont le but est uniquement d’utiliser un slot afin de ne pas le perdre.

    Contrairement à ce qu’on lit ici et là, le seuil est TOUJOURS à 50 %.

    Mais alors quel est le problème qui force la Lufthansa à effectuer des vols à vide ? Ou plutôt à annoncer à grand renfort de tambours et trompettes (oui je parle comme un vieux) qu’elle va faire voler des avions à vide ?

    Il fait comprendre une chose : #Lufthansa_Group, la maison mère de Lufthansa, est un monstre. Troisième plus grosse compagnie aérienne du monde, 36 milliards de dollars de CA en 2019 (vs 27 pour le groupe Air France-KLM), 140 000 employés, autour de 600 appareils (j’ai compté à l’arrache). Pour une boîte de cette taille les slots sont CRUCIAUX et la moindre secousse économique / sanitaire peut faire très mal.

    Niveau européen, le trafic aérien ayant plus ou moins retrouvé un niveau normal, des discussions sont en cours pour savoir si le seuil doit être relevé, et à quel niveau.
    Et Lufthansa cherche simplement à faire pression sur ces discussions, via l’opinion publique, via les médias.

    À l’ère de l’écologie et des réseaux, quoi de mieux que d’annoncer 18 000 vols à vide dans le ciel européen à des citoyens consternés devant la bêtise de cette règle de la méchante Europe ?

    Encore une règle inventée par une bande de bureaucrates complètement déconnectés des réalités de la vie.

    Sauf que Lufthansa se fout un peu de notre gueule : en plus de l’abaissement du seuil d’utilisation des slots, il existe une règle de non-utilisation justifiée des créneaux qui s’applique sur demande de la compagnie pour tout ce qui est durcissement des règles sanitaires (confinements, quarantaines…), même pour les cas de baisse de fréquentation d’une ligne en raison du contexte sanitaire.

    Ce que veut Lufthansa c’est bien évidemment conserver un maximum de slots sans pour autant effectuer un maximum de vols, mais aussi éventuellement créer un petit électrochoc dans l’opinion publique afin que le seuil ne soit jamais remonté, ou pas aussi haut.

    Et ça à la limite, ça ne me choque pas. C’est leur business, ils font du #lobbying, très bien pour eux.

    Ce qui est très énervant en revanche, c’est les médias qui ont quasiment TOUS relayés la #communication_anxiogène et simpliste de Lufthansa sans aucune once de recul, sans jamais se demander si peut-être par hasard ce ne serait pas de l’esbroufe pour faire pression sur la #commission_européenne et l’#IATA (aéroports). C’est ce genre de chose qui crée de l’#europhobie, tout le monde le sait depuis 25 ans, mais rien à faire, ça ne change pas.

    Je ne vous parle même pas du ministre des transports belge, manifestement incompétent, qui joue le jeu de Lufthansa en demandant un changement des règles européennes (qu’il ne maîtrise visiblement pas).

    https://twitter.com/TehHarry/status/1479399461147262982