marielle 🐱

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Lettre ouverte Ă  Jean-Michel Blanquer en 31 points
    ▻https://blogs.mediapart.fr/samy-johsua/blog/150122/lettre-ouverte-jean-michel-blanquer-en-31-points

    Le vendredi 14 janvier 2022, vous avez dĂ©clarĂ© « je ne suis pas parfait, je fais des erreurs
 ». La liste des erreurs est longue. Une lettre d’une professeur de LycĂ©e Pro, qui dĂ©cline la longue liste des excuses qui serait nĂ©cessaire Ă  Blanquer, bien plus que ce que le mouvement des derniers jours lui a arrachĂ© du bout des lĂšvres.

    Monsieur, le vendredi 14 janvier 2022, vous avez dĂ©clarĂ© « je ne suis pas parfait, je fais des erreurs
 ». En tant que triple vaccinĂ©e, et donc faisant encore partie des citoyen.nes selon votre prĂ©sident, mais contaminĂ©e en milieu professionnel et donc amplifiant le taux d’absentĂ©isme selon vos critĂšres, je note une volontĂ© communicationnelle de contrition. Je profite donc de ces quelques heures de bon sens pour vous dresser la liste de vos erreurs.

    Pour avoir sous-estimĂ© l’épuisement des personnels avant mĂȘme l’épidĂ©mie, lors du suicide de notre collĂšgue directrice d’école Christine RENON, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir accusĂ© les grĂ©vistes qui alertaient sur nos conditions de travail, « d’instrumentaliser » le suicide professionnel de notre collĂšgue Christine RENON, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir fait une réforme du bac, qui a mis nos élÚves dans une situation de stress continu, je vous demande de vous excuser.

    Pour, de ce fait, avoir plongé les enseignant.es dans un état de stress permanent et dans une surcharge de travail sans précédent, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir crĂ©Ă© cette folie de « Parcoursup », dont toutes celles et ceux qui l’ont pratiquĂ© savent que c’est un outil de consolidation des injustices sociales et scolaires, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir fait une rĂ©forme de l’enseignement professionnel catastrophique, rĂ©duisant les heures de Français et Histoire/ GĂ©ographie Ă  2.5 heures en Terminale, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir soutenu une réforme des retraites qui réduisait nos pensions et envisageait de nous faire travailler au-delà de 65 ans, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir soutenu une politique de répression violente contre les lycéens qui défendaient leur bac, je vous demande de vous excuser.

    Pour vous ĂȘtre rangĂ© du cĂŽtĂ© des policiers qui ont laissĂ© des enfants de Mantes-la-Jolie Ă  genoux et mains dans le dos quatre heures durant, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir organisé des réformes, sans jamais vous soucier du terrain, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir rendu depuis deux ans de l’argent Ă  Bercy, alors que l’Ecole de la RĂ©publique est exsangue, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir annoncĂ© qu’il n’y aurait pas de fermeture des Ă©coles la veille de l’annonce de la fermeture des Ă©coles, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir laissĂ© les familles de nos Ă©lĂšves des quartiers populaires dans une situation sociale catastrophique durant le premier confinement et sans interlocuteurs Ă  qui s’adresser, et pour votre inaction actuelle, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir expliqué que des enfants souffraient des violences intrafamiliales et du choc psychologique durant les confinements, et cependant, les avoir fait reprendre sans soutien psychologique, sans cellule de crise et surtout sans renforcement des services sociaux ou de santé scolaire, je vous demande de vous excuser.

    Pour nous avoir fourni des masques dangereux d’abord, puis inefficaces ensuite, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir dit que l’école Ă©tait le lieu le plus sĂ»r, sans jamais relancer un service de mĂ©decine du travail Ă  la hauteur ni amĂ©liorer le service de santĂ© scolaire, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir jetĂ© l’opprobre sur les salles de profs « gangrĂ©nĂ©es par les islamo-gauchistes », alors que nous commĂ©morions la mort de notre collĂšgue Samuel PATY, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir laissĂ© croire que nous pouvions gĂ©rer le distanciel, le prĂ©sentiel, alors que nos services Ă©taient « hackĂ©s par une cyber-attaque d’ordre mondial », je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir fait comme si tout était normal sans jamais mesurer les impacts de cette pandémie mondiale sur notre jeunesse ou sur les personnels administratifs, de vie scolaire, enseignants, agents, etc., je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir sous-entendu que nous Ă©tions une profession absentĂ©iste, alors que nous nous Ă©chinons jour aprĂšs jour Ă  maintenir debout un service d’éducation Ă  genou, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir jetĂ© le discrĂ©dit sur les organisations syndicales qui vous alertaient, tout en finançant dans le mĂȘme temps, aux frais du ministĂšre, les petites fĂȘtes de votre syndicat lycĂ©en maison, je vous demande de vous excuser.
    Pour avoir annoncĂ© une cinquantaine de protocoles sanitaires, dont dix-neuf depuis deux mois, dans la presse plutĂŽt qu’à vos services, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir sabotĂ© mon cours d’enseignement civique, avec vos affiches sur la laĂŻcitĂ©, annonçant que la laĂŻcitĂ© c’est de « rire aux mĂȘmes blagues » ou de « lire les mĂȘmes livres », alors que c’est exactement l’inverse, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir obligé les familles à jongler depuis trois semaines avec les tests et protocoles, jouant les usagers contre les personnels, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir rĂ©duit le nombre de postes d’enseignants et d’AED dans mon Ă©tablissement (et dans tous les Ă©tablissements d’ailleurs), alors que le nombre d’élĂšves augmentait, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir Ă©tĂ© dans un colloque sur les soi-disant dangers du sĂ©paratisme, afin de vous pavaner au milieu de vos courtisans, alors que les parents faisaient la queue dans les pharmacies, se retrouvaient avec leurs enfants sur les bras, sans possibilitĂ© de dĂ©poser des congĂ©s « garde d’enfants » et que je faisais cours Ă  des Ă©lĂšves malades, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir laissĂ© dans une situation catastrophique la question de l’enseignement des Ă©lĂšves en situation de handicap. Abandonnant les enseignant.es et les accompagnant.es, ainsi que les familles et leurs enfants Ă  des comptes d’apothicaires, se rĂ©partissant les aides Ă  la demi-heure, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir parlĂ© de « tenue rĂ©publicaine » pour nos lycĂ©ennes, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir laissĂ© penser Ă  l’opinion publique que vous Ă©tiez la fermetĂ© et la rigueur alors que nous Ă©tions de dangereux fainĂ©ants plaintifs qui devions signer une charte de la confiance, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir mis en doute notre attachement aux valeurs républicaines, je vous demande de vous excuser.

    Pour avoir continuĂ© Ă  geler le point d’indice, nous laissant avec des salaires parmi les plus bas de l’OCDE mais malgrĂ© tout un peu meilleurs que ceux de nos collĂšgues contractuel.les, je vous demande de vous excuser.

    Pour tergiverser encore et encore sur la fourniture de masques chirurgicaux, masques FFP2 en nombre, capteurs de CO2, purificateurs d’air mais aussi sur les allĂšgements de programmes ou le report des Ă©preuves de spĂ©cialitĂ© en bac, je vous demande de vous excuser.

    Pour poursuivre imperturbablement votre entreprise de casse du service public de l’éducation, quand tout dĂ©montre qu’il faudrait au contraire le dĂ©velopper et le renforcer, je vous demande de vous excuser.

    Aujourd’hui, on vous reproche dans les mĂ©dias « le ton et la mĂ©thode », mais la liste est trop longue des faits concrets que les personnels vous reprochent. Les excuses, comme les applaudissements des soignant.es, ne permettent ni de payer les factures, ni de remettre sur pieds un vrai service public d’éducation. Mais je doute que vous ayez Ă©tĂ© nommĂ© pour cela. Et puisqu’il est de bon ton d’utiliser des gros mots, je pense qu’il est temps « d’arrĂȘter de nous emmerder ».

    Cordialement.