La dernière année où ce que j’habitais la région parisienne, je m’étais finalement décidé à investir dans une grosse doudoune intégralement doublée en plumes de bébé phoque. Le genre que s’ils décidaient de tourner un troisième remake de The Thing, cette fois je pourrais bien me porter volontaire. Genre : d’octobre à mars, cette doudoune était devenue la meilleure décision de toute ma vie.
Et puis on a décidé d’émigrer sur Montpellier. La nouvelle meilleure décision de toute ma vie. Et pour le coup, la doudoune en peau de burnes de yak, c’était devenu un truc qui encombrait un placard, comme un souvenir un peu gênant d’une époque révolue. Parce qu’à Montpellier, il ne fait jamais froid (comme tu sais).
Sauf que quatre ans plus tard, à Montpellier, finalement on finit par s’habituer, et la grosse doudoune en poils de dodo de Maurice, elle redevient indispensable à la survie de l’Homme moderne à la mi-janvier. Parce que la petite bière en terrasse, d’accord, mais faudrait voir à pas se faire amputer les arpions parce qu’on a pris un coup de froid. Faut pas déconner avec ça : ici, l’hiver, il arrive que la température descende en dessous de 15 degrés.
Donc me voilà avec ma doudoune doublée d’hermine, mon écharpe en laine d’alpaga et mon bonnet en cachemire, paré pour l’arrivée de la banquise à Palavas-les-flots, je m’installe dans le tramway, et là, sans déconner, le jeune type à côté de moi, en train de bouquiner un gros livre, parfaitement à l’aise, l’air de rien, il se pavane carrément en t-shirt à manches courtes.
En t-shirt à manches courtes. Mi-janvier à Montpellier.
(Nan mais c’est quoi ce petit merdeux d’étudiant parigot qui nous prend de haut ?)
Je suis à deux doigts de prendre ma carte d’abonnement à ràdio Lenga d’Òc, sus aux envahisseurs nordiques, sauvons nos traditions de le Sud ! Et défendons chèrement nos valeurs qui sont autant languedociennes qu’elles sont immémoriales ! Nan mais.