Sombre

“Only the mob and the elite can be attracted by the momentum of totalitarianism itself. The masses have to be won by propaganda.” (Hannah Arendt)

  • Je me permets de citer @philippe_de_jonckheere :

    Le « vivre ensemble » en mode catastrophe (ou #stratégie_ du_choc) :

    Philippe De Jonckheere sur Twitter : "Prise de sang mensuelle pour Nath, longue queue pour PCR, entrée différenciée pour autres examens, moins de queue. Nous sommes en France, ce système simple ne tient pas, le « je-t’-emmerdisme » règne sans partage. La dame de l’accueil nous reconnaît et nous fait passer. Insultes." / Twitter
    https://twitter.com/DesordreNet/status/1488415012947386368

    Prise de sang mensuelle pour Nath, longue queue pour PCR, entrée différenciée pour autres examens, moins de queue. Nous sommes en France, ce système simple ne tient pas, le « je-t’-emmerdisme » règne sans partage. La dame de l’accueil nous reconnaît et nous fait passer. Insultes.

    Je fais remarquer aux impétrants que ce n’est ni correct pour la dame, ni pour mon fils handicapé et, donc, prioritaire, nouvelles insultes sur le thème, oui, mais moi je bosse. Ton monte. La dame me prend par le bras et me fait entrer, commentaires sur les privilèges des handis.

    Dans le hall, gens les uns sur les autres, masques souvent ajustés sous les narines, nouveaux commentaires,
    « — On est sûr qu’il est handicapé le jeune ? »
    -- N’écoutez pas …, me conseille la dame de l’accueil.
    -- Ca va Papa ? Inquiétude de Nathan, forcément.
    -- Ca va Nath ...

    Nous ressortons sous les mêmes commentaires, les insultes ont un peu tari. Nathan tremblerait presque.

    L’après-midi, je reçois les résultats par mail. Efficacité des laborantines.

    Je réponds, remercie cette fois plus qu’une autre, je précise « vu le contexte » et dis mon soutien

    Je reçois en retour un mail d’une des dames depuis son mail privé pour me dire que cela leur fait plaisir un petit merci de temps en temps et que l’agressivité et les insultes, c’est tous les jours et plusieurs fois par jour.

    « Et merci pour ce que vous faites pour votre fils ! »

    Alors en haut lieu on compte les morts, les hospis, les réas, mais est-ce qu’on mesure ça, cette tension, cette façon avec laquelle on se parle désormais, cette suspicion d’Autrui, et donc, ces conditions de travail dégradées pour celles et ceux sur qui, en fait, tout repose ?

    Mes pensées vont pour toutes ces personnes dont je ramasse les prénoms dans l’idée de les remercier au générique d’#un_café_allongé_à_dormir_debout, souvent des femmes, laborantines, pharmaciennes, infirmières, guichetières qui ne savent pas toujours qu’elles font une différence.

    ... et que sans elles, Nathan et moi, on serait foutus, mais pas que nous, nous toutes et tous, en fait.

    Pendant que l’encadrement n’en rame sans doute pas une en télétravail.

    Pour info, « Un café allongé à dormir debout » est un film sonore en cours de montage réalisé par Philippe de Jonckheere.

    • Oui, lors du dernier test du Minilecte (sous tente ventilée), j’ai demandée à la laborantine qui remplissait les dossiers des testés à la chaine si elle allait bien. C’était un endroit calme… avec un vigile quand même pour organiser la foule.
      J’ai cru qu’elle allait me pleurer dans les bras.
      Ça a l’air très dur pour les soignants. Je demande à chaque fois (genre, sur le ton dulla MG quand tu t’assoies en face de ellui) et à chaque fois, je sens la corde sensible qui se met à vibrer en face.

      Pas de bons signaux, tout ça.