• La révolution par l’amitié, Dionys Mascolo, présentation de l’éditeur de ce recueil qui parait à La Fabrique
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    Né le 11 février 1916 à Saint-Gratien dans une famille d’immigrés italiens, Dionys Mascolo exerce divers petits métiers avant de devenir lecteur chez Gallimard où il fait la connaissance de Marguerite Duras. Pendant l’Occupation, il entre avec elle et son mari Robert Antelme dans la Résistance au sein du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés, dirigé par François Mitterrand. L’appartement de Duras, rue Saint-Benoît, sert de camp de base au mouvement. À la Libération, Mitterrand et Mascolo vont récupérer Antelme, agonisant à Dachau et le ramènent à Paris (Duras l’a raconté dans La Douleur). Le « groupe de la rue Saint-Benoît » s’élargit au contact d’intellectuels tels que Maurice Blanchot, Jean Schuster, Maurice Merleau-Ponty, Claude Roy, et surtout Edgar Morin qui convainc Mascolo, Antelme et Duras d’adhérer au parti communiste. Entre-temps, Antelme et Duras se sont séparés et en 1947 Mascolo épouse Duras dont il aura un fils, Jean.

    Les trois amis ne restent pas longtemps au parti : en 1950 ils sont exclus pour avoir marqué leur opposition au contrôle que les communistes, en bons disciples de Jdanov, entendent appliquer aux arts et aux lettres (« le réalisme socialiste »). Mascolo restera cependant toute sa vie fidèle à l’idéal communiste : il est l’un des rares à avoir conservé le mot tout en lui donnant un sens entièrement différent de celui du parti. En 1953, il publie chez Gallimard Le Communisme, gros livre de lecture difficile, vive critique du milieu intellectuel et de l’humanisme de gauche.

    Mais Mascolo ne se limite pas à des exercices théoriques. En 1955, avec Maurice Blanchot, Jean Schuster et Gérard Legrand, il est à l’initiative du Comité d’action des intellectuels français contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord. Deux ans plus tard, désormais séparé de Duras, il participe au Cercle international des intellectuels révolutionnaires qui défend les victimes de la répression coloniale mais aussi les dissidents hongrois et polonais. Cette activité anticolonialiste culmine en septembre 1960 avec la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, que Mascolo rédige avec Schuster et Blanchot. Le retentissement de cette déclaration, connue sous le nom de « Manifeste des 121 », est énorme – parmi les signataires on compte Sartre et Simone de Beauvoir, Pierre Boulez, André Breton, Guy Debord, Édouard Glissant, Henri Lefebvre, Michel Leiris, François Maspero, Nathalie Sarraute, Claude Simon, Jean-Pierre Vernant... – et L’Aurore titre le 7 octobre : « Les intellectuels français à ceux de Sartre : “les apologistes de la désertion sont des imposteurs et des traîtres” ».

    Dans les années 1960, Mascolo est tenté par la nouveauté politique que représente le régime cubain. Il se rend à La Havane avec un groupe d’intellectuels et rencontre Castro. Cette proximité cesse d’un coup en 1968, quand Castro donne publiquement son accord à l’intervention des troupes du pacte de Varsovie à Prague.
    Mascolo est très actif au cours de mai 1968 à Paris. Avec Maurice Blanchot, il est à l’origine d’un Comité d’action étudiants-écrivains qui publie une revue, Comité, dont il est l’un des principaux rédacteurs.

    Par la suite, Mascolo reste publiquement dans l’ombre mais ne cesse de travailler sa conception particulière du communisme, dont on suivra le développement dans les pages du présent ouvrage. On y verra que pour lui, l’amitié et la pensée théorique sont indissociables et que, comme il l’écrit dès 1953, « le communisme n’a pas à se décrire en soi. C’est à nous de le faire ».

    avec ce cas Mitterrand, en écho à une remarque récente ici "il n’était toujours pas possible de reconnaître officiellement que certains anciens de la Résistance avaient pu servir loyalement le régime de Vichy, y compris dans une logique de « revanche », au moins au début"
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