• Alors qu’un lien entre la maladie de Parkinson et l’exposition à un herbicide, le paraquat, a été établi dès 1985, seuls deux pays de l’Union européenne (UE) – l’Italie et la France – considèrent cette affection neurodégénérative comme une conséquence officielle du travail dans les champs. Et, même dans ces pays, le nombre de travailleurs agricoles qui bénéficient d’une reconnaissance en maladie professionnelle paraît largement sous-estimé. En Italie, entre 2016 et 2020, sur environ 19 000 reconnaissances de maladies professionnelles, seules dix personnes ont été indemnisées au titre de Parkinson.

      La situation n’est guère meilleure en France, premier pays à reconnaître la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle en 2012. Sur une population agricole d’environ 1,2 million de personnes, 278 malades ont, depuis, obtenu cette reconnaissance, selon les chiffres que la Mutualité sociale agricole (MSA) a fini par communiquer au Monde – au terme de nombreuses relances. Les malades officiels d’hémopathies malignes sont, eux, au nombre de 159 depuis 2015. Le tableau de maladie professionnelle n° 61 pour le cancer de la prostate a, lui, été créé fin 2021, quelques jours avant Noël.

      Appels à l’aide de plus de 540 personnes

      Pour la première fois, Phyto-Victimes a accepté de partager ses statistiques. Un décompte sinistrement assorti aux conclusions des études scientifiques. Entre 2012 et 2020, l’association a reçu les appels à l’aide de plus de 540 personnes – des hommes nés dans les années 1950 et 1960 pour la plupart. Près de 25 % souffrent de la maladie de Parkinson, et 18 % de cancers du sang (lymphome non hodgkinien, myélome multiple et leucémie lymphoïde chronique). Viennent ensuite les cancers de la prostate, de la vessie et du poumon, puis l’hypersensibilité chimique multiple et les maladies neurodégénératives.

      Accablés par un sentiment de culpabilité les agriculteurs hésitent souvent à « quémander » ce qu’il est pourtant de leur droit de réclamer, raconte Claire Bourasseau, chargée de mission pour l’aide aux victimes à l’association. « Certains nous disent : “Je ne le fais pas pour l’argent.” Pourtant, ce n’est pas comme s’ils s’étaient levés un matin en se disant : “Tiens, je vais me provoquer un petit cancer et donner des pathologies à ma femme.” »

      https://justpaste.it/60wab

      #cancer #maladies_professionnelles