François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Les produits dérivés Van Gogh de la collection Courtauld à Londres font scandale
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    Une gomme en forme d’oreille, une trousse de secours contre le suicide … Le musée a retiré de sa boutique deux objets soupçonnés de se moquer des personnes souffrant de troubles mentaux.

    L’humour se voulait cocasse et absurde, à la sauce anglaise. Mais l’oreille leur est restée à travers la gorge et a été gommée de la boutique du musée. Rembobinons. À première vue, l’échoppe de la collection Courtauld, antre londonien de la peinture impressionniste, ressemble à n’importe quelle autre boutique de musée. Tasses, livres, puzzles, tote bags et autres accessoires floqués des chefs-d’œuvre de la collection sommeillent sur des reposoirs immaculés. Ils ont été rejoints, depuis le début du mois, par maints produits Van Gogh, en accompagnement de la nouvelle exposition consacrée aux autoportraits du peintre. Dont plusieurs objets pour le moins audacieux.

    Du savon pour « artiste torturé qui aime les bulles mousseuses » et un « kit de premiers soins émotionnels » en forme de paquet de cigarettes font ainsi partie du lot de produits dérivés exclusif proposés à la vente en marge de l’exposition Van Gogh. Mais le plus sulfureux d’entre tous était aussi le plus petit. Il s’agissait d’une gomme en forme d’oreille, malicieusement baptisée « Earaser ». Un jeu de mots anglais sur « ear » (oreille) et « eraser » (gomme à effacer), sur lequel s’ajoute la référence à l’oreille tranchée du peintre postimpressionniste. Conçu par la compagnie américaine Fred, bien avant l’exposition de la collection Courtauld, l’objet un brin macabre n’aurait peut-être pas été renié par les Monty Python. Ce drôle d’objet ne passe désormais plus au royaume de Sa Majesté.
    Un « kit de premiers soins émotionnels » vendu à la boutique de la collection Courtauld. L’objet est encore vendu au musée. The Courtauld Gallery

    L’oreille retranchée de la boutique

    « J’ai du mal à croire que ce ne soit pas une blague, de très mauvais goût, à laquelle se serait livrée, dans un pub après le boulot, quelqu’un du marketing », s’est indigné le 13 février le critique d’art anglais David Lee, pour le Daily Mail . Feraient-ils la même chose pour une exposition Frida Kahlo , en vendant des crayons en forme de jambe ? » Étrillés en raison de leur mauvais goût, « l’oreille à effacer » et les autres produits aux couleurs de l’exposition ont également été épinglés pour leur insensibilité envers des personnes souffrant de troubles mentaux. « Le suicide n’est pas une blague, la maladie mentale n’est pas une blague. Tout ceci est superficiel, odieux et irrespectueux », s’est scandalisé l’artiste contemporain britannique Charles Thomson, lui aussi cité par le Daily Mail.

    En réaction à la polémique, la collection Courtauld a retiré lundi de sa boutique la sulfureuse gomme à effacer - ainsi que le turbulent savon - et a présenté ses excuses. « Nous prenons la santé mentale très au sérieux, a déclaré le musée dans un communiqué. Il n’a jamais été dans l’intention de la collection Courtauld de manquer de respect et de sensibilité sur ce sujet important en présentant de tels objets. » N’en déplaise aux détracteurs qui ne l’entendaient pas de cette oreille, les objets en question restent disponibles sur le site du fabricant américain. En attendant que celui se fasse, à son tour, tirer les oreilles.