• Covid-19 : la vaccination, prise entre déterminants sociaux et défiance envers les institutions

    La sociologue Nathalie Bajos n’a pas pour habitude de survendre ses travaux. Pour présenter le troisième volet de l’enquête #EpiCov (« Epidémiologie et conditions de vie ») sur les disparités sociales dans l’accès à la vaccination contre le Covid-19, réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), la directrice de recherche à l’Inserm annonce la couleur : « Il n’y a pas de scoop. Les inégalités observées habituellement dans l’accès à la prévention, on les retrouve dans cette politique particulière qu’est la vaccination. »
    Nul ne sera stupéfait de lire que les catégories sociales les moins favorisées, les personnes les moins diplômées, celles aux plus bas revenus ou encore les immigrés non européens sont les moins vaccinés. Pas surprenant non plus le constat que la confiance envers le gouvernement ou vis-à-vis des scientifiques pèse lourdement dans le statut vaccinal.

    Mais l’ampleur de ces influences apparaît en revanche tout à fait étonnante, comme tout un ensemble de petits détails qui font de l’enquête rendue publique, jeudi 24 février, un tableau tout à fait saisissant.

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    Les écarts sociaux, s’ils étaient prévisibles, surprennent toutefois par leur ampleur. La différence dans la proportion de vaccinés est déjà de 10 % entre non-diplômés et bac + 5, mais elle s’amplifie encore lorsque l’on observe les catégories socioprofessionnelles, avec 64,8 % de vaccinés chez les ouvriers contre 83,1 % chez les cadres supérieurs. Et le fossé devient gouffre avec le niveau de vie : parmi les 10 % les plus pauvres, seuls 54,8 % étaient vaccinés, en juillet 2021, contre 87,6 % des personnes appartenant aux 10 % les plus riches. Plus de 30 points d’écart.

    « C’est d’autant plus spectaculaire que la vaccination est gratuite », souligne Nathalie Bajos, qui avance une explication : « Leurs conditions de vie les éloignent du contrat social. Ce sont les personnes les moins sensibles au discours préventif comme aux arguments de solidarité nationale, les deux principaux arguments avancés pour appuyer la vaccination. »

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    #santé_publique #accès_aux_soins #prévention #vaccination #covid-19