Depuis ce weekend, les images de véhicules et poubelles en feu, ou d’affrontement entre forces de police et habitant font la Une des chaînes d’information en continue. Des images habituelles, sur lesquelles se sont jetés avec opportunisme les candidats d’extrême-droite, mais pas que. « Il n’y a pas de violence que l’on pourrait excuser, justifier (…). Cette violence n’est pas acceptable et elle fait plus de mal à ceux qui vivent dans ces quartiers », a déclaré le candidat PCF, Fabien Roussel sur Cnews. [...]
Au cœur du quartier des Beaudottes, plusieurs groupes de jeunes entre 20 et 30 ans sont réunis, les visages serrés. Après la parution de plusieurs articles pour couvrir le drame qui a eu lieu ce week-end et les révoltes qui ont suivi, ils sont méfiants. Une couverture médiatique retranscrivant la version policière, mettant en avant la camionnette volée et les images d’un bus en feu qui participe à tendre les esprits à la vue de journalistes : « Vous nous dérangez, on est en deuil ! » lance l’un d’eux.
Quelques mètres plus loin, deux hommes discutent. Eux aussi méfiants répondent : « Il y a déjà une version qui est sortie, alors que les journalistes ne savent rien. Mais n’importe quelle version qui sort on s’en fout. Il est mort, il est mort. Ça ne sert à rien de donner la nôtre. » [...]
« La cité c’est comme une famille. C’est comme s’ils avaient perdu leur grand frère », déplore un assistant d’éducation du collège Galois. « Ils nous en parlent toute la journée. T’es au collège et tu parles d’un meurtre, ce n’est pas normal. C’est choquant, ils ne peuvent pas être concentrés quand ils viennent à l’école le matin. Il y a un élève qui arrive tous les jours avec le sourire d’habitude, et là il était mal. »
C’est la fin de la journée au collège, tous les élèves sont sur le chemin pour rentrer chez eux. En entendant des camions de police se diriger vers le quartier, un AED se demande : « Les voitures de police qui tournent toute la journée alors qu’il y a un mort tué par la police, c’est normal ? »
« Les élèves sont remontés, ils ont comme envie de se venger. On les comprend d’une certaine manière mais on leur dit de laisser la police faire son travail et qu’eux ils continuent à travailler à l’école. Mais la violence c’est la seule manière qu’ils ont trouvé pour exprimer leur ressenti, regrette-il, ce n’est pas terminé. Ça va refaire 2005, comme les révoltes pour Zyed et Bouna. »
Ce mardi matin c’est le candidat d’extrême droite à la Présidentielle, Eric Zemmour, qui est accueilli au commissariat de Sevran. Une visite politique qui risque de remettre de l’huile sur le feu, dans un quartier encore sous le choc.