• IL N’Y AURA PAS DE PAYSAGE APRÈS LA BATAILLE (À propos de l’invasion de l’armée russe en Ukraine). « Enlace Zapatista, Mars 2022
    https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2022/03/06/il-ny-aura-pas-de-paysage-apres-la-bataille-a-propos-de-lin

    Nous vous faisons part de nos paroles et pensées sur ce qui se passe actuellement dans la géographie que l’on nomme Europe :

    PREMIÈREMENT.- Il y a une force qui agresse : l’armée russe. Il y a en jeu des intérêts du grand capital, des deux côtés. Ceux qui souffrent maintenant des délires des uns et des calculs économiques sournois des autres, ce sont les peuples de #Russie et d’#Ukraine (et, peut-être bientôt, ceux d’autres géographies proches ou lointaines). En tant que Zapatistes que nous sommes, nous ne soutenons ni l’un ni l’autre des États, mais celles et ceux qui luttent pour la vie et contre le système.

    Lors de l’invasion multinationale de l’Irak (il y a presque 19 ans), avec à sa tête l’armée nord-américaine, il y a eu des mobilisations contre cette guerre dans le monde entier. Aucune personne saine d’esprit ne pensait que s’opposer à l’invasion revenait à se ranger du côté de Sadam Hussein. Aujourd’hui, la situation est similaire, mais pas identique. Ni Zelinski, ni Poutine. Arrêtez la guerre.

    DEUXIÈMEMENT.- Différents gouvernements se sont alignés d’un côté ou de l’autre, le faisant pour des motivations économiques. Il n’y a chez eux aucune préoccupation humaniste. Pour ces gouvernements et leurs « idéologues », il y a des interventions-invasions-destructions bonnes, et il y en a de mauvaises. Les bonnes sont celles que réalisent leurs alliés et les mauvaises celles qui sont perpétrées par leurs opposants. Les applaudissements à l’argument criminel de Poutine pour justifier l’invasion militaire de l’Ukraine se transformeront en lamentations quand, avec les mêmes mots, on justifiera l’invasion d’autres peuples dont les parcours n’auront pas l’agrément du grand capital.

    Ils envahiront d’autres géographies pour les sauver de la « tyrannie néo-nazie » ou pour mettre fin aux « narco-États » voisins. Ils répéteront alors les mêmes mots que Poutine : « Nous allons dénazifier » (ou son équivalent) et ils multiplieront les « raisonnements » de « danger pour leurs peuples ». Et alors, comme nous disent nos compañeras en Russie : « Les bombes russes, les fusées, les balles volent vers les Ukrainiens sans leur demander leurs opinions politiques ou la langue qu’ils parlent », mais c’est la « nationalité » des unes et des autres qui changera.

    TROISIÈMEMENT.- Le grand capital et ses gouvernements « d’Occident » se sont assis pour contempler – et même encourager – la façon dont la situation se détériorait. Puis, une fois l’invasion commencée, ils ont attendus de voir si l’Ukraine résistait, et ils ont ensuite calculé ce qu’ils pourraient gagner d’un résultat ou d’un autre. Comme l’Ukraine résiste, alors ils ont effectivement commencé à allonger des factures « d’aide » qui seront remboursées plus tard. Poutine n’est pas le seul à être surpris de la résistance ukrainienne.

    Ceux qui y gagnent dans cette guerre ce sont les grands consortiums d’armements et le grand capital qui voient l’opportunité de conquérir, de détruire/reconstruire des territoires, c’est-à-dire, de créer de nouveaux marchés de marchandises et de consommateurs, de personnes.

    QUATRIÈMEMENT.- Au lieu de nous tourner vers ce que diffusent les médias et les réseaux sociaux des deux camps respectifs – et que tous deux présentent comme des « actualités » – , ou sur les « analyses » dans la prolifération soudaine d’experts en géopolitique et de soupirants au Pacte de Varsovie et à l’OTAN, nous avons décidé de chercher et de demander à celles et ceux qui, comme nous, sont engagé.es dans la lutte pour la vie en Ukraine et en Russie.

    Après plusieurs tentatives, la Commission Sexta Zapatiste a réussi à entrer en contact avec nos proches en résistance et en rébellion dans les géographies qu’on appelle la Russie et l’Ukraine.

    #guerre