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  • Drôle de temps, ami

    J’ai cherché pendant longtemps une image de l’exil. Une image qui engloberait toutes les définitions de l’exil.

    Une image de l’exilé. Un mot, un tableau, un vers, une photo qui viendrait rassembler tous les visages de ceux qui ont quitté un jour leur pays sans regarder derrière eux avec la culpabilité de celui qui laisse mourir en silence un malade sur son lit.

    J’ai ouvert des livres pour ça : des romans écrits par d’autres, des recueils de poèmes, des contes.

    J’ai regardé attentivement pendant des heures des films qui faisaient vivre ou revivre ceux qui ont dû abandonner la terre natale. J’ai aussi regardé des documentaires sur les réfugiés, les immigrés, les clandestins, les sans-papiers pour comprendre ce qui pouvait tous nous réunir. J’ai trouvé un jour ce vers de Rûmî, au commencement du Mesnevi : « Écoute la plainte de la flûte qui se sépare du roseau ». La séparation est à l’origine du chant. L’exilé séparé de son origine, de son pays peut se métamorphoser en chant comme le ney, cette flute iranienne, au son étouffé et plaintif.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/04/18/drole-de-temps-ami

    #international