• Nous, soignants et activistes du Covid, voterons Macron malgré nos désaccords
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    Un collectif de médecins et de personnalités du monde de la santé, qui dénoncent certains choix gouvernementaux dans la gestion du Covid, explique les raisons pour lesquelles ils feront barrage à la candidate d’extrême droite.

    Nous, acteurs de la lutte contre le Covid, nous voterons sans hésitation contre Marine Le Pen, en mettant dans l’urne un bulletin Emmanuel Macron le 24 avril. Notre vote sera d’abord un combat contre l’exclusion, le sectarisme, l’intolérance, le racisme et la xénophobie, qui ne peut souffrir aucune abstention. Les combats que nous avons menés et que nous mènerons encore pour que les principes d’expertise scientifique, de justification publique et de précaution sanitaire soient mieux respectés par l’exécutif ne nous détourneront pas du seul objectif qui nous semblera absolument prééminent le jour du vote : faire barrage à l’extrême droite.

    Nous sommes du côté de ceux dont le nom est difficile à prononcer et nous savons que sans les soignants étrangers, le système de santé français ne tiendra pas. Nous savons ce que nous leur devons.

    Oui, notre combat contre le Covid nous a souvent conduits à dénoncer certains choix gouvernementaux que nous jugeons imprudents. Au nom des 100 personnes qui, en France, meurent actuellement chaque jour du Covid, au nom des 1 700 patients qui entrent à l’hôpital quotidiennement, au nom des 20 000 enfants qui ont combattu le Covid à l’hôpital depuis mars 2020 après y avoir été souvent exposés dans leurs classes, au nom aussi de tous nos compatriotes affectés par des symptômes persistants du Covid dont l’exécutif paraît encore tout ignorer : nous pensons que l’optimisme qu’affiche désormais Emmanuel Macron face à ce virus est déplacé. Au nom de nos expertises respectives, en tant que soignants et en tant que chercheurs, nous dénonçons la trop faible détermination dont l’exécutif a fait preuve pour combattre le charlatanisme, prêtant une oreille souvent bien complaisante à ceux qui discréditent la connaissance scientifique et prêtent au masque ou au vaccin des vices imaginaires. Pour nous, la fin de l’obligation du port du masque en lieu clos aurait dû s’accompagner d’une pédagogie robuste et déterminée incitant chacun à continuer à le porter par souci de soi et des autres, alors que les messages individualistes laissant aux plus fragiles le soin de se protéger eux-mêmes nous révoltent. Aussi, nous attendons encore un investissement conséquent dans la qualité de l’air intérieur. Nos valeurs de solidarité avec les plus fragiles, notre confiance dans la science, le soin et la raison, notre foi dans l’action collective au service du bien commun guident notre engagement contre l’épidémie aussi bien que contre la stratégie actuelle de circulation virale sans freinage, adoptée sans justification publique et sans débat démocratique.

    Sur ces combats, nous ne lâcherons certes pas. Mais pour ces combats, aussi, nous n’aurons aucune hésitation à faire barrage à la candidate d’extrême droite en mettant dans l’urne un bulletin pour Emmanuel Macron le 24 avril. « Objectivement, je pense que la crise aurait pu être très largement mieux gérée par Donald Trump », a-t-elle déclaré sur France Inter le 10 juin 2020. Comme avec son ami Bolsonaro, Marine Le Pen, face à la pandémie, ce serait la porte ouverte aux charlatans, l’incompétence et l’inconséquence, l’invocation sophiste de la liberté individuelle au mépris des plus vulnérables, le discrédit permanent jeté sur l’expertise et le progrès scientifique au profit de fascinations complotistes assumées. Ses valeurs la portent davantage à placer, comme elle a tenu à le faire savoir, un santon de Didier Raoult dans sa crèche de Noël et à acheter des vaccins russes qui n’ont jamais démontré leur efficacité, qu’à protéger nos enfants, nos âgés, nos concitoyens immunodéprimés face aux prochaines vagues.

    Et ce ne sont, bien sûr, pas seulement les principes de la santé publique que l’extrême droite piétine. Pour nous, à l’heure du vote, il n’y aura pas de quitus à l’égard de l’exécutif, mais rien ne saurait pour nous justifier l’abstention face à un péril de cette nature.

    Barbara Serrano, maîtresse de conférences associée à l’Université Paris-Saclay ; Christian Lehmann, médecin généraliste ; William Dab, professeur émérite au Cnam, ancien directeur général de la santé ; Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique ; Thierry Baubet, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ; Christian Andreo, secrétaire général de la Fédération Addiction ; Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants ; Guillaume Debaty, professeur de médecine d’urgence, chef de service du SAMU 38 ; Igor Auriant, médecin réanimateur ; David Simard, docteur en philosophie de la médecine et de la santé ; Nathan Peiffer-Smadja, chef de clinique assistant ; Youri Yordanov, médecin urgentiste ; Laure Dasinieres, journaliste indépendante ; Nicolas Peschanski, professeur de médecine d’urgence ; Fred Bladou, activiste sida ; Matthieu Calafiore, directeur du département de médecine générale de Lille ; Corinne Depagne, pneumologue ; Jerome Marty, président UFMLS ; Claude-Alexandre Gustave, biologiste médical ; Franck Wilmart, médecin généraliste ; Alexander Samuel, enseignant ; Eric Billy, chercheur en immuno-oncologie ; Elisa Zéno, ingénieure de recherche ; Karine Kirschleger, infirmière ; Mehdi Bahaji, médecin anesthésiste réanimateur ; Michaël Rochoy, médecin généraliste ; Florian Zorès, cardiologue ; Stéphane Dedieu, professeur des universités ; Louis Lebrun, médecin spécialiste de santé publique ; Vincent Le Roy, kinésithérapeute hospitalier ; Sabrina Sellami, juriste, vice-présidente de Cœur Vide-19 ; Valérie Gérard, enseignante ; Zeneli Bukurije, aide-soignant, Ariane Sultan, professeur des universités en nutrition, praticien hospitalier, Nicolas Winter, médecin généraliste, Nora Zaïm, médecin généraliste, Hélène Vukomanovic, médecin généraliste, Pierre de Brémont d’Ars, médecin généraliste, Martine Engerrand, médecin généraliste, François Mestre, kinésithérapeute, Gwenaël Lecossois, infirmier, Emmanuelle Dumarchat, infirmière libérale, Jérôme Mazet, généraliste, Cyril Vidal, chirurgien-dentiste et vulgarisateur, Julie Grasset, présidente CoeurVide 19, Maxime Solatges, dentiste, Mehdi Bahaji, anesthésiste réanimateur, Sébastien Demange, médecin généraliste, Adrian Combot, médecin généraliste, Victor Lambert, pharmacien, Julien Cazenave, data partnership director, Aurélie Ferrier, médecin généraliste, Pascal Charbonnel, médecin généraliste, François Chicchirichi, médecin généraliste, Nacer Debit, chirurgien orthopédiste, Adam Dayat, infirmier, Valérie Revert, chargée de mission prévention, Gabriela Kedra, interne ; Florence De Ruyter Goyet, médecin généraliste, Cyrille Munier, médecin généraliste, Isabelle Coché, secrétaire qualité, Deborah Apfelbaum, gynécologue, Isabelle Cibois-Honnorat, médecin généraliste, Erwan Zidi, médecin généraliste, Anthony Vela, physicien médical, Anne Roland, neuropédiatre, Stéphane Aelbrecht, médecin coordonnateur, Fabienne Messaoudi, gynécologue obstétricienne, Maxime Demange, médecin généraliste, Livio Del Pizzo, médecin SOS, Clément Vanoni, kinésithérapeute, Agnès Kirrmann, médecin généraliste.

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