« Considérations philosophiques sur le rituel électoral frauduleusement nommé démocratie » par Alain Badiou
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Sur ce point, j’aime citer un ancien ministre gaulliste de la justice, Alain Peyrefitte. Le résultat des élections de 1981, qui avait porté au pouvoir une coalition socialo-communisme dirigée par Mitterrand, avait effrayé le loyal réactionnaire gaulliste Peyrefitte. Il sut alors trouver, et c’était, je crois bien, la première fois qu’il trouvait quelque chose, une formule admirable. Il dit : « Les élections sont faites pour changer de gouvernement, et nullement pour changer de société ». Guidé par son angoisse, il retrouvait, très paradoxalement, une considération de Marx lui-même : à savoir que les élections ne sont qu’une mécanique servant à désigner, selon l’expression de Marx, « les fondés de pouvoir du Capital ». L’un et l’autre, au fond, quoiqu’à des fins opposées, disaient que les élections concernent la gestion – le gouvernement – de l’ordre capitaliste bourgeois, mais n’envisagent aucunement la remise en cause de cet ordre lui-même.