• En plein mois de mai, le Colorado perd 30 degrés et finit sous la neige
    22 mai 2022
    https://www.youtube.com/watch?v=tAluF-TiTsQ

    En quelques heures seulement, les habitants du Colorado sont passés d’une chaleur étouffante à un froid inhabituel pour la saison.

    MÉTÉO - “Bienvenue dans le Colorado, où il neige en mai.” Sur les réseaux sociaux, les habitants de la région de Denver rient jaune. Après avoir profité de températures avoisinant les 32°C, ils ont dû ressortir gants et bonnets samedi 21 mai, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

    Plusieurs dizaines de centimètres de neige

    Relativement épargné par la tempête, Denver ne comptabilisait que quelques centimètres de neige. Mais entre 30 et 45 cm de neige sont tombés dans certaines régions du Colorado, rapporte Reuters. Les chutes de neige ont offert un paysage blanc digne d’un mois de décembre, alors qu’au même moment, une large partie du pays connaît, à l’image de la France,, des températures estivales. (...)

    • Comment interpréter ces phénomènes à l’heure où le changement climatique est dans beaucoup de têtes ? Christelle Robert, prévisionniste à Météo-France, nous aide à y voir plus clair.

      Comment expliquez-vous le phénomène qui a touché le Colorado ?

      C’est ce qu’on appelle un thalweg, un creux barométrique. Un axe dépressionnaire en altitude est venu bousculer une masse d’air chaud en surface sur un flux méridien (du nord au sud). C’est un peu comme si on donnait un coup de poing dans l’atmosphère. Cette rencontre entre la masse d’air froid en altitude et des couches d’air chaud en surface dans une atmosphère chaude et humide a provoqué une chute rapide de températures et des chutes de neige. C’est le même mécanisme qui est à l’origine des orages.

      Est-il comparable avec les baisses de températures moins spectaculaires en France ?

      Oui, c’est le même phénomène qui est à l’œuvre. Il a aussi provoqué les averses de grêle qui ont touché notamment la région de Châteauroux, dans la nuit de dimanche à lundi. Avec des cumulonimbus, des nuages normalement à durée de vie courte, qui s’auto-alimentent et créent une supercellule orageuse. On a, là, aussi un basculement entre flux zonal (d’est en ouest) et flux méridien.

      Peut-on envisager un jour une baisse de 30 °C en si peu de temps en France ?

      Des chutes de 20 °C sur une durée réduite, c’est déjà arrivé en France. 30 °C, je ne pense pas avoir jamais vu ça. C’est plus fréquent aux États-Unis, surtout dans ce qu’on appelle la Tornado Alley (zone où se produisent fréquemment des tornades). D’ailleurs, après cette baisse brutale des températures, le courant froid a poursuivi sa route vers le Michigan où il a provoqué une tornade.

      Existe-t-il une saisonnalité pour ces phénomènes ?

      Ils sont plus fréquents au printemps, une saison de plus grand contraste, avec des flux d’air chaud et d’air froid plus marqués. À l’automne, le phénomène est moindre : les mers plus chaudes sont là pour radoucir les masses d’air froid.

      Faut-il voir dans ces baisses brutales de températures une conséquence du changement climatique ?

      C’est à l’étude sans que l’on puisse vraiment déterminer si oui ou non le changement climatique entre ici en ligne de compte. Ce que l’on sait, par contre, c’est qu’il est à l’origine de vagues de chaleur qui vont faire que ce genre de phénomènes risque de se répéter et d’être exacerbé. Le changement climatique ne crée pas une nouvelle dynamique sur les flux méridien et zonal mais il en amplifie les effets.

      https://www.ouest-france.fr/meteo/une-chute-de-30-0c-en-trois-jours-ce-qui-s-est-passe-aux-etats-unis-peu