François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Haïti : la dette versée à la France a considérablement ralenti le développement économique de la première république noire de l’histoire
    https://www.francetvinfo.fr/monde/la-rancon-de-l-independance-payee-par-haiti-a-la-france-remise-en-lumie

    Une série d’articles du New York Times (en anglais) publiée vendredi 20 mai remet en lumière la tragique histoire de l’indépendance d’Haïti et la dette astronomique que le pays a dû payer à la France au XIXe siècle. Après plusieurs mois d’analyse d’archives, le quotidien américain a estimé que les paiements versés à compter de 1825 par la première république noire de l’histoire, pour indemniser les anciens colons esclavagistes, « ont coûté au développement économique d’Haïti entre 21 et 115 milliards de dollars de pertes sur deux siècles ».

    Cette somme représente jusqu’à « huit fois le produit intérieur brut du pays en 2020 », rappelle le New York Times. En déclarant son indépendance le 1er janvier 1804, Haïti s’est donc retrouvé au ban des nations d’un monde alors dominé par les puissances esclavagistes. Les paiements exigés par la France ont autant privé l’économie haïtienne de ressources vitales à son essor qu’ils ont permis à son ancienne métropole de prospérer.

    La tour Eiffel financée grâce à l’argent haïtien

    Le New York Times montre ainsi comment, à la fin du XIXe siècle, la banque CIC a rapatrié en France, via des emprunts toxiques censés aider Port-au-Prince à purger sa dette, les revenus de la jeune banque nationale haïtienne. Ces capitaux ont par exemple permis à l’établissement bancaire parisien de financer la construction de la tour Eiffel.

    Le Crédit Mutuel, maison-mère du CIC, a réagi lundi aux révélations du New York Times. « Parce qu’il est important d’éclairer toutes les composantes de l’histoire de la colonisation, la banque mutualiste financera des travaux universitaires indépendants pour faire la lumière sur ce passé », a annoncé le groupe dans un communiqué de presse.