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  • « Cela fait trois jours que je ne dors pas » : à Marseille, l’interminable attente des clients d’Algérie Ferries
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    « Cela fait trois jours que je ne dors pas » : à Marseille, l’interminable attente des clients d’Algérie Ferries
    En prévision de la saison estivale, le ministère algérien des transports a annoncé un renforcement des traversées maritimes, mais la très forte demande a fait dérailler le système de réservation.
    Par Safia Ayache(Alger, correspondance)
    « Il faut prendre un ticket numéroté et attendre son tour », indique un agent de sécurité posté devant l’agence d’Algérie Ferries à Marseille. Un semblant de calme était revenu, vendredi 27 mai, aux abords des locaux de la compagnie maritime nationale algérienne dans la cité phocéenne. Deux jours plus tôt, l’afflux de clients cherchant désespérément à réserver un bateau pour l’Algérie avait failli tourner à l’émeute, entraînant l’intervention des forces de l’ordre. Deux ans après la fermeture de ses frontières pour cause d’épidémie de Covid-19, l’Algérie s’ouvre peu à peu mais pas assez vite, estiment ses ressortissants et les membres de sa diaspora.
    A l’entrée de l’agence marseillaise, les rideaux métalliques ont été descendus de moitié et des agents filtrent les passages. Une cinquantaine de personnes patientent, debout derrière des barrières ou assis sur des chaises pliables. « Certains sont venus hier soir et ont dormi ici pour être sûrs d’acheter leur billet », indique Abdelhamid. Cet Algérien qui réside à Marseille souhaite se rendre à Alger, mais il est prêt à embarquer pour n’importe quelle ville algérienne, « tant que j’arrive à partir ».
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    Muni de son ticket, il fait le pied de grue sous le soleil en attendant que son épouse vienne prendre le relais lorsqu’il devra se rendre au travail. « C’est toute une organisation, mais on ne peut rien y faire, c’est comme ça », dit-il, fataliste. Comme d’autres, il n’est pas allé en Algérie depuis longtemps. « Cela fait deux ans, précise-t-il. Ma mère est âgée et je veux la voir. J’ai même regardé les dessertes entre Alicante [en Espagne] et Oran mais il n’y a rien et les prix des compagnies aériennes sont trop chers. »
    Des sites Internet saturésEn prévision de la saison estivale, propice au retour au pays des membres de la diaspora et des Algériens résidant à l’étranger, le ministère des transports a annoncé le 19 mai un renforcement du programme des traversées maritimes. Algérie Ferries et la compagnie privée française Corsica Linea ont chacune été autorisées à opérer cinq dessertes hebdomadaires supplémentaires, notamment entre Marseille et les villes d’Alger, Oran, Bejaïa et Skikda.Mais à l’ouverture de la vente des billets, le 23 mai, la très forte demande a fait dérailler le système de réservation. Les sites Internet des deux compagnies ont rapidement été saturés. La forte affluence – « 200 000 connexions par seconde » lors des deux premiers jours de mise en service, précise Algérie Ferries – a provoqué d’importants problèmes informatiques. Si la compagnie affirme qu’il est désormais possible de réserver en ligne « en toute sécurité », les voyageurs peinent toujours à y parvenir et sont contraints de se rendre dans les agences.Depuis plusieurs jours, les scènes de files d’attente interminables et de tensions se multiplient devant les locaux de la compagnie maritime à Paris, Lyon, Lille et Marseille. « J’ai pu réserver des billets mais je n’ai pas pu payer sur Internet, voilà pourquoi je suis là », explique Selma. Assise à quelques mètres des portes de l’agence marseillaise, cette mère de famille occupe ses deux enfants tandis que son mari patiente dans la longue file.
    Si elle a privilégié la compagnie algérienne, c’est parce qu’elle voulait profiter des tarifs promotionnels annoncés récemment. « L’ENTMV [Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs, dont Algérie Ferries est une filiale commerciale] a baissé les prix des billets de 50 %, ce qui explique cette demande importante par rapport à d’autres compagnies étrangères », indiquait Karim Bouzenad, son directeur commercial, sur la chaîne de télévision algérienne Echorouk TV le 24 mai.Sur son téléphone, Selma montre sa réservation : un aller-retour pour deux adultes, deux enfants et un véhicule, le tout pour 1 800 euros. Un tarif avantageux comparé aux prix pratiqués par les compagnies aériennes. Alors qu’un aller-retour France-Algérie en avion coûtait environ 300 euros avant la pandémie, le prix d’un aller simple peut aujourd’hui monter jusqu’à 600 euros.(...) Pour pouvoir répondre à la forte demande, les compagnies, tributaires des autorisations accordées par les autorités, promettent de mettre les bouchées doubles. « Les voyages supplémentaires autorisés offrent trois fois plus de capacité », a indiqué Algérie Ferries dans un communiqué publié le 22 mai. Un troisième navire pouvant transporter 1 300 passagers et 450 véhicules doit être prochainement mis en service. La compagnie française Corsica Linea devrait elle aussi affréter, en juin, un troisième navire d’une capacité de 2 800 passagers.

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