Du dehors au dedans : des luttes « radicales et fluides » | Mediapart | 24.06.22
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/240622/comment-les-deputes-activistes-de-la-nupes-veulent-subvertir-l-assemblee-n
Une partie des activistes de la génération COP21 et loi Travail revendique en effet « un très grand pragmatisme » et une « diversité tactique », qui va de la désobéissance civile à la réappropriation du droit et de la politique institutionnelle, comme l’explique la directrice de recherche CNRS à Sciences Po Réjane Sénac, autrice du livre Radicales et fluides, les mobilisations contemporaines (Presses de Sciences Po, 2021).
« Le fait que plusieurs députés venus des mouvements sociaux entrent à l’Assemblée ne m’étonne pas : c’est cohérent avec leur diagnostic de la nécessité de comprendre les inégalités par leurs causes, pour agir efficacement et sans dogmatisme, développe-t-elle. Leur démarche allie radicalité et fluidité, et appelle à la vigilance face au modèle de la pureté militante. »
« L’approche réformiste et le recours au droit sont abordés comme un levier complémentaire avec les autres types d’action comme la désobéissance civile, souligne-t-elle. La complémentarité entre Malcolm X et Martin Luther King est ainsi souvent citée par les responsables d’association et activistes interviewés dans mon enquête. »
Dynamique de l’Union populaire
Si ces passerelles existent, c’est aussi que La France insoumise (LFI) les a théorisées, et qu’elle a nourri son offre politique de ces mobilisations.
[...]
Aux yeux de William Martinet, ex-président de l’Unef qui a rejoint LFI en 2017 et qui vient d’être élu député des Yvelines, cette capacité d’ouverture explique la dynamique de l’Union populaire : « Je pense que c’est une réussite de LFI et de la Nupes : on a été perméables à ces mouvements, notamment la lutte contre les discriminations, les luttes intersectionnelles, et on a cherché à mettre à jour notre logiciel politique. Quelque part, c’est une méthode syndicale, le propre du syndicalisme étant de s’appuyer sur les mobilisations collectives. »
Pour défendre les droits des locataires dans les HLM et les mal-logés, un de ses combats prioritaires, l’ancien responsable de l’espace auto-organisation et désobéissance populaire de LFI, attaché à la méthode Alinsky, projette d’ailleurs d’organiser les mobilisations collectives à la base pour s’en faire le relais.