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  • Aux sources obscures de la panique woke | Alex Mahoudeau
    https://lmsi.net/Aux-sources-obscures-de-la-panique-woke

    Que dire des accusations de « wokisme » ? On peut en montrer l’absurdité, l’inanité, et retourner les procès en « censure » en montrant que ceux qui sont obsédés par le « woke », l’intersectionnalité ou encore l’islamo-gauchisme sont les premiers censeurs, ceux qui, en vérité, représentent la plus grande menace pour la liberté d’expression : c’est ce que fait le livre de Sébastien Fontenelle On ne peut pas tout dire. Petit éloge de la « censure ». C’est sous un autre angle qu’Alex Mahoudeau examine cette étrange notion, jamais définie bien-sûr, comme tout épouvantail brandi pour faire taire. Pour mieux le contrer, l’auteur nous propose d’abord d’en faire l’histoire. Dans La panique woke, il restitue le résultat d’un minutieux travail généalogique qui nous emmène vers les Etats-Unis et l’inquiétante nébuleuse (...)

    • Hier il y avait un rassemblement pro-IVG et voici ce qu’en disent les woke
      https://www.instagram.com/p/Cfb5JjMDfoo
      "Rassemblement pro-IVG et comportements transphobes

      Slide 2 :
      Nous tenons à rappeler que certaines personnes se revendiquant du féminisme tiennent des propos transphobes.
      Bien que la lutte pour le droit à l’avortement soit effectivement capitale, elle ne doit pas faire oublier la réalité de nos corps.
      Droit à l’avortement pour touxtes !

      N’en déplaise à certaines cis-hetera, nos adelphes trans existent et ont aussi le droit à la parole.

      Slide 3 :
      [2 pancartes avec des slogans problématiques : « pas d’uterus pas d’opinion », et « les femmes decident » (avec un clitoris dessiné)]

      Des exemples de propos transphobes relayés sur les réseaux.
      Samedi, ne leur laissons pas tribune libre.
      Rendez-vous samedi dans la rue pour exiger la sécurisation d’un IVG pour touxtes !

      Slide 4 :
      Afin que pour une fois notre présence ne soit pas synonyme d’exclusion.
      Rejoins-nous avec ou sans ton cintre, avec ou sans ton drapeau mais avec ton existence et ta colère !"

    • (Test)

      Je trouve ça compliqué, d’utiliser le mot woke quand une telle panique a été construite autour de ces positionnements qui se veulent généreux, inclusifs, bienveillants (avec tout le côté agaçant de ces deux mots) et qui souvent arrivent à faire mieux que la moyenne de la gauche. Sur le port du masque par exemple, la seule manif où je l’ai vu requis formellement, avec des gens qui viennent te voir pour te demander de le mettre ou de partir, étant le cortège handi de la Pride radicale parisienne.

      Mais par ailleurs, que de nombrilisme, d’incapacité au compromis, à se poser des questions, à faire des arbitrages, à critiquer, à avoir une pensée en mouvement. C’est complètement sectaire.

      Sur la défense de la liberté d’avorter, ça se voit quand un mouvement en capacité de toucher toutes les femmes, parce qu’il s’attaque à un droit fondamental, est saboté parce qu’il n’a pas mis au centre de sa pensée la possibilité que des personnes soient trans. Les deux slogans ne sont pas cohérents de ce point de vue, ils ignorent simplement les personnes trans. Le premier inclut les hommes trans (qui ont un utérus et ont une capacité gestative) et prend le périmètre parfait des personnes concernées par une grossesse (y compris lesbiennes et asexuelles en cas de viol) ; le second est assez vague pour inclure les femmes trans. Les personnes trans ne font pas vraiment partie du tableau et tout de suite c’est entendu comme une haine pathologique à leur égard, et tout de suite la manif tombe du côté obscur (parce qu’étrangement tout est un peu binaire). Comme si c’était plus important de s’assurer de la pureté politique d’un mouvement que de laisser surgir des paroles de femmes sur ce sujet.

      Il y a quelques années Julia Serrano, l’activiste trans, avait écrit sur Twitter « Tout ce militantisme autour de l’avortement m’offense » (je cite de mémoire, j’avais lu le tweet qui a été effacé plusieurs années après sa publi). Je l’avais compris comme : sa seule existence m’offense, là je me dis que ça pouvait aussi signifier : la manière dont il s’exprime à chaque fois m’offense. Même dans le deuxième cas, exiger qu’un mouvement déjà pas aussi populaire qu’il devrait être exprime dans chacune de ses manifestations une complaisance parfaite avec toutes les minorités, une adéquation sans faille avec les dernières précisions de la pensée queer, c’est beaucoup demander à ces femmes.

      Car oui, il y a un certain intellectualisme de ces mouvements (j’ai déjà observé des effets d’autorité intellectuelle pas bienveillants !) et un manque singulier de volonté de faire masse : la qualité avant la quantité et on s’en fout un peu, des objectifs politiques, des alliances. Comme si c’était un jeu de l’esprit et du verbe, comme si des vies humaines et leur possible dégradation n’étaient pas en jeu. Alors on scrute chaque slogan, chaque expression, et on corrige au stylo rouge.

      Imaginons que la gauche ait accueilli les Gilets jaunes comme ça ! Oui on a pu faire la grimace au début ou se sentir très loin de ce mouvement, mais continuer à le regarder sans sympathie, voire le dénoncer, pour ses maladresses d’expression ou ses raccourcis trop simples...Non, on n’a pas fait ça, alors pourquoi des femmes infligent-elles ça à d’autres femmes, si ce n’est un vieux fond misogyne intériorisé ?

      Car au final on a cette situation hallucinante de féministes dont chaque mot est scruté, qui sont accusées de toutes les haines, qui sont abandonnées à leur sort de machines reproductives et à leur militantisme pas franchement dans l’air du temps en plein backlash, pendant que par ailleurs le patriarcat fait rage (et je le suspecte d’être beaucoup plus violent à l’égard des personnes queer que ce témoignage d’ignorance ou de non-prise en compte par des féministes). Mais qu’importe !

      Alors comment garder ces ambitions inclusives sans se laisser pourrir la vie par une mentalité de commissaire politique, comment faire de la politique dans ce contexte, généreusement mais sans complaisance ? Et comment éviter la critique droitière de ce mouvement (voir l’article) autant que l’abandon de toute critique ?