RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • Stop au carnaval, par Sandrine Aumercier - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2022/07/stop-au-carnaval-par-sandrine-aumercier.html

    L’actualité ne cesse de donner les signes de notre enfoncement collectif dans les impasses d’un mode de production dont cependant les connexions systémiques des différents phénomènes persistent à être isolées les unes des autres — comme des problèmes à part, comme des « dossiers » à régler au coup par coup. Il y a de quoi faire perdre la boussole à tous les acteurs du système et les pousser dans des extrémités parfois grotesques. Qu’on en juge : alors que Joe Biden était élu notamment pour son engagement climatique et sa promesse de politique migratoire « juste et humaine », le même a déjà signé davantage de permis de forage pétroliers que son prédécesseur climato-négationniste et le nombre d’arrestations de migrants illégaux n’a jamais été aussi élevé dans l’histoire du pays qu’en 2021 [1]. Il est indéniable que Biden a cherché à modifier dans un sens politiquement plus « progressiste » une série de législations migratoires prises par Donald Trump, mais quelles positions personnelles et promesses de campagne d’un Président pourraient opérer des transformations structurelles, puisqu’il n’est pas moins ligoté qu’un autre par les contradictions internes du système ?

    […]

    Le sommet de la farce a été atteint ces derniers jours, lorsqu’après des années de défiance diplomatique remontant à l’assassinat du journaliste Jamal Khaschoggi, Biden ne craint plus — sous la pression de l’inflation galopante, les élections de mi-mandat approchant — de se rendre en Arabie Saoudite pour mendier à l´État « paria » de mettre davantage de pétrole sur le marché. Il s’agit d’enrayer la hausse mondiale des prix du pétrole. C’est sans compter sur le fait que les pays du Golfe tirent de cette hausse des prix une substantielle augmentation de leur PIB (même si on ne sait pas s’ils ont surpassé Dieu) : dans la jungle économique, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Mais là où la farce devient sinistre, c’est que cette demande américaine intervient dans un contexte où l´Arabie saoudite a, pour sa part, doublé depuis le début de la guerre en Ukraine ses importations de pétrole russe. Le pétrole russe pestiféré, « blanchi » par son passage en Arabie saoudite — devenue en quelques mois moralement plus fréquentable que la Russie — est utilisé pour la fabrication d’électricité domestique par les Saoudiens, qui en échange exportent davantage leur propre pétrole [3]. Il est clair que le malheur des Yéménites ne pèse pas comme celui des Ukrainiens dans la balance mondiale.

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