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Craignosse, les turlutosses !

  • Mieux vivre avec les rats en ville [mai 2022]
    https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/mieux-vivre-avec-les-rats-en-ville

    « Il est souvent avancé qu’il y a trop de #rats dans #Paris. En réalité, personne ne sait vraiment combien ils sont », dit d’emblée Aude Lalis, chercheuse au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Pour remédier à ce manque criant de données, elle a lancé en mars 2021 un projet d’envergure, soutenu par la Ville de Paris. Nommé Armaguedon, le projet vise à mieux comprendre la biologie, la démographie et la dynamique des populations de rats citadins, représentés par l’espèce Rattus norvegicus ou rat brun. « On veut savoir comment cet animal vit, se reproduit et se déplace. On a beau le côtoyer depuis des millénaires, on ignore pratiquement tout de lui dans les mégapoles modernes. Et il est impossible de dire si les populations augmentent ou pas sans un suivi rigoureux », ajoute la spécialiste en génétique des populations rencontrée par Québec Science l’automne dernier.

    [...] Sur le plan scientifique, en tout cas, il est temps de se rendre à l’évidence : exterminer coûte que coûte ces rongeurs n’a pas de sens. Les pièges et les kilos de poisons employés partout, qui nuisent aux oiseaux et autres animaux, ne sont pas la bonne solution. « Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter les rats dans nos maisons. Outre les risques infectieux, notre étude a montré que les rats peuvent nuire à la santé mentale, causer de l’anxiété, perturber le sommeil. La symbolique associée aux rats est très forte : aux yeux d’un locataire, leur présence est un rappel constant de la négligence du propriétaire et du fait que personne ne s’intéresse à lui. Il y a donc un enjeu de justice sociale », soutient la vétérinaire Chelsea Himsworth.

    Car les rats sont immanquablement plus nombreux dans les quartiers pauvres, où l’on trouve des bâtiments délabrés et une gestion des déchets défaillante. Et ils profitent des crises. « Les rats tirent avantage du chaos. Ils prospèrent partout où l’existence humaine est troublée, par exemple lors d’inondations, d’épidémies… », poursuit-elle. Ainsi, s’il faut imputer à quelqu’un la présence de rats, c’est bien… à nous, les humains. Buffet à ciel ouvert, maisons mal isolées et pleines de trous, manque criant de toilettes publiques (oui, les rats mangent vraiment de tout) : nous leur offrons un tout inclus de choix. Pour limiter l’infestation, il faut commencer par balayer devant nos portes.