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  • Prostitution, de la misogynie à la haine de soi

    « Je l’ai mérité, je ne suis qu’une pute » !
    Pute, cette insulte de la langue française s’applique par extension à toute personne supposée se vendre pour un avantage ou de l’argent. Ainsi les représentations sur la prostitution et les personnes prostituées prospèrent depuis des siècles : des personnes vénales, femmes surtout, qui gagnent de l’argent en vendant leurs charmes ou leur corps, des séductrices, des courtisanes, des tentatrices, des « marie couche toi là », des paresseuses, des abuseuses des besoins sexuels irrépressibles des hommes, « des filles de joie » qui ont inspiré ou qui ont fasciné beaucoup d’écrivains et d’artistes peintres des 19ème et 20ème siècles, dans les nuits de promiscuité en cabarets, dans les nuits de bohème ou dans les milieux où se pavanaient les courtisanes, affichant par leurs atours et hôtels particuliers, la richesse de leur souteneur et qui, parfois, mouraient dramatiquement de tuberculose ou de syphilis. On retient souvent de ces œuvres, la rutilance des couleurs, les lourdes tentures rouges des maisons closes, les alcools et les verres, les fracs des hommes guindés dans leur col rigide, leur regard égrillard qui trie et jauge, et la nudité des corps offerts. Approchons-nous et regardons de plus près pour observer aussi les chairs blafardes et tristes, les regards perdus ou éteints, les maquillages outranciers qui peuvent cacher quelques marques de violence, les yeux cerclés de noir [1]. Essayons de comprendre ce que sont vraiment et le système prostitutionnel, et la culpabilité, la honte et la haine qui habitent les victimes de cette activité, peut-être une des plus anciennes du monde parce que produit d’un système tout aussi ancien, celui de la domination masculine.

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    #féminisme #prostitution