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Craignosse, les turlutosses !

  • Énergie : l’hiver s’annonce critique pour les locataires de HLM
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220922/energie-l-hiver-s-annonce-critique-pour-les-locataires-de-hlm

    Comme l’an dernier, les mesures gouvernementales annoncées le 14 septembre dernier ont, en partie, de nouveau oublié les bailleurs sociaux puisque le bouclier tarifaire mis en place ne concerne pas le chauffage collectif électrique, pas plus que les dépenses des parties communes.

    L’an dernier, les offices avaient dû attendre près de six mois pour que le chauffage collectif au gaz soit pris en compte dans le premier bouclier tarifaire.

    Ces dernières semaines, les simulateurs ont tourné à plein chez les bailleurs sociaux et les prévisions de charges pour les locataires affolent.

    « Rien que sur les charges des parties communes, on va passer de 10 euros à 60 euros par mois. Une augmentation de 600 % », s’alarme Bertrand Prade, à la tête de Seine-Saint-Denis Habitat qui gère 33 000 logements sociaux dans le département. « Dans un F3 au #chauffage collectif électrique, on passe de 65 euros à 400 euros par mois, ce qui est insoutenable », poursuit celui qui a écrit au ministre pour l’alerter sur ces situations critiques.

    [...] Sous la pression de l’Union européenne, les #bailleurs_sociaux ne bénéficient plus de l’accès aux tarifs règlementés de l’énergie depuis 2016 et doivent passer eux-mêmes des contrats avec les fournisseurs d’énergie. Tant que les coûts de l’énergie étaient relativement stables, ce changement de règle n’avait pas trop posé de problèmes aux bailleurs, mais depuis que les prix ont atteint des pics historiques, avec une volatilité extrême, la situation est devenue infernale.

    « Nous avons quatre heures pour accepter ou pas un marché. Du jamais-vu pour des marchés publics, surtout quand on s’engage pour trois ans », rapporte Bertrand Prade.

    Chez Habitats de Haute-Alsace, les contrats de gaz arrivent à échéance le 31 décembre 2022, au pire moment. « Nous avions jusque-là un contrat très favorable, négocié quand les prix étaient au plus bas, le saut pour les locataires est d’autant plus difficile à supporter », explique le directeur général, Guillaume Couturier. Sans le bouclier tarifaire, l’augmentation de la facture mensuelle pour les locataires aurait été de 145 euros par mois ; avec, elle ne sera « que » de 50 euros, une somme considérable pour des locataires aux revenus faibles.

    Le niveau stratosphérique du marché du gaz ces derniers mois interpelle les bailleurs sociaux qui se demandent, pour beaucoup, s’il n’est pas temps de revoir les règles.

    « On a des marges qui explosent chez nos fournisseurs d’#énergie et qui sont pour le moins indécentes. Le bouclier tarifaire fait office de serpillère et de bassine mais il ne colmate pas du tout la fuite. La vraie solution, c’est de revenir sur la libéralisation des prix de l’énergie », avance par exemple Vincent Peronnaud, directeur général de l’OPAC de l’Oise.

    [...] Le risque d’impayés dans les mois à venir préoccupe particulièrement les bailleurs sociaux. « On estime que 25 % à 30 % de nos locataires seront en impayés cet hiver », affirme le directeur général d’Habitats de Haute-Alsace, qui regrette que les modèles économiques des offices #HLM soient mis à mal à cause de critères complètement exogènes.

    « C’est autant d’investissements en moins dans ce qui devrait être pourtant la priorité : la rénovation thermique de nos bâtiments », ajoute-t-il, attendant comme tout le reste de la profession un engagement plus ferme du gouvernement sur ce point.