grommeleur

Wrong’Em Boyo

    • Bruce Springsteen était l’invité de Rebecca Manzoni lundi dernier, à l’occasion de la sortie de son dernier album. Une collection de reprises de standards soul "Only The Strong Survive" - Universal records.
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/totemic/totemic-du-lundi-14-novembre-2022-2915838
      Le Boss à propos de « Nebraska », son chef-d’œuvre paru il y a 40 ans :

      « Quand on a un bon titre, c’est déjà un bon début : « Born in the USA », « Born to Run », « Darkness on the Edge of Town », ce sont des bons titres, ça vous donne une direction à prendre. Une bonne métaphore et un bon titre, c’est très important. » La musique de Bruce Springsteen est aussi très visuelle, écouter ses chansons, c’est comme regarder un film : « Je suis un grand cinéphile. 
      Martin Scorsese disait que « le travail de l’artiste est de faire en sorte que le public s’intéresse à vos obsessions. J’ai souvent composé de manière très cinématographique. « Nebraska » est rempli de ces histoires courtes. » Paru il y a 40 ans, les personnages de cet album prennent la route sans savoir où aller, des histoires d’hommes qui perdent leur boulot, se saoulent de désespoir et commettent parfois l’irréparable. Un album hautement cinématographique que n’aurait pas renié John Ford. Bruce Springsteen se remémore l’enregistrement de cet album, pierre angulaire de sa discographie : « C’est probablement mon meilleur album. J’avais 32 ans, je ne savais pas vraiment ce que j’avais fait. Je l’ai enregistré sur un petit magnétophone dans ma chambre. J’ai sorti la cassette de ma poche dans les bureaux de ma maison de disques en disant « Voilà, c’est le nouvel album ». À l’époque, l’enregistrement chez soi en basse fidélité ne faisait pas du tout partie de l’industrie musicale. »

    • irl : De Bruce Springsteen à Taylor Swift, « les prix des concerts s’envolent, au risque d’accentuer une fracture entre les publics »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/25/de-bruce-springsteen-a-taylor-swift-les-prix-des-concerts-s-envolent-au-risq

      Si l’on peut se réjouir de l’engouement pour les spectacles de ces artistes, après des mois d’annulations, l’explosion de leurs prix les rend inaccessibles pour beaucoup.
      Seriez-vous prêt à payer officiellement plusieurs milliers de dollars pour assister à un concert de votre chanteur préféré ? Au mois de juillet, quand Bruce Springsteen a mis en vente les billets pour sa prochaine tournée américaine, de nombreux fans ont d’abord cru à une mauvaise blague. Ou à un bug des serveurs de la compagnie Ticketmaster, principal pourvoyeur de tickets de concerts dans le monde. Lors de l’ouverture de la billetterie, certains sièges s’affichaient ainsi à… 5 500 dollars (soit 5 280 euros), un tarif généralement réservé aux sites de revente ou au marché noir.

      Mais il a vite fallu se faire une raison : ces billets au prix exorbitant n’avaient rien de suspect. Selon les lois d’une tarification joliment appelée « dynamique », Ticketmaster, en parfait accord avec le producteur du spectacle, augmente les tarifs de certaines places en fonction de la demande. Plus celle-ci est importante, plus les prix grimpent. Résultat, pour une tournée aussi attendue que celle de Bruce Springsteen, les tarifs s’affolent et atteignent des records.

      Ce système s’applique depuis longtemps aux places vendues par les compagnies aériennes ou ferroviaires, comme la SNCF. Il permet à ces entreprises de moduler les tarifs en fonction de l’affluence et donc, en théorie, de mieux assurer le remplissage de leurs trains ou de leurs avions. Dans le sport également, les grands clubs organisent eux-mêmes la revente des billets et, là aussi, plus les rencontres sont prestigieuses, plus il faut mettre la main au portefeuille.

      Mais l’arrivée de ce dynamic pricing dans l’univers du spectacle, et plus particulièrement pour la tournée d’un artiste comme Bruce Springsteen, réputé « proche du peuple » et pratiquant d’habitude des prix – relativement – modérés pour ses concerts, a provoqué un vif émoi outre-Atlantique. Trahison envers ses fans, système scandaleux, appât du gain… Le « Boss » et son entourage ont eu les oreilles qui sifflent et pas à cause des larsens des guitares.

      La gangrène du marché noir

      Il y a quelques jours, Springsteen est donc revenu sur la polémique dans une longue interview au magazine Rolling Stone. Il assume cette inflation. « Pendant les quarante-neuf dernières années, nous avons joué au-dessous des prix du marché. J’ai adoré ça. C’était bien pour les fans. Aujourd’hui, j’ai 73 ans. Je veux faire ce que tout le monde fait. C’est ce qui s’est passé. L’achat de billets a toujours été déroutant, pour les spectateurs comme pour les artistes. Le plus important est que la majorité de nos billets soit abordable. Et puis, vous avez ces billets dont les prix vont monter, très haut. De toutes les façons, des sites de revente ou quelqu’un d’autre prendront cet argent. Alors, ce que je dis, c’est pourquoi cet argent ne reviendrait pas à ceux qui vont transpirer sur scène pendant trois heures ? »
      On peut entendre l’argument. Depuis des années, le marché noir et les sites de revente plus ou moins officiels gangrènent les billetteries des grands événements culturels, générant aussi bien la pénurie de places que la surenchère sur les prix. Pas illogique, donc, de voir les manageurs et les producteurs tout mettre en œuvre pour récupérer la valeur générée par leurs artistes. Jon Landau, manageur du « Boss », a d’ailleurs expliqué au New York Times que seulement 11 % des places avaient été vendues avec ce système « dynamique ». Le reste s’affichant autour d’une moyenne de 200 dollars la place tout de même.
      C’est aussi la ligne de défense de Ticketmaster. Souvent pointée du doigt pour avoir participé à l’inflation des tarifs par sa position de quasi-monopole – que le régulateur américain s’apprête à scruter de près –, l’entreprise vient de connaître un nouvel épisode houleux.
      Jeudi 17 novembre, Ticketmaster a dû annuler en catastrophe la vente des billets de la tournée américaine de la chanteuse Taylor Swift. En cause, une trop forte demande – avec deux millions de préventes et 3,5 milliards de requêtes – et un système de tarification qui a fait s’envoler les prix, même pour des fauteuils mal placés.

      Colère des fans, chaos des serveurs, toute la vente a été reportée à des jours meilleurs. « Le marché de la revente de billets ayant atteint plus de 10 milliards de dollars ces dernières années, les artistes et les équipes ont perdu ces revenus au profit des revendeurs », a déclaré, dans la foulée, Ticketmaster, estimant que désormais les organisateurs d’événements tentent de « récupérer ces revenus perdus » en « s’alignant sur les prix du marché ».

      Effet de rattrapage
      On peut voir les choses avec optimisme et constater que cet engouement autour des stars les plus populaires consacre le retour à la normale après des mois de fermeture des lieux culturels et de concerts annulés pour cause de Covid-19.
      Un effet de rattrapage qui se vérifie aussi en France, où des groupes comme Colplay, cet été, ou la chanteuse Mylène Farmer, l’année prochaine, remplissent plusieurs Stade de France en quelques secondes, qu’importe le prix. Et se dire qu’après tout les artistes – surtout ceux qui s’embarquent pour des tournées qui pourraient bien être leurs dernières – auraient tort de se priver, puisque, manifestement, le prix n’est pas un frein.

      On peut aussi s’inquiéter d’une dérive postpandémie qui voit aujourd’hui les niveaux de cachets s’envoler et le prix des places avec, au risque d’accentuer une fracture entre les publics et de priver certaines manifestations d’artistes devenus trop exigeants. De plus en plus « premium », les événements culturels courent le risque de devenir de plus en plus inaccessibles pour beaucoup.
      Les lieux publics ne sont pas imperméables à ce mouvement. Au Châtelet, les places les plus chères pour la comédie musicale 42nd Street affichent 109 euros. Et se vendent. Il ne faut pas être naïf, il a toujours été plus compliqué, et beaucoup plus onéreux, d’aller écouter les Rolling Stones qu’un jeune artiste émergent. Cela ne changera pas. Mais à voir les réactions outragées des fans de Bruce Springsteen et de Taylor Swift, certains artistes seraient bien avisés de ne pas trop tirer sur les cordons de la bourse.