François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Envahissante et dangereuse, la fourmi électrique a été détectée en France - rts.ch - Environnement
    https://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/13479920-envahissante-et-dangereuse-la-fourmi-electrique-a-ete-detectee-en-franc

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    Elle mesure seulement 1,5 millimètre mais représente une menace pour la biodiversité. La « fourmi électrique », espèce envahissante surnommée ainsi en raison de sa piqûre douloureuse, a été détectée pour la première fois sur le territoire métropolitain français.

    C’est dans le sud de la France, à Toulon, que Wasmannia auropunctata, « fourmi électrique » ou « petite fourmi de feu », originaire d’Amérique du Sud, a été repérée par un passionné de fourmis, dans une résidence fermée de bord de mer. Jaunes-brunes, ces fourmis sont minuscules, bougent très lentement et ressemblent aux « fourmis de feu ».

    Jusqu’à présent, cette espèce originaire d’Amérique du Sud n’avait été observée qu’une fois en Europe, dans la région de Malaga en Espagne.

    Quand Olivier Blight, chercheur à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie à l’Université d’Avignon l’a formellement identifiée à Toulon, « on avait déjà affaire à une super-colonie, donc on pense qu’elle est là depuis plus d’un an ». Probablement introduite « lors d’un transport de plantes », la fourmi a déjà été observée jusqu’à cent mètres de la résidence.
    « Sa force, c’est son nombre »

    Wasmannia auropunctata est extrêmement envahissante, même si elle se déplace lentement, car elle cumule « un système de reproduction classique sexuée et une production de reines et de mâles par clonage » (lire encadré), explique Olivier Blight. « Sa force c’est son nombre », insiste le chercheur, qui a fait placer l’espèce sur la liste des espèces préoccupantes pour l’Union européenne.

    Cette fourmi est tropicale : « Elle peut vivre dans des serres ; elle aime les endroits chauds », remarque Laurent Keller, professeur au département d’Ecologie et d’Evolution de l’Université de Lausanne : « Elle pourrait vivre au Sud de la France, surtout dans les zones habitées car elle profite en hiver de se cacher dans les endroits chauffés ou protégés », précise le myrmécologue au micro de l’émission CQFD. Selon lui, on ne peut pas l’imaginer chez nous : « Elle ne pourrait pas passer l’hiver ».

    Sa piqûre provoque « une sensation d’ortie, en plus fort et plus long, puisque ça dure 2-3 heures », et avec cette arme redoutable la fourmi électrique peut anéantir des insectes, provoquer la cécité d’autres animaux – des tortues et des chiens, notamment – , et les faire fuir durablement.
    Piqûres douloureuses

    En Nouvelle-Calédonie, « dans les forêts qu’elle a envahies, on n’entend plus aucun son d’insecte ». Chez l’humain, outre des piqûres douloureuses, la fourmi électrique peut provoquer des chocs anaphylactiques chez les personnes allergiques.

    Dans les régions qu’elle a envahies, remarque Olivier Blight, « son éradication a des coûts énormes ». Ainsi, dans le Queensland, en Australie, qu’elle a colonisé depuis 2006, 30 millions de dollars ont déjà été dédiés à la lutte contre Wasmannia auropunctata. « Et je ne suis même pas sûr que l’Australie ait réussi à s’en débarrasser », commente Laurent Keller.

    Après avoir déclaré sa présence aux autorités début septembre, Olivier Blight souhaite « communiquer au maximum pour sensibiliser le grand public », notamment pour accéder aux résidences voisines du premier foyer détecté.

    « On doit faire très rapidement une délimitation précise de la zone d’invasion pour élaborer un plan d’éradication », plaide Olivier Blight, comparant la stratégie à celle mise en place par les autorités en présence du moustique-tigre.