• Accusée d’abus, la directrice de l’école de ballet du Théâtre de Bâle est suspendue

    Après l’Académie de danse de Zurich, c’est au tour de l’Ecole de ballet de Bâle de se retrouver dans la tourmente. D’anciens élèves dénoncent les abus qu’ils y ont subis durant plusieurs années. Une enquête indépendante va être menée.

    La décision de suspendre la directrice a été prise par le comité directeur de l’école. « Suite aux accusations de harcèlement et d’insultes relayées par les médias, une enquête sera lancée afin de faire toute la lumière sur cette affaire », a indiqué mardi le comité directeur.

    Selon la NZZ am Sonntag et le média en ligne bâlois Bajour, plus de 30 anciennes élèves ont évoqué des humiliations et des insultes régulières lors de répétitions. Parfois à visage découvert, elles racontent les pressions et les humiliations systématiques subies durant leur formation.

    Dans certains cas, un comportement insultant de la part d’enseignants a aussi été rapporté : « Tu es trop grosse pour danser » ou « Je peux voir la graisse qui pend de tes collants ». Une élève a aussi témoigné : « Je pleurais régulièrement, j’espérais que l’on nous aiderait, mais personne ne s’engageait pour nous ».

    Troubles alimentaires, absence de règles, hospitalisation
    Des pressions excessives sur les performances auraient eu pour conséquence des fractures de fatigue et des troubles alimentaires. Des nombreuses jeunes femmes n’auraient plus eu leurs règles pendant leur formation. Une élève aurait même dû être hospitalisée, complètement amaigrie.

    L’école de ballet du Théâtre de Bâle est l’une des deux institutions en Suisse à proposer un apprentissage professionnel de danseuse et danseur classique avec certificat fédéral de capacité. L’autre est l’Académie de danse de Zurich, qui est également confrontée à des reproches similaires. La direction s’est depuis retirée et une enquête a été ouverte.

    Le canton de Bâle-Ville, qui a un devoir de surveillance envers les entreprises formatrices, déplore cette situation. Ulrich Maier, directeur de la formation professionnelle, s’en explique dans le 19h30 : « Nous n’avons pas eu connaissance des reproches, sinon nous aurions réagi plus tôt. »

    A ce jour, la directrice suspendue de l’Ecole de ballet de Bâle conteste les faits reprochés.

    Il faut repenser l’apprentissage de la danse
    Du côté de l’association suisse des professionnels de la danse, on admet que quelque chose doit changer dans cette formation. « La danse est un art de la scène, mais aussi un sport d’élite. Ces deux domaines sont concernés par la pression », explique Cyril Tissot, directeur de Danse Suisse. Pour lui toutefois, la performance et l’apprentissage sont deux domaines compatibles. « Ces méthodes doivent changer en allant vers le mieux et c’est possible », car l’apprentissage peut être une belle chose, conclut-il.

    Le Ballet de Berne est aussi confronté à des accusations d’abus. Plusieurs médias ont rapporté que des harcèlements sexuels s’y sont produits l’année dernière. Un collaborateur du ballet a été licencié. La direction des scènes bernoises a ouvert une enquête après avoir relativisé les reproches. Les résultats devraient être présentés mercredi.

    Source : https://www.rts.ch/info/suisse/13492523-accusee-dabus-la-directrice-de-lecole-de-ballet-du-theatre-de-bale-est-

    #violence #danse #harcèlement #Pressions #humiliations #ballet

    • Ecole de ballet de Bâle : « Ce qu’il me reste de plus fort de ces deux ans et demi, c’est la peur » Clément Bürge/Julie Conti/ Pierrik Jordan - RTS

      De graves abus ont été dénoncés cette semaine au sein de l’école de ballet du Théâtre de Bâle. Après avoir intégré l’école en 2011, Angèle en a été victime durant deux ans et demi. Face aux caméras de la RTS, elle raconte un enfer fait de violence, d’humiliations et de mise en danger de sa santé.

      Les scandales liés à des mauvais traitements n’en finissent plus dans le monde de la danse en Suisse. Après le Béjart Ballet Lausanne et l’Académie de danse de Zurich, la parole s’est libérée également cette semaine à Bâle, où 33 anciens et anciennes élèves de la Ballettschule Theater Basel (BTB) ont dénoncé les graves abus subis durant des années.
      C’est le cas d’Angèle, entrée à la BTB en 2011, et d’Ines, entrée en 2014, toutes deux à l’âge de 15 ans. Elles ont accepté de témoigner face aux caméras de la RTS des mauvais traitements qu’elles et leurs camarades subissaient au quotidien de la part des professeurs. Elles racontent aussi toute la pression mise sur le poids des danseuses, en particulier par la directrice.

      « Ma première année, je devais faire 1m68, et je suis tombée à 36 kilos sans vraiment le vouloir. C’était juste que j’étais très stressée, et j’avais perdu l’appétit », témoigne Inès dans le 19h30.

      Au théâtre « avec une boule dans le ventre »
      La peur et l’anxiété, c’est aussi ce qui a principalement marqué Angèle lors de son passage à la BTB. « Je me revois arriver au théâtre avec une boule dans le ventre. Parce qu’on savait qu’on pouvait se faire soit crier dessus et insulter, soit ridiculiser et humilier. Et il y avait cet espèce de harcèlement sur le poids pour certaines. C’était invivable. »

      Très souvent, elle excluait les gens des spectacles, parfois une semaine avant, quelqu’un qui avait travaillé dur pour répéter un rôle. Elle disait : je peux ne pas te mettre sur scène dans cet état physique, tu es horrible

      Cette peur pousse alors l’adolescente à ne plus s’alimenter, alors qu’elle est déjà très mince. « C’est une période où j’ai perdu 10 kilos en deux mois. Ils le voyaient forcément, j’étais en justaucorps toute la journée devant eux », expose-t-elle.

      « Deux camarades se sont inquiétées pour moi », se remémore-t-elle. Elles alertent une professeure, qui prévient la directrice. « J’ai eu un rendez-vous avec les deux. » Leurs conseils : « Mange quand même quelque chose le soir, mais juste un fruit ou un yogourt. Et mange devant tes camarades, parce qu’il ne faudrait pas les inquiéter. »

      Anorexie valorisée et récompensée
      Loin d’inquiéter ses enseignantes et ses enseignants, cette perte de poids ouvre au contraire des portes à la jeune danseuse. « J’ai eu des rôles, j’ai été récompensée pour ça. »

      La directrice va même jusqu’à l’inscrire au prestigieux Prix de Lausanne. Le concours se targue pourtant d’une politique exemplaire en matière de santé des artistes, avec des règles strictes pour lutter contre l’anorexie. Le comble : à cette époque, la directrice du BTB était également à la tête... du Prix de Lausanne.

      « Elle a tout organisé. Elle m’a fait voir un médecin pour signer un certificat médical pour l’inscription. J’étais déjà trop maigre, et le médecin a menti sans vergogne pour mettre un IMC plus haut, pour que ça passe. C’était juste avant que je quitte l’école », poursuit Angèle.

      L’école, elle la quitte pour l’hôpital, pour soigner son anorexie. « Ça m’a impacté pendant des années. J’ai eu un suivi pour le trouble alimentaire, mais ce n’est pas quelque chose qui se guérit rapidement ». Elle évoque également de la boulimie et de la dépression. « Finalement, les conséquences ont été presque plus longues que le temps passé là-bas... dans cet enfer. »

      Ines a terminé son cursus à #Bâle. C’est après être sortie de l’école qu’elle a pris conscience des maltraitances qu’elle a subies. Quant à Angèle, elle a quitté la #BTB et terminé sa formation en France. Toutes deux sont désormais danseuses professionnelles. Et elles ne veulent plus se taire.

      Emprise perverse des professeurs
      De la part de certains professeurs, Angèle évoque des « insultes très régulières » et des « corrections à coup de claques sur les cuisses, les fesses ou le dos ».

      Une fois, il m’a dit : « Tu es trop stupide pour danser, je vais te renvoyer chez tes parents, mais même eux ne voudront pas de toi »

      Elle décrit l’emprise particulièrement perverse de certains professeurs : « Il disait toujours : ’Je vous aime, et si je vous corrige, c’est que je crois en vous, sinon je ne perdrais pas mon temps’. D’un côté, je commençais à trouver trop dur, mais je me forçais à penser que j’avais de la chance parce que je me faisais corriger. »

      Source : https://www.rts.ch/info/regions/autres-cantons/13500484-ecole-de-ballet-de-bale-ce-quil-me-reste-de-plus-fort-de-ces-deux-ans-e

      #perversité #anorexie #boulimie #maltraitances #Suisse