Max

"My job is to make revolution irresistible.” ― Toni Cade Bambara

  • La planification économique (2/3) : Ha-Joon #Chang et la planification capitaliste

    Je fais suite à mon premier billet, sur la #planification_économique au sens #communiste du terme : voir https://seenthis.net/messages/976193 Regardons maintenant la planification indicative sous les économies capitalistes.

    Ha-Joon Chang, dans 23 Things They Don’t Tell You About Capitalism, explique que « Capitalist economies are in large part planned », contrairement à l’idée reçue que l’échec du communisme aurait démenti les avantages supposés de la planification :

    Governments in capitalist economies also plan, albeit not in the same comprehensive way that the central planning authorities in communist countries did.

    […]

    [M]any capitalist countries have successfully used what is known as ‘indicative planning’. This is planning that involves the government in a capitalist country setting some broad targets concerning key economic variables [...] and working with, not against, the private sector to achieve them.

    Ha-Joon Chang cite ensuite plusieurs exemples de succès de la planification capitaliste (selon lui) :

    – Le dirigisme en France pendant les années 1950 et 1960, permettant au pays de « dépasser l’économie britannique en tant que deuxième pouvoir industriel de l’Europe. »

    – D’autres succès en Europe dans les années ‘50 à ‘70 : la Finlande, le Norvège, l’Autriche.

    – Les « East Asian miracle economies » entre les années 1950 et les années 1980 (le Japon, la Korée du Sud, le Taïwan), dont il est particulièrement enthousiaste.

    –—

    Chang fustige donc le « prejudice against planning », insistant qu’à condition de garder des mécanismes de #marché elle permet de grands succès économiques. La planification joue déjà, que l’on le veuille ou non, un rôle dans les économies capitalistes :

    Between the planning that is going on within corporations and various types of planning by the government, modern capitalist economies are planned to a very high degree.

    Il faut donc la déployer de façons adaptées au contexte afin qu’elle soit propice à un meilleur fonctionnement de #l’économie :

    The question, then, is not whether to plan or not. It is what the appropriate levels and forms of planning are for different activities.

    –—

    On l’aura bien compris, Chang ne sort jamais du #capitalisme lorsqu’il défend la planification. En tant qu’argument descriptif, il est plutôt convaincant : ce n’est qu’avec des abstractions absurdes ou par la rhétorique la plus exagérée que l’on parvient à croire qu’il existerait un réel #free_market dans nos économies. (Apprécions aussi que les doctrines économiques libérales sont souvent avancées par des idéologues de mauvaise foi.)

    Sur le plan normatif, je suis plus réticent. D’une part, il a raison de s’opposer aux pratiques qui découleraient de théories libérales ; de l’autre, par contre, son imagination des alternatives est tristement bornée. Pour faire face à la #crise_climatique, à l’inégalité, à la souffrance, à la faim, il faut aller plus loin que Chang propose. Il nous faut imaginer avec sérieux les alternatives non-capitalistes. Et, pour cela, il nous serait utile de revenir aux débats socialistes sur la planification—dans mon prochain billet !