marielle 🐢

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Adresse aux français pour stopper la mise à mort de nos Hôpitaux Publics.
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/051122/adresse-aux-francais-pour-stopper-la-mise-mort-de-nos-hopitaux-publi

    Vous, français, françaises, êtes loin de connaître l’état réel de vos hôpitaux et de savoir les drames humains qui s’y déroulent chaque jour. Dresser un état des lieux de la situation sur le terrain pour susciter une réelle prise de conscience de la gravité est un préalable à un sursaut citoyen pour ne pas accepter l’agonie de notre système de Santé.

    ... Car il n’est pas normal qu’un patient porteur d’une énorme hernie discale, et qui s’est vu refuser l’admission aux urgences d’un hôpital de la Région après appel du 112, finisse par arriver sur la table d’opération à 5h du matin après un délai de 42h. Ceci a eu pour conséquence pour lui d’avoir une paralysie des membres inférieurs et de la vessie, des séquelles l’obligeant aux auto-sondages urinaires et à marcher avec deux cannes. On imagine aussi aisément la perte de qualité de vie, les difficultés psychologiques et corporelles pouvant être associées (trouble érectile) et les complications sociales (perte d’emploi, difficulté à se déplacer) qui peuvent en découler.

    Il n’est pas normal qu’un homme d’âge moyen qui fait un coma brutal sur son lieu de travail (BTP) par rupture d’anévrisme n’arrive sur la table opératoire pour l’évacuation de l’hémorragie cérébrale et la sécurisation de son anévrisme qu’au bout de 9h de délai, après un passage par le chaos des urgences, quand on sait que le centre référent est à 1h de voiture… Nous avons fait notre maximum pour lui, avec un résultat opératoire excellent, mais des suites malheureusement dramatiques en raison d’un délai de compression cérébrale responsable d’une ischémie complète de son hémisphère gauche et d’une survie impossible sans séquelles neurologiques majeures et dépendance physique / psychique totale.

    Il n’est pas normal que dans un CHU comme Dijon, une personne âgée décède récemment, de malnutrition, de déshydratation et d’alitement, en attendant une opération bénigne pour fracture du péroné reportée jour après jour aux calendes grecques. Il nous arrive également dans notre CHU de reporter de plusieurs jours certains gestes en apparence bénins pour des problèmes d’accès aux salles opératoires. La semaine passée, j’ai dû reporter, pour réduction supplémentaire des vacations opératoires, une patiente souffrant d’une névralgie cervico-brachiale sur hernie cervicale et qui ne pouvait faire autrement que mettre son bras au-dessus de sa tête pour se soulager de la douleur. Cela s’est fait à la dernière minute en raison d’une décision unilatérale de la Direction qui n’avait pas été transmise aux équipes de chirurgie. J’ai dû m’excuser auprès de la patiente et ravaler ma colère de subir une situation que je n’avais pas encore une fois créée.

    Il n’est pas non plus normal que dans un EHPAD de la Région, les soignants qualifiés soient remplacés par des contractuels non formés qui ont des pratiques totalement déviantes sur nos aînés : refus de mise au fauteuil, erreur d’administration de médicaments, utilisation de détergent pour le sol pour la réalisation des toilettes intimes… situation similaire rencontrée dans certaines crèches françaises il y a peu, où une employée a administré un détergent à un bébé qui pleurait trop souvent…

    Tout cela est bien A-N-O-R-M-A-L. Et la fréquence avec laquelle surviennent ce que l’on pourrait appeler « dysfonctionnements » est réellement inquiétant. Tout cela se traduit maintenant pour vous et vos proches de façon brutale en perte de chance, perte de qualité de vie, handicaps, séquelles voire décès. Nous soignants qui faisons tout sur le terrain pour maintenir à bout de bras le système hospitalier sommes épuisés de nous battre seuls, tels des Don Quichottes, contre un système qui nous broie...