François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • L’orgasme de la gorge est bien plus répandu qu’on ne le croit | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/236171/sexe-orgasme-gorge-bouche-langue-nerf-vague-point-g-luette

    Et il concerne aussi bien les hommes que les femmes.

    Au fond, le film Gorge profonde n’était pas si éloigné de la réalité. Le bien nommé Insider vient en effet de publier une enquête selon laquelle les orgasmes de la gorge sont monnaie courante. L’article s’ouvre que le témoignage d’une quinquagénaire texane qui décrit la première fois qu’elle en a vécu un. Alors qu’elle pratiquait une fellation, elle a réalisé que sa salive devenait plus épaisse, puis tout son corps s’est mis à trembler.

    C’était il y a des années ; depuis, cette femme est même parvenue à se donner des orgasmes seule en stimulant sa gorge, sa langue et sa bouche. La pratique du sexe oral n’est pas indispensable à l’obtention d’un obstacle de la gorge : un résultat similaire peut être obtenu en utilisant ses doigts ou un sextoy. Mais attention, prévient la témoin interrogée, ce résultat spectaculaire est loin d’être atteint à tous les coups.

    Chez certaines personnes, cet orgasme est principalement ressenti au niveau de la bouche ou de la gorge ; chez d’autres, il descend jusqu’aux parties génitales, quand il ne traverse pas l’intégralité du corps. Quelques témoignants et témoignantes ont même témoigné avoir vécu des orgasmes de la gorge par la simple force de la pensée, après avoir pensé à une fellation ou après avoir déplacé leurs pensées érotiques vers cette zone de leur corps en pratiquant des exercices de respiration.

    Bien que méconnus, ces orgasmes n’étonnent pas la communauté scientifique, consciente de la richesse de la gorge en cellules sensorielles ainsi que du grand nombre de terminaisons nerveuses dans la langue et la bouche. « L’orgasme est centré sur le cerveau », rappelle de toute façon la sexologue Carol Queen, si bien que « certaines personnes peuvent expérimenter des types d’orgasmes que d’autres jugeraient pour la plupart impossibles ».

    Le phénomène toucherait aussi bien les hommes que les femmes, même si, comme l’expliquait le docteur Herbert Arthur Otto dans son livre Liberated Orgasm : The Orgasmic Revolution dès 1999, les hommes sont plus réticents à l’idée d’évoquer leurs expériences –sans doute par une forme d’homophobie intériorisée. D’après les témoignages recueillis par le scientifique sur plusieurs centaines de personnes, environ 20% des individus auraient déjà vécu une telle expérience au moins une fois, un pourcentage voisin chez les femmes et chez les hommes.

    Les autres scientifiques s’étant penchés sur le sujet ne fournissent pas de chiffres, mais leurs travaux confirment en tout cas la réalité de l’orgasme de la gorge. Celui-ci serait en partie dû à une stimulation du nerf vague, dixième nerf crânien, le plus long et le plus ramifié du système parasympathique, qui contrôle les activités involontaires des organes.

    Selon le docteur Amir Marashi, cofondateur de la marque de sextoys Cerē, quatre des ramifications de ce très long nerf dirigent respectivement vers l’arrière de la gorge, la base de la langue, la gorge et les cordes vocales. Le nerf vague est également connecté, de façon indirecte, aux parties génitales, à l’aide du nerf pudendal, l’un des principaux nerfs qui innervent le périnée. D’où le fait qu’une stimulation de la gorge puisse entraîner des sensations entre les jambes.

    Point G comme gorge

    Selon certaines expertes, la gorge renfermerait un simili point G, situé derrière la luette, au niveau du muscle cricopharyngien, qui fait partie du haut de l’œsophage. Le stimuler nécessiterait en revanche d’aller stimuler une zone située tout à fait au fond de la gorge, donc d’utiliser un pénis ou un objet phallique. Dans les témoignages, on peut lire que certaines sessions de « gorge profonde » font changer la texture des tissus de la gorge, à la manière de ce qui peut se produire au niveau de la vulve.

    Mais alors, pourquoi les personnes concernées n’ont-elles pas d’orgasmes quand elles se nourrissent ou lorsqu’elles se raclent la gorge ? La réponse est simple, et elle nécessite d’être répétée : parce que l’orgasme part du cerveau, et que les bonnes conditions sont nécessaires pour atteindre ce genre de climax. S’acharner mécaniquement sur cette zone n’a donc pas grand intérêt : même chez les individus entraînés, l’orgasme de la gorge n’a de toute façon rien de systématique.

    Ceci est l’occasion de rappeler qu’en matière de rapports sexuels, le consentement est la base absolue, et que ce genre de pratique se discute au préalable. Vu la technicité de la chose, personne ne pourra donner d’orgasme de la gorge à un·e partenaire qui n’en a pas envie. Et ce n’est même pas la peine d’imaginer essayer.