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  • LES FISSURES DE « LA MAISON » ou les contradictions d’Emma Becker

    Les lectrices féministes du livre d’Emma Becker « La Maison » l’ont remarqué : l’autrice affectionne les truismes et chérit les stéréotypes ; dans son livre sur les deux années qu’elle a passées dans deux bordels de Berlin, pas un poncif sur la prostitution ne manque à l’appel : son ouvrage en véhicule une cargaison telle qu’il est quasi-anthologique. Echantillons :

    Droit sexuel et misère sexuelle masculine
    Emma Becker considère qu’il y a un droit masculin fondamental à l’accès sexuel aux femmes, et qu’une classe de femmes doit être sacrifiée à la satisfaction de ce droit, en quelque sorte vouées au service du pénis comme les religieuses étaient vouées au service de Dieu (en patriarcat, c’est à peu près la même chose). Selon elle, tous les hommes, aussi laids, vieux, désagréables et misogynes qu’ils soient, doivent absolument être préservés de toute frustration sexuelle et pouvoir disposer à volonté de corps de femmes, jeunes et jolies évidemment. Sensible à la « misère sexuelle » des clients – une des justifications rituelles de la prostitution – l’autrice s’étend complaisamment sur leur détresse, évoque leur pathétique solitude, s’attendrit sur ces timides en mal d’affection qui voudraient être aimés des pensionnaires de la Maison. Par contre, que la sexualité soit, pour les femmes infiniment plus que pour les hommes, source de frustration, d’insatisfaction, voire de contrainte et de violences ne la préoccupe pas : seules les souffrances masculines l’émeuvent.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2020/03/21/les-fissures-de-la-maison-ou-les-contradiction

    #féminisme #prostitution