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  • Un chauffeur de car licencié en Haute-Vienne pour avoir refusé de laisser une enfant seule en rase campagne - Limoges (87000)
    https://www.lepopulaire.fr/limoges-87000/actualites/un-chauffeur-de-car-licencie-en-haute-vienne-pour-avoir-refuse-de-laisse

    Pour éviter à une jeune collégienne de parcourir chaque jour 650 mètres à pied sur une route de campagne isolée, sans trottoir, sans marquage et dans le noir, le conducteur du car scolaire avait pris l’habitude de s’arrêter devant son domicile situé exactement sur son circuit. Il vient d’être licencié par son entreprise pour faute grave.

    • Le chauffeur :

      « J’ai reçu ma lettre ce lundi 28 en recommandé, explique le chauffeur, Damien Tabard. Pour moi ce n’est pas grave après tout, je trouverai un emploi par ailleurs on cherche des chauffeurs partout. Mais ça me fait de la peine de laisser des enfants que j’aimais bien. Je voulais qu’ils soient en sécurité. C’est difficile de laisser un enfant seul sur la route. Tout comme de contraindre une maman avec une poussette et son bébé à marcher le long d’une voie dangereuse pour rejoindre un arrêt alors que mon bus passe juste devant chez eux. »

      La mère :

      « On a expliqué la situation de ma fille, on a alerté les services compétents, mais on s’est entendu répondre : “le bus ne va quand même pas aller chercher les enfants jusque dans leur lit”... »

    • Un bord de route en rase campagne, sans trottoir, sans éclairage, sans marquages, sur un axe très fréquenté avec virages et problèmes de visibilité...

      On t’explique qu’il n’y a rien de conçu pour les piétons dans les campagnes, et on te répond que t’exagère de vouloir qu’on crée des arrêts au pied du lit des gamins. Y-a des coups d’pelles qui s’perdent...

    • l’entreprise de ramassage scolaire marque toujours l’arrêt dit « sauvage »
      Des arrêts « sauvages » à l’origine de son licenciement pour faute grave.
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/03/des-arrets-de-bon-sens-un-conducteur-de-car-licencie-parce-qu-il-refusait-de


      Damien Tabard, sur la départementale 50 qui traverse le lieu-dit d’Entrecolles, dans le village des Billanges (Haute-Vienne), le 2 décembre 2022. VALERIE TEPPE POUR « LE MONDE »

      .... « Autrefois, il y avait un abribus à chaque bout de ferme », regrette M. Tabard.

      Cet arrangement entre le chauffeur et les familles aurait pu rester inaperçu… si ce n’était le nouveau système de billettique scolaire mis en place à la rentrée par la région, avec une géolocalisation du car. Les conducteurs se sont vus dotés d’un smartphone embarqué, les élèves de cartes sans contact à badger. « Un flicage, la robotisation des conducteurs et des enfants », maugrée l’agriculteur, ancien militant du Larzac. Une opposition qu’il ne s’est pas privé de manifester à son nouveau patron lors de la formation à l’outil. Il venait en effet de changer d’employeur, le marché public assurant les lignes dans le secteur des Billanges ayant été remporté par Europ Voyages.

      « Insubordination caractérisée »

      « Arrêtez de me regarder comme un petit con », aurait dit M. Tabard à son nouveau chef. Il se sentait, dit-il, regardé d’un « air moqueur » par ce « jeune moderne affûté ». Dans la lettre de licenciement, la direction affirme quant à elle que M. Tabard a traité son responsable de « petit con ». Une « insubordination caractérisée », « répétée », entachant « la bonne réputation et l’image de marque de notre entreprise » et « l’exposant à des risques graves et au paiement de pénalités financières » peut-on lire, entre autres motifs reprochés. Sollicitée, l’entreprise n’a pas souhaité communiquer.

      M. Tabard avait aussi signalé à son employeur des incohérences sur le tracé de son circuit – compétence régionale –, à ses yeux « inadapté par rapport aux besoins actuels ». En vain. « Le problème, c’est la complexité, face à la rigidité de l’administration, à adapter les arrêts et les circuits au fur et à mesure que les situations évoluent dans les villages et que les familles changent », estime M. Tabard.

      En dépit des avertissements répétés de son employeur, le conducteur frondeur s’est ainsi obstiné à marquer l’arrêt pour Chandani. Une désobéissance « citoyenne » qu’il revendique, « sans aller jusqu’à [s]e comparer à José Bové ». Quant à l’utilisation du smartphone – « de l’hébreu », pour le septuagénaire, « pas à l’aise avec l’électronique » –, il s’y est néanmoins plié. « Une fois sur deux, je m’y prenais mal avec ces tas de manips : si l’élève a oublié sa carte, si la carte est muette, inconnue, déjà validée. » Il soupire en lisant la notice : « appairez le valideur, 2Place onboard ». Il doute être le seul conducteur qui rencontre des difficultés avec le numérique, au sein d’une profession vieillissante, composée de nombreux retraités et peinant à recruter – il manquait 8 000 #conducteurs_scolaires à la rentrée.

      « Des valeurs humaines comme on n’en trouve plus »

      Sans commenter les motifs du licenciement – relevant de l’entreprise –, le vice-président chargé des mobilités à la région Nouvelle-Aquitaine, Renaud Lagrave, explique les épineux arbitrages qui sous-tendent la gestion des #transports_scolaires en milieu rural. Concernant la demande de création de point d’arrêt de Mme Nozière, il reconnaît un possible manque « d’explications circonstanciées », rappelant que les équipes régionales de la Haute-Vienne – qui compte plusieurs antennes à proximité – doivent gérer 350 demandes de création d’arrêt par an. « Un travail de dentelle, en concertation avec les gestionnaires de la voirie – mairies, conseil départemental –, et les transporteurs pour les situer au mieux, au regard des objectifs de sécurité, mais aussi de l’optimisation du temps de parcours. Les arrêts et les circuits évoluent chaque année en fonction des besoins. »
      Quant au secteur des Billanges, une concertation va être engagée, pour apporter les modifications opportunes. Mais il rappelle que la sécurité n’est pas forcément assurée au pied d’un domicile, « imaginez, s’il y avait un accident de car à un arrêt sauvage ». Quant au système de géolocalisation, M. Lagrave salue des fonctionnalités visant à optimiser le remplissage des bus et la sécurité des élèves. « On a pris le temps qu’il faut pour échelonner le déploiement de l’outil avec les entreprises, former les chauffeurs », assure-t-il.
      En attendant, Mme Nozière constate – non sans ironie – que l’entreprise de ramassage scolaire marque toujours l’arrêt dit « sauvage » pour sa fille. « L’effet de la pression médiatique ? » L’histoire a en effet trouvé de l’écho : une pétition en ligne en soutien au chauffeur réunissait plus de 46 300 signatures et près de 2 200 commentaires samedi matin. Des courriers et même une proposition d’embauche d’une société de cars ont été adressés à M. Tabard. Aux Billanges, parents et enfants regrettent « un professionnel à qui on pouvait confier les enfants les yeux fermés », « des valeurs humaines comme on n’en trouve plus ».

      Ses jeunes passagers sont ceux qui manquent le plus à celui qui a conduit des générations d’élèves. Sa dernière tournée, il y a une semaine, n’était pas sans émotion, « même le petit caïd de 6e a essuyé une larme ». Le chauffeur va contester son licenciement aux prud’hommes. Mais sa victoire se joue ailleurs : avoir mis en lumière les difficultés que partagent ses collègues, ailleurs sur les petites routes de rase campagne.

      #chauffeurs_scolaires #emplois_vieux avec #horaires_en_coupure #retraites