hubertguillaud

Journaliste et rédacteur en chef de http://www.internetactu.net - aka @iactu -, le média de la Fondation internet nouvelle génération http://www.fing.org

  • A lire dans @mdiplo : Orion, le logiciel de planning RH que la SNCF teste en Ile-de-France... https://www.monde-diplomatique.fr/2022/12/DERKAOUI/65381

    A ce qu’on en lit, visiblement, Orion n’est pas seulement un planneur RH... Enfin, si, il pose exactement les mêmes problèmes que les autres logiciels de planning des horaires des employés, surtout quand ils sont calculés selon des modalités opaques aux employés. Qui décide des « shifts », des changements d’équipes, selon quelles règles ? Quand un système de prévision de vente par IA est couplé à un logiciel de planning qui fait le planning, l’IA ou le responsable RH ? Quel employé est sollicité, lequel ne l’est pas ? Sur quels critères (rémunération, disponibilité, assiduité, couleur de peau, fonction...) ? Autant de questions qui montrent l’obfuscation en cours dans ces systèmes. Orion, semble prendre en compte, principalement, le coût de travail des salariés dans le temps. Son principe, c’est de limiter les primes spécifiques et les heures supplémentaires. Ce qu’il optimise, c’est le coût RH, au mépris des conditions d’existence d’employés prévenus de la veille pour le lendemain.

    Face à ce type de problèmes, aux Etats-Unis, plusieurs organisations syndicales ont fait adopter des lois sur les horaires stables obligeant à un préavis de 2 semaines sur les horaires et des compensations en cas de changements à la dernière minute J’en parlais là : https://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/faut-il-changer-de-mentalite-pour-changer-les-parametres-des-logiciels

    Mais ces questions de changements d’emploi du temps à la volée vont très certainement s’améliorer avec le déploiement du logiciel. On peut imaginer qu’Orion devrait pouvoir facilement calculer des plannings à plus long terme, tout en optimisant les coûts pour l’employeur. Par contre, le principe d’Orion, plus que la gestion des shifts, est visiblement mis en place pour raboter et supprimer les primes. A terme, l’introduction de ces calculs signifie que l’optimisation des primes va rendre leurs négociations inutiles. Face aux systèmes de rémunérations calculés par l’IA, cela montre la limite aujourd’hui à négocier des primes par rapport aux salaires ainsi que l’enjeu de déplacer la négociation salariale sur la stabilité, avec des compensations en son absence. Et surtout, de concentrer l’action de négociation sur le seul salaire - et pas sur les primes - mais ça, on le savait déjà ;). Un beau cas d’école de l’utilisation politique des systèmes de calcul et de la manière dont ils vont modifier en profondeur le dialogue social...