MYSTÈRE. Tué de 2 flèches plantées dans le dos, qui était K6 ? Sur l’île de Téviec, l’énigme demeure
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Dans les années 20, un couple d’archéologues amateurs découvre un site funéraire mésolithique sur l’île de Téviec dans le Morbihan. Parmi les squelettes, l’un d’entre eux intrigue la communauté scientifique. Désigné « K6 », il semble avoir été victime d’un homicide. Un documentaire d’Hubert Béasse revient sur cette étrange affaire.
L’histoire commence le 15 juillet 1928. Marthe et Saint-Just Péquart arrivent avec leurs 3 enfants et un ami, sur l’île de Téviec, en baie de Quiberon dans le Morbihan. Marthe et Saint-Just Péquart vont réaliser de nombreux croquis, des photos et filmer le récit de cette expédition. Une modernité pour l’époque. Aujourd’hui encore, les chercheurs s’appuient sur cette riche documentation.
La famille Péquart est persuadée que l’une des clés du mystère des alignements de Carnac se cache ici. Passionné d’archéologie le couple va finalement faire une autre découverte qui aujourd’hui encore alimente la curiosité des archéologues et des historiens.
Il y a 7400 ans, cinq générations d’hommes et de femmes ont vécu sur l’île de Téviec, alors rattachée au continent. Ils y ont enterré leurs défunts dans un amas de coquillages, dont certains auraient été victimes de violence.
Sous un amoncellement de coquillages et de roche, la famille Péquart découvre cinq squelettes, des ramures de cerfs, des coquillages percés, des armes, des outils, parures. La position des corps, très contraintes, étonnent les chercheurs. Ils décident d’envoyer un des squelettes à Paris pour demander l’avis du paléontologue Marcellin Boule.
Le rapport est sans appel : la sépulture de Téviec ne date pas de la période néolithique. Elle remonte au mésolithique.
Marcelin Boule s’engage alors à mettre les moyens de l’institut à disposition de la famille Péquart pour poursuivre les fouilles. Encouragée, l’équipe continue les recherches.
Le 6ème occupant de la tombe : K6
Sous un mausolée de pierre, l’équipe déterre alors 3 squelettes. En continuant le dégagement, ils mettent à jour 2 autres squelettes et enfin, un sixième : Le 6ᵉ occupant de la tombe K va désormais s’appeler K6. Sa position tout à fait inhabituelle intrigue les chercheurs : Il est enterré avec des précautions toutes particulières et avec beaucoup d’originalité. K6 est alors expédié à Paris à l’institut de paléontologie humaine du professeur Henri Vallois.
La colonne vertébrale transpercée par deux flèches
Les analyses indiqueront que K6 était un homme robuste et en parfaite santé pour l’époque. Il serait mort de deux flèches figées dans la colonne vertébrale, probablement tirées par des arcs.
"En procédant au nettoyage du squelette, nous avons constaté que le sujet avait été blessé, rapporte l’anthropologue Henri Vallois. Deux pointes de flèche sont fichées dans la colonne vertébrale de K6. Il conclut que l’absence de cicatrisation, prouve que le sujet n’a pas survécu à ses blessures."
Le chasseur-cueilleur assassiné
Pour élucider l’homicide de K6, premier acte meurtrier connu sur la période mésolithique, il faut comprendre les conditions de vie de l’époque.
Quand K6 est mort, la mer était basse, le climat était tempéré et la vie terrestre et maritime commençait à se diversifier. Les chasseurs-cueilleurs savaient tirer le meilleur de l’environnement dans lequel ils vivaient : la pêche, la chasse et la cueillette. Une période de disette aurait pu expliquer cet acte meurtrier, mais la diversité des ressources exploitées, écarte cette hypothèse.
Les populations locales commençaient à se sédentariser, et la longue période des nomades disparait progressivement. Les armes spécifiques à la chasse apparaissaient : les arcs, premières armes de guerre, pour la chasse à l’animal et à l’homme.
Pour le couple d’archéologue, ce meurtre restera la conséquence d’un confit entre clan voisin
Un individu influent, un chaman, un grand chasseur ?
De nouvelles analyses génétiques montrent qu’il n’y a pas de liens de famille entre K6 et les autres défunts enterrés au-dessus de lui. Nous savons aussi que la tombe a été réouverte sur plusieurs générations pour y installer d’autres individus. C’est une configuration exceptionnelle. Tout laisse à penser alors que K6 avait une notoriété importante qui a perduré dans le temps.
Un hommage à K6
Les Péquart étaient des pionniers de l’archéologie funéraire. Leurs découvertes ont été validées par les célèbres paléontologues Henri Vallois et Marcellin Boule. Le mystère de K6 non élucidé, nous interroge sur la façon de penser des hommes du mésolithique, sur leurs croyances et leur organisation sociale.
Le documentaire fiction d’Hubert Béasse est une plongée dans la civilisation des derniers chasseurs-cueilleurs du littoral.
"Téviec, Meurtre au mésolithique", un documentaire à voir sur France 3 Bretagne, jeudi 8 décembre 2022, à 23H05 et déjà disponible sur Francetv.fr