A 17 ans, Farid El Haïry était déscolarisé, traînait une mauvaise réputation de bagarreur et de petit délinquant. Son père, marocain, était ouvrier, sa mère, française, employée d’école. L’un de ses frères était connu de la police et de la justice. Les parents de Julie D., eux, dirigeaient une entreprise familiale qui employait une cinquantaine de salariés, ses deux frères aînés faisaient des études supérieures. De cela, également, la justice et pas seulement elle doivent apprendre.
Cette affaire pose aussi d’autres questions. Farid El Haïry a été condamné par la cour d’assises des mineurs en 2003 à cinq ans d’emprisonnement, dont quatre ans et deux mois avec sursis, une peine qui couvrait sa détention provisoire. Soit les juges et les jurés de l’époque ont fait preuve d’une étonnante bienveillance, en décidant de ne pas accabler un jeune homme à l’aube de sa vie d’adulte, en dépit des faits très graves dont ils l’avaient déclaré coupable. Soit ils ont douté, et ont enfoui leur trouble sous une peine légère, avec l’espoir qu’il ne ferait pas appel, ce qui s’est produit, au mépris du principe selon lequel le doute doit bénéficier à l’accusé.
Une procédure d’indemnisation va être lancée
Enfin, comment ne pas s’interroger sur une institution judiciaire qui, pendant un an, a laissé sans réponse la lettre circonstanciée adressée en 2017 par Julie D. au procureur de la République de Douai, dans laquelle elle expliquait avoir fait condamner à tort un innocent ? Comment justifier qu’il lui ait fallu envoyer une deuxième lettre, pleine de désarroi, en 2018, pour qu’une enquête soit diligentée ?
on a malheureusement droit aussi au couplet conventionnel relativisant la parole des agressées