• À l’ombre des #retraites… Temps critiques
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    On semble en rester à la défense des « acquis ». Mais il ne s’agit pas vraiment d’une défense des acquis (la retraite serait « l’acquis consensuel » par excellence) dans la mesure où chaque conflit sur les retraites défend non pas ces acquis, mais la base définissant le dernier recul subi dans un contexte de rapport de forces défavorable dans lequel la rue supplante la grève de blocage et ne joue donc plus son rôle historique plus ou moins insurrectionnel dans la grève générale réduite, au mieux, à la grève reconductible. Dans cette mesure, il n’est plus question de faire étalage du fait que se battre vraiment pour les acquis serait, pour le mouvement, imposer au minimum un retour à la retraite à 60 ans et 37,5 années de cotisation de 1981, puisque cela ferait immédiatement exploser l’unité syndicale et la Nupes.

    .... Cette absence de tension apparaît d’autant plus fortement que les manifestations n’ont aucun objectif de trajet. On n’« attaque » rien. Dans les grandes villes du moins, les trajets déposés évitent les sièges patronaux, les préfectures, tous les lieux de pouvoir et les lieux de la richesse. Certes c’était souvent des objectifs « bidons », comme la CGT nous conduisant au siège du MEDEF pour dire qu’elle envoyait une délégation, tout en appelant à se disperser, mais cela n’apparaissait qu’à l’arrivée, alors que là, c’est dès le départ qu’on se voit convier au « parcours de santé ».

    Quand les Gilets jaunes scandaient : « On est là, on est là », ils étaient là où le pouvoir ne les attendait pas et là où ils ne devaient pas être. Quand les manifestants contre les retraites scandent « On est là », c’est bien sûr vrai, mais ils sont là où le pouvoir les attend. Chacun est dans son rôle et dans cette mesure, ce qui s’affiche d’un côté comme de l’autre relève de la posture.