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  • En Tunisie, les migrants subsahariens ciblés par des arrestations et des agressions
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    En Tunisie, les migrants subsahariens ciblés par des arrestations et des agressions
    Par Lilia Blaise(Tunis, correspondance)
    Publié le 27 février 2023 à 19h10, mis à jour hier à 09h52
    Jeudi 23 février, deux jours après le discours du président Kaïs Saïed sur les « hordes de migrants clandestins », source, selon lui, « de violences, de crimes et d’actes inacceptables » et destinés à changer la composition démographique de la Tunisie afin d’estomper son caractère « arabo-musulman », Dorothée a été licenciée de son travail de femme de ménage.
    Le lendemain, la mission diplomatique ivoirienne a lancé une vaste opération de recensement de ses ressortissants « désireux de quitter la Tunisie définitivement ». Une démarche d’autant plus urgente que les autorités tunisiennes ont accentué la pression sur les Subsahariens, malgré la manifestation contre le racisme qui a rassemblé un millier de personnes à Tunis, samedi, et les protestations venues de l’étranger. Les associations tunisiennes et subsahariennes ont enregistré ces dernières semaines de nombreux cas de migrants expulsés de leur domicile. Des évictions précipitées par l’application stricte d’une loi de 2004 qui oblige, sous peine de sanction, les propriétaires à demander une carte de séjour et à signaler au commissariat qu’ils hébergent un étranger. Cette loi, tout comme le code du travail, était jusqu’à présent très peu respectée dans le pays. « Elle pose problème depuis longtemps puisque la carte de séjour est très difficile à obtenir en Tunisie de manière générale », rappelle Alaa Talbi, directeur du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une organisation non gouvernementale. (...)
    Du côté des autorités, le durcissement est net, revendiqué. Les Tunisiens qui ne respectent pas la loi sur l’hébergement d’un étranger sont passibles de quinze jours de prison et d’une amende, a souligné, jeudi, le porte-parole du tribunal de Sfax. Des sanctions sévères sont aussi prévues pour l’employeur qui embauche un étranger sans contrat de travail, a renchéri, le lendemain, le porte-parole de la garde nationale tunisienne, Houssem Jebali, à la télévision. Le 16 février, plusieurs associations tunisiennes de défense des droits humains étaient montées au créneau pour dénoncer l’interpellation, en une seule semaine, de 300 migrants. Dix jours plus tard, la garde nationale a annoncé l’arrestation de 151 Subsahariens accusés d’avoir « franchi illégalement la frontière tuniso-algérienne ». Près d’une cinquantaine de ces étrangers, parmi lesquels figurent des Congolais en majorité, sont aujourd’hui détenus à El Ouardia, un centre de détention administrative de Tunis dont le manque de statut juridique clair dans la loi tunisienne a souvent fait polémique. Parmi les prisonniers, certains sont des étudiants inscrits dans des universités. Kaïs Saïed avait pourtant assuré, dans un nouveau discours, jeudi, que les migrants en situation régulière n’étaient pas concernés par les mesures sécuritaires. Une garantie qui avait été aussi donnée aux associations estudiantines par le ministère de l’enseignement supérieur. (...)De nombreuses agressions à caractère raciste ont été également signalées. (...) Les autorités tunisiennes, elles, nient tout caractère raciste dans le discours du président ou les mesures prises par le gouvernement. « C’est vraiment un mauvais procès d’interprétation fallacieuse des propos des hautes autorités tunisiennes à ce sujet. Cela fait quelques jours que cela s’est produit, et il faut maintenant garder la tête froide, il faut apaiser, et les messages d’apaisement ont déjà été transmis par les canaux officiels et autres », a déclaré lundi, à l’AFP, le ministre des affaires étrangères, Nabil Ammar. Selon des chiffres officiels cités par le FTDES, la Tunisie compte plus de 21 000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, la plupart en situation irrégulière. « Pour les migrants qui sont légaux, il n’y a aucun problème. Au contraire, nous en voulons plus, a affirmé le ministre. Et les migrants illégaux sont appelés à retourner chez eux, mais dans le respect de leurs droits et de leur dignité. »

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