Nucléaire : à quoi doit servir le projet de loi examiné à l’Assemblée nationale ?
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La Boule de Chinon, premier réacteur français. Il a fonctionné de 1963 à 1973 avant de devenir le musée de l’atome. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)
L’Assemblée nationale s’empare lundi après-midi du projet de loi d’accélération du nucléaire, dont l’examen est corsé par la polémique sur une réforme de la sûreté nucléaire, souhaitée par le gouvernement.
Article rédigé par
William de Lesseux - franceinfo
Radio France
Publié le 13/03/2023 09:51
Temps de lecture : 2 min.
Relancer le nucléaire français et construire six nouveaux réacteurs d’ici 2035, c’est la volonté du gouvernement dont le projet de loi sur l’accélération du nucléaire doit être examiné à partir de 16 heures lundi 13 mars à l’Assemblée nationale en première lecture. Il a déjà été adopté au Sénat.
Les députés ont quatre jours pour étudier ses 650 amendements. Pour simplifier les procédures, le gouvernement a notamment décidé de réorganiser la sûreté nucléaire, en démantelant l’IRSN, la police scientifique du secteur. Il entend également prolonger le parc existant alors qu’un tiers des réacteurs est déjà à l’arrêt pour des problèmes de corrosion et de fissures et que les incidents se multiplient.
Prolonger la vie d’un parc pourtant vieillissant
Une fissure de plus de deux centimètres de profondeur a été découverte début mars dans une conduite de refroidissement d’urgence à la centrale nucléaire de Penly en Seine Maritime. C’est une double mauvaise surprise pour EDF. Les experts ne s’attendaient pas à trouver ce défaut à cet endroit-là Et la taille de la fissuration a aussi étonné, jusqu’à l’autorité de sûreté nucléaire.
La découverte arrive au mauvais moment pour le gouvernement et les pronucléaires. Dans son projet de loi, l’exécutif veut en effet pouvoir prolonger la durée de vie des centrales au-delà de 60 ans, contre 40 ans maximum actuellement. Au risque de voir les fissures, les défauts, les incidents se multiplier, avertit Yves Marignac chef du pôle d’expertise nucléaire à l’institut Négawatt. « Prolonger la durée de vie du parc et s’engager en fait dans une trajectoire électrique qui mise sur la nécessité de disposer des réacteurs existants pendant longtemps, c’est s’exposer au risque que ce type de phénomène se répète, s’amplifie et à des arbitrages de plus en plus compliqués, contre la sureté nucléaire et la sécurité électrique », souligne-t-il. D’autant plus que cette fissure a eu été constatée sur une installation d’une des centrales française les plus récentes.
Accélérer les démarches en démantelant l’IRSN
La production est placée sous un contrôle très étroit. Dans le cas de l’incident à Penly, EDF va devoir contrôler les soudures similaires sur d’autres centrales à la demande de l’autorité de sûreté. Ces mécanismes de sécurité permettent donc d’éviter le pire, rassure François-Marie Bréon, chercheur au laboratoire des sciences du Climat et de l’Environnement. « À la conception, on a prévu énormément de type d’incidents et d’accidents et il y a un contrôle extrêmement rigoureux qui est fait, d’une part par l’exploitant EDF, et aussi par une autorité de contrôle indépendante qui a le pouvoir d’arrêter les réacteurs si elle estime que les mesures de sûreté nécessaires en sont pas prises. Les fissures ont été détectées donc ça montre bien que les contrôles sont faits et assez rigoureux ».
Selon les syndicats de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire l’IRSN et de l’Autorité de sûreté nucléaire l’ASN, la fusion des deux entités, prévue par le projet de loi, fait peser des risques sur la sécurité des installations à long terme. L’intersyndicale de l’Institut organise une nouvelle journée de grève lundi.