La France sous tension, la majorité dans la tourmente
Le ministre de l’intérieur, qui redoute une « zadisation » du pays, a demandé aux préfets de se montrer fermes, tandis que le gouvernement, fragilisé, devra affronter deux motions de censure.
Le Figaro, 18 Mars 2023, par François-xavier Bourmaud @fxbourmaud
En fait, les vraies poubelles qui débordent sont celles de la macronie qui a donc plein de merdes législatives à passer dans sa broyeuse à démocratie : « Présentée comme un texte équilibré entre les exigences sécuritaires de la droite et les revendications humanistes de la gauche, la loi immigration risque de se heurter à un Hémicycle aux positions figées. » Tu la vois, la seule gueule du pays de ces rêves, là ?
« en évoquant les sujets de la santé, du bien-être au travail, du grand âge ou de l’environnement. »
Les gus veulent vraiment nous faire avaler (ou se faire croire) qu’en fait, on est en train de casser la hotte du Père Noël et qu’il y avait plein de réformes choupinous qu’il nous gardait comme surprise et qu’il ne va pas pouvoir faire à cause des vilains Zaddistes ?
🤬
Et les gus qui se victimisent en accusant les gens de gauche de saccager les institutions et qui comptent sur le pourrissement pour reprendre l’équarrissage de plus belle !
👩🌾
RETOUR À LA CASE DÉPART. Maintenant qu’Élisabeth Borne a brandi l’article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, c’est désormais à un vote sur une motion de censure que se préparent les députés. Le Rassemblement national de Marine Le Pen a déposé une mais c’est surtout celle du groupe des députés indépendants Liot qui retient l’attention d’Emmanuel Macron. Présentée par Charles de Courson comme « transpartisane », cette motion vise à rassembler tous les opposants à la réforme au sein de l’hémicycle, du RN à LFI en passant surtout par la quinzaine de députés LR qui pourraient, en la votant, faire chuter le gouvernement. Autour d’Emmanuel Macron, on a refait les comptes. « Il n’y a pas lieu d’être inquiet, assure l’un de ses proches, persuadé que les frondeurs des Républicains ne prendront pas le risque d’une dissolution. Pradié et compagnie devraient se souvenir qu’aucun frondeur de l’ère Hollande n’a survécu. Ils se croient très forts, ils verront bien… » L’hypothèse est dans toutes les têtes. Emmanuel Macron l’a de nouveau évoquée mercredi soir lors d’une réunion à l’Élysée avec Élisabeth Borne. Comme pour rappeler la mise en garde qu’il avait déjà formulée à l’automne devant ses troupes lors d’une réunion préparatoire à la réforme des retraites : « Si une motion de censure est votée, je dissous dans la seconde ». « On ne peut pas faire comme s’il n’avait pas posé les règles dès le départ », signale-t-on dans son entourage.
Victime expiatoire
La main sur le bouton, le chef de l’état espère ne pas avoir à en arriver là. Autour de lui, on se prépare déjà pour les jours, semaines et mois qui suivront le rejet espéré de la motion de censure. Avec une victime expiatoire toute désignée : la loi immigration que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, doit commencer à défendre fin mars au Sénat et en juin à l’assemblée nationale. « Il faut mettre la pédale douce et ne surtout pas essayer de reprendre de la vitesse. Il y a une forme de convalescence politique et sociale à observer », plaide un visiteur influent du président. Avec de l’écho au sein de l’exécutif. « Je ne vois pas comment on enclenche le processus législatif sur la loi immigration », s’inquiète ainsi un ministre proche du président. Présentée comme un texte équilibré entre les exigences sécuritaires de la droite et les revendications humanistes de la gauche, la loi immigration risque de se heurter à un Hémicycle aux positions figées.
Derrière le report de l’examen ce texte, c’est une remise a plat complète de l’agenda de l’exécutif qui se profile. « Il faut que tout ce qui fait consensus puisse avancer », résume-t-on dans l’entourage du chef de l’état en évoquant les sujets de la santé, du bien-être au travail, du grand âge ou de l’environnement. « Il faut repartir à zéro sur le calendrier des textes, sur leur contenu, abonde un poids lourd de la majorité. Ce texte était le plus important du quinquennat, il y aura un avant et un après. Il va y avoir une réflexion en ce sens au bureau exécutif de Renaissance qui se tiendra au Modem mardi avec François Bayrou, Stéphane Séjourné et Édouard Philippe. Ensuite, il faudra voir avec qui et comment on gouverne. » Et avec quel profil à Matignon.
Fragilisée par l’utilisation du 49.3, Élisabeth Borne se retrouve désormais contestée. « Il faudra sûrement une initiative avant l’été », plaide un ministre de poids, à l’unisson de beaucoup de membres de la majorité et du gouvernement. Sans surprise donc, la liste de ses successeurs potentiels à Matignon s’est allongée d’un coup en l’espace d’une journée. Aux côtés des habituels Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et François Bayrou, d’autres noms font leur apparition. Une revenante d’abord avec Catherine Vautrin, pressentie après la réélection d’Emmanuel Macron mais écartée au profit d’Élisabeth Borne après les pressions de l’aile gauche de la macronie. Un nouveau visage aussi, avec l’actuel ministre de la Défense Sébastien Lecornu. Un retour également avec l’ancien premier ministre Jean Castex. Des hypothèses plus baroques enfin avec l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, qui tente actuellement de réanimer la social-démocratie, et la patronne de la BCE Christine Lagarde, dont le nom finit toujours par revenir à un moment ou à un autre dès lors qu’il s’agit de Matignon, toujours sans suite.
« Il faut laisser tout cela retomber »
À l’Élysée, l’heure n’est toutefois pas à l’initiative politique immédiate. « Il faut laisser tout cela retomber », balaie-t-on dans l’entourage du président. Ramener l’ordre dans la rue d’abord, empêcher la radicalisation de la contestation surtout, reprendre langue avec les organisations syndicales enfin. Et attendre aussi de voir ce qu’il advient des Républicains désormais « splittés en deux comme le PS », observe un visiteur du président. « Comment vont-ils se positionner après cet accident majeur pour eux ? D’ailleurs, y a-t-il toujours un parti ? Un groupe ? Est-ce qu’ils sont prêts à être constructifs ? », s’interroge un fidèle de la première heure. Et puis il y a La France insoumise de Jean-luc Mélenchon et le climat délétère qu’elle entretient depuis le début du second quinquennat. « Ils ont pour projet politique de détruire les institutions et ne s’en cachent pas. À chaque occasion, ils tentent de les instrumentaliser ou de les ridiculiser comme récemment avec la commission mixte paritaire qui serait devenue, selon eux, le dernier repaire des ennemis de la démocratie », s’agace un proche du chef de l’état. Ce dernier connaît bien cette stratégie de la conflictualisation à outrance théorisée par Jean-luc Mélenchon. Lors du quinquennat, c’est finalement Marine Le Pen qui en avait profité.