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Craignosse, les turlutosses !

  • La France forme l’armée de l’air ukrainienne sur des Mirage
    (Le Figaro)

    Depuis le début de la guerre, la France a souvent été critiquée par ses alliés européens pour l’ambiguïté de sa politique russe. Elle a pourtant été plusieurs fois à l’avant-garde de l’aide militaire à l’#Ukraine, en lui fournissant d’abord des canons Caesar, puis des blindés AMX. Ces derniers avaient ouvert la voie à la livraison de chars lourds occidentaux, notamment les fameux Leopard de conception allemande, très nombreux dans les parcs des armées européennes.

    Elle l’est encore aujourd’hui en formant des pilotes ukrainiens aux avions de combat #Mirage 2000 conçus par #Dassault Aviation. Depuis plus d’un mois et demi, une trentaine d’entre eux reçoit un apprentissage accéléré sur les chasseurs bombardiers français sur les bases aériennes de Mont-de-Marsan et de Nancy. La décision a été prise avant la visite de Volodymyr Zelensky à Paris, le 8 février dernier. La France rejoint ainsi les États-Unis, qui fournissent eux aussi un apprentissage aux pilotes ukrainiens sur des #F-16. Et le Royaume-Uni, qui a annoncé début février son intention de franchir également cette nouvelle étape de la guerre.

    Mais alors que la Maison-Blanche a réaffirmé la semaine dernière qu’une éventuelle livraison d’avions de chasse n’était toujours pas « sur la table », Paris pourrait, en temps voulu, livrer une dizaine d’appareils à Kiev. « Je n’exclus absolument rien », a affirmé Emmanuel Macron, le 23 février, même s’il estime qu’il faut privilégier la livraison des matériels « les plus utiles » et « les plus rapides ». Sur le sujet, Paris n’a pas de tabou. « La France veut se garder toutes latitudes. Si un jour la décision politique est prise, il faudra que les pilotes soient formés », confie une source proche du dossier. Pour les Ukrainiens, qui ont perdu une soixantaine d’avions depuis le début de la guerre, une telle initiative de la France serait d’autant plus intéressante que de nombreux pays, notamment en Asie, sont équipés de Mirage.

    Comme la France avait « amorcé la pompe des chars occidentaux », selon les mots d’un responsable, en décidant d’envoyer des blindés légers AMX à l’Ukraine en janvier, la Pologne et la Slovaquie ont ouvert la voie aux avions en décidant, la semaine dernière, de livrer des bombardiers #MiG à l’armée ukrainienne. De fabrication soviétique, les 4 appareils promis par la Pologne et les 17 que la Slovaquie s’est engagée à transférer sont immédiatement opérationnels. En soi, ni la livraison des chasseurs soviétiques MiG ni celle des avions de combat français, si la décision politique était prise, n’entraîneraient de tournant stratégique en Ukraine. Pour des actions en profondeur, les tirs d’artillerie sont plus efficaces. Les Mirage 2000, qui ne sont plus produits en France et manquent de munitions, ne permettront pas aux Ukrainiens d’« effectuer des vols d’endurance », selon un spécialiste. Quant aux MiG d’Europe orientale, ils ne sont pas en nombre suffisant « pour permettre aux Ukrainiens de contre-attaquer ». Mais ils peuvent aider à éviter ce qui, pour une source proche du dossier, serait « le scénario du pire » : un enfoncement de la poche de Bakhmout, qui permettrait aux forces russes et aux miliciens de Wagner de se « répandre » plus avant sur le territoire ukrainien. Ils peuvent, surtout, aider le pays à se défendre et à effectuer des frappes précises. Mais jusqu’à quand ?

    Car, après les annonces spectaculaires du début de l’année, le rythme des livraisons d’armes s’est ralenti. Les chars Leopard arrivent plus lentement que prévu, mais aussi en nombre plus réduit. Les Pays-Bas et le Danemark se sont rétractés. L’Allemagne n’a pas vaincu toutes ses résistances. Or les chasseurs bombardiers ont besoin d’être accompagnés de tanks sur le terrain. Et la frontière à sécuriser est longue : 900 kilomètres. Après un an de guerre, le transfert d’armes occidentales s’essouffle en raison du manque de stocks, après plusieurs décennies de coupes sombres dans les budgets de la Défense. N’ayant pas senti souffler les vents de la guerre, les Européens, persuadés que les dividendes de la paix dureraient toujours et sûrs d’avoir, depuis la Seconde Guerre mondiale, chassé pour toujours le mal absolu du continent, n’ont pas anticipé le bouleversement stratégique que constitue l’invasion russe. « La France fait le maximum de ce qu’elle peut faire. Mais l’industrie de défense n’a plus l’habitude de produire aussi vite. Or le vrai sujet aujourd’hui, c’est l’endurance », explique un haut responsable français.

    Lentement mais sûrement, les Occidentaux se préparent donc à faire franchir un nouveau pas, aérien cette fois, à leur engagement auprès de Kiev. Les dirigeants ukrainiens réclament des avions de chasse aux Occidentaux depuis de longs mois. « Donnez-nous des ailes pour défendre notre liberté », ont-ils plaidé à Bruxelles devant leurs alliés européens. Craignant la réaction de Moscou, mais aussi désormais celle de la Chine, qui aurait menacé d’armer la Russie en réponse, les dirigeants occidentaux ont été jusque-là réticents. Mais, comme avec les chars, ces réticences s’amenuisent avec le temps. Même les Pays-Bas réfléchissent à livrer des F-16 à l’Ukraine. Alors que les fronts menacent de se calcifier dans l’est du pays, les Occidentaux tentent d’offrir à l’Ukraine « un environnement sécurisé ». En attendant la contre-offensive de printemps ?