• Darmanin dans le « JDD » : le ministre n’a plus de limites

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/020423/darmanin-dans-le-jdd-le-ministre-n-plus-de-limites
    Jade Lindgaard - 2 avril 2023 à 16h35

    « Terrorisme intellectuel de l’extrême gauche », création d’une « cellule anti-ZAD », « manipulations de l’information », pulsion obsessionnelle contre « la violence, les casseurs et l’ultragauche » : dans une nouvelle interview accordée dimanche à l’hebdomadaire, le ministre de l’intérieur continue de tenir des propos agressifs contre toutes celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

    Après avoir annoncé la dissolution des Soulèvements de la Terre, le mouvement organisateur du rassemblement de Sainte-Soline, il ajoute vouloir également interdire le groupe spécialisé en conseil et accompagnement antirépression Defco [Défense Collective abrégé en DC en langage non policier].

    Fin de l’article :

    La véhémence du ministre de l’intérieur, son réductionnisme, sa vision binaire opposant « extrême gauche » et République ; gauche et ordre ; agitation et démocratie sont caractéristiques des discours d’extrême droite. Avant qu’il l’utilise, l’expression « terrorisme intellectuel » avait été popularisée par plusieurs autres figures politiques, dont Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy ou encore Éric Zemmour. En 2020, déjà, le même s’était illustré en recyclant le terme « ensauvagement », une autre formule chère à l’extrême droite.

    Et en même temps, comment prendre complètement au sérieux un exécutif qui se commet dans des mises en scène ridicules ? Alors qu’il refuse de se livrer à l’exercice de la conférence de presse, on découvrait mercredi Emmanuel Macron, dans le magazine pour enfants Pif Gadget . Et vendredi, Le Parisien révélait que Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’économie solidaire, ferait prochainement la une du magazine érotique Playboy . À venir peut-être pour la semaine prochaine l’entretien exclusif du ministère de l’intérieur à Playmobil Magazine .

    • Réponse des Soulèvements de la Terre à Darmanin :

      https://mobile.twitter.com/lessoulevements/status/1642531999377158145

      Nous ne savons pas jusqu’où ira ce gouvernement pour espérer sauver sa peau en mutilant sa population et en mentant toujours plus dans les médias.

      Mais, nous réaffirmons qu’il est grand temps que @GDarmanin
      démissionne et que ce gouvernement se dissolve.

      –—

      Pendant des années, il a fallu alerter. Aujourd’hui, il faut agir par les vingt coprésidents de l’Association pour la défense des terres
      https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/tribune-avec-les-soulevements-de-la-terre-nous-continueron

      –—

      Nous sommes les Soulèvements de la Terre Tribune signable par qui veut (déjà plus de 60 000 signataires) https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/nous-sommes-les-soulevements-de-la-terre

      Nous nous soulevons, chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte. Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour rendre caduque cette tentative d’étouffement. Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre.

    • Gérald Darmanin, un ministre aux ambitions sans bornes portrait par Ivanne Trippenbach et Antoine Albertini
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/04/03/gerald-darmanin-un-ministre-aux-ambitions-sans-bornes_6168071_823448.html

      Publié lundi 5 avril 2023 à 13h00, modifié à 05h43

      Temps de Lecture 17 min.

      https://justpaste.it/4gy35

      Près de trois ans après sa nomination à Beauvau, le ministre de l’intérieur a fait de son poste un marchepied pour la suite de sa carrière.

    • Réponse de DC :
      DISSOLUTION DU « MOUVEMENT DEFCO » : COMMUNIQUÉ DE LA DÉFENSE COLLECTIVE SUITE AUX ANNONCES DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
      https://defensecollective.noblogs.org/post/2023/04/04/communique-de-la-defense-collective

      La Défense Collective étant un espace large, s’organisant sur le modèle d’assemblées publiques hebdomadaires, il nous tarde de voir quel « groupuscule » le Ministre de l’Intérieur va constituer artificiellement dans le but de le dissoudre. Il nous apparaît clair qu’une telle procédure n’a pas pour but de viser la Défense Collective en tant que groupe, mais bien en tant que pratique. Car ce n’est pas une idéologie mais bien nos pratiques de défense face à la répression qui nous réunissent au sein de la DC. La question se pose donc : quelles conséquences sur nos pratiques pourrait avoir une procédure de dissolution ? Le pouvoir compte-il inculper pour « reconstitution de ligue dissoute » tout rennais ou rennaise qui déciderait de ne pas se défendre seul au tribunal ? de ne pas se défendre seul dans la rue ? de proposer des formations juridiques en assemblées de lutte ?

      –—

      Présentation de la Défense Collective par elle même :
      https://seenthis.net/messages/997520
      PDF : https://defensecollective.noblogs.org/files/2017/04/DC-en-mouvement_bro.pdf

    • Réponse de Philippe Descola :
      https://seenthis.net/messages/997638

      Non, on ne peut pas dissoudre des idées. C’est une profonde lame de fond qui touche notre société. S’y opposer est un combat d’arrière-garde. Il est illusoire de croire que l’on peut stopper un mouvement comme Les Soulèvements de la Terre. Il est trop diffus, trop collectif, trop multiple et insaisissable. Il relie autour de lui des associations, des naturalistes, des syndicats.

      Permettez-moi même un parallèle. C’est comme en 1789, au moment de la révolution française. On ne pouvait pas dissoudre le Tiers État. C’était un mouvement de protestation trop vaste qui gagnait les villes et les campagnes et qui répondait à une situation intolérable. Aujourd’hui, il se joue quelque chose d’aussi profond, des milliers de personnes bifurquent et désertent. C’est faire beaucoup d’honneur à des intellectuels que leur imputer la responsabilité de ces mouvements, qui naissent de la lucidité de milliers de personnes ouvrant les yeux sur le monde qui les entoure

      .

    • Au Parlement, Gérald Darmanin tient sa ligne dure sur le maintien de l’ordre (Camille Polloni, 5 avril 2023 à 20h03)

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050423/au-parlement-gerald-darmanin-tient-sa-ligne-dure-sur-le-maintien-de-l-ordr

      Loin d’être mis en difficulté sur les violences policières lors des manifestations de Sainte-Soline ou contre la réforme des retraites, le ministre de l’intérieur a pilonné ses adversaires : « l’ultragauche », le Conseil constitutionnel et la Ligue des droits de l’homme.

      Selon Gérald Darmanin, citant les informations des services de renseignement, « l’ultragauche souhaite infiltrer le mouvement social et en prendre la direction ». Peut-être même qu’elle l’a déjà « pris en otage ». Comme l’a souligné le sénateur socialiste Hussein Bourgi, Gérald Darmanin a « répété au moins 40 fois le mot “ultragauche” » dans sa présentation, au point que la députée socialiste Cécile Untermaier s’est enquise de son éventuelle participation à un « concours ».

      Communiqué LDH
      https://www.ldh-france.org/retour-sur-les-propos-de-gerald-darmanin-au-sujet-de-la-ldh-audition-a-l

      Ce que souligne la mauvaise foi du ministre, c’est sa détermination à piétiner le droit international protégeant le statut d’observateur et, avec lui, la liberté d’expression.

      Les observatrices et observateurs sont déjà inquiétés sur le terrain, car les errements qu’ils dénoncent et rendent visibles constituent un contre-pouvoir citoyen. Quel est le but recherché aujourd’hui par le ministre, sinon d’empêcher de documenter l’action des forces de l’ordre ?

      Interview de Henri Leclerc, avocat pénaliste et ancien président de la Ligue des droits de l’Homme (1995-2000)
      https://seenthis.net/messages/998136

      Mais un ministre de l’Intérieur qui s’interroge sur le maintien des subventions de la Ligue des Droits de l’Homme, c’est une dérive ?
      Ce qu’il faut savoir, c’est le poids politique de cette déclaration. Est-ce un engagement de l’Etat ? Ou un dérapage de plus de Gérald Darmanin ? Il n’en demeure pas moins embêtant qu’il reste ministre de l’Intérieur dans ces conditions. J’y vois surtout le résultat d’un homme englouti par ses excès et ses mensonges.

    • La France insoumise et « l’ultragauche » : Gérald Darmanin déraille
      Interview de la sociologue Isabelle Sommier par Mathieu Dejean, 5 avril 2023.
      https://www.mediapart.fr/journal/politique/050423/la-france-insoumise-et-l-ultragauche-gerald-darmanin-deraille

      La droite faisait-elle déjà [dans les années 1970] ce raccourci pour discréditer la gauche parlementaire, en l’accusant d’être le faux nez de ces organisations ?

      C’est un classique, mais je nuancerais. Aujourd’hui, Gérald Darmanin vise LFI car c’est la première force de gauche d’opposition, la plus bruyante et la plus remuante. C’est donc une opération pour accentuer les difficultés internes à la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), et les oppositions qui se sont fait jour lors du peu de débats parlementaires sur la réforme des retraites à l’Assemblée. C’est tout simplement une opération pour contribuer à faire exploser la Nupes.

      [...]

      Pourtant, c’est l’ultragauche que Darmanin cible publiquement. La menace d’ultradroite est-elle négligée ?

      Darmanin a en effet l’ultragauche dans le viseur. Avec les Soulèvements de la Terre, c’est la troisième procédure de dissolution. Celle contre Nantes révoltée, en janvier 2022, a été retoquée par le Conseil d’État. De même, en mai 2022, le Conseil d’État a suspendu la dissolution du Groupe antifasciste Lyon et environs (Gale).

      Cependant, le RT et la DGSI ne mettent pas l’ultragauche et l’ultradroite sur le même plan. Ils sont plutôt conscients que l’ultradroite est plus menaçante. On a eu autour de dix démantèlements de structures qui voulaient passer à l’action à l’ultradroite. Mais du point de vue public, en effet, Darmanin agite plus volontiers la menace de l’ultragauche, sans doute du fait que l’extrême droite représente désormais 25 % du corps électoral.

    • On ne dissout pas la volonté de défendre le vivant et la justice sociale Tribune unitaire (signée par plein d’assos)

      Publié le 4 avril 2023

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040423/ne-dissout-pas-la-volonte-de-defendre-le-vivant-et-la-justice-social

      Les cibles récentes de dissolutions administratives, décidées par le ministère de l’Intérieur et validées d’un décret du Président de la République, ont été aussi nombreuses récemment que l’usage du 49-3. Leurs cibles tendent à s’étendre à l’ensemble du spectre politique, à commencer par les associations de défense des droits des personnes musulmanes et de lutte contre les discriminations, celles qui s’opposent à l’extrême droite, celles de solidarité internationale avec les peuples opprimés et désormais les associations et mouvements écologistes. Ces dissolutions ont été rendues plus simples et plus expéditives depuis la loi confortant le respect des principes de la République, dite « loi séparatisme ».

      Cette loi promulguée en août 2021, sous un prétexte sécuritaire et « anti-terroriste », est en réalité une loi gravement attentatoire aux libertés associatives dans leur ensemble. Ces libertés sont celles d’expression, de manifestation, de réunion et d’opinion sans lesquelles la liberté d’association, pilier républicain depuis 1901, serait une coquille vide.

      Tous les prétextes sont bons pour retirer leurs moyens d’agir aux associations

      La « loi séparatisme » a aussi mis en place le Contrat d’engagement républicain qui permet aujourd’hui de menacer, autant que de sanctionner réellement, des associations qui organisent des actions de désobéissance civile ou participent à des manifestations. Ce contrat cible également les associations qui ont le tort d’inclure trop de personnes issues des minorités comme récemment l’association Femmes sans frontières, basée à Creil. Ses conséquences que nous observons sont la perte de financement ou d’agrément pour agir en justice, la censure et l’ostracisation, le refus d’accès aux équipements publics comme par exemple des salles de réunion…

      Désormais tous les prétextes sont bons pour retirer leurs moyens d’agir aux associations qui s’opposent aux orientations gouvernementales, tant à l’échelle nationale que locale. Les collectivités qui ne partagent pas ces orientations répressives sont aussi la cible de préfet·es empressé·es d’obéir à un État de plus en plus centralisé et autoritaire.