• Compte rendu d’une exposition qui évoque la contribution majeure de l’Afrique équatoriale française à la France libre. A compléter par ce qui a été vu en cours.

    L’aventure des « clochards épiques » | lhistoire.fr
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    ❝L’aventure des « clochards épiques »
    Mercredi 5 avril 2023

    Parti avec une poignée de volontaires, Leclerc joua un rôle majeur dans la Résistance en ralliant les colonies africaines à la France libre.

    C’est Malraux qui donna le surnom de « clochards épiques » aux soldats français immédiatement ralliés à de Gaulle et qui réussirent à faire des colonies françaises en Afrique l’indispensable base arrière de la Résistance. Dépendant des Britanniques pour leur ravitaillement comme pour leur armement, ils furent les héros d’une aventure rarement montrée à hauteur d’homme. L’exposition très concrète proposée par le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean-Moulin a pris le parti de raconter leur histoire en partant de leur quotidien. Dès l’entrée, une grande carte définit le cadre géographique, du Nigeria britannique où Leclerc atterrit en août 1940 au Cameroun, premier territoire gagné à la Résistance, au Tchad, jusqu’aux oasis de Libye occupées par les Italiens et à la Tunisie, face à l’Afrikakorps de Rommel.

    Les rapports entre Alliés sont évoqués à travers des documents, la carte d’identité du capitaine Philippe de Hauteclocque délivrée le 20 juillet 1940 par le Foreign Office où figure son nom de guerre, Leclerc ; une lettre manuscrite de Miles Clifford, en poste au Nigeria, finissant par « Si vous avez besoin de moi, sonnez 24 et demandez » – et de fait il apporte une aide décisive à Leclerc pour prendre Douala en août. Une autre de Bourdillon, le gouverneur britannique du Nigeria, le remerciant « d’avoir ranimé notre foi dans l’esprit de la France ». Ces témoignages illustrent la coopération sur le terrain, parfois à toute petite échelle : lorsque Leclerc part au soir du 26 août avec Boislambert pour Douala, ils disposent en tout et pour tout d’une vingtaine d’hommes, trois pirogues et dix-sept pistolets prêtés par les Anglais… Et pourtant, dès le 28, le Cameroun se rallie à la France libre. De nombreuses photos restituent le contexte, l’omniprésence du sable (qui enraie les fusils mitrailleurs), de la chaleur (qui oblige à emporter des réserves d’eau). Une fiche détaille les vivres que pourront emporter les troupes, un peu plus d’un kilo par jour dont presque la moitié constituée de « pain de guerre » ainsi que « 0,005 kg » de thé – et du tafia, alcool de mélasse. On croise de grandes figures militaires, dont Jean Colonna d’Ornano, méhariste tué à Mourzouk le 11 janvier 1941, premier « Français libre » mort au combat.

    Parmi les objets insolites, un couteau de commando, une mitrailleuse, une broche en forme de croix de Lorraine, un pot de crème à raser, des boîtes d’allumettes de sûreté fabriquées en Inde illustrées de tigres et de singes. Ou le drapeau qui flotta sur la cathédrale de Strasbourg à la Libération : à côté du bleu délavé et du blanc, la portion rouge claque : elle avait été prise à un drapeau nazi. Pendant toute la durée de la guerre, en effet, « la flèche de votre cathédrale [était] demeurée notre obsession » confia alors Leclerc aux Strasbourgeois.

    Le rôle des troupes coloniales ou des autres Alliés (néo-zélandais par exemple) n’est pas oublié. Leclerc s’est ainsi appuyé sur Ralph Bagnold, un « maître saharien » spécialiste de la navigation dans le désert, à l’origine du LRDG, Long Range Desert Group, formation motorisée de légende qui menait des raids loin derrière les lignes italiennes. L’aviation aussi a été sollicitée avec des actions audacieuses qu’une très récente (depuis octobre 2022) série britannique, Rogue Heroes, a mises en valeur.

    Par ce souci du concret, l’exposition est particulièrement adaptée à un jeune public, qui appréciera aussi sans nul doute le wargaming proposé le 16 avril pour rejouer le raid de Mourzouk ou la légendaire bataille de Koufra.

    Huguette Meunier

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