À Douarnenez, un livre choc sur les galères de logement et le poids du tourisme - Douarnenez - Le Télégramme
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En septembre 2022, 500 personnes avaient manifesté à Douarnenez pour témoigner des difficultés à se loger.
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Créé en 2018, le collectif Droit à la ville Douarnenez vient de publier « Habiter une ville touristique - une vue sur mer pour les précaires ». Un livre engagé et instructif, qui apporte un éclairage à la fois historique et actuel sur les problèmes de logement connus localement.
C’est le fruit de nombreux mois de recherches documentaires, de collaboration avec des universitaires et de collecte de témoignages auprès des habitants de Douarnenez. Le vendredi 7 avril, le collectif Droit à la ville Douarnenez a sorti un livre intitulé « Habiter une ville touristique - une vue sur mer pour les précaires ». « Cet objet un peu hybride », selon les termes de Guillaume, membre du collectif, ressemble tout à la fois à une enquête journalistique, une étude sociologique et un essai politique sur la question du logement et la part prépondérante du tourisme dans l’économie locale. « Le collectif est né en 2018, au moment de la vente de l’Abri du marin. À cette époque, nous étions plusieurs à considérer que le discours sur la ville changeait, que l’on cherchait de plus en plus à y attirer les investisseurs et les touristes et que cela générait de plus en plus de problèmes de logement. Nous avons voulu étayer et dépasser ce ressenti », retrace Guillaume.
« Pas de neutralité universitaire »
Lui et le collectif assument les partis pris affichés au fil des 250 pages de l’ouvrage : « On ne se cache pas derrière une neutralité universitaire ». Ainsi, pas question de faire preuve de mansuétude à l’égard des propriétaires de résidences secondaires, y compris quand ces derniers sont originaires d’ici. « L’attachement de certains résidents secondaires au territoire est complexe, ce sont des habitants de la ville mais leur mode d’habiter produit des villes tristes, façonnées pour leurs besoins vacanciers. Au fond, la chose est simple : il n’y a aucune justification recevable au fait de posséder deux logements pour soi quand d’autres n’arrivent pas à se loger », soutient le membre de Droit à la ville Douarnenez.
« Les appartements deviennent des outils de production »
Dans le collimateur du collectif aussi, l’augmentation du nombre de locations saisonnières meublées et la plateforme Airbnb, « qui transforme les appartements en outil de production et est devenue l’affaire de multipropriétaires », dixit Guillaume. Il l’admet, la perception du collectif à l’égard du tourisme a néanmoins changé au fil des recherches. « Nous nous sommes aperçus que le tourisme existe depuis longtemps ici, et nos recherches nous ont amenés à le considérer différemment. Nous essayons de trouver dans ce livre un mode de tourisme qui nous paraisse acceptable. Nous ne sommes pas de ceux qui disent "Parisiens rentre chez toi" », assure Guillaume. « On veut aussi déconstruire cette idée selon laquelle l’authenticité consiste à passer sa nuit dans un appartement sur le Rosmeur ».
« Quel est le projet ? »
Plus qu’un manifeste, ce livre, espère le collectif, doit désormais devenir un objet d’échanges. Il souhaite aussi voir les élus, accusés « de ne se préoccuper du logement que lorsqu’il s’agit d’intervenir en soutien des entreprises locales et loger les travailleurs saisonniers », s’emparer du sujet et dire clairement quelle cité ils veulent construire. « Jocelyne Poitevin veut 15 000 habitants d’ici la fin du mandat. Et pourquoi pas 16, 17 000 ? Ces chiffres ne nous disent pas quel est le projet, qui on souhaite accueillir », considère le bénévole de Droit à la Ville Douarnenez. Collectif qui imagine, en conclusion de l’ouvrage, sa ville « désirable ». Vision résumée par Guillaume : « Accueillante, hospitalière, où l’on peut s’installer et rester. Et où la vue mer est possible pour tous ».
Pratique
« Habiter une ville touristique - une vue sur mer pour les précaires », publié aux éditions du Commun. Prix : 16 €. Droit à la Ville Douarnenez présentera l’ouvrage les mardis 18 et 25 avril, à 19 h 30, à la Librairie L’Angle rouge, et le samedi 22 avril, à 10 h, à la Maison de presse.