Dialogue entre les architectes Paul Chemetov et Marc Mimram : « Les bâtiments actuels sont des m² au lieu d’être des m³ de sens » – Libération
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Quel est le projet qui favorise le mieux la transversalité, le passage de témoin, d’une époque à une autre, c’est ça la question. Il faudrait trouver un terme équivalent à celui de « malbouffe ». Le « mal foutu », le « malbâti » ? Construire, ce n’est pas seulement empiler des m² ! Or nous vivons dans un temps où les collectivités transfèrent leurs droits aux entreprises. Le reproche que l’on peut faire aux bâtiments actuels, c’est que ce sont des m² au lieu d’être des m³ de sens. Construire, ce n’est pas seulement un métier, c’est beaucoup plus que ça, c’est une vie, un penchant, une addiction. On est dans un monde où la question de la marge financière l’emporte sur la question de l’usage, du sens. Je comprends dans ces conditions pourquoi les jeunes gens se réfugient dans le petit. Ils veulent garder la maîtrise plutôt que d’être mangés tout crus.
L’ennui, c’est qu’il faut vivre pour avoir vécu. On ne peut pas être méprisant avec ces jeunes gens car nous l’avons été, jeunes. Mais nous avons été portés par les Trente Glorieuses, par cette marée qui a urbanisé la France, bien et mal, et même les miettes qu’on nous a laissées suffisaient pour s’accomplir. Prouvé disait : l’architecture, c’est ce qui permet des jours meilleurs. Est-ce toujours vrai aujourd’hui