• La police et la gendarmerie confrontées à des départs massifs
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/20/la-police-et-la-gendarmerie-confrontees-a-des-departs-massifs_6170372_3224.h

    D’abord, parce que cette nécessité d’augmenter en urgence les effectifs pèse sur le « coût du sac à dos », c’est-à-dire les dépenses en équipement des nouvelles recrues, de l’ordre de 4 144 euros dans la police et de 2 328 euros dans la gendarmerie. Ensuite, parce qu’elle contribue à accentuer la pression sur la capacité d’accueil des écoles. Avec 8 500 recrutements prévus d’ici à 2027, note la Cour des comptes, « le Beauvau de la sécurité puis la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur ont fixé des objectifs très ambitieux », une annonce qui « apparaît peu réaliste au regard de l’état de quasi-saturation de l’appareil de formation ».

    Or, pour fournir de nouveaux effectifs et tenir l’engagement politique d’un « recrutement massif de policiers et de gendarmes » rappelé dans le rapport annexé de la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, les pouvoirs publics n’ont d’autre choix que celui de « dégrader la qualité des recrutements ». En attestent la hausse considérable du taux d’admission au concours de gardien de la paix, passé de 2 % en 2014 à 18 % en 2020, et qui atteint 20 % chez les sous-officiers de gendarmerie.

    L’analyse de la Cour des comptes pointe aussi les limites de la généreuse politique d’incitation indemnitaire et indiciaire menée par les gouvernements qui se succèdent depuis 2016 : « Plus de 730 millions d’euros ont été engagés au titre de ces mesures sous l’effet de la signature de précédents protocoles et, de 2023 à 2027, 1,5 milliard d’euros sont prévus », détaille la Cour, en notant que la hausse de rémunération salariale dont ont bénéficié les forces de l’ordre « est l’une des plus fortes et rapides de la sphère de l’Etat ». Davantage que ces libéralités, la Cour invite le ministère de l’intérieur à promouvoir une « politique globale différente (…), insistant notamment sur l’amélioration des conditions de travail des personnels et sur la gestion dynamique des ressources humaines ».

    #police

    • Ce mouvement de fond, déjà record en 2021 et qui s’est amplifié en 2022, s’explique moins par les départs à la retraite, d’un niveau relativement étale, que par « la concurrence avec les polices municipales, qui attirent de plus en plus de policiers et gendarmes » grâce à de meilleures conditions de travail et de rémunération, la hausse des démissions des élèves en cours de formation et une augmentation des détachements dans d’autres administrations – de 50 % dans la police par exemple.

      Les polices municipales remplacent de plus en plus la police nationale, dans leurs missions, ce qui s’apparente à une forme de privatisation des services de polices ; nous sommes déjà entrés dans l’ère des milices territoriales où chaque collectivité met en place une version de la « sécurité publique », selon sa propre conception. C’est une politique délibérée de l’État depuis longtemps.

      Ces polices municipales sont de plus en plus armées, à l’instar de la nationale. L’armement des PM ou non est un choix de la municipalité. De plus le salaire des agents de la territoriale est négociable, ce qui n’est pas possible dans la fonction publique d’État. Les policiers municipaux imposent leurs conditions. Le profil des recrues de la PM et leur niveau de formation est encore pire que dans la PN : anciens militaires, agent de gardiennage... des abrutis complets. Il arrive assez souvent que certains soient révoqués pour des coups tordus (port d’arme de service en dehors de leurs heures de travail lors d’opération de commandos, par exemple).

      Enfin, la mise en place opérationnelle de l’infrastructure de la vidéosurveillance dépend des collectivités (avec le financement à 50% de l’État). C’est géré au quotidien par les services de « tranquillité publique » des communes (CAD : policiers municipaux et ASVP). En plus de la surveillance de la population (interfaçable demain avec la reconnaissance faciale) et de l’argument clientéliste électoral, c’est un excellent outil de verbalisation des véhicules. Il s’agit d’une source de rentrée financière non négligeable pour les collectivités. Pour assurer la continuité, le relai sur le système de surveillance vidéo est passé en nuit à la PN.

    • La frustration de la CRS 8, équipée de matériel défectueux, souffrant de carences dans le recrutement et de missions à contre-emploi
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/22/materiel-defectueux-carences-dans-le-recrutement-et-missions-a-contre-emploi

      Deux rapports confidentiels mettent l’accent sur des dysfonctionnements récurrents au sein de cette unité, présentée comme le fer de lance du maintien de l’ordre.
      (...) Six mois après sa création, le chef de l’unité déplorait déjà une mobilisation « sur des non-événements », source de « lassitude et de démotivation », et comptabilisait, sur les 78 sorties enregistrées, neuf seulement en adéquation avec les missions théoriquement dévolues à la CRS 8, dont six pour la région parisienne.
      (...) Pour compenser une disponibilité « totale, “H24” et sept jours sur sept » quand elle est en mission, la CRS 8 est soumise à un cycle de travail sur mesure : huit jours de service pour six jours de repos. Et si elle s’entraîne quotidiennement à Bièvres (Essonne), elle regagne tous les soirs son cantonnement administratif de Vélizy-Villacoublay, dans le département voisin des Yvelines. Comme l’a révélé Le Canard enchaîné, franchir cette frontière administrative d’un coup de volant, en neuf minutes, permet à ses agents de percevoir chaque jour les 41 euros d’indemnité de déplacement propre aux CRS.
      https://justpaste.it/887vr

    • « Les polices municipales glissent vers un modèle plus interventionniste, une inflexion sécuritaire marquée »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/11/04/les-polices-municipales-glissent-vers-un-modele-plus-interventionniste-une-i

      La sociologue Virginie Malochet explique, dans un entretien au « Monde », pourquoi les polices municipales sont de plus en plus sollicitées, et de plus en plus armées.
      https://justpaste.it/9wnam