• Une décision sans précédent en #Tunisie : le #Tribunal_administratif suspend la détention de 22 migrants détenus arbitrairement au #centre_d’accueil_et_d’orientation #El_Ouardia

    Une décision sans précédent en Tunisie : le Tribunal administratif suspend la détention de 22 migrants détenus arbitrairement au centre d’accueil et d’orientation El Ouardia

    Tunis, le 16 juillet 2020 – Saisi le 5 juin dernier de 22 requêtes en référé et en annulation concernant des migrants détenus arbitrairement au centre d’accueil et d’orientation El Ouardia, le tribunal administratif vient de rendre des décisions sans précédent. Il a en effet ordonné la suspension de leur détention au motif que leur privation de liberté est contraire au droit tunisien, mais aussi aux engagements internationaux de la Tunisie, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention contre la torture.

    Rappelant le principe fondamental de #légalité qui doit encadrer toute #restriction_de_liberté, le tribunal a notamment estimé que la #privation_de_liberté des 22 migrants ne respectait pas les conditions essentielles que sont l’existence d’une base légale et l’intervention d’une autorité juridictionnelle. Le tribunal a ainsi apporté une première réponse positive aux nombreux arguments soulevés par les avocats des détenus pour demander l’annulation immédiate du placement en détention de leurs clients. En vertu de ces décisions rendues en référé, les 22 migrants doivent être immédiatement libérés en attendant que le tribunal administratif statue sur les recours en annulation des mesures de détention.

    En vertu de ces décisions, le Ministère de l’Intérieur, responsable du centre de Ouardia, doit agir immédiatement afin de libérer les 22 migrants en attendant que le tribunal administratif statue sur les recours en annulation des mesures de détention. Une procédure qui pourrait durer des années et qui sera l’occasion pour le tribunal d’examiner en détails tous les arguments soulevés par les avocats des requérants.

    Dans leurs requêtes, les avocats avaient notamment dénoncé le fait que les migrants étaient détenus en dehors de toute procédure légale et de tout #contrôle_juridictionnel, sans accès à un avocat, sans notification écrite du fondement de leur placement en détention dans un centre qui n’est d’ailleurs même pas officiellement enregistré comme un lieu privatif de liberté. Autant de motifs qui concourent à qualifier ces détentions d’#arbitraires, en violation flagrante du droit international des droits de l’homme et de la Constitution tunisienne.

    Afin d’éviter que ces violations graves puissent encore être perpétrées, les autorités tunisiennes, et en particulier le Ministère de l’Intérieur, doivent clarifier le statut juridique du centre d’El Ouardia pour qu’il ne soit ne soit plus utilisé en tant que lieu de privation de liberté.

    https://ftdes.net/une-decision-sans-precedent-en-tunisie-le-tribunal-administratif-suspend-la-d

    #migrations #réfugiés #détention #rétention_administrative #justice #suspension #droits_humains

    ping @_kg_

  • La #France acte la #restitution définitive d’objets d’art au #Sénégal et au #Bénin

    Le projet de loi dérogera exceptionnellement au principe d’inaliénabilité pour un sabre et 26 objets culturels pillés lors du sac du palais royal d’Abomey en 1892.

    Le Monde avec AFP Publié hier à 10h30, mis à jour hier à 10h45

    Temps de Lecture 2 min.
    A Dakar, le 17 novembre 2019, l’ancien premier ministre français Edouard Philippe remet au président sénégalais, Macky Sall, le sabre dit d’El-Hadj Oumar Tall, pour un prêt de longue durée avant une restitution définitive.

    La France va officialiser la restitution définitive, avec transfert de propriété, d’un sabre historique au Sénégal et, dans les prochains mois, de 26 objets du trésor des rois d’Abomey au Bénin. Le gouvernement a examiné, mercredi 15 juillet, le premier projet de loi permettant le transfert vers leur pays d’origine d’œuvres culturelles prises pendant la colonisation en Afrique. La volonté d’une refondation du partenariat culturel entre la France et le continent avait été affirmée par le président Emmanuel Macron dans son discours de Ouagadougou, le 28 novembre 2017.
    Lire aussi Au Sénégal, une visite d’Edouard Philippe sous le signe des armes

    Cette restitution définitive « correspond à un engagement très fort pris par le président de la République pour que la jeunesse africaine ait la possibilité d’accéder à son patrimoine, à son histoire, en Afrique », a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l’issue du conseil des ministres. Elle est « l’un des enjeux essentiels pour une relation d’amitié nouvelle entre la France et l’Afrique ».

    Pour cela, le projet de loi autorise, « par une dérogation limitée au principe essentiel d’inaliénabilité applicable aux collections publiques françaises », le transfert au Bénin de la propriété de 26 objets pillés lors du sac du palais des rois d’Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892. Ces totems et spectres, actuellement conservés au Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris, seront exposés dans un lieu public au Bénin.
    Lire aussi « La première œuvre qui est “restituée” à l’Afrique est un objet européen »

    Au Sénégal, la France restitue formellement un sabre que l’ex-premier ministre français Edouard Philippe avait symboliquement remis en novembre 2019 au président Macky Sall à Dakar.

    Cette arme est historiquement significative puisqu’elle a appartenu à l’entourage d’El-Hadj Oumar Tall, un chef de guerre et érudit musulman qui a conquis au XIXe siècle un immense territoire à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali, et a lutté contre l’armée coloniale française. « Dans les deux cas, le projet de loi prévoit un délai maximal d’une année pour la remise, par les autorités françaises, de ces œuvres », précise le gouvernement, qui n’a pas indiqué si de nouvelles œuvres allaient être restituées à d’autres pays, tels que la Côte d’Ivoire ou Madagascar.
    Recherches sur l’origine des œuvres

    Emmanuel Macron avait annoncé ces décisions fin 2018 sur la base d’un rapport des universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l’Université de Saint-Louis au Sénégal, qui ont recensé 90 000 œuvres africaines dans des musées français.

    Les deux spécialistes y avaient posé les jalons d’une restitution à l’Afrique subsaharienne d’œuvres d’art transférées durant la colonisation, recensant des dizaines de milliers d’artefacts, dont beaucoup ont été pillés.
    Trois statues issues du pillage en 1892 du palais des rois d’Abomey par les troupes coloniales et conservés au Musée du quai Branly, à Paris.

    Mais leurs travaux ont été contestés par d’autres spécialistes et des musées comme le Quai Branly, qui dispose de la plus importante collection d’arts premiers. Leurs détracteurs se sont inquiétés d’une politisation du débat et de l’argument selon lequel toutes les œuvres en dépôt chez eux depuis la colonisation ont été malhonnêtement acquises ou pillées, et doivent être rendues. Ils avancent aussi l’argument de l’inaliénabilité des collections françaises, privilégiant la « circulation » des œuvres entre la France et l’Afrique, plutôt que des restitutions définitives avec transfert de propriété, sauf quand, comme c’est le cas pour les statues du palais royal d’Abomey, le pillage par des soldats français à la fin du XIXe siècle a été flagrant.
    Lire aussi Les dessous du retour manqué de la « couronne » de la reine Ranavalona III à Madagascar

    L’origine de certaines œuvres est inconnue, d’autres ont été achetées ou encore collectées lors de missions ethnologiques et religieuses dans des conditions sujettes à caution en raison des rapports de domination qui régissaient les relations coloniales. Pour en finir avec les incertitudes, les auteurs du rapport plaident pour donner des moyens à la recherche afin de lever le doute sur l’origine de ces œuvres quand c’est possible.

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/07/16/la-france-acte-la-restitution-definitive-d-objets-d-art-au-senegal-et-au-ben

    • Antirassistischer Denkmalsturm - Auch der Philosoph Immanuel Kant steht zur Debatte

      https://www.deutschlandfunkkultur.de/media/thumbs/6/6e8b1662f626df0ddba57ab8d648ae90v2_max_635x357_b3535db83dc50e2

      Nach den Antirassismus-Protesten weltweit hofft der Historiker Michael Zeuske auf einen kulturellen Wandel. Auch in Deutschland müsse über historische Persönlichkeiten wie den Philosophen Immanuel Kant neu diskutiert werden.

      Auch an diesem Wochenende wird europaweit gegen Polizeigewalt und Rassismus demonstriert. „Black Lives Matter“, heißt es in London, Paris und Berlin. In der englischen Stadt Bristol wurde vor einigen Tagen die Statue des Sklavenhändlers Edward Colston vom Sockel gerissen und symbolisch ins Hafenbecken geworfen. Von dort legten die meisten Sklavenschiffe ab.

      #audio #radio

      https://www.deutschlandfunkkultur.de/antirassistischer-denkmalsturm-auch-der-philosoph-immanuel.101

    • Denkmalsturz-Debatte: Kant und die Stammtischwahrheiten

      Was Immanuel Kant an Gedanken über den Begriff der Rasse publiziert hat, wurde schon zu seinen Lebzeiten nicht immer mit Ehrfurcht behandelt oder auch nur ernst genommen. Johann Daniel Metzger, ein Universitätskollege Kants, der in Königsberg Anatomie lehrte, veröffentlichte 1786 einen Aufsatz „Ueber die sogenannten Menschenracen“, in dem er sich mit Kants Abhandlungen „Von den verschiedenen Racen der Menschen“ von 1777 und „Bestimmung des Begrifs einer Menschenrace“ von 1785 auseinandersetzte. Zu Kants Vorschlag, vier „Keime“ anzunehmen, die vier durch Hautfarben unterschiedene Rassen erzeugen und für die Unveränderlichkeit dieses vererbten Merkmals sorgen, nahm Metzger Stellung, indem er zunächst einen anderen Autor anführte, Johann Gottfried Herder. Was Herder darlege, dass „die Abartungen der Menschengattungen“ durch den Einfluss von Ort und Zeit entstünden, „klimatisch und genetisch“, das sage uns „die genaue Beobachtung der Natur“. Solche Bestätigung durch die Naturbeobachtung war nach Metzger für Kants Lehrstück von den Hautfarben nicht zu haben. „Von den viererley Keimen eines einzelnen Menschenstammes schweigt sie hingegen gänzlich, und ich hätte beynahe Lust über diese weissen, schwarzen, rothen und gelben Keime ein wenig zu lachen, wenn die schuldige Hochachtung für den Herrn Prof. es mir nicht untersagte.“

      Wie viel Stoff zum Lachen das von Kant zusammengetragene Wissen über die vermeintlich augenfälligen Unterschiede zwischen den sehr weit von einander entfernt lebenden Völkergruppen der Menschheit bietet, erkannte vor vier Jahrzehnten der Schriftsteller Eckhard Henscheid, als ihm die 1802 gedruckte Ausgabe von Kants Vorlesungen über „Physische Geographie“ in die Hände fiel. Er veranstaltete eine separate Neuausgabe des Kapitels über die Afrikaner, ergänzt um eine eigene Fortschreibung der kantischen Ethnographie, die unter Überschriften wie „Physiologie und Körperbau" oder „Geschlechtsbarkeit und Pflöckeln" den Untersuchungsgegenstand in absurdem Nominalismus entgrenzte und beispielsweise auch den Mainzer Karnevalssänger Ernst Neger als Spezimen heranzog. Das Ganze wurde ein mehrfach auch als Taschenbuch nachgedrucktes Büchlein, auf dessen Titelblatt Henscheid nach dem Brauch der Naturwissenschaft als Ko-Autor Kants in Erscheinung trat: Immanuel Kant / Eckhard Henscheid, Der Neger (Negerl).

      Es ist keine Spekulation, wenn man behauptet, dass dieses Buch unter diesem Titel (ohne den es witzlos würde) heute nicht wieder aufgelegt werden könnte. Selbst seine Behandlung in einem Universitätsseminar der Germanistik wäre unmöglich, und zwar schon deshalb, weil die Studenten sich typischerweise die Forderung afrodeutscher Bürgerrechtsaktivisten zueigen gemacht haben, dass kein Weißer das N-Wort in den Mund nehmen dürfe – noch nicht einmal zitierend.
      Studenten und andere Minderheiten

      Der Rezensent des Norddeutschen Rundfunks stellte 1982 fest, dass Henscheid die meisten der von Kant wieder abgedruckten Sätze auch selbst hätte fabrizieren können. „Die Neger werden weiß geboren, außer ihren Zeugungsgliedern und einem Ringe um den Nabel, die schwarz sind. Von diesen Theilen aus ziehet sich die Schwärze im ersten Monate um den ganzen Körper.“ Der NDR-Kritiker charakterisierte diese Aussagen als „Stammtischwahrheiten“; das heißt als Pseudo-Wissen, in dem Gerüchte, Phantasien und ein winziger Extrakt von Angelesenem unentwirrbar vermengt sind. Was fand Henscheid an diesem Wust anachronistischer Ist-Aussagen interessant für ein Lesepublikum der nicht mehr ganz jungen Bundesrepublik?

      Im NDR gab es eine Antwort. „Worauf er mit seinen Sentenzen hinauswill, zeigt folgende Wortkombination: ,Neger sind die Frauen unserer Zeit. Wo man hinschaut, Unterdrückung. Neger sind die Juden unserer Zeit. Also praktisch Studenten. Und andere Minderheiten.“ Mit „dieser verdrehten Logik“, so der Rezensent, entlarvte Henscheid die „Sprachhülsen“ einer politischen Rhetorik, in der die Erfahrung der Unterdrückung zur kleinen Münze geworden war, weil von der universellen Umtauschbarkeit auch Nichtbetroffene profitierten. Wenn der Kritiker weiter referiert, dass Henscheid „mit der ,Black is Beautiful‘-Mentalität und deren verharmlosender Anpassungstendenz“ aufräumen wolle, klingt das heute anstößig, bis man erkennt, dass man Henscheid auch als Pionier der Kritik an der kulturellen Aneignung würdigen kann. Henscheids „Aufruf an alle deutschen Neger" richtete sich gegen die Dummheit eines kulturbürgerlichen Milieus, dem bei allem ideologiekritischen Eifer nie in den Sinn kommt, dass auch die eigenen aufgeklärten Parolen für Außenstehende nachgeäfft und deshalb lächerlich klingen könnten. „Angesichts der bescheuerten Popper und Punker, angesichts des elendiglichen Lehrerüberangebots: Macht den Deutschen Beine. Inklusive Jimmy Hartwig!" (Jimmy Hartwig ist ein Fußballer, der 1982 für den HSV spielte.)

      Heute lassen sich die Deutschen wenigstens in den Kulturredaktionen des öffentlich-rechtlichen Rundfunks von einer revolutionären Stimmung Beine machen, die auf den Sturz der Denkmäler von Sklavenhändlern, Reichsgründern und anderen des Rassismus verdächtigten Personen drängt. Im Deutschlandfunk Kultur sagte Michael Zeuske, ein Historiker der Sklaverei, der an der Universität Bonn forscht, wenn man die Denkmäler von Rassisten stürzen wolle, müsse man „beispielsweise“ an Kant „rangehen“, der „in seinen anthropologischen Schriften den europäischen Rassismus mit begründet“ habe. Ein solches Urteil kann sich scheinbar auf die zeitgenössische Rezeption dieser Schriften stützen.
      Die Grenzen der Satire

      Für Metzger bewiesen sie „die Unkenntniß des Herrn Prof. in der Physiologie“; Kant zeige, dass er „in dieser Wissenschaft ganz Fremdling“ sei. Damit scheint ein Merkmal des volkstümlichen Rassismusbegriffs erfüllt: die Unwissenschaftlichkeit einer Einteilung der Menschheit entlang erblicher Eigenschaften. Kant hatte diese Eignung des Ererbten für stabile Distinktionen auf eine einzige Eigenschaft, die Hautfarbe, beschränkt und damit auch eigene frühere Positionen korrigiert, aber genau in diesem Punkt widersprach ihm Metzger: „Der Mohr aus Senegambien wird zwar in Frankreich Mohr bleiben, weil ihm das Clima sein unauslöschliches Siegel aufgedrückt hat. Er wird auch seine Rechte auf seine Nachkommenschaft noch behaupten, weil Generationen dazu gehören, wenn Menschen aus einem Clima einem andern anarten sollen -; allmählich aber wird die Umänderung doch geschehen. Seine Ururenkel werden die mächtige Hand des Clima und einer veränderten Lebensart unfehlbar an sich erfahren.“

      Der Mohr auf französischem Boden wird demnach ungefähr in der vierten Generation zum Weißen werden und so vor Augen führen, dass „kein einziges Merkmal einer Menschenvarietät unvertilgbar erblich“ ist. Bei Kant steht das Gegenteil. Einen entsprechenden Satz übernahm Henscheid: „Die Europäer, die in dem heißen Erdgürtel wohnen, werden nach vielen Generationen nicht Neger, sondern behalten ihre europäische Gestalt und Farbe.“ Dieser in der NDR-Rezension zitierte Satz wirkt auf uns wie eine Stammtischweisheit in dem Sinne, dass er mit dem Pathos der Umständlichkeit etwas Selbstverständliches ausspricht; zum Stammtisch gehört neben dem weit Hergeholten und dem böse Erfundenen auch das allzu Naheliegende. Der Disput mit Metzger zeigt, dass diese Aussage des physischen Geographen Kant in seiner Zeit aber keineswegs selbstverständlich war.

      Wir erkennen hier, wo Henscheids Verfahren der satirischen Evidenz durch Zitatmontage an seine Grenzen stößt. Die gesammelten Aussagesätze Kants über Körper- und Lebensform der Afrikaner waren nicht allesamt von vornherein so bizarr, wie sie im Rückblick scheinen mögen. Man kann sie nur verstehen, wenn man sie als Beiträge zu einer wissenschaftlichen Diskussion nimmt, in der auch Kants disziplinär zuständigerer Kollege Metzger nicht in allen Punkten die moderne Forschungsentwicklung vorwegnahm. Die wichtigste, nämlich stark einschränkende Bedingung dieser Diskussion war, dass ihr Material aus zweiter Hand stammte.
      Konsistenz hat ihren Preis

      Forscher, die Theorien über den Zusammenhang klimatischer und genetischer Faktoren bei der Ausdifferenzierung der Menschheit aufstellten, waren auf Berichte von Reisenden angewiesen. Der Philosoph Oliver Eberl aus Hannover hat 2019 in einem Aufsatz in der Zeitschrift „Kantian Review“ die These aufgestellt, dass Kant im Zuge seiner Beschäftigung mit den außereuropäischen Völkern das Belegmaterial vom Typus des Souvenirs wegen Unzuverlässigkeit am Ende systematisch ausgeschieden habe. In dieser Sicht entspräche der Ablehnung von Sklaverei und Kolonialherrschaft, die Kant in seinen späten moralphilosophischen Schriften begründete, eine skeptische Selbstbeschränkung bei der Einschätzung der Möglichkeiten einer empirischen Völkerkunde.

      In der „Welt“ hat Norbert Bolz den neuen Streit um Kant auf die aphoristische Formel gebracht, das Zur-Debatte-Stellen ersetze das Studieren. Das kann nur schreiben, wer selbst nicht liest. Bolz führt die Zeitungsleser in die Irre, indem er ihnen den Stand der Kant-Forschung verschweigt. Über die Frage, wie sich Kants empirische Untersuchungen über die Menschen mit seiner ethischen Theorie für den Menschen begrifflich verbinden lassen, wird dort seit Jahren gestritten, mit Gründen und Gegengründen, wie sie Kant, Herder und Metzger im Streit über die „Race“ austauschten.

      Pauline Kleingeld von der Universität Groningen hat Begriffe für die Alternative gefunden, vor die sich viele ihrer Kollegen gestellt sehen: Soll man Kant als inkonsistenten Gleichheitsdenker ansehen oder als konsistenten Ungleichheitsdenker? Kleingeld beschreibt mit diesen verschränkten Formulierungen ein schulmäßiges Dilemma: Die Herstellung von Konsistenz, also Widerspruchsfreiheit, die Ziel des philosophischen Denkens und auch der sogenannten Rekonstruktion der Gedanken verstorbener Philosophen ist, scheint bei Kant nur um den Preis einer politisch unwillkommenen Bestimmung des Gehalts seiner Philosophie erreichbar.
      Die Einheit der Menschheit

      Der aus Jamaika gebürtige Philosoph Charles Mills, der an der City University of New York lehrt, zahlt diesen Preis. Er will sexistische und rassistische Implikationen des Kategorischen Imperativs explizit machen: Mit dem Menschen, an den sich der Befehl zur Selbstgesetzgebung richtet, meine Kant tatsächlich nur den weißen Mann, daher sei es kein Widerspruch, wenn Kant Afrikanern und Frauen die Fähigkeit zur Regelung der eigenen Angelegenheiten abspreche. Für die Personen, die keine Menschen im Sinne des ethischen Schemas sein sollen, hat Mills einen polemischen Namen. „Kants Untermenschen“. Mills hält einen „schwarzen radikalen Kantianismus“ gleichwohl und erst recht für möglich: Das politische Pendant zu seiner Analyse der stillschweigenden Voraussetzungen von Kants Idee der Menschheit ist die Kritik des liberalen Ideals der Farbenblindheit.

      Kleingeld hat Kant in einem einflussreichen Aufsatz „second thoughts“ zum Thema der Rasse bescheinigt: Sie möchte die Inkonsistenz durch den Nachweis eines Prozesses der Revision wenigstens vermindern. Allerdings wendet sie sich eine rettende Hermeneutik, die gegenläufig zu Mills einen konsequenten Egalitarismus für die wahre Implikation von Kants Lebenswerk hält. Eine gendergerechte Reformulierung von Kants Lehrsätzen lehnt sie ab, solange die Lehren des historischen Kant gemeint sind: Es sei irreführend, für Kants Subjekt das Pronomen „sie“ oder auch „sie oder er“ einzusetzen.

      Der Berliner Philosoph Stefan Gosepath hat im Deutschlandfunk Kultur die Frage nach „gedanklicher Schuld“ Kants gestellt, ohne zu erklären, welche Erkenntnisabsicht Kant mit seinen Überlegungen über eine Rangordnung der Menschenrassen überhaupt verfolgt haben könnte. Diesen Kontext stellt Eberl bereit: Kant fand den Diskussionsstand einer Wissenschaft vom Menschen vor, die den Menschen als Naturwesen betrachten und mit naturwissenschaftlichen Methoden erforschen wollte. Damit wurden Menschen zu Objekten von Klassifikationen.

      Der Begriff der „Race“ war ein in dieser Fachdiskussion erörtertes Einteilungsschema unter anderen, und eine Pointe seiner Bestimmung durch Kant lag darin, dass er die Einheit der Menschheit intakt ließ. Andere Diskutanten wie der Weltreisende Georg Forster schlugen nämlich vor, verschiedene Menschenarten anzunehmen. Mit der Geduld des wahren Philosophen hat Daniel-Pascal Zorn in einer Reihe von Diskussionsfäden bei Twitter auseinandergelegt, mit was für einer Art von Denken man es hier zu tun hat: einer Wissenschaft, die Hypothesen bildet, das heißt Behauptungen unter dem Vorbehalt der Falsifikation. Als „Debattenbeiträge“ schließen Kants Texte auch Paraphrasen sowie Antithesen ein, deren Form von den zurückgewiesenen Thesen mitbestimmt wird. Zorns wichtigster methodischer Hinweis: Sachaussagen diesen Stils darf man nicht vorschnell mit dem Ausdruck persönlicher Überzeugungen identifizieren. Eine präzise Bestimmung dessen, was zwischen den Diskutanten strittig war, kann dann auch die ethische Dimension der Kontroverse an den Tag bringen. Zwischen Forster und Kant ging es laut Zorn um „Gleichberechtigung im biologischen Unterschied versus Beschreibung von Unterschieden bei Anerkennung des Gleichen im Verschiedenen“.

      Kants philosophischer Ruhm bedeute nicht, „dass er nicht auch bestimmte moralische Fehler auch in seinem Werk begangen hat“, sagte Stefan Gosepath im Radio. Aber wann ist ein Argument, selbst wenn es verworfen wird, als moralischer Fehler zu bewerten? Die „Vertreter der Aufklärung“ seien „nicht unschuldig“, sagte Gosepath weiter. Nur woran?

      Gosepath zitierte einen der bekanntesten Aussprüche Kants, der seine Bekanntheit dem englischen Philosophiehistoriker und Essayisten Isaiah Berlin verdankt: „Wir Menschen sind, wie Kant dann selber sagt, aus einem krummen Holz geschnitzt.“ Solche Sentimentalität gibt das Bemühen um Konsistenz preis. Kants Lehre und Publikationstätigkeit auf dem Feld der naturkundlich informierten Anthropologie, die ihn immerhin jahrzehntelang beschäftigte, erscheint dann als menschliche Schwäche, die irgendwie entschuldigt werden muss. Die Hochachtung, die man einem Wissenschaftler schuldig ist, gebietet aber nur eines: ihn zu lesen und jedes Urteil über die Lektüre mit einem Grund zu versehen.

      https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/denkmalsturz-debatte-rassismusvorwuerfe-gegen-immanuel-kant-16821689.html?GEPC=

    • Wurzeln des Rassismus: Was Kant zu wissen meinte

      War Immanuel Kant ein Rassist? Statue vor der Universität in Kaliningrad Bild: Picture-Alliance

      Der berühmte Philosoph hat sich übel über Rassen geäußert, Schüler trugen seine kruden Theorien weiter. Was sagt das über ihn, seine Zeit und sein Gesamtwerk?

      Wann immer in Deutschland über Rassismus diskutiert wird, kommt die Rede über kurz oder lang auch auf Immanuel Kant, den großen Philosophen aus Königsberg. Auch der sei Rassist gewesen, heißt es dann. Er habe in unfassbarer Weise über Rassen – bei ihm: Race – schwadroniert. Der Bonner Historiker Michael Zeuske, ein Spezialist für die Geschichte der Sklaverei, nannte den Philosophen im Deutschlandfunk jetzt einen Mitbegründer des europäischen Rassismus. Auch Kant müsse man „in den Blick nehmen“, wenn man es ernst meine „mit der Aufklärung von Rassismus und dem Stürzen von Denkmälern“.

      Frank Pergande

      Politischer Korrespondent der Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung in Berlin.

      F.A.Z.

      Kritik an Kant gab es schon früher. Derzeit aber ist sie Teil einer weltweiten Bewegung, die sich nach dem Fall des Schwarzen George Floyd, der in Minneapolis von Polizisten getötet wurde, zuerst in den Vereinigten Staaten bildete. Der Protest richtete sich gegen die Polizei, wuchs dann aber weit darüber hinaus. Seine Wucht hat dazu geführt, dass inzwischen viele Zeugnisse der Sklavenhalter- und Kolonialgeschichte Amerikas abgerissen wurden. Einige Statuen früherer Südstaatengenerale sind weg, ebenso solche für einfache Soldaten. In Richmond im Bundesstaat Virginia stürzten Demonstranten auch ein Standbild des Amerika-Entdeckers Christoph Kolumbus.

      https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/wurzeln-des-rassismus-was-der-philosoph-kant-zu-wissen-meinte-16824066.html

    • Kants Rassismus: Ein Kind seiner Zeit

      Kant war ein Rassist. Aber was folgt aus dem Befund, dass der Kritiker der Vorurteile seinen Universalismus nicht zu Ende dachte – und was nicht? Ein Gastbeitrag.

      In einer Zeit, in der Denkmäler von Rassisten und Sklavenhändlern gestürzt werden, wird nun auch diskutiert, ob der Philosoph Immanuel Kant (1724 bis 1804) vom Sockel gestoßen werden müsse, denn er sei, so der Bonner Historiker Michael Zeuske, durch seine Theorie der Menschenrassen ein Vorreiter des Rassismus und Kolonialismus in Deutschland gewesen. Patrick Bahners hat in diesem Feuilleton am 19. Juni zu Recht darauf hingewiesen, dass dieser Vorwurf insofern unbegründet ist, als Kant seine Theorie der Menschenrassen als einen Beitrag zu einer laufenden wissenschaftlichen Diskussion verstanden hat.

      Tatsächlich habe Kant seine Position mehrfach revidiert und den Begriff der Menschenrasse schließlich aufgegeben. Volker Gerhardt hat in der „Welt“ betont, dass Kant sich äußerte, bevor der Rassismus des neunzehnten und zwanzigsten Jahrhunderts und insbesondere die Rassenideologie der Nationalsozialisten die ganze politische und moralische Problematik des Rassenbegriffs offenkundig gemacht haben. Zudem sei Kant in seinen späten Werken gerade kein Vorreiter, sondern ein vehementer Kritiker des Kolonialismus gewesen.

      https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/wie-man-kants-rassismus-bewerten-muss-16827398.html

    • Kants Rassismus: Die falsche Frage

      Die Frage, ob Immanuel Kant ein Rassist war, ist falsch gestellt. Das entscheidende Problem liegt nicht in Kants rassistischen Einstellungen, sondern in der Frage, inwiefern wir sein philosophisches Werk vor dem Hintergrund der Ausführungen zu „Rasse“ neu verstehen müssen.

      Schließlich hat Kant sich nicht nur nebenbei abwertend über nichtweiße Menschen geäußert. Seine „Bestimmung des Begriffs einer Menschenrace“ (1785) war ihm vielmehr – gerade aus dem Hintergrund seines philosophischen Begriffsrahmens heraus – ein zentrales „wissenschaftliches“ Anliegen. Dies zeigt insbesondere der spätere Text „Über den Gebrauch teleologischer Prinzipien in der Philosophie“ (1788), mit dem er auf Kritik an seiner Theorie der „Rasse“ reagierte.

      https://www.faz.net/aktuell/wissen/kants-begriff-der-rasse-als-philosophische-diskussion-16838954.html

    • Prüfung eines Zitats: Kant war ein Anti-Rassist

      Der freundliche Herr auf dem Podest gehört keiner der Menschenrassen an, über deren Einteilung Kant mit den Wissenschaftlern seiner Zeit stritt. Als Denkmäler des beinahe schon aufrechten Gangs präsentierte Georges-Louis Leclerc de Buffon im vierzehnten Band seiner von Kant ausgewerteten Naturgeschichte auch die Menschenaffen. Bild: Bridgeman Images

      War Kant ein Rassist? Diesem Urteil des Kant-Forschers Marcus Willaschek liegt ein Zitat zugrunde, das gar nicht von Kant stammt. Empirischen Unterschieden zwischen den Menschen sprach der Philosoph jede moralische Bedeutung ab. Ein Gastbeitrag.

      Man muß, so sehr man auch, und zwar mit Recht der Frechheit der Meinungen feind ist, eine Geschichte der Natur wagen, welche eine abgesonderte Wissenschaft ist, die wohl nach und nach von Meinungen zu Einsichten fortrücken könnte.

      Immanuel Kant: „Von den verschiedenen Racen der Menschen“, 1775

      „Die Menschheit ist in ihrer größten Vollkommenheit in der Race der Weißen. Die gelben Indianer haben schon ein geringeres Talent. Die Neger sind weit tiefer, und am tiefsten steht ein Theil der amerikanischen Völkerschaften.“ Diese Sätze sollen hier kurz „das Zitat“ heißen. Sie gehören zur „Physischen Geographie“, die in Band 9 der Akademieausgabe von „Kants Schriften“ enthalten ist. Der Frankfurter Kant-Spezialist Marcus Willaschek hat das Zitat in seinem Artikel „Kant war ein Rassist“ gebraucht, um Kant zu beschuldigen, Rassist gewesen zu sein. An dieser Tatsache würden die von Patrick Bahners in diesem Feuilleton gegebenen Hinweise (Kant habe „seine Theorie der Menschenrassen als einen Beitrag zu einer laufenden wissenschaftlichen Diskussion verstanden“, auch habe er „seine Position mehrfach revidiert“ und „den Begriff der Menschenrasse schließlich aufgegeben“) nichts ändern, jedenfalls dann nicht, wenn man (so Willaschek) unter einem Rassisten jemanden verstehe, der Menschen aufgrund ihrer Hautfarbe und ähnlicher Merkmale pauschal herabsetzt.

      https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/pruefung-eines-zitats-kant-war-ein-anti-rassist-16851951.html

    • Debatte um Immanuel Kant: Kant war sehr wohl ein Rassist

      Michael Wolff nimmt Anstoß an meiner Feststellung, Kant sei Rassist gewesen. Er wendet ein, dass Kants Theorie der Menschenrassen auf die Einheit der menschlichen Gattung hinauslaufe und daher seinem moralischen Universalismus nicht widerspreche. Ganz ähnlich hatte Bernd Dörflinger in einem Brief an die Herausgeber argumentiert. Wolff bezweifelt die Authentizität des Zitats aus Kants „Physischer Geographie“, auf das ich meine Aussage stütze: „Die Menschheit ist in ihrer größten Vollkommenheit in der Race der Weißen. Die gelben Indianer haben schon ein geringeres Talent. Die Neger sind weit tiefer, und am tiefsten steht ein Theil der amerikanischen Völkerschaften.“ Diese Aussage stamme eigentlich von Buffon, den Kant hier nur zitiere. Ob Kant sie sich zu eigen gemacht habe, sei unklar.

      Doch das ist falsch. Zwar ist die Authentizität der „Physischen Geographie“ umstritten (worauf ich hingewiesen hatte), aber dass Kant an dieser Stelle in eigener Stimme spricht, geht unter anderem daraus hervor, dass er sich genauso in Schriften äußert, deren Authentizität unstrittig ist. So heißt es in dem Aufsatz „Über den Gebrauch teleologischer Prinzipien“ von 1788, die „Einwohner Amerikas“ seien „unfähig zu aller Cultur“, weshalb diese „Rasse“ „noch tief unter dem Neger selbst steht, welcher doch die niedrigste unter allen übrigen Stufen einnimmt“. Eine ähnliche Rassenhierarchie hatte Kant 24 Jahre zuvor in „Über das Gefühl des Schönen und Erhabenen“ vertreten. Auch wenn Kant diese Auffassung später aufgegeben haben sollte, wie Pauline Kleingeld argumentiert, ist unstrittig, dass er jahrzehntelang an ihr festhielt.

      https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/warum-kant-sehr-wohl-ein-rassist-gewesen-ist-16860444.html

    • Warum den großen Menschheitsphilosophen die Sklaverei egal war by #Michael_Zeuske

      Michael Zeuske ist Historiker am Center for Dependency and Slavery Studies an der Universität Bonn. Zuletzt veröffentlichte er „Sklaverei. Eine Menschheitsgeschichte. Von der Steinzeit bis heute“, Stuttgart, Reclam, 2018.

      Die Black Lives Matter-Proteste gegen Rassismus, ausgelöst vom Tod des Schwarzen Amerikaners George Floyd durch Polizeigewalt, haben die Debatte über Sklaverei und ihre Folgen angeheizt und verändert.

      Sklaverei war und ist ein globales Phänomen. Ihre Hochzeit in Bezug auf Wirtschaft und Institutionen des Westens hatte sie in der atlantischen Sklaverei 1450-1888 gefunden. In dieser Zeitspanne wurden etwa 11 Millionen Menschen aus verschiedenen Teilen Afrikas verschleppt.

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      Allein im 18. Jahrhundert waren es etwa sechs Millionen Menschen aus Afrika, im 19.Jahrhundert nochmals rund zwei bis drei Millionen.

      Sie wurden durch europäische oder amerikanische Sklavenhändler, Kapitäne und Schiffe in die Karibik, nach Brasilien, in das Spanische Amerika (heute Lateinamerika) und nach Nordamerika transportiert und mit meist hohen Profiten für Sklavenhändler und Kapitäne verkauft.
      Auch Preußen versuchte sich im Sklavenhandel

      Die Erforschung dieses atlantischen Sklavenhandels – so wird er in Afrika genannt - ist nicht ganz einfach. Die beste Darstellung der Schiffe, Sklavenhandelsfahrten und Zahlen von Versklavten findet sich auf www.slavevoyages.org. Die nationalen Hauptprofiteure waren Portugal, Spanien, Großbritannien, Frankreich und die Niederlande, zeitweilig auch Dänemark, Schweden sowie Brandenburg-Preußen.

      Es gab Versuche Preußens, Kolonien in Afrika und in der Karibik zu halten und zwischen ihnen Sklavenhandel zu treiben. Da diese Versuche letztendlich gescheitert sind, herrscht in deutschsprachigen Gebieten heute die Meinung vor, man habe mit Sklaverei und Sklavenhandel nichts zu tun gehabt.
      Groß-Friedrichsburg, der Hauptort der brandenburgischen Kolonie an der Guinea-Küste. Zeichnung, 1688.Foto: akg-images

      Das ist allerdings nicht richtig. Zum einen konnte man schon 1774 informiert sein, in dem Jahr lagen die Werke des Rassisten und Sklavenhalters Edward Long (History of Jamaica in drei Bänden) vor.

      Zweitens gab es im Heiligen Römischen Reich und in den deutschen Staaten, aber auch sonst in Europa, viele Kindersklaven aus Afrika. Aus Gebieten mit muslimischer Bevölkerung gab es viele Kriegsgefangene, die versklavt wurden, insbesondere aus dem Osmanischen Reich.

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      Und nicht zuletzt profitierten vor allem Hafenstädte und Produktionsgebiete von Leinen, bedruckter Baumwolle oder Kleineisenwaren in Europa als eine Art Sklaverei-Peripherie von der atlantischen Sklaverei-Wirtschaft. Dies traf auch auf den Handel mit tropischen Luxuswaren zu – wie Zucker, Kaffee, Baumwolle, Tabak, Zigarren, Tee, Farbstoffen oder Kakao –, die oft von Versklavten hergestellt worden waren.

      Kein deutscher Philosoph des 18. oder 19. Jahrhunderts ist ohne eines dieser von Sklaven hergestellten Luxusgüter, auf Neudeutsch „commodities“, ausgekommen. Und es gab auch Investitionen in Sklavenhandel und Versicherungen von Sklavenschiffen sowie direkte Beteiligungen am Sklavenhandel durch den Kauf von Plantagen. So besaß beispielsweise ein Mitglied der Schweizer Familie Escher eine Kaffeeplantage auf Kuba, zu der auch mehr als 80 Sklaven gehörten.
      Das Thema Sklaverei interessierte viele Universalgelehrte nicht

      Sklaverei wirkte also weit über ihr direktes Einzugsgebiet hinaus – räumlich wie zeitlich. Die Gelehrten der deutschen Gebiete, wie Immanuel Kant in Königsberg und andere in Weimar oder Jena, aber auch Weltreisende wie der Schriftsteller und Naturforscher Georg Forster beschäftigten sich in den Jahren vor der französischen Revolution 1789-1795 und der Sklaven-Revolution von Saint-Domingue/ Haiti (1791-1803) eher selten direkt mit dem Thema Sklaverei oder dem Schicksal Versklavter.

      Vielmehr geschah dies über den Umweg der Beschäftigung mit den sogenannten Entdeckungsreisen, der Genese „des Menschen“ sowie dem Universalismus ihrer jeweiligen Denkansätze und Beobachtungen. Sie benutzten dabei die gleiche Sprache und oft auch ähnliche Worte – zogen aber unterschiedliche Schlüsse.

      Kant, der erste unter den Aufklärungs-Philosophen, entwarf in seinen Schriften zur Anthropologie, aber auch in denen über Ästhetik sowie zur physischen Geographie, eine Systematik der unterschiedlichen Menschen, die auf der Erde zu finden waren. In dieser Systematik werden Menschen aufgrund von Differenzmarkern klar in „Menschenracen“, wie es bei ihm heißt, eingeteilt.
      Kant und die Rassen

      Bei Kant sind es meist vier „Racen“: „…1) die Rasse der Weißen, 2) die Negerrasse, 3) die hunnische (mungalische oder kalmukische) Rasse, 4) die hinduische oder hindistanische Rasse. Zu der erstern, die ihren vornehmsten Sitz in Europa hat, rechne ich noch die Mohren (Mauren von Afrika), die Araber …, den türkisch-tatarischen Völkerstamm, und die Perser, imgleichen alle übrigen Völker von Asien, die nicht durch die übrigen Abteilungen namentlich davon ausgenommen sind... Endlich scheinen die Amerikaner eine noch nicht völlig eingeartete hunnische Rasse zu sein.“

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      Für Kant spielten Klima, Anpassung und physische Geografie, aber auch die Frage, ob die Menschen Staaten oder Imperien gebildet und Kolonien hatten, visuelle Körpermerkmale, geistige Fähigkeiten, Faulheit oder Fleiß sowie Hautfarben eine Rolle. Im Grunde ist das eine frühe, aber sehr systematische Diskriminierung durch Differenzmarker.

      Kant hat den „Racen“-Begriff und die „Racen“-Ordnung im Rahmen seines Gesamtwerkes zwar relativiert: Sie waren für Kant, wie Jürgen Goldstein in seinem Buch über den Schriftsteller und Naturforscher Georg Forster schreibt, „nicht von zentraler Bedeutung“. Vielmehr blieb Kants „universale, auf dem Vermögen der praktischen Vernunft beruhende Moralphilosophie von der Rassendifferenzierung gänzlich unberührt“.
      Kants Schriften zu Rassenunterschieden wurden viel diskutiert

      Ich darf hinzufügen, dass auf Kants Schultern alle stehen, die sich mit Erkenntnissen, Vernunft, Wahrheit, Globalgeschichte und Wissen beschäftigen, auch wenn sie, wie ich, keine Kantianer oder Neo-Kantianer sind. Und Kants Schriften, auch seine kleineren, in denen er Rasse als Konzept begründete, waren damals in der Welt. Die Schriften wurden Grundlage einer intensiven Debatte zwischen Georg Forster und Immanuel Kant.

      Forster war ein mobiler Intellektueller und empirischer Forscher. Im Gegensatz zu Kant, der Philosophie im Lehnstuhl betrieb, hatte Forster die Welt mit eigenen Augen gesehen – unter anderem auf der Weltumseglung mit James Cook 1772-1775. Es war ein sehr heftiger Streit, der oft auf gleichen Worten und Ideen – etwa von der Genese des Menschen beruhte.

      Aber eines war klar, wie Jürgen Goldstein nachwies: „Forsters auf Erfahrung beruhende Anthropologie betont immer wieder und unermüdlich die Einheit der verschiedenen Völker und Menschengruppen, trotz aller Unterschiede und der durchscheinenden Skala von Zivilisationsstufen.“
      Alexander von Humboldt lehnt Hierarchie von Menschenrassen ab

      Alexander von Humboldt, der Freund und Bewunderer Forsters, hat diese Haltung – nach vielen Jahren der Reisen und empirischen Forschungen sowie von Publikationen gegen Sklaverei und Sklavenhandel – in seinem Werk „Kosmos“ auf den Nenner gebracht: „Indem wir die Einheit des Menschengeschlechts behaupten, widerstreben wir auch jeder unerfreulichen Annahme von höheren und niederen Menschenracen“. Humboldt war gegen Rassen – sowohl als Begriff wie auch in der Realität.

      Kant hätte, bevor er sich für die scharfen Differenzmarker entschied, auch auf Latein die Schriften des schwarzen Deutschen Anton Wilhelm Amo lesen können, er hätte den Anatomen und Anthropologen Johann Friedrich Blumenbach zur Kenntnis nehmen können, der sich gegen scharfe Differenzgrenzen und gegen höhere und niedere „Racen“ aussprach.

      Oder er hätte sich mit dem Buch des ehemaligen Sklaven und Abolitionisten Olaudah Euquinao beschäftigen können, das allerdings erst 1789 und auf Englisch erschien (Merkwürdige Lebensgeschichte des Sklaven Olaudah Equiano, von ihm selbst veröffentlicht im Jahre 1789. Insel Verlag, 1990).
      Muss ein Berg nach einem Rassisten benannt bleiben?

      Was die Denkmäler oder besser Denkmale als Orte der Erinnerung und öffentliche Fixpunkte eines herrschenden Geschichtsbildes angeht, so bin ich als Historiker natürlich gegen das gewaltsame Zerstören, Niederreißen oder Beschmieren. Auch historische Texte und ihr Vokabular sowie historische Bilder müssen als Quellen erhalten bleiben.
      Die Statue des Konföderierten-Generals Albert Pike wurde von Demonstranten gestürzt.Foto: dpa

      Ich bin grundsätzlich für eine Debatte, für die Offenlegung des dahinterstehenden Geschichtsbildes, für Gegendenkmäler und natürlich für neue Denkmäler, die ein neues Geschichtsbild repräsentieren. Aber muss ein Berg nach einem Rassisten benannt werden? In der Schweiz bemühen sich Historiker, Intellektuelle und Aktivisten beispielsweise schon lange darum, dass das Agassizhorn, ein 3946 Meter hoher Berg der Berner Alpen umbenannt wird.

      Er trägt den Namen des wohl bedeutendsten „wissenschaftlichen“ Rassisten des 19.Jahrhunderts, der damals modernste Darstellungsmethoden für seine Thesen benutzte, und er soll umbenannt werden in Rentyhorn – nach einem Sklaven aus dem Kongo, den Agassiz fotografieren ließ, um die von ihm behauptete Minderwertigkeit der Schwarzen visuell „zu beweisen“.

      https://www.tagesspiegel.de/politik/die-denker-und-ihr-kaffee-warum-den-grossen-menschheitsphilosophen-die-sklaverei-egal-war/25953892.html

  • #IOM using #Facebook #advertisment to reach potential #return_migrants

    Mail received by a friend with Pakistani citizenship:

    “I am adding a screenshot of advertising on Facebook by German government which suggest me to ’ If I would like to return my home country and don’t know how then I can contact there’ Advertising is in Urdu which means they already know who they are showing this advertisement. This is interesting that they use my personal data and target me as a refugee I guess. [...]
    Screenshot is attached and the link where the advertisement leads is below.”

    https://www.online-antragsmodul.de/OAM/MIRA/Default.aspx

    #Germany #migration #return_migration #explusion #social_media #social_networks #data_privacy

    ping @cdb_77 @rhoumour @deka

  • #Burkina_Faso: Residents’ Accounts Point to Mass #Executions | #Human_Rights_Watch

    Identify Remains of 180 Men Found in #Djibo; Prosecute Those Responsible

    (Bamako) – Common graves containing at least 180 bodies have been found in a northern town in Burkina Faso in recent months, and available evidence suggests government security force involvement in mass extrajudicial executions, Human Rights Watch said today. The government should seek assistance from the United Nations and other partners to conduct proper exhumations, return remains to families, and hold those responsible to account.

    Residents of the town of Djibo who saw the bodies told Human Rights Watch that the dead, all men, had between November 2019 and June 2020 been left in groups of from 3 to 20 along major roadways, under bridges, and in fields and vacant lots. With few exceptions, the bodies were found within a 5-kilometer radius of central Djibo.

    Residents buried most in common burials in March and April, while other remains are still unburied. They said they believed the majority of the victims were ethnic #Fulani or #Peuhl men, identified by their clothing and physical features, and that many were found blindfolded and with bound hands, and had been shot. Several residents said that they knew numerous victims, including relatives.

    "The Burkina Faso authorities need to urgently uncover who turned Djibo into a ’killing field’ said #Corinne_Dufka, Sahel director at Human Rights Watch. “Existing information points toward government security forces, so it’s critical to have impartial investigations, evidence properly gathered, and families informed about what happened to their loved ones.”

    Since November, Human Rights Watch has interviewed 23 people by telephone and in person who described seeing the bodies. Several interviewees provided hand-drawn maps of where they found and buried the dead. All believed that government security forces, who control Djibo, had executed the vast majority of the men. However, none had witnessed the killings and Human Rights Watch could not independently verify those claims. Human Rights Watch is analyzing satellite imagery of the locations of common graves in the vicinity.

    On June 28, Human Rights Watch wrote the Burkinabè government detailing the major findings of the research, and on July 3, the Minister of Defense responded on behalf of the government, committing to investigate the allegations and to ensure the respect of human rights in security operations. He said the killings occurred during an uptick in attacks by armed Islamists and suggested they could have been committed by these groups, using stolen army uniforms and logistics, noting it is at times “difficult for the population to distinguish between armed terrorist groups and the Defense and Security Forces.” The minister also confirmed the government’s approval for the establishment of an office in Ouagadogou by the United Nations High Commissioner for Human Rights.

    Beginning in 2016, armed Islamist groups allied with Al-Qaeda or the Islamic State have attacked security force posts and civilians throughout Burkina Faso, but mostly in the Sahel region bordering Mali and Niger. Human Rights Watch has since 2017 documented the killing of several hundred civilians by armed Islamist groups along with their widespread attacks on schools. Human Rights Watch has also documented the unlawful killing of several hundred men, apparently by government security forces, for their alleged support of these groups, including 31 men found executed after the security forces detained them in Djibo on April 9.

    The 23 people interviewed, including farmers, traders, herders, civil servants, community leaders, and aid workers, believed the security forces had detained the men as suspected members or supporters of Islamist armed groups.

    “So many of the dead were blindfolded, had their hands tied up … and were shot in the head,” said a community leader. “The bodies I saw appeared in the morning … dumped at night on the outskirts of Djibo, a town under the control of the army and in the middle of a curfew imposed and patrolled by the army.”

    Some residents said that they found the bodies after hearing the sound of vehicles passing and bursts of gunfire at night. “We’ve grown accustomed to hearing the sound of shots ringing out at night, and later seeing bodies in the bush or along the road,” an elder from Djibo said.

    “At night, so many times I’d hear the sound of vehicles and then, bam! bam! bam!” said a farmer. “And the next morning we’d see or hear of bodies found in this place or that.”At least 114 men were buried in 14 common graves during a mass burial on March 8 and 9 organized by residents with the approval of the military and local authorities. Local residents also buried 18 men, found around March 18 about a kilometer east of Djibo, in a common grave in early April. The bodies of another approximately 40 men, including 20 allegedly discovered in mid-March south of Djibo and another 18 found in May near the airport, had yet to be buried.

    An ethnic dynamic underscores the violence in Burkina Faso. The Islamist armed groups largely recruit from the nomadic Peuhl or Fulani community, and their attacks have primarily targeted agrarian communities including the Mosssi, Foulse, and Gourmantche. The vast majority of men killed by alleged security forces are Peuhl because of their perceived support of the armed Islamists.

    “Djibo reidents should feel protected by, not terrified of, their own army. The government’s failure to make good on promises of accountability for past allegations of security force abuse, including in Djibo, appears to have emboldened the perpetrators,” Dufka said. “The authorities need to put an end to unlawful killings through credible and independent investigations.”

    Bodies Appear in Djibo

    Residents of Djibo said they first started seeing bodies in the more rural, less inhabited parts of the town in November 2019. “Human remains are strewn all over the outer limits of Djibo town … along sides of road, near a pond, by the Djibo dam, near abandoned houses, under a bridge, and in the bush,” one man said.

    “From November 2019, so many bodies started showing up,” another man said. “Five or six here, 10 or 16 there, along the three highways out of town ... to the north, east, and south.”

    Residents said the vast majority of the dead were ethnic Peuhl, identified as such by their clothing, features, and, in about 10 cases, by those who knew individual victims by name.

    The people interviewed were extremely anxious as they spoke with Human Rights Watch and said they feared reprisals from the security forces, who had been implicated in the extrajudicial killing of 31 men in Djibo in April, and other killings there, since 2017.

    The residents did not believe the men were killed in a gun battle. “Yes, Djibo has been attacked and there are jihadists [armed Islamists] not so very far from Djibo,” said a resident who had observed several groups of bodies. “But on the days before seeing bodies, we weren’t aware of any clashes or battles between the jihadists and army in the middle or outskirts of Djibo. Word travels fast and we’d know if this were the case.”

    Another resident, who said he frequently travels from Djibo, said: “Had there been clashes with the terrorists, the public transport would have stopped.… We never would have been able to travel.”

    Nine people identified some of the dead by name, including family members, whom they had either witnessed being detained by the security forces or had been informed by someone else who had seen the men being detained. In each of these incidents, the body they identified had been found with numerous other victims. One man, for instance, recognized “a man named Tamboura from a village further south, who I’d seen arrested in the Djibo cattle market by soldiers some days earlier.” Another recognized a man who worked as a security guard and who had been arrested by soldiers days before his body was found. Others described seeing the bodies of men they had seen being arrested by the authorities at the market, the hospital, during a food distribution, or at the bus station.

    Several residents said they believed many of the unidentified victims had been detained during army operations or were internally displaced villagers who in recent months had settled in and around Djibo after fleeing their home villages. “Djibo isn’t such a but town that we wouldn’t recognize people, which is why we think so many of the dead were displaced,” one resident said.

    Many residents speculated that the army had arrested the displaced people for questioning, fearing infiltration by armed Islamist groups, which had attacked Djibo on several occasions. “The army has really hit the IDPs [internally displaced persons],” a resident said. “They’ve gone for them in the animal market, as they come in to Djibo to buy and sell. After so many major jihadist attacks in Mali and Burkina, they’re really afraid of infiltration.”

    Apparent Extrajudicial Executions

    Residents described seeing groups of bodies near their homes as they grazed their animals or as they walked or drove along the major roads leading out of Djibo.

    Apparent Execution of Five Men on June 13, 2020

    On June 14, several residents described seeing the bodies of five men scattered over a half a kilometer in two of Djibo’s southern neighborhoods, sectors 3 and 8. One of those found, 54-year-old Sadou Hamadoume Dicko, the local chief and municipal councilor of Gomdè Peulh village, had been seen arrested by soldiers the previous day. Residents could not identify the other four bodies.

    A trader described the arrest of Dicko on June 13:

    Being the chief, he’d just finished picking up sacks of rice and millet for his people, now in Djibo after fleeing their village, about 125 kilometers away. Mr. Dicko had in April 2018 been abducted and held for several days by the Jihadists but this time it was the army who took him. At around 11:30 a.m. four men in uniform on motorcycles surrounded him and about six others and took them into an unfinished building for interrogation. Eventually, the soldiers let the others go but left with Mr. Dicko.

    Three residents said they heard gunshots on June 13 and found the bodies of the five men the next day. “The gunshots rang out around 8 p.m. and the next day, June 14, I was called to be told the chief was dead,” one resident said. “It was what we feared. His hands were bound tightly behind his back and he had been shot in the head and chest.”Said another: "The shots rand out a few hours after the 7 p.m. curfew...[L]ater we saw one body to the north, near La Maison de la Femme [Women’s Center], another south near a large well, and three others next to an elevation of sand.” All of the men were buried later the same day.

    Apparent Execution of 18 Men, May 13 and 19, 2020

    Residents described seeing the security forces arrest 17 men near a Djibo market on May 13. The bodies of the 17 were found the next day along a path going through sector 5, also known as Mbodowol. The men had been shot in the head, according to the residents. Another man, with a mental disability, was found around the same place after having been arrested on May 19. At writing, the bodies had not yet been buried.

    Said one resident:

    I was in the market, when at around 10 a.m. I saw two vehicles with about 10 soldiers drive up. I don’t know if they were gendarmes or army. I was too afraid to stare at them, but I saw they were in uniform, with helmets and vests and all held semi-automatic weapons. The 17 men had come from other villages to buy and sell that day. I recognized many of them, who worked as blacksmiths.

    A sector 5 resident who heard gunshots on May 13 and saw the bodies a day later near the Djibo airfield said:

    They were killed as darkness fell. I saw a vehicle from afar, coming from the direction of town. Sometime later we heard shots. Around 15 minutes later the same vehicle returned, this time with the headlamps on. On Thursday, May 14, around 9 a.m. we discovered the bodies – eight on one side close together … their faces covered with their shirts – and around 20 meters away, nine more bodies. They’d been shot in the head. You could see this clearly…and there were bullet casings on the ground. The men looked to be from 25 to 45 [years old.] The body of another man was found in the same place a few days later. That one, I’d seen arrested…he lives near me. He is not normal [has a mental disability] … He was picked up outside his house listening to his radio. There is a curfew and only the army can drive around at night like this.

    Apparent Execution of 18 Men, March 17, 2020

    Residents said that on March 18, they saw 18 bodies about 500 to 700 meters east of Djibo. The bodies were found near several large publicity signs that line the Djibo-Tongomayel road.

    A man who feared his brother was among the dead explained why he believed government security forces were responsible for killing the 18 men:

    On March 17, around 7 a.m., I got a frantic call from the bus station saying my brother and another man had just been arrested by gendarmes as they boarded a bus to Ouagadougou [the capital]. Later that night, around 9 p.m. I heard many gunshots, and thought, oh God, my brother is dead.

    Just after dawn, I went in the direction of the shots and found 18 bodies. Their hands were tied, and they were blindfolded, each shot in the forehead. The blood flowed like a pond. The bodies were all together in a pile. I looked for my brother among the corpses … moving them enough to see if he was there. But he wasn’t. Among the dead, I recognized six men … they’d all been arrested by the FDS [Defense and Security Forces]. One was [name withheld] who had recently had a foot operation and had been arrested in front of many people near the hospital. I recognized his boubou [wide-sleeved robe]; his foot was still bandaged. Five others were traders I myself had seen arrested by the FDS on market day a week prior. As for my brother, he is still missing, even today.

    Apparent Execution of 9 Men, January 15, 2020

    A man who saw nine bodies on the road going east to Tongomayal, including a close relative, on January 16, said:

    I discovered the bodies of nine people some meters off the road, one of whom was my 23-year-old nephew. They’d been arrested the day before. A friend called around 11 a.m. saying there was trouble in the market, that my boy had been arrested. I went to the market immediately and saw all nine, tied up and face down on the ground. Four gendarmes led them into their vehicle and took them away. That night around 8 p.m. I heard shots near the Djibo dam, and in the morning saw them in the bush, hands tied, riddled with bullets … Eight were Peuhl and one was a Bellah. We were too afraid to even bury them … we had to watch my nephew turn into a skeleton. He was not laid to rest until the mass burial in March, with dozens of others, but it was hardly a funeral and my boy was not a jihadist.

    Bodies Found Near Djibo’s Sector 4, November 2019 and January 2020

    Five residents of Djibo’s Sector 4 (also known as Wourossaba and Boguelsawa), south of the town, described seeing three groups of bodies within what they said was a one kilometer radius: a group of 8 bodies and a group of at least 16 bodies in November 2019, and a group of between 16 and 19 bodies around January 8, 2020. The total number of bodies seen largely corresponds to the 43 bodies buried in this sector during the mass burial on March 8 and 9.

    A resident of Sector 4 described the three groups of bodies:

    Many didn’t have shirts, and most were tied — some their eyes, others by the wrist, and they’d been shot. I knew none of them but believe all 43 were prisoners because all three times, I’d heard vehicles coming from the direction of town and saw the headlights … and heard gunshots. It was too far and too dark to see their uniforms but there wasn’t a battle and the jihadists can’t be driving around in a heavy truck that close to Djibo.

    Another resident of Sector 4 described seeing 19 bodies around January 8:

    I saw them around 7 a.m., 19 bodies in a line – all men, save one around 15 years old. The night before, I’d seen lights of a vehicle – it was around 8 p.m. and we were under curfew. Then I heard the shots. The bodies were about one kilometer south of Djibo, and 150 meters west from the highway – many bound at the arms, and with their eyes blindfolded. They’d been shot in the head, others in the chest, others the stomach. We didn’t know any of them, so they just stayed there until the March burial, by that time they were almost skeletons.

    A health worker said that in February on the way to Ouagadougou she saw five bodies from her bus window, about 15 kilometers south of Djibo, near the village of Mentao: “They were 20 meters from the road – the bodies smelled – it seemed they’d been there for a week or so. By their dress, all the men appeared to be Peuhl. When I returned a week later, they were still there.” These bodies were not buried during the March mass burial.

    Burials in March and April 2020

    Djibo residents described an organized mass burial on March 8 and 9 during which at least 114 bodies were collected and buried in 14 common graves.

    Residents who attended the burials said the bodies were in various stages of decomposition. “Some had just been killed, others had started to decompose, and many others were skeletons,” one said.

    “Given how long the bodies had been outside, notably under the hot sun, many were only identifiable by their clothing,” said another.

    Several residents said the dead were left unburied both because the families were either not from Djibo or because they were too frightened to claim the body. “Fear stopped people from burying the dead,” a village elder said. “You need permission from the security forces to bury a body and given the level of tension in Djibo these days, people are just too terrified that if they claim the body of a man accused of being a terrorist, they too will be taken and end up dead.” Many residents described the burials as “a delicate subject” which was not covered by local media. “Fear has kept us from talking much about the mass burials,” a village leader said.

    “The bodies were scattered along and not far from the major roads leading to and from Djibo,” a resident said. “The first day, we worked from 9 a.m. to noon and buried 42 bodies to the south, along the Djibo-Ouagagdougou road. On the second day it was worse … working from 8 a.m. to 12:30 p.m. we buried 72 people, 20 to the north and 52 to the east, along the Djibo-Dori road. Some people gathered the bodies while others dug the graves. The dead were buried in 14 common graves with from 3, 6, 7, up to 23 bodies.”

    They said Djibo residents had obtained permission from both the civilian and military authorities based in Djibo to bury the dead largely because of the potential health and sanitation risk. “We were fearful of epidemics, especially as we approach the rainy season,” a community leader said. “We were overwhelmed seeing the bodies of lifeless people and so we organized ourselves and asked the authorities for permission to bury the dead,” said another.

    Other residents spoke of the mental health impact on the town. “We organized the burial on health grounds but also because of the psychological impact on people, especially children, having to walk by the bodies every day on their way to market or school,” one resident said.

    A herder said: “Imagine what it’s like to see these bodies every day, some eaten by dogs and vultures. It’s not easy living with that terrible reality day after day.”

    Those who observed the mass burials said they were attended by the civilian authorities, who they said helped organize the funeral; the health authorities, who provided masks and sanitizer; and the security forces, which provided security. They said they were “strictly forbidden” from taking photographs of the burials. “No one would dare do that because the FDS was watching,” a resident said.

    A resident who was at the burial said:

    After getting authorization – from the army – and after involving health officers – we spent two days burying the dead who were in groups of 5, 7, 9, 20 – scattered all over. I didn’t recognize any of them, but several of those watching the burial later told me they’d recognized their father, brother, or son … that he’d been missing since being arrested by the soldiers in Djibo or in their village – weeks or months earlier. They didn’t say anything during the burial though … out of fear that they too would be arrested.

    A man who buried 13 of the bodies found in north Djibo, including a family member whom he had last seen in the custody of the security forces in January, said “The road to Tongomayel was full of corpses and remains. Honestly, many were only skeletons … and their bodies had been scattered by animals. We were divided in groups, and went about looking for ribs, body parts.”

    Two people described the burial in early April of the 18 men whose bodies were found on the road to Tongomayel around March 18. The bodies appeared after the security services had allegedly arrested the men. “We dug a large hole, big enough for all of them, and put sand and branches on top of it,” one man said. “The road to Tongomayel is full of bodies … the 52 buried during the mass burial, the 18 from mid-March, and it hasn’t stopped.”

    Bodies Found, Left Unburied

    Three residents described seeing 20 bodies that they said had been left in mid-March about 100 meters from the cemetery in Boguelsawa neighborhood, several kilometers south of Djibo.“Just days after we buried over 100 bodies, we woke up to find another 20 bodies,” a resident said. “It’s like, whoever is doing the killing is mocking us.” They told Human Rights Watch on June 14 that the bodies, now scattered and decomposed, have yet to be buried. “With death all around, we feel like tomorrow could be my turn to die,” a resident wrote.

    Another man said that on June 1, “My nephew came across three dead while gathering wood north of Djibo, including two [ethnic] Bellahs we know well. He was so frightened he ran straight home without the wood.” As of June 30, the 18 dead found near the airport in mid-May had similarly yet to be buried.

    Recommendations

    Residents who spoke with Human Rights Watch were unaware of any judicial investigations into the apparent killings. Some killings allegedly implicating the security forces had occurred after the government’s pledge to fully investigate the apparent execution of 31 men detained by the security forces on April 9, 2020.

    Human Rights Watch urges the Burkina Faso authorities to:

    Promptly and impartially investigate the killings in Djibo since November 2019, and fairly and appropriately prosecute all those responsible for extrajudicial killings and other crimes, including as a matter of command responsibility. Ensure the findings are made public.
    Send the commanders of the two security force bases in Djibo– the gendarmerie and army – on administrative leave, pending outcome of the investigation.
    Invite United Nations or other neutral international forensic experts, including those with experience working before criminal tribunals, to help preserve and analyze evidence in common graves. Exhumations without forensic experts can destroy critical evidence and greatly compromise the identification of bodies.
    Return remains of individuals found to be buried in graves or left unburied to their family members.

    https://www.hrw.org/news/2020/07/08/burkina-faso-residents-accounts-point-mass-executions

  • EU pays for surveillance in Gulf of Tunis

    A new monitoring system for Tunisian coasts should counter irregular migration across the Mediterranean. The German Ministry of the Interior is also active in the country. A similar project in Libya has now been completed. Human rights organisations see it as an aid to „#pull_backs“ contrary to international law.

    In order to control and prevent migration, the European Union is supporting North African states in border surveillance. The central Mediterranean Sea off Malta and Italy, through which asylum seekers from Libya and Tunisia want to reach Europe, plays a special role. The EU conducts various operations in and off these countries, including the military mission „#Irini“ and the #Frontex mission „#Themis“. It is becoming increasingly rare for shipwrecked refugees to be rescued by EU Member States. Instead, they assist the coast guards in Libya and Tunisia to bring the people back. Human rights groups, rescue organisations and lawyers consider this assistance for „pull backs“ to be in violation of international law.

    With several measures, the EU and its member states want to improve the surveillance off North Africa. Together with Switzerland, the EU Commission has financed a two-part „#Integrated_Border_Management Project“ in Tunisia. It is part of the reform of the security sector which was begun a few years after the fall of former head of state Ben Ali in 2011. With one pillar of this this programme, the EU wants to „prevent criminal networks from operating“ and enable the authorities in the Gulf of Tunis to „save lives at sea“.

    System for military and border police

    The new installation is entitled „#Integrated_System_for_Maritime_Surveillance“ (#ISMariS) and, according to the Commission (https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2020-000891-ASW_EN.html), is intended to bring together as much information as possible from all authorities involved in maritime and coastal security tasks. These include the Ministry of Defence with the Navy, the Coast Guard under the Ministry of the Interior, the National Guard, and IT management and telecommunications authorities. The money comes from the #EU_Emergency_Trust_Fund_for_Africa, which was established at the Valletta Migration Summit in 2015. „ISMariS“ is implemented by the Italian Ministry of the Interior and follows on from an earlier Italian initiative. The EU is financing similar projects with „#EU4BorderSecurity“ not only in Tunisia but also for other Mediterranean countries.

    An institute based in Vienna is responsible for border control projects in Tunisia. Although this #International_Centre_for_Migration_Policy_Development (ICMPD) was founded in 1993 by Austria and Switzerland, it is not a governmental organisation. The German Foreign Office has also supported projects in Tunisia within the framework of the #ICMPD, including the establishment of border stations and the training of border guards. Last month German finally joined the Institute itself (https://www.andrej-hunko.de/start/download/dokumente/1493-deutscher-beitritt-zum-international-centre-for-migration-policy-development/file). For an annual contribution of 210,000 euro, the Ministry of the Interior not only obtains decision-making privileges for organizing ICMPD projects, but also gives German police authorities the right to evaluate any of the Institute’s analyses for their own purposes.

    It is possible that in the future bilateral German projects for monitoring Tunisian maritime borders will also be carried out via the ICMPD. Last year, the German government supplied the local coast guard with equipment for a boat workshop. In the fourth quarter of 2019 alone (http://dipbt.bundestag.de/doc/btd/19/194/1919467.pdf), the Federal Police carried out 14 trainings for the national guard, border police and coast guard, including instruction in operating „control boats“. Tunisia previously received patrol boats from Italy and the USA (https://migration-control.info/en/wiki/tunisia).

    Vessel tracking and coastal surveillance

    It is unclear which company produced and installed the „ISMariS“ surveillance system for Tunisia on behalf of the ICPMD. Similar facilities for tracking and displaying ship movements (#Vessel_Tracking_System) are marketed by all major European defence companies, including #Airbus, #Leonardo in Italy, #Thales in France and #Indra in Spain. However, Italian project management will probably prefer local companies such as Leonardo. The company and its spin-off #e-GEOS have a broad portfolio of maritime surveillance systems (https://www.leonardocompany.com/en/sea/maritime-domain-awareness/coastal-surveillance-systems).

    It is also possible to integrate satellite reconnaissance, but for this the governments must conclude further contracts with the companies. However, „ISMariS“ will not only be installed as a Vessel Tracking System, it should also enable monitoring of the entire coast. Manufacturers promote such #Coastal_Surveillance_Systems as a technology against irregular migration, piracy, terrorism and smuggling. The government in Tunisia has defined „priority coastal areas“ for this purpose, which will be integrated into the maritime surveillance framework.

    Maritime „#Big_Data

    „ISMariS“ is intended to be compatible with the components already in place at the Tunisian authorities, including coastguard command and control systems, #radar, position transponders and receivers, night vision equipment and thermal and optical sensors. Part of the project is a three-year maintenance contract with the company installing the „ISMariS“.

    Perhaps the most important component of „ISMariS“ for the EU is a communication system, which is also included. It is designed to improve „operational cooperation“ between the Tunisian Coast Guard and Navy with Italy and other EU Member States. The project description mentions Frontex and EUROSUR, the pan-European surveillance system of the EU Border Agency, as possible participants. Frontex already monitors the coastal regions off Libya and Tunisia (https://insitu.copernicus.eu/FactSheets/CSS_Border_Surveillance) using #satellites (https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-8-2018-003212-ASW_EN.html) and an aerial service (https://digit.site36.net/2020/06/26/frontex-air-service-reconnaissance-for-the-so-called-libyan-coast-guar).

    #EUROSUR is now also being upgraded, Frontex is spending 2.6 million Euro (https://ted.europa.eu/udl?uri=TED:NOTICE:109760-2020:TEXT:EN:HTML) on a new application based on artificial intelligence. It is to process so-called „Big Data“, including not only ship movements but also data from ship and port registers, information on ship owners and shipping companies, a multi-year record of previous routes of large ships and other maritime information from public sources on the Internet. The contract is initially concluded for one year and can be extended up to three times.

    Cooperation with Libya

    To connect North African coastguards to EU systems, the EU Commission had started the „#Seahorse_Mediterranean“ project two years after the fall of North African despots. To combat irregular migration, from 2013 onwards Spain, Italy and Malta have trained a total of 141 members of the Libyan coast guard for sea rescue. In this way, „Seahorse Mediterranean“ has complemented similar training measures that Frontex is conducting for the Coastal Police within the framework of the EU mission #EUBAM_Libya and the military mission #EUNAVFOR_MED for the Coast Guard of the Tripolis government.

    The budget for „#Seahorse_Mediterranean“ is indicated by the Commission as 5.5 million Euro (https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2020-000892-ASW_EN.html), the project was completed in January 2019. According to the German Foreign Office (http://dipbt.bundestag.de/doc/btd/19/196/1919625.pdf), Libya has signed a partnership declaration for participation in a future common communication platform for surveillance of the Mediterranean. Tunisia, Algeria and Egypt are also to be persuaded to participate. So far, however, the governments have preferred unilateral EU support for equipping and training their coastguards and navies, without having to make commitments in projects like „Seahorse“, such as stopping migration and smuggling on the high seas.

    https://digit.site36.net/2020/06/28/eu-pays-for-surveillance-in-gulf-of-tunis

    #Golfe_de_Tunis #surveillance #Méditerranée #asile #migrations #réfugiés #militarisation_des_frontières #surveillance_des_frontières #Tunisie #externalisation #complexe_militaro-industriel #Algérie #Egypte #Suisse #EU #UE #Union_européenne #Trust_Fund #Emergency_Trust_Fund_for_Africa #Allemagne #Italie #gardes-côtes #gardes-côtes_tunisiens #intelligence_artificielle #IA #données #Espagne #Malte #business

    ping @reka @isskein @_kg_ @rhoumour @karine4

    –—

    Ajouté à cette métaliste sur l’externalisation des frontières :
    https://seenthis.net/messages/731749#message765330

    Et celle-ci sur le lien entre développement et contrôles frontaliers :
    https://seenthis.net/messages/733358#message768701

  • #Tunis : Suspension du professeur de l’ENS, accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes - Kapitalis

    A. H., le professeur de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Tunis, accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes et faisant l’objet d’une enquête par l’Inspection générale du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a été suspendu des ses fonctions.

    C’est ce qu’indique le collectif « Le harceleur n’enseigne pas », qui se réjouit de cette décision et espère que cela ne s’arrêtera pas là et que la justice entrera aussi en ligne.

    « Pour le moment, il a été décidé de le suspendre jusqu’à la fin de l’enquête et, de son côté, il a menacé de porter plainte contre les étudiantes pour diffamation », précise le collectif.

    Les étudiantes, qui se sont présentées comme victimes, disent avoir des preuves de leurs accusations et souhaitent que cette affaire ne soit pas étouffée et que A. H. ne soit pas muté dans une autre université.

    « S’il est muté, il recommencera, et on ne fera que déplacer le problème. C’est dans sa nature et il n’a jamais été puni par la loi. A Lyon où il a étudié, il y a également eu plusieurs témoignages remontant à plus de 10 ans et il n’a donc jamais cessé son manège », déplore Y. D., une des victime présumée.

    « Bravo aux normaliennes qui ne renoncent pas et qui ne cessent de lutter pour que justice soit faite », a commenté pour sa part, le collectif #EnaZeda, luttant contre le harcèlement sexuel, le viol et les violences faites aux femmes et qui a, dès le début de l’affaire, soutenu les étudiantes.

    Y. N.

    #Tunisie #Ecole_normale_supérieure #ENS #étudiantes #harcèlement_sexualisée #ministère #Enseignement_supérieur #professeur #suspension

    http://kapitalis.com/tunisie/2019/12/26/tunis-suspension-du-professeur-de-lens-accuse-de-harcelement-sexuel-par-d

  • #metooanthro

    About

    metooanthro is a collective of anthropologists* from around the world committed to making our discipline a safer and more just space by combatting sexual assault and harassment. This collective grew out of a meeting of anthropologists at the Shifting States conference for AAS/ASA/ASAANZ in December, 2017.

    Anthropologists face unique working conditions – both inside and outside the university – that increase our exposure to the risk of sexual assault and harassment. We want to create a safer culture at our conferences, campuses, field sites, and all spaces in which anthropologists work.

    We begin by acknowledging that that many groups in our community are disproportionately affected by assault and harassment, and are further discriminated when attempting to seek redress.

    “Solidarity does not assume that our struggles are the same struggles, or that our pain is the same pain, or that our hope is for the same future. Solidarity involves commitment, and work, as well as the recognition that even if we do not have the same feelings, or the same lives, or the same bodies, we do live on common ground.”
    ― Sara Ahmed

    We are currently working on three main actions and collecting personal stories of harassment in the discipline.

    We need to hear from more voices, not the same voices, in this work. We encourage all to participate.

    * The metooanthro collective is a broad and evolving group. At the moment, our emails, social media and website are run by Esther, Hannah and Mythily, who are all based in Australia.

    Resources

    Here you can find a collection of resources about the issue of sexual assault and harassment in anthropology. If you know of any other resources that could be useful, please email metooanthro.

    How to respond to and support others:

    Naomi Quinn – ‘What do do about sexual harassment: A short course for chairs’
    Laura A. LeVon – ‘Teaching fugitive anthropology with Maya Berry and colleagues’
    Kristen Drybread – Writing about violence Part I; Writing about violence Part II

    Anthropology blogs and popular reporting on anthropology and sexual assault:

    The New Ethnographer – ‘Gendered Bodies’
    Cynthia Mahmood – India’s shame: The personal ordeal of Cynthia Mahmood
    Ann Gibbons & Elizabeth Culotta – ‘Anthropologists say no to sexual harassment’
    Alix Johnson – The Self at stake: Thinking fieldwork and sexual violence; Paranoid reading, writing, and research: secrecy in the field; Violence and vulnerability in anthropology
    Megan Steffen – Doing fieldwork after Henrietta Schmerler
    Bianca C. Williams – MeToo: A crescendo in the discourse about sexual harassment, fieldwork, and the academy Part I; MeToo: A crescendo in the discourse about sexual harassment, fieldwork, and the academy Part II
    Kate Clancy – ‘I had no power to say that’s not okay: Reports of harassment and abuse in the field’
    Mingwei Huang – ‘Vulnerable observers: Notes on fieldwork and rape’
    Nell Gluckman – How Henrietta Schmerler was lost, then found
    Melissa Demian – Anthropology after #MeToo
    Danielle Bradford & Charlotte Payne – Fieldwork safety, or: ‘don’t grab my pussy’
    Lexie Onofrei – #MeToo in anthropology: A call for updating codes of conduct in the field
    Elizabeth Beckmann – #MeToo in Anthropology (on the origins of a movement, and its future)
    Holly Walters – #MeToo Anthropology (reflecting on stories and potential responses)

    Anthropology News #MeToo series:

    Mingwei Huang, Vivian Lu, Susan MacDougall & Megan Steffen – Disciplinary violence
    Cheryl Rodriguez – Black women and the fight against sexual violence
    Gil Schmerler & Megan Steffen – The disavowal of Henrietta Schmerler
    Shan-Estelle Brown – #MeToo conversations on campus
    Kathleen S. Fine-Dare – The long view on #MeToo
    Mariam Durrani – #MeToo, believing survivors, and cooperative digital communication

    Podcast episodes:

    MeTooAnthro with Mythily Meher, Hannah Gould, Martha McIntyre & Tanya King for Anthropology @ Deakin: Episode #13
    Emma Louise Backe for This Anthro Life – ‘#MeToo: Stories in the age of survivorship’
    Elizabeth Watt (interviewed by The Familiar Strange) – ‘Ep. #9 Calculated risk: Elizabeth Watt talks sexual power, politics, and vulnerability in the field’

    A bibliography of writing on anthropology, sexual assault, gendered harassment, and identity:

    Berry, MJ, Chávez Argüelles, C, Cordis, S, Ihmoud, S & Velásquez Estrada, E 2017, ‘Towards a fugitive anthropology: Gender, race, and violence in the field’, Cultural Anthropology, vol. 32, no. 4, pp. 537-565.

    Bohannon, J 2013, ‘Survey of peers in fieldwork highlights an unspoken risk’, Science, vol. 340, no. 6130, p. 265.

    Clark, I & Grant, A 2015, ‘Sexuality and danger in the field: Starting an uncomfortable conversation‘, Journal of the Anthropological Society of Oxford: Special issue on Sexual Harassment in the Field, vol. 7, no. 1, p. 1-14.

    Congdon, V 2015, ‘The ‘lone female researcher’: Isolation and safety upon arrival in the field‘. Journal of the Anthropological Society of Oxford: Special issue on Sexual Harassment in the Field, vol. 7, no. 1, p. 15-24.

    Isidoros, K 2015, ‘Between purity and danger: Fieldwork approaches to movement, protection and legitimacy for a female ethnographer in the Sahara Desert‘, Journal of the Anthropological Society of Oxford: Special issue on Sexual Harassment in the Field, vol. 7, no. 1, p. 39-54.

    Johansson, L 2015, ‘Dangerous liaisons: risk, positionality and power in women’s anthropological fieldwork‘, Journal of the Anthropological Society of Oxford: Special issue on Sexual Harassment in the Field, vol. 7, no. 1, p. 55-63.

    Kloß, ST 2017, ‘Sexual(ized) harassment and ethnographic fieldwork: A silenced aspect of social research’, Ethnography, vol. 18, no. 3, p. 396-414.

    Krishnan, S 2015, ‘Dispatches from a ‘rogue’ ethnographer: exploring homophobia and queer visibility‘,Journal of the Anthropological Society of Oxford: Special issue on Sexual Harassment in the Field, vol. 7, no. 1, p. 64-79.

    Lewin, E & Leap, WL (eds.) 1996, Out in the field: Reflections of gay and lesbian anthropologists, University of Illinois Press, Urbana.

    McDougall, S 2015, ‘Will you marry my son? Ethnography, culture and the performance of gender‘, Journal of the Anthropological Society of Oxford: Special issue on Sexual Harassment in the Field, vol. 7, no. 1, p. 25-38.

    Miller, T 2015 ‘‘Listen to your mother’: negotiating gender-based safe space during fieldwork‘, Journal of the Anthropological Society of Oxford: Special issue on Sexual Harassment in the Field, vol. 7, no. 1, p. 80-87.

    Moreno, E 2005, ‘Rape in the field’, in D Kulick & M Willson (eds.) Taboo: Sex, identity and erotic subjectivity in anthropological fieldwork, new edn, Routledge, London, pp. 166-189.

    Nelson, RG, Rutherford, N, Hinde, K & Clancy, KBH 2017, ‘Signalling safety: Characterizing fieldwork experiences and their implications for career trajectories’, American Anthropologist, vol. 119, no. 4, pp. 710-722.

    Pandey, A 2009, ‘Unwelcome and unwelcoming encounters’ in P Ghassem-Fachandi (ed.) Violence: Ethnographic encounters, Berg, Oxford, pp. 135-144.

    Pollard, A 2009, ‘Field of screams: Difficulty and ethnographic fieldwork’, Anthropology Matters, vol. 11, no. 2.

    Scheper-Hughes, N 2016, ‘James X: A reflection on rape, race, and reception’, Anthropology Today, vol. 32, no. 5, pp. 21-25.

    Schneider, LT 2020, ‘Sexual violence during research: How the unpredictability of fieldwork and the right to risk collide with academic bureaucracy and expectations’, Critique of Anthropology, vol. 40, no. 2, pp. 173-93.

    Williams, BC 2009, ‘”Don’t ride the bus!”: And other warnings women anthropologists are given during fieldwork’, Transforming Anthropology, vol. 17, no. 2, pp. 155-158.

    Willson, M 2005, ‘Afterword: Perspective and difference: Sexualisation, the field, and the ethnographer’, in D Kulick & M Willson (eds.) Taboo: Sex, identity and erotic subjectivity in anthropological fieldwork, new edn, Routledge, London, pp. 190-207.

    #metoo #sexualized_harassment #gender #university #fieldwork #anthropology #collectiv #ressources #support #blog #reporting #podcast #references

    https://metooanthro.org/resources

  • « #Retour ». Banalité d’un mot, #brutalité d’une politique

    Au catalogue des euphémismes dont aiment à user les institutions européennes pour camoufler le caractère répressif de la politique migratoire, le terme « retour » figure en bonne place. En langage bureaucratique européen, « retour » veut dire « #expulsion ». Mais, alors qu’expulser une personne étrangère suppose l’intervention d’une autorité pour la contraindre à quitter le territoire où elle est considérée comme indésirable, l’utilisation du mot « retour » donne l’illusion que cette personne serait l’actrice de son départ. Preuve que le mot est inapproprié, le discours européen a été obligé de lui adjoindre un qualificatif pour distinguer ceux des retours qu’il considère comme imposés – il parle alors de « retours forcés » – de ceux qu’il prétend librement consentis, qu’il nomme, toujours abusivement, « retours volontaires ». Il ajoute ici le mensonge à l’euphémisme : dans la grande majorité des cas, les conditions dans lesquelles sont organisés les « retours volontaires » n’en font en réalité qu’un autre habillage de l’expulsion [1].

    C’est sur cette double fiction que s’est construite la directive européenne relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants des pays tiers en séjour irrégulier, communément appelée directive « Retour », adoptée en 2008.

    Cette directive a clos un cycle normatif, constitué d’une dizaine de règlements et de directives, dont l’objet était de définir des règles communes dans les trois domaines censés asseoir la politique d’asile et d’immigration de l’Union européenne (UE), ainsi qu’il en avait été décidé au sommet européen de Tampere en 1999 : l’intégration des immigrés en situation régulière, la protection des demandeurs d’asile et des réfugiés, et la gestion des frontières pour lutter contre l’immigration irrégulière. Très vite, surtout après le 11 septembre 2001 qui a favorisé l’amalgame entre immigration irrégulière et terrorisme, il est clairement apparu que les États membres accordaient la priorité au dernier volet, en traitant la question migratoire sous un angle principalement sécuritaire, avec l’adoption d’une série de mesures qui s’articulent autour de deux objectifs : protéger les frontières et éloigner les indésirables.

    Dès 2001, une directive sur la « reconnaissance mutuelle des décisions d’éloignement » prises dans les différents États membres est adoptée pour faciliter l’expulsion d’un étranger par les autorités d’un autre pays que celui qui l’a ordonnée. En 2002, un « Programme d’action en matière de retour » est élaboré, qui vise à organiser « des retours efficaces, en temps voulu et durables » de plusieurs façons. Parmi celles-ci, figure la coopération opérationnelle entre États membres et avec les pays tiers concernés : il s’agit d’améliorer les outils de mesure, les statistiques et les échanges d’informations entre fonctionnaires et de rationaliser les procédures, les ressources humaines et les moyens matériels afin de faciliter les expulsions. Dans la foulée, l’agence Frontex est créée en 2004. Si, dans ses premières années d’existence, elle a surtout fait parler d’elle pour ses opérations de surveillance des frontières extérieures, notamment maritimes, dès l’origine, elle comptait parmi ses tâches celle de « fournir aux États membres l’appui nécessaire pour organiser des opérations de retour conjointes ».

    Mais un autre volet du « Programme d’action » de 2002 prévoit aussi l’élaboration de normes communes applicables au renvoi des étrangers. Il faudra attendre plusieurs années pour que ce projet se transforme en proposition, puis devienne la directive « Retour ».

    Officiellement, comme précisé dans la première proposition présentée par la Commission européenne en septembre 2005, celle-ci vise à « définir des règles communes claires, transparentes et équitables en matière de retour, d’éloignement, de recours à des mesures coercitives, de garde temporaire et de réadmission, qui prennent pleinement en compte le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales des intéressés [2] ». On relèvera que, bien qu’il s’agisse du principal objet de la directive, il n’est pas fait allusion à l’expulsion, ici appelée « retour » ou « éloignement », non plus qu’à l’enfermement, pourtant pierre angulaire de la mise en œuvre des expulsions : la Commission européenne préfère pudiquement parler de « droit de garde ». La fiction continue.

    Bien loin des principes proclamés (des règles communes transparentes et équitables, dans le respect des droits fondamentaux), la directive de 2008, qualifiée de « directive de la honte » par les associations qui l’ont combattue, consacre au contraire un nivellement par le bas des pratiques des différents États membres. C’est notamment le cas en matière de détention, autorisée jusqu’à 18 mois, mais également sur le plan des garanties procédurales. Au demeurant, l’usage des « mesures coercitives » au cours des expulsions entraîne régulièrement des dérives inquiétantes [3].

    Pour quel résultat ? Pour les observateurs qui en constatent chaque jour les conséquences sur les droits des personnes, dont ce numéro de Plein droit donne quelques illustrations, le bilan de la politique d’expulsion de l’UE est négatif. Au regard des objectifs qu’elle prétend atteindre (nombre d’« éloignements effectifs »), elle semble toujours très en-deçà des attentes. Dans son premier rapport d’évaluation de la directive, rendu public en 2014 [4], la Commission européenne révèle qu’elle a été saisie de « cas flagrants de détention dans des conditions inhumaines », reconnaissant par là que de graves violations des droits étaient commises et restaient impunies au niveau national. Pour autant, déplorant « l’écart considérable entre le nombre de personnes qui s’étaient vu notifier une décision de retour et celles qui avaient effectivement quitté l’UE » (environ le quart), elle n’en conclut pas moins à la nécessité de défendre et d’encourager la poursuite du dispositif, en proposant de « promouvoir des pratiques plus cohérentes et compatibles avec les droits fondamentaux ».

    Elle invite en particulier à un « recours proportionné à des mesures coercitives d’expulsion, des moyens de recours effectif, des garanties dans l’attente du retour, des conditions de rétention humaines et dignes, de même que la protection des personnes vulnérables ». Elle porte une attention particulière aux opérations de retour conjointes menées par l’agence Frontex, annonçant que chacune d’entre elles ferait l’objet de contrôles « indépendants ». Vœu pieux lorsque l’on sait les conditions dans lesquelles sont organisés ces charters d’expulsion [5].

    Si, dans son bilan de 2014, la Commission se félicite que la directive « Retour » ait « contribué à la convergence – et d’une manière générale à une réduction – des durées de rétention maximales dans l’ensemble de l’Union », ajoutant qu’elle constate « une tendance soutenue en faveur d’une plus large mise en œuvre de solutions alternatives à la rétention dans les États membres [6] », la réalité est tout autre. Les États membres, dont la France, continuent en réalité à recourir largement à la rétention en abusant de la marge d’appréciation dont ils disposent quant à la définition du risque de fuite (voir infra). Quant aux garanties procédurales, le Rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’Homme des personnes migrantes, François Crépeau, s’alarmait déjà en 2013 du fait que le droit au recours effectif reste très fortement limité [7].
    « Frontières intelligentes » contre le « return shopping »

    Un an et demi plus tard, le contexte n’est plus le même. En pleine crise de l’accueil des personnes exilées en Europe, la Commission adopte, en septembre 2015, à l’invitation du Conseil européen, un « Plan d’action de l’UE en matière de retour » [8]. Le ton adopté par la Commission se durcit. Si le retour dit « volontaire » figure toujours comme une voie à privilégier, les conditions de sa mise en œuvre par les États membres doivent être révisées et harmonisées, afin d’éviter qu’elles ne constituent un facteur d’attraction vers les pays où elles sont plus favorables. La rétention doit en principe rester une mesure de dernier ressort mais elle ne doit pas pour autant cesser « tant qu’une perspective raisonnable d’éloignement existe ». Devront s’y ajouter d’autres projets mis sur la table des négociations par la Commission, tel le programme des « frontières intelligentes » de l’UE et la création d’un système d’entrée/sortie des ressortissants de pays tiers qui franchissent les frontières extérieures de l’Union.

    En mars 2017, les mesures proposées dans ce premier plan d’action font l’objet d’un bilan mitigé [9]. Selon la Commission, les taux de retour effectif restent faibles : de 41,8 % en 2014, il s’élève à 42,5 % en 2015. Le ton est alors donné : tous les instruments juridiques, opérationnels, financiers et pratiques disponibles devront être mis au service de la politique de retour.

    Un « Groupe de haut niveau » est créé afin d’étudier les possibilités d’interopérabilité de différents fichiers, existants et à venir, que les agents chargés de l’immigration et des frontières devront pouvoir consulter. Les législations nationales devront être adaptées afin que la décision du refus de séjour ou de rejet d’une demande d’asile, et l’obligation de quitter le territoire soient notifiées dans une seule et même décision, avec une durée de validité illimitée.

    Quant aux garanties procédurales, que la Commission semblait avoir à cœur de préserver lors de sa communication de mars 2014, elles passent au second plan, les États membres étant surtout invités à « éviter toute utilisation abusive des droits et des procédures ».

    Tout comme l’action déployée par l’UE à l’égard de pays tiers pour qu’ils s’engagent à accepter sur leur sol les personnes expulsées depuis l’un des États membres, la « dimension intérieure » de la politique de retour se dévoile dans ce qu’elle a de plus contraignant.

    Un an plus tard, encouragée par les conclusions du Conseil européen du 28 juin 2018 [10], la Commission passera à la vitesse encore supérieure en présentant, dès le 12 septembre, sa proposition de « refonte » de la directive « Retour » [11], identifiant en préambule les deux difficultés auxquelles se heurte toujours, selon elle, la politique de retour [12].

    La première tiendrait à l’insuffisant développement des accords de coopération avec les pays d’origine, alors pourtant qu’ils permettent d’accroître les retours ou les réadmissions dans ces pays au moyen « d’arrangements juridiquement non contraignants ». L’appel à recourir beaucoup plus largement à ce type d’accords irait de pair avec la nécessité « de renforcer le recours à la politique des visas de l’UE en tant qu’outil permettant de faire progresser la coopération avec les pays tiers en matière de retour et de réadmission ». La Commission escompte ainsi « améliorer sensiblement l’effet de levier de l’UE dans ses relations avec les pays d’origine ». On ne saurait mieux dire que la politique européenne des visas n’est pas seulement un moyen de contrôle migratoire à distance : les marchandages auxquels elle donne lieu peuvent aussi s’avérer payants pour assurer le retour de celles et ceux qui, au péril de leur vie, contournent les barrières administratives qu’elle leur oppose.

    La seconde difficulté, au cœur des préoccupations motivant la refonte de la directive, tient à trois obstacles que rencontreraient les États membres dans la mise en œuvre des décisions d’éloignement. D’une part, « des pratiques qui varient d’un État membre à l’autre » et notamment « l’absence de cohérence entre les définitions et interprétations du risque de fuite et du recours à la rétention », ces approches hétérogènes « donnant lieu à la fuite de migrants en situation irrégulière et à des mouvements secondaires » ; d’autre part, « le manque de coopération » de la part des personnes en instance d’éloignement. Enfin, le manque d’équipement des États membres, qui empêche les autorités compétentes « d’échanger rapidement les informations nécessaires en vue de procéder aux retours ».
    Dimension coercitive

    Pour lever ces difficultés, les efforts porteront plus particulièrement sur quatre dispositifs renforçant considérablement la dimension coercitive de la directive de 2008, dont trois sont entièrement nouveaux.

    Il s’agit d’abord de soumettre les personnes en instance d’éloignement à une « obligation de coopérer » à la procédure. La formule révèle les faux semblants du dispositif : la collaboration de ces personnes à leur propre expulsion ne sera obtenue que sous la menace d’un ensemble de sanctions dissuasives. Elles devront fournir toutes les informations et documents justifiant de leur identité, de leurs lieux de résidence antérieurs, ainsi que de leur itinéraire de voyage et pays de transit, et « rester présentes et disponibles » tout au long de la procédure d’éloignement. Tout manquement à ces obligations pourra caractériser le « refus de coopérer » d’où se déduira un « risque de fuite », avec les conséquences qui s’y attacheront ipso facto. Il s’agira d’abord de la privation du délai de départ « volontaire » qui assortit en principe les décisions d’éloignement. Surtout, ce risque de fuite ouvrira la voie à un placement en rétention que l’administration ne sera pas tenue de justifier plus avant. L’alternative à la maigre carotte du départ volontaire sera donc le gros bâton de l’enfermement.

    Assurer « un recours plus efficace à la rétention à l’appui de l’exécution des retours » (il faut comprendre : utiliser massivement la rétention) constitue précisément le deuxième moyen, pour la Commission, d’accroître significativement le nombre d’éloignements. C’est bien l’objectif vers lequel convergent toutes les modifications apportées à la directive de 2008 : caractère dorénavant non limitatif des motifs de placement en rétention énoncés dans la directive, élargissement des critères du risque de fuite justifiant la rétention, apparition d’un motif spécifique visant « les ressortissants qui constituent un danger pour l’ordre public, la sécurité publique ou la sécurité nationale », sorte de fourre-tout laissé à la discrétion des administrations. À quoi s’ajoute l’obligation faite aux États membres de prévoir une durée totale de rétention qui ne puisse être inférieure à 3 mois [13]. Cette évolution vers le « tout détention » est résumée dans la suppression d’un seul mot de l’exposé des motifs, révisé, de la directive : il n’est plus recommandé que le recours à la rétention soit « limité ». Il devra seulement rester « subordonné au respect du principe de proportionnalité en ce qui concerne les moyens utilisés et les objectifs poursuivis ».

    Manifestement convaincue par avance que ni la « coopération » des personnes, même contrainte, ni même un recours débridé à l’enfermement ne suffiront, la Commission œuvre également pour doter la politique de retour des technologies de surveillance de masse, en s’appuyant sur un double principe : garantir la traçabilité des personnes migrantes dans chaque État membre tout en élevant au niveau supranational l’architecture et la maîtrise des outils dédiés à leur contrôle. Chaque État membre devra créer un « système national de gestion des retours », autrement dit un fichier destiné à recueillir et traiter toutes les informations nominatives et personnelles « nécessaires à la mise en œuvre des dispositions de la directive ». Mais, au prétexte ambigu d’en « réduire de manière significative la charge administrative », ces systèmes nationaux devront être reliés non seulement au système d’information Schengen mais aussi à une « plateforme intégrée de gestion des retours » dont l’agence Frontex doit être dotée entre-temps. Si l’initiative des procédures d’éloignement reste une prérogative des États membres, l’Union apparaît bien décidée à en prendre la gestion en mains, quitte à s’affranchir des principes régissant la protection des données personnelles pourvu que l’efficacité de la politique de retour soit au rendez-vous.

    L’accroissement significatif, à partir de l’année 2015, du nombre d’exilé·es qui se sont présenté·es aux frontières de l’Union motive un troisième dispositif, emblématique de l’obsession qui inspire le projet de directive révisée. L’objectif est d’« établir une nouvelle procédure pour le retour rapide des demandeurs d’une protection internationale déboutés à la suite d’une procédure d’asile à la frontière ». Le mécanisme proposé pour l’atteindre est brutal : la personne qui a été maintenue contre son gré à la frontière pendant l’examen de sa demande d’asile doit, après en avoir été déboutée, y être retenue jusqu’à son éloignement effectif et pendant une période maximale de 4 mois. Et pour garantir la rapidité de cet éloignement, il est prévu qu’aucun délai de départ volontaire ne soit accordé, que le délai de recours contre la décision d’éloignement fondée sur le rejet de la demande de protection ne pourra pas excéder 48 heures et que ce recours ne sera suspensif que dans certaines hypothèses et sous certaines conditions. Dans le monde idéal de la Commission, les hotspots et autres dispositifs de tri installés aux frontières de l’Union ne sont pas seulement le point d’arrivée de tous les exilé·es en quête de protection : ils doivent être également le point de départ de l’immense majorité à laquelle cette protection est refusée.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6434
    #renvois #expulsions #migrations #asile #réfugiés #déboutés #sans-papiers #mots #terminologie #vocabulaire #euphémisme #retour_forcé #retour_volontaire #retours_volontaires #Plein_Droit

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  • Asylum Outsourced : McKinsey’s Secret Role in Europe’s Refugee Crisis

    In 2016 and 2017, US management consultancy giant #McKinsey was at the heart of efforts in Europe to accelerate the processing of asylum applications on over-crowded Greek islands and salvage a controversial deal with Turkey, raising concerns over the outsourcing of public policy on refugees.

    The language was more corporate boardroom than humanitarian crisis – promises of ‘targeted strategies’, ‘maximising productivity’ and a ‘streamlined end-to-end asylum process.’

    But in 2016 this was precisely what the men and women of McKinsey&Company, the elite US management consultancy, were offering the European Union bureaucrats struggling to set in motion a pact with Turkey to stem the flow of asylum seekers to the continent’s shores.

    In March of that year, the EU had agreed to pay Turkey six billion euros if it would take back asylum seekers who had reached Greece – many of them fleeing fighting in Syria, Iraq and Afghanistan – and prevent others from trying to cross its borders.

    The pact – which human rights groups said put at risk the very right to seek refuge – was deeply controversial, but so too is the previously unknown extent of McKinsey’s influence over its implementation, and the lengths some EU bodies went to conceal that role.

    According to the findings of this investigation, months of ‘pro bono’ fieldwork by McKinsey fed, sometimes verbatim, into the highest levels of EU policy-making regarding how to make the pact work on the ground, and earned the consultancy a contract – awarded directly, without competition – worth almost one million euros to help enact that very same policy.

    The bloc’s own internal procurement watchdog later deemed the contract “irregular”.

    Questions have already been asked about McKinsey’s input in 2015 into German efforts to speed up its own turnover of asylum applications, with concerns expressed about rights being denied to those applying.

    This investigation, based on documents sought since November 2017, sheds new light on the extent to which private management consultants shaped Europe’s handling of the crisis on the ground, and how bureaucrats tried to keep that role under wraps.

    “If some companies develop programs which then turn into political decisions, this is a political issue of concern that should be examined carefully,” said German MEP Daniel Freund, a member of the European Parliament’s budget committee and a former Head of Advocacy for EU Integrity at Transparency International.

    “Especially if the same companies have afterwards been awarded with follow-up contracts not following due procedures.”

    Deal too important to fail

    The March 2016 deal was the culmination of an epic geopolitical thriller played out in Brussels, Ankara and a host of European capitals after more than 850,000 people – mainly Syrians, Iraqis and Afghans – took to the Aegean by boat and dinghy from Turkey to Greece the previous year.

    Turkey, which hosts some 3.5 million refugees from the nine-year-old war in neighbouring Syria, committed to take back all irregular asylum seekers who travelled across its territory in return for billions of euros in aid, EU visa liberalisation for Turkish citizens and revived negotiations on Turkish accession to the bloc. It also provided for the resettlement in Europe of one Syrian refugee from Turkey for each Syrian returned to Turkey from Greece.

    The EU hailed it as a blueprint, but rights groups said it set a dangerous precedent, resting on the premise that Turkey is a ‘safe third country’ to which asylum seekers can be returned, despite a host of rights that it denies foreigners seeking protection.

    The deal helped cut crossings over the Aegean, but it soon became clear that other parts were not delivering; the centrepiece was an accelerated border procedure for handling asylum applications within 15 days, including appeal. This wasn’t working, while new movement restrictions meant asylum seekers were stuck on Greek islands.

    But for the EU, the deal was too important to be derailed.

    “The directions from the European Commission, and those behind it, was that Greece had to implement the EU-Turkey deal full-stop, no matter the legal arguments or procedural issue you might raise,” said Marianna Tzeferakou, a lawyer who was part of a legal challenge to the notion that Turkey is a safe place to seek refuge.

    “Someone gave an order that this deal will start being implemented. Ambiguity and regulatory arbitrage led to a collapse of procedural guarantees. It was a political decision and could not be allowed to fail.”

    Enter McKinsey.

    Action plans emerge simultaneously

    Fresh from advising Germany on how to speed up the processing of asylum applications, the firm’s consultants were already on the ground doing research in Greece in the summer of 2016, according to two sources working with the Greek asylum service, GAS, at the time but who did not wish to be named.

    Documents seen by BIRN show that the consultancy was already in “initial discussions” with an EU body called the ‘Structural Reform Support Service’, SRSS, which aids member states in designing and implementing structural reforms and was at the time headed by Dutchman Maarten Verwey. Verwey was simultaneously EU coordinator for the EU-Turkey deal and is now the EU’s director general of economic and financial affairs, though he also remains acting head of SRSS.

    Asked for details of these ‘discussions’, Verwey responded that the European Commission – the EU’s executive arm – “does not hold any other documents” concerning the matter.

    Nevertheless, by September 2016, McKinsey had a pro bono proposal on the table for how it could help out, entitled ‘Supporting the European Commission through integrated refugee management.’ Verwey signed off on it in October.

    Minutes of management board meetings of the European Asylum Support Office, EASO – the EU’s asylum agency – show McKinsey was tasked by the Commission to “analyse the situation on the Greek islands and come up with an action plan that would result in an elimination of the backlog” of asylum cases by April 2017.

    A spokesperson for the Commission told BIRN: “McKinsey volunteered to work free of charge to improve the functioning of the Greek asylum and reception system.”

    Over the next 12 weeks, according to other redacted documents, McKinsey worked with all the major actors involved – the SRSS, EASO, the EU border agency Frontex as well as Greek authorities.

    At bi-weekly stakeholder meetings, McKinsey identified “bottlenecks” in the asylum process and began to outline a series of measures to reduce the backlog, some of which were already being tested in a “mini-pilot” on the Greek island of Chios.

    At a first meeting in mid-October, McKinsey consultants told those present that “processing rates” of asylum cases by the EASO and the Greek asylum service, as well as appeals bodies, would need to significantly increase.

    By December, McKinsey’s “action plan” was ready, involving “targeted strategies and recommendations” for each actor involved.

    The same month, on December 8, Verwey released the EU’s own Joint Action Plan for implementing the EU-Turkey deal, which was endorsed by the EU’s heads of government on December 15.

    There was no mention of any McKinsey involvement and when asked about the company’s role the Commission told BIRN the plan was “a document elaborated together between the Commission and the Greek authorities.”

    However, buried in the EASO’s 2017 Annual Report is a reference to European Council endorsement of “the consultancy action plan” to clear the asylum backlog.

    Indeed, the similarities between McKinsey’s plan and the EU’s Joint Action Plan are uncanny, particularly in terms of increasing detention capacity on the islands, “segmentation” of cases, ramping up numbers of EASO and GAS caseworkers and interpreters and Frontex escort officers, limiting the number of appeal steps in the asylum process and changing the way appeals are processed and opinions drafted.

    In several instances, they are almost identical: where McKinsey recommends introducing “overarching segmentation by case types to increase speed and quality”, for example, the EU’s Joint Action Plan calls for “segmentation by case categories to increase speed and quality”.

    Much of what McKinsey did for the SRSS remains redacted.

    In June 2019, the Commission justified the non-disclosure on the basis that the information would pose a “risk” to “public security” as it could allegedly “be exploited by third parties (for example smuggling networks)”.

    Full disclosure, it argued, would risk “seriously undermining the commercial interests” of McKinsey.

    “While I understand that there could indeed be a private and public interest in the subject matter covered by the documents requested, I consider that such a public interest in transparency would not, in this case, outweigh the need to protect the commercial interests of the company concerned,” Martin Selmayr, then secretary-general of the European Commission, wrote.

    SRSS rejected the suggestion that the fact that Verwey refused to fully disclose the McKinsey proposal he had signed off on in October 2016 represented a possible conflict of interest, according to internal documents obtained during this investigation.

    Once Europe’s leaders had endorsed the Joint Action Plan, EASO was asked to “conclude a direct contract with McKinsey” to assist in its implementation, according to EASO management board minutes.

    ‘Political pressure’

    The contract, worth 992,000 euros, came with an attached ‘exception note’ signed on January 20, 2017, by EASO’s Executive Director at the time, Jose Carreira, and Joanna Darmanin, the agency’s then head of operations. The note stated that “due to the time constraints and the political pressure it was deemed necessary to proceed with the contract to be signed without following the necessary procurement procedure”.

    The following year, an audit of EASO yearly accounts by the European Court of Auditors, ECA, which audits EU finances, found that “a single pre-selected economic operator” had been awarded work without the application of “any of the procurement procedures” laid down under EU regulations, designed to encourage transparency and competition.

    “Therefore, the public procurement procedure and all related payments (992,000 euros) were irregular,” it said.

    The auditor’s report does not name McKinsey. But it does specify that the “irregular” contract concerned the EASO’s hiring of a consultancy for implementation of the action plan in Greece; the amount cited by the auditor exactly matches the one in the McKinsey contract, while a spokesman for the EASO indirectly confirmed the contracts concerned were one and the same.

    When asked about the McKinsey contract, the spokesman, Anis Cassar, said: “EASO does not comment on specifics relating to individual contracts, particularly where the ECA is concerned. However, as you note, ECA found that the particular procurement procedure was irregular (not illegal).”

    “The procurement was carried under [sic] exceptional procurement rules in the context of the pressing requests by the relevant EU Institutions and Member States,” said EASO spokesman Anis Cassar.

    McKinsey’s deputy head of Global Media Relations, Graham Ackerman, said the company was unable to provide any further details.

    “In line with our firm’s values and confidentiality policy, we do not publicly discuss our clients or details of our client service,” Ackerman told BIRN.

    ‘Evaluation, feedback, goal-setting’

    It was not the first time questions had been asked of the EASO’s procurement record.

    In October 2017, the EU’s fraud watchdog, OLAF, launched a probe into the agency (https://www.politico.eu/article/jose-carreira-olaf-anti-fraud-office-investigates-eu-asylum-agency-director), chiefly concerning irregularities identified in 2016. It contributed to the resignation in June 2018 of Carreira (https://www.politico.eu/article/jose-carreira-easo-under-investigation-director-of-eu-asylum-agency-steps-d), who co-signed the ‘exception note’ on the McKinsey contract. The investigation eventually uncovered wrongdoings ranging from breaches of procurement rules to staff harassment (https://www.politico.eu/article/watchdog-finds-misconduct-at-european-asylum-support-office-harassment), Politico reported in November 2018.

    According to the EASO, the McKinsey contract was not part of OLAF’s investigation. OLAF said it could not comment.

    McKinsey’s work went ahead, running from January until April 2017, the point by which the EU wanted the backlog of asylum cases “eliminated” and the burden on overcrowded Greek islands lifted.

    Overseeing the project was a steering committee comprised of Verwey, Carreira, McKinsey staff and senior Greek and European Commission officials.

    The details of McKinsey’s operation are contained in a report it submitted in May 2017.

    The EASO initially refused to release the report, citing its “sensitive and restrictive nature”. Its disclosure, the agency said, would “undermine the protection of public security and international relations, as well as the commercial interests and intellectual property of McKinsey & Company.”

    The response was signed by Carreira.

    Only after a reporter on this story complained to the EU Ombudsman, did the EASO agree to disclose several sections of the report.

    Running to over 1,500 pages, the disclosed material provides a unique insight into the role of a major private consultancy in what has traditionally been the realm of public policy – the right to asylum.

    In the jargon of management consultancy, the driving logic of McKinsey’s intervention was “maximising productivity” – getting as many asylum cases processed as quickly as possible, whether they result in transfers to the Greek mainland, in the case of approved applications, or the deportation of “returnable migrants” to Turkey.

    “Performance management systems” were introduced to encourage speed, while mechanisms were created to “monitor” the weekly “output” of committees hearing the appeals of rejected asylum seekers.

    Time spent training caseworkers and interviewers before they were deployed was to be reduced, IT support for the Greek bureaucracy was stepped up and police were instructed to “detain migrants immediately after they are notified of returnable status,” i.e. as soon as their asylum applications were rejected.

    Four employees of the Greek asylum agency at the time told BIRN that McKinsey had access to agency staff, but said the consultancy’s approach jarred with the reality of the situation on the ground.

    Taking part in a “leadership training” course held by McKinsey, one former employee, who spoke on condition of anonymity, told BIRN: “It felt so incompatible with the mentality of a public service operating in a camp for asylum seekers.”

    The official said much of what McKinsey was proposing had already been considered and either implemented or rejected by GAS.

    “The main ideas of how to organise our work had already been initiated by the HQ of GAS,” the official said. “The only thing McKinsey added were corporate methods of evaluation, feedback, setting goals, and initiatives that didn’t add anything meaningful.”

    Indeed, the backlog was proving hard to budge.

    Throughout successive “progress updates”, McKinsey repeatedly warned the steering committee that productivity “levels are insufficient to reach target”. By its own admission, deportations never surpassed 50 a week during the period of its contract. The target was 340.

    In its final May 2017 report, McKinsey touted its success in “reducing total process duration” of the asylum procedure to a mere 11 days, down from an average of 170 days in February 2017.

    Yet thousands of asylum seekers remained trapped in overcrowded island camps for months on end.

    While McKinsey claimed that the population of asylum seekers on the island was cut to 6,000 by April 2017, pending “data verification” by Greek authorities, Greek government figures put the number at 12,822, just around 1,500 fewer than in January when McKinsey got its contract.

    The winter was harsh; organisations working with asylum seekers documented a series of accidents in which a number of people were harmed or killed, with insufficient or no investigation undertaken by Greek authorities (https://www.proasyl.de/en/news/greek-hotspots-deaths-not-to-be-forgotten).

    McKinsey’s final report tallied 40 field visits and more than 200 meetings and workshops on the islands. It also, interestingly, counted 21 weekly steering committee meetings “since October 2016” – connecting McKinsey’s 2016 pro bono work and the 2017 period it worked under contract with the EASO. Indeed, in its “project summary”, McKinsey states it was “invited” to work on both the “development” and “implementation” of the action plan in Greece.

    The Commission, however, in its response to this investigation, insisted it did not “pre-select” McKinsey for the 2017 work or ask EASO to sign a contract with the firm.

    Smarting from military losses in Syria and political setbacks at home, Turkish President Recep Tayyip Erdogan tore up the deal with the EU in late February this year, accusing Brussels of failing to fulfil its side of the bargain. But even before the deal’s collapse, 7,000 refugees and migrants reached Greek shores in the first two months of 2020, according to the United Nations refugee agency.

    German link

    This was not the first time that the famed consultancy firm had left its mark on Europe’s handling of the crisis.

    In what became a political scandal (https://www.focus.de/politik/deutschland/bamf-skandal-im-news-ticker-jetzt-muessen-sich-seehofer-und-cordt-den-fragen-d), the German Federal Office for Migration and Refugees, according to reports, paid McKinsey more than €45 million (https://www.augsburger-allgemeine.de/politik/Millionenzahlungen-Was-hat-McKinsey-beim-Bamf-gemacht-id512950) to help clear a backlog of more than 270,000 asylum applications and to shorten the asylum process.

    German media reports said the sum included 3.9 million euros for “Integrated Refugee Management”, the same phrase McKinsey pitched to the EU in September 2016.

    The parallels don’t end there.

    Much like the contract McKinsey clinched with the EASO in January 2017, German media reports have revealed that more than half of the sum paid to the consultancy for its work in Germany was awarded outside of normal public procurement procedures on the grounds of “urgency”. Der Spiegel (https://www.spiegel.de/wirtschaft/unternehmen/fluechtlinge-in-deutschland-mckinsey-erhielt-mehr-als-20-millionen-euro-a-11) reported that the firm also did hundreds of hours of pro bono work prior to clinching the contract. McKinsey denied that it worked for free in order to win future federal contracts.

    Again, the details were classified as confidential.

    Arne Semsrott, director of the German transparency NGO FragdenStaat, which investigated McKinsey’s work in Germany, said the lack of transparency in such cases was costing European taxpayers money and control.

    Asked about German and EU efforts to keep the details of such outsourcing secret, Semsrott told BIRN: “The lack of transparency means the public spending more money on McKinsey and other consulting firms. And this lack of transparency also means that we have a lack of public control over what is actually happening.”

    Sources familiar with the decision-making in Athens identified Solveigh Hieronimus, a McKinsey partner based in Munich, as the coordinator of the company’s team on the EASO contract in Greece. Hieronimus was central in pitching the company’s services to the German government, according to German media reports (https://www.spiegel.de/spiegel/print/d-147594782.html).

    Hieronimus did not respond to BIRN questions submitted by email.

    Freund, the German MEP formerly of Transparency International, said McKinsey’s role in Greece was a cause for concern.

    “It is not ideal if positions adopted by the [European] Council are in any way affected by outside businesses,” he told BIRN. “These decisions should be made by politicians based on legal analysis and competent independent advice.”

    A reporter on this story again complained to the EU Ombudsman in July 2019 regarding the Commission’s refusal to disclose further details of its dealings with McKinsey.

    In November, the Ombudsman told the Commission that “the substance of the funded project, especially the work packages and deliverable of the project[…] should be fully disclosed”, citing the principle that “the public has a right to be informed about the content of projects that are financed by public money.” The Ombudsman rejected the Commission’s argument that partial disclosure would undermine the commercial interests of McKinsey.

    Commission President Ursula von Der Leyen responded that the Commission “respectfully disagrees” with the Ombudsman. The material concerned, she wrote, “contains sensitive information on the business strategies and the commercial relations of the company concerned.”

    The president of the Commission has had dealings with McKinsey before; in February, von der Leyen testified before a special Bundestag committee concerning contracts worth tens of millions of euros that were awarded to external consultants, including McKinsey, during her time as German defence minister in 2013-2019.

    In 2018, Germany’s Federal Audit Office said procedures for the award of some contracts had not been strictly lawful or cost-effective. Von der Leyen acknowledged irregularities had occurred but said that much had been done to fix the shortcomings (https://www.ft.com/content/4634a3ea-4e71-11ea-95a0-43d18ec715f5).

    She was also questioned about her 2014 appointment of Katrin Suder, a McKinsey executive, as state secretary tasked with reforming the Bundeswehr’s system of procurement. Asked if Suder, who left the ministry in 2018, had influenced the process of awarding contracts, von der Leyen said she assumed not. Decisions like that were taken “way below my pay level,” she said.

    In its report, Germany’s governing parties absolved von der Leyen of blame, Politico reported on June 9 (https://www.politico.eu/article/ursula-von-der-leyen-german-governing-parties-contracting-scandal).

    The EU Ombudsman is yet to respond to the Commission’s refusal to grant further access to the McKinsey documents.

    https://balkaninsight.com/2020/06/22/asylum-outsourced-mckinseys-secret-role-in-europes-refugee-crisis
    #accord_UE-Turquie #asile #migrations #réfugiés #externalisation #privatisation #sous-traitance #Turquie #EU #UE #Union_européenne #Grèce #frontières #Allemagne #EASO #Structural_Reform_Support_Service (#SRSS) #Maarten_Verwey #Frontex #Chios #consultancy #Joint_Action_Plan #Martin_Selmayr #chronologie #Jose_Carreira #Joanna_Darmanin #privatisation #management #productivité #leadership_training #îles #Mer_Egée #Integrated_Refugee_Management #pro_bono #transparence #Solveigh_Hieronimus #Katrin_Suder

    ping @_kg_ @karine4 @isskein @rhoumour @reka

  • #métaliste de #campagnes de #dissuasion à l’#émigration

    Une analyse de ces campagnes par #Antoine_Pécoud
    https://seenthis.net/messages/763546

    "Campagnes de dissuasion massive", article de Antoine Pécoud et #Julia_Van_Dessel :
    https://seenthis.net/messages/912835

    Un entretien avec des représentants de l’ODM (Suisse, maintenant SEM) et de l’OIM sur le lien entre cinéma et campagnes de dissuasion à la migration :
    https://seenthis.net/messages/763642

    –---------------------

    Le gouvernement chante contre l’immigration illégale (#USA/#Etats-Unis —> #Amérique_centrale) : (2014)

    L’organisme de contrôle des frontières se sert des #radios centraméricaines pour diffuser anonymement des chansons censées dissuader la population d’immigrer vers les Etats-Unis.

    https://seenthis.net/messages/276610

    En #Guinée , l’Organisation internationale pour les migrations contrôle des frontières et les âmes :
    https://seenthis.net/messages/757474
    #OIM #IOM #organisation_internationale_contre_les_migrations

    Toujours l’OIM, mais en #Tunisie :
    https://seenthis.net/messages/732291

    Et au #Cameroun , OIM, as usual :
    https://seenthis.net/messages/763640

    Au #Sénégal, avec le soutien de l’ #Espagne (2007) :
    https://seenthis.net/messages/763670

    Campagne #aware_migrants, financée par l’ #Italie :
    https://seenthis.net/messages/520420

    Une campagne de l’ #Australie
    https://seenthis.net/messages/474986
    #Etats-Unis #film
    Il y a aussi la campagne #No_way :
    https://seenthis.net/tag/no_way

    Financée par l’#Allemagne, une campagne en #Afghanistan :
    https://seenthis.net/messages/464281#message588432
    https://seenthis.net/messages/464281#message592615
    https://seenthis.net/messages/432534

    Les campagnes de la #Suisse :
    https://seenthis.net/messages/385940
    notamment dans les #Balkans mais aussi en #Afrique_de_l'Ouest (#Cameroun, #Nigeria)

    Campagne des #Etats-Unis :
    https://seenthis.net/messages/269673#message274426
    https://seenthis.net/messages/269673#message274440
    #USA

    Une campagne du #Danemark :
    https://seenthis.net/messages/385940#message397757

    En #France :
    Traversées de la #Manche par des migrants : les associations “révoltées” par une publicité du gouvernement
    https://seenthis.net/messages/794698

    Les campagnes de dissuasion au #Nigeria , ça vaut 40 mio d’euro...


    https://seenthis.net/messages/815068

    Au #Mali :
    TAMADENW logbook of a theatre show in Mali
    https://seenthis.net/messages/857432
    #théâtre

    Cyprus to launch SMS campaign to stem migrant arrivals
    https://seenthis.net/messages/857683

    #campagne #migrations #vidéos

    ping @isskein @_kg_ @reka

  • Juste Avant

    Dans « Juste Avant », un documentaire en 7 épisodes, sortie le 1er décembre 2019, Ovidie questionne la façon dont on éduque une adolescente quand on est mère et féministe, à travers une série de conversations avec sa fille de 14 ans. Les échanges mère-fille s’entrecroisent avec les témoignages des proches et les réflexions sur sa propre construction.

    Juste Avant (7/7) - Epilogue

    Juste Avant (6/7) - Sois belle et bats-toi !

    Juste Avant (5/7) - Toi, moi, et notre petit matriarcat

    Juste Avant (4/7) - Le temps de la capote à 1 franc

    Juste Avant (3/7) - « Tu sais ce que c’est le consentement ? »

    Juste Avant (2/7) - La maman ou la putain

    Juste Avant (1/7) - Moi à ton âge

    http://www.nouvellesecoutes.fr/podcasts/intime-politique

    #maculinity #paternalistic #nightmare #digital_penetration #consent #college #high_school #social_network #Instagram #Snapchat #pressure #toxic_relationship #rape #post_MeToo #safe_place #sexuality #equality #contraception #STI #AIDS #HIV #school #abortion #condom #morning-after_pill #practical_knowledge #theoretical_knowledge #political_reflexion #distance #third_party #vaccination #pregnant #youth #traumatism #mariage #couple #tradition #divorce #matriarchy #co_parent #food #internet #beauty #weight_watchers #epilation #awareness #body

    • Répondre à un appel à contribution

      Du 9 au 12 juin 2010 s’est déroulé un atelier d’écriture, organisé par quatre doctorants (de l’EHESS et de Institut d’Urbanisme de Paris). L’un des temps de travail était consacré aux réponses à des appels à contribution : nous vous proposons ici un rapide survol des questions évoquées à cette occasion.

      Qu’est-ce qu’une réponse à un appel à contributions ?

      Une proposition de contribution est un texte assez court (une demi-page ou une page maximum) dans lequel on décrit un projet d’article, que l’on propose à la revue qui a fait paraître un appel à contribution. C’est donc un texte qui parle d’un texte à venir, qui n’existe pas encore… !

      NB : si notre proposition est acceptée, cela ne signifie pas pour autant que l’article qui suivra sera nécessairement accepté. S’il ne répond pas aux attentes du comité de rédaction, il pourra être rejeté même si, au vu de la réponse à l’appel à contribution, le comité de rédaction avait intégré notre proposition au sommaire prévisionnel…
      Quelques conseils pour rédiger une réponse à un appel à contribution :

      Ne pas oublier l’objectif de ce texte : faire en sorte que notre proposition soit acceptée ! Il faut « vendre » notre proposition, montrer pourquoi elle est importante dans le cadre du sujet que la revue se propose de traiter. C’est le seul objectif de ce texte, et par conséquent certains éléments n’y ont pas leur place (des détails, des nuances, des formulations trop précautionneuses, des justifications du sujet de recherche et de ses contours…).

      Les appels à contributions indiquent souvent un certain nombre d’axes précis. Il est bon de s’inscrire d’emblée dans un axe et de le mentionner explicitement (on facilite le travail du comité scientifique qui, pour faire son choix, va classer les différentes propositions selon les axes, qui correspondent souvent aux différentes parties du sommaire du numéro).

      « L’objectif de cet article est de… » – c’est un excellent début !

      Mettre en scène un étonnement. Soigner la mise en intrigue de la question que l’on entend soulever avec notre article (sans exagération littéraire). Le lecteur nous suit si on l’amène à réfléchir, si on l’invite à dépasser les évidences et à avancer avec nous – pas si on lui expose des faits sans qu’il ait à se questionner…

      Ne pas en rester au stade du projet : Même si notre texte parle d’un article que nous n’avons bien sûr pas encore écrit et qui impliquera peut-être des recherches que nous n’avons pas encore faites, il faut montrer que nous avons plus qu’un projet : évoquer notre terrain, donner des résultats, des éléments de conclusion.

      Quelques questions à se poser pour vérifier la clarté du texte

      Bien souvent, « le nez dans le guidon », on oublie de formuler les choses essentielles : l’objet de notre recherche est loin d’être aussi clair qu’on le pense, et l’objectif de l’article proposé reste totalement flou…

      Est-on capable, à la lecture, de formuler LA question que pose notre texte ? Si ce n’est pas le cas, il y a forcément un problème ! Est-ce que, nous-même, nous savons quelle question nous entendons traiter ?

      On peut aussi essayer de faire entrer la proposition dans les cases suivantes : contexte, méthode, résultats, discussion. Elles constituent les étapes d’un article « canonique » dans le milieu de la recherche biomédicale. C’est parfois une bonne façon de « tester » un article de sciences sociales et de vérifier sa rigueur…

      Toujours se faire relire avant d’envoyer une proposition…

      L’exercice de la relecture sans concessions n’est pas évident, ni pour celui qui relit, ni pour celui qui est relu ! Bien souvent, les zones d’obscurité du texte qui sont identifiées par le relecteur sont liées à un manque de clarté de la problématique, à un problème méthodologique, à un manque de données que l’on a tenté de dissimuler, à un problème de sources que l’on ne se sent pas autorisé à citer… Il faut alors accepter de se demander pourquoi on est mal à l’aise sur ce point, pourquoi on ne peut pas dépasser ce problème – assumer sa position, l’état de ses connaissances. Bien souvent, il vaut mieux nommer le problème que l’on rencontre (c’est aussi l’occasion d’en prendre clairement conscience et de le circonscrire !) plutôt que d’essayer de le dissimuler… Et gardons à l’esprit l’objectif principal d’une proposition de contribution : donner envie aux lecteurs (à la revue) d’en savoir plus !

      Marie Glon, doctorante à l’EHESS

      https://act.hypotheses.org/644

    • Comment écrire un bon article pour une revue scientifique ?

      Ça y est, votre proposition de communication est acceptée et vous allez pouvoir écrire un article ! C’est une étape importante de votre parcours : vous devez prendre l’habitude de diffuser vos résultats ( et vous trouverez ici une vidéo sur l’étape précédente : comment trouver une revue pour publier notre article ?).

      Alors, comment allez-vous vous y prendre maintenant ? Le premier réflexe est souvent de rechercher quelle forme doit avoir l’article ; de quelles rubriques il doit être constitué, car bien sûr, vous ne voulez pas être pris en défaut.

      Mais attention, la qualité de votre article ne tiendra pas qu’au respect des « normes » de rédaction mais plus encore à la pertinence des résultats que vous exposez et au plaisir que l’on prendra à vous lire. Comment parvenir à écrire un article utile pour les autres et passionnant ?

      Quel format adopter ?

      Si vous avez fait un petit tour sur le net avant d’arriver ici, vous avez peut-être constaté que l’on conseille habituellement de respecter un certain plan avec des parties bien définies dans un article scientifique (ici un exemple détaillé).

      Il est habituel d’affirmer qu’un article doit contenir :

      – Une introduction qui énonce la problématique, qui explique en quoi elle est intéressante / novatrice, et qui annonce le plan de l’article.
      – Une partie de contexte théorique (ou état de l’art) où vous vous situez par rapport aux principaux courants d’analyse concernant la question précise que vous traitez. Vous résumez ici les derniers avancements des connaissances dans votre domaine et vous indiquez sur quels concepts vous vous basez, vous. Et le tout en quelques paragraphes seulement, eh oui !
      – La méthodologie : c’est une partie où vous expliquez quelles sont vos données et comment vous vous y prenez pour les recueillir.
      – Les résultats que vous avez obtenus
      – La discussion de ces résultats au regard des concepts mobilisés : finalement, qu’avez-vous à dire de nouveau sur le phénomène étudié ?

      Cependant, cette liste n’est pas une recette de cuisine : elle n’est ni obligatoire ni exhaustive.

      Pas exhaustive, en effet, car certaines revues sont encore plus précises concernant l’architecture de leurs articles et réclament d’autres points encore (« considérations éthiques », « objectifs » etc.).

      Et pas obligatoire car d’autres comités de publication, au contraire, n’obligent pas leurs contributeurs à suivre un tel canevas. C’est particulièrement le cas dans certaines disciplines avec une tradition plus « littéraire », où les revues publient des articles avec des plans qui déroulent un argument de façon thématique et où l’exposé de la méthode et du contexte sont réduits, généralement renvoyés en intro. J’ai moi-même rédigé des articles de cette façon « plus libre », la discussion thématique prenant le pas sur le reste (et c’était en socio/anthropo).

      Alors comment vous y retrouver et éviter les faux pas ?

      Eh bien vous devez aller vérifier par vous-même ce que l’on attend de vous ! Une revue a accepté votre contribution ? Allez chercher des numéros antérieurs de cette revue et faites votre enquête. Regardez plusieurs articles. Comment sont-ils construits ? Tous pareils ? Alors faites de même. Ou sont-ils tous différents ? Vous aurez alors la liberté de laisser plus de place à la discussion des résultats, par exemple.

      Choisir le bon sujet pour votre article

      Un article fait entre 10 et 15 pages, la plupart du temps ; cela vous laisse peu d’espace pour développer une argumentation logique, tout en présentant les données sur lesquelles elle s’appuie. Écrire un bon article, c’est donc d’abord trouver un sujet qui a la bonne dimension. Comment faire ?

      Tout d’abord, vous ne devez pas concevoir l’article comme un extrait de votre thèse (sauf exceptions, dans le cas de thèses par articles, comme cela peut parfois se faire en économie par exemple). Il est difficile d’extraire un petit morceau d’une argumentation longue ; cela peut produire une impression d’inachevé, le sentiment qu’on n’a pas tous les éléments pour tirer une conclusion.

      L’article ne peut pas être non plus un résumé de votre thèse entière ou d’une grande partie. Si vous tentez de raconter toute votre thèse, vous la survolerez et tomberez dans les généralités.

      Vous choisirez donc un thème précis , présent dans votre thèse (de façon centrale ou périphérique) et qui colle à l’appel à contributions s’il y a lieu. En effet, souvent, la revue qui a lancé l’appel à contributions impose des thèmes ; cela peut parfois vous décentrer un peu de votre thèse, vous amener à adopter un autre point de vue, mais c’est justement cela qui est enrichissant.

      Mais attention ! Si votre thème est trop précis, s’il porte sur un détail, vous tomberez dans l’anecdote, on ne verra guère ce que vous pouvez démontrer à partir de ça.

      Bref, trouver le bon focus est un casse-tête… C’est l’exercice qui consiste à poser une question de recherche (une problématique) qui peut vous sortir de l’embarras.

      La problématique

      La problématique sert à deux choses : à donner un caractère logique et unifié à votre argumentation et à borner le sujet. Une problématique a la forme d’une question. C’est à cette question que vous allez tenter de répondre pendant tout l’article, jusqu’à la conclusion finale, sans vous éparpiller : ce qui ne sert pas à répondre à la question est donc mis de côté. En effet, vous ne pouvez pas montrer « toute votre science » dans votre article (vous ne pouvez pas être exhaustif), par contre vous pouvez montrer votre capacité à argumenter précisément.

      Votre question doit :

      – Se référer explicitement à votre terrain/corpus, car votre démonstration s’appuiera sur vos données (sinon, ce ne sont que des généralités).
      – Pouvoir être élucidée de façon convaincante et documentée en peu de pages.
      – Contribuer, même modestement, à susciter un débat (dans lequel vous prendrez position clairement). S’il n’y a pas de débat, c’est que vous êtes trop descriptif. Une astuce : lisez d’autres articles sur le sujet, et demandez-vous comment vous positionner par rapport à eux (qu’auriez-vous à leur répondre ?) cela vous aidera à être moins descriptif et plus dans l’analyse.

      Attention au lecteur !

      Rendez la lecture facile et agréable à votre lecteur : c’est aussi cela qui fait la qualité d’un article, qui, ne l’oublions pas, est un outil de communication et de diffusion.

      Employez un vocabulaire adéquat

      Qu’y a-t-il de plus frustrant que de lire un article qui serait susceptible de vous intéresser, mais dont vous ne comprenez pas un mot sur trois ? Évitez de faire vivre ça à votre lecteur. Commencez par vous renseigner sur le type de lecteur auquel est destinée la revue en question. En effet, si c’est une revue assez généraliste, ou transdisciplinaire, vous n’emploierez pas le même vocabulaire que si c’est une revue très pointue de votre discipline.

      Derrière cela se cache la question : que connaît déjà le lecteur, qu’est-ce qu’il ignore (on entend ici le lecteur au sens large, pas seulement le comité de publication) ? Un lectorat restreint et expert pourra accepter que vous fassiez l’économie de l’explication des termes de base de votre discipline, bien sûr. Mais pour un lectorat plus large (ce qui est souvent le cas), vous devrez expliquer les grands termes nécessaires à la compréhension de votre article dès l’introduction ; même des termes qui vous paraissent simples à vous devront être définis. Ensuite, et dans tous les cas de figure, si un terme technique apparaît au long de l’article, expliquez-le. Soyez pédagogue.

      Ménagez une progression logique

      Votre article doit être fluide, avoir un certain sens du récit pour maintenir l’attention du lecteur. Le respect de ces quelques principes peut vous y aider :

      – Introduisez un seul élément nouveau à la fois ; n’expliquez pas un concept à l’aide d’un autre concept pour la compréhension duquel on doit maîtriser un troisième concept… choisissez une notion, expliquez la , décrivez les phénomènes qui lui sont attachés avant de passer à « autre chose » : et cette autre chose doit venir renforcer la compréhension de qui a été dit auparavant.
      – Notre cerveau est fait pour comprendre ce qui s’inscrit dans une temporalité (d’abord il y a ceci, et ensuite vient cela, puis cela finit comme ça) ; ne l’oubliez pas au moment de rédiger, car cela introduira une forme de narration. Vous pouvez décrire des phénomènes selon leur déroulement dans le temps, mais vous pouvez aussi décrire des raisonnements dans leur développement progressif : on peut penser telle chose, cependant, on observe ensuite qu’il se passe telle autre chose, et c’est cela qui nous amène à la conclusion X ou Y.
      – Énoncez les problèmes de façon claire, le lecteur doit avancer en terrain connu : par exemple, posez une question à la fin d’un paragraphe ; on sait ensuite que dans les prochains paragraphes, on se consacrera à répondre à cette question. Écrivez vos hypothèses, et comment vous allez les vérifier. Votre lecteur doit pouvoir vous suivre pas à pas. Il se perdra s’il a l’impression de ne pas savoir où vous allez. Et n’oubliez pas de mettre de nombreux exemples !

      Soignez la forme

      – Aérez votre texte en introduisant un nouveau paragraphe à chaque étape du raisonnement (évitez donc les looongs paragraphes qui durent deux pages et sont vraiment décourageants).
      – Synthétisez régulièrement votre propos, à la fin de chaque section et sous-section notamment.
      – Employez des mots qui réveillent l’attention du lecteur et qui vous amènent à faire un petit point d’étape : en résumé, en conclusion, en bref…
      – Attirez l’attention du lecteur sur les points importants du raisonnement (cela vous aidera vous-même à les identifier !) en employant parfois des tournures comme : de façon significative, plus important encore, néanmoins, particulièrement…

      Dans le Guide Pratique de Rédaction Scientifique, de Jean-Luc Lebrun , vous trouverez de nombreux trucs et de grands principes pour écrire un texte scientifique de qualité et agréable à lire.

      Soyez prévoyant, car écrire un article prend beaucoup de temps et d’énergie !

      Comment cela s’est-il passé pour vous ? Avez-vous déjà écrit des articles, était-ce facile ou difficile, gratifiant ou laborieux ? Vous pouvez témoigner en commentaire !

      http://reussirsathese.com/comment-ecrire-un-bon-article-pour-une-revue-scientifique

  • L’Europe forteresse Étude sur le durcissement de la politique de délivrance des visas Schengen, ses conséquences et ses victimes

    « La seule frontière que trace l’Union européenne est celle de la démocratie et des droits de l’Homme ». C’est ce que disait la déclaration du sommet européen de #Laeken, en 2001, portant sur « l’avenir de l’Union européenne ». Aujourd’hui, moins de deux décennies après, ces mots résonnent comme une insulte, tellement la réalité est différente. Les #frontières sont plus que jamais de retour un peu partout, mais surtout entre l’Europe et son voisinage sud. Et la méditerranée est devenue « le plus grand cimetière du monde »[1], tant elle regorge de cadavres de migrants ayant tenté d’en faire la traversée, sans visa.

    https://ftdes.net/leurope-forteresse-etude-sur-le-durcissement-de-la-politique-de-delivrance-de
    #visa #visas_Schengen #visas #Europe #fermeture_des_frontières #Méditerranée #externalisation #Tunisie #rapport #FTDES #morts_en_mer #mourir_en_mer

    ping @isskein @_kg_ @karine4

  • #liste de contributeur·trices seenthis qui traitent spécifiquement de la question #covid-19 et #migrations :

    – un Fil CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS #Monde :
    @thomas_lacroix
    – un Fil CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS #Afrique :
    @ceped_migrinter_afrique
    – un Fil CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS #Moyen-Orient :
    @tony_rublon
    – un Fil CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS #Balkans :
    @luciebacon
    – un fil CEPED - MIGRINTER - IC MIGRATIONS - #Asie_de_l’Est (#Chine, #Japon, #Corée_du_Nord et #Corée_du_Sud, #Mongolie) :
    @zhipeng_li
    – un fil CEPED - MIGRINTER - IC MIGRATIONS - #santé :
    @veronique_petit

    – Groupe pluridisciplinaire de recherche sur les #Mineurs_Non_Accompagnés (#MNA) - Institut Convergences Migration :
    @mina_93

    Plus sur les fils de discussion de l’#Institut_convergences_migrations :
    http://icmigrations.fr/2020/03/30/covid-19-et-migrations

    #coronavirus #asile #réfugiés

    ping @isskein @_kg_

  • La politique des putes

    Océan réalise, avec « La #Politique_des_putes », une enquête en immersion dans laquelle il tend le micro à des travailleuses·rs du sexe. Elles disent le stigmate, la marginalisation, la précarité, les violences systémiques mais aussi les ressources et l’empowerment. Pour elles, l’intime est résistance. Dix épisodes de 30 mn pour briser les préjugés.



    La Politique des putes (1/10) - Travailler
    La Politique des putes (2/10) - Stigmatiser
    La Politique des putes (3/10) - Militer
    La Politique des putes (4/10) - Choisir
    La Politique des putes (5/10) - Désirer
    La Politique des putes (6/10) - Migrer
    La Politique des putes (7/10) - Soigner
    La Politique des putes (8/10) - S’échapper
    La Politique des putes (9/10) - Agir
    La Politique des putes (10/10) - Construire

    http://www.nouvellesecoutes.fr/podcasts/intime-politique

    #sex_work #prostitution #patriarchy #capitalism #feminism #wage_labor #whorephobe #whorephobia #pimping #stigma #bias #prejudice #stigmatization #discrimination #systemic_violence #instiutional_violence #heterosexual_concept #sexual_education #normalisation #abolotionism #black_and_white #subventions #decriminalisation #penalty #laws #rights #transphobia #domination #marginalisation #vulnerability #invisbility #undocumented #isolation #fear #police_harassment #physical_violence #rape #precarity #affirmation #empowerment #dignity #trust #solidarity #network #community #choice #perception #society #associations #seropositive #access_to_healthcare #suicidal_thought #debt #menace #voodoo #exploitation #trafficking #migration #borders #family_pressure #clients_image #mudered #testimony #interview #podcast #audio #France #Paris

    “sex work is not dirty - dirty are all the representations about sex work” (La politique des putes 7/10, min 7).

  • Migrants in detention center go on hunger strike in fear of coronavirus

    Migrants at a holding facility near #Tunis have been on a hunger strike since April 6 to protest their continuing detention and mistreatment as well as the absence of coronavirus infection prevention measures.

    To date, there are 780 confirmed cases of the coronavirus and 35 deaths among the civilian population, while no cases have been recorded among the prison population.

    Tunisia has been in a state of total confinement with a nightly curfew since March 21 as part of efforts to stem the spread of the virus. On March 31, President Kais Saied released 1,420 prisoners in order to reduce the spread.

    Meanwhile, calls from human rights organizations to release prisoners have increased. United Nations High Commissioner for Human Rights Michelle Bachelet called on March 25 for “relevant authorities to work quickly to reduce the number of people in detention.” Similar appeals by the World Health Organization, the International Organization for Migration and the United Nations High Commissioner for Refugees followed.

    But despite these calls, migrants held in detention centers in Tunisia have not been allowed to return to their homes or other accommodations where they can quarantine safely.

    Distressed migrant detainees held at el-Ouardia Reception and Orientation Center began their hunger strike April 6. They reached out to Al-Monitor to express their frustration that authorities had done nothing to improve their situation to keep them safe from the coronavirus. The detention facility, which lies on the outskirts of Tunis, is the subject of a damning report published Dec. 16, 2019, by the Tunisian Forum for Economic and Social Rights (FTDES). The report outlined a badly run facility where migrants are detained without charge in unsanitary conditions, given meager food rations, and subjected to aggressive interrogation, nightly lock-ins and regularly forced deportations.

    Rajabu Kilamuna, a human rights activist originally from the Democratic Republic of Congo, has been living in Tunisia for the past seven years under asylum seeker status. However, on Feb. 14, 2020, a senior immigration official came to his house to take him to el-Ouardia. Kilamuna told Al-Monitor he was denied access to a lawyer, had his phone taken from him and initially was unable to make contact with the outside world until last week when he had access to a phone. “I told them that I knew my rights and they didn’t even allow me to call my mother or a lawyer,” he said.

    Kilamuna founded the association Migrants sans Frontieres (Migrants without Borders) to help foreign nationals facing difficulties in a variety of issues such as opening bank accounts, setting up businesses or applying for asylum seeker status in Tunisia. Now he finds himself in limbo, unable to proceed with appealing his case and unable to return to his apartment in Tunis where he could sit out confinement in peace.

    Kilamuna said that, over and above the dirt and discomfort of the center, he and his fellow detainees are frightened of the virus spreading. “We have demanded the authorities [give us] a protection plan from COVID-19, but there is no plan. They bring people directly from the airport or from the prisons without testing.”

    He continued, “There are only two bathrooms between some 60+ detainees, several toilets do not work and we get only one piece of soap issued once a fortnight between three to four people. The mattresses are old and they smell, the bedding has not been changed in a long time and we are getting bitten by bugs.”

    He appealed, “We are asking for our rights to be released; we are no longer accepting to be caged like we are in a zoo.” He also expressed concern that there are also six women amongst their group and one teenage boy. “We are afraid for this teenager living where adults are living.”

    One of the six women detained at el-Ouardia spoke on the condition of anonymity to Al-Monitor. “We want to leave here. There is no water. There is nothing here to protect us. There is no heating; it is very cold at night and everybody is sick here. Where are human rights and women’s rights here in Tunisia?”

    Another detainee, Kwame Kofi Stephane, from Cote D’Ivoire, served a four-month sentence in Mornaguia Prison for overstaying his visa. At the end of his prison sentence, he was transferred to el-Ouardia. “I came here to work and earn money, but I was arrested for overstaying my visa and served four months and two weeks before they transferred me to el-Ouardia,” he told Al-Monitor.

    “People are starting to get sick. They are coughing. They go to the clinic [where medical personnel] only take someone’s temperature; they are not testing for COVID-19. They are not given medication, just a mask.” He said he is “very annoyed” about overcrowding and the lack of response from authorities.

    Both Kofi Stephane and Kilamuna describe racist verbal abuse and a culture of financial exploitation of the detainees by el-Ouardia staff. Kofi Stephane said, “The guards offer to buy things from the shop like biscuits or yogurt, but they will ask for five times the normal price to go buy it. They are making a business out of me.”

    Kilamuna reinforced this, saying, “They come to me saying, ‘Hey, Mr. Rajabu, give me 10 dinars, give me 20 dinars and I will give you your phone back.’”

    FTDES spokesperson Romdhane Ben Amor told Al-Monitor that there were high-level meetings on April 7 and 10 between the ministries of Interior, Social Affairs, and Human Rights and Transitional Justice, the Ministry for Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society, as well as representatives from civil society — but no promise of action was given, he said.

    On April 10, the FTDES published a communique signed by 34 Tunisian civil society organizations and 23 members of parliament demanding the release of detained migrants.

    That same day, those taking part in the hunger strike in el-Ouardia moved from the dormitories to the central courtyard. Al-Monitor has seen videos of police talking with detainees, and Kilamuna reported that although not aggressive, the policeman said those sleeping outside would be taken to prison if they did not return the beds to the dormitories.

    Kofi Stephane is also very concerned about the health of those participating in the hunger strike. “Some people are very weak; they cannot even go outside,” he said.

    The pandemic is shining a stern light on the issue of migrant detention in North Africa. Executive director of the Global Detention Project Michael Flynn told Al-Monitor that “there is considerable pressure by Europe on North African states to stop and halt migrant/refugee movement [toward Europe].”

    Author of the FTDES report Amal el-Makki told Al-Monitor that Tunisia has created a clear policy on migrants and immigration. Regarding el-Ouardia, she said, “There is a lack of clarity around the legal framework that regulates el-Ouardia and its activity. There’s little published legal or regulatory text related to the founding of the center.”

    She added, “For detained migrants, the risk of infection with COVID-19 is greater when there are no preventative measures. And when authorities continue bringing in new groups of immigrants, social distancing is impossible.”

    Flynn said governments “that take these people into custody are responsible for them. It is not just about just releasing [them], but finding a solution where they can be taken care of, where they can do social distancing.”

    As the fifth week of confinement in Tunisia begins, Flynn warned, “I think there is a disaster waiting to happen, and I think they need to find a solution.”

    Minister of Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society Ayechi Hammami said that of the 53 migrant detainees, the Moroccan government is arranging for the 22 Moroccans detained at el-Ouardia to be repatriated. For those of sub-Saharan origin, there is still no concrete solution.

    Al-Monitor pressed the minister about the status of those migrants who have persistent coughs, and he said, “It is true. There is a lack of testing in Tunisia for COVID-19; there is a doctor in the clinic of el-Ouardia, and it is he who decides to test or not to test.” Spokesperson for FTDES Romdhane Ben Amor said, “Officially there are no cases of COVID-19, but the clinic at el-Ouardia doesn’t have the capacity to test for COVID-19.”

    https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2020/04/tunisia-migrants-detention-lack-protection-coronavirus.html
    #rétention #détention_administrative #asile #migrations #réfugiés #coronavirus #covid-19 #grève_de_la_faim #résistance #Tunisie

    ping @_kg_ @thomas_lacroix @isskein

    Ajouté à la métaliste rétention et coronavirus :
    https://seenthis.net/messages/835410

    • Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’#El_Wardiya

      CRIMINALISATION DE LA SOLIDARITE

      Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’El Wardiya

      Rajabu est fondateur et coordinateur de l’association Migrants sans frontières. Migrants sans frontières est une association de défense des Droits de l’Homme, à caractère humanitaire, qui mène des activités en coopération avec divers partenaires (Tunisie terre d’asile, l’OIM, le HCR, le Conseil tunisien pour les réfugiés, l’Instance tunisienne de Lutte contre la Traite, l’Institut Arabe des Droits de l’homme, l’ALDA, M’nemti, l’Observatoire international des Droits de l’Homme, l’AESAT, Euromed droits …). L’association promeut la liberté de circulation des personnes et agit dans plusieurs domaines pour venir en aide aux personnes migrantes, entre autres : aide médicale, lutte contre l’exploitation au travail, soutien à des micro-projets pour encourager l’autonomisation des migrant.es, lutte contre la traite, soutien juridique aux personnes migrantes et informations concernant leurs droits en Tunisie, accompagnement de la demande d’asile, reconstitutions des liens familiaux, etc… Une partie importante de son travail concerne la défense des personnes migrantes arrêtées de manière arbitraire et/ou envoyées dans des centres de rétention tels que El Wardiya.

      Wardiya est dans son appellation officielle un centre “de réception et d’orientation”, situé dans la banlieue de Tunis à Ben Arous dans l’enceinte du camp paramilitaire de la Garde Nationale où sont enfermées les personnes étrangères de différentes nationalités, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et considérées comme étant en situation « irrégulière » sur le territoire tunisien. Les personnes étrangères sont généralement appréhendées à l’occasion d’arrestations arbitraires et au faciès. Une fois au centre de Wardiya, elles risquent l’expulsion à la frontière algérienne. La seule manière d’échapper à ce traitement pour les personnes étrangères est de régler leurs pénalités pour séjour irrégulier et de payer elles-mêmes leur billet d’avion pour rentrer dans leur pays d’origine. Si elles acceptent l’offre de retour « volontaire » de l’OIM, les pénalités sont annulées et le billet d’avion pris en charge par l’organisation.

      Concernant ces personnes migrantes enfermées à El Wardia, le soutien apporté par Rajabu consistait principalement à les mettre en contact avec leurs ambassades, des avocat.e.s, des instances juridiques ou encore des organisations de défense des Droits de l’Homme. Il se chargeait également de faire pression sur le HCR pour que l’organisation examine les demandes d’asile déposées depuis le centre. Car dans la plupart des cas, les demandes ne sont examinées que si elles sont transmises par la Police des frontières, qui bien souvent, fait obstacle à ces demandes. Aussi le travail de Rajabu était-il indispensable pour que les potentiels demandeurs d’asile enfermés à El Wardiya puissent malgré tout avoir accès au HCR. Selon lui, il arrive fréquemment que des demandeurs d’asile soient expulsés sans aucun examen préalable de leur demande d’asile.

      Impliqué dans la défense des personnes migrantes enfermées à EL Wardiya, en décembre 2019, Rajabu a assisté à une conférence organisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), lors de laquelle ce sujet devait être évoqué. A cette occasion, la journaliste Amal El Mekki a pris la parole pour présenter les recherches qu’elles avaient menées sur le centre d’El Wardiya. Elle évoquait le statut juridique très flou de ce centre, les mauvaises conditions de rétention, les expulsions sauvages à la frontière algérienne et les pressions psychologiques pour que les migrants acceptent le retour « volontaire » de l’OIM. A la fin de la présentation de la journaliste, Rajabu était intervenu pour appuyer ses propos et présenter brièvement le travail de son association.

      Le 14 février 2020, Rajabu a été arrêté par la Police de la frontière tunisienne, à proximité de son bureau. Cela fait maintenant deux mois qu’il est enfermé dans le centre d’El Wardiya et il n’a encore reçu aucun motif clair pouvant justifier son arrestation, n’a fait l’objet d’aucune plainte, n’a jamais été conduit au Parquet, ni devant le Procureur de la République. Migrant lui-même en Tunisie depuis 7 ans et demandeur d’asile, il est titulaire d’un titre de séjour provisoire et d’un permis de travail. Il déclare avoir toutes les autorisations nécessaires concernant les activités de son association.

      D’après lui, une seule chose a pu motiver son arrestation : le fait qu’il constituait un témoin gênant et un potentiel obstacle au déroulement des expulsions sauvages depuis le centre d’El Wardiya. Ayant œuvré à la libération de nombreuses personnes (notamment en transmettant leur demande d’asile au HCR), il était selon lui vu comme étant un « bâton dans les roues » de l’administration. Dans le centre, les policiers l’accusent régulièrement d’être une menace à la sécurité nationale, sans lui préciser en quoi.

      Lorsqu’il a été emmené dans le centre d’El Wardiya, Rajabu a immédiatement été isolé seul dans une chambre et privé de téléphone pour l’empêcher de communiquer avec l’extérieur. Alors qu’il est blessé au niveau de la colonne vertébrale, qu’il souffre d’hémorroïdes aiguës et a besoin de changer ses lunettes pharmaceutiques, la Police de la Frontière et la Garde Nationale lui interdisent depuis son arrivée l’accès à des soins à l’hôpital. Malgré les tentatives d’isolement, Rajabu a réussi à se procurer des téléphones auprès de ses camarades pour alerter les Organisations des Droits de l’Homme sur sa situation.

      Rajabu est dans l’incertitude concernant son sort et en insécurité permanente. Depuis son arrivée dans le centre, il est régulièrement menacé d’expulsion. Il a répété plusieurs fois à la Police qu’il craignait des persécutions pour sa vie en cas de retour dans son pays d’origine en sa qualité de réfugié politique. La Police lui a alors dit qu’il n’avait qu’à aller dans un autre pays africain comme le Sénégal ou le Maroc.

      Le 18 février 2020, il a tenté de déposer une demande d’asile depuis le centre d’El Wardiya, à laquelle il a joint les demandes de 23 autres personnes migrantes enfermées avec lui, qui n’avaient pas encore pu avoir accès au HCR jusqu’alors. Malgré cette demande de protection, la Police de la Frontière a expulsé 6 d’entre elles, de nationalité guinéenne, à la frontière algérienne (lesquelles ont ensuite été expulsées au Niger par les autorités algériennes). Avant même que Rajabu ait passé son entretien avec un officier de protection du HCR, les policiers sont allés chercher son passeport dans son bureau en vue de son expulsion. Après celle des personnes guinéennes, Rajabu a assisté à deux autres expulsions. La première concernait 9 personnes, qui toutes sont retournées en Tunisie avant d’être à nouveau arrêtées par la police tunisienne et reconduites à El Wardiya. La seconde expulsion concernait 5 personnes dont 4 mineurs, lesquels, suite à la médiatisation de leur situation et aux pressions de la société civile, ont pu finalement être libérés et reconduits à Tunis pour le dépôt d’une demande d’asile auprès du HCR.

      Concernant les conditions dans le centre, Rajabu les décrit comme très difficiles. Ils sont environ 60 à y être enfermés dont 6 femmes. Les mesures préventives contre le COVID 19 ne sont pas respectées selon les normes de l’OMS. Les conditions sanitaires sont déplorables, avec seulement deux douches qui sont très sales. Ils reçoivent trois repas par jours mais les quantités sont insuffisantes et l’eau potable manque. Dans le réfectoire, il n’y a que 6 chaises pour tout le monde. Il n’y a qu’une prise de courant pour recharger les téléphones de l’ensemble des personnes enfermées.

      Depuis le lundi 6 avril, les personnes détenues à Wardiya sont en lutte. Certaines ont commencé une grève de la faim pour protester contre leur situation, ne buvant qu’un peu d’eau sucrée et salée. Depuis le jeudi 10 avril, ces personnes, ne recevant aucune suite favorable à leurs doléances, refusent de se laisser parquer dans les dortoirs la nuit (dont les portes sont fermées par des barres métalliques avec cadenas et sans lumière à l’intérieur) et ont sorti tous les matelas dehors. L’administration du centre a alors dressé une liste des contestataires et depuis le début du mouvement, leur fait subir diverses pressions.

      Rajabu a réussi à alerter plusieurs organisations sur sa situation, notamment le FTDES, Amnesty International, l’Organisation M’nemti, l’Observatoire International des Droits de l’homme, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, la Ligue Tunisienne des Droits de l’homme, l’Organisation mondiale contre la torture… Il est également soutenu par des personnalités politiques, des avocat.es, divers médias ainsi que des journalistes indépendant.e.s. En revanche, aucun de ses partenaires n’ont répondu à ses appels à l’aide (OIM, ALDA, Tunisie terre d’asile, EUROMED…).

      Alors que pendant des années, il s’en est fait le défenseur et le porte-parole, le sort qu’il subit actuellement est celui de toutes les personnes en exil qui se heurtent à la violence des politiques migratoires !

      La criminalisation de ses activités solidaires avec les personnes migrantes et les tentatives de réduction au silence dont il fait l’objet sont inacceptables !

      Stop à la criminalisation de la solidarité et à l’enferment des migrant.es !

      https://ftdes.net/temoignage-de-rajabu-kilamuna-de-lassociation-migrants-sans-frontieres-enferm

    • Communiqué

      Centre #El_Ouardia, des personnes migrantes privées de leur liberté sans garanties judiciaires

      Tunis le 30 avril 2020,
      Sous l’appellation officielle et neutre de « centre d’accueil et d’orientation », le centre de El Ouardia est bel est bien un centre de rétention pour personnes migrantes, bien que son statut juridique soit pour le moins incertain.
      Préoccupées par des récents mouvements de protestation de la part des migrants détenus qui ont éclatés en pleine pandémie, les organisations signataires ont souhaité demander des explications aux autorités compétentes sur la nature et le fondement juridique de la détention dans ce centre.
      Ainsi, un courrier officiel a été adressé au gouvernement tunisien et au conseil supérieur de la magistrature, en date du 28 avril 2020
      D’après les informations récoltées, le centre accueillerait actuellement plusieurs dizaines de personnes migrantes, bien que ce nombre varie continuellement avec des libérations et de nouveaux placements en détention, en dépit du risque sanitaire lié au COVID-19. Toutes les personnes détenues ont en commun d’être de nationalité étrangère et d’ignorer le fondement juridique de leur détention. Certaines personnes migrantes seraient détenues à El Ouardia pour absence de titre de séjour, tandis que d’autres auraient fait l’objet d’une condamnation pénale. Le fondement juridique de la privation de liberté reste à éclaircir, qu’il s’agisse de rétention administrative ou de détention.
      L’opacité qui entoure ce centre et le manque d’informations fournies aux détenu.e.s sur leur situation juridique depuis toujours fait craindre que nous soyons face à des cas de détention arbitraire systématique, allant à l’encontre de la constitution tunisienne et de ses engagements internationaux.
      Aussi, les organisations signataires ont demandé officiellement aux autorités concernées de clarifier instamment les fondements juridiques de la privation de liberté des personnes détenues à El Ouardia et de prendre toute mesure à même de faire cesser cette détention s’il est établi qu’elle est dénuée de fondement juridique et par conséquent arbitraire. Les organisations ont en outre appelé les autorités juridictionnelles à exercer un contrôle prompt et efficace sur la légalité de ces détentions. .
      La situation est d’autant plus urgente pour les détenu.e.s en cette période de crise sanitaire provoquée par la propagation du COVID-19. Le risque sanitaire est en effet plus important dans les centres de détention où les gestes barrières et la distanciation sociale ne peuvent pas être observés aussi aisément qu’à l’extérieur. Ce risque pourrait s’accroitre avec l’arrivée de nouveaux détenus, d’où l’urgence de clarifier le statut juridique de ce centre et des personnes qui y sont privées de liberté.

      Les organisations signataires :

      Avocats Sans Frontières (ASF)
      Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES)
      Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT)
      Tunisie Terre d’asile
      Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
      Association Beity
      Damj

      L’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD) Association de défense des libertés individuelles (ADLI)

      Le Comité pour le respect des libertés et les droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT)

      Association By Lahwem ?

      L’Association « Vigilance pour la Démocratie et l’État Civique

      Communiqué reçu via la mailing-list Migreurop, le 30.04.2020

  • #Etudiants_confinés : « Certains confient ne pas avoir mangé depuis deux ou trois jours »

    Depuis le début du confinement, un collectif bordelais a distribué plus de 700 colis à des étudiants précaires coincés sur le campus et affamés par la fermeture des restos U.

    Quand on est un grand gaillard de 1,87 mètre enfermé depuis trois semaines dans un logement du #Crous de 9m2, la notion de #confinement prend une tout autre dimension. Pour se brosser les dents, attraper un sachet de pâtes ou travailler à son bureau, Abdessamad, 25 ans, a seulement deux options : pivoter sur lui-même ou tendre le bras. L’étudiant en ingénierie des risques économiques et financiers à l’université de Bordeaux ne se plaint pas. Il a l’habitude. D’origine marocaine, il vit depuis deux ans sur le campus. Ce qui le stresse, surtout, c’est d’attraper le #Covid-19. Alors, tous les jours, il désinfecte à l’eau de Javel le sol, son bureau, les poignées… Mais plus encore que le virus, Abdessamad a peur de ne pas pouvoir manger à sa faim. « J’avais un petit job étudiant. J’ai dû tout arrêter. Là, je suis à découvert depuis une dizaine de jours. Je ne sais pas trop comment je vais faire », soupire-t-il. Il explique « ne pas chercher à manger équilibré », mais plutôt à se « remplir le bide pour pas cher ».
    « Solidarité »

    Comme lui, environ 3 500 étudiants sont restés confinés dans le campus de Bordeaux. Dans cette zone périurbaine désormais quasi déserte, on repère aisément leurs silhouettes. De temps à autre, au milieu du silence, ils passent une tête à travers les seules fenêtres restées ouvertes. La plupart sont des étrangers ou des ultramarins qui n’ont pas pu rentrer chez eux. Les plus fragiles s’enfoncent dans la précarité car ils ont perdu leur job d’appoint ou parce que leurs parents, eux-mêmes en difficulté, ne peuvent plus les soutenir. Il y a ceux aussi qui sont rupture familiale. Tous subissent de plein fouet la fermeture des restaurants universitaires, cafétérias et associations étudiantes.

    C’est le cas d’Imarou, un Nigérian de 22 ans d’allure fluette qui étudie l’électronique : « Jusque-là, je m’en sortais plutôt bien. Les repas sont copieux et pas chers dans les restos U. Mais depuis que tout a fermé, je suis sur le fil. Je me rationne pour tenir sur la durée. » Ce « régime forcé » lui a déjà valu de perdre deux kilos depuis la mi-mars.

    Marqués par « leur #détresse », une quinzaine de doctorants, d’étudiants et d’enseignants - un noyau dur de militants contre la réforme des retraites - ont monté un collectif citoyen baptisé « Solidarité : #continuité_alimentaire Bordeaux ». Depuis le 18 mars, ces bénévoles se relaient chaque jour pour préparer des « colis de survie » dans un local prêté par l’université. « Dès le début, on a diffusé un formulaire de contact sur les réseaux sociaux. On a aussi posé des affiches pour connaître leurs besoins. Certains étudiants nous ont carrément confié ne pas avoir mangé depuis deux ou trois jours », soupire Jean (1), doctorant en philosophie.
    A l’intérieur des sacs distribués gratuitement, des féculents, des conserves, des produits d’hygiène… De quoi tenir au moins une bonne semaine. « On respecte un protocole sanitaire ultrastrict », indique Natacha, étudiante en philo. En vingt jours, plus de 900 requêtes ont été recensées sur le campus et 700 paquets livrés. « Par contre, on ne peut pas mettre de produits frais, c’est trop compliqué à gérer », poursuit la jeune femme.

    « Folie »

    Le collectif, qui réclame le gel des #loyers pour ce public fragile, enregistre environ 40 à 50 demandes par jour. « C’est la folie ! Et la preuve qu’il faut agir sans tarder », alerte Jean. Il précise que « l’initiative a aussi séduit des collectifs lyonnais et parisiens désireux de mettre en place le même système ». A Bordeaux, pour tout financer, une #cagnotte en ligne a été lancée. Elle comptabilise à ce jour environ 45 000 euros de dons. « Le problème, c’est que les fonds sont bloqués le temps que la plateforme vérifie les justificatifs. On a dû avancer 20 000 euros de notre poche et on arrive à court de marchandises », se désolent les bénévoles, qui craignent de ne plus pouvoir assurer leurs livraisons quotidiennes.

    « Ce qu’on aurait aimé, c’est plus de réactivité. De la part du Crous notamment », raille l’une des membres du collectif. « Nous assurons la continuité de nos services, répond Anie Bellance, responsable du service social du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires à Bordeaux. Il a fallu toutefois les renforcer durant cette période, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain. La temporalité n’est pas la même entre un collectif et une administration… Nous avons dû attendre les directives de l’Etat. » Des distributions alimentaires ont désormais lieu deux fois par semaine, sur présentation de la carte étudiante, grâce au soutien de la Banque alimentaire, de la chambre d’agriculture, de la mairie et de l’université de Bordeaux. Des points de vente sont également prévus. Pour l’heure, 500 étudiants ont été identifiés et bénéficient de cette aide. « Ce chiffre devrait croître. La principale difficulté est de les capter et de les informer. Jusque-là, beaucoup étaient inconnus de nos services », souligne Anie Bellance.

    https://www.liberation.fr/amphtml/france/2020/04/07/etudiants-confines-certains-confient-ne-pas-avoir-mange-depuis-deux-ou-tr
    #confinement #faim #étudiants #France #précarité #précarité_étudiante #étudiants_étrangers #coronavirus

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    Appel du Collectif « Solidarité : Continuité Alimentaire Bordeaux »
    http://www.club-presse-bordeaux.fr/communiques/appel-collectif-solidarite-continuite-alimentaire-bordeaux

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    En lien avec la maudite #continuité_pédagogique :
    https://seenthis.net/messages/831759

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    Ajouté sur la métaliste coronavirus et faim :
    https://seenthis.net/messages/838565

    ping @_kg_ @karine4

    • « Etre confiné avec des #cafards, c’est terrible » : à #Villeneuve-d’Ascq, les étudiants à l’abandon

      Les étudiants les plus précaires du campus scientifique de l’#université_de_Lille sont logés dans des bâtiments insalubres. Sans ressources financières, ils sont dépendants de l’aide alimentaire fournie par des associations.

      Résidence universitaire Evariste-Galois, à Villeneuve-d’Ascq (Nord), troisième étage, bâtiment B. Vendredi 17 avril, l’heure du déjeuner s’annonce. Mohammed Hassan, 25 ans, étudiant en master de sciences de la santé, prépare son repas. Pas de quoi décourager le cafard en train de courir sur son plan de travail. Partager ses jours, ses nuits, son sommeil avec des blattes et des punaises de lit, c’est, depuis plus d’un mois, le quotidien de centaines d’étudiants logés dans des bâtiments insalubres du campus scientifique de l’université de Lille.

      Au sein de la métropole lilloise, ils sont 5 700 étudiants à passer la période de confinement dans un logement social étudiant. Ceux qui peuvent débourser 330 euros habitent les confortables studios de 18 m2 avec douche et coin cuisine dans l’une des élégantes résidences récemment sorties de terre ou tout juste rénovées. Ceux qui ont dû faire le choix d’un loyer plus modeste (162 euros) doivent supporter de vivre 24 heures sur 24 dans les chambres de 9 m2 des vieux bâtiments des résidences Bachelard, Camus et Galois.


      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/21/a-villeneuve-d-ascq-les-etudiants-a-l-abandon_6037293_3224.html
      #Lille #insalubrité
      #logement

    • Le Covid tue, la #précarité_étudiante affame

      Étudiant-es et membres du personnel de l’université Paris 8 Saint-Denis, militant-es à Solidaires étudiantes ou à RUSF pour certain-es, nous avons réalisé avec l’antenne Paris 8 du Secours Populaire une distribution de 100 colis alimentaires ce vendredi 17 avril à destination des étudiant-es de notre université. Nous allons continuer : en moins de 5 jours, nous avons reçu plus de 700 mails d’étudiant-es, ayant tou-tes des difficultés pour s’acheter de quoi manger et des demandes continuent d’affluer chaque jour depuis.

      Le confinement est un miroir grossissant de la précarité. Nous sommes mobilisé-es depuis novembre pour dénoncer les conséquences de la précarité étudiante. Aujourd’hui, nous sommes tou-tes dans une situation où il est impossible de fermer les yeux sur la gravité de la situation, en général et spécifiquement pour les étudiant-es de notre université. En effet, nous avons un très grand nombre d’étudiant-es étranger-es, sans-papiers, salarié-es, parents.

      Ne nous y trompons pas, nous le faisons car cela est nécessaire et non pas car nous trouvons cela normal. Il faut maintenant que les universités, les CROUS et les différentes institutions qui ne l’ont pas fait se saisissent réellement de cette urgence. Comment est-il envisageable qu’en 2020 des étudiant-es se rationnent pendant des semaines ou ne puissent plus manger ? Comment est-il possible que des personnes, en ces temps de confinement, craignent plus que tout les expulsions pour causes d’impayés alors qu’ils et elles habitent dans des logements insalubres ?

      Qu’en est-il de la continuité pédagogique quand près d’un-e étudiant-e sur 20 n’a même pas de quoi manger ? Au détour de cette aide alimentaire, les étudiant-es nous glissent quelques mots sur leurs situations. Nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui n’ont pas d’accès à un ordinateur, à une connexion internet, à un lieu calme pour travailler. Nombreux également sont les témoignages de détresse psychologique face à la situation exceptionnellement angoissante dans laquelle ils et elles se trouvent. Face à cela, nous l’affirmons, les rendus de devoirs et examens en ligne sont loin d’être une priorité voire même une possibilité pour elles et eux : comment travailler quand on a extrêmement faim ? La validation de cette année reste pourtant un enjeu vital pour les plus précaires, afin de garder leurs bourses et visas. Nous attendons des enseignant-es de notre université plus qu’un don ponctuel : il s’agit de prendre des mesures responsables et courageuses de validation, pour ne pas pénaliser encore plus celles et ceux qui vivent actuellement un enfer.

      De nombreuses autres initiatives de ce type fleurissent un peu partout à destination des étudiant-es (à Bordeaux, Paris, Lyon par exemple) et nous encourageons les personnes qui le peuvent à le mettre en place. Plus que jamais, la solidarité est nécessaire en cette période de confinement et le restera par la suite.

      Le Collectif Solidarité Etudiante Paris 8

      Communiqué reçu via la mailing-list Facs et labos en lutte, le 21.04.2020

    • « En résidence CROUS ou dans les palais de la République, les priorités ne sont pas les mêmes »

      Aujourd’hui, la Confinée Libérée donne à la parole à S., syndiquée à Solidaires Etudiant·es, assistante d’éducation (AED) dans un collège et étudiante en M2 de sciences politiques à l’Université Paris 8. Elle revient sur la précarité étudiante, en s’appuyant sur le récit et les analyses des mobilisations du mois de novembre suite à l’immolation d’un étudiant de Lyon II, jusqu’aux dernières initiatives qui ont émergé depuis le début de la crise sanitaire et du confinement, pour assurer la distribution de colis alimentaires aux étudiant·es.

      Je suis étudiante, mobilisée depuis longtemps et syndiquée depuis bientôt deux ans à Solidaires Etudiant·es. Je suis inscrite à l’Université Paris 8 depuis le début de mes études en sciences politiques, et c’est une fac que j’aime profondément. Les gens et les enseignements m’ont séduite, je n’ai pas voulu en changer pour la poursuite en master.

      Le militantisme politique puis syndical m’ont fait, bon gré mal gré, prendre conscience de l’importance dramatique de la précarité étudiante au fur et à mesure des mois. Il faut dire que Paris 8, comme le département dans lequel elle se situe, est une fac hors-norme. Ici, encore plus qu’ailleurs, nous avons des étudiant·es étrangèr·es, sans-papiers, salarié·es, parents, en reprise d’études et pour beaucoup précaires.

      Au mois de septembre je commence mon M2, la fin théorique de mes études tout en me questionnant sur l’éventualité de faire une thèse. Nous avons plein de projets pour le syndicat en local et en national. Je reprends le travail au collège du 18ème où je suis surveillante et je prévois d’aller voir ma meilleure amie qui fait un échange universitaire au Québec.

      Et là, le 8 novembre. Un étudiant tente de s’immoler devant le CROUS et c’est un camarade de Solidaires Etudiant-es. C’était un vendredi, une journée particulièrement chargée pour moi et je ne l’apprends qu’à 23h dans le métro à 23h, en lisant un article à gerber du Figaro qui questionne sa nationalité. Je me prends une sacré claque. Je le connais un peu, il m’a formé l’année passée et son image me revient en tête. On le savait qu’il y a des situations dramatiques, on en est conscient-e, mais on ne l’a jamais autant été.

      Le lendemain, nous avons notre premier week-end fédéral de formation non mixte. Je suis censée animer la première, à 9h, sur la prise de parole en public. Même si tout ça me paraît bien inutile, nous décidons quand même de maintenir et de voir avec des camarades de Lyon qui seront là. Le lendemain la fébrilité est palpable, nous sommes partagé·es entre la tristesse et la colère, l’inquiétude, le stress, l’envie de bien faire. On fait cette formation. Les mots qui sortent de ma bouche me paraissent prononcés par une autre. Je suis épuisée comme les autres, je n’ai presque pas dormi, j’ai réfléchi sans trouver de sens. Je donne des conseils qui me paraissent futiles, j’essaie de rester debout.

      Après cette formation, nous décidons un peu spontanément de devenir une cellule de gestion de crise. Le téléphone fédéral vibre sans arrêt, la presse cherche à nous contacter, d’autres syndicats aussi. Nous établissons dans l’urgence un plan d’action et nous tentons d’être efficaces tout en prenant soin les un-es des autres. Pendant deux jours, nous cherchons des chiffres, construisons notre argumentaire pour dénoncer la précarité qui l’a touché lui comme tant d’autres, le menant à commettre cet acte d’une insoutenable violence. Le mardi 12 nous décidons collectivement d’appeler tou·tes les étudiant·es, à se rassembler devant tous les CROUS de France, pour ne pas laisser ce drame devenir un fait divers. L’acte de notre camarade EST politique, il l’a exprimé, un des enjeux est de ne pas laisser des médias et des politiques personnaliser la chose par des explications psychologisantes et individuelles. Beaucoup d’étudiant-es crèvent de suicide avant de crever de faim. Nous voulons qu’on arrête de balayer cela d’un revers de la main, nous voulons plus de bourses, de logements, un meilleur accès à la santé, que tout-es puissent manger à leur faim. Nos exigences sont nombreuses mais la situation l’exige. Nous voulons qu’on nous entende, qu’on nous écoute et qu’on nous considère. Nous voulons qu’il ne soit plus possible de fermer les yeux sur les situations de précarité.

      Une fois cette mobilisation devenue nationale, quelles réponses avez-vous reçu des institutions comme le CROUS et le Ministère et des universités ?

      D’abord, un long silence des institutions. Nous apprenons que la ministre Frédérique Vidal est allée à Lyon II, la fac de notre camarade, voir la Présidence, en catimini, sans en informer quiconque, surtout pas les camarades sur place. De notre côté, après l’appel du directeur de cabinet du ministère le 9 novembre, plus aucune nouvelle.

      La première communication officielle arrive après le rassemblement national du 12, deux heures après que les grilles du ministère aient cédées face à la colère des étudiant·es. Le ministère reproche aux manifestant·es de Paris, mais aussi de Lyon et de Lille leur violence, les réactions disproportionnées, le manque de rationalité. Pour nous, la violence est dans l’ignorance des institutions, la violence c’est d’attendre tout ce temps pour une réaction publique. Nos camarades de Lille ne respectent pas la République à cause de quelques pages arrachées, à Paris nous entachons la politique pour une porte (grande soit) sortie de ses gonds. Et toujours rien qui est dit, les journaux font des reportages, même depuis l’étranger. Pendant ce temps, le ministère et le CROUS nous accablent d’un silence complice. L’Université de Lyon II rétorque ne pas avoir eu connaissance des problèmes financiers de notre camarade. C’est la foire aux excuses bidons, les officiels se cachent derrière des procédures administratives et un manque d’information, la ministre va rendre visite aux pingouins pour soutenir la recherche à l’autre bout du monde. Et nous nous efforçons de continuer à faire raisonner notre colère, la rendre entendable, qu’elle soit politique.

      Le 18 novembre, le ministère se décide à accueillir les syndicats étudiants représentatifs sur le sujet, et donc pas Solidaire Etudiant-es. Nous n’avons pas de sièges au CNESER donc nous ne méritons pas d’être entendu-es. Encore une fois, le mépris est crasse, l’ignorance blesse. Des militant·es d’autres organisations poussent en notre faveur et finalement, nous sommes reçu·es.

      Tout ça pour quoi ? Nous pensions que ce serait difficile et pourtant le ministère se surpasse, les annonces sont presque pires que le silence. Trois mesures d’urgence. Un numéro vert, qui mettra un mois et demi à être mis en place, pour finalement avoir au téléphone des opérateurs et opératrices (sans doute pas formé·es) qui nous renvoient vers les assistant·es social·es du CROUS. On nous propose également d’appliquer la trêve hivernale aux logements CROUS. Combien de tentatives de suicides le ministère attendra-t-il avant de transformer les baux locatifs du CROUS en baux de droit commun ? Le suspens est complet. Enfin, et là l’indécence prime, on nous propose un « renforcement du statut d’étudiant·es engagé·es ». On veut donc nous acheter. Les tenants de la démocratie représentative libérale pense qu’on fait ça pour nos carrières peut-être ? La colère exprimée dans nos rassemblements et prises de parole serait une tentative d’obtenir des aménagements de validation ? Au cas où le doute plannerait encore, nous ne sommes de toute évidence pas programmé·es de la même manière. L’agrément « solidarité » manque à leur algorithme. Pendant ce temps, les universités votent de banales motions en Conseil d’Administration, dénoncent avec des textes, nous offrent des mots et s’affranchissent des actions courageuses qui auraient du sens.

      Pour vous donc cette mobilisation contre la précarité s’enchaîne avec le mouvement social contre la réforme des retraites, puis vient ensuite s’articuler au mouvement contre la LPPR, plutôt porté par les enseignant·es-chercheur·es titulaires et précaires. Comment cette question de la précarité t’est-elle apparue comme transversale dans ces mobilisations ?

      Prendre en compte la question de la précarité, en partant d’un point de vue situé qu’on essaie d’élargir, c’est un tremplin pour remettre en cause le système dans son ensemble. Avec les témoignages qu’on a pu lire en amont et pendant le mouvement des retraites, la société se précarise. Les vieux et vieilles ont faim et sont obligées de distribuer des pubs dans les boîtes aux lettres avec leurs dos courbés, des travailleur·euses sont contraintes de dormir dans leur voiture et de multiplier les boulots, des étudiant·es squattent des canaps et se contentent d’un repas par jour. Bien sûr que la précarité est transversale, la concentration des richesses s’accroît au niveau international. Comme souvent, je vais te répondre que le problème est le système qui nous fait miroiter l’accumulation des richesses comme une fin en soi et donne à l’argent une valeur en propre. Quand on a un Président qui souhait que les jeunes projettent de devenir millionnaires comme objectif de vie, qui cela étonne encore qu’on laisse les délaissé·es du broyeur capitaliste de côté ?

      Après l’enjeu pour nous était de se joindre aux revendications interprofessionnelles tout en n’étouffant pas nos revendications spécifiques. Qu’on ne s’y méprenne pas, ce n’est pas un enjeu d’égo ou autre, mais une malheureuse habitude de voir vite balayer les demandes étudiant·es avec un effet d’annonce. Et puis, pour une fois qu’on parle de nous aussi comme des personnes entières, qui ont une vie hors de la fac, dont l’avenir n’est pas uniquement dicté par « l’insertion professionnelle à l’issue du diplôme » mais également par « comment je vais payer mon loyer ET mes courses alimentaires ce mois-ci ». Car on nous vante les aides sociales aux étudiant·es, mais on oublie de dire que l’augmentation des bourses n’est pas non plus indexée sur l’inflation, que l’échelon max des bourses n’est même pas 80e supérieur à la moyenne des loyers payés par les étudiant·es. On parle de mérite pour ne pas parler de reproduction. J’ai rien inventé, ça fait des années que les sociologues le disent, et c’est pas les « procédures spécifiques d’entrée à Science Po » pour les élèves de REP+ qui les feront mentir.

      L’enjeu aussi était de mettre en évidence une situation particulièrement inquiétante chez les étudiant·es précaires, pour lesquel·les on peut parler de réelle pauvreté. Car le terme de précaire a été repris à toutes les sauces et perdait à certains moments de son sens. Pendant les luttes contre la LPPR, on a vu des profs titulaires en poste depuis trente ans, nous faire des leçons sur ce qu’est la précarité. Je veux bien entendre que l’état de l’enseignement supérieur dans son ensemble est critique, mais faut pas exagérer non plus. On avait aussi un peu envie de leur répondre : « Qui êtes-vous pour donner des cours de fin de mois difficiles aux étudiant·es qui multiplient les taffs et comptent à l’euro près pendant leur courses et aux enseignant·es vacataires qui signent leur contrat 8 mois après la prise de poste et sont payé-es en dessous du SMIC avec autant de retard ? ». Le système est merdique mais le souci de précision est important pour ne pas tomber directement dans l’indécence.

      L’annonce du confinement intervient la semaine suivant la grande manifestation du 5 mars de l’enseignement supérieur et de la recherche. Où, quand et comment le confinement est venu vous cueillir, si on peut dire ?

      Cette période de mobilisation était pour nous assez chargée, on menait de front ces luttes interprofessionnelles, les luttes spécifiques à l’ESR et la préparation du congrès annuel de Solidaire Etudiant-es, qui est un temps fort de la fédération, où on discute de comment on va continuer à lutter et de nos priorités. Et en fait, c’est exactement là que l’annonce du confinement est venue nous cueillir. Nous hésitions à le maintenir, parce que ça faisait plusieurs semaines qu’on parlait des mesures d’hygiènes spécifiques, de l’achat de masques, de gants, de gel hydroalcoolique. On arrive le jeudi sur place, à Clermont-Ferrand et les débats se déroulent le vendredi, le samedi, le dimanche, entrecoupés des annonces gouvernementales. La crise prend de l’ampleur, on commence toutes et tous à s’inquiéter. On était censé s’arrêter le lundi après-midi. Finalement, dimanche nous mettons un terme au Congrès, en urgence après les annonces de la ministre des transports. L’idée était d’éviter que nous soyons bloqué·es pendant des semaines de confinement à Clermont-Ferrand.

      Pendant qu’on organisait nos changements de billets de train dans l’urgence, des nouvelles inquiétantes tombent pour les étudiant·es hébergé·es en résidences CROUS. Apparemment, ils et elles sont appelé·es à partir sous 72h, et sinon ? Rien n’est clair, tout le monde navigue à vue. Encore une cellule de crise qui se répartit en plusieurs pôles, on réagit aux annonces qu’on a, tout en étant comme beaucoup dans la crainte de la suite. On commence à sentir que le gros du boulot n’est pas passé. Cette situation exceptionnelle risque d’être également exceptionnellement dangereuses pour les étudiant·es déjà précaires. L’inquiétude grandit. Dans le train de retour à Paris, chacun·e y va de ses inquiétudes, les fous rires nerveux tentent péniblement de masquer la fatigue.

      Comment vous y réagissez en tant que syndicat ? Quelles sont les urgences que vous identifiez et comment vous arrivez à travailler en confinement ?

      Le lendemain, on se met au boulot avec l’objectif d’identifier au plus tôt les risques encourus par les étudiant·es. En terme de précarité en premier lieu : risques d’expulsion, perte de revenus (petits jobs, travail non déclaré, interim non renouvelé), risque en terme d’accès à la santé notamment. Et puis ensuite tout ce qui concerne la fameuse « continuité pédagogique » et les modalités de contrôle des connaissances, les fameuses annonces qui garantissent la valeur des diplômes vous voyez de quoi je parle ? Pendant que tout autour de nous à un arrière goût de fin du monde.

      Après deux grosses journées de boulot, on sort une longue lettre ouverte qui liste tous les problèmes urgents que l’on a identifié. On essaie de la publier un peu partout, de l’envoyer aux institutions concernées au niveau national avec la fédération. Ensuite arrive le moment du relai en local, on l’envoie sur nos listes : l’intersyndicale de l’université, les services centraux, les différents départements et UFR mais aussi bien entendu le CROUS (pour toutes les questions d’hébergement). Le boulot est énorme, la fatigue et le stress aussi. Encore une fois, c’est le fait d’être un collectif nous porte et nous aide à supporter tout le reste, tout en gardant les pieds sur terre quand le sol semble se dérober sous nos pieds. Le collectif permet aussi de s’appuyer sur les forces de chacun·es. Qui est meilleur·e en recherche de contact, en rédaction, en analyse de texte de loi ou en communication avec les instances.

      En local, on se dit que vu notre fac et la précarité déjà plus importante des étudiant·es qu’elle accueille qui est plus importante que la moyenne, les risques sont accrus. On tente de mettre en place des permanences téléphoniques, d’être en contact avec des profs qui nous font remonter des cas effarants. Les étudiant·es ont perdu leur taff du jour au lendemain, s’inquiètent pour elleux et leur famille. Tout semble exacerbé, comme passé sous une énorme loupe de la galère.

      Et puis cet appel qui marque un tournant. On fait le point avec une prof membre du Réseau Université Sans Frontière sur la fac, on discute des cas auxquels on se retrouve confronté lors de nos permanences téléphoniques ou par mail. Et là, cet étudiant étranger qui n’ose plus sortir à cause des problèmes de papiers et qui s’est mis en mode rationnement. C’est insoutenable encore une fois. On décide de faire quelque chose. En trois jours on lance une réunion, nous sommes cinq derrières nos ordinateurs et identifions les problèmes : la TUNE d’abord, enfin l’absence de tune plutôt, le manque de nourriture, les problèmes de santé (physique et mentale), les problèmes de loyer. On se sent à la fois impuissantes et dans l’incapacité de rester sans rien faire. Donc on trouve une idée : contacter l’antenne du Secours Pop sur la fac, avec qui on a déjà travaillé. D’abord, s’assurer qu’ils et elles puissent manger. Mettre en place une boîte mail, faire tourner l’appel auprès des étudiant·es et des profs qui servent de relais. En trois jours, c’est publié sur les réseaux sociaux et ça tourne dans les différents UFR. Lancement de l’appel un lundi à 19h, le mardi à 10h30 je me connecte et j’ai déjà 180 messages. Le sentiment d’urgence encore, je mets entre parenthèses le télétravail et j’y passe ma journée. Les mails continuent d’arriver. On met en place une première liste : cette première distribution, ce sera 100 colis permettant de tenir deux semaines qui seront distribués aux étudiant·es de l’université. On gère d’un côté les demandes et de l’autre on s’organise pour avoir des bénévoles : gérer les mails, aider sur place pour les distributions, aller livrer les personnes dans une totale impossibilité de se déplacer.

      Et puis, les problèmes de continuité pédagogique bien sûr. Mon énervement contre ces profs qui sont attaché·es à leurs ethos comme des moules à leur rocher. On présume que le confinement libère du temps, certain·es donnent plus de boulot du coup avec des « Profitez en pour avancer sur vos recherches ». Face à cela, des étudiant·es nous confient leur épuisement mental, leurs problèmes de réseaux, l’absence d’ordinateur. Des personnes qui composent des dossiers de dix pages sur leur portable et nous demande si nous pouvons les aider à recharger leur forfait 4G, de crainte de ne pouvoir valider leur année et donc de perdre leur bourse ou encore de ne pouvoir renouveler leur titre de séjour.

      Une année de la colère, qui n’est pas finie. Et cette interview de Frédérique Vidal dans le journal 20 minutes, qui romantise tout ça. Elle affirme que le confinement permet de développer un tout nouveau lien entre étudiant·es et professeur·es et que dans l’ensemble les problèmes d’accès aux outils de travail concernent une minorité. J’aimerais bien l’inviter dans notre boîte mail, lui montrer la réalité. Heureusement qu’elle préserve la valeur des diplômes. Pendant que certain·es essaient juste de survivre et de préserver leur santé physique et mentale. De toute évidence, en résidence CROUS ou dans les palais de la République, les priorités ne sont pas les mêmes.

      https://universiteouverte.org/2020/04/29/en-residence-crous-ou-dans-les-palais-de-la-republique-les-priori

    • Étudiant·es confiné·es dans 9m² : précarité au carré

      À l’annonce du confinement, les étudiant·es résidant dans les quelque 700 résidences CROUS de France ont été invité·es à quitter leurs logements exigus pour rejoindre le domicile familial : 25 à 40% d’entre elles et eux sont alors resté·es, par choix (crainte de contaminer leur famille) ou par obligation (cherté des billets de transport, précarité administrative interdisant tout déplacement international, etc.). Si les résident·es des CROUS figurent déjà parmi les étudiant·es les moins privilégié·es – le statut de boursièr·e est un prérequis à la demande – celles et ceux qui furent contraint·es de rester dans leur chambre à la mi-mars l’étaient donc encore moins. Cela a été confirmé dès les premiers jours du confinement lorsque le collectif Solidarité : Continuité Alimentaire a reçu plusieurs centaines de demandes de colis de produits d’alimentation et d’hygiène fondamentaux de la part des étudiant·es confiné·es dans les CROUS de Bordeaux. En causes : la perte de leurs salaires, la cessation de l’activité des restaurants universitaires et la fermeture quasi-totale des épiceries solidaires, par manque de bénévoles et d’approvisionnements. En d’autres termes, le confinement a été l’accélérateur d’une problématique connue depuis déjà bien longtemps : celle de la précarité étudiante.

      Pour réagir face à cette situation de crise, nous, étudiant·es et jeunes chercheur·ses de l’ESR, avons décidé de créer le 2 avril dernier, dans la continuité de l’initiative bordelaise et de son homologue lyonnaise, Solidarité étudiante, le collectif Solidarité alimentaire (Paris). Chaque semaine, nous proposons aux étudiant·es d’une cinquantaine de CROUS parisiens de remplir un formulaire en ligne indiquant leurs besoins. Les distributions sont effectuées tous les week-ends devant les CROUS, en respectant les règles sanitaires : désinfection de tous les produits des colis, port de masques et respect des distances de sécurité. Nous avons jusqu’à présent distribué plusieurs centaines de colis et les demandes ne cessent d’augmenter chaque semaine, preuve que le gouvernement se contente d’effets d’annonce pour se défausser de la responsabilité d’une précarité aux conséquences trop souvent dramatiques.

      À une semaine de la fin du confinement, alors que certaines universités sont davantage occupées à l’organisation à distance des évaluations de fin de semestre, et ce dans l’inconsidération des situations d’inégalité dans lesquelles elles placent les étudiant·es, il est temps que le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et de l’Innovation regarde la réalité en face et cesse de botter en touche : certes, des fonds d’urgence ont été débloqués il y a plusieurs semaines, mais il est scandaleux qu’en France des milliers d’étudiant·es ne puissent, en plein confinement, répondre à leurs besoins élémentaires. Il est scandaleux que seul·es les étudiant·es ayant réussi à quitter leurs résidences soient défrayé·es de leur loyer quand celles et ceux qui ont été contraint·es d’y rester, souvent les plus précaires, doivent continuer à le payer, et ce alors même qu’ils et elles n’ont plus de sources de revenus. Et il est tout aussi scandaleux que ces mêmes étudiant·es continuent d’être évalué·es dans de telles conditions au prétexte d’une prétendue continuité pédagogique. Au-delà des actions d’urgence mises en place pendant le confinement, il est absolument nécessaire que l’État, sans se satisfaire de solutions d’appoint, encore moins d’effets d’annonce, trouve des solutions pérennes capables d’endiguer la précarité étudiante, comme celle du salaire étudiant, sans lesquelles jamais les mauvais jours ne finiront.

      https://universiteouverte.org/2020/05/05/etudiant%c2%b7es-confine%c2%b7es-dans-9m%c2%b2-precarite-au-carre

      –-> Collectif solidarité alimentaire :
      https://www.facebook.com/collectifsolidaritealimentaire

    • Hundreds of migrants stuck in Niger amid #coronavirus pandemic

      While countries across Africa have been closing their borders as part of efforts to contain the coronavirus pandemic, migrants and people on the move are paying a high price.

      Over the past two weeks, hundreds of women, men and children have been stuck in Niger, a country that represents a traditional corridor of transit for seasonal labourers from West Africa heading to Libya or Algeria, as well as people hoping to move further to Europe across the Mediterranean Sea.

      “We’re being overwhelmed by requests of support,” said Barbara Rijks, Niger director for the International Organization for Migration (IOM).

      Deportations from Algeria to Niger have been a continuing trend since late 2016, with figures decreasing last year only to begin growing again from February onwards. The migrants, who were arrested during police roundups in Algeria’s coastal cities and forced to travel for days in overloaded trucks, were usually offered assistance by the IOM to return to their countries of origin.

      But now amid the pandemic, they are forced to quarantine in tent facilities set up in the military border post of Assamaka, where temperatures touch 50 degrees Celsius (122 degrees Fahrenheit), or in the southern city of Arlit.

      With borders closed all across West Africa, they risk being stuck in Niger much longer than they expected.

      “We’re extremely worried,” said Abderahmane Maouli, the mayor of Arlit, a city that hosts one of the six IOM transit centres in Niger and a new facility for those that end their quarantine in Assamaka.

      “Despite the border closure, we see that movements are continuing: People travel through minor routes to avoid border controls and reach Arlit without going through the quarantine, and this is a major public health issue for our community,” Maouli told Al Jazeera.

      The deportation of more than 8,000 people by Algeria since January this year, he says, had already put local welfare services under strain.

      Migrants receiving assistance in Madama, a military outpost close to the border between Niger and Libya [ Courtesy: IOM Niger]

      An uncommon push-back operation happened also in late March at the border between Niger and Libya, where a convoy of travellers was intercepted and sent back in the middle of the desert, forcing the IOM to organise humanitarian assistance.

      The quarantine of these groups and other travellers - in a makeshift camp set up in record time - fosters worries from both migrants and local communities in a country already standing at the bottom of the United Nations human development index and facing deadly seasonal outbreaks of malaria and measles. Some 1,400 doctors are operational in Niger, according to the government, serving a population of about 22 million.

      “A first warning sign,” Rijks told Al Jazeera, “was the arrival of 767 people, half of which foreigners, at the border between Niger and Algeria, on March 19: From that moment on, we registered continuous arrivals and each one of these people needs to quarantine for 14 days.”

      Later in March, a convoy of pick-up cars carrying 256 people was pushed-back by Libyan militiamen close to Tummo, a military outpost marking the frontier between Niger and Libya, some 900 kilometres (559 miles) northeast of Agadez, where their perilous desert crossing started.

      Blocked in the garrison village of Madama, Nigeriens and migrants mostly from Nigeria, Ghana and Burkina Faso suffered the unmerciful Saharan heat for days before receiving humanitarian assistance by the IOM and Niger’s Civil Protection Department that organised their transfer to Agadez. Their drivers were arrested for breaching anti-smuggling rules.

      The new quarantine center set up in Agadez by IOM, for people returning from Libya [Courtesy: IOM Niger]

      In Agadez, a once-coveted tourist destination for Europeans willing to explore Saharan dunes, they were lodged in a tent facility set up by the IOM alongside the main sports arena, where football games have been temporarily suspended due to the coronavirus pandemic.

      “It’s been a huge challenge, we had to boost our activities in less than one week, adopting hygienic measures in our six transit centres, that are already at full capacity, and opening up new structures to lodge people quarantining,” Rijks said.

      Another 44 people were found at Assamaka in the night between April 4-5 and welcomed at IOM’s quarantine site, where Doctors Without Borders (Medecins Sans Frontieres, or MSF) and the International Federation of the Red Cross provide medical and psychosocial assistance.

      ’Humanitarian corridors’

      IOM operations in Niger scaled up after the government enforced anti-smuggling measures in 2015, to prevent migrants from taking dangerous Saharan trails to Libya or Algeria.

      In the span of a few years, the number of crossings reduced, from about 330,000 in 2016 to 100,000 in 2018, while hundreds of “passeurs” - the French word for smugglers and middlemen active in the transportation business - were jailed.

      As a consequence, more and more people ended up being blocked in the country and turned to the organisation’s voluntary return programmes. From 2017 to early 2020, some 32,000 migrants returned home from Niger with IOM assistance.

      “People were usually staying for a few weeks in transit centres, where we arranged travel documents with consulates, before going back to their country of origin, while now they’re stuck in our transit centres and this adds frustrations,” said Rijks.

      She hopes that - despite border closures - governments in West Africa will agree soon on organising “humanitarian corridors to return their citizens from Niger”.

      While Rijks noted that countries are willing to receive back their citizens, the closure of land and air transportation routes, coupled with the need to set up costly quarantine facilities for returnees on arrival, put more strain on an already fragile logistic organisation.

      Currently, 2,371 people - mostly Nigerians, Guineans, Cameroonians and Malians - are lodged in the IOM’s six transit centres, Rijks said, while the size and number of new facilities set up to quarantine migrants are increasing by the day.

      ’Perfect storm’

      Niger has confirmed 342 coronavirus cases and 11 deaths as of Thursday, with the vast majority of cases found in the capital, Niamey. The country has introduced a series of containment measures to slow the spread of COVID-19, the disease caused by the coronavirus, including the closure of international borders, a ban on gatherings and non-essential activities and a night curfew.

      In addition to migrants on the move, humanitarian organisations are particularly concerned about the fate of 420,000 refugees and internally displaced Nigeriens who escaped violence by armed groups along the country’s borders with Nigeria, Chad, Mali and Burkina Faso. These people often live in crowded settlements, where physical distancing is a luxury.

      “On top of displacement caused by jihadists, malnutrition risks and socio-economic vulnerability, COVID-19 represents the perfect storm for Niger,” said Alessandra Morelli, country director for the UN’s refugee agency (UNHCR), pointing also at the interruption of evacuation flights for refugees from Libyan detention centres who are temporarily hosted in Niger while awaiting opportunities to resettle to Europe or North America.

      Morelli said the programme was launched in 2017 to offer “a vital lifeline” for the most vulnerable refugees detained in Libya.

      “We took them out of prisons, brought them here by plane and assisted them in their asylum and resettlement claim.”

      About 3,000 people have been evacuated to Niger so far and more than 2,300 resettled to Canada, Germany, Sweden, Netherlands, France and other countries.

      All operations are currently suspended.

      While the number of coronavirus cases grow by the day, with deepening worries over the effect of a severe outbreak in already fragile countries in the region, some refugees hosted in the reception centre of Hamdallaye started producing soap for local communities.

      “It’s a sign of hope in the midst of this situation,” said Morelli, whose WhatsApp account blinks continuously with information on new displacements and violence along Niger’s sealed borders.

      https://www.aljazeera.com/news/2020/04/hundreds-migrants-stuck-niger-coronavirus-pandemic-200409131745319.html