aktivulo

L’émission « Offensive Sonore » est diffusée un vendredi sur deux sur Radio Libertaire de 21h-22h30 (89,4 Mhz)

  • Le transracialisme existe-t-il? (et pourquoi serait-il moins accepté que la transidentité?) | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/165422/transracialisme-etre-blanc-se-sentir-profondement-noir-ou-inversement-acceptat

    « L’auto-identification qui consiste à affirmer “je suis qui j’affirme être” pue l’autorité et la suprématie masculine »

    On retrouve le même type de critiques s’agissant des personnes transgenres, dans une frange minoritaire des milieux féministes, qui reprochent aux femmes transgenres de pouvoir « choisir » leur sexe sans avoir vécu l’oppression qui va avec (alors que l’identité de genre est bien plus souvent présentée comme une nécessité intérieure, et non un choix, par les personnes trans elles-mêmes). Au Royaume-Uni, quand les conservateurs britanniques ont soutenu une réforme du changement d’état civil pour les personnes trans passant par une simple déclaration, nombre de ces Terf, pour « trans exclusionary radical feminists », se sont insurgées, dénonçant une ruse pour leur piquer des places sur les listes électorales. « L’auto-identification qui consiste à affirmer “je suis qui j’affirme être” pue l’autorité et la suprématie masculine », ont tonné une dizaine de femmes du Labour, indiquant que 300 d’entre elles avaient quitté le parti à cause de ces nouvelles règles.

    En France, ces positions ont moins d’audience dans les milieux féministes, mais elles existent, par exemple sous la plume d’une des figures du Mouvement de libération des femmes (MLF), Christine Delphy : « L’identité n’est pas quelque chose que l’on se forge tout seul, c’est quelque chose qui vous est imposé. [...] Je pense que là-dedans il y a une négation de la réalité du genre, qui est quelque chose de social, et pas quelque chose de sexuel ou biologique. Et une négation de l’oppression des femmes », faisait valoir en mars la philosophe et sociologue dans l’émission « Vieille Branche » (à partir de 52’06) :

    @aude_v ca pourrait t’interessé.

  • https://offensivesonore.blogspot.com/2018/07/cartographie-de-lislamo-gauchisme.html

    Cartographie de l’Islamo-Gauchisme

    Emission du 20 juillet 2018, nous recevons @lieuxcommuns pour parler une nouvelle fois de l’islamo-gauchisme avec la sortie d’une infographie qui permet de visibiliser cette mouvance. Le phénomène islamo-gauchiste semble paradoxal : une partie de la gauche et de l’extrême-gauche soutiennent l’extrême-droite musulmane. C’est pourtant la convergence construite entre les héritiers des totalitarismes marxistes et la montée du totalitarisme islamique. Ils en reprennent méthodes de propagande, schémas victimaires, idéologies complotistes, certitude d’être dans le Sens de l’Histoire, volonté d’instaurer le Bien sur Terre en luttant contre le Mal, par tous les moyens...

    #audio #radio #offensive_sonore #radio_libertaire #audio #islamismes #islamogauchisme #islamophobie #islam #gauchisme #religion#complaisance #paternalisme #lieux_commun #urss #postmodernisme #Islam #Politique #Religion #Houria_Bouteldja #Daniel_Obono #Edwy_Plenel #ccif #Alain_Soral #Rokaya_Diallo #Médine #Tariq_Ramadan #lamanifpourtous #extrème-droite #musulmans

  • Poétique politique, une histoire des chansons de luttes francophones.

    Pendant une semaine, Rocé explique sa recherche de plusieurs années sur l’histoire des musiques de luttes francophones, par les damnés elleux-mêmes, les colonisés, les ouvriers. Avec pas mal de femmes aussi dedans. Une redécouverte de slam et spoken word en français, depuis longtemps avant que le rap n’arrive de ce côté de l’océan. C’est un énorme projet ! Qui sort en septembre.

    Rocé, aux origines de la recherche
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/roce-aux-origines-de-la-recherche

    (Je ne sais pas comment trouver les mp3 de l’émission comme sur radio france depuis les RSS ping @intempestive)

    Le rappeur Rocé livre les coulisses de son projet Par les damnés de la terre, qui va faire l’objet d’une compilation à la rentrée de septembre. Une recherche de plusieurs années, de rencontres de hasard en flair attentif, il est parti à l’origine du spoken word à la française, via les « chansons de luttes » depuis la fin des années 1960. On part dans le XIXe arrondissement de Paris, au Cameroun, au Burkina, à Haïti, à New York... « C’est important de réunir avec cohérence cette énergie du passé si présent dans nos quotidiens, ces voix qui résonnent aujourd’hui dans le rap et ailleurs, les voix des vaincus, des subalternes, des damnés de la terre », nous dit Rocé.

    Des morceaux qui servaient pour les luttes sociales ou anticoloniales. Une quête subjective, qui l’a mené de rencontres en rencontres. Selon lui, on trouve là une des sources d’un spoken word francophone, qui a nourri plus ou moins directement le slam et le hip-hop français. Comme une branche de l’arbre pas encore totalement découverte.

    2ème : L’esthétique et la politique
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/lesthetique-et-la-politique

    Parti du free jazz, conseillé par un ami disquaire, mais passé aussi par un underground sans œillère et l’écoute de francs-tireurs multiples, le projet de Rocé se nourrit de multiples racines. Ce qui lui parle : le mélange d’une teneur politique, mais esthétique forte : funk, blues... « Je cherche les Last poets à la française », dit Rocé. « Le proto-rap, le rap avant le rap ». La playlist du jour va de Francis Bebey aux chants de luttes sociales de la Régie Renault à la fin des années 1960.

    3ème : Un nom en entraîne un autre
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-nom-en-entraine-un-autre

    En partant d’une pochette de disque, Rocé trouve des noms de labels, puis des figures comme François Tusques, pièce maîtresse du free jazz français, et enfin des noms qui restent clandestins et compliqués à trouver. À l’écoute, notamment : « Déménagement », par Salah Sadaoui, « Le Mal du pays », par Manno Charlemagne...

    4ème : Dane Belany, l’aventure américaine
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/dane-belany-laventure-americaine

    Le projet a permis à Rocé de retrouver des artistes oubliés. Dane Belany en faire partie. Chanteuse noire d’origine turque et sénégalaise, qui chantait dans les cabarets de Pigalle, elle côtoyait du beau monde parisien, avant de partir à New York. Là-bas elle a rencontré Thelonious Monk, Miles Davis, croisé James Baldwin. Une maladie lui fait perdre sa voix. Elle s’est mise à clamer des textes en français, de David Diop, Aimé Césaire... Ce qui donne un disque dédicacé à Frantz Fanon. Rocé l’a retrouvée...

    5ème : Un chapitre africain
    http://nova.fr/podcast/nova-stories/un-chapitre-africain

    On termine cette Nova Story par un zoom sur la partie africaine des recherches de Rocé. Qui commence par un morceau d’Abdoulaye Cissé, figure de la musique burkinabè, mandaté par le président Thomas Sankara, créateur à sa demande de deux groupes : Les chanteurs au poing levé et Les Colombes de la Révolution. Rocé retrouve Abdoulaye Cissé, qui l’aide aujourd’hui dans ses travaux.

    #musique #Rocé #Histoire #luttes_sociales #damnés_de_la_terre #colonisation #chanson #spoken_word #slam #radio #audio #Radio_Nova #historicisation

    et cc @intempestive @sinehebdo @mad_meg @odilon @touti

    • les urls sont des redirections du proxy google, il faut donc cliquer sur celles que tu as données pour les retrouver ! (ce qui permet à google d’enregistrer qui va écouter quoi avant de te laisser l’accès)

    • L’album arrive ! Premier extrait ! (et on peut le commander)
      https://horscadres.bandcamp.com/album/par-les-damn-e-s-de-la-terre

      Je fais partie de cette génération qui a vu naître le rap français, et avec lui l’énorme engouement pour cette musique des enfants de la deuxième et troisième génération d’immigrés. J’ai voulu creuser au-delà du rap, fouiller les artistes de la langue française qui véhiculent la poésie de l’urgence, la poésie à fleur de peau, engagée malgré elle parce que le contexte ne lui donne pas le choix. La poésie des « damné.e.s de la terre ». Dans l’ombre des chanteurs à texte médiatisés existent des femmes et des hommes devenus artistes juste le temps d’un disque.
      Inutile de chercher dans ce recueil le morceau « exotique et funky », extrait du folklore destiné à la métropole. Rythmes et textes sont vêtus de leur propre « blues » dur et sincère. La langue française réunit des régions du monde qui portent des fardeaux communs. Géopolitique et sentiments se mêlent. Les paroles des anciens résonnent jusque dans les oreilles des enfants d’aujourd’hui, ceux des diasporas. Un bon nombre des artistes présent.e.s dans ce recueil n’a pas eu la chance de croiser son public à l’époque, je pense que le contexte actuel des migrations et des questionnements identitaires donnera une résonance toute particulière à ces textes et à ces musiques.

      Deux historiens, Naïma Yahi et Amzat Boukari-Yabara, écrivent le livret du disque, ils décrivent les contextes de l’époque et des pays dont proviennent les morceaux.

      Ce projet, musical et de patrimoine, répond à un besoin : (re)donner la voix aux nouvelles générations qui évoluent en France avec une absence d’identification, un oubli de l’histoire de leurs parents dans le paysage politique et culturel qu’elles traversent en grandissant. Il écrit une autre histoire de la musique en français. A la jonction des luttes de libération des pays d’origines, des luttes ouvrières, des exils, il cristallise une époque où les luttes bâtissaient des fraternités, des affirmations, de la dignité, des liens entre les peuples opprimés et des convergences que l’Histoire des livres scolaires ne dit pas. Il est important à mes yeux de transmettre ces moments de tous les possibles afin d’en imprégner la morosité dans laquelle grandissent les nouvelles générations.

      Les enfants des diasporas et ceux des travailleur.euse.s ouvrier.ère.s ont besoin d’avoir des espaces de transmission de l’histoire de leurs parents. Ces parents qui ont sacrifié des années dans des luttes ou dans l’exil et qui ont choisi pour leurs enfants une intégration dans la discrétion et pointée vers un futur sans le poids d’une lourde mémoire. Le passé ne se transmet pas facilement lorsqu’il est emprunt de tabous et qu’on pense ses enfants libres, sauvés, car nés en France. Mais les combats de nos aînés, à la vue des luttes actuelles, sont précieux et utiles. Le présent se débrouille mieux lorsqu’il a de la mémoire.

      Ce disque est donc un constat, un bout de mémoire qui montre que le champ des possibles était ouvert un court moment, avant d’être refermé, nous plongeant dans l’individualisme, le court terme, l’absence de projets de société. L’absence des ces histoires dans l’Histoire nous prive de l’espoir, des notions de fraternité, de résistance, de modes d’emplois d’autodéfense. L’époque actuelle nous impose ses fictions dystopiques, des histoires d’échecs et d’impasses.

      Le sillon fossilisé dans le disque m’a permis de découvrir des artistes et intellectuels qui ont transmis des solutions multiples. On connaît trop peu le personnage de Frantz Fanon, ce Martiniquais qui a épousé la cause algérienne, on connaît trop peu le grand Franklin Boukaka, artiste congolais qui rend hommage dans une chanson à Mehdi Ben Barka, homme politique marocain. Il a existé un soutien entre étudiants guadeloupéens pour l’indépendance de la Guadeloupe et un militant corse du FLNC qui a décidé d’héberger sur son label leur musique.
      Nous pouvons être tous d’accord, ça ne sert à rien s’il n’y a pas de projet commun. Je ne sais pas comment sera demain, ce que je sais c’est qu’avec la mémoire nous pouvons additionner la force et l’union des peuples d’hier aux diasporas et subalternes d’aujourd’hui. Nous placer au centre de l’histoire que l’on nous conte afin de rompre avec la logique impérialiste.


      « Voir ce qui n’avait pas lieu d’être vu, faire entendre comme discours ce qui n’était entendu que comme un bruit. » Jacques Rancière

      Rocé

    • Yes ! et vendredi 2 novembre, à l’occasion de la sortie du projet tant attendu, grand entretien avec Rocé sur www.jefklak.org ! Le livret, le projet et les sons/chansons sont plus qu’indispensables !

    • Pour celles et ceux qui ont aimé Par les damné·es de la terre collecté par monsieur @Roce, on pourra continuer le chemin avec

      MOBILISATION GENERALE/ Protest and Spirit Jazz from France 1970-1976

      Commande & écoute ici : http://www.bornbadrecords.net/releases/bb057-va-mobilisation-generale-protest-and-spirit-jazz-from-france-1

      1968. France société anonyme. L’incendie est déclaré et tout l’immeuble est entrain de s’effondrer. On ne sauvera rien. Des décombres du vieux monde les enfants de Marx et de Coca Cola surgissent pour arracher le bleu et le blanc au drapeau tricolore. Le fond de l’air est rouge et la musique n’adoucira plus les mœurs. Le chantier peut commencer.

      Si les Stones, les Who, les Kinks ou le MC5 composent la bande son de la revolution à coups de singles Molotov, ce sont des noirs américains qui ont fait sauter les digues durant les sixties. Contre le jazz à papa et la tradition occidentale Ornette Coleman, Cecil Taylor, Eric Dolphy, Albert Ayler ou Archie Shepp libèrent alors la note, explosent les formats, se lancent dans des improvisations furieuses qui redessinent un territoire sans frontières, aussi spirituel que politique. Avec le free jazz, le saxo devient lui aussi une machine à détruire l’ordre établi.

      L’Art Ensemble of Chicago qui atterrit à Paris en 1969 au Théâtre du Vieux Colombier allume une nouvelle mèche. Le quintette intègre au linup traditionnel une multiplicité de « petits instruments » dénichés un peu partout (de la sonnette de bicyclette aux wind chimes en passant par le steel drum, le djimbe ou le vibraphone : rien ne leur échappe) dont ils usent en fonction de leur inspiration. Sur scène le groupe détonne en arborant boubous et peintures de guerre afin de célébrer les pouvoirs d’une musique libre et hypnotique, en connexion directe avec ses racines africaines. La rencontre avec le label Saravah (fondé en 1965 par Pierre Barouh), alors aux avant postes d’une world music qui ne porte pas encore de nom, est évidente. L’album Comme à la radio de Brigitte Fontaine enregistré en 1970 à l’issue d’une série de concerts donnés au Théâtre du Vieux Colombier scelle l’union de cette héritière d’une chanson française, poétique et engagée (Magny, Ferré, Barbara) avec le jazz voodoo de l’Art Ensemble of Chicago et la tradition arabe perpétuée par son compagnon Areski Belkacem.

      Un ovni vient de se poser sur les platines des ados français qui découvrent la culture underground via Actuel, Libération, Charlie Hebdo, Rock’n Folk et une free press en pleine ébullition. Une jeunesse qui est de tous les combats : aux cotés des paysans sur le plateau du Larzac, des ouvriers de l’usine Lip, contre le nucléaire à Creys-Malville, la guerre du Vietnam, la peine de mort, les discriminations subies par les femmes, les homosexuels et les immigrés. Faire de la musique quand on a 20 ans au début des années 70, c’est faire de la politique. On ne prend pas un micro pour devenir une rock star mais pour faire avancer ses idées. Tandis que le prix du baril s’enflamme et que Pompidou bétonne à tout va en développant les grands ensembles et en « adaptant la ville à l’automobile », on prend la route pour se réfugier à la campagne. Des communautés qui se forment aux quatre coins de l’hexagone naissent des groupes (ou plutôt des collectifs) à géométrie variable qui mélangent allégrement musique, happening théâtral et agit prop sous une bonne dose d’acide. Le grand n’importe quoi est souvent de mise (le prog rock est la tarte à la crème de l’époque), mais ceux qui empruntent le sentier dessiné par le spiritual jazz planent vers d’autres cieux. La véhémence (voir la grandiloquence) des propos est alors portée et transcendée par la finesse et l’inspiration du jeu. La France de Claude François n’a jamais entendu ça. À la fois spatiaux, pastoraux et tribaux, les morceaux réunis ici font la jonction parfaite entre un certain héritage psychédélique, le space jazz de Sun Ra et l’Afro Beat qui se met alors en place à Lagos avec Fela, ils sont autant des incantations (l’usage du spoken word est récurrent), des cris de guerre, des poèmes que des tracts.

      1978. Giscard est à la barre. Le punk et la disco décapitent les derniers hippies. Si le sang bout toujours, il est déjà trop tard. La guerre est finie, elle a été perdue sans que personne ne s’en aperçoive, et l’on a beau se battre encore contre des moulins à vent, faire parfois parler la poudre et le plomb dans des luttes sans issues (du rêve au cauchemar il n’y a qu’un pas), on sait que la parenthèse enchantée vient de se refermer, que les lendemains qui chantent sont désormais derrière nous et qu’on ne laissera que quelques disques à nos enfants. Le spectre d’un single prophétique peut alors ressurgir des speakers. Brigitte Fontaine y interroge Areski : « Hey mais je pense à un truc, on ne va pas mourir dans une minute ? »

    • Très bonne interview : http://dialna.fr/interview-par-les-damne-e-s-de-la-terre-lhommage-aux-luttes-du-passe-de-roce

      Évocation de #archivage_militant (mais au final tout le projet en est question)

      Cet album est aussi possible car ces luttes ont été gravées sur vinyles, ou sur bandes. D’après toi, que garderons-nous de nos luttes actuelles ?
      Rocé : Je pense que c’est un peu le problème de notre époque. Tu peux le voir avec notre consommation de la musique, des photos, etc .. Aujourd’hui tu changes de téléphone, tu perds tes photos. Avant tu avais moins ce problème. On a beaucoup plus de choses aujourd’hui, mais on les transporte beaucoup moins longtemps avec nous. Je ne sais pas ce qu’il advient des albums photos de famille, plus personne n’en a. C’est tout con, mais on fait une confiance aveugle en la technologie mais l’obsolescence fait qu’on peut tout perdre du jour au lendemain. Il y a des morceaux qui cartonnent grâce à des plateformes de téléchargement, mais tout ne tient qu’à ces plateformes. J’ai réédité mon premier album qui date de 2001. Le graphiste de l’époque avait gardé un disque dur avec les morceaux, la pochette, etc. Le disque dur ne démarrait pas quand on l’a branché. On a dû reprendre la pochette vinyle et allait la faire une reproduction de la photo. Encore une fois, le vinyle a sauvé l’affaire, c’est du sillon gravé. Le numérique, c’est limité. Que va-t-il advenir de nos luttes d’aujourd’hui ? On va y arriver mais ça va être moins simple.

  • https://offensivesonore.blogspot.com/2018/06/dubamix-dub-et-engagment.html

    Dubamix : Dub et engagment

    Emission du 22 juin, le saxophoniste Grégory Benzekry, militant syndicaliste, créa en 2003 l’entité Dubamix. Influencé par le Reggae Roots et la Bass music, Dubamix alterne des rythmiques Steppa-dub, Electro-dub, Dubstep, Rockers, Drum’n’Bass, sur lesquelles s’accordent samples musicaux et politiques d’horizons variés. Cette fois c’est avec Joke qu’il sort un nouvel l’album « Lavoblaster Remix ».

    #audio #radio #offensive_sonore #dub #Reggae #Dubamix

  • J’ai le plaisir de vous annoncé la mise en ligne de deux nouvelles webapps grâce à Fil
    Merci @Fil :)
    Ce sont deux dessin de la série « Le Tartare » qui font suite à celui sur les réseaux sociaux #zuckerberk alias Satan Trismégiste ( http://www.madmeg.org/zuckerberk )


    –—

    Le premier s’intitule « Le Sabbat des Erinyes » - inspiré de l’affaire #DSK, #Weinstein, #Metoo et #balancetonporc
    http://www.madmeg.org/weinstein

    Le second « L’Axe du Mâle » - sur l’ #armement, le #nucléaire , l’ #armée , le #mâle-alphisme, Trump, St Cyr, les viols de guerre...
    http://www.madmeg.org/axe

    #shameless_autopromo #mad_meg #tartare

  • Reproduction artificielle « pour toutes » : le stade infantile du transhumanisme
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1064

    Toujours en librairie : Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme. Voir ici

    Le 18 janvier 2018 s’ouvraient les « Etats généraux de la bioéthique » organisés par le Comité consultatif national d’éthique - prélude à la troisième révision de nos lois de bioéthique depuis 1994. Plaisante éthique, soumise à la perpétuelle fuite en avant technologique et aux desiderata des consommateurs rendus possibles par ces progrès. Le grand sujet cette fois, c’est la reproduction artificielle de l’humain (PMA), qu’il est question d’autoriser aux femmes seules et aux couples de lesbiennes. Autorisation d’autant plus probable que Macron, le « président des très riches » accusé de mener une « politique de droite », a besoin paraît-il d’"envoyer des signaux à la gauche". De (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/reproduction_artificielle_.pdf

    • Encore une fois plein de mélanges, de part et d’autre, comme il y a 5 ans…

      Les gens de PMO sont contre la PMA pour tout le monde, donc y compris les hétéros, et même y compris les chèvres, les brebis et les vaches.

      Des deux côtés on continue de parler de « la PMA » alors qu’il y a des paliers, et qu’il n’y a pas grand chose de commun entre faire une fécondation in-vitro (porte majeure du transhumanisme, entre autre problème, mais il y a aussi la médicalisation, la déportation d’une solution sur des techniciens), et le fait d’injecter du sperme au fond du vagin d’une femme non stérile, lesbienne ou pas, jusqu’à ce que ça fonctionne (qui peut être une pratique autonome et bénigne). Je pense qu’il faut arrêter de parler de « la PMA », sinon on ne peut pas débattre.

      Quant à la GPA, là c’est plutôt pour les hommes gays, et c’est très directement une appropriation du corps des femmes (contre rémunération plus ou moins importante). Mais à partir du moment où on va reconnaitre un « droit inaliénable à avoir un enfant » (c’est là tout l’enjeu), et que les lesbiennes vont pouvoir, alors les gays aussi, et donc ok pour la GPA (quand bien même les lesbiennes non stériles n’utiliseraient pas la fécondation in-vitro !)… sauf… si on se tourne vers l’amélioration drastique des parcours d’adoption ?

      En 1989 déjà, le Feminist International Network of Resistance to Reproductive and Genetic Engineering avait écrit un texte contre tout ça.
      http://www.finrrage.org/wp-content/uploads/2016/03/FINRRAGE.pdf
      Qui avait été signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/687559

      @aude_v mais #fatigue d’avance… (et pourtant je pense toujours que c’est débat et des choix de société vraiment super important, pour les femmes et pour tout le monde)

    • Je complète. Je parle de « droit à avoir un enfant » qu’il faut distinguer à « droit à élever un enfant », à mon avis. Oui au droit à toutes et tous d’élever des enfants, quelque soit sa configuration familiale !

      Par ailleurs, il faut bien insister pour PMA et GPA, ce sont vraiment deux choses différentes et que les questions (et réponses) ne sont pas les mêmes du tout pour les lesbiennes et les gays.

      Afin d’encore mieux débattre, il faut sûrement affiner les formulations, et donc ce qu’on défend ou ce qu’on rejette entre : « droit à élever un enfant », « droit à avoir un enfant » et « droit à procréer ». Tout ça ne veut pas dire la même chose.

  • L’horizon impérial, Sociétés chaotiques et logique d’empire

    https://offensivesonore.blogspot.com/2018/05/lhorizon-imperial-societes-chaotiques.html

    Emission du 8 juin 2018, on reçoit Quentin du collectif ’Lieux Communs’. Nous parlerons pour la brochure : « L’horizon impérial, Sociétés chaotiques et logique d’empire » : Après avoir été des acteurs politiques pendant des siècles, les peuples se sont retirés, laissant libre cours aux oligarchies et aux mécanismes aveugles de gestion des popu­lations. Les grandes évolutions de notre temps, largement régressives, y trouvent leur origine. Leur examen sans concession montre que l’humanité entre dans une nouvelle ère, qui resterait à nommer, et qui semble se caractériser par le retour à l’œuvre de logiques impériales millénaires. Il nous faut chercher des cadres de pensée encore inusités, des réfé­rences négligées, un passé enfoui, croiser des disciplines, risquer des hy­pothèses et dévoiler de nouvelles cohérences. Nous devons nous essayer à saisir ce qui nous arrive, sans attendre l’envol éventuel de la chouette de Minerve, toujours après-coup, alors que le crépuscule est déjà bien avancé."

    #audio #radio #offensive_sonore #empire #Occident #futur #guerre #dictatures #multiculturalisme #orient
    Avec @lieuxcommuns

  • Réaction de #Nicole_Lapierre au #Manifeste_contre_le nouvel_antisémitisme

    En tant que juive

    Or, ce manifeste est pernicieux.

    D’une part, parce qu’il enrôle le combat contre l’#antisémitisme dans une revendication nationaliste et une captation identitaire dont il n’a que faire. Et d’autre part, parce qu’il agite la vieille et dangereuse thématique de la « #concurrence_des_victimes », en opposant deux populations, au nom d’une hiérarchie des #préjudices. D’un côté la lutte contre l’#antisémitisme, juste, nécessaire, dans l’ombre portée de la #Shoah. De l’autre la dénonciation, jugée exagérée, voire injustifiée, de l’#islamophobie, qui « dissimule les #chiffres du ministère de l’Intérieur : les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans. »

    Las, « la bassesse électorale calcule que le vote musulman est dix fois supérieur au vote juif. » Selon cette comptabilité, cela pourrait empirer, d’où cet « avertissement solennel » selon lequel « La #France sans les Juifs, [ne serait] plus la France ». Et son envers subliminal, mais explicite chez quelques signataires de ce manifeste : la France submergée par le « #grand_remplacement » musulman, ne serait plus la France. Les uns enrichissent le pays, son histoire et sa culture, ce qui est indéniable et a été longtemps nié. Les autres l’envahissent, et cette symétrie inversée est infâme, niant qu’à leur tour ils l’enrichissent.

    Si le poids des chiffres ne suffit pas, on y ajoute le poids des #mots : il s’agit « d’une #épuration_ethnique à bas bruit au pays d’Émile Zola et de Clemenceau ». Bref, il y a de #vraies_victimes, juives, et de #fausses_victimes, musulmanes, parmi lesquelles se recrutent les bourreaux. Ce face à face mortifère ne peut qu’attiser les peurs et les haines en prétendant les combattre. Le #péril est là.

    https://blogs.mediapart.fr/nicole-lapierre/blog/240418/en-tant-que-juive
    #nationalisme #islam #judaïsme #manifeste

  • #Brochure N° 62
    Kio estas CNT ? Kio estas anarko-sindikatismo ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article220

    Kun internacia laborista asocio statutoj

    La kapitalisma sistemo ne reformeblas ; oni devas forigi tiun socian funkciadon. Sed la rimedoj uzataj por trafi tiun an on devas esti en plena akordo kun la celoj : la marks-leninisma metodo malsukcesis en sangbanego. Tiamaniere, la ideo mem pri revolucio i is ekstreme suspektinda laû multaj uloj, kaj tre fundamente ligita al la ideo de timego.Laû ni anarkosindikatistoj, laû ni liberecanoj, nenio an os sen la konscia kaj lar a helpo de la plimulto de la popolo. Al iuj gravaj senpacienculoj, al iuj superismaj antaûgvardioj, al iuj bombuloj kaj dinamituloj, ni diras, ke ni ne rilatas al vi, ar la socio, kiun vi naskos per tiaj rimedoj plejeble estos malaminda. Estas klare al ni, ke la promesoj aû la brilaj agoj de kelkaj, iam ne anstataûo la impeton de iuj.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/062-esperanto.pdf

  • https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/societe-ou-communaute

    Martin Buber, philosophe juif d’origine allemande (1878-1965), est surtout connu par le premier et le principal ouvrage qu’il a publié : Ich und Du, paru à Francfort en 1923 et traduit en français en 1938, sous le titre _Le Je et le Tu e_t dont Gaston Bachelard a fait la préface.

    Par ses écrits sur Rabbi Nahman de Braslav et le Baal Chem Tov, il a renouvelé la pensée hassidique et ses Contes hassidiques ont un monument de la littérature mondiale. Son Chemin de l’homme selon la voie du hassidisme est sans doute l’un des plus textes jamais écrits sur le judaïsme.

    Le livre présenté dans l’émission.

    Martin Buber, Communauté, édition de l’éclat 2018.

    Traduction de Gaël Cheptou et préface de Dominique Bourel

    Un livre essentiel pour aujourd’hui, dont les réflexions sur la communauté sont aussi un chemin d’espoir pour penser les possibilités d’une paix dans le conflit israélo-arabe, dont Buber fut très tôt l’un des chefs de file du dialogue et de la promotion d’un état binational, un thème qui sera d’ailleurs aussi abordé la semaine prochaine dans l’émission avec Denis Charbit qui en sera l’invité.

    #Marin_Bubber #anarchisme #radio #audio #hassidique #kibboutz #palestine

  • #tariq_ramadan a acheté le silence d’une femme
    https://www.mediapart.fr/journal/france/040418/tariq-ramadan-achete-le-silence-d-une-femme

    © Reuters Mediapart et l’hebdomadaire belge Le Vif révèlent un #accord confidentiel conclu en février 2015 entre Tariq Ramadan et une femme qui avait commencé à faire état sur Internet de leur « relation » et de son « emprise » psychologique. Moyennant le versement par l’islamologue de 27 000 euros, elle a retiré toutes ses publications, et accepté de taire ses accusations.

    #France #confidentialité #Majda_Bernoussi #vidéo #violences_sexuelles

  • https://offensivesonore.blogspot.fr/2018/03/lola-lafon-mercy-mary-patty.html

    [O-S] Lola Lafon : Mercy, Mary, Patty

    Emission du 30 mars 2018. En février 1974, Patricia Hearst, petite-fille du célèbre magnat de la presse William Randolph Hearst, est enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas à épouser la cause, à la stupéfaction générale de l’establishment qui s’empresse de conclure au lavage de cerveau.

    #audio #radio #offensive_sonore #Patricia_Hearst #Lola_Lafon #1974 #lutte_armée #indentité #féminisme #patriarcat #enlèvement #syndrôme_de_stockolm #roman #révolutionnaire #black_panthers

  • Une chaîne humaine contre Linky et les capteurs communicants
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1024

    Tous à Autrans-Méaudre-en-Vercors samedi 5 mai 2018 de 11h à 18h Depuis fin 2015, Enedis remplace de gré ou de force nos compteurs électriques par le capteur communicant Linky. Les compteurs de gaz et d’eau deviennent eux aussi des mouchards électroniques. L’Etat connecte nos foyers à des systèmes communicants centralisés et remplace toute intervention humaine par le pilotage automatique et le big data. Avec ce projet inutile et gaspilleur, il nous impose des objets connectés à domicile, au mépris de notre vie privée, de notre santé physique et psychique et de notre liberté. Citoyens et élus locaux, nous refusons les capteurs communicants, la société connectée et ses nuisances sanitaires, environnementales, sociales et humaines. Nous refusons ce monde « sans contact » où les objets sont supposés « (...)

    « https://sites.google.com/view/chainehumainenonlinkyvercors »
    « http://frequencevercors.canalblog.com »
    « http://grenoble-anti-linky.eklablog.com » #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/appel_vercors.pdf

  • https://offensivesonore.blogspot.fr/2018/03/la-zad-labandon-de-laeroport-cetait-flou.html

    [O-S] La ZAD, à l’abandon de l’aéroport, c’était flou.

    Emission du 16 mars 2018, [Reprise Radio Klaxon] Depuis l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport, le 17 janvier dernier, la situation change à une vitesse folle, et les enjeux sont complexes au sein du mouvement contre l’aéroport et son monde. (...) On a donc voulu essayer d’expliquer un peu où on en est, à plusieurs voix d’occupant-e-s de la ZAD. On fait un bon saut en arrière en commançant par la médiation amorcée par le gouvernement en juin 2016 pour arriver jusqu’à fin février 2018 entre travaux sur l’ancienne route des chicanes et processus de négociations avec la préfecture.

    #zad #nddll #radio #libertaire #audio #offensive_sonore

  • Young Lords : histoire des Black Panthers latinos | Les Oreilles loin du front
    http://www.loldf.org/spip.php?article594

    Cette semaine on a parlé d’une histoire oubliée celle des young lords, les Black panthers latinos, un groupe d’activiste des années 1960 aux États Unis. Féministes et pro-gays (une rareté dans le paysage des mouvements nationalistes de l’époque), les Young Lords pratiquaient un militantisme de terrain, centré sur les luttes locales et les besoins réels de leur « peuple » –d’où leur intérêt pour les mouvements de santé. On avait en plateau Claire Richard qui vient de publier un bouquin sur le sujet "Young Lords, Histoire des Black Panthers latinos (1969-1976)" aux éditions de L’échappée. Durée : 1h17. Source : Fréquence Paris (...)

    http://www.loldf.org/archives/18.03.07.young.lords.black.panther.latino.mp3

  • Le manifeste de Sarajevo.

    Contre l’apartheid linguistique.

    Au printemps 2017, à Sarajevo, des croates, des bosniaques, des serbes ainsi que des monténégrins ont lancé un manifeste dans lequel ils affirment conjointement qu’ils parlent "une langue commune". Les quelques huit mille signataires de ce manifeste posent un constat. De Sarajevo à Podgorica, en passant par Belgrade et Zagreb, quinze millions de personnes utilisent le même idiome : une langue qui fut normée aux XIX° et XX° siècle, connue du temps de la Yougoslavie comme le serbo-croate (ou croato-serbe) et écrite tantôt en alphabet latin (croatie et bosnie), tantôt en cyrillique (serbie et monténégro).

    Cette langue est désormais officiellement sans nom. Cependant, dans le monde de l’éducation, de la recherche et au sein des administrations, elle est parfois appelée "BCS" (bosno-croato-serbe), comme au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à La Haye, ou bien "BCMS" (M pour "monténégrin") ou encore "BHS". Quand ils vivent à l’étranger, les ressortissants des pays où elle est parlée "disent le plus souvent « Notre langue » (ndlr : Nas jezik)". C’est ce que déclare la romancière croate Slavenka Drakulic. Il s’agit d’une langue standard polycentrique, parlée par plusieurs populations d’États différents.

    A contrario, cela pointe le levier linguistique dans l’émergence des nationalismes qui furent à l’origine de la tragédie de l’ex-Yougoslavie. Par conséquent, le manifeste de Sarajevo dénonce l’action des identitaires linguistiques. En effet, encore de nos jours - dans les écoles de ces ex-Républiques yougoslaves - les enfants sont séparés en fonction de leur supposée origine sous prétexte qu’ils ne parleraient pas la même langue. Comme cela arrive souvent, dès que quelqu’un ose critiquer les constructions pseudos-culturelles, mais réellement nationalistes et identitaires ; cette position leur vaut d’être menacés et accusés d’être des parasites ou des traîtres à leurs nations respectives - nations qui sont nées de l’éclatement sanglant de l’ex-Yougoslavie dans les années 90’. Durant cette période, 150 000 yougoslaves sont morts pour que, selon l’expression conne et sacrée, « des langues puissent vivre ». Nous pouvons voir maintenant à quoi et à qui cela a servi.

    Autre constat : depuis l’éclatement de la Yougoslavie, les élites nationalistes n’ont eu de cesse de creuser le fossé linguistique qui est à la source de leurs fonctions et privilèges. Au premier rang de la corporation des distingués linguistes qui, passés les massacres, se sont bâtis de belles carrières, nous ne nous étonnerons pas de trouver la présidente croate Kolinda Grabar Kitarovic. "Cette prétendue langue commune était un projet politiquement mort avec l’ex-Yougoslavie" a-t-elle déclaré. Bien sûr, une réunification lui coûterait son poste. Dans un style plus direct, plus post-stalinien, l’écrivain Davor Velnic a qualifié les anti–nationalistes de "Yougo-intellectuels", d’"apatrides", de "parasites" qui n’ont "jamais accepté le fait qu’il y ait un État croate souverain et internationalement reconnu". Voilà qui fleure bon le poteau d’exécution.

    La linguiste croate Snjezana Kordic a donc essuyé, avec ses co-signataires du manifeste, une violente campagne de presse dans son pays. Son tort ? Dans son dernier ouvrage, « La langue et le nationalisme", publié aux éditions Durieux en 2010, elle a énoncé quelques évidences historiques sur l’utilisation de la langue à des fins nationalistes. Son livre affirme, en effet, que les langues croate, serbe, bosniaque et monténégrine ne sont que les différentes variantes d’une seule et même langue. C’est en Croatie que la pureté de la langue a atteint son paroxysme. Elle y est devenue, depuis vingt ans, une grande priorité ; ce qui est un signe flagrant de la domination du nationalisme. Cela est d’autant plus vrai que les différences imposées par les linguistes croates sont artificielles et que leurs travaux sur la langue sont subventionnés par l’État croate.

    Le fait est que, en Croatie, depuis l’indépendance, l’aéroport n’est plus un « aerodrom » mais un « zracna luka », tandis qu’un porte-parole est un « glasnogovornik » et non plus un « portparol ». La tentative de transformer la "televizija" (télévision) en "dalekovidnica" ("vision lointaine") a, en revanche, fait long feu. Dans ce pays, les films serbes ont un temps été sous-titrés ... jusqu’à ce que les continuelles crises de rire des téléspectateurs ne viennent mettre un point final à cette étrange pratique burlesque.

    D’autres exemples d’artifices linguistiques nous sont également offerts ; mais en Bosnie, cette fois. En effet, les autorités bosniaques, soucieuses de la santé de leurs administrés, ont décidé de diffuser en serbe, en croate et en bosniaque - que « fumer tue ». Cette séparation linguistique, beaucoup la jugent artificielle et dictée par une volonté d’attiser les nationalismes. En réponse à ces contorsions, les bosniaques ont également réagi avec humour. En 2014, lors de manifestations en Bosnie, un slogan était apparu dans les cortèges : « Gladni smo na sva tri jezika ! » ("Nous avons faim en trois langues !"). Quant aux dirigeants du Monténégro, indépendant de la Serbie depuis 2006, ils ont vite fait ajouter deux lettres dans leur alphabet .…

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net

  • On achève bien les éleveurs. Résistances à l’#industrialisation de l’élevage

    Ce que nous nommons encore #élevage se trouve aujourd’hui pris entre deux feux. D’un côté, le souci légitime de l’impact écologique et sanitaire de la production industrielle de #viande et de produits d’origine animale rejoint le refus de maltraiter – voire tuer – les animaux. De cela émerge une remise en cause profonde du geste d’élevage. Est-ce là un progrès pour notre humanité ou un nouveau stade de l’« administration du désastre » ? De l’autre côté, les éleveurs sont dépossédés de leur métier par des procédures toujours plus rigides et intrusives : puçage #RFID des ovins et caprins, chantage aux primes agricoles, bureaucratisation croissante, reproduction artificielle… Décriés d’une part, ils sont administrés de l’autre – en attendant que disparaisse la possibilité même d’élever des animaux autrement qu’en les concentrant dans de gigantesques usines. Ces menaces qui pèsent sur l’élevage sont un des symptômes de la soumission toujours plus grande de toutes et tous à la société industrielle. Le monde se referme alors que la liberté s’efface devant le contrôle systématique : au fond, ce que nous faisons subir aux animaux, nous nous l’infligeons également à nous-mêmes. Éleveurs et chercheurs qui les accompagnent dans leurs luttes, toutes et tous expliquent dans ce livre pourquoi l’élevage doit être préservé afin que nos vies restent authentiquement humaines.


    https://www.lechappee.org/collections/action-graphique/on-acheve-bien-les-eleveurs
    #résistance #agriculture #livre

  • 3 mars 1918 : #traité_de_Brest-Litovsk | lhistoire.fr

    http://www.lhistoire.fr/%C3%A9ph%C3%A9m%C3%A9ride/3-mars-1918-trait%C3%A9-de-brest-litovsk

    http://www.lhistoire.fr/brest-litovsk-le-prix-de-la-paix

    Brest-Litovsk, 3 mars 1918 : la #Russie a perdu la guerre. Elle se voit amputée de l’Ukraine, de la Finlande et des Pays Baltes. Mais les dirigeants bolcheviques, Lénine en tête, pensent avoir sauvé la révolution.

    La paix imposée par l’Allemagne est très dure. Le territoire russe se voit réduit de 800 000 km2 par rapport à 1914 : la Russie perd l’Ukraine et la Finlande, qui deviennent indépendantes, les Pays Baltes et une partie de la Biélorussie qui sont occupés par les armées allemandes, Kars, Batoum et Ardahan, cédés à la Turquie, soit 32 % de la production agricole, 23 % de la production industrielle, 75 % du charbon et du fer. De plus, le gouvernement soviétique doit verser une lourde indemnité de guerre (dont le montant est fixé en août à six milliards de marks) et s’abstenir de toute propagande dans les empires centraux.

    S’il est perçu par les communistes de gauche comme une « paix honteuse », le traité n’a cependant jamais été vraiment considéré par les dirigeants soviétiques comme une véritable défaite. La Russie est alors en pleine guerre civile, certaines zones sont aux mains des bolcheviks, d’autres sous le contrôle des armées blanches* ou des nationalités soutenues tantôt par l’Allemagne, tantôt par les Alliés. Dans ce contexte chaotique, que peut bien valoir un traité ?

    A lire en accès libre : « Brest-Litovsk : le prix de la paix », Sabine Dullin, L’Histoire n°206, janvier 1997.

    #première_guerre_mondiale #pgm

  • [O-S] Le compteur électrique Linky : pourquoi et comment le refuser

    Emission du 3 mars 2018, [Reprise de l’émission Question Sociale (FPP)] La contestation du programme de remplacement des anciens compteurs électriques par des compteurs communicants baptisés « Linky » ne cesse de prendre de l’ampleur en France. Des membres actifs de collectifs anti-Linky franciliens et de l’association Priartem exposent les principales raisons de ce mouvement de refus, à la fois sanitaires, financières et de protection de la vie privée, puis font le point sur les initiatives déjà prises et celles que chacun devrait prendre de son côté pour réussir collectivement à faire échec à ce programme ruineux, polluant et dangereux, imposé au mépris du principe de précaution.

    https://offensivesonore.blogspot.fr/2018/03/le-compteur-electrique-linky-pourquoi.html

    #audio #radio #offensive_sonore #contrôle #edf #linky

  • http://offensivesonore.blogspot.fr/2018/02/emission-du-16-fevrier.html

    [O-S] Normes, traçabilité, administration… L’Etat élimine les agriculteurs

    Émission du 16 février 2018. [Reprise de Canal Sud] Rencontres avec Yanick Ogor (le paysan impossible, ed. du bout de la ville), Floéral Klein éditeur et Fabrice agriculteur de Saône et Loire. Prendre à contre pied quelques mythes, et en premier lieu celui d’un amoncellement de normes qui serviraient à protéger la nature, le consommateur et les travailleurs de la terre. Bien au contraire nous verrons comment la pression administrative élimine les agriculteurs. Nous évoquerons l’histoire de Jérôme Laronze qui illustre tragiquement cette situation.

    #audio #radio #offensive_sonore #rap #hiphop #élevage #animaux #agriculture #rfid #puçage #contrôle #bio #traçabilité

    • Gael Faye ce qui lui plaît
      Maria Malagardis, Libération, le 13 février 2013
      http://next.liberation.fr/musique/2013/02/13/gael-faye-ce-qui-lui-plait_881630

      Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir connu dès l’enfance, le paradis puis l’enfer, d’avoir griffonné ses premiers textes « sous les obus et les balles traçantes », à la veille d’un exil brutal. Et, bien des années plus tard, d’avoir soudain renoncé aux mirages de la City de Londres pour assumer une passion pour le rap, née à l’adolescence. Une façon de choisir enfin son destin. Gael Faye a 30 ans et déjà une vie bien remplie. Celle-ci forme la trame de son premier album solo, qui évite les clichés sur le métissage pour décliner les différentes facettes d’une existence de caméléon, sur des rythmes swinguants, mélangeant la rumba congolaise et un zeste de jazz-soul, au rap le plus affirmé. Une réussite d’autant plus notable que Gael Faye reste avant tout un auteur,« virevolteur de mots plein d’amertume », comme il se décrit lui-même dans le titre A-France, écrit il y a déjà dix ans et qui fut « la première vraie chanson » de cet album, rappelle ce jeune homme à l’allure presque sage et au visage encore enfantin.

      Faye parle de clivage entre deux cultures et deux mémoires. Cela peut sembler banal, c’est tout le contraire. Peut-être parce qu’exilé à 13 ans, un âge où l’on commence quand même à penser, il a une conscience claire de ses origines et prend un vrai plaisir à faire découvrir « son » Burundi natal, petit pays de l’Afrique des Grands Lacs qu’il a fallu abandonner du jour au lendemain. C’est à ce moment-là, en avril 1995, qu’il commence à écrire, dans une atmosphère de guerre civile. Des textes d’ado, alors que la mort des premiers Blancs vient de sonner l’heure du départ pour tous les Occidentaux. Le jeune Gael, lui, est métis. Avec un papa « croissant-beurre » et une maman « pili-pili » (nom du piment local), dont il raconte les amours contrariées dans la chanson qui donne son titre à l’album. En guise de « croissant beurre », le père est un personnage atypique : enraciné en Afrique, gérant aussi bien une réserve naturelle qu’une troupe de théâtre locale, et surnommé « Crocodile Dundee » depuis qu’il a tenté d’attraper Gaspard, le gigantesque caïman mangeur d’hommes du lac Tanganyika, sur les rives duquel se trouve Bujumbura, la capitale du Burundi. En l’occurrence, c’est la mère, qui rêve de Paris et finit par abandonner mari et enfants, longtemps avant les troubles qui conduiront à l’exil.

      Larmes.
      Bien des années plus tard, c’est donc dans l’urgence d’une évacuation que Gael Faye retrouve sa mère et découvre Saint-Quentin-en-Yvelines. Adieu l’Afrique, voici « l’A-France », « l’asile et l’exil ». Pour la première fois de sa vie, le garçon se découvre Noir, et trompe son angoisse en noircissant des pages d’écolier. On lui conseille de s’inscrire à l’atelier d’écriture de la MJC locale, « un atelier de rap, cette année-là. C’est comme ça que j’ai découvert cette musique », raconte-t-il. Très vite, il réalise aussi que, vu d’ici, l’Afrique est un gros trou noir perdu dans une lointaine galaxie, et c’est pour tromper cette ignorance complaisante qu’il prend plaisir à évoquer dans ses chansons les quartiers de « Buja » (Bujumbura), à remplir ses textes de noms de lieux et d’amis disparus.

      Gael Faye a tourné sur place, au Burundi, les clips de deux titres : Ça bouge à Buja, évocation endiablée d’une capitale réputée pour sa vie nocturne, et le sublime Petit Pays, qui arrachera des larmes à ceux qui connaissent l’Afrique des Grands Lacs. En réalité, le texte évoque un pays voisin, victime d’un autre drame : le Rwanda, dévasté par un génocide en 1994. C’est aussi l’autre patrie de Gael Faye, car sa mère était, au Burundi, une exilée rwandaise qui avait fui les premiers pogroms contre la minorité tutsie dans les années 60. Beaucoup de chansons sont d’ailleurs hantées par cette tragédie, dont il n’a découvert la genèse que longtemps après : « A l’époque, en 1994, on disait juste "les événements" devant les enfants », souligne-t-il. Le génocide hante aussi indirectement le magnifique Président,auquel participe le légendaire musicien angolais Bonga, dont la voix enrobe de rumba lusophone cette dénonciation des dérives du pouvoir sur le continent noir.

      Rencontres.
      Les thèmes d’inspiration remontent à l’adolescence. Ils ont eu le temps de mûrir avant que Gael Faye ne se décide à franchir le pas, larguer une vie de gestionnaire de hedge funds à Londres et cesser de ne considérer le rap que comme une passion intime. Bientôt, il crée avec Edgar Sekloka, un copain d’origine camerounaise, le groupe Milk Coffee & Sugar, qui produit un premier album, déjà prometteur. L’histoire de Gael Faye est faite de rencontres. Celle de ses potes, qui l’ont aidé à chaque étape à construire ce groupe, puis cet album solo. Celle de sa compagne, à laquelle il rend hommage (Ma Femme), mère de sa fille (Isimbi, autre titre empreint de tendresse). Elle est métisse, franco-rwandaise, et ses parents à elle traquent les présumés auteurs du génocide rwandais cachés en France. Au jeu de l’oie de la vie, on retombe toujours sur la case départ, semble suggérer ce jeune homme inspiré qu’on a envie de suivre, même quand il chante Je pars.

    • Gaël Faye, le paradis perdu à hauteur d’enfant
      Maria Malagardis, Libération, le 23 septembre 2016
      http://next.liberation.fr/livres/2016/09/23/gael-faye-le-paradis-perdu-a-hauteur-d-enfant_1507806

      Il s’étonne encore, parfois, de ce qui lui arrive. Du succès foudroyant de ce premier livre, publié cet automne, qui lui vaut emballement médiatique et cascade de consécrations. A peine Petit Pays vient-il d’être couronné du prix Fnac, vite suivi du prix Cultura, que Gaël Faye, auteur de 34 ans, apprenait qu’il figure sur la première liste du prix Goncourt comme du prix Médicis. Trois jours après notre rendez-vous, il se retrouvera également sur celle du Femina. Belle prouesse pour ce jeune homme au visage d’enfant, qui vit si loin des salons parisiens, au Rwanda. Sur la carte du monde, ce n’est qu’un petit cercle à peine plus grand que la Bretagne, dans le flanc du continent africain. Un pays au destin intense, en partie évoqué dans le roman sans en être le sujet principal, où il a fini par s’installer il y a un an, après tant d’années en banlieue parisienne. D’abord parce que sa femme y avait trouvé un nouveau job. A l’époque, il venait de rendre son manuscrit. Et c’est de loin, depuis ce pays « où l’idée d’écrire un livre vous fait passer pour un excentrique », qu’il a découvert le succès si rapide de Petit pays. Le livre n’était pas encore paru en France qu’il avait déjà été vendu à une vingtaine de maisons d’édition étrangères qui se sont parfois livrées une féroce concurrence. Comme en Allemagne, où dix éditeurs étaient en lice pour obtenir les droits du livre, en partie autobiographique. Depuis la parution en France, Gaël Faye enchaîne les interviews et les signatures, avec un agenda de rockstar auquel ce jeune homme discret n’était pas forcément préparé. Ce samedi soir, le voilà même invité chez Ruquier. Et on a du mal à l’imaginer jonglant avec la dérision et les provocs qui font la renommée de l’émission, lui qui a voulu raconter une histoire a priori empreinte de gravité : celle, exprimée à travers le regard d’un enfant, du basculement tragique, du paradis vers l’enfer, de son « petit pays » natal, le Burundi. Derrière lequel se profile très vite, le destin terrible d’un autre « petit pays » : le Rwanda voisin, dont la page la plus sombre, celle du génocide de 1994, fait également partie de la trame de ce premier roman.
      De la musique à la littérature

      En principe, pas vraiment de quoi se marrer sur le canapé du salon face au petit écran. En arrivant au café où l’on s’est donné rendez-vous ce jour-là au centre de Paris, il montre ébahi un exemplaire d’un magazine people qui lui consacre une page entière, suite au choix d’Isabelle Adjani qui a beaucoup aimé le livre. Elle aussi. Qu’est-ce qui fait que « la sauce prend » ? Qu’au milieu de la rentrée littéraire, un Petit pays se distingue soudain dans l’avalanche de parutions et suscite un enthousiasme unanime ?

      Il est vrai que dans la vie de Gaël Faye, il y a déjà eu beaucoup de rebondissements inattendus. Des bons et des moins bons. A commencer bien sûr par la fin d’une enfance enchantée au cœur de l’Afrique, celle qui inspire la fiction. Suivie d’un exil forcé en banlieue parisienne pour ce petit métis, fils d’un père français et d’une mère rwandaise, elle-même exilée au Burundi. Fruit d’une identité indécise (trop blanc en Afrique, trop noir en France), il cherchera longtemps son destin. Il y a six ans, on s’était déjà retrouvés dans ce même café. A l’époque, il poussait le landau de sa fille aînée et s’efforçait de percer sur la scène du rap. Sans regretter son choix : avoir quitté une vie confortable de trader à Londres, pour se consacrer à sa passion, la musique. La vie n’était pas forcément facile, mais Gaël appréhendait alors les difficultés de la vie d’artiste avec la même sérénité qu’il affiche aujourd’hui face à ce succès littéraire inespéré. Sur la scène rap, il finira par connaître une certaine reconnaissance. Notamment grâce à Petit Pays, titre d’une chanson qui suscitera un réel engouement et qui préfigure évidemment déjà certains thèmes de son livre.

      La musique reste sa passion. Ses chansons ont raconté les étapes et les émotions de sa vie, plus concrètement que son premier roman. Il a chanté, avec une sensibilité touchante, ses fantômes, ses interrogations comme son amour pour sa femme, et son émerveillement à la naissance de son premier enfant. Son roman est bien plus pudique sur sa vie privée. Il lui ouvre pourtant le sésame de la célébrité, comme jamais la musique n’a pu le faire. Désormais, lorsqu’il se produit en concert, « les librairies de la ville concernée m’appellent souvent pour me proposer d’animer dans la foulée une signature », s’amuse-t-il.

      En réalité, de la musique à la littérature, le lien est encore plus direct. Dans les vrais contes de fées, le hasard est l’autre nom du destin. Donc, il était une fois une éditrice indépendante dont le fils écoutait du rap à la maison. Un jour, la voilà intriguée par ce jeune chanteur à la peau café au lait qui plaît tant à son fils, et dont les thèmes d’inspiration sortent des poncifs habituels sur la vie de banlieue. Il y a aussi cette façon d’agencer les mots, de donner du sens aux paroles, qui suggérait, peut-être, un vrai talent d’écriture. « Catherine Nabokov m’a écrit une lettre en 2013, puis on s’est vus deux ou trois fois, de façon informelle. Elle m’a poussé à écrire. Mais moi à l’époque, j’étais très pris par les tournées. Je venais de sortir mon premier album en solo, j’avais aussi un groupe, Milk, Coffee & Sugar. Et, surtout, je n’avais pas d’idée très précise sur ce que je pouvais lui proposer : un recueil de nouvelles ? De la poésie ? J’ai longtemps hésité, je tâtonnais », raconte Gaël. Un an plus tard, il profite des vacances d’été pour écrire enfin quelques pages : ce sera le prologue du roman. C’est sur cette seule base, mais après de nombreuses discussions, qu’un contrat est signé avec Grasset fin 2014. « J’avais en principe trois mois pour écrire un roman, et cette deadline m’a donné un bon coup de pied aux fesses », se remémore Gaël, qui ne cache pas avoir beaucoup souffert : « Au début je m’arrêtais sur chaque phrase, je pouvais passer une journée à écrire dix lignes. C’était déprimant, poussif. Jusqu’au jour, où je me suis décidé à dérouler tout en vrac sans me poser de questions et peu à peu les personnages et l’histoire ont pris corps. »

      Comme Gaby, le narrateur du roman, Gaël a vécu la séparation de ses parents peu avant que les passions ne se déchaînent dans son pays natal. Comme celle de Gaby, la mère de Gaël est une Rwandaise, membre de la minorité tutsie, contrainte de fuir son pays natal, lors des premiers pogroms contre les Tutsis à l’aube des années 60. Les ressemblances formelles s’arrêtent globalement là. Le reste est un kaléidoscope où l’imagination et les souvenirs s’entremêlent pour brouiller les pistes. Au fond, la seule « vérité », c’est ce petit pays tant aimé, où la haine va peu à peu gangrener les cœurs, obligeant chacun à prendre position.
      Une impasse de Bujumbura

      Tout s’est déroulé très vite, en quelques mois, il y a une vingtaine d’années. A la façon d’un jeu de dominos fatal. Le premier président démocratiquement élu du Burundi est sauvagement assassiné, le pays s’embrase. Quelques mois plus tard, c’est au tour du dirigeant du Rwanda voisin d’être victime d’un attentat. Les extrémistes proches du défunt y trouvent le prétexte pour déclencher une solution finale contre la minorité tutsie. Le Rwanda sombre dans l’apocalypse. Une déflagration qui se répercute au Burundi voisin, qui plonge encore plus vers l’abîme.

      C’est cette mécanique implacable du « eux contre nous » que raconte le roman, lequel réserve une surprise, lourde de sens, assénée à la dernière phrase. Si surprenante et tellement déchirante. Quand on a soi-même vécu une période aussi bouleversante, peut-on échapper à l’impérieuse nécessité de la raconter ? La vie de Gaël Faye est évidemment à jamais marquée par cette enfance brisée au Burundi, par le deuil et le traumatisme du génocide au Rwanda voisin, qui a emporté tant de proches. Ceux de sa propre famille et de celle de sa femme, dont les parents traquent depuis quinze ans sans relâche les responsables du génocide, qui ont tenté de se faire oublier et de recommencer une nouvelle vie en France.

      A table, lors des retrouvailles familiales, pourtant souvent joyeuses en apparence, il y a toujours des fantômes qui s’invitent de manière subliminale. C’est le destin des familles de rescapés. Et celles de Gaël et de sa femme n’y échappent pas. Même les prénoms qu’on choisit pour les enfants porteront la marque de cette mémoire qui ne vous lâche jamais. Certaines scènes du livre s’inspirent d’ailleurs, au détail près, d’événements qu’ont vécu ses beaux-parents, avant ou pendant le génocide. Mais le jeune auteur a réussi à résister à la tentation d’un livre dénonciateur, comme à toute fascination pour la mort. « Je ne voulais pas faire uniquement un récit des violences qui ont embrasé cette région, explique Gaël. Les moments heureux méritaient eux aussi d’être évoqués. J’ai voulu y mettre la même douceur que celle que j’essaye d’insuffler dans mes chansons, sans minimiser bien sûr l’impact de la tragédie. »

      On retrouve dans ce premier roman bien plus que les thèmes d’inspiration qui habitent le musicien : un tempo, un style qui s’imposent parfois dans des formules lapidaires (« l’Afrique a la forme d’un revolver », « La guerre, sans qu’on lui demande, se charge de nous trouver un ennemi »). Elles alternent toutefois avec des moments, magnifiques, où le temps semble suspendu. Juste avant le drame : « Les vieilles ne disaient rien. Maman fermait les yeux, elle se massait les tempes. La radio des voisins diffusait des chants liturgiques. On entendait nos fourchettes tinter dans les assiettes ». Des instants où la vie semble en apesanteur, avant de basculer brutalement.

      Est-ce propre à l’Afrique ? Quand on écrit son premier livre à Paris, pendant l’hiver 2015, d’autres événements se télescopent fatalement. « J’ai situé l’univers du narrateur dans une impasse de Bujumbura [la capitale du Burundi, ndlr] », rappelle-t-il. « Mais ce n’est pas un souvenir personnel. L’idée s’est imposée le 7 janvier 2015, le jour de l’attaque contre Charlie Hebdo. Ce jour-là, j’avais rendez-vous avec le cofondateur de mon groupe, qui m’a annoncé qu’il voulait mettre un terme à notre collaboration. C’était la fin de notre aventure, de nos projets communs. Et pendant cette discussion très pénible, on voyait aussi défiler les tweets de plus en plus alarmistes sur l’attaque. On était concentrés sur nos préoccupations, alors que tout notre univers était soudain en train d’exploser. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de cette impasse où habiteraient mon héros et sa bande de copains. Un monde clos, préservé, au départ, d’une violence qui fait soudain irruption et bouleverse tout. La France à ce moment-là se croyait à l’abri du danger avant d’être projetée dans la terreur. Comme le sera le petit monde dans lequel évolue mon narrateur. »
      Des victimes qui nous ressemblent

      A quel monde appartient-on ? A celui de nos origines ou bien à celui que le destin nous impose ? Et sont-ils vraiment si différents ? Bujumbura-Paris, en aller simple : catapulté en France après son évacuation d’urgence, le jeune Gaël sera souvent agacé d’être toujours réduit aux mêmes images exotiques : « Quand je suis arrivé en France, on m’interrogeait sans cesse sur les baobabs et les girafes, alors que moi j’avais grandi dans une culture dominée par Nike et Michael Jordan. » Dans le premier chapitre du roman, le narrateur mélancolique et tourmenté par son passé se retrouve dans un bar où défilent les images des réfugiés qui arrivent en masse aux frontières de l’Europe. Encore un autre drame qui a marqué l’année 2015. « On ne dira rien du pays en eux », constate Gaby en observant ces groupes de réfugiés désespérés. A sa façon, Petit pays tente de réparer cette injustice, celle de l’ignorance ou de l’indifférence face au passé des « autres ». Mais le livre révèle aussi combien les victimes de ces tragédies lointaines, au fond, nous ressemblent.

      Et c’est peut-être dans cette facilité d’identification avec le narrateur et ses amis, que réside la clé de l’engouement pour ce premier roman d’un jeune auteur inconnu. Gaby n’est pas un petit Africain, c’est un enfant du monde emporté par la fureur du destin. Notre hantise commune. Une fois la saison des prix et promotions achevée, Gaël Faye repartira pour Kigali au Rwanda. Retrouver sa femme et ses deux enfants. Il y est heureux, apprécie le retour à la paix dans ce pays qui s’est reconstruit de manière impressionnante. Seule ombre au tableau : depuis le printemps 2015, le Burundi voisin sombre à nouveau dans la violence. L’enfer côtoie toujours le paradis. C’est ce que nous réserve, trop souvent, notre époque tourmentée. Là-bas comme ici.