• Perrault, notre génial architecte : Le Nouvel Observateur
    http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/02/28/perrault-notre-genial-architecte-556774.html?xtor=RSS

    Perrault, notre génial architecte

    Quelle joie de lire ici, sur BibliObs, un vibrant hommage à la gloire de Perrault, l’architecte de cette Bibliothèque de France, grandiose réalisation soviétique que le monde nous envie ! « Tours édifiées à la plus sérieuse gloire du savoir humain » ! Ah oui, qu’il est « génial », comme l’écrit Didier Jacob, en toute connaissance de cause, notre Perrault national ! Des génies comme ça, même dans les Carpathes, on a du mal à en trouver. On se demande pourquoi le grand homme se donne encore la peine de « répondre aux critiques dont il a été l’objet ». D’ailleurs il n’y répond pas du tout, preuve, s’il en est, que ces critiques n’ont pas de consistance. Des grincheux et des réacs qui n’aiment pas l’architecture moderne.

    Les chercheurs (ces vieux rasoirs) qui fréquentent quotidiennement le temple édifié par ce « génial architecte » ne le critiquent pas. Je le sais pour les avoir fréquentés assidûment en ces lieux pendant quelques années. Non, tous, unanimement, qu’ils soient français, italiens, belges ou autres, se contentent de souhaiter, à chaque fois qu’ils doivent aller travailler là-dedans, que M. Perrault soit pendu à une de ses mirifiques tours. Tous se contentent de le traiter de malfaiteur et d’incapable cosmique. Tous osent même penser que son machin est la pire chose qui soit arrivée à la recherche depuis cinquante ans, au moins. Mais ce sont de vieux rasoirs. On ne va quand même pas édifier une bibliothèque pour les gens qui la fréquentent. Où irait-on ? Quant aux malheureux conservateurs, obligés de vivre là-dedans tous les jours, ils ne disent rien, ou à voix basse. On est bien obligé de défendre publiquement son outil de travail.

    Mais foin de ces jérémiades. Je me propose d’illustrer par quelques observations toutes pratiques, fruit d’une longue expérience, à quel point mon distingué confrère Didier Jacob a raison d’employer le qualificatif de « génial » à propos de Perrault.

    #architecture #BNF #Mitterrand #recherche

  • Thréard, Rioufol, Zemmour : ces éditorialistes VRP du Front national
    http://www.acrimed.org/article4593.html

    Ils sont éditorialistes dans de « grands » hebdomadaires ou de « grands » quotidiens. On les entend régulièrement sur les stations de radio nationales. Ils sont les invités récurrents d’émissions de débat, sur les chaînes d’information en continu, voire même sur le service public. Ils font partie du paysage médiatique auquel le public est désormais accoutumé. Ils se défendent de soutenir le Front national, et pourtant force est de constater que depuis de longues années ils contribuent à installer, à banaliser, à diffuser l’idéologie de l’entreprise Le Pen. Qui sont-ils ? Les porteurs d’eau du FN. (...) Source : (...)

  • Everything About the Edward #Snowden / ’#Citizenfour' Lawsuit Is Batshit Crazy
    http://motherboard.vice.com/read/everything-about-the-edward-snowden--citizenfour-lawsuit-is-batshi

    ​The lawsuit, filed in December on behalf of the entire population of the United States, has been ​pretty well covered elsewhere, but some new developments, not least of which is Citizenfour’s Oscar win, ​have made it noteworthy again. The general premise of the suit is that the film contains classified information, so it should be removed from release and re-edited in order to preserve national security.

    (…) The plaintiff, Horace Edwards, is a regular guy (as in, not a federal attorney) who identifies himself as a former naval officer. His and his attorney’s actions since filing the suit, however, have only gotten more desperate and weird as it becomes ever apparent that the lawsuit is backfiring.

    Reading the court case from start to finish is like taking a master’s course in the Streisand effect and is a dictionary-perfect definition of frivolous litigation. Here is a rough timeline of events, which get increasingly odd as we move along in the proceedings.

    #secret #propriété_intellectuelle

  • Tristes tropismes | Zilsel
    http://zilsel.hypotheses.org/1693

    L’accumulation des « ismes » dans les domaines savants, au même titre que l’« effet logie »[1] ou bien encore l’omniprésence actuelle des « studies » presse à un travail réflexif des chercheurs en sciences sociales ­– et, sans doute également, des philosophes, des historiens de l’art et des spécialistes en études littéraires – sur la genèse des représentations sociales des savoirs et des catégories de pensée qui leur sont associées et qui sont acceptées comme des éléments de classification allant de soi, en quelque sorte pseudo-évidents et unitaires. Bien entendu, ces exemples marqueurs ne sont pas identiques et ne peuvent se confondre ; ils partagent néanmoins comme propriété commune, au-delà de signifier un tropisme académique, d’être des notions-concepts vagues permettant à certains acteurs ou collectifs d’acteurs de surfer dessus pour se faire un nom (et tout ce qui va avec). Ces marqueurs sont proches mais non identiques puisque, comme il va en être question dans cette recension du dernier ouvrage d’Anna Boschetti, les « ismes » ont existé et demeurent en dehors des champs académiques et scientifiques, contrairement aux « logies » et aux « studies » (parmi d’autres envisageables), qui produisent leur petit effet d’attraction par ailleurs.

    Dans son dernier ouvrage, la sociologue des intellectuels et de la culture entend rompre avec toutes ces habitudes de pensée savantes qui consistent – par séduction ?, par mimétisme ?, par paresse ? – à confondre les catégories d’analyse et autres formes de classification avec les objets d’étude, tout autant qu’à concevoir leur développement global suivant des « mouvements » successifs (p. 6), comme si elles naissaient, murissaient, se diffusaient et déclinaient naturellement – ce faisant, une génération en remplace une autre. Cette insatisfaction apparaît d’ailleurs dans la structure de la publication, à la fois sobre et ambitieuse. Composée de cinq chapitres (« romantisme », « avant-gardisme », « existentialisme », « structuralisme » et « postmodernisme ») de prime abord distincts mais entretenant cependant certains rapports d’affinité, cette structure exprime la volonté de l’auteure de s’émanciper des routines de la casuistique qui s’exerce dans les études littéraires et en sciences sociales. Ce sont toutes ces sortes d’habitudes consistant à les traiter suivant le format d’une simple juxtaposition, vis-à-vis de laquelle la confrontation et la comparaison ne sont pas pensées, ou bien à insister exagérément sur une forme de continuité qui laisse supposer une causalité établie (i.e. tel concept est le produit ou a été nécessairement généré par tel autre). Anna Boschetti ne cache pas que cet attachement à l’émancipation de la fausse alternative continuiste/discontinuiste trouve sa source dans les travaux sur l’art de Pierre Bourdieu, tout particulièrement au travers de la notion de « révolution symbolique ». Il y a chez tous les deux une même attention portée à la cumulativité des pratiques, des représentations et des savoirs, qui se distingue de l’emploi à toutes les sauces du concept de « paradigme » de Thomas Kuhn. De la même façon, elle rejette l’antinomie supposée dans l’étude des concepts des approches internaliste et externaliste. Pour tout dire, l’auteure emprunte toute sa méthodologie et sa terminologie à Bourdieu (celui des Règles de l’art et du cours sur Manet), jugeant par exemple insuffisante la sémantique historique (Geschichtliche Grundbegriffe) portée par Reinhart Koselleck (insuffisante en quoi, ce n’est pas très clair…) et le cadre théorique des « mondes de l’art » de Howard Becker, pas assez puissant selon elle, car il réduit les rapports sociaux à un simple processus de coopération entre acteurs agents individuels sans hiérarchies et facteurs de lutte apparents (p. 11).

    Ainsi donc, il est question d’habitus et de champs, d’espace des possibles, d’économie des biens symboliques, mais aussi de dispositions, de trajectoires, de classements, d’intérêts, de concurrence…

  • Le Truvada, « révolutionnaire » contre le VIH ? A quatre détails près - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/02/27/truvada-revolutionnaire-contre-vih-a-quatre-details-pres-257929

    « Des résultats presque parfaits », écrit Libération, « un médicament révolutionnaire », titre iTélé, quand Ouest-France parle d’un « traitement préventif efficace contre le VIH ». Les médias sont emballés par les résultats définitifs de l’essai dit Ipergay, dévoilés le 24 février à Seattle aux Etats-Unis. Et on les comprend.

    Lancée en janvier 2012 en France par l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS), l’étude Ipergay a été menée sur 414 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), très exposés au risque d’infection par le VIH par leurs pratiques sexuelles, et séronégatifs. Le but : tester le traitement anti-VIH pris par les séropositifs, mais cette fois-ci comme outil de prévention pour les séronégatifs.

    Les volontaires de cette expérimentation ont donc été divisés en deux groupes. Le premier devait absorber le médicament Truvada (qui associe ténofovir et emtricitabine) avant et après chaque rapport sexuel. Le second groupe, lui, se contentait du placebo.

    Après deux ans d’expérimentation, cette étude a montré [PDF] qu’il y avait 86% de réduction du risque de contamination par le VIH. Seize personnes ont été contaminées sur les 414 volontaires, mais seulement deux d’entre elles appartenaient au groupe Truvada et ont admis ne pas avoir pris le médicament avant leur rapport sexuel non protégé.

    Ces conclusions suscitent donc beaucoup d’enthousiasme dans la lutte contre le VIH. En prenant ce comprimé régulièrement, certains gays habitués aux rapports sexuels fréquents et non protégés pourraient échapper au VIH.

    Oui, mais l’ANRS et Aides qui soutient également cette étude et milite pour commercialiser le Truvada en France, n’ont pas vraiment insisté sur quelques détails... qui nuancent, pour certains, le résultat de cet essai.

    Avec notamment ce passage intéressant :

    « Ils ont eu beaucoup de mal à recruter des volontaires en France et ont même dû s’associer au Canada pour obtenir 414 personnes. Aujourd’hui, ils arrêtent de recruter. C’est quand même très étonnant pour une étude qui était censée s’achever en 2016. »

    Joint par Rue89, le Pr Jean-Michel Molina, qui a coordonné l’étude, met en avant l’« éthique » pour expliquer ce choix :

    « Le comité indépendant a recommandé l’arrêt du bras placebo [du groupe recevant un placebo, ndlr] et la mise à disposition du Truvada à la demande pour tous les participants.

    Cette recommandation a été rapidement mise en place après avis de l’ANRS et du conseil scientifique de l’essai. Il n’était en effet plus éthiquement acceptable d’inclure de nouveaux participants qui auraient pu recevoir un placebo et le recrutement dans l’étude s’est interrompu sans que nous n’ayons eu besoin d’inclure les 1 900 participants initialement prévus. »

    Mais si les associations liées à Ipergay vantent un très bon résultat, les études antérieures étaient beaucoup moins optimistes.

    #SIDA #prévention #médecine #éthique #placebo #MST

  • Masculinité hégémonique
    http://cafaitgenre.org/2015/02/23/masculinite-hegemonique/#more-2864

    Ce concept vise à analyser les processus de hiérarchisation, de normalisation et de marginalisation des masculinités, par lesquels certaines catégories d’hommes imposent, à travers un travail sur eux-mêmes et sur les autres, leur domination aux femmes, mais également à d’autres catégories d’hommes.

    La masculinité hégémonique est toujours l’expression hégémonique de la masculinité dans un contexte précis : elle est la stratégie qui permet à un moment donné et en un lieu donné aux hommes et aux institutions qu’ils représentent d’asseoir leur domination. Parfois, ses fondements sont remis en cause, par exemple suite à l’effondrement d’un système politique ou économique, mais elle ne disparaît pas, simplement remplacée par de nouvelles formes d’hégémonie reprenant à nouveaux frais les mêmes ressorts de pouvoir.

    #feminisme #condition_masculine

  • Les Inrocks - Pierre-Jean Luizard : « L’Etat islamique pourrait bien être le premier Etat salafiste à voir le jour »
    http://www.lesinrocks.com/2015/02/23/actualite/pierre-jean-luizard-letat-islamique-pourrait-bien-etre-le-premier-etat-s

    A l’instar de l’Etat irakien, l’Etat syrien n’a jamais permis l’émergence d’une citoyenneté partagée. Ceci explique qu’ils ont été la cible privilégiée des minorités (arabe sunnite en Irak et alaouite en Syrie) même si ce fut de façon différente dans chaque pays. La remise en cause des régimes a abouti à celle des Etats et, à ce titre, l’Etat islamique peut se prévaloir d’une longueur d’avance sur les autres groupes de l’opposition syrienne : il est le seul à ne dépendre d’aucun lien de dépendance envers un autre Etat et le seul à avoir traduit dans les faits la dégénérescence confessionnelle du printemps arabe, en Syrie notamment. En Irak, l’Etat islamique s’est imposé, en particulier face à Al-Qaïda, qu’il a purement et simplement intégré dans ses rangs. Il peut se targuer d’être le principal représentant de la “société civile” arabe sunnite du pays.

    #Daesh

    • C’est là un autre volet, le volet occidental, de l’action de l’Etat islamique. Les sociétés démocratiques occidentales font peser un poids important sur les épaules de chaque individu, de plus en plus sommé de se définir sans l’aide des cadres traditionnels qu’étaient l’Eglise, les partis, les syndicats ou la famille. Il faut tenter de se faire une opinion et de se forger une identité par soi-même sans le recours à des autorités ou à des maîtres à penser. Une telle responsabilité n’est pas assumable par tous. Ce qui est possible pour des élites culturelles et intellectuelles ne l’est pas toujours pour d’autres. Le phénomène sectaire puise à l’aune de ce dénuement. On recherche un gourou, une identité que ni l’Etat ni la société multiculturelle et de consommation ne sont en mesure d’apporter. La passion du foot et du vélo ne suffit pas.

      Le modèle républicain français est particulièrement questionné : se voulant universalisme, il en a les défauts et les manques, notamment sur la question de l’identité. Il faut rappeler que l’histoire coloniale française s’est faite au nom de ces idéaux républicains et que ce sont bien ces idéaux qui ont échoué en Algérie. On a voulu faire des musulmans algériens des Français en tentant de les acculturer à travers un “islam républicain” tout en les empêchant de devenir français. La loi de 1905 n’a pas été appliquée aux musulmans d’Algérie. Les juifs et les chrétiens d’Algérie ont obtenu la citoyenneté française là où les musulmans sont demeurés “sujets français”. Et les écoles de Jules Ferry en Tunisie n’ont pas permis d’effacer un rapport de domination coloniale. Ce n’était donc pas seulement un problème d’éducation comme ont feint de le croire les élites républicaines françaises.

      Ayant mis un mouchoir pudique sur ces échecs, ces élites ont largement ouvert les portes de l’immigration à une population, souvent défavorisée, originaire des ex-colonies, qui constituait autant de main-d’œuvre bon marché. Là encore, sans jamais se poser la question de l’identité, essentielle pour un vivre-ensemble, ni celle de la possible exclusion économique des futures générations issues de l’immigration comme c’est le cas aujourd’hui. Les apprentis djihadistes français n’ont certes pas la mémoire précise de cette histoire, mais elle constitue un ressenti qui alimente la victimisation. C’est la raison pour laquelle il y a peu de chance de voir émerger un gallicanisme musulman ou un islam républicain dont les promoteurs seraient vite perçus comme des “harkis” de l’islam.

      #EEIL #Al-Qaeda #analyse

  • Ça parle un peu d’IP, d’Internet et des sondes #RIPE_Atlas, mais surtout d’#ergonomie et de #visualisation_de_données. Résumé : représenter des phénomènes complexes et évolutifs (ici, des pannes de l’Internet) est dur, à la fois à cause des limites de #JavaScript, et à cause de celles du cerveau humain.

    https://labs.ripe.net/Members/emileaben/visualising-network-outages-with-ripe-atlas

    Je ne connaissais pas, par exemple, l’effet psychologique du « #change_blindness ».

  • Alan Turing : The Imitation Game (2014)

    (le film contient un peu trop de clichés « Turing » à mon goût, mais bon, faut quand même avoir vu)

    Trailer :
    https://www.youtube.com/watch?v=S5CjKEFb-sM

    Turing, l’homme qui cassait les codes :
    http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/turing-l-homme-qui-cassait-les-codes_1638747.html

    Mais pourquoi ce site [#Bletchley_Park] plutôt qu’un autre ? « Cette petite ville d’une tristesse ordinaire se situe au centre géométrique de l’Angleterre intellectuelle, là où la ligne de chemin de fer de Londres bifurque pour Oxford et Cambridge », répond Andrew Hodges en nous guidant dans le musée. L’homme parle en connaisseur. Doyen du Wadham College, à Oxford, il est venu en voisin par le train. Il a écrit une biographie au titre fleurant bon le jeu de mots : Alan Turing : The Enigma, un texte qui vient d’être traduit en français dans son intégralité.

    Et puis aussi, ce documentaire ARTE de juin 2014 :
    "La Drôle De Guerre D’Alan, Turing Ou Comment Les Maths Ont Vaincu Hitler"
    https://www.youtube.com/watch?v=9b7wAdVyCV0

    Et si le débarquement de Normandie n’avait été possible que grâce à un mathématicien antimilitariste et anticonformiste, dont le rêve était de construire un cerveau artificiel ? Le doux rêveur en question s’appelle Alan Turing et son domaine d’études est la branche la plus fondamentale des mathématiques : la logique. Bien loin, en principe, de toute application concrète. Comment ce savant excentrique a-t-il pu contribuer à la victoire des Alliés ? La réponse se trouve dans la petite ville de Bletchley Park, dans la grande banlieue londonienne. C’est ici que s’est jouée pendant la Seconde Guerre mondiale une vaste partie d’échecs dont l’enjeu était le décryptage des communications secrètes de l’armée allemande. Une partie dont la pièce maîtresse a justement été Alan Turing – l’inventeur de ce qui ne s’appelait pas encore l’ordinateur. Esprit plus que brillant, Turing sera pourtant traité de manière odieuse au lendemain de la guerre : son homosexualité lui ayant valu des poursuites judiciaires, il se suicidera en 1954 après avoir dû subir une castration chimique…

    .. et qui tente entre autre d’expliquer la Machine Universelle de Turing.

    #intelligence_artificielle #artificial_intelligence

    • Qu’on romance un peu, pour des raisons commerciales, l’arrivée du principal personnage secondaire, passons.

      Mais les manipulations/complots posent problème (dans le film Turing est carrément un traître en se rendant complice d’un espion pro-soviétique) ; et surtout, le fait de donner à la Bombe le prénom de Christopher me semble vraiment déplacer le propos. Le fil rouge du film devient alors une espèce d’hypothèse selon laquelle la quête d’une intelligence artificielle a pour ressort essentiel le phantasme de ressusciter son amour de jeunesse.

    • Dans Les Lettres françaises de ce mois :

      Pas de sauveur suprême

      Imitation Game est un film promis à un grand succès. Il présente en effet de grandes qualités, aussi bien en terme de réalisation que de jeu des acteurs, qui vont probablement lui permettre de triompher autant auprès du public que des critiques. Il est par ailleurs doté de grandes ambitions philosophiques sur des sujets forts relevant d’enjeux importants pour nos sociétés contemporaines à l’époque du déferlement numérique.
      Le film expose certaines des circonstances dans lesquelles les équipes de recherche, mobilisées par les services de renseignement anglais durant la Seconde Guerre mondiale, ont percé le secret des communications des armées ennemies. On y découvre notamment le rôle du mathématicien Alan Turing qui s’attela à casser le chiffrement mis en œuvre à l’aide de la machine allemande Enigma. Sa contribution prit la forme d’une autre machine destinée à automatiser le traitement des messages codés. Cette contribution, longtemps ignorée, – le terme « ultra secret » fut inventé notamment pour couvrir ce domaine – ne fut dévoilée qu’au début des années 1990, près de quarante ans après la mort tragique de Turing. A cette occasion, la thèse d’une guerre notablement « raccourcie » grâce aux résultats des équipes rassemblées à Bletchley Park a été largement diffusée.
      Hélas, le film, certainement pour accentuer la dramatisation, introduit cependant de nombreux raccourcis, biais, voire contre-vérités historiques, que les spécialistes de l’histoire militaire, et des techniques en général, n’ont pas manqué de relever. Certaines rencontres n’ont jamais eu lieu, certains personnages sont caricaturés, certains événements sont hypothétiques. La psychologie de Turing, notamment, semble naviguer entre détachement et arrogance pour en faire un personnage hors du commun, alors même que son activité de l’époque n’a pu avoir un impact que dans la mesure où elle était intégrée au travail collectif mobilisé dans le cadre d’une stratégie bien plus large.
      Mais au-delà de ces libertés prises avec les faits historiques – que l’on peut accepter dans la mesure où le film se présente comme une « fictionnalisation » de ces faits – il y a dans le propos général une dimension beaucoup plus problématique qui ne relève plus seulement de l’efficacité scénaristique. En effet, il est suggéré que la machine construite par Turing pendant la guerre serait un ordinateur, ou plus exactement une première version matérialisée de la « machine de Turing » qui fut décrite sur le papier en 1936. Or, si Turing mobilise toute sa science pour casser le code Enigma, il ne le fait justement pas en construisant une « machine de Turing » universelle – et donc un ordinateur — mais une machine, certes ingénieuse, néanmoins uniquement dédiée à cette tâche particulière. Un vrai premier ordinateur ne sera assemblé que dans la deuxième moitié des années 1940, une fois la guerre terminée. Ainsi le rapprochement entre la victoire des alliés – et donc, par extension, de la démocratie et du monde libre – , et la mise en œuvre des ordinateurs est une thèse qui s’avère historiquement plus que discutable et idéologiquement très contestable. Particulièrement à l’heure où les réalisations multiples, pour tout et n’importe quoi, qui découlent du déferlement des machines de Turing prennent, entre autres, la forme d’un appareil de surveillance totalitaire du coté de la NSA et du GCHQ récemment dénoncé par Edward Snowden.

    • une espèce d’hypothèse selon laquelle la quête d’une intelligence artificielle a pour ressort essentiel le phantasme de ressusciter son amour de jeunesse.

      Pour Jean Lassègue, Turing cherchait plutôt à répondre à des questions existentielles sur sa propre identité, notamment sexuelle.

      Le fameux « test de Turing » décrit notamment un « étalonnage » du dispositif expérimental où il s’agit de ne plus faire la distinction entre un homme et une femme...

    • Revenant au texte de l’article où le test de Turing est décrit par son auteur, Lassègue attire l’attention sur des bizarreries inaperçues avant lui dans sa formulation, la vulgate du test ayant arasé les curiosités. Tel que Turing l’a conçu, son test – qui fixera à quel moment (historique) une machine pourra être dite « intelligente » au sens où un être humain est intelligent (par opposition à un animal « intelligent ») – est une variante du jeu suivant. Trois personnes sont réunies : un homme, une femme, et une troisième au sexe indifférent : le joueur. Il s’agit pour celui-ci de deviner qui de ses deux interlocuteurs est l’homme, qui la femme. La difficulté réside dans le fait que le joueur communique avec les deux comparses, cachés à sa perception immédiate, par le seul truchement de messages échangés par télétype ou, pour actualiser sans inconvénient la problématique, par le truchement d’e-mails. Le joueur gagne s’il devine l’identité sexuelle de ses interlocuteurs, il perd dans le cas contraire.

      Lassègue fait à propos de ce jeu initial un certain nombre de remarques fort judicieuses. Il observe tout d’abord que sur le long terme (un certain nombre de parties), le joueur ne gagne véritablement que si son taux de succès diffère significativement de 50 % – taux de réussite qu’il obtiendrait en se contentant de « jouer à pile ou face » chacune des parties (pp. 153-154). Il note également – et cela constitue un élément crucial de sa lecture psychobiographique – qu’il semble aller de soi pour Turing que la stratégie prototype de l’homme consistera à mentir, alors que celle de la femme consistera à dire la vérité (p. 159).

      J’ajouterai, car cela a un impact lorsque le jeu de la différence des sexes opère sa transformation en « test de l’intelligence artificielle », que la réussite du jeu dépend du talent combiné des trois acteurs. Le joueur peut en effet gagner du fait de sa propre habileté, mais aussi bien parce que l’homme se trahit (il ment mal), ou parce que la femme est maladroite (elle manque d’assurance alors qu’elle dit vrai).

      Le test de Turing est en principe une variante du jeu de la différence des sexes, à ceci près que l’homme est remplacé par un ordinateur. Qu’est-ce à dire ? Turing est à ce point expéditif quant à son exemple (auquel, il faut le souligner, il n’accorde pas la signification critique que les philosophes lui reconnaîtront ensuite) qu’il ne précise pas lequel des deux jeux distincts, que sa nouvelle définition autorise, est celui qui constitue en réalité le test. Dans le premier, le joueur sait que, des deux comparses qu’il a en face de lui, l’un est une femme et le second un ordinateur (c’est l’interprétation « classique » du test de Turing : l’ordinateur fait la preuve de son intelligence [humaine] en n’étant pas déjoué plus souvent qu’aléatoirement ; la femme représente ici la race humaine tout entière). Dans le deuxième jeu, l’homme a été remplacé par un ordinateur à l’insu du joueur qui croit être en présence d’un homme et d’une femme (fait de chair et d’os), c’est-à-dire croit jouer au jeu de la différence des sexes.

      La différence essentielle entre les deux jeux possibles selon la définition de Turing apparaît clairement lorsqu’on examine le cas de figure où le joueur perd. Dans la première définition du jeu, les comparses l’emportent – à défaut du manque de talent du joueur – soit parce que l’ordinateur a su cacher sa nature machinique, soit parce que la femme a su se faire passer de manière convaincante pour un ordinateur (je laisse à l’imagination du lecteur féru de La planète interdite, 2001 : l’Odyssée de l’espace, Blade Runner, etc., les moyens de réussir ce subterfuge). Dans la deuxième définition du jeu transposé en test, les comparses triomphent parce que le joueur a pris la femme pour un homme et l’ordinateur pour une femme.

      Comme on s’en aperçoit aisément, simplement transposé comme le fait Turing, le nouveau jeu – sous ses deux avatars possibles – est dépourvu d’intérêt, sinon carrément stupide. C’est ce qui a conduit Lassègue à souligner les incohérences du supposé test de Turing et (plus particulièrement dans son article en anglais de 1996), à insister sur le fait que le test est irréalisable. Ce qui est effectivement le cas si, comme on vient de le voir, on prend à la lettre l’idée du test comme simple transposition du jeu. Il n’est pas impossible cependant, avec quelques corrections, de redéfinir celui-ci de manière à ce qu’il corresponde à un test de l’intelligence artificielle parfaitement réalisable. Pour ce faire, il convient tout d’abord de se trouver dans le second cas de figure : celui où le rôle de l’homme est tenu par une machine à l’insu du joueur (et idéalement, à l’insu également de la femme comparse). Il faut aussi déplacer la perspective d’interprétation : cette fois, le joueur du test n’est plus le joueur du jeu de la différence sexuelle ; le joueur authentique est l’ordinateur. En effet, que le joueur du jeu initial « perde » (prenne la femme pour un homme, et la machine pour une femme), ou qu’il « gagne » (reconnaisse la femme comme femme et prenne la machine pour un homme), c’est le véritable joueur du test, l’ordinateur, qui aura réussi l’épreuve. La seule victoire authentique du joueur contre la machine – celle qui signale que la machine a échoué au test en ayant été percée à jour – consiste à déjouer le stratagème en s’extrayant entièrement de l’environnement du jeu et en affirmant (avec indignation, et sur un plan « méta-ludique ») : « B est une femme, alors que A est une machine se faisant passer pour un être humain ! ».

      Lassègue s’intéresse aux implications psychologiques, pour Turing, de sa supposition que la stratégie prototype de la femme consiste à dire la vérité, et celle de l’homme à mentir. Turing se verra traîner de manière infamante devant les tribunaux pour homosexualité, condamné à un traitement médical humiliant, et privé de la possibilité – comme il l’avait fait jusque-là – de travailler dans le cadre de projets liés à la défense nationale britannique (selon l’opinion – courante à l’époque – que les homosexuels sont des proies trop aisées pour le chantage) ; nulle surprise, donc, s’il considère qu’à l’instar des talents qu’il a dû déployer dans la période qui précéda son inculpation, l’essence de l’homme (par opposition à celle de la femme) réside dans sa capacité à dissimuler.

      http://lhomme.revues.org/18

    • Aussi :

      http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2015/01/28/imitation-game-alan-turing-decus-decus-decus-257376

      « Imitation Game » accomplit donc cette prouesse de mettre en scène un personnage homosexuel tout en faisant d’une star ultra-féminine sa partenaire romantique durant tout le film. Et en évitant soigneusement de le montrer embrasser un homme.

      C’est peu audacieux, mais surtout étrange, tant la question homosexuelle est un des pans qui rendent malheureusement romanesque la vie d’Alan Turing. Car si Turing est mort en martyr, c’est parce que, lors du procès qui le condamna pour « indécence » (en fait, pour homosexualité), il ne put pour se défendre invoquer sa condition de héros de guerre – les recherches qu’il avait menées devant encore rester secrètes.

      Par ailleurs, sa mort est grandement conditionnée par cette condamnation. Plutôt que d’aller en prison, il choisit la castration chimique, ce qui non seulement le rendit impuissant mais le fit aussi grossir, au point qu’il dut arrêter la course à pied, dans laquelle il excellait.

  • Millions of Facebook users have no idea they’re using the internet - Quartz
    http://qz.com/333313/milliions-of-facebook-users-have-no-idea-theyre-using-the-internet

    It was in Indonesia three years ago that Helani Galpaya first noticed the anomaly.

    Indonesians surveyed by Galpaya told her that they didn’t use the internet. But in focus groups, they would talk enthusiastically about how much time they spent on Facebook. Galpaya, a researcher (and now CEO) with LIRNEasia, a think tank, called Rohan Samarajiva, her boss at the time, to tell him what she had discovered. “It seemed that in their minds, the Internet did not exist; only Facebook,” he concluded.

    “It seemed that in their minds, the Internet did not exist; only Facebook.” In Africa, Christoph Stork stumbled upon something similar. Looking at results from a survey on communications use for Research ICT Africa, Stork found what looked like an error. The number of people who had responded saying they used Facebook was much higher than those who said they used the internet. The discrepancy accounted for some 3% to 4% of mobile phone users, he says.

    Since at least 2013, Facebook has been making noises about connecting the entire world to the internet. But even Sheryl Sandberg, Facebook’s operations head, admits that there are Facebook users who don’t know they’re on the internet. So is Facebook succeeding in its goal if the people it is connecting have no idea they are using the internet? And what does it mean if masses of first-time adopters come online not via the open web, but the closed, proprietary network where they must play by Facebook CEO Mark Zuckerberg’s rules?

    This is more than a matter of semantics. The expectations and behaviors of the next billion people to come online will have profound effects on how the internet evolves. If the majority of the world’s online population spends time on Facebook, then policymakers, businesses, startups, developers, nonprofits, publishers, and anyone else interested in communicating with them will also, if they are to be effective, go to Facebook. That means they, too, must then play by the rules of one company. And that has implications for us all.

    #internet #facebook #conscience #digital_literacy

  • L’« écologie humaine », nouvel avatar de la droite conservatrice et catholique pour promouvoir ses valeurs morales
    http://www.bastamag.net/Ecologie-humaine-droite-Manif-pour

    De la lutte contre le mariage gay à la défense de la biodiversité, de la remise en cause du droit à l’avortement au soutien des « zones à défendre », de Christine Boutin à Pierre Rabhi… De nombreux activistes catholiques traditionalistes se convertissent à l’écologie. Une conversion qui n’est qu’apparente : elle permet de verdir une certaine vision réactionnaire de la famille sans véritablement interroger les défis environnementaux. Les dirigeants du mouvement Ecologie humaine ne cachent pas, par exemple, (...)

    #Décrypter

    / A la une, #Droites_extrêmes, #Enquêtes, #Climat

  • Le nu, étendard sexiste des valeurs occidentales | L’image sociale
    http://imagesociale.fr/1083

    L’unique raison pour laquelle de nombreux journaux reprennent cette information, malgré l’absence de déclaration explicite de l’actrice, est parce qu’elle mobilise un stéréotype islamophobe, permet de reproduire un schéma médiatique éprouvé qui renvoie une image positive de l’Occident – et fournit accessoirement un petit frisson d’excitation sexuelle. Egoïste n’étant pas une revue grand public, c’est le récit reproduit de manière similaire par les divers organes de presse qui fera office de référent.

  • Philippe Val a déjoué un complot : Acrimed gangrène la formation des journalistes ! - Acrimed | Action Critique Médias
    http://www.acrimed.org/article4570.html#nh2

    Ayatollah en charge de l’épuration du journalisme, des médias et de la critique des médias, Philippe Val, patron licencieur (de Siné, Porte et Guillon) et chasseur de têtes, n’est jamais en panne d’inspiration : la liste est longue de ses mensonges et calomnies d’une insondable bêtise. Et elle vient de s’allonger…

    Il y a peu, parmi les facteurs qui expliqueraient selon lui « la crise que traverse le journalisme », Philippe Val avait découvert celui-ci, sans doute le principal : « On peut relever l’intérêt des jeunes journalistes pour l’idéologie de Bourdieu selon laquelle les dominants ont toujours tort et les dominés toujours raison » [1]. Pierre Bourdieu, c’est connu, a soutenu une pareille imbécilité ! Mais c’est dans le Causeur du mois de février que nous découvrons une nouvelle façon originale de présenter, toujours en le dénigrant, le rôle qu’a pu jouer la critique radicale des médias, et en particulier Acrimed. Élisabeth Lévy déclare (p. 93), non sans déploration sous-entendue, « [que] la dénonciation de "l’islamophobie" bat son plein » : une occasion pour Philippe Val d’affirmer avec un sens subtil de l’à-propos :

    Si elle n’était produite par un psychiatre [2], cette prose inquiéterait véritablement pour les capacités intellectuelles de son auteur. Mais, en grand penseur qu’il est [3], peut-être Philippe Val a-t-il été trop vite pour nous.

    #Philippe_Val #Inter #Charlie #Acrimed #théorie_du_complot

    • Le nouvelobs n’est pas un titre populaire. L’image vient typiquement d’une iconographie corporate à destination des décideurs économiques, cadres et professions libérales. C’est à dire de gens qui se foutent de redorer un quinquennat ou de redonner une carrure présidentielle mais qui ont besoin qu’on leur dise à nouveau que le « job » sera fait.
      La comm élyséenne ne s’y est pas trompée.. C’est pas comme si le groupe du nouvel obs était géré par des patrons de presse et son actionnariat pour une pluralité de l’information. Qui peut croire ne serait ce qu’un seul instants que ces gens là sont jeunes.
      Le politique zombi n’apparait pas à l’image lui.

      http://youtu.be/jOBYECtS8t0?list=PLP5euP5ct5pHR7fyI7OIob59Tqe4pw_Ff

    • Je note ce passage dans le dernier billet de Lordon à ce sujet, et la parenthèse — qui renseigne un peu sur la psyché de l’auteur — qui suit :

      En tout cas pour la première fois depuis très longtemps, il y a à la tête d’un pays européen [la Grèce] des gens qui savent ce que c’est vraiment que la #politique – une histoire de force, de désirs et de passions –, soit l’exact contraire des comptables-eunuques qui gouvernent partout ailleurs, à l’image du têtard à binocles dont la couverture de L’Obs, qu’on créditerait ici volontiers d’un second degré inhabituellement fielleux, révèle qu’il est l’une des têtes pensantes de François Hollande. [#socialistes]

      [Incidemment, pour savoir à quoi ressemblent de vrais hommes politiques, c’est-à-dire des gens qui ont touché l’essence de la politique, une essence violente et forte, il faut regarder la tête des anciens directeurs du Shin Beth, le service secret israélien, interviewés dans le formidable documentaire The Gatekeepers, et qui, quoi qu’on pense par ailleurs de leur action, ont eu à agir en l’un des lieux de la planète où l’essence tragique du politique se donne à voir sous sa forme la plus haute. Et puis après admirer une photo de Michel Sapin. Ou le sourire d’Emmanuel Macron.]

      http://blog.mondediplo.net/2015-02-06-Syriza-cernee

      #violence #virilisme

      De vrais hommes :

  • How I became a password cracker | Ars Technica
    http://arstechnica.com/security/2013/03/how-i-became-a-password-cracker

    At the beginning of a sunny Monday morning earlier this month, I had never cracked a password. By the end of the day, I had cracked 8,000. Even though I knew password cracking was easy, I didn’t know it was ridiculously easy—well, ridiculously easy once I overcame the urge to bash my laptop with a sledgehammer and finally figured out what I was doing.

    My journey into the Dark-ish Side began during a chat with our security editor, Dan Goodin, who remarked in an offhand fashion that cracking passwords was approaching entry-level “script kiddie stuff.” This got me thinking, because—though I understand password cracking conceptually—I can’t hack my way out of the proverbial paper bag. I’m the very definition of a “script kiddie,” someone who needs the simplified and automated tools created by others to mount attacks that he couldn’t manage if left to his own devices. Sure, in a moment of poor decision-making in college, I once logged into port 25 of our school’s unguarded e-mail server and faked a prank message to another student—but that was the extent of my black hat activities. If cracking passwords were truly a script kiddie activity, I was perfectly placed to test that assertion.

    It sounded like an interesting challenge. Could I, using only free tools and the resources of the Internet, successfully:

    Find a set of passwords to crack
    Find a password cracker
    Find a set of high-quality wordlists and
    Get them all running on commodity laptop hardware in order to
    Successfully crack at least one password
    In less than a day of work?

    I could. And I walked away from the experiment with a visceral sense of password fragility. Watching your own password fall in less than a second is the sort of online security lesson everyone should learn at least once—and it provides a free education in how to build a better password.

    #mot_de_passe #sécurité

  • Les masculinités : critique de l’hégémonie, recherche et horizons politiques | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/masculinit%C3%A9s-critique-lh%C3%A9g%C3%A9monie-recherche-horizons-polit

    Raewyn Connell est une auteure aujourd’hui discutée de par le monde en études de genre. Le mois dernier, Contretemps publiait un entretien de Connell mené par Mélanie Gourarier, Gianfranco Rebucini et Florian Voros. Ils et elle présentaient le concept de masculinité hégémonique introduit par Connell de la façon suivante : « Ce concept vise à analyser les processus de hiérarchisation, de normalisation et de marginalisation des masculinités, par lesquels certaines catégories d’hommes imposent, à travers un travail sur eux-mêmes et sur les autres, leur domination aux femmes, mais également à d’autres catégories d’hommes. » L’originalité de ce concept, sa méthodologie et ses conséquences politiques sont présentées dans le texte suivant, co-signé par Arthur Vuatoux et Meoin Hagège.

    #masculinité_hégémonique #Connell #gender_studies

    • Connell dégage des catégories pertinentes et fait des constats justes sur le caractère historique des masculinités ou sur la façon dont la version hégémonique traverse les individus. Mais elle continue, à l’instar de bien d’autres courants, de rabattre le social sur le culturel. Il n’y a notamment pas de dynamique immanente pouvant expliquer l’historicité des catégories proposées. Le rapprochement final (et rendu possible par cette absence) avec les théories queer marque même une régression par rapport au riche matériau fourni par Connell.

  • Les 400 culs - Prenez une superbe femme, remplie de désir - Libération.fr
    http://sexes.blogs.liberation.fr/2015/01/14/prenez-une-superbe-femme-remplie-de-desir

    Un hétéro, une lesbienne, ne sauraient que se réjouir de passer un moment en sa compagnie… Et pourtant. Si une femme, inconnue, se présente nue en frappant à votre porte, si elle réclame du sexe, il y a de fortes chances que vous appeliez la police. Pourquoi ?

    Il existe depuis les années 70 une théorie relativement peu connue du grand public en France : la théorie des scripts sexuels. Elle repose sur l’idée que la sexualité ne relève pas d’un besoin physique « naturel », ni « instinctif », inscrit en nous à la naissance. Elaborée par deux sociologues américains – John Gagnon et William Simon – cette théorie repose sur un constat simple : il y a plein de situations qui désamorcent la sexualité. En d’autres termes : c’est la situation qui excite (ou pas). Un exemple ? « Prenez un homme ordinaire de la classe moyenne […] et envoyez-le en voyage d’affaires, ou pour raisons professionnelles, dans un grand hôtel relativement anonyme. En retournant à l’hôtel le soir, il ouvre sa porte et là, dans la pénombre du couloir, il distingue une femme extrêmement séduisante et presque nue. On peut tout à fait penser que l’excitation sexuelle ne va pas être sa première réaction. Une petite minorité d’hommes – ceux qui sont un peu plus paranoïaques que les autres – vont tout d’abord chercher à identifier les signes de la présence de l’avocat de leur femme ou d’un détective privé. La majorité d’entre eux optera tout simplement pour une retraite embarrassée et précipitée. Même de retour dans le couloir et voulant vérifier le numéro de sa chambre, notre homme n’aura pas de réaction sexuelle. Il retournera plus probablement à la réception pour élucider le problème et utilisera le téléphone, qui est affectivement neutre. Dans cette situation, il manque un script efficace qui autoriserait cet homme à définir cette femme comme acteur érotique potentiel (le simple fait qu’elle soit séduisante ou presque nue n’est pas suffisant en soi) et la situation comme potentiellement sexuelle ».

    #sexualité #sociologie

  • Le challenge du logo #ANSSI
    http://blog.bienaime.info/2015/01/le-challenge-du-logo-anssi.html

    Le 3 février 2012, l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a publié son nouveau logo et a eu la bonne idée d’y cacher un challenge de sécurité informatique. Des morceaux de solution furent rapidement trouvés et rendus publics, mais ce challenge a su se faire désirer puisque deux ans plus tard, j’ai finalement été le premier à en voir le bout. Dans cet article, je vous présente ma solution, le raisonnement adopté, les galères rencontrées ainsi qu’un petit bonus, le tout sur un ton assez peu formel.


    Figure 3 : Découverte des couches
    #cryptanalyse

  • David Simon Does Not Care What You Think Is Cool About His TV Shows
    http://grantland.com/features/david-simon-show-me-a-hero-hbo-the-wire-treme

    “Nobody watched The Wire when it was on,” says David Simon, leaning forward with a conspiratorial whisper, sitting at a neat desk in the ersatz office of Harry Oxman, the long-ago vice-mayor of Yonkers, New York. “Nobody watched The Corner.

    “I didn’t believe for a minute [Generation Kill] would pull a number. You make a piece about the American misadventure in Iraq when people still have a taste of Fallujah in their mouths? Then we launched Treme, a show about culture and musicians — good luck.

    “And, uh,” Simon says, “I don’t believe anyone’s going to watch this.”

    The famously malcontent Simon is harrumphing as usual. His new HBO miniseries, Show Me a Hero — about the fierce and unbelievable public-housing desegregation battle in 1980s Yonkers — is shooting down the hall. It will wrap at the end of the month and won’t air until later this year. And here he is in this uninhabited part of the set, patiently, convincingly, and dramatically explaining why it also will fail to find an audience.

    “You are not going to get zombie-like numbers,” he says with more than a hint of disdain, “for a story about 200 units of low-income housing being built on the east side of the Saw Mill Expressway and the racial strife that ensues.”

    But in all this harrumphing, there is a glint of stubborn pride. “I’ve gone 16 years,” he says. “I’ve gone as long as you can go in television without having an audience.”

    Say hello to David Simon in winter.

    #The_Wire #Simon #Treme #Generation_Kill