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Les filles sages finissent au paradis, les autres vont où elles veulent.

  • #Précarité_alimentaire : « Les a priori sur les pauvres représentent un frein politique puissant »

    La crise liée à l’#inflation met en lumière la réalité de millions de personnes qui dépendent de l’#aide_alimentaire. Benjamin Sèze est l’auteur de “Quand bien manger devient un luxe” (Les Éditions de l’Atelier, 2023), une enquête fouillée sur la réalité de la précarité alimentaire en #France. Interview.

    « Ça ne coûte pas plus cher de bien manger », disait la réclame de Casino. Un slogan publicitaire, mais aussi une idée reçue démontée pied à pied dans l’ouvrage de Benjamin Sèze, “Quand bien manger devient un luxe. En finir avec la précarité alimentaire”, (Les Éditions de l’Atelier, 2023) : https://editionsatelier.com/boutique/accueil/372-quand-bien-manger-devient-un-luxe--9782708254114.html

    Alors que l’inflation des #prix de l’#alimentation culmine à plus de 21 % sur deux ans, cette enquête jette une lumière crue sur les millions de personnes qui dépendent de l’aide alimentaire. Mais aussi sur celles qui ne peuvent se nourrir comme elles le souhaiteraient.

    Ce livre invite à changer de regard sur l’aide alimentaire et sur l’accès à une alimentation saine et durable. Il envisage également de véritables #politiques_publiques « pour en finir avec la précarité alimentaire ». Interview.
    Inflation, hausse du nombre de bénéficiaires… Récemment, les Restos du cœur ont tiré la sonnette d’alarme. Doit-on lire cette séquence comme un épiphénomène ou comme le révélateur d’une crise plus profonde ?

    À chaque crise, il y a une montée de la précarité alimentaire. Il y a à la fois une augmentation des ménages concernés qui, du fait d’une baisse des revenus ou d’un accroissement des charges, se retrouvent pris à la gorge. Mais il y a aussi une montée de l’intensité de la précarité pour les ménages qui sont déjà en difficulté. On ne peut pas seulement parler de nouveaux pauvres. Cette crise révèle des situations de précarité existantes qui se sont intensifiées.
    Dans votre ouvrage, vous mettez en exergue le fait que des millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire. Un pourcentage en augmentation depuis 15 ans…

    Oui, même depuis 30 ans. Les chiffres peuvent différer, mais, aujourd’hui, on sait qu’on est au moins autour de 5 millions de personnes qui dépendent de l’aide alimentaire.

    Le dernier chiffre sur l’insécurité alimentaire porte le nombre de personnes concernées à 8 millions. On ne parle pas que des personnes qui recourt à l’aide alimentaire, mais aussi des personnes qu’on considère en situation d’insécurité alimentaire par rapport à certains critères.

    À partir de là, on se rend compte que l’aide alimentaire va bien au-delà des personnes les plus marginalisées de notre société. Le public de l’aide alimentaire, c’est un peu monsieur et madame tout le monde. Ce sont les étudiants précaires de la classe moyenne, le travailleur précaire, le chômeur de longue durée, la mère seule, le petit retraité…

    Pour beaucoup de personnes, c’est une aide qui est pérenne depuis plusieurs années et parfois jusqu’à la fin de leur vie. Je pense aux retraités, il y a des femmes qui ont travaillé avec de petits salaires, en temps partiel, et qui se retrouvent avec des pensions d’environ 700 euros.

    Nous sommes complétement sortis de l’objectif initial de l’aide alimentaire qui, dans les années 80, était celui d’une aide d’urgence, ponctuel. Nous sommes arrivés à un système d’approvisionnement parallèle au marché classique pour des millions de personnes en France.
    Est-ce le résultat de choix politiques ?

    C’est la résultante de choix et de non-choix politiques. L’existence de ce système caritatif repose sur quatre grands acteurs que sont les Restos du cœur, la Croix rouge, le Secours populaire et les banques alimentaires.

    Aujourd’hui, l’État se repose sur ce système qui est porté par des acteurs associatifs qui, eux-mêmes, dépendent du bon vouloir des citoyens de donner de l’argent ou de s’engager bénévolement pour pouvoir assurer le fonctionnement de ces structures.

    De ce fait, les gouvernements successifs n’ont entamé aucune réflexion politique sur la lutte contre la précarité alimentaire. L’État se contente de soutenir ces acteurs à coup de millions d’euros.

    Mais c’est aussi la résultante de choix politiques, dans la mesure où depuis sa création, au milieu des années 80, le système d’aide alimentaire a eu d’autres finalités que sa finalité sociale. Dès le début, l’aide alimentaire a servi à écouler les stocks de produits agricoles stockés par les États pour éviter que les prix agricoles ne s’effondrent.

    Avec la politique agricole commune (PAC), on a demandé aux producteurs européens de surproduire avec le risque que les cours des produits agricoles ne s’effondrent en même temps que le revenu des agriculteurs. Pour éviter cela, les États achetaient le surplus.

    La création de ce système d’aide alimentaire a donc été une opportunité d’écouler ces stocks et de faire une politique anti-gaspillage de ces stocks et une politique de maintien des prix agricoles.

    Ensuite, l’aide alimentaire a été détaché de la PAC, mais on l’a remplacée par un autre objectif, celui de la lutte contre le gaspillage de l’industrie agroalimentaire. Depuis la loi “Garot” de 2016, les supermarchés sont obligés de se mettre en lien avec des associations pour distribuer leurs invendus et éviter le gaspillage alimentaire.
    Quelles sont les limites de cette politique ?

    Il permet la non-réflexion sur la surproduction et le gaspillage de l’industrie agroalimentaire. Mais ça pose aussi un certain nombre de problèmes en termes de qualité de l’alimentation et d’adéquation par rapport aux besoins des personnes.

    On sait que l’aide alimentaire est une nourriture essentiellement de mauvaise qualité nutritionnelle. Les maladies liées à une mauvaise alimentation sont surreprésentées parmi le public de l’aide alimentaire.

    Ça pose également un problème de dignité. Comment s’envisage-t-on en tant que citoyen quand, pour remplir un besoin aussi primaire que celui de se nourrir et de nourrir sa famille, on dépend du don des autres, des invendus des supermarchés, donc de ce que les autres n’ont pas voulu acheter ?
    Vous le soulignez dans votre livre, la précarité alimentaire ne concerne pas seulement les personnes qui ont recours à l’aide alimentaire…

    Selon une étude du Crédoc, une personne sur deux se débrouille sans l’aide alimentaire. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il y a deux fois plus de personnes en précarité ou en insécurité alimentaire que de personnes qui recourt à l’aide alimentaire.

    Il y a différentes raisons à cela. Certains ne rentrent pas dans les critères pour s’inscrire à la distribution de colis. D’autres ne sont pas informés ou sont trop éloignés des points de distribution. Il y a aussi, plus simplement, des questions de dignité. Un refus de perdre sa liberté, son autonomie dans son alimentation, devoir aller dans un lieu stigmatisant, bénéficier du don des autres pour se nourrir…

    Beaucoup de personnes préfèrent s’en passer et utilisent d’autres stratégies. On va être là dans de la privation, l’aide de proches et le recours à une alimentation à bas coup, souvent de mauvaise qualité.

    Olivier de Schutter (ancien rapporteur pour le droit à l’alimentation, à l’ONU, NDLR) regrette que l’aide alimentaire et l’alimentation low cost servent de substitut à des politiques sociales plus protectrices. L’État se repose sur ces deux piliers. Il y a l’idée que pour les gens qui ont peu de moyens, il existe toute une gamme de produits à bas coût. L’idée que le marché est bien fait.

    Sauf que c’est une illusion. On ne prend pas en compte le fait que des millions de personnes sont contraintes dans leur alimentation. Elles sont obligées d’acheter des produits qui ne correspondent ni à leurs besoins ni à leurs goûts et qui, objectivement, ne sont pas bons pour elles.
    Dans votre livre, vous battez en brèche l’idée qu’il y aurait des « goûts de pauvres ». Récemment, dans les colonnes de Ouest France, Olivia Grégoire, la ministre chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, appelle à réintroduire des cours de cuisine à l’école pour lutter contre l’inflation alimentaire. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    La question de l’éducation à une meilleure alimentation n’est pas une mauvaise idée en soi, mais elle le devient quand elle ne concerne que les précaires. Elle est inefficace pour énormément de ménages en situation de précarité alimentaire qui n’ont absolument pas besoin d’être éduqués. Par ailleurs, elle est stigmatisante.

    Depuis 20 ans, les questions sur les pesticides, les OGM, l’obésité infusent dans le débat public. Aujourd’hui, tout le monde est plus ou moins au courant de ce qu’est une alimentation saine et durable et des intérêts d’une telle alimentation.

    Par ailleurs, il y a une étude du Crédoc qui montre que les plus gros consommateurs de produits sucrés sont les CSP+. Sauf qu’ils consomment par ailleurs autre chose. Le problème de la précarité alimentaire, c’est surtout la non-consommation de certains produits comme les fruits et légumes.

    Les a priori sur les pauvres représentent un problème, un frein politique puissant. S’ils sont pauvres, ils sont présumés irresponsables, mauvais gestionnaires et fainéants. À partir de là, ça oriente la réflexion politique. Il s’agira de faire des dons en nature et pas en liquide au risque que les pauvres achètent des écrans plats.

    Les préjugés sur les pauvres, c’est aussi ce qui justifie l’aide alimentaire. À partir du moment où on considère que les pauvres sont responsables de leur situation, on ne se questionne pas sur les raisons de la pauvreté et sur les dysfonctionnements de notre société. On n’a pas de réflexion systémique, on envisage la pauvreté comme une espèce de verrue sur un corps sain, comme une anomalie dans un système qui fonctionne, un monde à part.

    Donc, on n’est pas choqués que pour ces gens-là les règles ne soient pas les mêmes. On n’est pas choqués que ces gens-là doivent dépendre du don des autres pour pouvoir manger. Par contre, on est choqués quand il refuse les produits qui ont atteint la date de péremption. On est choqués quand les associations refusent des lasagnes à la viande de cheval.
    À quoi pourraient ressembler des politiques publiques de lutte contre la précarité alimentaire ?

    Il y a de nombreuses pistes de réflexions. La précarité alimentaire est souvent le produit d’autres formes de précarité. C’est-à-dire que l’alimentation est une variable d’ajustement, comme le chauffage, quand le budget est trop serré.

    Une politique de lutte contre la précarité alimentaire ne vise pas forcément l’alimentation. Ça peut passer par une hausse des minimas sociaux, une augmentation des bas salaires. Ça peut être des politiques publiques de protection sociale qui vont aboutir à améliorer les conditions d’alimentation des ménages.

    À Grande-Synthe, ils ont mis en place Minimum Social Garantie (MSG). Une aide de la commune pour compléter le revenu des ménages qui n’atteignent pas le seuil de pauvreté. Après une évaluation, ils se sont rendu compte que cette augmentation de revenu, pour la plupart, partait dans l’alimentation.

    La stratégie de l’aide financière est intéressante, elle permet de redonner de l’autonomie et de la liberté aux ménages dans leur consommation alimentaire. Lever une première contrainte de l’aide alimentaire qui n’est pas des moindres sur les questions de dignité et puis mettre en adéquation l’alimentation par rapport à ses besoins.

    Il pourrait aussi y avoir une politique incitative sur la structure de l’offre alimentaire. Sur la structure de l’offre des supermarchés, sur les recettes des industriels qui transforment les produits… Sur les questions de santé, il y a des recommandations en fixant des taux minimaux en gras, en sel, en sucre dans les produits. Ce sont seulement des recommandations. Sur la fiscalité, en taxant les produits de trop mauvaises qualités, mais avec le risque de pénaliser les précaires si rien n’est proposé à côté. Avec les aides, on peut favoriser la production de produits sains et durables

    Mais on en est bien loin d’une vraie réflexion politique… Pour le trimestre anti-inflation, le gouvernement n’a même pas réuni un collège de spécialiste de la santé pour déterminer des produits de bases sur lesquels baisser les prix. Le gouvernement à laisser ça au libre choix des enseignes qui ont décrété ces panels selon leurs propres critères. Ça a été plus ou moins rectifié, mais les premiers paniers ne comportaient même pas de fruits et légumes. Par contre, il y avait des sodas et des produits ultra-transformés.

    https://www.bondyblog.fr/opinions/precarite-alimentaire-les-a-priori-sur-les-pauvres-representent-un-frein-p
    #alimentation #préjugés #pauvres #pauvreté

  • La lutte féministe et le piège du punitivisme
    https://www.revolutionpermanente.fr/La-lutte-feministe-et-le-piege-du-punitivisme

    De #MeToo au mouvement Ni Una Menos en Argentine ou en Italie, en passant par le plus récent #SeAcabó des footballeuses espagnoles, l’accent a été mis sur la violence de genre et sur la manière d’y faire face, en dénonçant les féminicides et les multiples agressions et abus sexuels qui se produisent sur les lieux de travail et dans d’autres sphères sociales. Le mouvement des femmes a contesté la naturalisation de ces agressions et abus, ce qui a constitué un grand pas en avant. Cependant, lorsqu’il a fallu articuler des stratégies de lutte, des objectifs et des programmes politiques, de profondes divergences sont apparues au sein du féminisme. Si dans les premières années de cette nouvelle vague féministe, les courants du féminisme radical, défendant des conceptions séparatistes et parfois essentialistes, étaient assez hégémoniques, récemment des voix se sont faites entendre à gauche pour remettre en cause ce que l’on peut appeler une dérive punitiviste du féminisme. Dans cet article, nous proposons un aperçu de certaines de ces critiques, pour ensuite approfondir le point de vue et le programme d’un féminisme socialiste à ce sujet.

    #féminisme #punitivisme #anticarcéral #abolitionnisme #justice

  • Le féminisme est-il en perte de vitesse ? Avons-nous perdu de vue l’essentiel ? | TRADFEM
    https://tradfem.wordpress.com/2023/09/06/le-feminisme-est-il-en-perte-de-vitesse-avons-nous-perdu-de-vue-l

    Julia Gillard, ancienne Première ministre travailliste d’Australie, a récemment passé quatre minutes à baragouiner n’importe quoi lorsqu’on lui a posé la question « Qu’est-ce qu’une femme ? » lors d’un événement sur les « progrès des femmes », tenu à Adélaïde. [...]

    Les propos de Mme Gillard m’ont vraiment troublée parce qu’ils représentent une sorte de rétrécissement de la vision, une contraction, un affaiblissement de tout ce que je reconnaîtrais comme étant du « féminisme ».

    À mon sens, l’un des pires aspects de la guerre des sexes a été la transformation du féminisme en un discours du type « Tout plane pour moi » : les bonnes personnes sont du côté des gens qui se disent les plus opprimés et les mauvaises personnes doivent être combattues. Cet univers moral est aussi sombre qu’étroit. Il a impliqué de concentrer nos efforts sur un groupe très restreint et d’exclure ce qui se passe dans le reste du monde. Nous nous retrouvons maintenant avec un genre de féminisme qui convient parfaitement au déclin néolibéral, un discours sur la libération et la liberté de choix (celui de votre sexe) qui est totalement individualiste.

    Tout est mis en œuvre pour protéger des personnes qui, nous dit-on constamment, sont les plus marginalisées de la planète : celles qui souffrent de dysphorie de genre dans les pays les plus riches du monde. La « lutte » consiste à actualiser ses émotions et l’ »ennemi » est toute personne qui nuit à cette démarche. Être un allié trans signifie écouter, apprendre et céder. Les manuels disent que cela signifie interpeller toute personne qui n’utilise pas les néo-pronoms corrects ; en d’autres termes, cela implique tout simplement le maintien de l’ordre dans l’espace intime et privé. Tout ce que la lutte collective exige désormais, c’est de croire en sa propre légitimité. L’atomisation de toute politique radicale est ainsi achevée.

    Mais que perd-on lorsque l’ »activisme » devient une parade de jeux de langage et de démarches d’annulation ?

    Il me semble que cette sorte de vision étriquée nous fait perdre de vue l’existence de tout mouvement féministe mondial ou international. Si le summum de la politique progressiste est désormais considéré comme la position selon laquelle les « sentiments/l’identité de genre » sont plus importants que la biologie, comment parler de la situation des femmes dans les autres parties du monde ?

    #féminisme #transactivisme

  • « 90 kg de pain sans subir la hausse des coûts de l’énergie » : pourquoi le modèle du four solaire se diffuse - Basta !
    https://basta.media/90-kg-de-pain-sans-subir-la-hausse-des-couts-de-l-energie-pourquoi-le-model

    Pour produire suffisamment de pain et rendre l’activité viable, Arnaud Crétot a doublé la surface de son four il y a trois ans, passant de 5 m2 à 11 m2 de miroirs. Aujourd’hui, la coopérative emploie quatre personnes. Le four est mis en route tous les jours de soleil de la semaine pour cuire le pain ou des graines. Et il est visité par des scolaires, des associations, des entreprises et des porteurs de projet en formation. Près de 150 artisans y ont été formés depuis 2021.

    L’alternative de NeoLoco consiste à s’adapter à l’énergie intermittente qu’est le soleil. Puisque celui-ci ne brille en moyenne que 40 % du temps en Normandie, il faut utiliser ces moments en priorité pour la cuisson. « Il suffit de transformer le modèle économique en pensant l’organisation du travail en fonction d’une énergie qui ne peut pas être utilisée en continu détaille le boulanger ingénieur. Pour les produits périssables, comme le pain, il faut remettre à plat les savoir-faire et maximiser la production à chaque étape : utiliser une farine au levain, qui permet une plus longue conservation du pain, varier les temps de levée et de cuisson en fonction de l’ensoleillement disponible, précommander les pains à l’avance pour ne cuire que ce dont on aura besoin et livrer le jour prévu… »

    Et si vraiment le soleil ne se lève pas, on cuit au feu de bois ! « Avec ce système, on arrive à produire 90 kg de pain en une journée sans avoir à subir la hausse des coûts de l’énergie et donc à augmenter nos coûts auprès de nos clients », indique le boulanger.

    #électricité #autonomie #coopérative

  • Les conditions d’un art politique
    https://laviedesidees.fr/Justine-Huppe-La-Litterature-embarquee

    Face à l’inflation des discours qui vantent les pouvoirs de la #littérature et son aptitude à agir dans le monde, Justine Huppe réévalue les conditions de politisation de l’activité littéraire. À propos de : Justine Huppe, La Littérature embarquée, Amsterdam

    #Arts #engagement
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202309_huppe.docx

  • Le féminisme ludique de Fifi Brindacier - Chroniques critiques
    http://www.zones-subversives.com/2022/07/le-feminisme-ludique-de-fifi-brindacier.html

    La traduction française de Fifi Brindacier propose une version édulcorée et assagie. « Une anarchiste en camisole de force », ironise Christina Heldner. La narration foisonnante se réduit à un pauvre petit récit d’aventures linéaires. La version française subit de nombreuses coupes. « Et de se demander, vraiment, quel intérêt pouvaient bien avoir ces livres dont on avait censuré toute la puissance, toute la liberté, tout le plaisir », interroge Christine Aventin. L’éditeur Hachette estime que la bonne moralité doit régner sur la littérature jeunesse. Il censure les passages dans lesquels Fifi manque de respect à l’autorité, mais aussi la créativité des histoires qu’elle invente. Ce qui révèle la dimension subversive et politique de la fiction.

    Fifi est devenue un personnage incontournable avec des adaptations pour la télé, le cinéma, la comédie musicale, le jeu vidéo, le musée ou le parc d’attractions. Mais le texte original semble le plus souvent oublié. Ce qui permet de lisser les aspects transgressifs du personnage. « Déminage idéologique, transformation de la loser en outsider, et ré-insertion dans les lois du marché », déplore Christine Aventin.

    Le personnage de Fifi est créé par Astrid Lindgren dans le cadre de la « Bibliothèque rose ». Les livres destinés à la jeunesse se distinguent entre ceux réservés aux garçons et ceux qui s’adressent aux filles. Mais Fifi remet en cause ce cadre conformiste. Fifi émerge donc dans la niche culturelle la plus mineure et la moins légitime : celle de l’édition pour enfants réservée aux filles. « Choisir la créativité comme mode d’action et faire des zones les plus dominées de la culture populaire un terrain privilégié de la lutte politique », propose Christine Aventin.

    https://cdn.kobo.com/book-images/300f7dc5-6aa5-48de-aa9e-f57d0909ca22/353/569/90/False/feminispunk-1.jpg

    #féminisme #fiction #littérature #livre

  • Lecture : « Faire Justice », le milieu militant fait-il pire que la justice bourgeoise ? - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2023/09/19/lecture-faire-justice-le-milieu-militant-fait-il-pire-que-la-justice

    Avec, “Faire justice, moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les violences sexistes”, Elsa Deck Marsault nous offre une réflexion édifiante sur une tendance préoccupante qui traverse le milieu militant : “Comment les militant·es pour la justice sociale et pour l’abolitionnisme pénal en sont iels venus à ne pas faire mieux, parfois même pire que la police en matière de violences au sein de leurs espaces de lutte ?”.

    Et si Elsa Deck Marsault questionne de façon aussi pertinente les dynamiques à l’œuvre c’est qu’elle-même fait partie des communautés queer et féministe, et a été directement confrontée aux violences de certain·es militant·es. Elle a, par la suite, cofondé Fracas, un collectif militant queer et féministe qui propose un accompagnement dans la gestion des violences, agressions et conflits. Fracas, riche de ses expériences et observations sur le terrain, propose également des témoignages et de nombreuses ressources en ligne. C’est donc grâce à son parcours personnel, en tant que gouine et militante, et à son travail au sein de l’association Fracas, que l’autrice en est venue à cette réflexion sur les dérives punitives et à explorer des pistes pour mettre en place une véritable justice transformatrice.

    Pour comprendre le moralisme progressiste qui s’est répandu dans le milieu militant et qui tend parfois au “puritanisme politique”, il faut souligner deux choses : la façon dont nous avons intégré le système punitif et l’extrême individualisation de nos sociétés.

    #militantisme #privilèges #justice #féminisme #lecture

    • #justice_transformatrice
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Justice_transformatrice

      Pour illustrer le fait que de multiples réponses différentes peuvent être envisagées pour un même conflit, Louk Hulsman a inventé la « parabole des cinq étudiants » :

      « Cinq étudiants vivent en colocation. Un jour, l’un d’entre eux se jette sur la télévision et la brise. Il casse également des assiettes. Ses colocataires ont des attitudes différentes face à l’événement : l’une est furieuse, ne veut plus vivre avec lui et propose de l’exclure de la colocation. Un autre étudiant propose qu’il remplace les biens qu’il a cassé. Une autre préconise une solution médicale pensant que son ami est malade. La dernière personne propose que tous réfléchissent ensemble plus profondément sur ce qui ne fonctionne pas dans leur colocation. Il y a donc plusieurs solutions proposées pour le même conflit. La solution punitive, compensatoire, thérapeutique et conciliatoire. En vérité, la plupart des conflits interpersonnels sont dénoués en dehors du système pénal, grâce à des accords, à des médiations, à des décisions privées entre les intéressés. »

      C’est interessant si il s’agit d’une atteinte à un bien commun mais dans le cas des violences faites aux personnes et en particulier les violences sexuelles (ce qui est un pbl central pour les féministes) je ne voie pas comment l’agresseur peut réparé ou dédommagé la victime de ce qu’il lui a infligé.
      La proposition de médiation ( #justice_réparatrice ) s’avère être parfois un nouveau traumatisme pour la victime.

      Je ne cherche pas à rejeté ces idées, ca me questionne. En plus j’ai revu Dogville il y a quelques jours !
      L’idée que la victime doive s’inscrire dans un processus de réparation de la société me semble assez culpabilisant ou oppressant pour les victimes.

      Ainsi, les milieux “radicaux” ne font plus de politique, ils font de la morale. Ils ne cherchent plus à renverser la situation et changer le monde, il cherchent à rester “safe” dans leur bulle coupée du monde.

      Pour la question de la morale, je sais que ce mot est dévalorisé à gauche, mais la morale ce sont les règles comportementale de la collectivité qui ont un lien étroit avec la justice, l’injustice, la punition... Ce sont les manquements à la morale qui actionnent l’appareil judiciaire (enfin sur le principe), manquement à la morale qui vont de l’infraction au crime en passant par le délit selon la gravité de la faute. La morale fait entièrement partie de la politique.
      Il y a aussi un souci de glissement entre le collectif et l’individu qui donne une impression paradoxale : ici les individus « radicaux » sont critiqués pour leur besoin d’être saufs, et leur organisation en « bulles », ce qui me semble ciblé les squats autogéré et pourtant à la fin on propose comme solution :

      il nous appartient de construire et développer des groupes d’entraide à tous les niveaux : des cantines populaires, des cours d’autodéfense, des squats, etc. De “faire grandir cette culture d’autonomie”.

      J’avoue que je ne sais pas comment équilibré le social et l’individu alors je vais pas le demandé aux autres mais il me semble qu’il y a quelquechose de bancal par ici.

  • Une #université a tué une #librairie

    Une université vient de tuer une librairie. Le #libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a appuyé sur la détente.

    Cette université c’est “mon” université, Nantes Université. Cette librairie c’est la librairie Vent d’Ouest, une librairie “historique”, présente dans le centre de Nantes depuis près de 47 années et travaillant avec l’université depuis presqu’autant de temps.

    Une université vient de tuer une librairie. Nantes Université travaillait, pour ses #commandes d’ouvrages (et une université en commande beaucoup …) avec principalement deux #librairies nantaises, Durance et Vent d’Ouest. Pour Vent d’Ouest, cela représentait une trésorerie d’environ 300 000 euros par an, 15% de son chiffre d’affaire. Une ligne de vie pour les 7 salariés de la libraire. Et puis Vent d’Ouest perd ce marché. Du jour au lendemain. Sans même un appel, une alerte ou une explication en amont de la décision de la part de Nantes Université.

    À qui est allé ce marché ? Au groupe #Nosoli, basé à Lyon, qui s’auto-présente comme le “premier libraire français indépendant multi-enseignes” (sic) et qui donc concrètement a racheté les marques et magasins #Decitre et #Furet_du_Nord (et récemment Chapitre.com) et dont le coeur de métier est bien davantage celui de la #logistique (#supply_chain) que celui de la librairie.

    Pourquoi Nosoli a-t-il remporté ce #marché ? Et pourquoi Nantes Université va devoir commander à des librairies Lyonnaises des ouvrages pour … Nantes ? Parce que le code des #marchés_publics. Parce que l’obligation de passer par des #appels_d’offre. Parce le code des marchés publics et des appels d’offre est ainsi fait que désormais (et depuis quelques temps déjà) seuls les plus gros sont en capacité d’entrer dans les critères définis. Parce que les critères définis (par #Nantes_Université notamment) visent bien sûr à faire des #économies_d’échelle. À payer toujours moins. Parce que bien sûr, sur ce poste de dépenses budgétaires comme sur d’autres il faut sans cesse économiser, rogner, négocier, batailler, parce que les universités sont exangues de l’argent que l’état ne leur donne plus et qu’il a converti en médaille en chocolat de “l’autonomie”. Parce qu’à ce jeu les plus gros gagnent toujours les appels d’offre et les marchés publics. C’est même pour cela qu’ils sont gros. Et qu’ils enflent encore. [mise à jour] Mais ici pour ce marché concernant des #livres, ce n’est pas le critère du #prix qui a joué (merci Jack Lang et la prix unique) mais pour être parfaitement précis, c’est le critère du #stock qui, en l’espèce et malgré le recours en justice de la librairie Vent d’Ouest, et bien qu’il soit reconnu comme discriminatoire par le ministère de la culture (en page 62 du Vade Mecum édité par le ministère sur le sujet de l’achat de livres en commande publique), a été décisif pour permettre à Nosoli de remporter le marché. [/mise à jour]

    Alors Nosoli le groupe lyonnais a gagné le marché de Nantes Université. Et les librairies nantaises Durance et Vent d’Ouest ont perdu. Et quelques mois après la perte de ce marché, la librairie Vent d’Ouest va fermer.

    On pourrait s’en réjouir finalement, ou même s’en foutre totalement. Après tout, Nantes Université va faire des #économies. Après tout une librairie qui ferme à Nantes et 7 salariés qui se trouvent sur le carreau c’est (peut-être) 7 personnes du service logistique du groupe Nosoli qui gardent leur emploi. Et puis quoi, une librairie qui ferme à Nantes mais il y en a 6 qui ont ouvert sur les deux dernières années à Nantes. Alors quoi ?

    Alors une université vient de tuer une librairie. Et quand on discute avec les gens qui, à Nantes Université, connaissent autrement que comptablement la réalité de ce qu’était le #marché_public passé avec Durance et Vent d’Ouest, et quand on échange avec celles et ceux qui ont l’habitude, à l’université ou ailleurs, de travailler avec le groupe Nosoli, on entend toujours la même chose : rien jamais ne remplacera la #proximité. Parce qu’avec Durance et Vent d’Ouest les échanges étaient souples, réactifs, pas (trop) systématiquement réglementaires, parce que les gens qui dans les bibliothèques de l’université commandaient les ouvrages connaissaient les gens qui dans les librairies les leur fournissaient, et qu’en cas de souci ils pouvaient même s’y rendre et les croiser, ces gens. Et on entend, en plus de l’aberration écologique, logistique, et sociétale, que les commandes avec le groupe Nosoli sont usuellement et comme avec tout grand groupe logistique … complexes, lentes, difficilement négociables et rattrapables, sans aucune souplesse, sans aucune écoute ou connaissance des besoins fins de l’université “cliente”. Voilà ce que l’on entend, entre autres choses plus âpres et plus en colère.

    Une université vient de tuer une librairie. Et ça fait tellement chier. C’est tellement anormal. Tellement schizophrène. Le même jour que celui où j’ai appris l’annonce de la fermeture définitive de la libraire Vent d’Ouest, j’ai aussi reçu un message de Nantes Université m’informant que, champagne, l’université venait – comme 14 autres universités – de remporter un appel à projet de plus de 23 millions d’euros. La cagnotte lancée par la libraire Vent d’Ouest après la perte du marché de Nantes Université lui avait rapporté quelques milliers d’euros qui lui avaient permis de retarder sa fermeture de cinq mois.

    Vivre à l’université, travailler à Nantes Université, c’est être tous les jours, à chaque instant et sur chaque sujet, confronté au même type de #schizophrénie. D’un côté on collecte des dizaines de millions d’euros dans de toujours plus nébuleux appels à projets, et de l’autre on gère la misère et la détresse. Et on ferme sa gueule. Parce que ne pas se réjouir de l’obtention de ces 23 millions d’euros c’est être un pisse-froid et c’est aussi mépriser le travail (et l’épuisement) des équipes qui pilotent (et parfois remportent) ces appels à projets. Oui mais voilà. À Nantes Université on organise des grandes fêtes de rentrée et on donnez rendez-vous à la prochaine #distribution_alimentaire, la #fête mais la #précarité. Et l’on fait ça tous les jours. Toutes les universités françaises organisent ou ont organisé des #distributions_alimentaires, et toutes les universités françaises remportent ou ont remporté des appels à projet de dizaines de millions d’euros. Mais les financements qui permettraient de recruter des collègues enseignants chercheurs ou des personnels techniques et administratifs en nombre suffisant, et de les recruter comme titulaires, pour garantir un fonctionnement minimal normal, ces financements on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient d’éviter de fermer une librairie avec qui l’université travaille depuis des dizaines d’années et d’éviter de mettre 7 personnes au chômage, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à tous les étudiant.e.s de manger tous les jours à leur faim, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à l’UFR Staps de Nantes Université de faire sa rentrée on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de la fac de droit de Nantes Université de ne pas sombrer dans l’#épuisement_au_prix et au risque de choix mortifières pour eux comme pour les étudiant.e.s on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de l’IAE de Nantes Université de ne pas s’enfoncer dans le #burn-out, ces financements on ne les trouve jamais. Il n’y a pas d’appel à projet à la solidarité partenariale. Il n’y a pas d’appel à projet à la lutte contre la #misère_étudiante. Il n’y a pas d’appel à projet pour permettre à des milliers de post-doctorants d’espérer un jour pouvoir venir enseigner et faire de la recherche à l’université. Il n’y pas d’appel à projet pour sauver l’université publique. Il n’y en a pas.

    Il n’y a pas d’appel à projet pour la normalité des choses. Alors Nantes Université, comme tant d’autres, est uniquement traversée par des #régimes_d’exceptionnalité. #Exceptionnalité des financements obtenus dans quelques appels à projets qui font oublier tous les autres appels à projet où l’université se fait retoquer. Exceptionnalité des #crises que traversent les étudiant.e.s, les formations et les #personnels de l’université. Exceptionnalité des mesures parfois prises pour tenter d’en limiter les effets. Dans nos quotidiens à l’université, tout est inscrit dans ces #logiques_d’exceptionnalité, tout n’est lisible qu’au travers de ces #matrices_d’exceptionnalité. Exceptionnalité des financements. Exceptionnalité des crises. Exceptionnalité des remédiations.

    Une université vient de tuer une librairie. Cela n’est pas exceptionnel. C’est devenu banal. Voilà l’autre danger de ces régimes d’exceptionnalité permanents : ils inversent nos #représentations_morales. Ce qui devrait être exceptionnel devient #banal. Et ce qui devrait être banal (par exemple qu’une université publique reçoive des dotations suffisantes de l’état pour lui permettre d’exercer sa mission d’enseignement et de recherche), est devenu exceptionnel.

    Une université vient de tuer une librairie. Dans le monde qui est le nôtre et celui que nous laissons, il n’est que des #dérèglements. Et si celui du climat dicte déjà tous les autres #effondrements à venir, nous semblons incapables de penser nos relations et nos institutions comme autant d’écosystèmes dans lesquels chaque biotope est essentiel aux autres. Nantes Université a tué la libraire Vent d’Ouest. Le mobile ? L’habitude. L’habitude de ne pas mener les combats avant que les drames ne se produisent. L’habitude de se résigner à appliquer des règles que tout le monde sait pourtant ineptes. L’habitude du renoncement à l’attention à l’autre, au plus proche, au plus fragile, dès lors que l’on peut se réjouir de l’attention que nous portent tant d’autres. L’#habitude d’aller chercher si loin ce que l’on a pourtant si près.

    Une université vient de tuer une librairie. Le libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. L’habitude a fourni le mobile. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a froidement appuyé sur la détente.

    https://affordance.framasoft.org/2023/09/une-universite-a-tue-une-librairie

    #ESR #enseignement_supérieur

  • Luttes LGBTI, luttes des classes ? - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Luttes-LGBTI-luttes-des-classes

    En résumé, l’aura d’une pensée queer très centrée sur l’individu et son travail sur soi évoque d’autres logiques libérales, comme le développement personnel ou la pensée du mérite, et l’esprit du temps nous a beaucoup fait perdre l’idée de se penser membre d’une classe et solidaire avec les autres membres. Mais d’autres pensées non-hétéronormées existent, comme le matérialisme trans, qui nous sortent de cette ornière. Il ne s’agit pas de nier l’expérience que font les personnes peu ou pas conformes aux rôles sociaux de sexe, mais de bâtir du collectif sur la base de ces expériences en commun. Alors que se fragmentent les identités (voir les drapeaux genderfluid, genderqueer, agenre, apogenre, mavérique, non-binaire, tous termes identifiant des personnes qui ne souhaitent se reconnaître dans aucun genre, voir « Raymond reviens » qui parle à ce sujet de culture nerd), ce serait une perspective plus émancipatrice. Je laisse le dernier mot à cette blogueuse : « Si on accepte de ne pas se confiner au ressenti, on peut arriver à trouver des points communs dans les vécus pour créer du collectif. Cette façon de faire date déjà un peu, c’étaient les premières féministes qui se regroupaient et échangeaient pour voir ce qui au-delà du ressenti de chacune, étaient des points communs de leurs vécus et constituaient donc probablement des éléments spécifiques de l’exploitation des femmes. À nous de refaire de même, sans doute dans des modalités adaptées à notre époque, pour sortir du libéralisme de "chacun·e son ressenti" qui ne mène à rien. »

    #lgbti #queer #trans #genre

  • Madrid (Espagne) : Policier infiltré dans des mouvements antifascistes | Attaque
    https://attaque.noblogs.org/post/2023/09/12/madrid-espagne-policier-infiltre-dans-des-mouvements-antifascistes

    En 2015, Sergio Botana, policier sous couverture, établit un premier contact avec une banque alimentaire, qui lui permettra de rejoindre le collectif de jeunesse antifasciste « Distrito 14 »

    Personne ne connaît son adresse exacte, il n’est pas originaire du quartier et il vit avec un oncle que personne n’a rencontré. Des soupçons apparaissent, mais il gagnera la confiance des militants au fil des années, effaçant tout doute à son égard.

    Il participe à de nombreuses actions : occupation de banques, manifestations antifascistes et pour l’autodétermination de la Catalogne… Sergio en vient même à habiter avec d’autres militants, jusqu’à avoir une relation sur plusieurs années avec une d’entre eux.

    La confiance acquise au fil des ans lui a permis de s’engager trois ans plus tard dans le « Movimiento Antirrepresivo de Madrid » (MAR).

    Une répression immense s’abat sur le collectif à partir de 2021 sans que l’on sache si c’est lié à cette infiltration. Il prend par la suite ses distances avec le groupe en prétextant vouloir devenir pompier.

    Plusieurs éléments ont permis de découvrir des mois plus tard que Sergio Botana se nommait en réalité Sergio Gigirey Amado et qu’il était policier. Tout part d’une photo d’une course à pied dans laquelle son vrai nom apparaît.

    Après quelques investigations, le MAR retrouve une seconde photo de Sergio passant son concours de policier en 2014. Enfin, l’entreprise dans laquelle il était censé travailler a confirmé au MAR qu’aucun Sergio ne travaillait à cette époque-là.

    Le MAR conclut en affirmant que ce sont en tout six « taupes » qui ont été découvertes ces quinze derniers mois au sein des mouvements sociaux espagnols.

    #police #espagne

  • Indonésie : îles en lutte contre un projet « d’éco-city » qui chasserait des habitants - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2023/09/16/indonesie-iles-en-lutte-contre-un-projet-deco-city-qui-chasserait-de

    L’île de Rempang se situe dans l’archipel de Riau, en Indonésie, en Asie du Sud-Est. L’île est située à seulement 25 kilomètres au sud de la riche métropole de Singapour.

    Les autorités veulent y construire un projet « d’Éco-City » consacré au tourisme de luxe et aux « industries vertes ». Un investissement à 11,5 milliards de dollars.

    Le problème, c’est qu’il faudra pour cela déporter les 10.000 habitant-es de l’île, des populations autochtones de pêcheurs. Pour vider Rempang, les natifs seraient expulsés sur l’île voisine de Galang.

    Hors de question pour les habitant-es de ces deux îles. Depuis dix jours, d’importants affrontements ont lieu pour résister aux 1000 forces de l’ordre envoyées par le pouvoir central indonésien. Des barricades bloquent les voies et une émeute a aussi eu lieu sur l’île Batam où se situe le grand port industriel.

    Derrière l’hypocrisie de projets « d’éco-city » réservés aux riches et de « tourisme vert », l’écrasement de populations locales et la répression.

    https://contre-attaque.net/wp-content/uploads/2023/09/379346149_1101000894204090_2952220341890526182_n.mp4

    #indonésie #libéralisme #greenwashing #expropriation "tourisme

  • L’ART DE PERDRE | Cerveaux Non Disponibles
    https://cerveauxnondisponibles.net/2023/09/15/lart-de-perdre

    Le constat est glaçant, et nous oblige à nous questionner. Prenons la dernière défaite majeure en date : la réforme des retraites. Bien sûr, on pourrait tenter de refaire le match et dire ce qu’il aurait fallu faire différemment pour arriver à faire plier le gouvernement. Bien sûr, les syndicats ont été défaillants à bien des égards.

    Mais sincèrement, qui pense vraiment qu’il existait un scénario qui ferait plier le pouvoir sur ce point ? [...]

    En quelques décennies, le contrat implicite passé entre la population et ses « gouvernants » a totalement basculé. Il y a 20 ou 30 ans, on aurait jamais imaginé que des mouvements sociaux d’une telle ampleur ne débouchent pas sur des compromis du gouvernement en place. Aujourd’hui, en raison de la violence de la société ultra libérale et la propagande des médias qui la servent, cela est devenu « normal ».

    La preuve de ce terrible constat se trouve également du côté des Gilets Jaunes. Comment pouvait-on imaginer qu’une telle révolte n’aboutisse à aucun changement politique, pas même un remaniement ? Le pouvoir a tremblé, s’est barricadé, mais n’a concédé que des miettes.
    Qui aurait pu prédire que tout resterait comme avant ? Voire pire.

    Car c’est aussi la force de ce système : non seulement il ne cède pas aux protestations sociales, mais il arrive à se renforcer à chaque séquence, notamment sur son volet répressif, sécuritaire et liberticide.

    #luttes #manifs

  • CHAØS - Collectif Habitat Oléron Solidarité
    https://www.facebook.com/chaosoleron

    Dimanche 28 mai nous avons investi une des plages les plus fréquentées de l’île Oléron, pour y inaugurer le village éphémère de Saint-Précaire sur mer.
    Les plagistes et passant·es pouvaient lire sur les pancartes « A Saint-Denis-d’Oléron, 74,7 % de résidences secondaires en 2019 », « A La Brée-les-Bains, 79,5 % de résidences secondaires en 2019 »...
    Nous avons choisi de créer ce village fictif pour rendre visible la précarité dans laquelle se trouvent de plus en plus d’habitant·es de l’île face à l’augmentation drastique du nombre de résidences secondaires et la spéculation foncière.
    Nous voyons nos proches, des gens qui ont grandi sur l’île, d’autres qui s’y investissent et la font vivre depuis plusieurs années, être obligé·es de partir, faute de trouver un toit.
    Nous regardons les volets fermés se multiplier l’hiver, et nous ressentons d’autant plus un choc quand des centaines de milliers de personnes affluent aux premiers week-end de mai, et l’été. Nous comptons avec un certain malaise les Tesla, et les énormes SUV flambants neufs qui se fraient un chemin tant bien que mal dans les petites ruelles de nos villages.
    Nous entendons aux terrasses et dans les boutiques « C’est trop mort l’hiver ici, on ne reviendra plus que l’été », « On a vendu sur l’île de Ré pour venir à Oléron, c’est beaucoup plus vivant », « Ma résidence secondaire ? Elle se paye toute seule avec les locations à la semaine ! ».
    Nous voyons les ami·es attendre leur avis d’expulsion, suite à la mise en vente de leur logement. D’autres ont un bail de septembre à juin, et doivent déménager pour 2 mois, pour faire la place aux vacancier·es.
    Nous écoutons celles qui peinent à recruter pour l’été par manque de logements saisonniers, et ceux qui peinent à trouver du travail à l’année.
    Nous voyons tous les matins les voitures traverser le pont depuis le continent, amenant les centaines de personnes qui travaillent à Oléron, mais doivent se loger dans les terres.
    Nous lisons les prospectus des promoteurs immobiliers, qui vendent aux citadin·es des résidences haut de gamme sur une île « tranquille, authentique », l’endroit parfait pour investir dans un « refuge patrimonial ».
    Nous sommes inquièt·es et en colère, de voir l’île que nous habitons se dépeupler, perdre sa mixité sociale, ses jeunes, sa vie, au profit de personnes qui n’y séjourneront en moyenne que 15 jours dans l’année.
    C’est pourquoi dimanche nous avons construit le village de Saint-Précaire sur mer, et que nous l’avons fait vivre de nos chants et de nos présences.
    Pour opposer à la langue de bois de la spéculation foncière et des promoteurs, notre vision d’Oléron, les liens que nous avons tissés, avec elle, et entre nous. Pour faire exister nos mots et nos imaginaires, face à la désertification progressive de l’île.
    Oléron est encore une île vivante et populaire grâce à ses habitants et habitantes. On y rit, on y fait la fête, on y mange dans le jardin ou sur la plage, on s’y engueule, on y marche, on s’y perd, on y rêve, toute l’année.
    Oléron est habitée, tout le temps, par des gens, mais aussi par des animaux, des plantes, les marées et le vent.
    Oléron n’est pas une réserve touristique, et elle n’est certainement pas un « refuge patrimonial ». Oléron n’est pas une carte postale « tranquille », ni un placement financier.
    Nous aimons Oléron, ses usages, ses paysages, nous y sommes impliqué·es, par le travail ou l’associatif, nous y avons nos amies et nos proches, et nous voulons pouvoir y vivre à l’année, dans de bonnes conditions.
    Nous voulons voir plus de volets ouverts, surtout l’hiver.
    Nous voulons des commerces, des restaurants, des bars ouverts toute l’année.
    Nous voulons continuer à accueillir des vacancier·es sans être entièrement dépendants du tourisme.
    Nous voulons des classes qui ouvrent dans les écoles, plutôt qu’elles ferment.
    Nous voulons que tout le monde soit logé dignement, dans des logements en bon état.
    Nous voulons que les personnes qui font vivre Oléron puissent se loger à Oléron.
    Nous voulons que nos jeunes puissent se projeter et rester ici s’ils et elles le souhaitent.
    Nous voulons une île vivante, toute l’année.
    CHAØS - Collectif Habitat Oléron Solidarité

    #logement #gentrification #habitat #précarité

  • FRUSTRATION MAGAZINE | Coop ou pas coop de trouver une alternative à la grande distribution ?

    Un supermarché dit “coopératif” est… un supermarché ! Le projet est de reproduire la promesse mais en supprimant la part dévolue habituellement aux bourgeois : l’appellation “coopératif” fait référence à la structure juridique où les salariés ont le pouvoir et ne reversent pas de dividende à des actionnaires. Mais les salariés ont tendance à se comporter collectivement comme un bourgeois propriétaire d’un “moyen de production” et le recrutement est souvent affinitaire : un bourgeois à plusieurs. La valeur captée sur le travail bénévole est redistribuée essentiellement à quelques salariés. Dans ce type de supermarché, les consommateurs doivent être sociétaires et “donner” du temps pour faire tourner la boutique, en plus du travail salarié qui y a lieu. Cette “coopération” ou “participation” ou “collaboration” c’est 3h de travail obligatoire tous les mois sous peine de sanctions (contrôles à l’entrée du magasin pour éventuellement vous en interdire l’accès). Ces heures obligatoires sont cyniquement là pour créer un attachement des bénévoles au supermarché, comme l’explique aux futurs lanceurs de projet le fondateur de Park Slope Food le supermarché New-Yorkais qui a inspiré tous les autres.

    #autogestion #supermarché #coopératives #scop

  • GRAIN | Les avocats de la colère
    https://grain.org/fr/article/6986-les-avocats-de-la-colere

    Les entreprises californiennes ont créé des filiales au Mexique et ont commencé à s’approvisionner directement auprès des producteurs, allant jusqu’à installer leurs propres usines de conditionnement dans le Michoacán[31]. Une étude estime qu’en 2005, Mission Produce, Calavo Growers, West Pak, Del Monte, Fresh Directions, et Chiquita concentraient 80 % des importations étasuniennes d’avocats du Mexique[32].

    Actuellement, l’état fédéral du Michoacán représente 75 % de la production nationale, suivi du Jalisco avec 10 % et de l’Edomex, avec 5%[33]. En 2019, on pouvait déjà voir comment l’agrobusiness d’exportation était l’acteur central du champ autour duquel se sont articulées les politiques publiques. S’ils ont réussi à rentabiliser cette entreprise, c’est en obéissant aux stratégies de domination de l’agro-industrie de l’avocat et à ses impacts sur le territoire, en particulier sur les modes de vie paysans et communautaires[34]. Le boom de l’avocat au Mexique dépend aujourd’hui de l’abattage de forêts entières et a souvent recours à des incendies ou à des coupes sauvages pour faire de la place à d’autres vergers d’avocats, engloutissant les ressources en eau de localités et de régions entières. Les coûts sociaux aussi sont extrêmement élevés.

    #agroalimentaire #mexique #usa #néolibéralisme #consommation #agriculture

  • Depuis quand les jeunes sont des «petits cons» ? - Ft. Salomé Saqué - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=CJu2--tl2rQ

    Visiblement ça date pas d’hier que les jeunes soient des petits cons… ou plus précisément que leurs aînés disent ça d’eux. Avec Salomé Saqué, on discute de tout ça et de pourquoi les boomers ont oublié d’où ils viennent, à l’occasion de la sortie de son livre “Sois jeune et tais-toi” chez Payot, à mettre entre toutes les mains, en particulier celles de vos parents qui soufflent du nez quand vous leur parlez de votre éco-anxiété

    #jeunesse #générations #millenials #gen_y #gen_z

  • « Dans les cours de yoga, on retrouve toujours les mêmes codes très bourgeois, des salles aseptisées, aucune mixité » - Basta !
    https://basta.media/Dans-les-cours-de-yoga-toujours-les-memes-codes-tres-bourgeois-salles-asept

    C’est la manière dont il est aujourd’hui enseigné et promu, dans ces salles de sport comme dans les ateliers en entreprise, ou dans les écoles, les hôpitaux, etc. On met d’abord en avant la façon dont le yoga va nous permettre d’améliorer notre existence, en prenant soin de notre corps tout en soignant notre esprit. Cette dimension sotériologique (science théologique relative au salut, à la rédemption, ndlr) est parfaitement assumée. Le yoga est devenu l’instrument parfait de la « réalisation de soi ».

    C’est ce qui en fait un outil à la fois très dépolitisant, puisqu’il annihile toute référence à la mobilisation collective pour changer concrètement la structure du système. Mais la portée de ce discours n’en est pas moins politique, dans le sens où il réalise justement ce grand dessein néolibéral visant à réduire la société à une somme d’individualités. Si, tel que Pierre Bourdieu l’avait défini, le néolibéralisme consiste en « un programme de destruction des structures collectives [encore] capables de faire obstacle à la logique du marché pur », alors on peut considérer que le yoga y participe, à sa façon, aujourd’hui.

    Cela n’empêche pas une bonne partie des pratiquants d’être animés par des convictions très critiques contre l’ordre établi, avec des discours volontiers anticonsuméristes. Car le yoga entretient cet imaginaire de transformation sociale, la plupart des yogis pensent qu’ils agissent pour changer le monde. Il y a beaucoup d’idéalistes dans ces milieux.

    #yoga #néolibéralisme #bien-être

  • « Dans les cours de yoga, on retrouve toujours les mêmes codes très bourgeois, des salles aseptisées, aucune mixité » - Basta !
    https://basta.media/Dans-les-cours-de-yoga-toujours-les-memes-codes-tres-bourgeois-salles-asept

    C’est la manière dont il est aujourd’hui enseigné et promu, dans ces salles de sport comme dans les ateliers en entreprise, ou dans les écoles, les hôpitaux, etc. On met d’abord en avant la façon dont le yoga va nous permettre d’améliorer notre existence, en prenant soin de notre corps tout en soignant notre esprit. Cette dimension sotériologique (science théologique relative au salut, à la rédemption, ndlr) est parfaitement assumée. Le yoga est devenu l’instrument parfait de la « réalisation de soi ».

    C’est ce qui en fait un outil à la fois très dépolitisant, puisqu’il annihile toute référence à la mobilisation collective pour changer concrètement la structure du système. Mais la portée de ce discours n’en est pas moins politique, dans le sens où il réalise justement ce grand dessein néolibéral visant à réduire la société à une somme d’individualités. Si, tel que Pierre Bourdieu l’avait défini, le néolibéralisme consiste en « un programme de destruction des structures collectives [encore] capables de faire obstacle à la logique du marché pur », alors on peut considérer que le yoga y participe, à sa façon, aujourd’hui.

    Cela n’empêche pas une bonne partie des pratiquants d’être animés par des convictions très critiques contre l’ordre établi, avec des discours volontiers anticonsuméristes. Car le yoga entretient cet imaginaire de transformation sociale, la plupart des yogis pensent qu’ils agissent pour changer le monde. Il y a beaucoup d’idéalistes dans ces milieux.

    #yoga #néolibéralisme #bien-être

  • Pénurie d’eau : quand les VIP explosent les compteurs de nos villages - Vakita
    https://www.vakita.fr/fr/enquetes/secheresse-vip

    C’est l’histoire d’un village, celui de Châteauneuf-Grasse, situé dans le département des Alpes-Maritimes, et qui est aujourd’hui un des symboles de la crise de l’#eau en France. Car avec ses 3 000 habitants, cette petite bourgade au coeur de l’arrière-pays niçois, est l’une des communes qui comptent le plus de piscines individuelles. Mais pas seulement. Car elle accueille, aussi, les propriétés de quelques très, très grandes fortunes, comme celle de la famille de l’ex-Premier ministre italien Silvio Berlusconi. 

    Bref, alors que la consommation d’eau moyenne pour un couple en France, avec deux enfants, est de 120 m3 par an, celle des habitants de Châteauneuf-Grasse va du triple (360 m3), quand celle de ses résidents ultras-ruches s’envole à 2 000 m3... par semaine ! La chambre d’agriculture a calculé cette surconsommation d’une poignée de grands portefeuilles : elle est équivalente à celle de TOUS les maraîchers des Alpes-Maritimes. Rien que ça. 

    Pour comprendre ce qui se trame dans cet avant-poste de la sécheresse en France, Allan Henry s’est rendu sur place et a tendu son micro au maire de la commune, impuissant face à des VIP qui se fichent des arrêtés de restrictions d’eau, mais aussi à un maraîcher du coin, qui subit, de son côté, les coupures d’eau en pleine récolte...

    édit : dsl, l’avais mis là pour le visionner mais c’est #paywall je ne sais pas si ils en restent à l’aspect piscine (comme le fait le maire dans l’extrait, vu sur l’oiseau mort et que je ne retrouve que sur TIk T0k). ce serait court mais pas du tout impossible. le géant de Vakita est Régis ­Lamanna-Rodat (Winter Productions), producteur de Léa Salamé (qui lui a filé le plan après un séjour à Châteauneuf-Grasse ?)

    edit again : le patron, c’est Hugo Clément ...

    la théorie mobilisatrice (mais aussi débile) des 1% progresse

    #accapareurs #écologie

  • Gayfriendly – ou Comment repenser l’acceptation de l’homosexualité à gauche - Les mots sont importants (lmsi.net)
    https://lmsi.net/Gayfriendly-ou-Comment-repenser-l-acceptation-de-l-homosexualite-a-gauche

    Cette réponse pourrait signer la fin de l’interrogation que semble annoncer ce livre : l’acceptation de l’homosexualité est-elle plus avancée à Paris ou à New York ? La banalisation qui règne dans la célèbre ville étasunienne, les droits qui ont été conquis, et plus encore l’ardente célébration d’une certaine gayfriendliness contrastent, non seulement avec le mouvement réactionnaire de la Manif pour tous de 2012-2013, mais aussi avec les hésitations plus grandes, le moindre enthousiasme et la moindre institutionnalisation dont la cause des gays et des lesbiennes fait l’objet de l’autre côté de l’Atlantique. À leur manière pourtant les Parisiens sont aussi ga-friendly et le sont sans doute de plus en plus, comme le montrent, par exemple, les chaussées des quelques rues du quartier gai du Marais où des arcs en ciel ont été peints par la mairie. Dans les deux villes en effet, on retrouve, au niveau des institutions comme chez de nombreux habitants, une condamnation de l’homophobie qui semble mettre fin à des décennies de stigmatisation, de haine, de traque.

    Plutôt qu’établir un palmarès, ce livre a donc un autre objectif : comprendre les voies particulières empruntées dans les deux pays pour arriver à ce progrès social, en dégageant deux manières, en somme, d’être tolérant. Mais je ne propose pas seulement une comparaison ; ma recherche vise à interroger l’ambiguïté profonde dudit progrès, dont on semble ne pouvoir se réjouir que pour, immédiatement, l’interroger. Dès les années 1990 en effet, alors que les revendications liées aux unions, à la famille ou encore à l’intégration dans l’armée commençaient à être entendues, certains auteurs ont attiré l’attention sur les effets pervers de ces victoires.

    C’est dans les termes de la « normalisation » ou encore de l’« homonormativité » (Duggan 2002) qu’un feu de critiques a ciblé l’évolution des modes de vie gais et la fin de la subversion qui les caractériserait. Finie la contestation radicale de la société, en conjonction avec les mouvements noirs, féministes et anticapitalistes. Invisibles, désormais, les lieux de rencontre dédiés à la sexualité récréative et aux sociabilités alternatives. Des associations mainstream soutenues, grâce à d’importantes opérations de fundraising, par des gays blancs aisés réclameraient désormais, via l’accès au mariage et à la famille, l’intégration sociale (Warner 2000), tandis que des opérations d’ampleur, qualifiées d’« homonationalisme » ou de pinkwashing, viendraient récupérer la cause LGBT à des fins commerciales ou impérialistes (Puar 2002).

    #lgbt #homosexualité #homophobie

  • Pourquoi il faut suivre le Clapton Community Football Club – Dialectik Football
    https://dialectik-football.info/pourquoi-il-faut-suivre-le-clapton-community-football-club

    Au pays de la surpuissante Premier League, il reste des supporters qui résistent à la fuite en avant capitaliste du football anglais. Depuis 2018, le Clapton Comunity Football Club petit club amateur de l’East London appartenant à 100% aux supporters continue de grandir à mille lieues des délires du foot business.

    La saison passée l’équipe masculine a survolé sa poule, gagnant le droit d’évoluer en “Eastern Counties League Division One South”, nom à rallonge d’un championnat local situé au 10e échelon du football anglais. Loin, bien loin des joutes lucratives des ligues professionnelles. Mais pour rien au monde, les membres du Clapton CFC n’échangeraient leur place. Au contraire, c’est avec fierté que le club défend ce modèle qui les différencie tant du football dominant.

    Pour le dire simplement, à l’heure à la bourgeoisie du football martèle hypocritement qu’il doit “rester apolitique”, le Clapton CFC est un club qui assume d’être du côté des opprimés. Lorsqu’il s’agit d’organiser des tournois ou des événements en solidarité avec des grévistes ou encore d’appuyer la campagne “BDS” en soutien au peuple palestinien dans sa lutte contre l’apartheid israélien. « Nous sommes fiers d’agir, de donner un coup de pied à Puma et un carton rouge à Israël. »

    #football #coupe_du_monde #autogestion #sport #foot

  • Nos Statues Coloniales - Teaser officiel

    Depuis 2020, en #France, les #statues_coloniales sont aux cœur des débats. Certains veulent les déboulonner d’autres se mobilisent pour les protéger. Mais est-ce qu’on connaît réellement l’histoire de ces statues ? Qui étaient les grands généraux statufiés ? Bugeaud, Gallieni, Marchand, Lyautey, Mangin... Qui a décidé de leur ériger des statues ? Vous avez votre petite idée ?

    Dans ce documentaire nous retraçons l’histoire de 5 statues coloniales parisienne. Nous sommes accompagnés par Catherine Coquery-Vidrovitch, Françoise Vergès, Jacqueline Lalouette et Pascal Blanchard.

    https://www.youtube.com/watch?v=YUPa7WMteTY


    #statues #toponymie_politique (même si c’est pas vraiment de la toponymie, mais bon... ça m’est utile pour mes archives) #déboulonnage #histoire #film #documentaire #film_documentaire #colonialisme #toponymie_coloniale
    #passé_colonial #histoire_coloniale
    ping @cede @reka @isskein

  • Éloge de l’émeute
    https://lundi.am/Eloge-de-l-emeute-5586

    Ce lundisoir, nous accueillons le philosophe Jacques Deschamps qui vient nous parler de sa revigorante « Éloge de l’émeute » tout juste publiée aux éditions Les liens qui libèrent. Il y sera donc question de cette pratique ancestrale et chère à tout bouleversement historique : sortir dans la rue pour s’en prendre aux symboles du pouvoir ; et dans les meilleurs jours parvenir à l’abattre. À mille lieues des arguties de plateaux télé et de leur sociologie de comptoir, Jacques Deschamps voit dans les pratiques émeutières des gestes éminemment politiques depuis lesquels s’entre-ouvre le présent. L’émeute est partout, dans les rues, dans les champs mais aussi dans les têtes. Partout où il s’agit de se retrouver et de résister contre le règne de la bêtise, de la mort et de la tristesse.

    https://www.youtube.com/watch?v=mtX3EkznOl0&t

    #émeute #révolte #rébellion #sociologie