• Loi Hollande - Valls - Macron - El Khomri
    Les injustice s’amplifient, amplifions la lutte

    En France, entre 1998 et 2005, les 90 % des salaires les plus faibles n’ont augmenté en moyenne que de 4 %, alors que les 1 % des salaires les plus élevés ont augmenté de 14 %. Dans le même temps, les revenus des capitaux mobiliers ont explosés, progressant de 31 % (1).

    Cette évolution n’est pas spécifique à la France. Ainsi, une étude publiée par la Commission européenne montre que la part dévolue à la rémunération du travail dans le PIB (2) ne cesse de diminuer en Europe : entre 1975 et 2008 elle a, par exemple, perdu 12 %. Depuis 2008, en France comme dans le reste du monde, cette tendance ne s’est pas inversée, bien au contraire.

    Les patrons et le gouvernement français font donc preuve d’un sacré culot lorsqu’ils affirment que la perte de compétitivité des entreprises françaises (argument avancé, toujours par les mêmes, pour justifier les délocalisations, les fermetures d’usines, les licenciements et enfin l’augmentation du chômage) est due au coût trop élevé (cotisations sociales plus salaires) de la main d’œuvre en France, alors qu’elle est la conséquence directe de la rémunération éhontée du capital.

    La duplicité du patronat, du gouvernement et des «  partenaires sociaux  » dont certains soutiennent, plus ou moins ouvertement, le projet de loi Hollande - Valls - Macron - El Khomri (projet dont l’objectif unique est de comprimer encore plus, par des biais divers, la rémunération des salariés) apparaît ainsi au grand jour. Car, malgré toutes les astuces sémantiques du gouvernement pour cacher son forfait, la loi Hollande - Valls - Macron - El Khomri n’est en réalité qu’un dispositif supplémentaire, une machine de guerre mise en place par le gouvernement pour faire baisser la part du PIB attribuée aux travailleurs, soi-disant dans le but de rendre les entreprises françaises plus compétitives dans la compétition internationale, en réalité pour augmenter la part du PIB confisquée par les propriétaires de ces entreprises.

    Pour ceux qui en douteraient encore (intoxiqués par les médias, thuriféraires de l’ordre capitaliste ou «  partenaires sociaux  » à la solde du patronat), la lutte des classes existe toujours. Elle devient même de plus en plus vive (au niveau mondial, les 1 % des individus les plus riches possèdent en 2015 autant de richesses que les 50 % des gens les plus pauvres). Et la classe la plus riche est, pour reprendre l’expression du milliardaire américain Warren Buffet, en train de remporter la « guerre des classes ». Effectivement, le monde (la France ne fait pas exception) est de plus en plus inégalitaire, de plus en plus injuste, de plus en plus mortifère. Pour satisfaire son insatiable appétit de richesse et de pouvoir, la classe dominante pille la planète, détruit les équilibres naturels et réduit à la misère des centaines de millions de personnes en les privant de travail ou en leur octroyant des salaires indignes (Salaire moyen en Chine : 450 €/mois ; au Cambodge : 102 €/mois ; en Afrique : 50 €/mois) Le seul avenir que nous propose l’ordre capitaliste est la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire un suicide collectif.

    Faire reculer le gouvernement, mettre en échec les projets du patronat (rappelons qu’il soutient sans réserve le projet de loi El Khomri et Compagnie), c’est donc mettre un coup d’arrêt au déclin continu, amorcé il y a plusieurs décennies, des droits des travailleurs ici, c’est aussi se battre pour les droits des travailleurs partout.

    Il est bon de se souvenir que tous les droits sociaux dont disposent les travailleurs en France, que ce soient les retraites, les congés payés, la sécurité sociale, etc. ont été conquis au prix de luttes longues, difficiles et de beaucoup de souffrances.

    En effet, la classe dominante ne recule que lorsqu’elle y est contrainte et forcée et elle essaye sans relâche de reconquérir le terrain perdu, de revenir sur les conquêtes sociales et les droits acquis de haute lutte. Cet affrontement de classe est permanent et la remise en cause actuelle du Code du Travail n’est qu’un nouvel épisode dans cette lutte séculaire.

    De la capacité du mouvement social, à faire échouer ce projet dépend notre avenir immédiat. La rapacité des capitalistes est telle que d’autres projets visant à rogner les droits des travailleurs suivront nécessairement. L’avenir que nous réservent les maîtres du monde actuel, si on les laisse faire, est autrement bien sombre pour tous les amoureux de la liberté, de la justice et de l’égalité. Il dépend de nous et de tous les travailleurs du monde entier de les mettre en échec.

    1.- Les hauts revenus en France, Paris School of Economics, 2007 (article de Camille Landais).

    2.- PIB : Produit intérieur brut. Somme des richesses (valeurs ajoutées) produite en un an par tous les agents économiques dans un pays.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°149 Avril-Mai 2016

  • L’islamophobie, une invention du colonialisme français
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article810

    « #Islamophobie », le terme a envahi le discours politique. Sa datation a été l’occasion d’une belle polémique. Observatrice attentive des dynamiques religieuses actuelles, Caroline Fourest avait cru qu’il était apparu fin année 70 / début années 80. En fait, il avait été forgé au tout début du XXe siècle. Cette erreur de datation, les islamobaratineurs n’ont pas manqué d’en faire des gorges-chaudes. Fouillant les archives (plusieurs sont universitaires et donc payés pour ça), ils ont en effet fini par découvrir que c’est vers 1910 qu’un certain #Alain_Quellien avait forgé ce néologisme (1). Ensuite, le terme a été repris vers 1912 par d’autres auteurs, il aurait circulé quelque peu jusqu’au milieu des années 1920, avant semble-t-il, de disparaître totalement de la circulation.

    Dans les années 1980, quand C. Fourest l’observe, ce n’est donc pas «  d’apparition » qu’elle aurait du parler mais de « réapparition ». Donnons sur ce point toute la raison aux islamobaratineurs et rendons-leur grâce de nous avoir fait découvrir Quellien dont la lecture est bien intéressante : elle montre toute la perversité du concept d’islamophobie.

    La personnalité même du fondateur du concept d’islamophobie est finalement, bien embarrassante pour ceux qui l’on exhumé. Aussi, le présentent-ils tantôt comme membre d’une sorte d’amicale d’ «  administrateurs-ethnologues  » (2) – amusant concept qui sent le bricolage – tantôt comme un « orientaliste français spécialiste de l’islam ouest-africain » (3). « Ah, qu’en termes galants ces choses là sont dites » se serait écrié Molière !

    Quellien, et on comprend tout de suite ce qui gêne les enfumeurs, était en réalité un cadre supérieur du Ministère des colonies, en lien avec l’officier « qui dirige avec compétence et distinction, le service des informations islamiques au Ministère des colonies » (4). Foin donc « d’administrateur-ethnologue » ou de sympathique « orientaliste » , Quellien est un Attaché du ministère des colonies qui fait son travail : conseiller la meilleure stratégie de colonisation possible. C’est bien là tout l’objectif de son ouvrage « La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française » (5).

    C’est dans cet objectif, qu’après une réflexion bien nourrie et mûrie, il crée le concept « d’islamophobie » , une «  islamophobie » que Quellien pourfend avec force dans tout un long chapitre.

    Qu’un fonctionnaire totalement dévoué à la cause de la colonisation en arrive à créer le terme d’islamophobie dans le but de dénoncer les islamophobes avec beaucoup de vigueur, paraît, à première vue étonnant. En fait, c’est une conséquence logique de sa position raciste et de son soutien à la colonisation.

    A la base, Quellien fait un constat : le colonisateur ne « tire » pas tout le bénéfice qu’il pourrait de sa colonisation. Par exemple la partie du

    « Soudan, demeurant aux fétichistes (…) est une riche contrée vouée à l’immobilité, sans commerce, sans industrie, sans culture, sans aucun progrès dans l’avenir ».

    Chacun perçoit tout de suite la profondeur du drame : le pays est « une riche contrée » , mais le colonisateur n’en tire rien ; ses habitants n’ont pas envie de l’exploiter (et de se faire exploiter) au sens capitaliste du terme. Et ils n’ont pas plus envie d’être asservi par un Etat.

    Or, toujours au Soudan, une partie est islamisée. Quelle différence ! Et Quellien de citer un de ses contemporains :

    « Le Soudan, accaparé par l’Islam, c’est la discipline et l’organisation de masses d’hommes, jusqu’ici isolés et farouches ;(…) [qui va vers] la formation d’une société, d’un Etat (…) Avec le temps, on arrivera à faire de l’Islam (…) le plus précieux auxiliaire des intérêts français en Afrique » (6).

    Voici donc, en quelques lignes tout le raisonnement : l’autochtone non islamisé (Quellien et autres « orientalistes » et « administrateurs-ethnologues » ne se gênent pas pour écrire « le nègre » , le «  fétichiste » et laisser libre court à leur racisme…) n’obéit pas et est improductif (au goût du maître) ; par contre le «  nègre » islamisé devient obéissant et accepte de travailler davantage.

    La diffusion de l’Islam en Afrique noire sert donc les intérêts du colonisateur français. C’est un « précieux auxiliaire » . S’attaquer à la propagande islamique, être « islamophobe » comme le sont les colonialistes les plus stupides, c’est nuire aux intérêts coloniaux de la France (7).

    Reste à justifier le raisonnement, car tous ses contemporains sont loin d’être convaincus.

    La première étape est de persuader tout un chacun de « l’infériorité » des noirs. Et là, Quellien, plutôt cauteleux par ailleurs, n’y va pas avec le dos de la cuillère, soit qu’il cite d’autres auteurs, soit qu’il se « lâche » lui-même. Petit florilège :

    « Le noir comprend difficilement les idées abstraites »

    « Son intellectualité [est] très restreinte et son indolence naturelle le [pousse] vers le moindre effort… »

    « … comme l’esprit d’imitation existe à haute dose chez le nègre, celui-ci sera porté tout naturellement à répéter les gestes qu’il a vus et à prononcer les paroles qu’il a entendues, même s’il ne les comprend pas »

    « ... le système de famille chez les nègres n’est pas le patriarcat, comme chez les sémites [dont les arabes], c’est une forme plus animale, le matriarcat,… »

    « Un abîme profond, …, sépare les noirs des chrétiens, dans l’ordre intellectuel, moral, social et religieux », « Cela tient à ce que la race noire est une race inférieure à qui ne peuvent convenir les subtilités complexes de notre civilisation »

    Bref, d’après l’inventeur du terme «  islamophobie » , le « nègre » n’ayant qu’une intellectualité restreinte ne saisirait pas les idées abstraites, tout au plus pourrait-il imiter des gestes et répéter des paroles qu’il ne comprend pas. Son organisation familiale serait même animale.

    Et, pour ceux qui ne seraient pas, malgré ces « arguments » convaincus, de cette infériorité, voici l’argument massue : le « nègre » serait, nécessairement, cannibale :

    « … le fétichisme obéit toujours à des pratiques hideuses, il tue souvent et dévore son ennemi vaincu » (8).

    L’étalage de ces affirmations aussi fausses qu’humiliantes est à proprement parler écœurant. Oui, mais il est indispensable à la construction du concept d’islamophobie.

    Car c’est cette « infériorité » supposée du « nègre » qui justifie son islamisation, présentée comme un « progrès » . En effet, toujours d’après le pourfendeur de l’islamophobie, le noir malgré ses insuffisances intellectuelles serait tout de même conscient de la supériorité de l’Européen. Il voudrait bien l’imiter, mais il ne peut y parvenir. Par contre

    «  (…) il a, tout à côté de lui, le musulman dont l’exemple est facile à suivre… » car « La distance qui sépare (…) [le noir] du musulman n’est pas si considérable ». Le noir, avec un petit effort, peut devenir musulman et, alors il « (…) a presque immédiatement conscience de s’être élevé dans la hiérarchie humaine  ».

    Surtout, et ce n’est pas pour rien que Quellien rappelle qu’Islam veut dire soumission et que sa pratique exige des efforts, le noir islamisé devient un bon petit colonisé :

    « Au point de vue pratique, il [l’Islam] a l’avantage de constituer des tribus plus facilement gouvernables et administrables que les tribus restées fétichises, à cause … de leur obéissance à l’égard de leurs chefs. ». «  L’action du mahométisme s’est également exercée dans les manifestations économiques et commerciales. La vie commerciale et industrielle s’est développée et à vu naître des industries… ».

    Bref, comme le note un autre auteur  :

    « Avec une sécurité plus grande sur les parcours commerciaux, il a provoqué une consommation plus intense, la circulation d’une monnaie fiduciaire et le change. Enfin l’Islam n’a pas été un obstacle au recrutement de nos troupes et de nos marins… (…) Il faut ajouter encore que dans l’ordre économique, à côté de la propriété commune qu’il a laissé subsister, l’élévation sociale s’est manifestée aussi par la constitution d’une propriété individuelle et dans le respect de l’autorité » (9).

    L’Islam est là, et enfin, le colonisateur respire ! Les tribus deviennent gouvernables, une vie commerciale démarre, la monnaie fiduciaire circule, le change se développe, la propriété collective disparait progressivement au profit de la propriété individuelle, et tout cela sans affecter le recrutement de nos soldats et marins (dont des milliers, une fois convertis à l’Islam, viendront gentiment se faire exterminer dans les tranchées en 14/18). Et tout ça grâce à quoi ? Grâce à l’islamisation de l’Afrique noire. En un mot comme en cent, la colonisation et l’islamisation marchent la main dans la main, chacune tirant bénéfice des progrès de l’autre. C’est la conclusion à laquelle parvient, après sa longue étude, Quellien. C’est pourquoi, a contrario, il comprend qu’un des obstacles qui peuvent bloquer les « progrès » de la colonisation, c’est… la critique de l’Islam. C’est pour lutter contre cette possibilité d’entraver la colonisation que Quellien crée le terme « islamophobie » (10) et c’est pourquoi aussi il pourfend cette « islamophobie » dans tout un long chapitre.

    Cependant, s’il accorde une « valeur » à l’Islam (celle de constituer un palier bien utile entre « le nègre » et l’Européen et de faciliter ainsi grandement la colonisation), Quellien affiche un certain mépris pour cette religion dont le

    « … dogme est simple, [qui] manque d’originalité et de sacerdoce… [qui] traite de la vie matérielle et des occupations sensuelles chères aux noirs, dont il flatte les instincts. L’islam est en harmonie avec les idées du milieu, car il tolère l’esclavage et admet la polygamie et la croyance aux génies et aux amulettes… ».

    Bien plus, le créateur du concept d’islamophobie affirme qu’ « Il importe avant tout de réprimer, immédiatement et énergiquement, toutes les tentatives de soulèvement qui revêtent un caractère plus ou moins religieux » des islamistes. Des positions qui, aujourd’hui, le feraient taxer « d’islamophobe » !

    Le concept « d’islamophobie » est donc, depuis son invention, un concept pervers. Il a été inventé pour servir les intérêts du colonialisme français. Aujourd’hui il sert les intérêts du capitalisme international. Sûrement aurons-nous l’occasion de revenir sur ce dernier point…

    1.- Ainsi, Wikipédia écrit : « En fait, le terme « islamophobie » était apparu en 1910 dans l’ouvrage d’Alain Quellien La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française » . Les autres ouvrages cités sont plus tardifs d’une paire d’année.

    2.- Ainsi, dans l’article «  Islamophobie : une invention française  »
    (mai 2012) de Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, le terme « administrateurs-ethnologues » est utilisé plusieurs fois. C’est seulement dans une note de bas de page que les véritables fonctions de Quellien sont indiquées. L’article, s’il souligne que c’est un français qui a inventé le terme se garde bien de dénoncer le racisme de ses écrits et sa volonté colonialiste affirmée.

    3.- http://www.humanite.fr/que-recouvre-le-terme-dislamophobie-568608

    4.- Termes des remerciements que Quellien lui adresse dans son ouvrage.

    5.- Facilement consultable en fac-similé sur le site de la bibliothèque Gallica. Toutes les citations de l’ouvrage sont extraites de cette édition.

    6.- Edouard Viard. Au Bas-Niger. Q. trouve cette opinion trop tranchée.

    7.- Plus prudent en cela que les politiciens actuels – car s’étant donné la peine de bien étudier le sujet – Quellien est plus réservé sur les conséquences, à terme, de cette islamisation.

    8.- E.-L. Bonnefon. L’Afrique politique en 1900.

    9.- Qu’il définit très clairement comme un : « préjugé contre l’Islam  » , définition actuelle.

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    CITATION
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    « D’une manière générale, l’islamisme politique propage une idéologie conservatrice et libérale, favorable aux intérêts capitalistes (...). Relayant historiquement les fascismes occidentaux (...) sa devise pourrait être ‘Religion, ordre, autorité, morale et communauté’. Comme les fascismes, il dénonce la ‘pourriture’ et la ‘décadence’ des mœurs. Il professe une idéologie, réfractaire au pluralisme, remettant en cause l’individualisme non des fortunes et de la propriété, mais des opinions et des mœurs. Il préconise une société organique de la communauté des fidèles, offrant une perspective intégrative à ceux qui se sentent exclus, et, parfois, au nom de la morale, dénonce les formes les plus criantes de l’injustice sociale. A part l’ajout d’Allah, c’est une copie conforme des fascismes historiques européens. (...) Lorsqu’il se converti à la violence armée, l’islamisme ‘théo-fasciste’ ne la dirige jamais contre les intérêts capitalistes ou les patrons. (...) Il est un allié objectif des régimes politiques en place et des intérêts capitalistes qu’il n’attaque pas. Les peuples, ainsi neutralisés, au lieu de songe à défendre ou conquérir de nouveaux acquis sociaux, sont embrigadés dans d’interminables croisades religieuses qui durent depuis 2001 et dont on ne voit pas la fin. Pendant ce temps, le capitalisme se porte de mieux en mieux. »

    Extraits de : «  Terrorisme néo-fasciste islamiste, généalogisme et mondialisation capitaliste  » , Ahmed Henni, Raison présente n° 197, 1er trimestre 2016

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°149 Avril-Mai 2016
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article810

  • #Toulouse fait la « une » à la télé hollandaise... mais en prend un coup !

    Les « élus » rêvent d’une dimension internationale pour Toulouse. Avec l’affaire des Izards, elle est en train d’en acquérir une, c’est sûr, mais totalement lamentable !

    Ainsi, la télé hollandaise vient de dépêcher une équipe de journalistes en France uniquement sur cette affaire. Sous le titre « Frankrijk : extra vluchtelingen ? Non Merci » (« France : des réfugiés supplémentaires ? Non merci ») un long reportage a déjà été diffusé et est en train de faire du bruit. Nous vous invitons à le regarder (il y a quelques passages en français et en arabe) sur :
    http://nos.nl/l/2087704

    #réfugiés_syriens

  • En route pour un #état_d’urgence durable, garanti sans libertés ajoutées, issu à 100% de la culture policière
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article791

    Sous couvert de lutte antiterroriste, le gouvernement, appuyé par l’Assemblée nationale (551 voix pour, 6 contre, 1 abstention) a promulgué « l’état d’urgence » ; législation d’exception qui, en accroissant très considérablement les pouvoirs de la police, se situe entre le droit commun de la paix et « l’état de siège » du temps de guerre.

    La démocratie est censée reposer sur l’équilibre des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). On sait déjà que cet équilibre instable penche souvent du côté de l’autorité, mais, en temps d’exception, l’un des trois piliers, la justice, passe en partie à la trappe.

    « Tout individu dont le comportement est susceptible de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public » est donc désormais interpellable, sans mandat judiciaire. Le degré de dangerosité potentielle des suspects à arrêter est laissé à l’aimable appréciation de la police, dont on connaît la légendaire finesse alliée à un sens profond de la mesure et du respect des droits de l’homme.

    Quand la suspicion policière (sans preuves) suffit à légitimer une arrestation – d’autant que ce soupçon concerne des actes que la personne pourrait éventuellement commettre dans un futur indéterminé – on entre de plain-pied dans le domaine de l’arbitraire.

    Le pouvoir a donc lâché sa meute et si, bien sûr, des « milieux salafistes » ont été ciblés, perquisitions et assignations à résidence se sont étendues aux milieux écologistes radicaux, libertaires ou autonomes. A peu près partout où ces perquisitions ont eu lieu, les « forces du désordre » ont montré leur inégalable savoir-faire en matière de dévastation et de brutalité  : portes enfoncées au bélier, appartements retournés de fond en comble, saccagés, humains plaqués au sol et menottés…

    A Nice, un couple de Tunisiens a vu sa porte exploser à 4 h 30 du matin, leur fillette de 6 ans a été blessée par des éclats au cou et à la tête, et la police a quitté les lieux sans un mot après avoir constaté qu’elle s’était trompée d’adresse. En Dordogne, un couple de maraîchers bio de sensibilité libertaire voit sa maison investie à l’aube : 3 ans auparavant, ils avaient participé à une manifestation à Notre-Dame-des-Landes. A Montauban, un de nos compagnons a également eu droit à une visite nocturne accompagnée d’une assignation à résidence pendant la durée de la COP21. Pas salafiste pour un sou, il a le malheur de porter nom et prénom arabe et il a participé aux luttes de Sivens. Résultat  : il a perdu son emploi à cause de la contrainte de pointer au commissariat plusieurs fois par jour. Les exemples d’erreurs diverses, de bavures variées et de « violences excessives » abondent.

    Le résultat de ce déchaînement policier (3021 perquisitions et 381 assignations à résidence à la date du 7 janvier 2016) est, au vu du but affiché de l’opération (la recherche de terroristes), éloquent  : il prouve avec la plus grande clarté que l’objectif affiché n’était pas l’objectif véritable.

     UN « RENDEMENT » DE 1 POUR 850

    En effet, malgré le « secret » dont s’entoure le gouvernement pour écarter toute question déplaisante pour lui, (en particulier sur le « profil » des personnes inquiétées, et les raisons pour lesquelles elles ont été « choisies »), les 3402 interventions policières ont donné lieu tout au plus à 25 constats d’infractions en lien avec le « terrorisme », dont 4 seulement ont été assez graves pour faire l’objet d’une procédure judiciaire [1]. Soit un « rendement » de une mise en examen toutes les 850 interventions policières.

    Mais alors, quel est le véritable objectif du gouvernement ?

    L’odieux carnage de masse de novembre constitue pour un gouvernement, à juste titre déconsidéré dans la population, une opportunité de tenter de se refaire une santé. Il va chercher l’appui d’un électorat réactionnaire qu’il espère sensible à ses postures autoritaires et aux appels à « l’union sacrée de la patrie », électorat qu’il sait franchement hostile non seulement aux « islamistes » mais aussi aux écologistes, zadistes, syndicalistes, libertaires.

    C’est pourquoi, si « Tout individu dont le comportement est susceptible de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public » est en principe visé par l’état d’urgence, on remarquera, sans étonnement de notre part, que les membres de la FNSEA, les nervis d’extrême-droite, les nationaux-régionalistes n’ont été que peu ou pas inquiétés. Pourtant, en termes de violences, de dégradation d’édifices publics, de destruction de bien publics, d’utilisation d’armes par destination… les agro-industriels ne se sont pas privés de passer à l’acte, et cela dans le passé le plus récent, tout comme les nationaux-régionalistes d’une certaine île (avec pour ces derniers, en plus, l’usage d’armes à feu).

    En opérant, par des campagnes massives de perquisitions à spectre élargi (mais dans une seule direction) un début d’amalgame entre les terroristes jihadistes et toute une frange de l’opposition radicale, le pouvoir tente de cacher derrière un rideau de fumée son incompétence sur les sujets majeurs de société (chômage, logement, laïcité,…) et de rallier à lui la frange la plus stupide de l’opinion en criminalisant ceux qui lui font peur parce qu’ils contestent le désordre établi. Sont, pêle-mêle, visés ceux qui occupent des lieux pour s’opposer à des projets nuisibles ou tout simplement pour y habiter, mais aussi les travailleurs qui défendent, face au crime économique de leurs patrons, leur droit à la vie quitte à arracher une chemise ou à bloquer pendant quelques heures une paire de cadres. La simple observation de l’actualité de ces dernières semaines montre que l’état d’urgence est une des deux mâchoires de la tenaille dans laquelle les contestataires sont pris, tandis que l’autre mors est constitué par des condamnations totalement disproportionnées et des licenciements-sanction, le tout sur fond de propos provocateurs de Macron et autres ministres.

    L’une des fonctions premières – sinon la toute première – de l’état d’urgence est donc de tenter d’intimider, encore plus que par le passé, ceux qui, malgré l’extrême morosité ambiante, veulent encore lutter pour un autre futur, un autre monde.

    Réincarner l’État fort et guerrier, c’est la métaphore qui permet à un gouvernement ayant atteint des sommets d’impopularité, de proclamer des lois exceptionnelles. Réclamé à cor et à cris à chaque élection par la partie de la population conquise aux idées néofascistes, l’avènement d’un « Etat fort », remède universel à tous les maux, est tout simplement repris à son compte par notre très fine équipe socialiste dirigeante.

    En 1981, Robert Badinter [2], argumentant en faveur de la suppression de la Cour de sûreté de l’État, déclarait : «  Je le dis donc très simplement : les principes du droit commun, sauf pour la commodité ou les arrière-pensées des gouvernants, permettent de faire face à toutes les situations en matière d’atteinte à la sûreté de l’État ». Ce qui était vrai en 1981 l’était encore plus en 2015, après 35 ans d’inflation du code pénal et du code de procédure pénale. Point de doute donc, nous sommes bien pris dans le filet des « arrière-pensées des gouvernants ».

    D’un point de vue politicien, au sens manœuvrier du terme, l’état d’urgence vise à « siphonner » les voix des courants réactionnaires et néofascistes en appliquant à peu de chose près leur programme.

    Malheureusement, pour ces petits Machiavels de la manœuvre (manœuvre marine, bien entendu…), le coup de l’État fort que l’on sort du chapeau (dans le fol espoir de rester au pouvoir) profite toujours à la concurrence qui prend ensuite les commandes et qui dispose de l’arsenal impressionnant élaboré par ceux-là mêmes qui sont censés être ses adversaires.

    Au cours de l’Histoire, les différentes Républiques d’ici et d’ailleurs, ont prévu dans leurs constitutions que, dans certaines circonstances, la démocratie devait pour se défendre d’un danger grave, renoncer à elle-même. Les lois d’exception prétendent défendre la liberté générale en limitant considérablement les libertés individuelles (déjà susceptibles d’être sérieusement malmenées en temps normal). Cette lourde contradiction n’a pas semblé heurter les divers législateurs. Pourtant, comme l’écrivait avec beaucoup de raison Bakounine, « La liberté est indivisible, on ne peut en retrancher une partie sans la tuer toute entière », c’est pourquoi les liaisons dangereuses de la démocratie avec les lois d’exception ont toujours abouti à de grandes catastrophes.

    1848, 1871, 1955, 1984, 2005

    En juin 1848, confronté à l’insurrection ouvrière, la République se dote de lois spéciales qui lui permettent de réprimer sauvagement le mouvement. Trois ans plus tard, elle succombe : en utilisant ces mêmes lois, Napoléon III liquide la République et prend le pouvoir.

    En 1871, ce sont toujours ces lois qui servent de cadre légal au gouvernement versaillais pour écraser dans le sang la Commune…

    Plus près de nous, c’est en avril 1955 qu’apparaît pour la première fois la fameuse loi dite d’état d’urgence. C’est une loi coloniale destinée à écraser le mouvement d’insurrection algérien. Promulguée pour une durée de 12 mois, elle ne parvient pas, malgré des mesures répressives féroces, à stopper la révolte. C’est pourquoi un certain Mitterrand demande avec Guy Mollet [3] aux députés de voter la loi dite des «  pouvoirs spéciaux » qui a pour conséquence immédiate de généraliser l’emploi de la torture (que l’état d’urgence avait déjà instaurée). Durant les huit années que dure la guerre d’Algérie, armée et police pourront torturer des milliers et des milliers de suspects en toute « légalité ».

    Les lois d’exception traînent dans leur sillage une forte odeur de sang et de carnage. Ce fut le cas avec la proclamation de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie en 1984.

    En 2005, face à la révolte des banlieues, l’état d’urgence est imposé dans une vingtaine de départements. Il donne un puissant coup d’accélérateur à l’islamisation en profondeur de toute une frange de la population.

    Réactiver en 2015 cette loi coloniale dans un contexte extrêmement tendu, alors que la xénophobie et le racisme tiennent de nouveau le haut du pavé, relève de la manœuvre à haut risque pour l’avenir.

    Quant aux fanatiques prêts à mourir après avoir tué, ils sont parfaitement insensibles à ce genre de pression. Pire, l’état d’urgence leur offre une superbe possibilité d’augmenter leur « vivier ». Il suffit, pour comprendre cela, d’avoir assisté à l’une de ces magnifiques opérations dans un quartier sensible. Le bouclage pendant plusieurs heures de toute une zone, l’agitation de dizaines et de dizaines de « RoboCops », encagoulés, casqués, surprotégés, surarmés, les cris, l’explosion des portes, les pleurs des enfants de tout un immeuble, l’hélicoptère qui tourne par-dessus, le tout en pleine nuit, à l’improviste, contre des gens qui n’ont rien à se reprocher ne peut produire, dans tout le voisinage, qu’un sentiment de dégoût profond, d’injustice, de rancœur, qui se transformera, chez quelques uns, en désir de revanche. Les jihadistes peuvent donc se frotter les mains, tout comme les Sarkozy et autres Le Pen qui voient dans l’état d’urgence le début de concrétisation de leur ligne politique, celle qui peut conduire jusqu’à des camps d’internement dont ils réclament déjà l’ouverture.

    [1] Chiffres tirés de la très droitière BFM-Télé, « Deux mois d’état d’urgence : le bilan en chiffres », http://www.bfmtv.com/societe/deux-mois-d-etat-d-urgence-le-bilan-943247.html. Par ailleurs, les perquisitions ont permis de saisir des armes, des stupéfiants et de la viande halal périmée dans certains magasins, toutes choses qui auraient été aussi bien saisies lors de procédures normales.

    [2] Ministre de la Justice lors de cette déclaration, puis président du Conseil constitutionnel

    [3] A l’époque, Président du conseil.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • @Anarchosyndicalisme ! n°148 -Février/Mars 2016 http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article789

    Au sommaire de ce numéro :

    - Macron et Compagnie : La machine à tout détruire est en route
    – En route pour un état d’urgence durable, garanti sans libertés ajoutées, issu à 100% de la culture policière

    Social
    – Goodyear : une répression éhontée
    – Vivre en Seine St Denis

    International
    – La tension monte en Algérie & Tunisie

    Réflexion militante
    – Réfugiés syrien : la destruction des logements, ou comment construire la « crise migratoire »

    Après les « Régionales », réflexions sur les régionalismes
    – Nationalisme, régionalisme & culture
    – Un essentialisme méridional
    – Corse : avec la dérive identitaire, c’est tout le navire qui chavire
    – N’« Imagine » même pas !

    Débattre, oui mais comment ?
    – Parler des Lumières, appel à contribution
    – « Ni patrie, ni frontières » 
    – Forum anarchiste

    Économie
    – Étude OXFAM : les résultats « logiques » du capitalisme

    Télécharger librement @anarchosyndicalisme ! n°148 :
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/A_148.pdf

  • Etude #OXFAM : les résultats logiques du #capitalisme

    Chaque année, Oxfam, confédération de 17 organisations indépendantes, analyse le « Global wealth databook » (annuaire de la #richesse_mondiale) réalisé par le Crédit Suisse à partir d’enquêtes menées par cette banque et du recueil qu’elle fait des principaux indicateurs disponibles pays par pays (statistiques nationales sur les patrimoines et leur répartition…) ainsi que d’autres documents comme les listes publiées régulièrement par le magazine américain spécialisé Forbes (listes d’entreprises les plus performantes, listes de milliardaires…).

    Le principal enseignement que l’on retire de ces donné est que les disparités, au niveau mondial, augmentent de manière vertigineuse.

    Ainsi, en 2009, les 1 % des habitants les plus riches de la planète possédaient 44 % du patrimoine mondial. En 2014, ce même 1 % disposait de 48 % de ce patrimoine (et donc, en seulement 5 ans, l’a augmenté de 4 % de la richesse mondiale). En 2016, cette minorité accaparera la moitié des richesses du globe. Ce 1 % possédera donc l’équivalent de ce que se répartiront (eux-mêmes inégalitairement) les autres 99 % habitants de la planète (dont le patrimoine, inversement, a chuté dans la même période de 56 à 52 puis à 50 %).

    Si l’on s’intéresse aux plus fortunés, la disproportion est encore plus abyssale.

    Ainsi, il y a à peine cinq ans (2010), les 80 individus les plus riches de la planète possédaient 1 300 milliards de dollars. En 2014, leur fortune cumulée était de 1 900 milliards de dollars, (soit une augmentation de 600 milliards de dollars en seulement 4 ans). Fin 2015, les richesses de ces 80 individus étaient devenues équivalentes à celles détenues par les 50 % les moins bien lotis de la population mondiale. Autrement dit, 3,5 milliards de personnes se partagent les mêmes richesses que 80.

    Rien ne peut justifier de si monstrueuses disproportions. Mais il est facile de les expliquer : ce résultat est celui de tout un système, le capitalisme, dans lequel la classe dominante exploite sans vergogne à la fois les humains et le milieu ambiant.

    Les anarchosyndicalistes savent depuis toujours que l’Etat est au service des capitalistes. L’analyse d’Oxfam vient corroborer ce fait, en apportant un éclairage pertinent sur un des aspects du fonctionnement du système, le lobbying. Oxfam rapporte, que chaque année, les groupes de pression issus du secteur de la finance dépensent quelque 150 millions de dollars à destination des institutions de l’Union Européenne. Un des autres secteurs les plus « rentables » (sur le dos des malades), celui de la pharmacie et des soins de santé, en dépense de son côté au moins 50 (pour la même chose). Ce que font les groupes de pression capitalistes au niveau de l’Union Européenne, ils le font bien entendu également au niveau des Etats, en particulier des Etats-Unis (avec des sommes encore plus fabuleuses).

    Le terme lobbying est un euphémisme pour dire corruption. Corruption intellectuelle au moins (pour ceux qui veulent bien se laisser endormir par les pseudo-argumentaires élaborées par toutes ces officines), corruption matérielle plus ou moins indirecte (embauche d’un parent à un haut niveau,…) bien souvent. L’objectif de cette corruption auprès des législateurs et détenteurs du pouvoir politique est simple, nous en observons tous les jours les résultats : diminution des droits des travailleurs et augmentation de celui des entreprises.

    Les milliards dépensés par les entreprises dans des activités de lobbying-corruption, leur confère en effet un accès direct aux législateurs et aux responsables de l’élaboration des politiques à Washington, à Bruxelles ou à Paris. Il s’agit donc d’une sorte d’investissement calculé. Les milliards dépensés pour arroser les politiques favorisent le «  commerce » et l’exploitation, rendant de plus en plus rentable ce qui rapporte déjà tellement !

    Les résultats d’ailleurs ne se font pas attendre, ni pour les uns, ni pour les autres.

    Les «  uns » – par exemple les 39 milliardaires de l’Union Européenne ayant des activités et des intérêts dans le secteur de la finance (ils n’étaient que 31 en 2013) – ont connu une augmentation de leur fortune cumulée de 34 milliards de dollars (ce qui leur permet d’atteindre 128 milliards de dollars).

    Les « autres », pour les plus malheureux sont condamnés à mourir de faim, de misère, sous les bombes ou à fuir comme ils le peuvent, tandis que les «  autres  » que nous sommes, ceux des pays « riches », voient leurs droits économiques, sociaux et politiques s’effriter de jour en jour.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • Macron et Compagnie : La machine à tout détruire est en route
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article790

    Ce n’est pas que nous soyons des fanatiques du #droit_du_travail. Loin s’en faut. Il est un droit léonin, qui ne laisse au salarié que bien peu de chose. Mais, ce peu de chose est insupportable au patronat. Ce qu’il désire, ce sont des travailleurs totalement soumis, encore moins payés, jetables selon son bon vouloir. Et les désirs du patronat sont des ordres pour le gouvernement.

    Eloge des patrons dont « la vie est souvent plus dure que celle d’un salarié. Il peut tout perdre, lui,… » (comme si les salariés licenciés ne perdaient pas tout, eux) ; propos injurieux envers les travailleurs (par exemple contre les femmes de l’entreprise Gad, traitées «  d’illettrées  » ) ; provocations incessantes… accompagnent sans cesse la véritable machine à détruire les droits sociaux que Macron (banquier d’affaires jusqu’à il y a si peu), El Khomri (la ministre du travail qui ignore tout des CDD) et toute la clique ont lancé contre nous.

    Chaque semaine, chaque jour la machine trouve quelque chose de plus à détruire. Elle n’a pas fini de s’attaquer au repos dominical que, déjà, elle veut imposer la dégressivité des indemnités chômage (tentant ainsi de faire porter la responsabilité du chômage non sur ceux qui le provoquent mais sur ceux qui le subissent). Et quant aux 35 heures, c’est le pompon. Tout en affirmant qu’il n’y touchera pas (en réalité, il y a déjà largement touché…) le gouvernement s’attaque à la majoration des heures supplémentaires (qu’il veut faire passer à 10 % et même moins). Or, un horaire « légal » sans majoration (ou avec une majoration ridicule) n’a plus de légal que le nom.

    Toutes ces satisfactions données au patronat le sont au nom de l’emploi. Comme ce fut le cas dans l’hôtellerie en 2009, avec la baisse de leur TVA. Les patrons s’étaient engagés alors à créer au moins 40 000 emplois (et à baisser le prix de 7 de leurs produits). Résultat 6 à 7 ans après : de 6 à 9 000 (grand maximum) emplois créés, des baisses de prix que l’on cherche sur la carte des restaurants mais quelques 2,6 milliards d’euros (le manque à gagner côté impôts) restés dans la poche des patrons de l’hôtellerie. Elle est pas belle, la vie pour certains ?

    (Chiffres : Rapport de la Cour des comptes)

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • Les Syriens expulsables et condamnés à payer le squat - 05/02/2016 - ladepeche.fr
    http://www.ladepeche.fr/article/2016/02/05/2270705-les-syriens-expulsables-et-condamnes-a-payer-le-squat.html

    Le tribunal a autorisé hier l’office HLM de la ville à expulser les familles de #réfugiés_syriens du quartier des Izards. Ceux-ci devront également payer des indemnités d’occupation à #Habitat_Toulouse.

    Le tribunal d’instance a rendu son jugement, hier après-midi, dans le contentieux engagé par l’office municipal HLM Habitat Toulouse contre 24 familles syriennes réfugiées depuis le printemps 2015, dans des appartements désaffectés du quartier des Izards. Après de nombreux reports d’audience, la décision des juges a tranché en faveur de l’organisme HLM en lui reconnaissant le droit d’expulser les familles. Les juges n’ont toutefois pas jugé nécessaire d’autoriser Habitat Toulouse à ne pas respecter la trêve hivernale comme l’avait demandé Me Jean-Manuel Serdan l’avocat de l’office. Le tribunal a en revanche jugé qu’en dépit de leurs revenus très faibles voir inexistants les familles de réfugiés devraient s’acquitter de 540 € mensuel d’indemnité d’occupation auprès de l’office HLM de la ville. Cette mesure est applicable depuis l’assignation des familles en septembre 2015 jusqu’à ce qu’elles quittent les lieux à la fin de la trêve hivernale, date à laquelle elles devraient normalement verser environ 4 320 € chacune à Habitat Toulouse. Pour M° Julien Brel, avocat de trois familles condamnées, « cette décision est particulièrement révoltante car le manque à gagner d’Habitat Toulouse n’existe pas puisque les immeubles sont promis à la démolition et que l’office lui-même les qualifie d’insalubres. Les réfugiés syriens vont finalement financer le logement social à Toulouse », a ironisé l’avocat au rendu du jugement.

    Pour M° Michel Avenas qui défendait les autres familles avec M° Agnès Casero, « ce jugement est incroyable car le gouvernement a communiqué il y a quinze jours sur 30 réfugiés Syriens bloqués en Grèce dont il a promis de s’occuper, mais il ne fait rien pour que ceux que l’on pouvait reloger ne soient pas expulsés ». Comme son confrère, M° Avenas souligne que « dans un immeuble voué à la démolition, Habitat Toulouse va faire de l’argent sur le dos des réfugiés Syriens grâce au tribunal. Mais le pire c’est que comme les réfugiés n’ont pas de revenus ce sera probablement l’État qui payera l’addition à l’office HLM ». L’avocat attend désormais « de savoir comment va réagir la préfecture de la Haute-Garonne qui avait promis qu’elle n’accorderait pas le concours de la force publique pour faire évacuer les familles de réfugiés ». De son côté le Dal association pour le droit au logement » dénonce « un jugement très dur pour les réfugiés syriens des Izards ».

    Hier en début de soirée les avocats des familles syriennes envisageaient de faire appel de ce jugement « au moins pour ce qui concerne le paiement des indemnités d’occupation ». Et d’ajouter, « lorsque l’appel interviendra les familles auront déjà été expulsées ».

    Face à l’#injustice_sociale, la #solidarité doit continuer plus que jamais...

  • #Réfugiés_Syriens : La DESTRUCTION des logements, ou comment CONSTRUIRE la « crise migratoire »
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article794


    Depuis le mois de Décembre l’intensité de la lutte pour la défense du #logement des familles de réfugiés syriens est montée de plusieurs crans [1]. Face à notre demande de réquisition de la barre d’immeuble des Izards, où ils se sont auto-logés, le bailleur #Habitat_Toulouse, toujours dans son refus de faire la moindre concession d’ordre humanitaire, a choisi de commencer à mettre en œuvre une scandaleuse politique de terre brûlée.

    Alors même que de leur propre aveu il y a pénurie de logements sociaux, les responsables de cet organisme supposé social ont organisé la destruction systématique d’appartements, mettant de facto à la rue femmes, enfants et vieillards. Les journées du 13 et 14 décembre nous ont clairement montré de quoi le Pouvoir était capable.

    Ces jours là, l’affaire était pourtant simple. Une petite communauté de religieuses, locataire en règle d’un appartement en parfait état (et même coquet), déménageait. Une famille de réfugiés syriens (avec un enfant handicapé) souhaitait prendre place dans les lieux ainsi libérés. Le 13 décembre tout cela avait été discuté avec les habitants de la barre. L’arrivée d’un « représentant »du DAL, très sûr de lui, prêt à prendre en main la direction des opérations, affirmant tout connaître du dossier alors qu’il n’en était rien (Ex. : il pensait que les religieuses étaient expulsées…), et promettant qu’il allait revenir le lendemain avec ses forces, son « réseau » (au moins une dizaine de personnes selon ses dires)… aurait du nous mettre la puce à l’oreille.

    Au jour dit, le 14, non seulement personne n’est venu en renfort mais curieusement les réfugiés ne se sont pas sortis de leurs appartements. Face à un dispositif d’envergure constitué de représentants de Habitat Toulouse, de démolisseurs professionnels, de vigiles postés en permanence jour et nuit sur le seuil de l’appartement en question, les compagnons de la CNT-AIT qui avaient pu se déplacer se sont retrouvés bien seuls et impuissants. Habitat Toulouse avait été parfaitement informé de nos projets, et face à sa détermination de tout casser, l’absence de mobilisation a transformé cette journée qui aurait pu constituer une petite victoire de plus en une défaite lourde de conséquences. L’appartement a été immédiatement cassé au lieu d’être occupé. Effet psychologique garanti. Par la suite ce sont carrément des pavillons entiers qui ont été rasés dans la cité.

    Tout ceci me pose des questions, que signifie ici l’absence totale des associations ? Pourquoi si peu de solidarité parmi les réfugiés ce jour là ? Pour y répondre, je ferai un aller-retour avec le contexte national.

    Un mouvement de population est une chose sérieuse qui peut se passer au mieux si deux conditions sont réunies : la décence de l’accueil d’abord et la qualité du dialogue ensuite. Je parlerai clair, le dialogue, dans le contexte actuel, c’est aussi mener au mieux sur ce terrain la bataille idéologique contre les islamistes. Or rien n’est fait au mieux, tout est fait au pire, pour que cela se passe le plus mal possible. L’exemple de Calais le montre. Cette situation inhumaine est entretenue, depuis des années, par l’État de la sixième puissance économique mondiale. Le mot « jungle » est significatif. La « loi de la jungle » est régulièrement invoquée, depuis Hobbes et sa reprise de l’adage latin « L’homme est un loup pour l’homme », pour justifier les forfaits du capitalisme. La volonté politique de casser les logements sociaux aux Izards n’est que l’écho de la volonté politique générale de créer et maintenir une jungle à Calais.

    Observons, dans ce mouvement, l’action des associations, elle se fait à deux niveaux, le premier est celui de celles qui s’investissent dans la logistique (donner à manger, aider à se loger, aider dans les différentes démarches,..) c’est le niveau de la solidarité directe, celui que nous encourageons. Le deuxième niveau est celui de militants associatifs qui sont en fait des militants d’organisations politiques (ou leurs « compagnons de route »). Ils veulent « représenter ». C’est pourquoi, ils organisent des manifestations, ils parlent aux médias, mais aussi, ils dirigent les stratégies en fonctions de leurs intérêts, quitte à noyer le poisson, à dissuader de participer à telle ou telle initiative concrète. Derrière leur agitation spectaculaire, qui profite bien peu aux réfugiés, il y a surtout une course aux subsides et aux places avec, comme corollaire, la reprise du discours dominant qui consiste à essentialiser le « migrant ».

    Or, nous n’avons pas affaire à un «  migrant-moyen » mais à des êtres humains bien différents, aux trajectoires parfois opposées. Pourtant cette réduction est largement admise et sa conséquence est de clore systématiquement toute possibilité du dialogue nécessaire, ne serait que sur « qui », « pourquoi » et « comment » on soutien les personnes réfugiées. La construction de la « crise migratoire » marche donc sur deux pattes, une pénurie matérielle voulue et organisée par l’État et ses affidés et une notion réductrice de « migrant » entretenue par le discours dominant. Alors il n’y a donc rien d’étonnant, quand on dénonce concrètement ce scandale, à ce que le premier nous donne des coups et que les propagateurs du second nous fassent des crocs en jambe.

    [1] Voir : PENDANT LA MINUTE DE SILENCE LA DESTRUCTION DE HLM SE POURSUIT
    http://seenthis.net/messages/436793

    #Toulouse

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • #Goodyear : une répression éhontée
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article792

    En 2007, la multinationale Goodyear-Dunlop, pour augmenter ses bénéfices (cette année-là, cette société avait dégagé au plan mondial plus de un milliard de dollars de gains !) demande aux salariés de ses deux sites amiénois de travailler plus longtemps et d’augmenter les cadences, avec en particulier la mise en place d’une organisation du travail en 4x8 au lieu des 3x8 en usage jusque-là. Ces horaires, très dommageables pour la santé des salariés, permettent de mieux rentabiliser l’outil de travail.

    Lors d’un référendum, les salariés marquent leur nette opposition à ce projet. Mesure de rétorsion : peu de temps après, la direction décide de licencier 402 employés. La CGT, premier syndicat dans la boîte, conteste ce plan devant les tribunaux et obtient son annulation.

    Rebelote deux ans après. En 2009, la direction remet ça et avance un plan (dit) social qui prévoit 817 licenciements. Ce plan est lui aussi refusé par les tribunaux.

    Pendant toute cette période de conflit, Goodyear stoppe tout investissement dans son usine et la productivité, de ce fait, se dégrade.

    Le 31 janvier 2013, la direction annonce la fermeture de l’usine et le licenciement de tous les salariés. Le tout en subissant les calomnies du PDG de Titan, supposé repreneur, qui se permet d’écrire dans une lettre officielle au ministre du Redressement productif, le 8février 2013, qu’il a visité qu’il a «  visité plusieurs fois  » l’usine d’Amiens-Nord et que «  Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et le déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France.  ». Bref, qu’il s’agit de «  soi-disant ouvriers  ».

    Des propos totalement inacceptables que le PDG de Titan a pu répandre dans la presse alors que les conditions de travail de Goodyear sont particulièrement pénibles. Outre les horaires décalés, les ouvriers manipulent des charges lourdes dans une atmosphère saturée de HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques, du fait de l’utilisation de noir de carbone pour la fabrication du caoutchouc) et cela sans protection particulière pendant des années. Or, les HAP font partie de la famille des produits cancérogènes.

    Les 6 et 7 janvier 2014, quelques jours avant la fermeture définitive des portes, plusieurs dizaines de salariés, pleins de colère et d’amertume retiennent, sans violences physiques, en présence de journalistes, 2 directeurs dans leurs bureaux puis les relâchent au bout d’une trentaine d’heures. Dans un premier temps, la direction de l’usine et les cadres concernés, portent plainte puis, dans un deuxième temps, ils retirent cette plainte. C’est donc en fin de compte à la demande du seul ministère public (c’est-à-dire de l’État) que le procès est maintenu.

    Le 12 janvier 2016, un tribunal condamne huit travailleurs de l’usine Goodyear d’Amiens à 24 mois de prison dont 9 fermes, soit un total de 192 mois de prison dont 72 fermes !

    Le procureur voulait une peine exemplaire ; il l’a eue car c’est la première fois depuis plus de 50 ans que des travailleurs défendant leurs emplois sont condamnés pour des faits de cette nature.

    Faisons les bilans

    côté patron :

    Sur le plan légal : par deux fois, Goodyear a cherché à licencier massivement des salariés. Par deux fois, ces licenciements sont déclarés illégaux par des tribunaux. Qu’à cela ne tienne, laissant volontairement pourrir l’outil de travail, en 2013 Goodyear licencie finalement 1143 salariés en toute tranquillité.

    Aucune condamnation.

    Sur le plan financier : la santé de Goodyear (qui a délocalisé en Russie ce qu’il faisait à Amiens) est florissante. En 2015, il a dégagé 2,5 milliards de dollars de bénéfices, ce qui lui a permis de verser 800 millions de dollars aux actionnaires.

    côté salariés :

    Sur le plan humain : fin 2015, le bilan humain se chiffrait comme suit : 12 morts (dont 3 suicides, 9 morts prématurées par maladie). Pour les vivants, si l’on ôte les 130 retraités et les 120 ex-salariés qui ont trouvé un CDI, il reste 881 personnes dans la précarité ou la misère, qu’elles soient en CDD, en intérim, qu’elles tentent de vivoter plus ou moins après avoir créé leur «  entreprise  » artisanale, ou encore pour une écrasante majorité (environ 700 personnes) qu’elles pointent au chômage.

    Sur le plan légal : huit salariés, copieusement calomniés par un patron, ont été condamnés à un total de 192 mois de prison dont 72 fermes pour avoir retenu deux directeurs 30 heures chacun.

    Soit plus d’un mois de prison ferme pour chaque heure de rétention d’un directeur.

    A titre de comparaison, au moment du procès des salariés de Goodyear, la marchande de sommeil, propriétaire de l’hôtel Paris-Opéra dont l’incendie en 2005 avait tué 24 êtres humains, dont 11 enfants, était jugée responsable par la Cour d’appel de Paris et condamnée à deux ans de prison ferme.

    Soit un mois de prison par être humain brûlé vif ou écrasé au sol en tentant de s’échapper.

    Vous avez dit « #Justice » ?

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • N’« Imagine  » même pas !
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article795#outil_sommaire_1

    En #Corse, c’est connu, on aime chanter. Mais pas tout. Pas « Imagine », par exemple. Figurez-vous qu’à Prunelli-di-Fiumorbu, sympathique village de 3 400 habitants, deux institutrices (des « continentales » sans doute) n’avaient rien trouvé de mieux que de vouloir faire chanter le tube de Lennon à la fête de l’école, le 26 juin 2015, en cinq langues, celles parlées par des élèves de leurs classes : français, corse, espagnol, anglais et… arabe. Faire chanter un couplet en arabe à des élèves corses ? Crime de lèse-majesté ! D’où pressions et menaces contre les enseignantes qui ont du, face à l’ampleur de la vague raciste, annuler purement et simplement la fête de l’école par crainte d’agressions graves. Elles ont déposé des plaines, sans suite (personne ne doit connaitre les coupables, dans un village de 3 400 bonnes âmes). Quelques mois après, aux régionales, qui est arrivé en tête  ? La liste indépendantiste, raflant 48,61 % des voix, un de ses meilleurs scores.

    En Corse, on aime chanter. Et des fois, on chante n’importe quoi. Le « Dio vi salve Régina » (« Que Dieu sauve la Vierge »), par exemple. Lors de la première session de l’Assemblée de Corse, cette chanson catholique (qui n’a jamais été un hymne régional) a été entonnée par les élus, tous debout en marque de respect.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • #CORSE : Avec la dérive identitaire, c’est tout le navire qui chavire
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article795

    De nos jours, chacun semble ressentir le besoin de revendiquer ses « racines ». Quand Sarkozy revendique ses « racines chrétiennes » devant le petit Jésus, les islamo-fascistes revendiquent les leurs, musulmanes, brandissant le prophète Mahomet. Pendant ce temps-là, les revendications identitaires nationales, ethno-régionales et locales progressent un peu partout, enfonçant tous les jours l’Europe dans le communautarisme.

    Les conséquences sont graves et diverses dans la vie de tous les jours. Les choses vont très vite, augurant d’une période trouble à venir et rappelant des moments particulièrement douloureux de l’histoire. Car les revendications identitaires, qu’elles soient religieuses, nationales ou ethno-régionales, finissent toujours par entraîner des violences graves, qui oscillent tour à tour, entre mépris de l’autre, ratonnades, pogroms et attentats.

    Dans la chronologie de l’année 2015, trois faits majeurs relèvent de cette dérive identitaire. Janvier : assassinat de l’équipe de Charlie Hebdo et de clients et personnels d’un Hyper-Casher. Novembre : attentats de masse à Paris. Décembre : élections régionales, avec trois résultats marquants. Un, habituel, la non-participation d’une moitié des électeurs potentiels [1]. Un deuxième résultat qui est en train de devenir habituel, la montée et le renforcement du Front national. Enfin, un résultat tout nouveau : la prise d’une région par des nationalistes régionaux. Et, là, ça n’a pas traîné. Le résultat de l’élection, accueilli par des salves de coups de fusil [2], a presque immédiatement donné lieu à une bouffée de violence raciste [3].

     Le nationalisme c’est la violence : l’exemple corse
    En Corse on a suivi l’adage « Tous les prétextes sont bons  », et on a saisi le premier incident qui s’est présenté pour exprimer sa haine d’un étranger déjà bien maltraité alors qu’il exécute les tâches que les Corses eux-mêmes refusent de faire… un classique me direz-vous.

    Le 25 décembre dernier, suite à l’agression de deux pompiers et d’un policier dans un quartier populaire d’Ajaccio, 600 Corses ont manifesté plusieurs jours, officiellement pour protester contre ces agressions, en fait, surtout contre « les arabes » en général. Les manifs ont été rythmées par des slogans ne laissant aucun doute sur les intentions des participants : « Tuons-les », « On est chez nous » ou encore « Arabi fora » (« Les Arabes dehors » en parler Corse). Le cortège raciste s’est dirigé vers la petite cité où s’étaient déroulés les faits et, du moins le premier jour, l’a pratiquement occupée. Sous prétexte de trouver les auteurs de l’agression, les manifestants ont saccagé une mosquée et un kébab sous les yeux des forces de police. Ces faits (menaces de mort, destruction de biens) quoique lourds, faisant écho à ceux qui ont eu lieu en Bretagne ou à Calais, n’ont donné lieu, à ce jour, à aucune poursuite. En plein état d’urgence, alors que des dizaines de personnes ont été assignées à résidence, perquisitionnées simplement parce qu’elles avaient antérieurement participé à des manifestations écolos ou zadistes, en Corse, les nationalistes ont tout à fait le droit de manifester leur haine raciste et de casser ce qu’ils veulent en toute tranquillité.

    Ces manifestations de racisme et de xénophobie ne sortent pas de nulle part, elles sont liées à la revendication nationaliste. Représentant 25 % du corps électoral [4], les deux présidents [5] se sont permis, d’imposer de facto une «  officialisation  » de la nation Corse en prononçant leur discours dans le parler du cru et en martelant, qu’il s’agissait pour eux de « (…) faire parler la Corse d’une seule voix ». Une seule voix pour tout un « pays » ? Une phrase bien courte mais qui en dit très long !

    Ce coup de force n’a été que mollement commenté par le gouvernement et la classe politique (quand certains, comme les écolos par exemple, ne soutenaient pas carrément la revendication nationaliste). Or, bien plus que les agressions envers les pompiers et policiers, c’est bien cette affirmation nationaliste qui a été le déclencheur des violences anti-arabes. Car certains Corses ont pris au mot leurs présidents et ont mis en pratique, alliant les actes à la parole, leur slogan  : « La Corse appartient à tous les Corses » écho à « La France aux Français » des nationalistes français. Et la conséquence, c’est qu’il faut bouter l’étranger hors du sol national (enfin, en en gardant assez pour les besognes pénibles…).

    Ces faits montrent, si besoin était, que le #régionalisme même lorsqu’il se cache derrière un sympathique folklore, n’a rien d’inoffensif ni d’innocent. En jouer afin d’asseoir son pouvoir est très dangereux. Partout en France et dans le monde, les liens entre les régionalistes/nationalistes et les groupes mafieux/fascistes/d’extrême droite sont très étroits ; ils ont les mêmes intérêts et revendications et usent des mêmes méthodes violentes. Ils ont aussi en commun d’être grassement subventionnés par les instances européennes, par l’État national (dont une des devises préférée est « Diviser pour régner ») sans oublier les collectivités territoriales.

    [1] Au deuxième tour, pour l’ensemble du pays : 41,59 % d’abstention, 2 à 4 % de votes blancs ou nuls auxquels il faut ajouter environ 3 millions de non inscrits, soit un peu plus de 6 % du corps électoral.

    [2] « Toute la nuit, chants corses et coups de fusil ont résonné dans les rues de Bastia, Ajaccio ou encore Corte. » France 3, 15 décembre 2015

    [3] Ce n’est pas le seul endroit. Les agressions racistes ou religieuses se répandent sur le territoire mais certaines attirent plus que d’autres l’attention. Notons que si en Bretagne c’est le PS qui a gagné la région, dans la rue il en est tout autrement. La première manifestation xénophobe violente qui a eu lieu en France après les attentats de novembre est apparue à Pontivy, organisée par le mouvement Adsav (c’est-à-dire «  renaissance  » en breton). Il n’y a pas de hasard. La Bretagne – et Pontivy en particulier - est un des lieux ou l’ethno-régionalisme est le plus fort.

    [4] La liste Siméoni-Talamoni n’a obtenu que 35,34 % des suffrages exprimés (soit très légèrement moins qu’en 2010 ou elle faisait 35,73). La Corse étant la région où l’on vote le plus, il n’y a eu que 32,97 % d’abstention. Au total, La liste nationaliste représente donc 24,74 % du corps électoral. Elle doit son arrivée au pouvoir à la « prime » de 9 élus attribuée à la liste majoritaire.

    [5] Du fait de son statut particulier. Gilles Simeoni est président de l’exécutif et Jean-Guy Talamoni de l’assemblée.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°148

  • Comme un roman : #Enric_Marco, l’imposteur

    Décidément, nous devenons des sujets de roman. Après «  Pas pleurer  » (Lydie Salvayre) prix Goncourt 2014, un ouvrage a été nominé cette année pour le Fémina et le Médicis (même s’il n’a finalement obtenu ni l’un ni l’autre). Il s’agit de «  L’imposteur  » , de #Javier_Cercas (1).

    Dix ans après le scandale qui a défrayé la chronique, Javier Cercas revient sur l’affaire en un long «  roman-enquête  » dont l’objectif avoué est de démêler le vrai du faux. Au cours de nombreux entretiens avec la «  rock-star de la mémoire  » , l’auteur va tenter d’établir une biographie réelle, bien loin de la vie rêvée et héroïque de Marco (2).

    Rappelons brièvement les faits et le contexte.

    Alors qu’en Espagne se dessine depuis quelques années un fort mouvement pour la dénonciation des crimes franquistes (que la «  transition démocratique  » a délibérément laissés de côté) et qu’une partie de la population se mobilise pour l’exhumation de la «  mémoire historique  » , le 11 mai 2005 éclate un scandale particulièrement énorme : le président de l’Amicale de Mauthausen (qui regroupe les anciens déportés espagnols survivants des camps nazis), Enric Marco Batlle, le très célèbre et très médiatique pourfendeur du nazisme (honoré et décoré) qui a donné des centaines de conférences sur la déportation dans les écoles et les lycées, qui, le 27 janvier 2005 avait prononcé, devant les parlementaires espagnols réunis, un discours profondément émouvant en hommage aux 9 000 «  républicains  » assassinés dans les camps et qui devait inaugurer très solennellement avec le Premier ministre Zapatero le mémorial de Mauthausen, est publiquement accusé, et ce de façon irréfutable, de n’être qu’un imposteur, un escroc qui s’est inventé de toutes pièces un passé de déporté.

    L’homme, très charismatique, doté de dons oratoires certains, comédien talentueux et menteur exceptionnellement convaincant, intelligent, sympathique, hyperactif et débordant d’énergie n’en est pas à sa première escroquerie.

    En effet il a pu, en 1976, accéder au poste de secrétaire régional de la CNT de Catalogne, et en 1978, le voilà secrétaire confédéral pour toute l’Espagne (titres dont il est déchu, mais que, bien sûr, en 2005, les médias ne manquent pas de rappeler avec une évidente délectation). C’est bien sûr un passé fictif (lui aussi) d’héroïque résistant au franquisme qui lui a valu une popularité certaine au sein du mouvement libertaire en pleine reconstruction (Franco meurt en 1975) et qui compte, à côté de militants historiques, un grand nombre de nouveaux adhérents qu’il est facile de duper.

    Politiquement, idéologiquement, on voit bien tout le bénéfice que certains vont retirer de cette énorme escroquerie commise par un ancien secrétaire confédéral de la CNT (3)  : c’est, à la fois, un nouveau discrédit jeté sur le mouvement libertaire (déjà plombé par l’attentat de la Scala et les querelles internes) en même temps qu’un coup bas porté à tous ceux qui voudraient interroger le passé récent de la période franquiste, dans la mesure où – l’affaire Marco le prouve – même la déportation peut faire l’objet de manipulations et de mensonges.

    Mais le propos de Javier Cercas n’est pas à proprement parler politique. Son entreprise littéraire vise, entre au-tres, à établir une biographie non romancée de Marco, en démentant ses assertions par des documents, des témoignages ou en effectuant des recoupements qui contraignent le mythomane à reconsidérer à la baisse sa pseudo-vie héroïque. Bien que ses interviews contribuent à dévoiler ses diverses supercheries, Marco s’y prête volontiers, puisque cela le met, malgré tout, au centre de l’attention, en tant que sujet de roman, sous le «  feu des projecteurs  », chose qu’il aime par-dessus tout.

    Il ressort de ces entretiens que les mensonges de Marco comportent souvent une modeste part de vérité. Il a certainement été un jeune anarchiste enthousiaste, élevé dans un milieu ouvrier proche de la CNT (le père et un oncle étaient adhérents), il a peut-être participé aux côtés de son oncle aux journées de Juillet 36 (à l’âge de 15 ans) et, selon Cercas, sa présence est un temps avérée sur le front de la Sègre, dans les rangs de la 26e division. Prétendument blessé (rien n’est moins sûr), il regagne Barcelone en janvier 39 peu de temps avant la chute de la ville. On peut considérer que sa vie militante s’arrête là (il a 18 ans) et que, à l’instar de beaucoup d’autres, il va tenter de passer inaperçu pour échapper à la répression. En avril 1941 (il a 20 ans), convoqué par les autorités militaires pour régulariser sa situation, son passé ne semble pas avoir été connu et rien n’est retenu contre lui. Cercas attribue l’heureux résultat de cette convocation au génie de charlatan et d’embrouilleur hors pair de Marcos, mais on peut envisager aussi une autre hypothèse... En novembre 1941 (alors que l’armée ne l’a toujours pas appelé sous les drapeaux), Marco décide de s’engager comme travailleur volontaire pour l’Allemagne (salaire élevé). Il est embauché avec contrat par la firme Deutsche Werke Werft de Kiel comme mécanicien. Pour avoir tenu des propos séditieux auprès de camarades de travail, il est poursuivi pour haute trahison envers le IIIe Reich. Emprisonné à Kiel, il est libéré au bout de 7 mois, le procureur ayant abandonné les poursuites. Cercas s’interroge sur les raisons qui on pu pousser un procureur allemand à abandonner les poursuites, sans donner de réponse.

    C’est bien sûr cet emprisonnement à Kiel que Marco transformera en temps passé en camp de concentration, quand il se sera découvert une vocation tardive de déporté. A l’été 43, Marco rentre en Espagne.

    La version héroïque de sa vie est bien différente. La voici. Après avoir prétendument fait partie de l’UJA, éphémère groupe de résistance au franquisme démantelé à l’été 39, il aurait rejoint la France pour continuer le combat, se serait fait arrêter par la Gestapo et aurait été déporté à Flossenbürg (4) où il serait resté jusqu’à la libération du camp en 45.

    En réalité, de 1943 à 1975, Marco va mener la vie très ordinaire d’un sujet lambda sous la dictature (il subira quelques jours de prison pour vol en 1949 ; c’est ce qu’il transformera par la suite en activité libertaires antifranquistes). Il deviendra même, dans les années 60, un artisan mécanicien relativement prospère.

    Au tournant des années 70, son besoin irrépressible d’être admiré, reconnu, le conduit à construire le personnage de résistant antifranquiste qu’il prétend être. Un petit nombre de jeunes gauchistes issus de la bourgeoisie barcelonaise, éblouis par son passé glorieux vont contribuer à répandre sa légende dans certains milieux. A l’époque il se fait appeler Enric Durruti (il serait de la famille…), il aurait bien sûr fréquenté Quico Sabaté. Puig Antich aurait été de se ses amis…

    Comment un homme au passé antifranquiste plus que douteux et qui n’avait maintenu aucun lien avec la CNT pendant plus de 40 ans a-t-il pu obtenir un mandat confédéral  ?

    On peut regretter que Cercas évacue trop rapidement la thèse de la manipulation policière  ; cela dénote peut-être chez l’auteur une certaine naïveté politique. En effet, comment les services (spéciaux) de police auraient-ils pu «  rater  » un tel individu  ? Eux dont l’une des missions essentielles consiste à collecter les petits secrets gênants, les failles embarrassantes de tout un chacun et des militants en particulier (pour pouvoir les faire chanter au besoin) (5). Comment auraient-ils pu négliger d’exploiter un pareil filon  ? La construction du personnage s’est faite sans doute avec leur aval, en tout cas, aucune «  fuite officielle  » n’est venue démentir la fiction.

    Face au danger mortel que la reconstruction de la CNT représentait pour lui, l’Etat avait tout intérêt à encourager l’ascension d’un tel individu avide de reconnaissance et d’admiration, soucieux d’apparaître toujours au premier plan. Son narcissisme paroxystique en faisait un homme fragile et donc obéissant puisque, à tout moment, ceux qui savaient pouvaient détruire le personnage auquel il avait fini sans doute par croire quelque peu lui-même.

    Après avoir été écarté de la CNT (6), Marco sera un moment vice-président d’une association de parents d’élèves, mais il va bien vite retrouver la gloire et l’attention des médias en devenant la «  rock star de la mémoire  » . Ce sera son escroquerie la plus aboutie et la plus infâme sans doute.

    Cercas réfute l’idée de manipulation policière et attribue aux seuls «  mérites  » de Marco, excellent menteur, son incroyable ascension médiatique. Il voit aussi dans cette fable pathétique, la personnification, l’incarnation d’un désir «  a posteriori  » d’avoir appartenu à la résistance antifranquiste, les petits mensonges de beaucoup (beaucoup d’Espagnols arrangeront quelque peu leur biographie après la mort de Franco) entraînant en quelque sorte le gros mensonge d’un seul. Cette approche n’est pas sans intérêt, mais on peut penser plus prosaïquement que l’affaire Marco restera dans les annales comme l’exemple réussi d’une «  opération de déstabilisation  » à double effet  : décrédibiliser un mouvement d’opinion favorable au réexamen du passé franquiste et nazi, porter gravement atteinte au mouvement libertaire (7).

    L’affaire Marco, au-delà de son côté anecdotiquement tragique pose aussi le problème du mode d’organisation du mouvement libertaire. Une organisation pyramidale, quels que soient les garde-fous qu’elle tente de mettre en place pour se rassurer (mandats précis, révocabilité de principe,…), permet toujours, dans les faits, l’ascension d’individus malfaisants, qu’ils soient simples histrions ou infiltrés. L’horizontalité organisationnelle est de nature à limiter ce genre d’intrusion. Sans «  trône  » à conquérir, sans titre ronflant à exhiber, dans l’anonymat militant, les velléités des narcisses en puissance s’affaissent d’elles-mêmes, et même si une infiltration est toujours possible, l’activité que les infiltrés doivent déployer pour contrôler ou casser est infiniment plus coûteuse.

    1.- Sur cette triste affaire, nous avions publié dans «  Le Combat syndicaliste  » de Toulouse (N°92, , pages 18 et 19) l’article «  Un imposteur nommé Marcos  ». (N.B. : «  Le Combat syndicaliste  » est devenu «  Anarchosyndicalisme  !  » à partir de son numéro 101). L’article est consultable sur le «  Forum anarchiste  » , rubrique «  Histoire de l’anarchisme  » ou : http://forum.anarchiste.free.fr/viewtopic.php?f=5&t=9793&p=160856&hilit=marco#p160856 ainsi que sur http://seenthis.net/messages/414697#message414698

    2.- De son vrai nom Enrique Marcos, l’imposteur a catalanisé son nom en Enric Marco.

    3.- Si, quand il était à l’honneur, les médias n’ont jamais ressenti le besoin de rappeler que Marco avait été un des responsables de la CNT, une fois sa supercherie découverte, ils se sont précipités pour publier cette information. Par contre, ils ont tous, ou presque, oublié de mentionner qu’il avait été exclu de la CNT dès 1979 et qu’il avait été l’un des principaux fondateurs de la CGT. Deux «  détails  » certainement sans importance. La palme de la désinformation revenant au Monde dont l’éditorial (13 mai 2005) pouvait laisser entendre que Marco était toujours secrétaire national de la CNT.

    4.- Un des camps nazis les moins connus. Il faut être assez versé en histoire pour savoir que pas un seul des Espagnols qui y sont passés n’a survécu. Ainsi, Marco ne risquait-il pas de rencontrer le moindre témoin gênant.

    5.- C’est dans des archives ministérielles que l’historien qui a fait éclater l’affaire a trouvé, soigneusement rangé à sa place, le dossier concernant la vie de Marco dans les années 40. La police ne pouvait donc ignorer l’imposture.

    6.- Des militants de l’exil parmi les plus connus n’étaient pas sans interrogations sur le personnage, de même que des militants de l’intérieur. Ainsi, en 1984, Juan Gomez Casas, lui aussi ancien secrétaire confédéral, demandait publiquement, dans son ouvrage « Relanzamiento de la CNT, 1975/1979 » , « Qui est Marcos  ? » . Il concluait «  cet individu une fois parvenu, à force de mensonges, à obtenir la confiance des anarchosyndicalistes, n’a eu de cesse de les trahir  »

    7.- Par ses mensonges et ses tromperies, Marco fut un des principaux protagonistes de l’éclatement de la CNT et de la création d’une organisation concurrente (mais profondément réformiste derrière les couleurs d’usage) la CGT espagnole. Cette dernière continua à justifier son fondateur lorsque l’imposture fut découverte. Ainsi, «  Rojo y Negro Dijital  » , publication de la CGT, écrivait le 12 mai 05, sous la signature de Rafael Cid et sous le titre «  Moi non plus je n’étais pas à Mauthausen  » (ce dont on se doutait d’ailleurs) que Marco avait menti… «  par solidarité avec les victimes  » !

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • Pour mettre fin aux destructions commencées par Toulouse-Habitat dans le HLM où vivent des #réfugiés_syriens aux Izards (portes et fenêtres arrachées par Toulouse-Habitat, - surveillance des destructions 24h/24 par des vigiles pour empêcher toute réparation) , les avocats qui assurent la défense des réfugiés ont déposé une demande de réquisition de ce HLM jusqu’ici inoccupé et en état tout à fait convenable.

    Une conférence de presse aura lieu sur place lundi 14 décembre à 11 heures, place Faons, #Toulouse (métro les izards, ligne B)

  • ---- #Exploitation ----------------------
    Mare de la profitation

    Chaque humain doit avoir l’accès inconditionnel à tout ce dont il a besoin pour vivre. Accéder ne veut pas dire posséder et encore moins abuser ou détériorer. Or notre société permet à quelques humains de s’approprier ces biens communs et d’en faire supporter l’usage aux autres habitants. Cette appropriation est un vol qui conduit au viol, à la souillure et à la mort de la nature.

    La destruction des terres commence déjà avec le jardinier du dimanche qui emploie massivement pesticides et engrais. Le paysan professionnel y ajoute hormones et antibiotiques, dont les animaux sont farcis. L’héritier transforme «  sa propriété  » en terrain de quad qui ravine les terres ou en terrain de golf, ruineux en eau. Les constructeurs bétonnent à-tout-va. Les marchands d’énergie, qui occasionnent déjà tant de dégâts avec les hydrocarbures, veulent imposer le gaz de schiste, etc.

    Les propriétaires de terres, s’estimant également possesseurs du sous-sol et des nappes phréatiques, creusent des puits et se livrent à des pompages trop importants. Même si certaines régies accordent la gratuité pour les premiers mètres cubes d’eau consommés, il n’en reste pas moins que, plus vous êtes gros consommateur d’eau, moins vous payez cher le litre. Lorsque la gestion de l’eau est confiée aux sociétés privées, il n’est pas difficile de comprendre qu’elles ne lutteront jamais contre le gaspillage ou la pollution, puisqu’elles tirent des bénéfices gigantesques du traitement des eaux usées. Chacun doit avoir droit à la quantité nécessaire à sa consommation (boisson, hygiène). Personne ne devrait pouvoir dépasser cette quantité. Et pourtant…

    Un touriste, dans un hôtel en Afrique, utilise pour son «  bien-être  » 7 à 10 fois plus d’eau qu’un habitant local n’en a pour arroser son champ et nourrir sa famille. Dans la réserve de Shaba, au Kenya, des pâturages ont été remplacés par une réserve de gibier autour de l’hôtel Savora Shaba. L’eau qui servait à abreuver les troupeaux est désormais détournée pour remplir l’énorme piscine de l’hôtel. Un parcours de golf dans un pays tropical engloutit chaque année une tonne et demie de pesticides et d’engrais et consomme autant d’eau que 60 000 habitants d’une zone rurale de ce même pays.

    Revenons ici. Depuis l’Etat jusqu’aux communes, les institutions délèguent une partie de leurs tâches à des prestataires de services. Il en est ainsi pour les déchets. Des camions remplis traversent parfois la France entière pour acheminer les déchets vers les recycleries. Où est la logique ? Essayez, pour tester, de comprendre le budget du traitement des déchets de votre commune, vous verrez que, généralement, il manque totalement de clarté.

    Le tri des déchets complique encore plus la vie des plus pauvres : si vous habitez dans un très petit logement, à l’étage parfois sans ascenseur, il vous faut trouver de la place pour 3 ou 4 poubelles. Puis descendre ces poubelles si vous êtes seule, avec un bébé - que vous ne pouvez laisser seul - dans les bras, si vous êtes handicapé ou simplement âgé et physiquement limité… dans chaque détail du quotidien, la vie des pauvres est un parcours du combattant.

    A l’heure ou l’énergie devient si chère, les pauvres sont, là encore, bien lésés. Comment payer isolation et système de chauffage performant ? Le mal-logement n’est pas un phénomène rare en France. Pourtant le gouvernement remet en cause le financement du logement par mutualisation et préfère défiscaliser le privé. Les fonds du «  livret A  » sont maintenant ponctionnés par Bercy au lieu de revenir au financement du logement social comme cela était prévu.

    Cependant l’énergie ne semble pas manquer aux services de renseignements et de marketing qui utilisent des supercalculateurs pouvant dépasser la barre du pétaflop (capables de calculer un million de milliards d’opérations par seconde). Les plus gros d’entre eux dévorent entre 5 et 10 mégawatts par heure, soit la consommation d’une ville moyenne.

    Le PAUVRE, lui, subit toutes les souffrances infligées par le régime des possédants. C’est un cercle vicieux qui commence par l’éducation : plus on est pauvre, moins l’école vous aide à vous en sortir. Moins vous avez bénéficié d’années d’études qualifiantes, plus votre travail est pénible et mal payé. Moins vous êtes payé, moins vous avez accès à la santé et moins vous pouvez jouir de temps de retraite.

    Le pauvre ne coûte pas cher à la société mais enrichit les patrons et les banques. Ces dernières ont récolté l’année dernière 27 milliards d’euros en «  frais de découvert  ». 27 milliards d’euros volés à des personnes qui manquaient déjà du nécessaire.

    La vie du pauvre n’a aucune valeur face au marché. Pour le commerce, les dirigeants déclarent des guerres que les médias essaient de nous présenter comme justes. Les morts sous les bombes - ou pour cause de misère - n’ont aucune importance. Les morts au travail pour le profit des patrons et spéculateurs n’ont pas non plus les honneurs de la presse et les 1 277 morts annuels d’accident du travail ou de maladie professionnelle (plus de trois travailleurs par jour) ne pèsent pas bien lourd.

    Aujourd’hui, les plus riches financent sans compter des recherches… pour «  bien vieillir  » , «  bien baiser  » , rester beau et en forme longtemps, longtemps… mais on n’éradique pas des maladies, aussi horribles que la lèpre (pourtant parfaitement guérissables), ni la faim.

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    Espérance de vie

    Angola : 38, 2 ans
    Zambie : 38,63 ans
    Lesotho : 40,38 ans

    Monaco : 89,57 ans

    En France, un cadre a 6 ans de plus d’espérance de vie qu’un ouvrier.
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    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • ---- #Exploitation ----------------------
    A votre #santé !

    Petite éruption de luttes sociales dans les cliniques privées  : celle des Cèdres à #Toulouse, la clinique de Gascogne à #Auch tout comme la clinique du Pont-de-Chaume à #Montauban.

    Ces luttes ont un point commun  : le refus de la dégradation des conditions de travail. Aux Cèdres comme à la clinique de Gascogne (30 jours de grève), la détermination des salariés à permis d’obtenir de notables améliorations.

    A la clinique du Pont-de-Chaume, deuxième établissement de santé du département (plus de 500 salariés) la lutte continue après 37 jours de grève.

    En 2010, une grève de 18 jours (la première dans l’histoire de la clinique) s’était terminée par un compromis bâtard et finalement par une stabilisation, un arrêt de la dégradation des conditions de travail (1). Cinq ans après, nous voici revenus au point de départ  : la clinique appartient désormais à un important groupe financier, propriétaire de plus de 80 cliniques, qui fait preuve d’une grande imagination (par exemple  : vente des bâtiments de la clinique à une SCI qui, en retour, facture à cette même clinique un loyer de 350 000 €, et «  Passez muscade  », comme on dit). Elle n’hésite pas, c’est un classique du genre, à augmenter la charge de travail des salariés (non-remplacement systématique des employés absents, augmentation du taux d’occupation des lits à effectif constant…) pour accroître ses profits.

    Le résultat a été une forte dégradation des conditions de travail des personnels soignants (d’où une augmentation du nombre des arrêts-maladie et des accidents du travail) ce qui nécessairement nuit à la qualité des soins prodigués aux patients. A l’appel de la CGT (seul syndicat présent) et en réponse à une ultime provocation de la direction (proposition de réformer l’organisation de la clinique pour améliorer la productivité des salariés en accroissant leur polyvalence  !) une assemblée générale des personnels a rédigé un cahier de revendications (amélioration des conditions de travail et augmentations salariales). Des débrayages furent organisés. Comme ils restaient sans effet, une assemblée du personnel décida alors la grève. Près de deux cents personnes essentiellement des membres féminins du personnel soignant (soit 80 % du personnel soignant de la clinique) dont une majorité non-syndiqués se lancèrent dans la lutte (à noter la très faible implication des personnels non-soignants – administratifs ou autres - voire même la non-participation de certains syndiqués CGT).

    Piquets de grève (très suivis et dynamiques), manifestations, opérations de sensibilisation sur l’espace public, information de la population,… malgré tous les efforts des grévistes et après trente-sept jours de grève la direction, arc-boutée sur ses prérogatives et soutenue de fait par la municipalité, refuse de plier. La lutte continue. Un point important à souligner  : certains grévistes ont fait part de leur étonnement d’être peu soutenus par la population, alors qu’ils se battent pour défendre aussi le droit pour tous à des soins de qualité.

    Une explication est que la grève est, depuis le début, conduite, dirigée exclusivement par la CGT, et la seule image que la population a des grévistes est celle des drapeaux cégétistes, le seul discours venant des grévistes est celui des responsables cégétistes de la clinique ou de l’Union départementale. Or, les prises de position très politiques de la CGT par rapport à Sivens (pro-barrage), par rapport au nucléaire et à la centrale de Golfech toute proche (pro-nucléaire), par rapport à la LGV Bordeaux Toulouse (pro-LGV), par rapport aux gaz de schistes (pro-gaz de chistes), etc., etc. sont connues de tous. On peut donc penser que beaucoup de personnes, pourtant de cœur avec les grévistes, refusent leur soutien pour ces raisons.

    La formation d’un comité de grève, réunissant CGT et non-syndiqués, permettrait de dépasser ce problème. Le cri de ralliement «  Tous ensemble, Tous ensemble  » entonné par les grévistes à chaque moment important de la lutte prendrait alors toute sa signification.

    Quoi qu’il en soit les salariés de la clinique du Pont-de-Chaume, confrontés à un patronat de combat, doivent plus que jamais être soutenus par tous ceux qui aspirent à plus de justice,d’égalité et de dignité.

    1.- Voir notre numéro 118 : http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article373

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • ---- #Exploitation ----------------------
    #Macron retour vers le futur : en route vers l’#auto-exploitation

    Il revient. Il récidive avec un nouveau projet de loi « fourre-tout ». N’en étant qu’à son annonce il est pour l’instant difficile d’en apprécier les contours exacts. Mais au vu de son index, nous pouvons penser qu’il sera au moins aussi volumineux et destructeur que le premir (imposé par un grand coup « d’article 49-3 » de la constitution). Il se propose d’attaquer l’économie numérique, la santé et les transports.

    Mais il ne se limitera pas à cela. Un autre point y sera abordé, et c’est celui qui nous retiendra ici : l’emploi. En effet, ce projet de loi envisage de flexibiliser d’avantage le marché du travail. Concentré autour des métiers manuels, ce projet devrait permettre à des personnes non qualifiées de s’établir en tant qu’artisans ou de micro-entrepreneurs. A l’heure actuelle, il faut en effet être détenteur d’un CAP ou faire valoir au moins trois années d’expérience professionnelle pour pouvoir s’installer à son compte. La loi «  Macron 2  » vise à créer un nouveau statut, celui de «  professionnel de proximité  » qui ne possèderait ni expérience préalable ni connaissances complètes dans son domaine professionnel.

    L’extraordinaire justification avancée par le ministère de l’Economie est que les deux conditions actuelles constitueraient d’insupportables barrières empêchant l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché du travail, alors qu’elles sont simplement des garanties de qualité pour les personnes qui ont recours aux services de ces professionnels. Là résiderait la grande cause du chômage des jeunes.

    Macron « oublie » que plus de 32 % des jeunes détenteurs d’un CAP ou d’un BEP en sont encore à la recherche d’un emploi 3 ans après l’obtention de leur diplôme  ! Ce n’est donc pas le manque de compétence qui fait le chômage !

    L’incompétence, vertu professionnelle

    De plus, Macron renverse la logique et fait de «  l’incompétence  » une valeur professionnelle sûre pour trouver du travail. Il est vrai que, au niveau du gouvernement, l’incompétence est une valeur des plus sûres pour arriver (et se maintenir) au pouvoir : une parfaite illustration nous en a été fournie par Mme Myriam El Khomri, ministre du travail, infoutue de dire combien il était possible d’enchaîner des CDD. Bon, mais une chose c’est de pérorer (et de se ridiculiser) à la télé, une autre est de remplir des tâches socialement utiles.

    Les motivations de ce projet de loi ne se trouvent donc pas – comme de bien entendu et en aucune façon - dans le souci de la jeunesse ou dans celui de la résorption du chômage ! Elles sont d’un tout autre ordre. Elles poursuivent le démantèlement des quelques protections offertes aux salariés par le Code du travail en s’appuyant sur un vieux mythe de l’économie néoclassique que les économistes à la solde du pouvoir présentent comme le saint-graal mais qui, dans la réalité, est catastrophique : la concurrence pure et parfaite (CPP).

    Pour comprendre ce à quoi aboutirait la régression que veut imposer la loi «  Macron 2  », le mieux est encore de prendre un exemple.

    Professionnel de proximité, un exemple

    Dans le bâtiment, il y a une trentaine de corps de métiers (maçonnerie, charpente, métallerie-serrurerie,…). Chacun remplit des tâches assez diversifiées qui sont plus ou moins pénibles et qui nécessitent plus ou moins de connaissances techniques, de savoir-faire.

    On peut d’abord isoler ces différentes tâches les unes des autres et on peut même, à l’intérieur d’une tâche, procéder à un fractionnement (comme ce qui s’est fait dans l’industrie et a abouti au travail à la chaîne). C’est ça, la grande idée de Macron : les fractions de tâche les plus pénibles et/ou les moins techniques seraient soldées à une « professionnel de proximité » qui serait, selon son statut, son « propre employeur » et qui travaillerait donc en tant que sous-traitant (la sous- traitance est devenue une plaie dans le bâtiment). Par exemple, en maçonnerie un « sous-traitant professionnel de proximité » pourrait très bien avoir une activité exclusivement limitée au transport des parpaings et des sacs de ciments sur tout un gros chantier. Cela quotidiennement, à longueur de journée, et sans aucune perspective d’évolution ou d’amélioration puisque, par définition (ou, pour être plus précis : du fait de son statut juridique et de son contrat de sous-traitance) il pourra être cantonné à cette tâche fastidieuse et pénible... jusqu’à ce qu’il n’en puisse vraiment plus ou qu’il subisse un grave accident de travail. Vous touchez ainsi du doigt la perversité de ce projet de loi rétrograde sous ses apparences de «  modernité ».

    En synthèse, plutôt que d’embaucher une personne en tant que salariée en CDI, de lui assurer un emploi stable, une progression de carrière, une couverture sociale ; les grandes entreprises du bâtiment passeront un contrat avec cette même personne que son statut «  d’auto-entrepreneur professionnel de proximité  » rendra encore plus fragile. Les grandes entreprises feront jouer la concurrence entre les «  professionnels de proximité  ». Ces derniers seront, les uns après les autres obligés de baisser leurs devis s’ils veulent travailler, puisque, dans la situation de concurrence atroce qui sera la leur, c’est le « devis le plus bas » (autrement dit le professionnel de proximité qui se serrera le plus la ceinture) qui emportera les miettes du marché (1). Et ce professionnel sera obligé de travailler sans relâche, bien au-delà de 35 ou 40 h. par semaine, et ce, probablement, pour ne même pas toucher le SMIC à la fin du mois. Etant « autoentrepreneur », il n’aura aucune protection sociale (ou presque). Il pourra être remercié à tout moment puisque rien n’interdit de passer des centaines de marchés successifs au jour le jour ou à la tâche. Bref, le fameux « auto-entrepreneur professionnel de proximité » sera avant tout un auto-exploité.

    1.- Et malheur à eux s’ils tentent de faire front commun : la loi a déjà prévu le délit d’entente illicite sur les prix. Derrière le statut clinquant et le «  rêve  » de devenir son propre patron, l’exploitation, atomisée, sera encore plus forte  !

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • L’#état_d'urgence, c’est ça

    C’était il y a longtemps. Vigipirate n’existait pas. Il n’y avait pas de caméras dans les rues, pas de contrôle à l’entrée des lieux public, pas de policiers ou de militaires en armes à tous les carrefours ; et les consignes automatiques dans les gares fonctionnaient à la satisfaction des voyageurs. Les gens avaient l’air tranquilles et en sécurité.

    Puis il y a eu des attentats et l’Etat a inventé Vigipirate. Au début, ça nous a fait bizarre ces messages sonores - dans les halls de gare, dans les aéroports, etc. - nous enjoignant de surveiller nos sacs, nos voisins. Ces messages, ces contrôles systématiques dans les lieux publics… on nous avait dit que c’était provisoire, que ça ne durerait pas. Alors on s’y est habitué, d’autant que, nous disait-t-on «  c’était pour notre bien » . C’était il y a plus de 20 ans et vigipirate est toujours là. Dans une version renforcée.

    Et puis, les caméras se sont multipliées pour surveiller les places publiques, les rues, les voies piétonnes. Au début ça nous a fait bizarre de savoir qu’on était surveillés, écoutés, observés en permanence comme des animaux de laboratoire. Et puis, on s’y est habitué, puisque « c’était pour notre bien » . Et puis, les forces de police, de gendarmes, les militaires d’autres corps, les vigiles… sont devenus de plus en plus présents, et ils ont été de plus en plus armés, et les contrôles sur la voie publique se sont multipliés. Au début ça faisait bizarre et puis...

    Nous avons été bien préparés. Si bien que quand aujourd’hui Monsieur Hollande, déclence l’état d’urgence, cela semble tellement naturel à la plus part des gens. Un soulagement même.

    Pourtant, ces trois mots, à eux seuls, devrait être une cause d’effroi. Les attentats de Charlie, du Bataclan sont effroyables. La mort qui frappe au coin de la rue, sans prévenir, c’est effrayant, c’est évident, mais ça reste dans le domaine du connu. Mais l’état d’urgence,ce choix de restreindre nos libertés fondamentales, d’interdire les manifestations, de multiplier les assignations à résidence,...

    Quel lien entre un piquet de grève sur la voie publique, devant son entreprise, et les attentats ? Aucun, mais les piquets de grève sur la voie publique, devant l’entreprise - le piquet de la clinique des Chaumes par exemple - sont interdits. Quel lien entre une manifestation écologique et les attentats ? Aucun, mais les manifestations sont interdites.

    Cynisme politique  : en même temps qu’il instaure, pour trois mois l’état d’urgence (et cette fois-ci, l’Etat peut se permettre le luxe d’annoncer d’avance que ça peut durer davantage), le Pouvoir nous enjoint de vivre… normalement. Vivre normalement (ou plutôt, consommer normalement), c’est, nous dit-il, la meilleure réponse aux attentats. Pour le Pouvoir, il ne fait donc aucun doute que la vie sous un état d’urgence est compatible avec une vie normale.

    Pas pour nous. Pas pour nous, parce que, la vie normale, c’est justement le contraire. Le contraire de ce qui vient d’arriver, par exemple, à un compagnon. Appelons-le X.

    X, donc, est un militant libertaire. Il a plus particulièrement la fibre écologique et a participé à diverses manifestations contre plusieurs projets destructeurs de l’environnement. Lors d’une d’entre elles, sans doute sous l’effet des gaz lacrymogènes, du vacarme ambiant, de la présence d’un hélicoptère au dessus de sa tête, oui, c’est vrai, il a pété les plombs : il a insulté les policiers, a même jeté quelques cailloux dans leur direction, sans atteindre personne. Interpellé, jugé en flagrant délit, il a fait de la prison. Au sortir de prison, il s’est démené pour retrouver un travail. Il l’a retrouvé. Il va le perdre, parce que, vendredi 28 novembre 2015, après une dure journée (il est dans une entreprise de nettoyage) X. dort chez lui, dans son lit l’esprit en paix. Mais, à 3 heures et demi du matin, on tambourine à sa porte : « Police ! » .

    X. est conduit au commissariat et apprend que le ministre de l’intérieur a décidé qu’il devait être consigné à résidence jusqu’au 12 décembre ! Oui, c’est vrai, le ministre de l’intérieur – qu’il n’a jamais vu, bien sûr – c’est fendu d’un arrêté contre lui.

    Il est vrai que X porte un prénom et un nom « à consonnace maghrébine »,... Voici le texte de la déclaration qu’il a été obligé de signer aux commissariat :

    « Je prends acte que je me trouve dans vos locaux afin que me soit notifiée une assignation à résidence.
    Je prends acte du contenu des différents articles de l’arrêté d’assignation à résidence émis par le ministre de l’intérieur en date du 25 novembre 2015, arrêté me concernant à savoir :
    – Qu’à compter de la présente notification et jusqu’au 12 décembre 2015 inclus je suis astreint à résider sur le territoire de la commune de … (article 1er).
    – Que je dois me présenter trois fois par jour, à 09h, à 14 h et à 19 h au Commissariat de Police de … Cette obligation s’appliquant tous les jours de la semaine, y compris les jours fériés et chômés (article 2)
    – Que je dois demeurer tous les jours de 20 h à 06 h à mon domicile ou je réside (article 3)
    – Que je ne peux me déplacer en dehors de mon lieu d’assignation à résidence sans avoir obtenu l’autorisation écrite (sauf conduit) établi par le préfet de …
    – Que le Préfet de … est chargé de l’exécution du présent arrêté qui me sera notifié et qu’une copie sera transmise au Procureur de la république (article 5) »

    C’est ça, dans la réalité, l’état d’urgence. C’est une atteinte aux droits fondamentaux. C’est aussi une atteinte à la vie elle-même ! Depuis le 25 novembre, X est privé de tout revenu. Il ne peut plus travailler. Il passe le plus clair de son temps à aller et revenir au commissariat (fort éloigné de son domicile et de ses chantiers). Bien sûr, il sera probablement licencié. Sa vie va rebasculer. Par décision d’un ministre. C’est ça, l’état d’urgence. L’arbitraire le plus absolu. Tellement qu’on finit par se demander que, si le FN arrive au pouvoir, qu’est-ce-qu’il va pouvoir inventer de plus...

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Islam/Catholicisme : lutte pour les parts de marché

    Mais que pense l’église catholique, en tant que telle, de ce qui se passe ? La voix la plus autorisée est certainement celle du sieur Vingt-Trois, archevêque de Paris, Président de la conférence des évêques de France et cardinal.

    La ligne du cardinal est initialement simple : tenter de mettre « la » religion hors de cause. Pas fou, le cardinal, il comprend bien que, si une religion est perçue comme criminelle, les autres en seront entachées. C’est pourquoi il dénonce « … les ‘instrumentalisations’ bien connues autour de la notion de guerre de religions » et regrette amèrement que « Dans les informations, on montre que la première cause du terrorisme, c’est l’islam. » .

    Solidarité classique imans-évêques quand il faut défendre « la » religion.

    La où la ligne théologique prend une sacrée courbure, c’est quand il faut discuter affaires.

    Ici, pas de doute, il n’y a plus « la » religion mais bien « des » religions et il n’est plus question d’amalgamer les imans et les évêques mais bien de défendre sa… chapelle.

    Ici, le cardinal n’a pas une hostie sur la langue. Le propos est plus que direct, brutal même :

    «  L’islam prendra la place de première religion si les catholiques ne sont pas capables de vivre leur catholicisme. Si nous perdons des parts de marché, c’est que nous ne tenons pas le marché  ».

    Vous avez bien lu : des parts de marché. Pour une fois, nous sommes bien d’accord avec le cardinal : les religions, « la » religion, c’est avant tout une histoire de parts de marché.

    Amen.

    N.B. : Les citations sont extraites du très clérical « Le Figaro » du 5 avril 2015.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Question de mots

    Les auteurs et responsables du massacre de masse du 13 Novembre, les dirigeants de Daesh, Bachar El Assad… et quelques autres, sont-ils des fascistes ? Des proches, des amis récusent ce qualificatif. Ainsi peut-on lire dans la revue «  Temps Critiques  » :

    «  Il est aussi erroné de les traiter de fascistes comme le font souvent les libertaires et les gauchistes parce que le #fascisme est un sous-produit du socialisme et du nationalisme alors que ces organisations n’ont justement pas de visées nationales ; elles sont même directement mondiales et s’adressent à une communauté des croyants potentiellement sans limite. » (1)

    On peut effectivement se reporter à l’histoire, aux conditions d’émergence du phénomène pour définir ce qu’est le fascisme et on a tout à fait le droit de s’en tenir là (ce qui, d’ailleurs ne met pas fin aux discussions séman tiques).

    On peut également constater que le mot a évolué et qu’il a pris un sens qui, échappant à sa stricte définition historique, est devenu beaucoup plus général ; et cela depuis longtemps, depuis assez longtemps pour être entré dans les dictionnaires : «  Fascisme : Attitude autoritaire, arbitraire, violente et dictatoriale imposée par quelqu’un à un groupe quelconque, à son entourage. » écrit ainsi le Larousse.

    C’est bien entendu dans ce sens, dans celui de la langue courante de tous les jours, que nous prenons le mot fasciste dans nos textes.

    1.- « Vernissage d’une antiquité : le défaitisme révolutionnaire » , http://mondialisme.org/spip.php?article2383

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Des liaisons dangereuses

    Il est clair que les événements du 13 Novembre -qu’il ne faut pas séparer des événements antérieurs (Merah, Charlie) - nous renvoient à un constat  : celui d’être en présence d’une tendance de fond particulièrement morbide, néfaste et #anti-lumières ; un véritable courant contre-révolutionnaire qui se dévoile de plus en plus et que l’on peut qualifier de «  fasciste », au sens général de ce terme. Mais, tout ceci n’est pas nouveau en dépit de ce nouvel épisode parisien aussi tragique que spectaculaire.

    En effet, ce courant anti-lumières se traduit, depuis les années 1970’, par un regain des idéologies conservatrices, qu’elles soient religieuses ou laïques (1). Nous avons déjà écrit (2) sur ce courant anti-lumières en le désignant par le terme de «  #postmodernisme  », lequel, dans sa logique, promeut une spécificité culturelle tendant, entre autres aspects fallacieux, à assimiler et à recycler le concept de race.

    Il faut savoir que deux des plus influents auteurs de l’islamisme politique, Sayyid Qutb et Ali Shariati, se sont inspirés avec enthousiasme des écrits d’#Alexis_Carrel. Ce dernier avait développé des théories socio-eugéniques très élaborées allant jusqu’à être couronnées par un prix Nobel (!). Oracle du régime de Vichy, Carrel reste, encore aujourd’hui, un matériel standard de lecture au sein des universités d’été du FN (3)  !

    D’où l’intérêt de le démasquer, de s’y intéresser (à bon escient) et de le faire savoir.

    L’insistance de Carrel sur la minorité créative et salutaire, ainsi que sur la dégénérescence raciale et culturelle, n’est peut-être pas aussi systématique ou sophistiquée qu’elle peut l’être chez d’autres penseurs tels que Nordau, Klages, Nietzche ou Jünger. Mais, cette notion de dégénérescence a des affinités génériques, idéologiques et conceptuelles avec la critique que font les islamistes de la société contemporaine, car elle s’ancre dans une vision vitaliste de la société.

    Si tout comme Carrel - et certains penseurs allemands - Henry Ford et Albert Freeman attribuent cette dégénérescence supposée au prolétariat et à la massification de la société, des penseurs tels que Mawdûdi ou Qutb en blâment la non-islamité (qui selon eux serait synonyme de dégénérescence) et prônent une (ré-)islamisation massive capable de soumettre le prolétariat récalcitrant.

    Toutes ces figures de l’occidentalité sont de première importance dans la pensée politique européenne « moderne ». Peu connues du grand public, ces figures ont été reléguées dans les oubliettes de l’Histoire, après que leurs idées mystificatrices aient, logiquement, été battues en brèche dans le combat idéologique qui les avait opposées à la lucidité du rationalisme. Cela nous oblige à revenir sur un passé qui a refait surface en catimini, profitant de l’amnésie collective qui a opportunément suivi la mise en échec de ces idées absurdes.

    L’adulation postmoderne de la différence n’est pas suffisamment consciente de ses origines (!) idéologiques et conceptuelles.

    Une autre affinité, et non des moindres, est l’antisémitisme. Même si les derniers événements semblent, apparemment, avoir franchis un seuil de plus dans l’arbitraire – en frappant sans cibler les juifs en particulier, mais une population plus large - il ne faut pas oublier que l’antisémitisme fait partie de l’arsenal idéologique de l’Etat islamique.

    L’antisémitisme qui imprègne les quartiers depuis de nombreuses années offre, donc et par ce biais, un terrain propice à recevoir, favorablement, les discours de cette nouvelle entité. Il est, paradoxalement, nourri par deux sources contraires en apparence, mais qui, en définitive, se renforcent.

    L’antisémitisme professé par les imams puise ses racines dans une vieille rivalité religieuse – et politique - entre islam et judaïsme. Cet antisémitisme influence beaucoup le discours politique des jeunes ; qu’ils soient, d’ailleurs, pleinement fanatisés ou non. La banalisation de ce discours est un danger imminent et potentiellement dévastateur.

    Cette variante de l’antisémitisme est renforcée par la propagande pro-révisionniste des très chrétiens Alain Soral et Dieudonné M’bala M’bala qui eux aussi se distinguent par l’orientation de leur discours.

    Il faut être conscients des fondements communs qui relient ces deux variantes à l’antisémitisme nazi – mais la preuve n’est plus à faire. Le nazisme fut, aussi, porté par des chrétiens. Au Moyen-Orient, l’antisémitisme fut et est porté par les fondamentalistes musulmans. Les deux courants ont en commun, et depuis longtemps, le même leitmotiv qui est la volonté de voir disparaître les Juifs de l’aire géographique dans laquelle ils se trouvent ; ou «  mieux  », de la surface du globe.

    Quant aux idées portées par les antisémites locaux, elles sont, pour le moins, fascisantes. L’antisémitisme a toujours été très présent dans l’idéologie et dans les faits de toutes les variantes du fascisme, que cela soit sous Pétain ou sous Mussolini (4).

    Le passage à l’acte, par le meurtre d’enfants – Merah (de façon particulièrement barbare et impitoyable - tirs à bout portant) - et le meurtre de personnes adultes, en raison de leur appartenance à la religion juive, fait écho aux crimes antisémites du passé (guerre de 39-45, tous les pogroms et autres attaques contre les ghettos juifs dans l’Histoire). Dès lors, pour nous, la qualification de fascistes ne fait plus aucun doute.

    Entre les islamistes et les représentants de l’irrationalisme politique européen, il y a, en fin de compte, beaucoup plus que des affinités choisies de façon subliminale.

    C’est, aussi, le cas de la mystique de la mort - et du sacrifice - comme remède au « délabrement » -, et de la glorification du sang, du feu et de l’acier comme forme directe de l’action politique.

    Le culte du martyr et de la guerre inscrivent le sacrifice de soi dans un rite de passage, de socialisation intense, auquel les groupes islamistes soumettent leurs membres.

    Goebbels – de triste mémoire - déclarait déjà que «  La guerre est la forme la plus élémentaire de l’amour de la vie  » . Mussolini, lui, énonçait que « L’homme se réalise dans la guerre  » . Quant aux franquistes, c’était le « Viva la muerte !  » .

    A l’évidence, l’#islamisme ne diffère, fondamentalement, pas des idéologies qu’incarnent ces tristes personnages.

    1.- Même si les idéologies supposées laïques se sont effondrées (que ce soit Bachar, les états communistes d’Europe, etc.) et si aux USA, en Amérique du sud, en Asie, il n’y a pas de courant laïque qui soit significatif.

    2.-Voir l’article dans le n° 145 de @anarchosyndicalisme ! (#Journées_iconoclastes).

    3.- Consulter, par exemple : http://www.liberation.fr/france/2005/07/02/le-petainiste-carrel-idole-des-jeunes-du-fn_525401 Cela démontre et confirme le lien générique entre eux.

    4.- En revanche, dans l’Espagne de Franco, les Juifs qui arrivaient de France pendant la seconde guerre mondiale n’étaient pas réellement persécutés. C’est une des choses qui a permis au dictateur Franco de s’en sortir après la fin de cette guerre. Il ne faut pas y voir de la bonté de sa part, mais plutôt un opportunisme politique devant lui permettre de rester au pouvoir – surtout, quand on connaît la force de la révolution sociale qui eut lieu à partir de 1936, en Espagne.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

    • wp : "L’Europe des Lumières a ainsi ses lieux privilégiés : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosités, salons littéraires et salons artistiques, voire salons de physique à l’instar de celui animé par l’abbé Nollet, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs politiques à l’anglaise.

      Ces lieux où se croisent les anciennes et les nouvelles élites, les artistes sans fortune et leurs mécènes, les agents de l’État et les aventuriers, sont le creuset d’une communauté cosmopolite et hétérogène, faite d’entre soi et d’exclusion. Ils participent à l’affirmation d’une « sphère publique bourgeoise »"

  • #Impérialisme : la pensée zombie

    Depuis les attentats du 13 novembre, on a vu déferler une avalanche de communiqués de la part de l’extrême-gauche (et de certains groupes anarchistes) pour expliquer que les attentats étaient une réponse à « l’impérialisme occidental »(1) et qu’il s’agissait donc, peu ou prou, de « lutte anti-impérialiste ».

    Rappelons brièvement ce qu’est l’impérialisme. Ce concept, s’il n’a pas été inventé par Lénine, a nourri largement sa pensée tant et si bien qu’il en est devenu le principal théoricien. Pour les léninistes – et dans une approche quelque peu simplifiée, car le sujet est plus complexe - l’impérialisme est un mode d’action qui apparait au moment où le capitalisme finit de se concentrer en monopoles, moment auquel les Etats développés se partagent le monde (notamment par l’exploitation des colonies) afin de lutter contre la «  baisse tendancielle du taux de profit  » (2).

    Or, l’histoire a montré, du moins à ce jour, que le capitalisme trouve toujours des ressources et de nouveaux marchés pour lutter efficacement contre cette « baisse tendancielle » et que les entreprises font toujours de substantiels profits, ce qui constitue un premier « accroc » aux théories marxistes-léninistes. Le non-effondrement du capitalisme depuis un siècle (malgré la prédiction marxiste), ainsi que l’innovation technologique en constante accélération, sont des preuves suffisantes de la légitimité très limitée de cette thèse.

    Autre défaut du concept d’impérialisme : il met en jeu des Etats. La conséquence qu’en tirent les léninistes (ainsi que divers libertaires), c’est que certains « petits » Etats seraient à défendre contre les « gros » Etats impérialistes. Le problème, pour des révolutionnaires, c’est que défendre un Etat, « petit » ou « gros », c’est toujours favoriser sa bourgeoisie.

    Les défauts pointés ici étaient déjà valables en 1916, date de l’écriture de «  L’impérialisme, stade suprême du capitalisme  » ; ils le sont encore plus aujourd’hui. Le développement économique, la mondialisation et la multipolarisation mettent à mal les analyses léninistes qui ont tenu, malgré leurs insuffisances, le haut du pavé pendant presque tout le 20ème siècle, même si cela a conduit des «  révolutionnaires  » à défendre parfois des dictatures de la pire espèce. Ce sont ces vieux « réflexes » qui ont empêché l’extrême-gauche et certains libertaires de soutenir les révoltés pendant le printemps arabe en 2011 (puisque, en s’attaquant à leurs maitres, ils s’attaquaient à des Etats «  victimes de l’impérialisme  »).

    En ce qui concerne le « 13 Novembre », nos anti-impérialistes n’ayant trouvé aucun caricaturiste à blâmer ou aucun sioniste à accuser, se sont rabattus sur le noyau dur, « historique » de leurs analyses : la faute des attentats, nous expliquent-ils doctement, revient à l’impérialisme français (et à la guerre qu’il mène au Moyen-Orient). S’il est certain que les frappes effectuées par les pays occidentaux ne sont pas pour rien dans la situation dramatique de la Syrie (notamment en déstabilisant fortement la région et en ouvrant un espace politique aux djihadistes), ces analyses oublient plusieurs facteurs déterminants dans la création et le développement de Daesch  :

    – premièrement le fait que Daesch a, en grande partie, été créé grâce à l’ouverture des prisons par Bachar El Assad en 2011, lequel a ainsi libéré des islamistes purs et durs dans le but de créer un deuxième front contre les populations qui se soulevaient contre lui et de les prendre pour ainsi dire « en sandwich ». Ce noyau de djihadistes a ensuite été rejoint par des membres du parti Baas irakien, par des transfuges du parti Baas syrien, qui misaient sur une défaite d’El Assad, puis par des renforts religieux venus d’un peu partout.

    – Daesch ne se place pas essentiellement dans une perspective de développement du capitalisme, il poursuit un but avant tout religieux  : le développement d’un islam radical. Daesch n’est pas une nation. Il a une prétention universaliste et veut convertir et dominer la planète.

    – Le capitalisme dans la zone contrôlée par Daesch se limite à du commerce. Il n’y a pas d’industries, et pas de projet de développement de celle-ci. Certes, Daesch vit de la rente pétrolière, mais celle-ci n’est pas une fin en soi, plutôt un moyen de s’acheter des armes et de la clientèle (au sens antique du terme).

    Nous sommes donc en face d’un groupe qui a une dimension religieuse et féodale extrêmement marquée, fort éloignée des conditions nécessaires, d’après les léninistes eux-mêmes, à la lutte anti-impérialiste (3)  ! Cette dimension est fondamentale si l’on veut saisir le sens de ce qui s’est passé le 13 Novembre à Paris. De plus, l’analyse que nous pouvions faire des évènements de janvier 2015 voit son sens renforcé : dans tous les cas, ce qui a été attaqué en novembre 2015, ce ne sont pas des cibles stratégiques, ayant un intérêt militaire, mais bien des symboles de ce qui est contraire à l’Islam. Les communiqués de Daesch que nous avons pu lire sont clairs : ont été attaqués « des blasphémateurs » , « des Juifs » (pour les attaques de janvier), et « des idolâtres » (pour les attaques de novembre). Les lieux et publics visés n’avaient que peu d’importance économique, ou stratégique (militairement parlant). Ils avaient par contre une portée symbolique évidente. Il s’est agit de lieux de vie populaires : le stade de France, qui accueillait ce soir là de nombreux jeunes de Seine St-Denis, des bars, des restaurants et une salle de concert. Nous ne sommes pas là dans le cas d’un Etat qui se défend contre une attaque qui menace ses intérêts comme tentent de nous le faire croire les anti-impérialistes. Nous sommes en face d’un phénomène sectaire à vocation hégémonique (type secte Aum) qui dispose d’une puissance militaire.

    1.- A l’inverse, des groupes comme « Non Fides » ou « Temps Critiques » ont produit des textes tout à fait pertinents et intéressants.

    2.- Pour les marxistes, au fur et à mesure que l’histoire avance, la concurrence entre capitalistes tend à diminuer les profits des entreprises.

    3.- Ajoutons, comme cela est mentionné dans d’autres articles de ce dossier que Daesch attaque violemment la Tunisie, que même les « anti-impérialistes » les plus orthodoxes ne peuvent pas qualifier d’Etat impérialiste ; et que la montée des intégrismes religieux qui ont fait le lit de Daesch est largement une conséquence de la politique Truman (impérialisme US).

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • #Islamisme
    Pour une approche rationnelle

    Après les événements du 13 Novembre, il est essentiel de revenir sur le «  phénomène  » islamiste en se débarrassant du côté spectaculaire. Partout et avec insistance, il nous est présenté comme totalement, nouveau, étranger et différent à notre société et à notre histoire. Mais, dès que l’on s’informe un tant soit peu, il s’avère qu’il n’est pas si éloigné de ce qui fait l’histoire commune de l’humanité, malgré un discours dominant particulièrement chauvin qui tend à occulter ce fait.

    L’islamisme met constamment en avant sa (prétendue) singularité (1) et revendique une ascendance authentique par l’usage du spectaculaire et d’une violence féroce, tout en se posant, lui-même, comme le destin postcolonial inévitable des populations, des territoires et même des continents «  islamiques  ».

    Phénomène récent mais posé, tant par ses défenseurs que par ses détracteurs, comme un creuset transhistorique de tous les musulmans, la «  civilisation musulmane  » serait seule dépositaire du «  sens  » et conditionnerait, dès lors et inexorablement, les pensées et les actions de tous les musulmans (et, par une abusive dérive, de tous les «  arabes  »). Devenant soudain des Êtres sur-islamisés, ils sont, alors, censés créer des systèmes «  islamiques  » totalement différents de ceux existants, dans le cadre d’une culture totalisante englobant tous les domaines (économie, politique, législation, sciences, archéologie… et même vestimentaire ou pileux) (2), et dont le caractère, à la fois, orthodoxe et ultra-simpliste l’emporterait sur la complexité encombrante de l’économie, de la société, de l’histoire,… bref de la vie.

    Prétendant ne pouvoir être reconnu qu’en ses propres termes (3), l’islamisme est d’une cohérence interne prodigieuse (4). Partant de là, il se présente comme étant le seul à pouvoir décrire et à pouvoir expliquer de façon adéquate tout ce qui concerne les populations et les pays dits musulmans ainsi que toute leur histoire et tout ce qui les concerne ; et il fait injonction à l’ensemble des musulmans de retourner à ce qui les constituerait essentiellement, à leur supposée nature transhistorique dont l’intégrisme serait l’expression sanglante, mais adéquate.

    Cette vision des choses entre en totale résonance avec le relativisme des anthropologues postmodernes, lesquels ont «  innové  » en déterrant une ethnologie de la classification (sortie tout droit du XIXe siècle) dont l’appareil conceptuel a pourtant été disqualifié par l’avancée des sciences. Ainsi, d’après les postmodernes, la connaissance ne serait pas liée à la cognition, mais à la reconnaissance d’un «  soi collectif  » à travers une iconostasie disqualifiant toute attitude rationnelle au profit d’une auto-référence intrinsèquement affective.

    Cette position idéologique nourrit le discours postcolonialiste dont nous avons eu un pathétique échantillon à Paris-même, peu de jours avant le massacre, le 31 octobre 2015 (5). La défense de la singularité, qui déclare l’irréductibilité de la différence, mène à l’essentialisation de l’identité et à sa réduction en clichés se voulant inattaquables, qu’elle se présente sous un angle xénophobe ou xénophile. Cette vision des choses s’est insinuée dans la société d’aujourd’hui et mine l’opinion publique, sans que celle-ci puisse entendre d’autres sons de cloche.

    L’approche de la culture d’islam ne pourrait donc se faire qu’à travers l’identification ou l’adhésion à cette religion car, bien trop «  spécifique  », elle serait inaccessible à toute approche rationnelle. De façon tout aussi pernicieuse, le postmodernisme affirme, dans un même temps, que les catégories d’origine occidentale sont, elles aussi, intransitives, entièrement réductibles à leurs origines, qu’elles leur sont ontologiquement destinées et, par conséquent, qu’elles sont inapplicables -  en tant que catégories descriptives et explicatives - à la «  communauté musulmane  ».

    Il ne fait pourtant aucun doute qu’on peut (6) aborder le phénomène islamiste tout à fait rationnellement, en reprenant, en particulier, les conditions de son émergence, laquelle est, et bien que cela ne soit pas diffusé, très récente.

    Brève approche historique

    Les phénomènes politiques islamiques sont apparus dans les années 1920-30’ (dans la période-même qui voyait l’émergence en Europe des mouvements fascistes  : Italie, Allemagne, Espagne…) autour, notamment, d’une jeune milice marginale, pieuse et protofasciste. Chemises brunes, chemises grises, vertes ou bleues,… ces jeunes étaient principalement actifs en Egypte et en Syrie et, dans une moindre mesure, dans la zone d’influence de ces pays.

    Dans les années 1950-60’, les mouvements islamistes connaîtront une grande prospérité financière, grâce aux agences pétro-islamiques et aux organismes obscurantistes «  d’éducation  » (7) qu’elles avaient créées (8). Ils étaient portés par un contexte international dominé par la #doctrine_Truman, dont le cheval de bataille était l’endiguement du communisme qui se déployait rapidement aux quatres coins du globe. Dans le monde arabe, la docrine Truman se traduisit par un choc frontal contre les nationalismes arabes socialisants ou pro-soviétiques  ; l’islam devenant, pendant la guerre froide, l’axe, à la fois culturel et idéologique, de la défense du «  monde libre  » contre le communisme dans le monde «  arabe  » (ainsi qu’en Malaisie et en Indonésie). Tout le monde connaît maintenant les effets catastrophiques et sanglants de cette ligne politique.

    Avec des succès inégaux, les mouvements islamiques ont, cependant, mis du temps à occuper le devant de la scène. Il leur a fallu, pour cela, attendre le milieu des années 1970’ et des circonstances bien précises.

    Les nouvelles conditions internationales liées à la dérégulation économique et à la prédominance financière, enrobées dans une théologie du «  marché libre  », s’accompagnaient d’un désengagement de l’Etat qui était, jusqu’alors, revendiqué comme le garant du développement social et culturel (Keynesianisme), ce qui leur a ouvert la voie (9). S’incrustant dans le tissu social à travers, notamment, des services caritatifs, s’appuyant, tour à tour, sur le nationalisme et sur la pratique d’un populisme ultra-conservateur, les mouvements islamistes ont pu se développer puis donner libre cours à leur délire apocalyptique.

    Apparaissant avec le fascisme en Europe et entrant en parfaite résonance avec l’idéologie postmoderne qui mine la pensée rationnelle, les mouvements islamistes ne constituent donc pas un simple épiphénomène mais une tendance lourde, un véritable courant contre-révolutionnaire - structuré et subventionné.

    1.- Pour qui connaît l’histoire des religions (et celle des dictatures), sa singularité est bien légère...

    2 - Il y a eu sous les régimes staliniens (et il y a toujours en Corée du Nord ou en Chine) une «  science socialiste  » , un «  art socialiste  » (par opposition à la science, à l’art «  bourgeois  »). Le même phénomène se produit maintenant avec l’islamisme. Les totalitarismes ont beaucoup de points communs entre eux malgré les différences idéologiques qu’ils affichent !

    3.- D’où le classique «  Vous ne pouvez pas comprendre  » qui met, en général, rapidement fin aux discussions.

    4.- C’est le propre des orthodoxies  : elles constituent des systèmes de pensée clos, tautologiques, qui « doivent » être acceptés comme intangibles.

    5.- La marche dite de la «  dignité  » qui, sous des apparences progressistes, cachait un discours identitaire des plus nauséabonds.

    6.- Et, il est tout à fait recommandé et souhaitable de le faire  !

    7.- Ben Laden et ses hommes des cavernes en sont de purs produits, même si tardivement.

    8.- Aujourd’hui encore, dans la continuité, l’éducation semble être un des axes de pénétration de l’islamisme – bien que se présentant sous des atours rassurants et engageants – comme, par exemple, avec le WISE (World Innovation Summit for Education).

    9.- En Europe, cette «  évolution  » économique (accompagnée du repli de l’Etat sur son rôle policier) a eu, en matière sociale, les conséquences économiques que chacun connaît ainsi que le développement des idéologies d’extrême-droite  : la xénophobie virulente étant à la fois une réponse aussi abjecte que confuse aux effets de la globalisation et un bien mauvais remède à l’anomie et à la frustration. C’est aussi la marque de la détermination du pouvoir cherchant à affaiblir la volonté collective, entraînant une baisse de la capacité à s’auto-organiser en dehors de toute tutelle étatique ou religieuse et de trouver collectivement des réponses.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Pendant la minute de silence
    La destruction de HLM se poursuit

    Enfin, dans ce titre nous exagérons un peu, ça n’a pas été exactement «  pendant  ».

    Ça été un peu avant, et « ça » promet de se poursuivre après si l’on n’y fait rien. Oui, la destruction du bâtiment dans lequel logent des familles syriennes réfugiées à Toulouse a commencé avant la minute de silence du 16 novembre et Habitat-Toulouse, propriétaire des murs, entend manifestement la poursuivre après.

    Regardez la photo.

    Ces femmes et hommes syriens, beaucoup d’âge mur, certains très âgés, ont tenu à manifester leur rejet total des attentats de Paris et leur soutien à toutes les victimes, le 16 novembre à midi, avec une minute de silence, en compagnie de leurs deux avocats. Il y a là beaucoup de courage (ils s’exposent à des représailles). Il y a là beaucoup de dignité.

    Maintenant regardez, au-dessus des têtes. Regardez le bâtiment. Il y a trois grands trous béants au côté gauche. Ce sont deux fenêtres et une porte fenêtre qui ont été arrachées pour, avec d’autres destructions, rendre l’appartement inhabitable. Par qui ? Pourquoi ?

    Par qui ? Mais par #Habitat-Toulouse, le bailleur supposé social.

    Pourquoi ? Parce qu’une famille, défendue par un autre avocat, ayant accepté de partir en CADA (centre « d’accueil » officiel de demandeurs d’asile), l’appartement s’est trouvé momentanément libre (il y pourtant tant de gens qui dorment à la rue !) et qu’Habitat a sauté sur l’occasion pour le détruire.

    Enlever des portes et des fenêtres dans un appartement, c’est, en plein hiver, fragiliser tous ceux qui sont autour au point de vue chauffage. Mais ça, le logeur supposé social s’en moque. Faire des trous dans la façade d’un immeuble, dans un quartier sensible, ça ne peut que contribuer au sentiment d’insécurité. Mais ça aussi, ou Habitat s’en moque, ou ça fait partie de sa stratégie. Il n’y a pas si longtemps, la Mairie (Moudenc) et Habitat (Biasotto, adjoint de Moudenc) dénonçaient le soi-disant mauvais état du bâtiment, ce dont ils voulaient tirer argument pour en chasser les occupants (voir l’encadré). Loin de l’améliorer, ce qui était facile (ce que les Syriens ont fait eux-mêmes d’ailleurs), c’est la voie de la dégradation que les deux compères ont choisi. Et pour que leur dégradation volontaire ne soit pas réparée, pour que l’appartement ne soit pas remis en état, Habitat paye jour et nuit des vigiles pour surveiller le début de ruine qu’il a ainsi créé

    Il n’y a la ni le moindre courage ni la moindre dignité.

    Ni beaucoup de franchise : rappelons qu’Habitat Toulouse avait lancé en référé (c’est-à-dire de toute urgence) une procédure d’expulsion à l’encontre des réfugiés Syriens. Ce procès honteux avait été finalement fixé au 6 novembre, au Tribunal d’instance. Il a été reporté séance tenante au 8 janvier 2016… à la demande d’Habitat Toulouse ! Manifestement, les arguments juridiques soulevés par les deux défenseurs de l’ensemble des familles syriennes menacées (Maitres Caséro et Avenas) donnent du fil à retordre à Habitat, qui trouve tout d’un coup que l’expulsion, en réalité, n’est pas si urgente que ça.

    Pendant ce temps, pendant que certains s’acharnent à détruire, la solidarité continue. Chacun, de près ou de loin, d’une façon ou d’une autre, peut y participer. Vous pouvez suivre l’actualité sur https://www.facebook.com/Cnt-ait-toulouse-officiel-186830011469841

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • Seule la Raison peut s’opposer à la Folie
    La guerre, dans tous ses états

    Ironie de l’histoire, passée quelque peu inaperçue, ce 11 novembre 2015, les magasins étaient ouverts. A peine clôturé, en 2014, le centenaire de la première guerre mondiale, qu’il n’était plus question de mémoire mais de profits. Aux oubliettes, les réflexions sur l’escalade belliciste à l’origine de cette boucherie, sur les souffrances indicible des soldats, sur la terrible injustice des «  fusillés pour l’exemple  » … En cette date commémorative, il n’y avait vraiment plus rien de nouveau à l’Ouest, sinon cette injonction de travailler tous les jours pour acheter tous les jours.

    Etat de vide : la fabrique des insensés

    Après le massacre de masse du «  13 Novembre  », devant la chute de la consommation, Macron chantre du travail du dimanche, apôtre de la déconstruction du temps commun et de la destruction mémorielle de ce 11-Novembre a évoqué en guise d’explication une «  perte de repères  » . Il aura donc fallu un carnage pour que ce phare du modernisme économique commence à avouer que sa politique cynique, que la perte de sens sur l’autel des marchés, n’est qu’une fabrique à insensés.

    Cette montée de l’insignifiant se retrouve dans l’indigence des discours politiciens que nous avons du subir. Hollande a donné le top départ dès sa première allocution guerrière. Il a tourné en rond autour du thème de la peur  :

    «  Ce que les terroristes veulent, c’est nous faire peur, nous saisir d’effroi. Il y a effectivement de quoi avoir peur, il y a l’effroi,…  ».

    En face l’extrême-gauche a ressorti son bréviaire du XIXe siècle pour dénoncer les interventions impérialistes (comme si la Tunisie, cible majeure des islamistes nourrissait des visés impérialistes envers qui que ce soit) et cela, elle n’est pas à une contradiction près, tout en continuant à demander une intervention occidentale pour soutenir les Kurdes du PKK. Du mauvais Clemenceau contre du mauvais Jaurès ! Pour finir sur ce rapide état des lieux, les observateurs retiendront que le 13 novembre nous sommes entrés en guerre au soir de la… « Journée mondiale de la gentillesse » .

    Tout ceci n’est pas seulement un enchaînement de niaiseries abrutissantes mais signale ce qui domine notre époque : le vide sidéral de la pensée qui rend possible toutes sortes de folies collectives.

    « Etats sans raison » versus « exigence de rationnel »

    Les «  gentils contre les méchants  », le «  Bien contre le Mal  »,… si la pensée religieuse est une pensée magique et simplette, la pensée nationaliste l’est tout autant. Dieu n’existe que pour ceux qui veulent bien y croire et la Nation (ou en d’autres temps la «  Classe ouvrière  » mythifiée) n’est pas un organisme supérieur à l’individu. L’un et l’autre renvoient une image négative de celui qui ne partage pas les mêmes croyances, qui n’a pas le même Dieu ou la même Nation. Le mauvais, c’est toujours l’autre. Si l’on continue sur ce lamentable chemin, il y a de quoi nourrir effectivement de longues, très longues guerres. Car, dans les deux cas, domine cette idée absolument folle que des constructions imaginaires telles que Dieu ou la Nation sont supérieures à l’individu, à sa liberté et à sa vie  ; en fonction de quoi chacun peut facilement trouver de mauvaises raisons de massacrer l’autre.

    Dans notre actualité, pour nous libertaires, inverser cette donne criminelle c’est déjà remettre dans le bon sens la relation entre les abstractions idéologiques et le concret des existences des individus et donc de leur liberté.

    Au quotidien c’est défendre non pas simplement une pensée laïque, dont l’inconvénient est qu’elle peut s’intégrer au nationalisme, mais défendre une pensés rationnelle En fait l’enjeu est bien de sortir d’un manichéisme propre à favoriser la polarisation belliciste pour rentrer dans un débat qui traverse tous les individus : celui de la Raison et du raisonnable.

    Guerre asymétrique / terreur / état d’urgence

    Dans les médias, les experts se sont succédé pour nous expliquer que nous serions en train de vivre une «  guerre asymétrique  » . La guerre asymétrique est une stratégie militaire destinée à prolonger un conflit armé ; elle est menée par le plus faible contre le plus fort. C’est la petite guerre, la guérilla. De très nombreuses guérillas ont été menées sans pratiquer la Terreur, sans pratiquer des massacres de masse. Ce fut le cas en France, entre 1940 et 1944, dans un conflit asymétrique mené par les Maquisards contre les nazis, ce fut aussi le cas en Espagne avec des actions menés par des groupes de résistance anarchiste au franquisme.

    La Terreur est tout autre chose. C’est une stratégie politique.
    Ses manifestations, au contraire de la guérilla, sont toujours le fait du fort contre le faible. Adossée à toutes sortes d’idéologies, dont le point commun est le mépris absolu de la vie humaine, la férocité assumée de la Terreur s’exerce en vue de la conquête du Pouvoir ou du maintien dans celui-ci.

    Historiquement, la relation que la Terreur entretient avec son but, la domination totale de l’homme par l’homme, nous renvoie à ce qui est aussi la substance de l’Etat. C’est pourquoi, si tous les Etats ne pratiquent pas la terreur, tous les Etats en ont la capacité (1).

    Entre la guerre asymétrique et la Terreur, il existe donc une distinction fondamentale qui aurait dû sauter aux yeux de tous.

    Si la confusion est rarement levée, c’est que le concept de terrorisme a été l’objet pour le Pouvoir d’une commode inversion de valeurs. Tout au long du XXe siècle, les Pouvoirs les plus totalitaires n’ont pas hésité à qualifier de «  terroristes  » ceux qui n’étaient que des Résistants. Le procédé rhétorique est bien connu  : «  Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage  » . Un marqueur de dérive totalitaire est d’ailleurs la facilité avec laquelle le Pouvoir se permet de traiter ses opposants comme des terroristes ou de les qualifier de tels. Nous en retrouvons, hélas, les germes dans l’utilisation de l’actuel état d’urgence.

    Déjà, certains responsables politiques et administratifs commencent à utiliser l’état d’urgence contre de simples opposants à tel ou tel de leurs projets. Il s’agit là d’une faute gravissime car en agissant ainsi, ils font le jeu de Daesch et de sa folie criminelle. En traitant, pour satisfaire de petits calculs politiques du moment, toute contestation politique et sociale comme si elle était similaire à la Terreur semée par Daesch, non seulement « ils donnent plus d’eau au poisson », mais ils augmentent fatalement le néant réflexif et la confusion, deux facteurs qui ne peuvent faire qu’accroître le pouvoir d’attraction des fanatiques.

    Pour la liberté malgré l’Etat.
    Capacités d’une société solidaire

    On peut comprendre la subtilité qui consiste à ne pas vouloir nommer Daesch pour ce qu’il est réellement dans sa substance, mais, de fait, là où il a déjà le pouvoir, Daesch pratique la terreur d’Etat, en s’appuyant sur un corpus idéologique religieux totalitaire et en soumettant une population de 10 à 12 millions d’individus. On peut comprendre également les discussions théoriques autour du terme de « fasciste » - on trouvera d’ailleurs, dans les pages qui suivent des remarques sur ce sujet comme sur plusieurs autres évoqués ici. Mais d’un point de vue opérationnel, qu’on nomme cela comme on voudra, les conséquences sont les mêmes que si nous étions face à un Etat fasciste développant une dynamique d’expansion qui nous concerne directement en ceci qu’elle touche nos lieux et modes de vie.

    Nous n’avons rien à attendre de ces politiciens minables qui profitent de l’état d’urgence pour régler des comptes avec des opposants politiques, nous n’avons rien à attendre des intellectuels munichois qui, comme Onfray, parlent déjà de négocier avec Daesch comme d’autres parlaient hier de censurer le blasphème, nous n’avons rien à attendre de ces syndicalistes qui, tel celui-ci, éructent que

    «  Il vaut mieux avoir un événement organisé, encadré, que des choses qui fleurissent spontanément  » (2)

    Ce que ces agissements et ces dires nous apprennent aujourd’hui confirme notre expérience historique  : dans la lutte contre le fascisme, ce n’est surtout pas dans l’Etat et ses satellites mais dans la société que nous devons mettre nos espérances.

    D’ores et déjà il faut saluer la solidarité dont la population a spontanément fait preuve - malgré les discours politiciens l’appelant à la plus grande passivité.

    Oui, saluons les actions spontanées de solidarité qui ont fleuri lors de ces journées tragiques. Saluons toutes ces actions d’individus libres et courageux, de celles et ceux qui ont spontanément ouvert leur porte aux rescapés ensanglantés du 13 Novembre, des personnels de santé qui spontanément (et malgré un mouvement de grève) se sont rendus dans les hôpitaux pour soigner les centaines de blessés, des personnes qui, spontanément et par milliers, ont donné leur sang au matin du 14 novembre.

    C’est autour de ces capacités de réponse individuelle et collective, de solidarité, c’est en encourageant une réflexion rationnelle, capable d’envisager toutes les éventualités, que les anarchosyndicalistes doivent participer à la résistance populaire et autonome pour défendre le plus précieux de tout  : la Liberté.

    1.- L’idée d’inspirer de la crainte comme préalable à la soumission est en effet très ancienne. Elle se trouve déjà dans un propos célèbre de Caligula  : «  Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent  !  » . Machiavel a bien explicité l’emploi de la Terreur comme arme politique

    «  Or, se réemparer du pouvoir voulait dire, selon eux, renouveler cette terreur et cette crainte qu’ils avaient su inspirer à tous les esprits au moment où ils s’en étaient emparé.  » , «  Discours sur la première décade de Tite Live  », livre III, chapitre 1.

    2.- Bernard Debedan, un des secrétaires départementaux FSU, le vendredi 20 novembre sur « Direct matin  ».

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015