• #Gilets_jaunes
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article951

    Pendant tout le dix-neuvième siècle et la plus grande partie du vingtième, la question sociale, c’est à dire la manière dont sont réparties les richesses produites par la communauté entre les diverses couches de la population a été la question politique essentielle dans les sociétés occidentales. Des millions de personnes ont pris les armes, fait des révolutions, renversé des gouvernements, pour obtenir plus d’égalité économique, une répartition plus juste de la richesse entre tous, pour en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme. Ces mouvements ont inspiré de par le monde des philosophes, des écrivains, des chanteurs, des artistes enrichissant largement la culture populaire.

    Depuis quelques décennies, penseurs post-modernes mettent, en avant d’autres problématiques telles que celles du genre, de la race , de l’identité, de la religion... pour expliquer l’évolution historique des sociétés. Pour eux, la question centrale n’est plus celle de la lutte des classes mais celles de la lutte des sexes, des races, des genres, des cultures etc.

    Ces conceptions très à la mode dans certains milieux intellectuels sont largement diffusées par les médias et le soutien aux luttes de tous les groupes sociaux discriminés est devenu l’objectif principal sinon unique de nombre d’organisations et de militants progressistes.

    C’est un fait incontestable, que dans le même temps, les détenteurs du capital et les états ont accentué leur pression sur les classes pauvres, en baissant leur pouvoir d’achat, en rognant leurs droits, en remettant en question des avantages acquis de haute lutte par les générations précédentes.

    Avec comme prétexte des arguments calamiteux (mondialisation, communauté européenne monnaie unique...) les capitalistes restructurent l’économie à leur plus grand profit et le mouvement ouvrier semble bien léthargique face à ces agressions.

    C’est presque sans réaction que les classes pauvres assistent à la baisse de leur niveau de vie, à la de restriction de leurs libertés, à la perte de leurs droits. Le chômage, la misère, le mal être affectent des proportions de plus en plus importantes de la population.

    Les organisations aux syndicales dites représentatives normalement en charge de la défense des intérêts des classes travailleuses se révèlent impuissantes face aux offensives des patrons et de l’état. Ces vénérables institutions, largement financées par l’état limitent leurs ambitions à l’organisation de journées d’action ou de manifestations, toutes formes de contestations débouchant toujours sur des négociations « entre partenaires responsables ».

    Leur fonction réelle apparaît ainsi clairement aux yeux de tous : masquer les antagonismes de classe et gérer les inévitables conflits de façon à ce que l’économie fonctionne au mieux en proposant des voies de garage aux révoltés, laissés pour compte de la société capitaliste.

    Cette répartition des rôles entre partenaires responsables (à l’état les fonctions régaliennes, patrons l’économie, aux les syndicats la gestion du social) a permis pour le plus grand profit des classes privilégiées d’ éviter jusqu’à présent les révoltes populaires du type de juin 1936, mai 1968...

    Mais l’arrogance des puissants ne connaît pas de bornes, et c’est parce qu’ils ont voulu faire payer aux classes pauvres la lutte nécessaire contre le réchauffement climatique (réchauffement qui n’est que l’une des catastrophiques conséquences de la logique économique capitaliste et de la marchandisation du monde) en augmentant les taxes sur les carburants, qu’ils ont déclenché un mouvement de révolte populaire qui choisit un gilet jaune comme symbole dérisoire.

    L’histoire nous montre que l’élément déclencheur des révolutions est souvent presque insignifiant et c’est presque rien, juste une petite taxe supplémentaire sur les carburants qui a déclenché la tempête sociale.

    Pour que les classes dominées consentent sans rechigner à obéir, pour qu’elles acceptent une organisation de la société fondamentalement injuste et si manifestement contraire à leurs intérêts, il faut qu’elles soient aveugles et sourdes et les États au service des classes dominantes, pour les maintenir dans cet état amorphe ne lésinent pas sur les moyens.

    Mais lorsque les écarts de richesses deviennent phénoménaux, lorsque une majorité de ménages à le sentiment de s’appauvrir, quand la misère se généralise alors qu’une minuscule minorité de très riches confisque une part croissante de la richesse du pays et s’exhibe avec outrecuidance aux yeux de tous, quand l’état par toutes ces mesures favorise manifestement ces très riches, qu’il montre son incapacité à résoudre les crises écologiques provoquées par le mode de développement qu’a génère, alors les dominés sortent de leur léthargie, enfilent un gilet jaune pour manifester leur refus de tout ce à quoi ils consentaient jusqu’alors et leur volonté d’un autre futur.

    Eux qui écoutaient en silence les discours des hommes politiques en place se mettent à discuter, à échanger, à confronter leurs idées. Chaque rond point devient un forum permanent et si chacun vient avec ses idées, ses espoirs, ses conceptions différentes de celles du voisin, tous partagent le refus du système politique en place, tous aspirent à une véritable démocratie et donc refusent d’élire des représentants car ils savent qu’ils deviendraient des notables manipulés par les gouvernants, tous aspirent à plus d’égalité et haïssent les privilégiés qui accaparent les richesses, ils dénoncent l’hypocrisie du gouvernement qui prétend défendre la nature et fait la promotion à outrance de la croissance économique, qui tout en affirmant défendre la justice sociale taxe les pauvres et supprime l’impôt sur la fortune, qui s’affiche au niveau international pacifiste et vend des armes à des pays en guerre, défenseur des droits de l’homme et soutien de fait des pires dictatures...

    Et c’est bien de ces contradictions inhérentes au système capitaliste que discutent les gilets jaunes, et ce faisant ils découvrent qu’ils partagent tous le même sort, les mêmes difficultés à boucler les fins de mois, les mêmes aspirations. Alors que le système maintenait chacun d’entre eux isolé dans un face à face solitaire avec la marchandise, ils prennent conscience qu’ils appartiennent tous à une classe sociale exploitée et découvrent le plaisir cl’ échanger entre égaux, de décider ensemble, d’agir ensemble. La plupart de ceux qui viennent sur les ronds points n’ avaient jamais auparavant participé à aucune manifestation, à aucune discussion publique.

    Ce mouvement des gilets jaunes est donc pour eux une sorte d’initiation : ils redécouvrent les vertus de la solidarité et de l’action directe ; alors, qu’isolés ils étaient obligés de baisser les yeux devant le moindre représentant de l’autorité, unis et solidaires, ils découvrent qu’ils constituent une force redoutable capable d’effrayer les gouvernants.

    A travers les gilets jaunes, c’est le peuple tout entier qui montre ses aspirations profondes, en soutenant le mouvement, en klaxonnant, en arborant un gilet jaune dans la voiture, en apportant des provisions sur les rassemblements... la solidarité de la population est impressionnante. Tous les laissés pour compte de la société, tous ceux qui s’estiment lésés, tous ceux qui aspirent à plus d’égalité enfilent un gilet jaune, et sur les ronds point se retrouvent des gens très divers qui s’expriment en toute franchise sans retenue aucune : la parole populaire se libère et apparaît dans toute sa diversité. Bien sur il y a des gilets j aunes racistes, nationalistes, xénophobes mais il y en a infiniment plus qui sont de bonne compagnie et lorsque on s’oppose au discours des premiers, il y a toujours des personnes qui nous approuvent.

    L’extrême droite évidemment cherche à faire passer son message de haine (les gilets jaunes constituent un public de choix) mais c’est la responsabilité des militants progressistes de s’y opposer, de faire entendre un discours émancipateur, de parler de solidarité, d’ égalité, d’ évoquer les expériences révolutionnaires du passé, enfin de faire œuvre de militant.

    La majorité des gilets jaunes, ne savent rien de ces sujets et ne demandent pas mieux que d’en discuter. Ça les change des matchs de foot et des séries télés ! On ne peut que regretter que par aveuglement, nombre de libertaires soient restés spectateurs. Sept semaines déjà que le mouvement a débuté et il continue faisant preuve d’une inventivité et d’une résilience extraordinaire.

    Aidons-le à s’épanouir !!!!

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°162 Spécial #gilets_jaunes
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article943

  • Entretien avec un #gilet_jaune : à côté d’un #rond-point en Haute-Garonne

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article952

    – Peux-tu nous expliquer comment es-tu arriver ici ?

    -J’étais au rendez-vous du 17/11/18 à 7h30 dans mon village, juste pour voir car j’y croyais pas trop et puis j’avais un peu peur de me retrouver dans un mouvement politisé ou d’extrême droite. Et puis on a bloqué les stations services, fait passer les gens gratuitement au péage,etc… toute la journée.

    Le lundi j’ai vu qu’un petit groupe était réuni sur le rond-point de l’entrée du village. Vu que je suis en convalescence, j’ai le temps en ce moment et donc je me suis arrêté discuter. Puis le lendemain pareil et c’est comme ça qu’on a commencé à s’installer sur le rond-point.

    – Y avait-il une cabane aussi sur le rond-point ? (délogés du rond-point par la gendarmerie juste avant les vacances de Noël, ces Gilets Jaunes se sont ré-installés en face du rond-point)

    - Oui, même 2 ! Lorsqu’il a commencé à pleuvoir, avec les moyens du bord, ce qu’amènent les gens (palettes, planches, bâches,…) on avait construit 2 abris sur le rond-point. Quand ils nous ont obligé à tout démonter, on s’est organisé pour garder une partie du matériel et le reste on l’a brûlé sur place. Pendant que certains surveillaient ce feu de la honte, les autres sont allé à la mairie. Quatre ont été reçus par la maire pendant qu’on attendait tous devant. Elle a accordé qu’on s’installe dans un bout du parking en face du rond-point. Le problème c’est que c’était un peu loin du passage des voitures, alors il y en a qui sont allé au cadastre et on a contacté les propriétaires du terrain juste en face du rond-point. Et comme ils soutiennent les Gilets Jaunes, ils nous ont donné leur accord pour faire ce qu’on voulait dessus. Et voilà aujourd’hui la superbe cabane qui est devant tes yeux !

    – De quoi discutez-vous sur ce lieu ? De politique ? De la gestion du quotidien ?

    - On discute de tout ! De politique, oui, mais la vraie, pas la politique politicienne. On discute de la galère pour tenir jusqu’au mois suivant pour la plupart d’entre nous, du fait que les quelques plus riches du pays détiennent presque toutes les richesses, de nos revendications, d’une vraie démocratie qui permettrait sans doute de résoudre une grande partie de ces problèmes.
    La démocratie directe, on en parle mais on essaye aussi de l’appliquer : dans la gestion du lieu, dans les décisions d’actions ou dans les réunions. Je pense, et on est nombreux dans le groupe à le penser, qu’il ne faut pas de représentants, juste des portes-paroles, quand il y en a besoin, qui ont un mandat pour des choses précises décidées tous ensembles et pour une durée limitée. Et ces mandatés ne doivent pas être toujours les mêmes.

    – Comment ça se passe une journée/soirée type ?

    - Les premiers qui arrivent le matin envoient un post sur le groupe facebook s’il y a besoin de monde ou de quelque-chose en particulier (café, palettes,…) puis après il y en a qui restent presque toute la journée, d’autres qui passent 20 minutes ou 4 heures en fonction de leurs possibilités, ça tourne…

    Des gens qui ne peuvent pas passer du temps avec nous nous amènent de la bouffe ou toute autre chose qui peut nous servir, beaucoup klaxonnent, une mamie nous prépare de bons plats,… il y a un vrai soutient d’une bonne bonne partie de la population, même si nous aimerions qu’il y ait encore plus de monde qui s’arrête et contribue.

    Le soir, on a décidé d’arrêter le bruit et la musique à 22h pour ne pas déranger le voisinage et risquer une plainte, sauf à Noël et le 31/12 où plusieurs d’entre nous ont fait la fête ensembles.

    Sinon en semaine on discute, on améliore le lieu, on s’occupe de la logistique et parfois on distribue des tracts (revendications des Gilets Jaunes).
    On compte certainement faire quelques actions aussi mais ça on va en discuter vendredi en réunion.

    Et le week-end, surtout le samedi c’est mobilisation maxi : Une partie d’entre nous « montent » à Toulouse pour la manif, les autres font des actions ici (filtrage péage gratuit, distribution des tracts, opérations escargot,…).

    – Et tout cela, ça crée du lien je suppose ?

    - Oui, il y a une solidarité, une entraide qui s’est instaurée entre nous. On est un peu comme une famille qui fonctionne plutôt bien. Il y en a qui proposent de garder les enfants de ceux qui partent en manif, des qui donnent des choses dont ils ne servent plus à d’autres qui en ont besoin ou encore d’autres qui proposent leur aide quand ils savent que l’un d’entre nous a une galère.

    – Avez-vous eu des problèmes avec la police ?

    - Dans l’ensemble, ici, les gendarmes ne sont pas trop embêtants… bon quand ils ont des ordres, forcément, ça se passe moins bien, mais ça pourrait être pire. On sait qu’ils ne peuvent pas être de notre côté de par leur fonction, même si certain disent être d’accord avec nos revendications ou ont leur femme qui participent au mouvement. Les CRS, que ce soit en manif ou aux péages, ça rigole moins…
    Tout est question de rapport de force de toute façon, c’est pour ça qu’il faut continuer à se mobiliser au maximum.

    Par contre on est conscient que la répression est féroce et inadmissible ; que les morts, blessés, mutilés, incarcérés sont le fruit d’une dictature qui ne se cache même plus. L’un d’entre nous (des plus pacifistes) s’est fait jeter en garde à vue lors d’une manif à Toulouse. Le lendemain, nous étions devant le commissariat central pour réclamer sa libération. Ils l’ont relâché mais il passera en procès pour n’avoir rien fait d’autre que manifester… le même jour on a eu une blessée par flash-ball ; là non plus elle n’avait rien fait. On commence à avoir la haine et notre détermination ne s’en trouve que renforcée.

    – Et maintenant ?

    - On continue le combat ! Il faut continuer à s’organiser, toujours sans chef. Il faut continuer la mobilisation jusqu’à la destitution de Macron et l’obtention de nos revendications. Et même après il faudra rester conscients car l’éveil du peuple est nécessaire pour le futur de nos enfants. Il ne faut plus attendre quoi que ce soit de dirigeants, ces oligarques.
    C’est en décidant nous même de notre avenir qu’on sauvera la planète.
    On lâche rien !!!

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°162 Spécial #gilets_jaunes
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article943

  • #Assemblée des #gilets_jaunes de la région #Occitanie
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article953

    Le 9 décembre s’est tenu près de #Toulouse la 1re AG des gilets jaunes de la région Occitanie. L’appel laissait entendre une élection probable de représentants du mouvement. C’est donc avec suspicion que nous nous y sommes rendus. Car c’est bien là l’une des forces de cette révolte que d’être insaisissable pour le pouvoir, fluide, liquide. Sans représentant ou leader avec qui dialoguer, corrompre ou acheter, le gouvernement se trouve être totalement désorienté. Il était donc pour nous important pour des raisons de court et long terme, que les GJ conservent l’horizontalité qui leur avait jusqu’alors si bien réussi.

    Craignant une tentative de récupération de la part des organisateurs, nous fûmes très rapidement rassurés. L’animateur de cette réunion fît rapidement part de ses préoccupations et explicita ses interrogations : il n’envisageait son rôle que pour permettre aux différents gilets jaunes présent (je dirai à peu près 400 personnes) de s’exprimer librement sur la nécessité ou non d’organiser le mouvement, et ce avec ou sans représentant. Lui même ne désirant en rien être élu comme représentant ou quoi que soit d’autre.

    S’en suivi une série d’interventions de nombreux individus, limitées à 2 minutes par personne, exprimant leurs points de vue sur les questions évoquées précédemment. La majeur partie des prises de parole fût d’une qualité remarquable, lucide et tombant sous le bon sens (chose que l’on ne retrouve au demeurant que rarement dans les milieux gauchistes), même dans mes rêve les plus doux je ne pus imaginer que la vox populi put posséder de telles harmonies.

    Chacune des déclarations suscitait des interrogations et des questionnements parmi le reste de l’assemblée. Chacun prenait alors progressivement conscience de la réalité et des enjeux. Comme dans tous processus révolutionnaires, l’esprit des individus asphyxié depuis des années semblait trouver un nouveau souffle, un désir et un appétit d’apprendre, de s’ouvrir à des nouveaux horizons. Il est fascinant de voir en l’espace de quelques instants les esprits s’élever et embrasser totalement, sans avoir jamais lu Bakounine ou Emile Pouget, les principes d’horizontalité et d’action directe.

    Il est vrai que lors de premières interventions certains des GJ présents avaient exprimé le désir d’avoir des représentants. Suite à ces débats furent organiser deux votes, l’un pour savoir si nous voulions nous organiser, l’autre pour savoir si nous voulions des représentants. A la première question près des deux tiers des individus présents répondirent que oui, à la seconde seulement 15 personnes sur les 400 que nous étions souhaitaient encore être représentés. Il a donc été convenu que nous nous organiserions sans chef et ce autour d’un socle de revendications.

    Pour reprendre les mots de l’organisateur qui avait conclu, nous pouvons dire que nous avons vécu les prémisses d’une vrai démocratie ! Ce fut un beau moment !

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°162 Spécial #gilets_jaunes
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  • La #liberté en morceaux

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article954

    « La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n’est pas la liberté. »

    Max Stirner

    La Liberté donc , avec un L majuscule . Elle est le principe inscrit dans la devise en trois points de la République . Dans le « Chant du Départ » elle guide nos pas mais à l’arrivée elle fait peur à la bourgeoisie . Au cours du temps l’appareil d’État va nous la découper en tranches , la Liberté n’est bonne que pour nous envoyer faire la guerre , dans les autre cas on déconstruira le principe , l’État ne parlera pas de Liberté mais des libertés , liberté de ceci ou de cela , en fin renard il pourra les opposer entre elles, en utiliser un bout pour en limiter une autre partie .

    La manifestation est un mode d‘expression , la liberté de manifester est un tronçon de la liberté d’expression , elle même issue de ce découpage du principe initial. Là dessus l’appareil législatif va encadrer ces libertés par des lois et des règles, la Liberté réduite à des parcelles il va se charger de les limiter. C‘est ainsi qu’une chose aussi simple qu’une manifestation peut s’embourber dans un marécage administratif , réglementaire et pénal .

    Voilà l’État de Droit , les différends cadres qu’il fabrique autour de ces libertés forment autant de clôtures qu’il existe de champs . Puis il joue avec . Il invoque la liberté de circuler , pour réprimer des grévistes ou des manifestants qui bloquent une usine ou un rond point , il la bafoue lorsqu’il s’agit d’empêcher de circuler des passants un bus ou un train suspects de vouloir rejoindre les gilets jaunes .

    Dans la pratique l’État de Droit est celui du droit du plus fort . Les gilets jaunes ont invoqué un principe la Liberté et l’État leur a opposé son Droit . Saluons au passage le talent inventif de certains magistrats qui ont désigné au hasard des procédures comme seuls éléments constitutifs d’un délit la possession d’une paire de gants chez un tel ou d’un blouson en cuir chez un autre , en plein hiver . On connaît le résultat d’un si haut génie d’incrimination , il se compte en centaines de prisonniers .

    De façon simpliste on a résumé tout cela entre Dictature ou Démocratie . Soyons nuancés tout est une affaire de ce cadre qu’on appelle Droit , plus ce cadre est serré et moins nous sommes libres . Constatons que ce cadre existe et que le pouvoir n’a aucun scrupule a en serrer les mailles .

    Voilà la réalité .

    Voilà pourquoi nous sommes libertaires

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°162 Spécial #gilets_jaunes
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article943

  • @Anarchosyndicalisme ! 162
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article943

    SPÉCIAL #GILET_JAUNE

    Au sommaire de ce numéro :

    - La liberté en morceaux
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article954

    – Assemblée des gilets jaunes de la région Occitanie
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article953

    – Entretien avec un gilet jaune : à côté d’un rond-point en Haute-Garonne
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article952

    – Gilets jaunes
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article951

    – Gilets jaunes : qui sont les casseurs ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article950

    – Pourquoi être GJ quand on est Anarchosyndicaliste ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article949

    – De la révolte populaire à la révolution sociale ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article947

    – Quand la bourgeoisie à peur des classes populaires
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article948

    – La police déteste tout le monde
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article946

    – De l’utilité du salafisme
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article945

    – Les « anarchistes » dans la Révolution française
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article944

    @Anarchosyndicalisme ! n°162 version pdf à télécharger
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/anarchosyndicalisme_n162.pdf

  • TOUS ENSEMBLE ! LA GREVE C’EST MAINTENANT !

    Depuis le 17 Novembre, toute la semaine des groupes de gilets jaunes se sont auto-organisés sur tout le territoire ; ces groupes ont bloqués des dépôts de la grande distribution, des raffineries, ont levé les barrières de péage, imposé la gratuité sur des parkings, le chiffre d’affaires des hypermarchés a été réduit de 40 à 50%. Ce bilan du mouvement du 17 Novembre confirme qu’il s’agit bien d‘un mouvement auto-organisé massif et déterminé contre la vie chère et contre Macron, dont la personne symbolise l’arrogance du capitalisme.

    Comme pour bien leur donner raison ce 18 novembre ont eu lieu des élections législatives partielles dans l’Essonne, le résultat qui est de 82% d‘abstention résonne comme un écho au chiffre de 72 % de soutien aux gilets jaunes dans la population. Puis le 19 Novembre, les ouvriers de Renault apprenaient que leur PDG, Carlos Ghosn l’homme qui gagnait officiellement plus de 40.000€ par jour, était mis en examen pour fraude fiscale sur 35 millions d’euros et soupçonné de détournement de fonds.

    Devant une telle situation l’État a continué d’une part sa propagande mensongère contre les gilets jaunes, il a essayé de faire partager à l’ensemble de la population son mépris des travailleurs, des chômeurs, des précaires et des retraités qui sont sur les barrages, et de l’autre, il a entamé la répression policière et pénale avec de peines de prison ferme pour de simples faits d’entraves à la circulation.

    Malgré tout le mouvement enclenché le 17 Novembre met en difficulté le pouvoir, il ne manque que peu de choses pour qu’il cède vraiment du terrain devant les revendications des salariés contre la vie chère et contre des conditions de travail précaires et pénibles, encore faut-il se mettre en lutte plus largement sur notre lieu de travail et d‘une façon ou d‘une autre mettre en œuvre ce qui a fait notre force, la lutte sans chefs, ni intermédiaires dans l’entraide et la solidarité.

    CNT-AIT - Union locale de Toulouse, Assemblée du 21/11/2018

    Une discussion - ouverte à tous - autour de ces événements est organisée, ce dimanche 25 Novembre à 18 heures dans notre local au 7, Rue Saint-Rémésy, 31000 Toulouse.

  • De l’#écologisme et de sa contestation

    Nous connaissons tous cette façon qu’ont les gens d’en haut de nous faire la morale, ce qui est bon pour eux ne l’est pas pour nous, c’est d’ailleurs souvent une bonne façon de constater combien une société est inégalitaire et injuste. Ainsi un bateleur d’estrade électorale, chantre de l’ouverture des magasins les jours fériés, devenu président de la République a pu profiter du pont de la Toussaint parce qu’il était fatigué... Un autre pondeur de lois à une cadence à faire frémir les élevages en batterie, un jour ministre, le suivant député ou sénateur de profession, s’est violemment comporté lorsqu’on a osé lui demander de respecter les règles qu’il a lui-même votées. Nous savons tous que aussi fatiguée soit-elle, de son travail, de ses temps de transports, de gérer ses enfants, il ne suffit pas d’un claquement de doigts à une petite employée du commerce pour poser quatre jours de pont, nous savons tous qu’un justiciable lambda qui n’ouvre pas sa porte assez vite durant une perquisition se la voit défoncer à coups de bélier et doit montrer profil bas s’il ne veut pas mal finir devant le rouleau compresseur judiciaire... (ah, ce fameux bélier étonnement absent dans l’affaire de la perquisition du bodyguard faux policier !).

    Ce moralisme permanent du pouvoir qui s’épanouit à force d’intimidation intellectuelle et de répression, qui comme l’écrivait déjà La Fontaine s’exerce différemment selon que l’on soit puissant ou misérable, a enfanté un sous-produit plus moderne, l’écologisme. Si pour le capitalisme le pauvre « coûte un pognon de dingue », pour l’écologisme le pauvre pue du moteur (que ne se paye-t-il pas un hélicoptère ou un jet privé comme tout le monde ?) : Disons le clairement, l’écologisme est à l’écologie ce que le moralisme est à la morale, une puissante tartufferie.

    Ainsi cette même idéologie qui a obligé les travailleurs à plus de mobilité, plus de flexibilité, qui a drastiquement réduit le réseau ferroviaire, qui a abusivement augmenté le prix de l’immobilier, qui a exclu les ouvriers et leurs familles des centres urbains… vient maintenant nous faire de la pédagogie, pour nous expliquer pourquoi les travailleurs se doivent d’être mobiles mais sans automobiles ; et cela au nom d’un capitalisme qui deviendrait plus propre (de la même façon certainement qu’il devait se moraliser après la crise financière de 2008, en nous faisant payer pour les banquiers) ... L’écologisme, c’est encore cette morale d’hypocrites qui consiste à produire des injonctions de plus en plus totalitaires, c’est notre pour bien dit-elle que fleurissent les applications de délation sur les réseaux sociaux et que nous sommes invités à dénoncer notre voisin dès qu’il jette un mégot à la rue. L’écologisme augmente donc les taxes sur l’essence mais ne parle jamais d’abaisser le coût des loyers de nos centres urbains, voilà qui pourtant faciliterait la vie des travailleurs et réduirait les transports, mais non au lieu de cela les cuistres qui nous gouvernent se proposent au mieux de nous transformer en mendiants avec leurs chèques de compensation !

    Dans ces conditions, il est plutôt sain qu’un vent de colère commence à se lever. Il semble que le prochain 17 novembre des mobilisations populaires auront lieu. D’aucuns qui font du syndicalisme comme d’autres nous font du moralisme ou de l’écologisme, se sont empressés de dénoncer les premiers grognements de révolte en pointant des appels venus de l’extrême droite dont certains politiciens et des groupuscules vont tenter de récupérer ce mouvement de contestation. Que les partis et syndicats de gauche leur abandonnent ce terrain nous en dit long sur l’état de ces institutions depuis longtemps vouées au contrôle social et qui de ce fait ne représentent plus grand monde dans la réalité sociale. Quant aux anarchosyndicalistes, cela fait longtemps aussi qu’ils ont choisi leur camp, celui de l’action solidaire et autonome des classes laborieuses.

  • Communiqué sur le mouvement du 17 Novembre

    Des premières actions ont déjà eu lieu , le mouvement semble le plus fort dans le Nord Est , le Massif Central et surtout en Bretagne , il se déroule pour le moment de façon horizontale , dans les assemblées le plus souvent en cercle et sans « présidence » , la parole circule librement et du coup la revendication initiale est déjà dépassée . Face a cette montée en puissance le gouvernement a amorcé un recul, avant- hier il disait tout assumer , hier il affirmait n‘y être pour rien , aujourd’hui il lâche des miettes …Et demain ?

    Voilà ce que nous dit à ce sujet un site internet

    « La mobilisation des gilets jaunes va-t-elle durer après le samedi 17 novembre 2018 ? Là, encore, difficile d’apporter une réponse pour le moment. Mais le site blocage17novembre.com a mis en ligne une rubrique appelée "Poursuivre le mouvement après le 17 novembre". On y trouve notamment une carte de raffineries (Feyzin, Donges, Grandpuits, Martigues...), d’aéroports, d’autoroutes, de tunnels (tunnel du Mont-Blanc, tunnel de Fréjus...) ou encore de ports à bloquer. Certains organisateurs de manifestations parlent aussi de poursuivre le mouvement le dimanche 18 novembre, voire la semaine qui suit. Si le blocage de raffineries se confirme, une pénurie d’essence pourrait donc avoir lieu... »

    Tout se passe comme si au fur et à mesure les uns se rendaient compte de la puissance de l’auto-organisation et le pouvoir de sa faiblesse . Le 17 sera une journée cruciale où l’on verra si le mouvement saura préserver les qualités qui font son succès , où l’on verra s’il reste massif , auto-organisé et solidaire, où l’on verra s’il saura se préserver par exemple de la récupération politicienne qui l’invite déjà a ne pas bloquer et à rester au bord de la route , c’est à dire à redevenir impuissant , ou bien si sa dynamique populaire se poursuivra en en élargissant les revendications et la solidarité entre tous les travailleurs et leurs familles .
    C’est dans cet esprit d’auto-organisation et de solidarité que nous nous inscrirons dans la journée du 17 Novembre . Une première réunion publique de bilan du mouvement et ses suites sera organisée, nous vous en tiendrons informés dés que possible.

    CNT-AIT Toulouse , Assemblée du 14/11/2018 .

  • PARIONS SUR LA RÉVOLUTION

    De tous temps, les #jeux_d’argent ont eu une mauvaise image et tant les religieux que les moralistes ou même les rationalistes les ont condamnés. Les uns parce qu’ils jugent immoral de gagner de l’argent sans effort, les autres parce qu’ils estiment qu’il s’agit, pour reprendre les termes de Buffon, « d’une friponnerie, d’un moyen pour leurrer les couches populaires » .

    Les effets négatifs des jeux d’argent pour les classes pauvres sont connus depuis longtemps et de nombreux auteurs n’ont cessé de les dénoncer. Voici par exemple, ce qu’un observateur déclarait en 1934 :

    « On a remarqué, depuis longtemps en Italie que le jour du tirage de la loterie la vente du pain diminuait dans certains endroits. Il n’a pas été rare de voir en 1933, des ouvriers se priver, eux et leur familles, de nourriture pour pouvoir tenter leur chance à la loterie... » (Klein).

    C’est pour ces raisons que les États dans de très nombreux pays ont strictement encadré ces pratiques ; en France, la loi du 21 mai 1836 proclame : « les loteries de toute espèces sont prohibées » . Mais parce que les jeux d’argent possèdent pour les pouvoirs en place des vertus particulières, des dérogations à ces beaux principes ont été promulguées très vite. La loterie nationale devenue Française des jeux, le P.M.U puis des casinos ont été créés et ont prospéré.

    En 2016, les français ont dépensés un peu plus de 46 milliards d’euros en paris divers. Environ 36 milliards d’euros leur ont été rendus sous forme de gains et plus de 10 milliards sont revenus à l’État et aux actionnaires des sociétés de paris. Cette somme de 10 milliards représente un peu moins de 1 % du budget total des ménages, et elle s’accroît chaque année bien plus rapidement que les autres postes de leur budget (par exemple plus rapidement que l’argent consacré aux achats de livres, publications et périodiques qui était en 2016 de l’ordre de 10 milliards également).

    On trouve des joueurs dans toutes les couches de la société mais ceux issus des foyers les plus pauvres consacrent au jeu une part de leurs revenus deux fois et demi plus élevée que les autres ménages. De même, les risques d’addiction sont inversement proportionnel au niveau d’éducation, et, parmi les joueurs réguliers ayant parié au moins une fois par semaine, 9 sur 10 ont au mieux le baccalauréat. Si l’on considère également que le nombre de ces joueurs réguliers a augmenté entre 2010 et 2014 de 40 %, que sur les dix milliards d’euros que l’État soustrait aux joueurs, six milliards (une somme supérieure à ce que rapportait l’impôt sur la fortune des plus riches !) sont payés par les plus pauvres de nos concitoyens, on doit convenir que les jeux d’argent sont une gigantesque escroquerie.

    Parce que notre société devient de plus en plus inégalitaire et injuste, pour une fraction de plus en plus importante de la population, les jeux d’argent, avec leur perspective parfaitement illusoire d’enrichissement immédiat, offrent la seule solution, une solution aussi facile que mensongère, pour sortir de la précarité. Pour avoir la paix sociale, pour éviter les révoltes populaires, il faut du pain et des jeux disait l’adage romain, mais au moins dans l’antiquité, c’est l’État qui payait, et il dépensait des fortunes pour offrir des jeux à la plèbe ; si grande est la duplicité de l’État moderne qu’aujourd’hui les pauvres doivent payer les chaînes qui les tiennent en esclavage. Acceptez votre sort ici bas, n’essayez pas de sortir de votre condition, vous serez récompensé dans l’au-delà nous disent les religions.

    Et la française des jeux, le PMU, les casinos, à grands renforts de publicité, ajoutent : un simple coup de dé peut changer votre avenir et faire de vous un dominant, vous étiez un perdant, grâce au jeu, votre vie va devenir merveilleuse. Pourquoi alors se fatiguer à lutter pour changer les choses ? Pourquoi se battre pour transformer cette société puisque même le plus pauvre a sa chance et peut comme par un coup de baguette magique devenir très riche sans fatigue. Mensonge scandaleux, car les probabilités de victoire sont infinitésimales, mais mensonge répandu à satiété par les sociétés de jeux, par les institutions, par les gouvernements de droite ou de gauche.

    Les jeux d’argent sont un instrument de contrôle social, ils offrent aux populations les plus déshéritées, celles qui seraient les plus enclines à se révolter, une illusion, une possibilité de rêver à un avenir meilleur, un espoir. Il n’y a pas si longtemps l’espoir, pour les travailleurs, avait un nom : révolution sociale, et si en ce début de XXIe siècle ce mot ne signifie plus rien pour de trop nombreux exploités, il faut se poser des questions. L’addiction aux jeux d’argent est avons-nous dit inversement proportionnelle au niveau d’éducation. Plus on est éduqué, plus on est conscient et moins on est susceptible de se laisser abuser par des discours aussi beaux que mensongers.

    Éduquer les classes exploitées, développer chez les dominés la conscience d’appartenir à la classe des exploités en éveillant leur esprit critique, leur montrer la réalité du monde capitaliste et surtout qu’un autre type de société est possible et souhaitable, que la solidarité et l’action directe sont des armes efficaces contre leurs exploiteurs et que ça vaut le coup de se battre pour leur émancipation, c’est le rôle que la première internationale avait fixé aux syndicats.

    Les organisations qui dominent aujourd’hui la scène sociale ont oublié depuis longtemps ces grands principes et sont devenus de simples organismes de services chargés essentiellement de veiller au respect des lois par les patrons, à ce que les relations sociales dans les entreprises soient fluides et à gérer les conflits par la négociation. Le mot émancipation ne signifie plus rien pour eux, et ils ont totalement abandonné leur fonction d’éducation. Rien d’étonnant donc que, surfant sur ce vide, l’État et les patrons aient mis en place et perfectionné les multiples instruments qui maintiennent les populations dans la soumission à l’ordre établi : les jeux d’argent sont l’un d’entre eux.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°160 sept.-oct. 2018
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article930

  • Une question de méthode

    Dans le domaine des techniques et des sciences appliquées, lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes complexes, il existe deux grandes familles de méthodes : d’un côté les méthodes hiérarchiques, dites descendantes, où les prises de décisions sont centralisées et coordonnées au sommet et à contrario, les versions ascendantes, qui elles, misent sur l’auto-organisation, l’intelligence collective et les propriétés émergentes qui en découlent [1].

    Les méthodes descendantes (#top-down)

    En informatique, on a longtemps cru qu’il était possible de créer des algorithmes dits « intelligents », capables de remplacer un humain sur des tâches spécifiques, en créant de gros programmes monolithiques. Le rôle de l’informaticien se résume alors à traduire les connaissances des experts du domaine visé sous la forme d’instructions interprétables par une machine. On appelle d’ailleurs ce genre de programme des systèmes experts. Le problème c’est que les performances du système dépendent de la quantité et de la qualité des notions d’expertise qui lui on été inculqués : si l’expertise est fausse, incomplète ou bruitée (avec des parasites, par exemple une image de très mauvaise qualité), le résultat le sera tout autant. Dans ce type de programme, la maintenance n’est pas facile et ils sont difficilement adaptables à d’autres types de problèmes que ceux pour lesquels ils ont été initialement conçus. Cette façon de faire atteint vite ses limites et même si ils sont encore largement utilisés aujourd’hui, notamment dans le domaine médical ou de la finance pour ne citer qu’eux, ces systèmes ne doivent leur survie que grâce à l’amélioration phénoménale de la puissance de calcul, aux quantités astronomiques d’informations qu’il est dorénavant possible de stocker, mais surtout, grâce à l’ajout, en sous main, de techniques empruntées aux méthodes ascendantes, comme le data-mining (l’exploration de données en français, connue aussi sous l’expression de fouille de données, forage de données, prospection de données, ou encore extraction de connaissances à partir de données, a pour objet l’extraction d’un savoir ou d’une connaissance à partir de grandes quantités de données, par des méthodes automatiques ou semi-automatiques) ou les réseaux de neurones artificiels qui ne sont qu’une combinaison d’une multitude d’unité de traitement élémentaire réalisant de simples opérations arithmétiques.

    Dans un autre domaine comme l’élaboration d’un grand projet industriel, si la méthode descendante permet penser la problématique d’abord dans son ensemble puis, par itération successive, de descendre de plus en plus dans les détails de réalisation, un exemple célèbre de réquisitoire contre cette approche est le rapport de Richard Feynman (un des plus grand scientifique du XXe siècle) sur l’accident de la navette spatiale Challenger en 1986 : selon lui, l’approche descendante oblige à des prises de décisions de conceptions prématurées et rend beaucoup plus difficile les corrections de design que l’approche ascendante, où l’on part en permanence de ce qui est bien connu et solidement maîtrisé [2]. Avec ce type de méthodologie, les coûts des correctifs sont exponentiellement proportionnels à l’avancement du projet, plus un défaut est découvert tardivement, plus la facture sera importante. L’oubli d’un détail, ou une mauvaise définition d’un cahier des charge peuvent même remettre en cause la viabilité d’un projet. C’est un problème bien connu en informatique où le taux de succès des projets gérés de manière agile (technique de management où l’ensemble des acteurs, utilisateurs finaux, développeurs, grands manitous, ... sont associés aux prises de décision sur toute la durée du projet) peut atteindre 89% de réussite contre seulement 36% avec des méthodes purement descendantes [3].

    Pour l’ anecdote, il est d’ailleurs intéressant de noter que la version la plus ascendante de méthodes agiles s’appelle « l’extreme programming » où la valeur ajoutée du chef de projet se résume uniquement au choix de l’équipe des développeurs et à l’établissement du devis !!!

    Les méthodes ascendante (#bottom-up)

    L’approche ascendante [4], quant à elle, s’inspire souvent de processus physiques, biologiques ou sociaux. Dans la nature, les phénomènes aux dynamiques complexes émergent toujours de l’interaction de proche en proche de petits éléments ou d’agents régis par des règles d’organisation simples.

    Comment s’y prennent les fourmis pour trouver le chemin le plus court entre la fourmilière et les ressources aux alentours ? Certainement pas grâce à la reine ! En fait, lorsqu’une fourmi se déplace, elle répand une phéromone sur son chemin et l’intensité de cette odeur caractéristique diminue rapidement avec le temps. Ainsi, le chemin le plus court est celui où l’odeur est la plus intense. Si l’exploration de leur l’environnement se fait de manière aléatoire, chaque fourmi étant maître de ses propres décisions, leur nombre important ainsi que l’application de cette règle toute simple, qui est de toujours suivre le parcours le plus odorant (celui où le message olfactif aura eu moins de temps pour se dissiper et où donc sa concentration sera la plus importante), leur garantit, par un processus chaotique déterministe, d’optimiser au mieux leurs dépenses en énergie pour approvisionner la colonie [5]. Ce principe est par exemple utilisé pour acheminer les paquets d’informations sur internet de manière optimale (un gros fichier comme un film sera découpé en morceaux plus petits, si une erreur survient lors du transfert, seul le paquet corrompu sera renvoyé, ce qui évite d’avoir à réexpédier le fichier complet), et ce, de façon décentralisée, sans l’aide d’un chef d’orchestre qui coordonnerait toutes les prises de décision concernant le routage (l’aiguillage).

    Un autre exemple inspiré cette fois de la métallurgie et des propriétés de la matière, est la technique dite du « recuit simulé » [6]. Pour améliorer la qualité des aciers, au lieu de les laisser simplement refroidir après les avoir fondu, on fait descendre la température en dent de scie, en répétant des cycles de refroidissement lents, entrecoupés de petites remontés en chauffe (le recuit), jusqu’à atteindre la température ambiante. Par ce simple fait, les atomes au sein du métal ont le temps de s’organiser en une structure cristalline, beaucoup plus robuste qu’un refroidissement rapide qui entraînerait une organisation atomique plus proche d’un verre. Encore une fois, pas besoin d’un dieux démiurge pour façonner toutes les incroyables formes cristallines que l’on observe dans la nature. Il suffit juste de laisser suffisamment de temps à leurs éléments constitutifs pour qu’ils s’organisent de proche en proche, établissant entre eux des corrélations distantes à grande échelle ayant pour résultat l’adoption d’une configuration spatiale qui minimise l’énergie interne du système. En simulant ce phénomène, on peut ainsi trouver l’agencement optimal des composants sur une carte électronique ou encore définir l’emploi du temps d’un établissement scolaire qui soit le plus satisfaisant possible en tenant compte des contraintes de l’ensemble des professeurs et des élèves.

    #Hiérarchie versus #horizontalité

    Les algorithmes qui implémentent les deux exemples précédents sont ridiculement petits comparés à leur version descendante. Quelques règles simples exprimées sous la forme d’équation mathématique, comme par exemple une loi de décroissance de la température ou de concentration d’une phéromone en fonction du temps, ou des formules d’attractions / répulsions suffisent à résoudre un grand nombre de problèmes d’optimisation. Contrairement à la version descendante qui aurait nécessité une réécriture quasi complète du programme, ici, le travail de l’informaticien sera réduit à la simple adaptation des données d’entrée et au bon paramétrage des formules.

    Mais, dans certains cas, la version descendante n’existe tout simplement pas. Dans les problèmes de mécanique des fluides, si l’on connaît bien les principes physiques sous-jacents comme les phénomènes de turbulences, les lois de la thermodynamique ou encore les équations de Navier-Stokes (équations mathématiques décrivant le mouvement d’un fluide), dès que l’on sort des cas d’école, on se retrouve vite démuni car aucune formule mathématique globale, ou plus exactement aucune solution analytique, ne permet d’étudier un phénomène précis. Il faudra donc en passer par une solution numérique [7] qui consiste en une discrétisation, c’est à dire un découpage de l’espace en un grand nombre de petites cellules élémentaires, ramenant ainsi le sujet d’étude à une multitude de cas simples. Grace à ces méthodes, on peut ainsi simuler l’écoulement de l’air autour d’une aile d’avion ou encore, valider le modèle standard de l’évolution de l’univers depuis le big bang jusqu’à la formation de notre planète.

    Alors la prochaine fois qu’un chef vous dira qu’il a trouvé LA solution à un problème, que ce soit en terme d’organisation, de technique ou tout autre sujet, politique y compris, partout où ils prétendent faire autorité, vous pourrez dire légitimement qu’a plusieurs vous auriez certainement fait mieux, et que cela ne relève pas que d’une opinion subjective, mais que la nature, ainsi que les sciences et les techniques modernes qui s’en inspirent nous le prouve tous les jours de manière objective.

    [1] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mergence

    [2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Technologie_top-down

    [3] https://www.pmi.org/-/media/pmi/documents/public/pdf/learning/thought-leadership/pulse/pulse-of-the-profession-2014.pdf (en anglais)

    [4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Approches_ascendante_et_descendante

    [5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Algorithme_de_colonies_de_fourmis

    [6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Recuit_simul%C3%A9

    [7] https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9canique_des_fluides_num%C3%A9rique

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°160 sept.-oct. 2018
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article924

  • Feuilleton #AZF : l’enquête et ses protagonistes
    #Toulouse le 13 mars 2018

    Tous les bons romans policiers, tous les bons films à suspense le savent, et la réalité quotidienne nous apporte régulièrement cette maxime qui veut que le diable mais aussi la vérité jaillisse du détail. Celui qui change tout, celui sans lequel tout aurait été différent ou en tout cas pas exactement pareil ou aurait eu lieu un autre jour, à un autre endroit. Dans le procès AZF ce détail porte un nom, un drôle de nom : dichloroisocyanurate, et pour aller plus vite on dit DCCNA, et pour bien comprendre on dit plutôt chlore, eau de javel, pastille de chlore des piscines.

    L’explosion d’une usine qui ravage tout un quartier, usine chimique classée SEVESO 2, et qui cause la mort de ses salariés mais aussi de riverains, relève judiciairement et pénalement parlant, a priori, des mêmes textes répressifs que par exemple… un crime passionnel commis dans un pavillon de banlieue.

    On rappellera pour les béotiens que la justice pénale est une justice « à part » réservée aux faits les plus graves, non seulement au regard des conséquences entraînées par les faits, mais aussi de leur caractère volontaire, intentionnel et au minimum conscient de règles d’interdiction ou de prudence que sont les règles de sécurité posées dans des contextes de danger. Et ceci même si la gradation est importante entre un tribunal de police et une cour d’assise, qui sont les trois types de tribunal pénal : le PV infligé pour une conduite trop rapide relève autant du pénal qu’un crime intentionnel… mais ils ne sont pas invités devant les mêmes tribunaux : police pour l’un, assises pour l’autre. Au milieu on trouve le tribunal Correctionnel, véritable juridiction à géométrie variable où se retrouve la conduite en état d’ivresse ou de cannabis même sans accident et les trafics internationaux de stupéfiants, où sont encourues les peines les plus « chères ». C’est aussi là que se retrouvent les violences de toutes sortes ; c’est devant cette juridiction que le « volet pénal » après la fin de l’instruction s’est joué et risque, encore, de se jouer. En effet, depuis le dernier ARRÊT du 31 Octobre 2017, la filiale de TOTAL a engagé un nouveau pourvoi et tente de faire casser cette décision qui l’a condamné auprès du directeur de l’usine, Monsieur BIECHLIN .

    Les faits les plus graves donnent lieu à une enquête, ordonnée par le procureur et conduite par les services de police judiciaire (police nationale ou gendarmerie). Les droits de la défense permettent au « suspect » d’en contester tous les termes, d’apporter des contrépreuves, d’exiger que les preuves produites par l’accusation soient certaines, solides, inattaquables parce que le doute doit toujours profiter à l’accusé. Et qu’on ne confonde pas l’innocence pénale et l’indemnisation qui doit toujours être versée par le responsable civil à une victime (par exemple si TOTAL a indemnisé les victimes de l’explosion c’est en tant que gardien de l’usine donc d’un point de vue civil qu’ils étaient responsables, un peu comme n’importe qui est responsable du dommage causé par la chute d’un pot de fleurs sur la tête d’un passant ; et, puisque l’exemple est bon, disons que si le pot est tombé suite à un coup de vent c’est du civil, il faut indemniser « seulement ». Donc ce ne sera pas la conséquence du fait mais bien le pourquoi du comment, donc le résultat de l’enquête, qui va permettre (en l’occurrence au tribunal qui jugera après) de dire si oui ou non on se trouve dans un cas pénal…

    Et les mots ont leur importance, dans un cas on parle de responsabilité, dans l’autre de faute pénale et de culpabilité (« responsable mais pas coupable » avait justement relevé un jour une Ministre).

    Les voyous chevronnés, en général mieux informés que le vulgum pecus sur les droits de la défense (constat non réversible et ne signifiant pas que l’exercice éclairé des droits de la défense signerait une présence chevronnée de voyou) savent qu’en France la preuve par aveu est préférée à la démonstration rationnelle et déductive et ont quelques règles d’or comme par exemple : 1) « faire le ménage (des preuves) », 2) ne jamais avouer.

    Mais dira-t -on : quel rapport entre l’explosion d’une usine et un délit « normal », par exemple un trafic de stups, un crime passionnel ou rouler à contresens sur une autoroute ?

    Depuis l’explosion, soit le 21 Septembre 2001 à 10H17, et après une instruction de huit années trois jugements sont intervenus :

    – Jugement de relaxe (« le doute profite à l’accusé » ) du Tribunal correctionnel de Toulouse du 19 Novembre 2009 - Arrêt de condamnation de la Cour d’Appel de TOULOUSE du 24 Septembre 2012 ( Pour le directeur 3 ans de prison dont 1 an ferme, mais sous le régime de la semi liberté et amende de 45 000 €. Pour la société Grande Paroisse du groupe TOTAL le maximum de l’amende prévue par la loi, soit 225000,00 € ). Cet Arrêt a été annulé le 13 Janvier 2015 par la Cour de Cassation sur Pourvoi de TOTAL, qui a réussi à discuter la neutralité des juges au motif que l’un des assesseurs de la Cour de TOULOUSE était vice président (bénévole et es qualité) d’une association de victimes.

    – Arrêt de condamnation de la COUR D’APPEL de PARIS du 31 Octobre 2017 ( 15 Mois d’emprisonnement avec sursis et 10 000 ,00 € d’amende pour le directeur ; l’amende légale dont le maximum culmine à la somme ridicule pour le groupe TOTAL de 225 000,00 € ,mais aussi la peine complémentaire de diffusion du communiqué de la condamnation dans divers journaux locaux et nationaux.

    Et c’est donc dans la capacité de dénégation, capacité démultipliée par des moyens financiers hors normes et même ultra-humains, puisque c’est d’un groupe de société et non d’une personne physique qu’il s’agit, que l’on va trouver le point commun entre la défense de la filiale du groupe et disons « la clientèle habituée des commissariats ».

    Et au-delà c’est aussi, à défaut de « faire le ménage », la capacité de prendre de vitesse les enquêteurs du SRPJ qui marque un autre trait commun. Car si, sur une scène de crime « habituelle », les services de police sont seuls maîtres à bord et prioritaires pour réaliser toutes sortes d’investigations qu’ils ont le droit d’imposer à tous, il n’en va pas de même sur un site industriel, lieu de travail, fabriquant des produits chimiques.

    Plusieurs enquêtes sur le site :

    – Entendu devant le tribunal correctionnel comme témoin afin de décrire l’événement et les consignes et ordres qu’il avait pu donner, Monsieur FOURNIER préfet en titre le jour de l’explosion a donné ordre à Monsieur DONIN, colonel des pompier, de prendre le commandement des opérations de secours et particulièrement sur le site de se charger de la recherche des corps et des victimes, charge qui a été occupée immédiatement et qui a pris fin le lundi 24 en milieu de journée. Pendant ces 3 premiers jours le site a « appartenu » prioritairement aux services de secours.

    - A la préfecture une cellule de crise coordonnait les opérations de sécurisation du site (conduites de gaz, câble électriques proximité de la SNPE et son phosgène..). Des spécialistes et responsables des entreprises du site chimique se croisaient.

    - Le Service Régional de Police Judiciaire, immédiatement saisi par le procureur dans le cadre d’une enquête de flagrance, organisait un dispositif en deux branches. L’une sur le terrain autour du commissaire SABY assisté du LPST (Laboratoire de police scientifique de Toulouse) chargé du repérage des lieux, de la mesure de l’immense cratère trouvé à l’emplacement du hangar 221 d’où était partie l’explosion ; l’autre autour du commissaire MALON, chargé des auditions de témoin ; Mr Van Schendel missionné par le parquet allait rédiger une première note datée du 28 septembre 2001, allant dans le sens d’une cause accidentelle de l’explosion liée aux mauvaises conditions de stockage du Nitrate déclassé entreposé dans le hangar 221. Le premier rapport de synthèse du SRPJ qui allait être déposé quelques mois plus tard en juin 2002 orientait dans le même sens ses conclusions après avoir fermé toutes les autres portes : de l’acte volontaires ou malveillant, à un événement extérieur (arc électrique, chute de météorite...).

    – S’agissant d’un accident du travail, et d’un accident grave causant la mort de 21 personnes sur le site, la Direction du Travail de l’emploi et de la Formation Professionnelle de Haute Garonne diligentait une enquête confiée à une inspectrice du travail assistée d’une ingénieure de prévention. Leur rapport qui visait à mesurer l’écart existant entre le réel de l’usine et le prescrit aboutissait au relevé de plusieurs atteintes aux prescriptions. Elles entendaient plusieurs salariés et prenaient des notes qui ont été retrouvées en fin d’instruction dans les scellés.

    – Le CHSCT se livrait aussi à son enquête, mais proche de l’employeur était orienté sur de mauvaises pistes malgré son appel au CIDECOS, cabinet d’expertise qui visualisait assez vite où se trouvaient les facteurs de risque dans l’entreprise.

    – Dés le 21 Septembre Thierry DESMAREST, PDG de TOTAL annonçait la constitution d’une commission d’Enquête Interne (CEI) qui allait déposer ses rapports en Mars et Novembre 2002. Issue de l’Industriel, composée d’ingénieurs du siège de Grande Paroisse et d’ATOFINA et ne comptant en son sein que des personnes ayant immédiatement accès aux informations les plus sures et précises. Bref ayant plusieurs longueurs d’avances sur les autres enquêtes, elle ne se privait pas de retenir toute information auprès des services qui pourtant l’interrogeait, y compris les services de police. Il s’est agit très vite pour elle, plus tard pour les autres de découvrir qu’existait un autre bâtiment, le 335 dit « demi-grand » qui n’était rattaché à aucun service (et partant inconnu et jamais visité par les instances de contrôle, de la DRIRE, aux CHST et CE) qui ne contenait rien moins que des restes de produits venus des zones Nord (nitrate) ou sud (chlore) donc incompatibles entre eux. Le bâtiment n’étant de surcroît géré que par le sous traitant chargé de l’enlèvement des déchets.

    Mais, au-delà, il apparaît que dans le cadre de ses investigations oh combien privilégiées, la CEI qui avait pourtant repéré la première les facteurs de risque de l’usine et particulièrement la production sur le site, sans barrière étanche ni organisationnelle de produits explosifs entre eux, n’a pas craint d’en tout cacher, purement et simplement, n’hésitant pas à ne rendre publics jusqu’à ce jour, que des écrits faisant fi de ce danger évident.

    A coté de ces enquêtes contenues dans le dossier pénal, deux autres enquêtes d’envergure, publiques et nationales ont été menées :

    – L’enquête de l’I.G.E (Inspection Générale de l’Environnement ) du Ministère de l’Aménagement du Territoire, auxquelles étaient jointes diverses contributions techniques de l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) déposée le 24 octobre 2001, qui relevait des éléments facteurs de risques (insuffisance de formation des entreprises sous traitantes, absence de traçabilité des produits stockés dans le 221…

    – L’enquête parlementaire déposée le 29 janvier 2002 (ne se prononçait pas sur les causes).

    La Commission d’enquête interne, ou quand l’accusé mène l’enquêté. Imaginons que dans la maison où se trouverait le corps d’un homme retrouvé mort, ce soit l’épouse, seule témoin et présente au moment de la mort suspecte qui soit chargée de faire l’enquête au motif qu’elle doit répondre de ce qui se passe dans sa maison. On répondrait assez vite qu’il est fautif de tenter le diable à ce point et que l’on ne peut pas humainement attendre d’une personne peut être coupable de ne pas être tenté par disons, la dissimulation des preuves, au hasard du flacon administrée dans la tisane de Raymond. C’est pourtant ce qui se passe en matière industrielle où il est demandé à l’industriel de rendre un rapport sur la cause de l’accident lorsqu’il s’en produit un dans le périmètre concerné.

    Tel a donc été l’objet de la CEI et que croit-on qu’il se passât ? Comme il est donc « humain » de l’imaginer, la CEI a assez vite et avant tout le monde compris ce qui s’était passé parce que ses membres ont tout simplement trouvé dans le 335, celui la même où l’ouvrier qui avait déchargé la dernière benne précédent l’explosion avait lui-même rempli ce contenant de son produit, le fameux DCCNA. Ce DCCNA, ce chlore produit dans la zone sud et qui jamais n’aurait du se trouver dans la zone nord, et qu’il ne fallait absolument pas mélanger à l’azote des nitrates du 221 ; et qu’il fallait d’autant moins le faire que le nitrate du 221 était pour partie du nitrate industriel ; que de plus, en ce 21 septembre 2001 le vent d’autan avait chargé l’air d’un taux d’humidité suffisant pour que se forme un gaz maléfique, le Trichlorure d’azote, dit NCL3 qui allait jouer en quelque sorte une fonction de booster et se propager jusqu’au cœur du tas de 300 tonnes et le faire violemment exploser.

    En 2002, les services de police ont perquisitionné le siège de TOTAL et ont trouvé les 6 pré rapports cachés précédant le rapport officiel présenté publiquement par l’industriel en mars 2002, dont est absent le sac de DCCNA pourtant trouvé dans le 335. Si une mention en est faite c’est pour suggérer que ce sac a été déposé après l’explosion soit « par hasard soit par acte de malveillance ».

    Ainsi les pré rapports (ou brouillons) de la CEI rédigés dans un cadre rigoureux de travail mené par des professionnels de haut niveau de l’industriel ont-ils été précédés d’inventaires des sacs contenus dans le 335 et le premier de ces brouillons daté du 28 septembre 2001 suggère de se livrer à une analyse des substances transportés depuis le 335 dit aussi : « la sacherie à éliminer » susceptibles « d’induire une décomposition exothermique pouvant engrainer une détonation ».

    Le dernier de ces pré rapports contestés par la suite par la filiale de TOTAL est-il encore plus précis en indiquant, s’agissant de produits chimiques contenus dans le 335, que « certains n’auraient du aucunement s’y trouver ... ».

    Il est donc établi que TOTAL et Grande Paroisse n’ignoraient rien de leur responsabilité, mais que le choix a été fait de nier, nier et nier encore sans crainte de lancer les rumeurs les plus infamantes et de nourrir des préjugés sur de pauvres ouvriers dont certains comme Hassan Jandoubi n’auront eu comme sépulture qu’un conteneur de chez TOTAL.
    (...)

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°160 sept.-oct. 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article923

  • Pourquoi nos enfants ne nous appartiennent pas

    Pour le plus grand bonheur des marchands de tests génétiques, pas un jour ne se passe sans que quelque média nous donne à voir un enfant conçu par #PMA à la recherche de son vrai père, entendons par là ce père biologique que fût le donneur de spermatozoïdes. Si le langage courant désigne de vrais pères c’est que en creux les autres seraient des faux. Les autres, ces parents non biologiques qui se sont occupés de l’éducation, seraient donc des fakes, comme dirait l’époux de Brigitte. Voilà donc réintroduite dans notre techno société une hiérarchie inattendue. Ne nous étonnons pas dès lors du peu de critiques face par exemple aux propos de Sylvie Vartan dénonçant le testament de Johnny comme ayant désavantagé les enfants issus de son « propre sang » au profit d’enfants adoptés. Tout se passe comme si l’enfant biologique avait quelque chose de plus et méritait mieux qu’un enfant adopté.

    Aboutissement momentané de cette soif de classification, citons la politique scandaleuse d’un dirigeant d’un centre d‘#adoption, lequel réservait les enfants qu’il jugeait typiques aux couples adoptifs hétérosexuels et ceux qu’il jugeait atypiques aux couples adoptifs homosexuels. Puisque déjà il est admis qu’il y a les vrais enfants et les faux, cet homme s’était contenté de considérer que, parmi les faux, il y avait encore les typiques et les atypiques [1]. En parfaite cohérence avec cette histoire de transmission de son sang, une autre qualité est venue s’ajouter à l’enfant biologique ; puisqu’on lui a transmis son sang il serait plus à soi qu’un enfant non biologique. Tous ces éléments expliquent pourquoi, que l’on soit catholique pratiquant ou lesbienne radicale, athée, musulman ou juif, on peut également vouloir son enfant vrai issu de son sang à soi. On peut penser que ce désir soit naturel, mais que dire de l’argumentaire qui le soutient ?

    Ce désir de posséder « son enfant « est un désir ancien, par exemple au moyen âge on pensait que le patrimoine se transmettait intégralement par le sang et la semence du père. Ainsi « le sang bleu » qualifiait-il la noblesse. On croyait que l’identification parents/enfants était obligatoirement inscrite dans l’injection du liquide masculin dans le la matrice féminine considérée comme un réceptacle passif. Par conséquent toute la société s’organisait autour de la filiation légitime, de la pureté du lignage et de la transmission de la propriété. Toute sortes de concepts qui, comme on l’a vu dans un précédent article, ont consolidés le patriarcat. La version technologique de cette pensée féodale remplace le sang par la molécule d’ADN, désignée comme porteuse du patrimoine génétique...

    Soit dit en passant ce retour dans le passé coïncide avec celui d‘un discours sur les racines ou la défense des traditions, car ici encore nous touchons à la question de l’identité et du développement des sentiments narcissiques et xénophobes. Comme le dit cette publicité pour Gentest, une marque de test génétiques :

    « Le fait de connaître sa propre origine est un besoin humain de base. Les tests ADN offrent des outils fiables et précis pour la recherche de vos racines. »

    Pourtant, depuis les expériences de K. Lorenz nous savons que l’identification parent/enfant n’est pas une question de transmission biologique mais de proximité, c’est ce que les éthologistes ont désigné par l’imprégnation. Citons l’exemple le plus connu et que tout le monde peut trouver sur Wikipédia, celui des oisons (petit de l’oie) « qui, peu après l’éclosion, suivent le premier objet mobile qu’ils voient : il se crée un lien indéfectible avec cet objet qu’il conserve indéfiniment, d’où le terme d’empreinte. Cet objet est l’objet d’approche, puis de contact (ou de recherche de contact) qui provoque un bien-être, un apaisement et une réduction du stress du petit ».

    Si on parle de nature, il faut alors dire que le lien parental est absolument indépendant du lien biologique et qu’il est d’autant plus fort que l’adulte est proche de l’enfant. Ceci explique que tous les cas peuvent exister, que le monde animal nous offre des exemples aussi nobles que celui d’adoptions d’orphelins par la collectivité animale, fût elle d’une espèce différente, que les supposés liens biologiques ne sont pas corrélés aux liens affectifs et enfin pourquoi Johnny a déshérité ses « vrais » enfants au profit d’enfants adoptés.

    Par conséquent dans une famille, comme plus largement à l’intérieur d’un groupe d’individus, les relations de propriété sont toujours des relations construites par l’ordre sociétal alors qu’en réalité les relations entre les êtres vivants, entre hommes et femmes, entre adultes et enfants, n’ont pour seule base naturelle que les liens sentimentaux. Ainsi, et contrairement à ce que nous assène la propagande, l’être vivant a-t-il plus besoin d’affection, d’amitié ou d’amour que de connaître ses racines.

    Un petit pas pour l’humanité un grand pas vers le #transhumanisme

    Jusqu’à il n’y a pas très longtemps les droits étaient de nature sociale, droit à la santé, droit au travail, droit au logement, droit à l’éducation. Ce n’est que récemment que sont apparus des droits sociétaux, droit à l’adoption et droit au mariage pour tous... Ici le fait nouveau, est que le droit à l’enfant biologique, n’est pas simplement un droit sociétal, il ne va pas concerner qu’un coup de tampon d’une administration quelconque c’est un #droit_physiologique soutenu par un désir légitimé par la supposé supériorité de l’enfant biologique sur l’enfant non biologique. Ceci nous indique vers quoi la société post-moderne, de plus en plus inégalitaire sur le plan social, tend à s’organiser. Un droit physiologique est un droit qui va concerner un état physiologique, qui est un état soumis à des limites naturelles (état qu’il faut absolument différencier d’un état pathologique dont le champ juridique reste le droit à la santé), être enceinte ou être âgé, ce sont des états physiologiques.

    Chez l’être humain dans des conditions naturelles on ne peut pas procréer en dessous ou en dessus d’un certain âge, pas plus qu’on ne peut enfanter si on est de sexe masculin, mais la science peut maintenant nous « libérer » de telles limites, comme c’est la cas pour des mères qui ont passé l’âge de la ménopause ou comme cela pourrait l’être avec un utérus masculin. Il n’est pas nouveau que les avancées scientifiques permettent de défier la nature, c’est même là leur rôle historique. Mais, jusqu’à récemment, ce type de défi était contenu par un débat. Au long des siècles le mythe prométhéen, le « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » de Rabelais et les grandes questions écologiques furent autant d’illustrations d’une saine méfiance de l’homme vis avis de ses propres réalisations. Cette réflexion absolument salutaire cours le risque d’être neutralisée par la force de la loi.

    Avec le droit à l’enfant biologique, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous pourrions voir s’inscrire en tant que Droit la possibilité automatique de pouvoir utiliser des ressources technologiques existantes pour dépasser nos limites physiologiques. Autant dire qu’on ouvre ainsi la porte à la légalisation de bien d’autres fantasmes. Pour rester dans le domaine du droit à l’enfant biologique, ce droit sera extensible à d’autres exigences. On ne voit pas en quoi une fois ce droit entériné il ne serait pas soumis aux évolutions jurisprudentielles telles que le droit à un enfant en bonne santé avec par suite le choix d’autres critères quand à sa beauté ou à son intelligence... Toutes choses à la portée du marché du génome humain. [2]

    [1] Adoption : en Seine-Maritime, les « enfants dont personne ne veut » réservés aux couples gayshttp://www.leparisien.fr/societe/des-couples-homosexuels-veulent-adopter-en-seine-maritime-uniquement-pour

    [2] http://www.lepoint.fr/science/connor-premier-bebe-aux-genes-parfaits-30-07-2013-1709829_25.php

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°160 sept.-oct. 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article929

  • Autres #brochures disponibles (ou pas)

    N°2 Du syndicalisme révolutionnaire à la révolution Par René VILLARD

    N°4 CNT et antimilitarisme
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/4-CNT_antimilitarisme.pdf

    Sommaire :

    – L’armée : fonctions.
    – La répression de la subversion interieure : cadre juridique et organisation pratique.
    – L’armée : école de la soumission à I’ordre capitaliste.
    – Petit survol chiffré de I’armée française.
    – Le complexe militaro-industriel.
    – Le commerce des armes.
    – Le nucléaire militaire.
    – Pratiques anti-militariste
    – Conclusion

    N°5 Réflexion sur le chômage Par le Syndicat Chômeur CNT-AIT de Caen
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/5-reflexions_chomage.pdf

    N°6 Le Monde Nouveau : schéma d’organisation d’une société anarchiste (1ère partie) Par Pierre Besnard

    N°7 Le Monde Nouveau (2ème partie) Par Pierre Besnard

    N°10 A propos des institutions représentatives du personnel
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/10-Institutions_representatives.pdf

    N°11 La récupération politique dans les mouvements étudiants Par la CLE/CNT de Pau
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/11-recuperation-etudiants.pdf

    N°12 Le Revenu social minimum garanti Par le Syndicat Chômeur CNT-AIT de Caen

    N°20 Le Guide de l’arrêté Par la P.A.D.I.

    N°21 Fascisme et travail Par le Syndicat Intercorporatif CNT-AIT de Marseille.

    N°23 Quelques remarques sur le présent et le futur, Mouvements sociaux et subventions : les Bourses du Travail, Argentine : anarchisme ouvrier contre syndicalisme révolutionnaire, 1919 : la semaine tragique Articles tirés de « L’Affranchi », journal des « Amis de l’AIT en Suisse »
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/23-affranchi.pdf

    N°26 Immigration : réponses aux mensonges racistes Par le Syndicat Intercorporatif CNT-AIT du Doubs
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/26-immigration_racistes.pdf

    N°29 Les anarchistes espagnols et la résistance, Fascisme et religions : quelques rappels, Les E.S.R.I. : quand des étudiants « inventaient » le syndicalisme révolutionnaire Articles tirés de « L’Affranchi », journal des « Amis de l’AIT en Suisse »

    N°30 Réflexions sur le transport
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/30-reflexions_transport.pdf

    Sommaire :

    lère Partie : la voiture image d’une société en mutation
    - Le capitalisme de masse
    - La voiture symbole d’une société
    2e Partie : L’atmosphère est gravement polluée, les villes s’asphyxient, les hommes avec...
    3e Partie : Des solutions sont à envisager

    N°32 Histoire du Mouvement libertaire en Bulgarie (extraits) Par G. Balkanski

    N°34 Le nucléaire militaire
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/34-nucleaire_militaire.pdf

    N°41 Marx et l’anarchisme De Rudolph Rocker
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/41-Marx_anarchisme.pdf

    suivi de « le socialisme scientifique n’existe pas ! »

    Dans ce texte datant des années 1920, Rudolf rocker explique l’apport de la pensée de Proudhon sur celle de Marx, et montre comment celui-ci arriva à cacher cette influence majeure, afin de mieux pouvoir la dénigrer. A la même époque qu’est édité ce texte, Rudolf rocker participe activement à la reconstruction de l’A.I.T.

    N° 46 Réflexions anarchosyndicalistes : point de vue sur le capitalisme et ses contradictions - l’Education Nationale dans tous ses états.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/CAS46Capitalisme-contradictions.pdf

    N° 47 Fédéralisme en réseau : projet politique pour l’anarchosyndicalisme (compilation de textes).
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/47%20Cahier%2047.pdf

    N° 48 Réflexions sur le mouvement de l’automne 2010.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/48-Cahier%2048%20R%C3%A9flexions%20sur%20le%20mouvement%20de%20l'a

    N° 49 Indignez-vous ? Révoltez-vous ? Réponse à Stéphane Hessel.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/49-Cahier%2049%20Indignez-vous,%20r%C3%A9voltez-vous%20A5.pdf

    N° 50 Critique de l’altermondialisme.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/50-Cahier%2050%20Critique%20de%20l'altermondialisme%20A5.pdf

    N° 51 Propos séditieux.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/51-Cahier%2051%20Propos%20s%C3%A9ditieux%20A5.pdf

    N° 52 Quelques indicateurs et un rappel sur le capitalisme.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/52-Cahier%2052%20Quelques%20indicateurs%20et%20un%20rappel%20sur%2

    N° 53 Chômage, précarité, management.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/53-Cahier%2053%20Ch%C3%B4mage,%20pr%C3%A9carit%C3%A9,%20management

    N° 54 Propos anarchosyndicalistes pour l’abstention et contre le capitalisme - volume 2.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/54-Cas%2054%20A5.pdf

    N° 55 Propos anarchosyndicalistes pour l’abstention et contre le capitalisme - volume 3.
    http://cnt.ait.caen.free.fr/cas/55-Cahier%2055%20Abstention%20volume%203%20A5.pdf

  • #Brochure N° 66
    La FORA : III. Anarchisme ouvrier contre « syndicalisme révolutionnaire »
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article919

    Suivi de « Notes brèves sur le mouvement ouvrier anarchiste en Argentine »

    Au sein de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), comme dans le mouvement libertaire en général, il existe un certain flou artistique concernant la définition même de ce que nous sommes. Anarchistes, anarcho-syndicalistes, syndicalistes révolutionnaires... Voici des adjectifs par lesquels nous nous définissons volontiers et qui nous semblent synonymes. Pourtant, dans la bouche des uns ou des autres, ces mots n’ont souvent pas le même sens. En fait, derrière des ambiguïtés qui accompagnent notre Internationale depuis son origine et qu’il faudra sans doute résoudre un jour. Le texte qui suit tente de restituer un aspect de ce débat, tel qu’il s’est présenté en Argentine, entre 1900 et 1930.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/066-fora_3.pdf

  • #Brochure N° 65
    La FORA : II. La FORA dans le mouvement syndical argentin
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article918

    Suivi de « Argentine 1919 : La semaine tragique »

    Plus vieille section de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs, fondée en 1922), la FORA (Fédération ouvrière régionale argentine) fut fondée en 1901 et, peu après fit sien le projet communiste-anarchiste. À travers elle, les anarchistes exercèrent une importante influence sur le mouvement ouvrier pendant laquelle la FORA, qui compta jusqu’à 100.000 adhérents, livra des luttes d’une grande intensité.

    Cette brochure propose de retracer les principales étapes de la vie de la FORA, tout en l’insérant dans l’histoire du mouvement syndical argentin.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/065-fora_2.pdf

  • #Brochure N° 64
    L’horreur linguistique : contre les dérives identitaires
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article755

    Au sommaire :

    – DU CRIME D’ETAT DE SIVENS A L’HORREUR LINGUISTIQUE
    – L’HORREUR LINGUISTIQUE
    – MEMOIRES D’UN PAYSAN BAS BRETON
    – LE MONDE COMME SI : Nationalisme et dérives identitaires en Bretagne
    – LES BEAUX NIAIS ROUGES
    – UN PETIT TOUR PAR L’EX-YOUGOSLAVIE : RETOUR D’EXPÉRIENCE
    – Nationales, régionales ou ethniques, les « identités » sont une arme du pouvoir

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/064-nationalisme.pdf

  • #Brochure N° 63
    L’Accord National Interprofessionnel : une attaque frontale
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article584

    L’Accord National Interprofessionnel (ANI), signé le 11 janvier 2013, est une attaque historique contre le droit des travailleurs-euses, des chômeurs-euses, des précaires... bref de toutes celles et ceux qui font tourner la société. Encouragé le plus possible par le gouvernement du « changement » écolo-socialiste, proposé par le MEDEF (organisation patronale), il a finalement été ratifié par la CGC (syndicat des cadres), la CFTC (syndicat chrétien) et la CFDT (syndicat proche du PS). La CGT et FO ont refusé de signer, tout en ne condamnant pas le texte en son entier. Il faut savoir que de telles négociations sont faites entre le MEDEF et les 5 syndicats dit représentatifs. Dans ce cercle infernal, la signature de 3 d’entre eux suffit à entériner un accord. Nous souhaiterions préciser que ces 5 syndicats (subventionnés grassement par l’État) se permettent donc de signer des accords qui détruisent nos droits, alors qu’ils ne représentent personne, que les travailleurs-euses n’ont jamais voix au chapitre.

    CONTEXTE

    Pourquoi un tel texte ? C’est simple. En ces temps d’austérité, il faut une unité des puissants et des syndicats pour nous mettre à bas, nous museler définitivement. Et ceci n’est pas juste français. En Espagne, le texte similaire, l’ERE, a été ratifié par l’organisation patronale, l’UGT (équivalent de la CFDT), et les CCOO (équivalent de la CGT). Ce n’est donc ni un problème grec, portugais, irlandais, espagnol... mais bel et bien un problème structurel qui porte un nom : le capitalisme. Cette brochure a pour but d’expliquer dans des termes simples la réforme, car nous sommes toutes et tous touché-es. Elle est aussi un appel à ne pas se résigner, à s’organiser ensemble sur des bases autonomes pour refuser de payer les pots cassés.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/063-accord-national_interprofessionnel.pdf

  • #Brochure N° 62
    Kio estas CNT ? Kio estas anarko-sindikatismo ?
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article220

    Kun internacia laborista asocio statutoj

    La kapitalisma sistemo ne reformeblas ; oni devas forigi tiun socian funkciadon. Sed la rimedoj uzataj por trafi tiun an on devas esti en plena akordo kun la celoj : la marks-leninisma metodo malsukcesis en sangbanego. Tiamaniere, la ideo mem pri revolucio i is ekstreme suspektinda laû multaj uloj, kaj tre fundamente ligita al la ideo de timego.Laû ni anarkosindikatistoj, laû ni liberecanoj, nenio an os sen la konscia kaj lar a helpo de la plimulto de la popolo. Al iuj gravaj senpacienculoj, al iuj superismaj antaûgvardioj, al iuj bombuloj kaj dinamituloj, ni diras, ke ni ne rilatas al vi, ar la socio, kiun vi naskos per tiaj rimedoj plejeble estos malaminda. Estas klare al ni, ke la promesoj aû la brilaj agoj de kelkaj, iam ne anstataûo la impeton de iuj.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/062-esperanto.pdf

  • #Brochure N° 61
    Les IWW : Organisation et pratique du syndicalisme révolutionnaire aux États-Unis
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article226

    Présentation des I.W.W.

    Suivi de :
    – Les Wobblies : Tactique et vision pour un nouveau mouvement ouvrier révolutionnaire.
    Et
    – Guide d’introduction à l’action directe pour les travailleuses et les travailleurs

    Organisation historique, l’I.W.W. (Industrial Workers of the World-Travailleurs Industriels du Monde) est la principale organisation syndicaliste révolutionnaire en Amérique du Nord principalement. Elle est aussi présente en Australie etc. C’est la seule organisation révolutionnaire qui est arrivée à être présente sur l’ensemble du territoire des États-Unis, où elle atteint son apogée dans les années 20. Elle existe toujours, et ses militants les plus connus actuellement se nomment Ursula Le Guinn, Noam Chomsky...

    Les deux premiers textes sont des présentations de leur mode de fonctionnement, qui diffère du syndicalisme européen, et le troisième est un texte célèbre, aussi édité sous le titre « Comment virer son patron ? ».

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/061-iww_presentation.pdf

  • #Brochure N° 60
    Les occupations d’usine dans l’Italie des années 20 : Les conseils italiens
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article160

    En 1919 et dans les années qui suivirent, l’Italie fut secouée par un mouvement révolutionnaire d’ampleur, qui avait pour principale caractéristique l’occupation des usines par les travailleurs, et même parfois la reprise de la production par les travailleurs eux-mêmes.

    Ce texte, tiré d’un livre aujourd’hui épuisé, permet d’avoir un apercu du rôle que les anarchistes jouèrent pendant cette période, ainsi que des débats qui animèrent le mouvement révolutionnaire à propos de ce nouvel de la classe ouvrière outil que sont les conseils d’usines.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/060-italie_1919.pdf

  • #Brochure N° 59
    Les élections professionnelles contre le syndicalisme
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article23

    Suivi de : Représentativité et visibilité / Anarchosyndicalisme et représentativité

    Présentées encore actuellement par certains militants comme une « conquête » du mouvement ouvrier, les institutions dites représentatives du personnel (Délégués du personnel, Comité d’entreprise dans le secteur privé ; Commissions paritaires dans la fonction publique...) constituent un des outils les plus puissants pour intégrer le syndicalisme et démobiliser les travailleurs. L’histoire sociale des cinquante dernières années ne peut laisser aucun doute à ce sujet.

    Ceux qui, sous des prétextes aussi fallacieux que variés, choisissent encore de se présenter à des élections ne font qu’huiler les rouages d’un système qu’il convient de détruire.

    La CNT-AIT, organisation anarcho-syndicaliste, refuse toute participation aux élections professionnelles. Cette brochure en explique le pourquoi et pose les jalons d’une action réellement concrète et révolutionnaire sur les lieux de travail.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/059-elections_professionnelles.pdf

  • #Brochure N° 57
    Assassins !
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article24

    Toulouse, 21 septembre 2001, un crime industriel

    Cette brochure a été élaborée à partir d’articles rédigés par des militants, militantes et sympathisants de la cnt-ait, a propos de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001.

    Ces articles sont initialement parus dans l’édition Midi-Pyrénées de notre journal « Le Combat Syndicaliste ».

    Cette édition a été revue et augmentée.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/057-assassins.pdf

  • #Brochure N° 56
    Ils ont tué Pipo !
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article5

    Un meurtre en banlieue, une violence d’Etat, une récupération politique & médiatique

    En 1999, sous le titre « Reynerie décembre 98, ou l’histoire d’un meurtre, d’une violence d’état et d’une récupération politique et médiatique » la CNT-AIT a publié une première brochure d’analyse des événements qui ont suivi la mort d’Habib.

    En septembre 2001, elle a publié, sous le titre « Toulouse 8 août 2000, un bien étrange procès » la suite logique de ce premier travail : les notes prises par des militants lors du procès de Henri bois, l’officier de police qui a tué Habib.

    Afin que chacun puisse disposer d’une documentation complète sur cette affaire et se faire une idée par lui-même, nous avons réuni dans la présente brochure l’essentiel de ces deux textes ainsi que des articles parus dans l’édition de Midi-pyrénées de notre journal, « le combat syndicaliste ».

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/056-ils_ont_tue_pipo.pdf

  • #Brochure N° 45
    Histoire de la CNT française : de 1945 à 1993
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article223


    Première partie – de 1945 à 1993

    A travers ces cinquante ans d’anarcho-syndicalisme, la C.N.T. constitue un courant bien spécifique pour l’histoire du syndicalisme et de l’anarchisme. Cette spécificité s’exprime par l’organisation de l’anarcho-syndicalisme au sein d’une centrale qui se réclame de ce courant. Elle concerne le syndicalisme dans la mesure où étant un des plus vieux courants du syndicalisme, son action se déroule dans le champ syndical, et dans le même temps elle propose aux anarchistes un mode d’organisation pour arriver à leur objectif commun, le communisme libertaire.

    Après sa création en 1946 elle fut rapidement marginalisée du champ syndical et n’y joue plus aucun rôle dès 1950. sur le déclin, elle doit son salut à la C.N.T. espagnole en exil. A partir de mai 68, l’arrivée d’une nouvelle génération, trop turbulente pour les « anciens », marque une rupture. Les lendemains de mai 68 marquent ainsi la fin d’une première C.N.T. morte en 1973.

    Seule une poignée de militants s’obstine à faire revivre leur organisation sur une vingtaine d’années. Le bilan de ce renouveau est assez positif, malgré un état qui reste groupusculaire. Deux courants émergent alors à la C.N.T., un qui a pour priorité le développement de noyaux de militants conscients, c’est-à-dire anarcho-syndicalistes, et un autre qui privilégie la construction d’une organisation syndicale en excluant la dimension anarchiste. Or l’idéologie et la pratique doivent être intimement liées. Il n’existe pas de mouvement social sans idéologie. Ceux qui veulent désidéologiser le mouvement social ont tout de même une idéologie qui se rattache à une famille politique, et cette tentative de dissimuler l’idéologie cache en réalité un jeu de politiciens. Ainsi l’affiliation de la C.N.T. à l’anarchisme doit être clairement affirmée tout en préservant sa spécificité syndicaliste.

    Ces deux courants scissionnent en 1993 et donnent naissance à deux C.N.T. Cette scission fera l’objet d’une seconde brochure dans laquelle nous expliciterons plus en détail les oppositions et conceptions des deux C.N.T.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/045-histoire_de_la_cnt_francaise_1_web.pdf

  • #Brochure N° 44
    Toulouse une année en banlieue : Des bouclages de févriers aux émeutes de novembre 2005
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article63

    De février à mars 2005, conformément au "plan 25 quartier" du gouvernement, le quartier de la Reynerie à Toulouse a été "bouclé" par les forces de l’ordre – faisant suite à une pression policière
    commencée quelque mois avant.

    Comme résultat de cette stratégie de la tension, quatre jeunes sont arrêtés en mars et inculpés malgré l’invraisemblance des accusations portées à leur encontre. Un comité de soutien aux quatre interpellés se met en place. (Trois ont été libérés depuis).

    En novembre, la révolte des quartiers dans le pays se propage au quartier du Mirail, conjuguée avec des actions de solidarité en centre-ville.

    Cette brochure raconte ces évènements, a travers soit des articles tirés de notre journal, « Le Combat Syndicaliste » et publiés entre Avril 2005 Et janvier 2006, soit des tracts du comité de soutient aux quatre interpellés de la Reynerie.

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IMG/pdf/044-banlieues_2005_toulouse.pdf