AnarSonore

La révolution ne sera pas télévisée, Ni retransmise en scène sur un i-pod de couleur. Elle ne sera pas non plus attisée par les socio-demo-quartz à l’urne transparente, Ni par les écrivains de plateau-télé-repas producteurs de Mac-book. Non, la révolution ne sera pas télévisée,... Elle ne s’invitera pas chez Pujadas, Ni ne savourera le Pernod du midi en montrant sa cuisse. Elle ne délivrera pas que le discours Et ouvrira d’autres grilles que celle des programmes. Elle sera à une autre place, en banlieue ou au centre-ville, Dans une ruelle peut-être, organisée et mobile, Eloquente enfin de silence, subtile, indétectée, avertie, avisée : La révolution ne sera pas télévisée !

  • Vu avant hier, je pose ça là...

    http://www.nytimes.com/2015/12/02/sports/long-hidden-details-reveal-cruelty-of-1972-munich-attackers.html?_r=0

    Les familles des victimes de la prise d’otage des JO de Munich en 1972 parlent des informations que l’État allemand leur avait caché durant vingt ans. Un article éloquent sur les méthodes qu’employaient les commandos du Fatah et du FPLP.


    Among the most jarring details are these: The Israeli Olympic team members were beaten and, in at least one case, castrated.

    “What they did is that they cut off his genitals through his underwear and abused him,” Ms. Romano said of her husband, Yossef. Her voice rose.

    Des information à mettre également en liens avec la collaboration étroite entretenue entre la/les organisaton(s) derrière la prise d’otage et les milleux (néo)nazis :

    http://www.spiegel.de/international/germany/files-show-neo-nazis-helped-palestinian-terrorists-in-munich-1972-massacre-a

    Et pour finir on ne peut que recommander la lecture du livre de Hans-Joachim Klein “La mort mercenaire” pour comprendre le processus qui a poussé des groupes armé de “gauche” à les rejoindre, leur basculement dans une logique morbide et leur fuite en avant antisémite.

  • L’#état_d'urgence, c’est ça

    C’était il y a longtemps. Vigipirate n’existait pas. Il n’y avait pas de caméras dans les rues, pas de contrôle à l’entrée des lieux public, pas de policiers ou de militaires en armes à tous les carrefours ; et les consignes automatiques dans les gares fonctionnaient à la satisfaction des voyageurs. Les gens avaient l’air tranquilles et en sécurité.

    Puis il y a eu des attentats et l’Etat a inventé Vigipirate. Au début, ça nous a fait bizarre ces messages sonores - dans les halls de gare, dans les aéroports, etc. - nous enjoignant de surveiller nos sacs, nos voisins. Ces messages, ces contrôles systématiques dans les lieux publics… on nous avait dit que c’était provisoire, que ça ne durerait pas. Alors on s’y est habitué, d’autant que, nous disait-t-on «  c’était pour notre bien » . C’était il y a plus de 20 ans et vigipirate est toujours là. Dans une version renforcée.

    Et puis, les caméras se sont multipliées pour surveiller les places publiques, les rues, les voies piétonnes. Au début ça nous a fait bizarre de savoir qu’on était surveillés, écoutés, observés en permanence comme des animaux de laboratoire. Et puis, on s’y est habitué, puisque « c’était pour notre bien » . Et puis, les forces de police, de gendarmes, les militaires d’autres corps, les vigiles… sont devenus de plus en plus présents, et ils ont été de plus en plus armés, et les contrôles sur la voie publique se sont multipliés. Au début ça faisait bizarre et puis...

    Nous avons été bien préparés. Si bien que quand aujourd’hui Monsieur Hollande, déclence l’état d’urgence, cela semble tellement naturel à la plus part des gens. Un soulagement même.

    Pourtant, ces trois mots, à eux seuls, devrait être une cause d’effroi. Les attentats de Charlie, du Bataclan sont effroyables. La mort qui frappe au coin de la rue, sans prévenir, c’est effrayant, c’est évident, mais ça reste dans le domaine du connu. Mais l’état d’urgence,ce choix de restreindre nos libertés fondamentales, d’interdire les manifestations, de multiplier les assignations à résidence,...

    Quel lien entre un piquet de grève sur la voie publique, devant son entreprise, et les attentats ? Aucun, mais les piquets de grève sur la voie publique, devant l’entreprise - le piquet de la clinique des Chaumes par exemple - sont interdits. Quel lien entre une manifestation écologique et les attentats ? Aucun, mais les manifestations sont interdites.

    Cynisme politique  : en même temps qu’il instaure, pour trois mois l’état d’urgence (et cette fois-ci, l’Etat peut se permettre le luxe d’annoncer d’avance que ça peut durer davantage), le Pouvoir nous enjoint de vivre… normalement. Vivre normalement (ou plutôt, consommer normalement), c’est, nous dit-il, la meilleure réponse aux attentats. Pour le Pouvoir, il ne fait donc aucun doute que la vie sous un état d’urgence est compatible avec une vie normale.

    Pas pour nous. Pas pour nous, parce que, la vie normale, c’est justement le contraire. Le contraire de ce qui vient d’arriver, par exemple, à un compagnon. Appelons-le X.

    X, donc, est un militant libertaire. Il a plus particulièrement la fibre écologique et a participé à diverses manifestations contre plusieurs projets destructeurs de l’environnement. Lors d’une d’entre elles, sans doute sous l’effet des gaz lacrymogènes, du vacarme ambiant, de la présence d’un hélicoptère au dessus de sa tête, oui, c’est vrai, il a pété les plombs : il a insulté les policiers, a même jeté quelques cailloux dans leur direction, sans atteindre personne. Interpellé, jugé en flagrant délit, il a fait de la prison. Au sortir de prison, il s’est démené pour retrouver un travail. Il l’a retrouvé. Il va le perdre, parce que, vendredi 28 novembre 2015, après une dure journée (il est dans une entreprise de nettoyage) X. dort chez lui, dans son lit l’esprit en paix. Mais, à 3 heures et demi du matin, on tambourine à sa porte : « Police ! » .

    X. est conduit au commissariat et apprend que le ministre de l’intérieur a décidé qu’il devait être consigné à résidence jusqu’au 12 décembre ! Oui, c’est vrai, le ministre de l’intérieur – qu’il n’a jamais vu, bien sûr – c’est fendu d’un arrêté contre lui.

    Il est vrai que X porte un prénom et un nom « à consonnace maghrébine »,... Voici le texte de la déclaration qu’il a été obligé de signer aux commissariat :

    « Je prends acte que je me trouve dans vos locaux afin que me soit notifiée une assignation à résidence.
    Je prends acte du contenu des différents articles de l’arrêté d’assignation à résidence émis par le ministre de l’intérieur en date du 25 novembre 2015, arrêté me concernant à savoir :
    – Qu’à compter de la présente notification et jusqu’au 12 décembre 2015 inclus je suis astreint à résider sur le territoire de la commune de … (article 1er).
    – Que je dois me présenter trois fois par jour, à 09h, à 14 h et à 19 h au Commissariat de Police de … Cette obligation s’appliquant tous les jours de la semaine, y compris les jours fériés et chômés (article 2)
    – Que je dois demeurer tous les jours de 20 h à 06 h à mon domicile ou je réside (article 3)
    – Que je ne peux me déplacer en dehors de mon lieu d’assignation à résidence sans avoir obtenu l’autorisation écrite (sauf conduit) établi par le préfet de …
    – Que le Préfet de … est chargé de l’exécution du présent arrêté qui me sera notifié et qu’une copie sera transmise au Procureur de la république (article 5) »

    C’est ça, dans la réalité, l’état d’urgence. C’est une atteinte aux droits fondamentaux. C’est aussi une atteinte à la vie elle-même ! Depuis le 25 novembre, X est privé de tout revenu. Il ne peut plus travailler. Il passe le plus clair de son temps à aller et revenir au commissariat (fort éloigné de son domicile et de ses chantiers). Bien sûr, il sera probablement licencié. Sa vie va rebasculer. Par décision d’un ministre. C’est ça, l’état d’urgence. L’arbitraire le plus absolu. Tellement qu’on finit par se demander que, si le FN arrive au pouvoir, qu’est-ce-qu’il va pouvoir inventer de plus...

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Islam/Catholicisme : lutte pour les parts de marché

    Mais que pense l’église catholique, en tant que telle, de ce qui se passe ? La voix la plus autorisée est certainement celle du sieur Vingt-Trois, archevêque de Paris, Président de la conférence des évêques de France et cardinal.

    La ligne du cardinal est initialement simple : tenter de mettre « la » religion hors de cause. Pas fou, le cardinal, il comprend bien que, si une religion est perçue comme criminelle, les autres en seront entachées. C’est pourquoi il dénonce « … les ‘instrumentalisations’ bien connues autour de la notion de guerre de religions » et regrette amèrement que « Dans les informations, on montre que la première cause du terrorisme, c’est l’islam. » .

    Solidarité classique imans-évêques quand il faut défendre « la » religion.

    La où la ligne théologique prend une sacrée courbure, c’est quand il faut discuter affaires.

    Ici, pas de doute, il n’y a plus « la » religion mais bien « des » religions et il n’est plus question d’amalgamer les imans et les évêques mais bien de défendre sa… chapelle.

    Ici, le cardinal n’a pas une hostie sur la langue. Le propos est plus que direct, brutal même :

    «  L’islam prendra la place de première religion si les catholiques ne sont pas capables de vivre leur catholicisme. Si nous perdons des parts de marché, c’est que nous ne tenons pas le marché  ».

    Vous avez bien lu : des parts de marché. Pour une fois, nous sommes bien d’accord avec le cardinal : les religions, « la » religion, c’est avant tout une histoire de parts de marché.

    Amen.

    N.B. : Les citations sont extraites du très clérical « Le Figaro » du 5 avril 2015.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Question de mots

    Les auteurs et responsables du massacre de masse du 13 Novembre, les dirigeants de Daesh, Bachar El Assad… et quelques autres, sont-ils des fascistes ? Des proches, des amis récusent ce qualificatif. Ainsi peut-on lire dans la revue «  Temps Critiques  » :

    «  Il est aussi erroné de les traiter de fascistes comme le font souvent les libertaires et les gauchistes parce que le #fascisme est un sous-produit du socialisme et du nationalisme alors que ces organisations n’ont justement pas de visées nationales ; elles sont même directement mondiales et s’adressent à une communauté des croyants potentiellement sans limite. » (1)

    On peut effectivement se reporter à l’histoire, aux conditions d’émergence du phénomène pour définir ce qu’est le fascisme et on a tout à fait le droit de s’en tenir là (ce qui, d’ailleurs ne met pas fin aux discussions séman tiques).

    On peut également constater que le mot a évolué et qu’il a pris un sens qui, échappant à sa stricte définition historique, est devenu beaucoup plus général ; et cela depuis longtemps, depuis assez longtemps pour être entré dans les dictionnaires : «  Fascisme : Attitude autoritaire, arbitraire, violente et dictatoriale imposée par quelqu’un à un groupe quelconque, à son entourage. » écrit ainsi le Larousse.

    C’est bien entendu dans ce sens, dans celui de la langue courante de tous les jours, que nous prenons le mot fasciste dans nos textes.

    1.- « Vernissage d’une antiquité : le défaitisme révolutionnaire » , http://mondialisme.org/spip.php?article2383

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Des liaisons dangereuses

    Il est clair que les événements du 13 Novembre -qu’il ne faut pas séparer des événements antérieurs (Merah, Charlie) - nous renvoient à un constat  : celui d’être en présence d’une tendance de fond particulièrement morbide, néfaste et #anti-lumières ; un véritable courant contre-révolutionnaire qui se dévoile de plus en plus et que l’on peut qualifier de «  fasciste », au sens général de ce terme. Mais, tout ceci n’est pas nouveau en dépit de ce nouvel épisode parisien aussi tragique que spectaculaire.

    En effet, ce courant anti-lumières se traduit, depuis les années 1970’, par un regain des idéologies conservatrices, qu’elles soient religieuses ou laïques (1). Nous avons déjà écrit (2) sur ce courant anti-lumières en le désignant par le terme de «  #postmodernisme  », lequel, dans sa logique, promeut une spécificité culturelle tendant, entre autres aspects fallacieux, à assimiler et à recycler le concept de race.

    Il faut savoir que deux des plus influents auteurs de l’islamisme politique, Sayyid Qutb et Ali Shariati, se sont inspirés avec enthousiasme des écrits d’#Alexis_Carrel. Ce dernier avait développé des théories socio-eugéniques très élaborées allant jusqu’à être couronnées par un prix Nobel (!). Oracle du régime de Vichy, Carrel reste, encore aujourd’hui, un matériel standard de lecture au sein des universités d’été du FN (3)  !

    D’où l’intérêt de le démasquer, de s’y intéresser (à bon escient) et de le faire savoir.

    L’insistance de Carrel sur la minorité créative et salutaire, ainsi que sur la dégénérescence raciale et culturelle, n’est peut-être pas aussi systématique ou sophistiquée qu’elle peut l’être chez d’autres penseurs tels que Nordau, Klages, Nietzche ou Jünger. Mais, cette notion de dégénérescence a des affinités génériques, idéologiques et conceptuelles avec la critique que font les islamistes de la société contemporaine, car elle s’ancre dans une vision vitaliste de la société.

    Si tout comme Carrel - et certains penseurs allemands - Henry Ford et Albert Freeman attribuent cette dégénérescence supposée au prolétariat et à la massification de la société, des penseurs tels que Mawdûdi ou Qutb en blâment la non-islamité (qui selon eux serait synonyme de dégénérescence) et prônent une (ré-)islamisation massive capable de soumettre le prolétariat récalcitrant.

    Toutes ces figures de l’occidentalité sont de première importance dans la pensée politique européenne « moderne ». Peu connues du grand public, ces figures ont été reléguées dans les oubliettes de l’Histoire, après que leurs idées mystificatrices aient, logiquement, été battues en brèche dans le combat idéologique qui les avait opposées à la lucidité du rationalisme. Cela nous oblige à revenir sur un passé qui a refait surface en catimini, profitant de l’amnésie collective qui a opportunément suivi la mise en échec de ces idées absurdes.

    L’adulation postmoderne de la différence n’est pas suffisamment consciente de ses origines (!) idéologiques et conceptuelles.

    Une autre affinité, et non des moindres, est l’antisémitisme. Même si les derniers événements semblent, apparemment, avoir franchis un seuil de plus dans l’arbitraire – en frappant sans cibler les juifs en particulier, mais une population plus large - il ne faut pas oublier que l’antisémitisme fait partie de l’arsenal idéologique de l’Etat islamique.

    L’antisémitisme qui imprègne les quartiers depuis de nombreuses années offre, donc et par ce biais, un terrain propice à recevoir, favorablement, les discours de cette nouvelle entité. Il est, paradoxalement, nourri par deux sources contraires en apparence, mais qui, en définitive, se renforcent.

    L’antisémitisme professé par les imams puise ses racines dans une vieille rivalité religieuse – et politique - entre islam et judaïsme. Cet antisémitisme influence beaucoup le discours politique des jeunes ; qu’ils soient, d’ailleurs, pleinement fanatisés ou non. La banalisation de ce discours est un danger imminent et potentiellement dévastateur.

    Cette variante de l’antisémitisme est renforcée par la propagande pro-révisionniste des très chrétiens Alain Soral et Dieudonné M’bala M’bala qui eux aussi se distinguent par l’orientation de leur discours.

    Il faut être conscients des fondements communs qui relient ces deux variantes à l’antisémitisme nazi – mais la preuve n’est plus à faire. Le nazisme fut, aussi, porté par des chrétiens. Au Moyen-Orient, l’antisémitisme fut et est porté par les fondamentalistes musulmans. Les deux courants ont en commun, et depuis longtemps, le même leitmotiv qui est la volonté de voir disparaître les Juifs de l’aire géographique dans laquelle ils se trouvent ; ou «  mieux  », de la surface du globe.

    Quant aux idées portées par les antisémites locaux, elles sont, pour le moins, fascisantes. L’antisémitisme a toujours été très présent dans l’idéologie et dans les faits de toutes les variantes du fascisme, que cela soit sous Pétain ou sous Mussolini (4).

    Le passage à l’acte, par le meurtre d’enfants – Merah (de façon particulièrement barbare et impitoyable - tirs à bout portant) - et le meurtre de personnes adultes, en raison de leur appartenance à la religion juive, fait écho aux crimes antisémites du passé (guerre de 39-45, tous les pogroms et autres attaques contre les ghettos juifs dans l’Histoire). Dès lors, pour nous, la qualification de fascistes ne fait plus aucun doute.

    Entre les islamistes et les représentants de l’irrationalisme politique européen, il y a, en fin de compte, beaucoup plus que des affinités choisies de façon subliminale.

    C’est, aussi, le cas de la mystique de la mort - et du sacrifice - comme remède au « délabrement » -, et de la glorification du sang, du feu et de l’acier comme forme directe de l’action politique.

    Le culte du martyr et de la guerre inscrivent le sacrifice de soi dans un rite de passage, de socialisation intense, auquel les groupes islamistes soumettent leurs membres.

    Goebbels – de triste mémoire - déclarait déjà que «  La guerre est la forme la plus élémentaire de l’amour de la vie  » . Mussolini, lui, énonçait que « L’homme se réalise dans la guerre  » . Quant aux franquistes, c’était le « Viva la muerte !  » .

    A l’évidence, l’#islamisme ne diffère, fondamentalement, pas des idéologies qu’incarnent ces tristes personnages.

    1.- Même si les idéologies supposées laïques se sont effondrées (que ce soit Bachar, les états communistes d’Europe, etc.) et si aux USA, en Amérique du sud, en Asie, il n’y a pas de courant laïque qui soit significatif.

    2.-Voir l’article dans le n° 145 de @anarchosyndicalisme ! (#Journées_iconoclastes).

    3.- Consulter, par exemple : http://www.liberation.fr/france/2005/07/02/le-petainiste-carrel-idole-des-jeunes-du-fn_525401 Cela démontre et confirme le lien générique entre eux.

    4.- En revanche, dans l’Espagne de Franco, les Juifs qui arrivaient de France pendant la seconde guerre mondiale n’étaient pas réellement persécutés. C’est une des choses qui a permis au dictateur Franco de s’en sortir après la fin de cette guerre. Il ne faut pas y voir de la bonté de sa part, mais plutôt un opportunisme politique devant lui permettre de rester au pouvoir – surtout, quand on connaît la force de la révolution sociale qui eut lieu à partir de 1936, en Espagne.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

    • wp : "L’Europe des Lumières a ainsi ses lieux privilégiés : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosités, salons littéraires et salons artistiques, voire salons de physique à l’instar de celui animé par l’abbé Nollet, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs politiques à l’anglaise.

      Ces lieux où se croisent les anciennes et les nouvelles élites, les artistes sans fortune et leurs mécènes, les agents de l’État et les aventuriers, sont le creuset d’une communauté cosmopolite et hétérogène, faite d’entre soi et d’exclusion. Ils participent à l’affirmation d’une « sphère publique bourgeoise »"

  • #Impérialisme : la pensée zombie

    Depuis les attentats du 13 novembre, on a vu déferler une avalanche de communiqués de la part de l’extrême-gauche (et de certains groupes anarchistes) pour expliquer que les attentats étaient une réponse à « l’impérialisme occidental »(1) et qu’il s’agissait donc, peu ou prou, de « lutte anti-impérialiste ».

    Rappelons brièvement ce qu’est l’impérialisme. Ce concept, s’il n’a pas été inventé par Lénine, a nourri largement sa pensée tant et si bien qu’il en est devenu le principal théoricien. Pour les léninistes – et dans une approche quelque peu simplifiée, car le sujet est plus complexe - l’impérialisme est un mode d’action qui apparait au moment où le capitalisme finit de se concentrer en monopoles, moment auquel les Etats développés se partagent le monde (notamment par l’exploitation des colonies) afin de lutter contre la «  baisse tendancielle du taux de profit  » (2).

    Or, l’histoire a montré, du moins à ce jour, que le capitalisme trouve toujours des ressources et de nouveaux marchés pour lutter efficacement contre cette « baisse tendancielle » et que les entreprises font toujours de substantiels profits, ce qui constitue un premier « accroc » aux théories marxistes-léninistes. Le non-effondrement du capitalisme depuis un siècle (malgré la prédiction marxiste), ainsi que l’innovation technologique en constante accélération, sont des preuves suffisantes de la légitimité très limitée de cette thèse.

    Autre défaut du concept d’impérialisme : il met en jeu des Etats. La conséquence qu’en tirent les léninistes (ainsi que divers libertaires), c’est que certains « petits » Etats seraient à défendre contre les « gros » Etats impérialistes. Le problème, pour des révolutionnaires, c’est que défendre un Etat, « petit » ou « gros », c’est toujours favoriser sa bourgeoisie.

    Les défauts pointés ici étaient déjà valables en 1916, date de l’écriture de «  L’impérialisme, stade suprême du capitalisme  » ; ils le sont encore plus aujourd’hui. Le développement économique, la mondialisation et la multipolarisation mettent à mal les analyses léninistes qui ont tenu, malgré leurs insuffisances, le haut du pavé pendant presque tout le 20ème siècle, même si cela a conduit des «  révolutionnaires  » à défendre parfois des dictatures de la pire espèce. Ce sont ces vieux « réflexes » qui ont empêché l’extrême-gauche et certains libertaires de soutenir les révoltés pendant le printemps arabe en 2011 (puisque, en s’attaquant à leurs maitres, ils s’attaquaient à des Etats «  victimes de l’impérialisme  »).

    En ce qui concerne le « 13 Novembre », nos anti-impérialistes n’ayant trouvé aucun caricaturiste à blâmer ou aucun sioniste à accuser, se sont rabattus sur le noyau dur, « historique » de leurs analyses : la faute des attentats, nous expliquent-ils doctement, revient à l’impérialisme français (et à la guerre qu’il mène au Moyen-Orient). S’il est certain que les frappes effectuées par les pays occidentaux ne sont pas pour rien dans la situation dramatique de la Syrie (notamment en déstabilisant fortement la région et en ouvrant un espace politique aux djihadistes), ces analyses oublient plusieurs facteurs déterminants dans la création et le développement de Daesch  :

    – premièrement le fait que Daesch a, en grande partie, été créé grâce à l’ouverture des prisons par Bachar El Assad en 2011, lequel a ainsi libéré des islamistes purs et durs dans le but de créer un deuxième front contre les populations qui se soulevaient contre lui et de les prendre pour ainsi dire « en sandwich ». Ce noyau de djihadistes a ensuite été rejoint par des membres du parti Baas irakien, par des transfuges du parti Baas syrien, qui misaient sur une défaite d’El Assad, puis par des renforts religieux venus d’un peu partout.

    – Daesch ne se place pas essentiellement dans une perspective de développement du capitalisme, il poursuit un but avant tout religieux  : le développement d’un islam radical. Daesch n’est pas une nation. Il a une prétention universaliste et veut convertir et dominer la planète.

    – Le capitalisme dans la zone contrôlée par Daesch se limite à du commerce. Il n’y a pas d’industries, et pas de projet de développement de celle-ci. Certes, Daesch vit de la rente pétrolière, mais celle-ci n’est pas une fin en soi, plutôt un moyen de s’acheter des armes et de la clientèle (au sens antique du terme).

    Nous sommes donc en face d’un groupe qui a une dimension religieuse et féodale extrêmement marquée, fort éloignée des conditions nécessaires, d’après les léninistes eux-mêmes, à la lutte anti-impérialiste (3)  ! Cette dimension est fondamentale si l’on veut saisir le sens de ce qui s’est passé le 13 Novembre à Paris. De plus, l’analyse que nous pouvions faire des évènements de janvier 2015 voit son sens renforcé : dans tous les cas, ce qui a été attaqué en novembre 2015, ce ne sont pas des cibles stratégiques, ayant un intérêt militaire, mais bien des symboles de ce qui est contraire à l’Islam. Les communiqués de Daesch que nous avons pu lire sont clairs : ont été attaqués « des blasphémateurs » , « des Juifs » (pour les attaques de janvier), et « des idolâtres » (pour les attaques de novembre). Les lieux et publics visés n’avaient que peu d’importance économique, ou stratégique (militairement parlant). Ils avaient par contre une portée symbolique évidente. Il s’est agit de lieux de vie populaires : le stade de France, qui accueillait ce soir là de nombreux jeunes de Seine St-Denis, des bars, des restaurants et une salle de concert. Nous ne sommes pas là dans le cas d’un Etat qui se défend contre une attaque qui menace ses intérêts comme tentent de nous le faire croire les anti-impérialistes. Nous sommes en face d’un phénomène sectaire à vocation hégémonique (type secte Aum) qui dispose d’une puissance militaire.

    1.- A l’inverse, des groupes comme « Non Fides » ou « Temps Critiques » ont produit des textes tout à fait pertinents et intéressants.

    2.- Pour les marxistes, au fur et à mesure que l’histoire avance, la concurrence entre capitalistes tend à diminuer les profits des entreprises.

    3.- Ajoutons, comme cela est mentionné dans d’autres articles de ce dossier que Daesch attaque violemment la Tunisie, que même les « anti-impérialistes » les plus orthodoxes ne peuvent pas qualifier d’Etat impérialiste ; et que la montée des intégrismes religieux qui ont fait le lit de Daesch est largement une conséquence de la politique Truman (impérialisme US).

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • #Islamisme
    Pour une approche rationnelle

    Après les événements du 13 Novembre, il est essentiel de revenir sur le «  phénomène  » islamiste en se débarrassant du côté spectaculaire. Partout et avec insistance, il nous est présenté comme totalement, nouveau, étranger et différent à notre société et à notre histoire. Mais, dès que l’on s’informe un tant soit peu, il s’avère qu’il n’est pas si éloigné de ce qui fait l’histoire commune de l’humanité, malgré un discours dominant particulièrement chauvin qui tend à occulter ce fait.

    L’islamisme met constamment en avant sa (prétendue) singularité (1) et revendique une ascendance authentique par l’usage du spectaculaire et d’une violence féroce, tout en se posant, lui-même, comme le destin postcolonial inévitable des populations, des territoires et même des continents «  islamiques  ».

    Phénomène récent mais posé, tant par ses défenseurs que par ses détracteurs, comme un creuset transhistorique de tous les musulmans, la «  civilisation musulmane  » serait seule dépositaire du «  sens  » et conditionnerait, dès lors et inexorablement, les pensées et les actions de tous les musulmans (et, par une abusive dérive, de tous les «  arabes  »). Devenant soudain des Êtres sur-islamisés, ils sont, alors, censés créer des systèmes «  islamiques  » totalement différents de ceux existants, dans le cadre d’une culture totalisante englobant tous les domaines (économie, politique, législation, sciences, archéologie… et même vestimentaire ou pileux) (2), et dont le caractère, à la fois, orthodoxe et ultra-simpliste l’emporterait sur la complexité encombrante de l’économie, de la société, de l’histoire,… bref de la vie.

    Prétendant ne pouvoir être reconnu qu’en ses propres termes (3), l’islamisme est d’une cohérence interne prodigieuse (4). Partant de là, il se présente comme étant le seul à pouvoir décrire et à pouvoir expliquer de façon adéquate tout ce qui concerne les populations et les pays dits musulmans ainsi que toute leur histoire et tout ce qui les concerne ; et il fait injonction à l’ensemble des musulmans de retourner à ce qui les constituerait essentiellement, à leur supposée nature transhistorique dont l’intégrisme serait l’expression sanglante, mais adéquate.

    Cette vision des choses entre en totale résonance avec le relativisme des anthropologues postmodernes, lesquels ont «  innové  » en déterrant une ethnologie de la classification (sortie tout droit du XIXe siècle) dont l’appareil conceptuel a pourtant été disqualifié par l’avancée des sciences. Ainsi, d’après les postmodernes, la connaissance ne serait pas liée à la cognition, mais à la reconnaissance d’un «  soi collectif  » à travers une iconostasie disqualifiant toute attitude rationnelle au profit d’une auto-référence intrinsèquement affective.

    Cette position idéologique nourrit le discours postcolonialiste dont nous avons eu un pathétique échantillon à Paris-même, peu de jours avant le massacre, le 31 octobre 2015 (5). La défense de la singularité, qui déclare l’irréductibilité de la différence, mène à l’essentialisation de l’identité et à sa réduction en clichés se voulant inattaquables, qu’elle se présente sous un angle xénophobe ou xénophile. Cette vision des choses s’est insinuée dans la société d’aujourd’hui et mine l’opinion publique, sans que celle-ci puisse entendre d’autres sons de cloche.

    L’approche de la culture d’islam ne pourrait donc se faire qu’à travers l’identification ou l’adhésion à cette religion car, bien trop «  spécifique  », elle serait inaccessible à toute approche rationnelle. De façon tout aussi pernicieuse, le postmodernisme affirme, dans un même temps, que les catégories d’origine occidentale sont, elles aussi, intransitives, entièrement réductibles à leurs origines, qu’elles leur sont ontologiquement destinées et, par conséquent, qu’elles sont inapplicables -  en tant que catégories descriptives et explicatives - à la «  communauté musulmane  ».

    Il ne fait pourtant aucun doute qu’on peut (6) aborder le phénomène islamiste tout à fait rationnellement, en reprenant, en particulier, les conditions de son émergence, laquelle est, et bien que cela ne soit pas diffusé, très récente.

    Brève approche historique

    Les phénomènes politiques islamiques sont apparus dans les années 1920-30’ (dans la période-même qui voyait l’émergence en Europe des mouvements fascistes  : Italie, Allemagne, Espagne…) autour, notamment, d’une jeune milice marginale, pieuse et protofasciste. Chemises brunes, chemises grises, vertes ou bleues,… ces jeunes étaient principalement actifs en Egypte et en Syrie et, dans une moindre mesure, dans la zone d’influence de ces pays.

    Dans les années 1950-60’, les mouvements islamistes connaîtront une grande prospérité financière, grâce aux agences pétro-islamiques et aux organismes obscurantistes «  d’éducation  » (7) qu’elles avaient créées (8). Ils étaient portés par un contexte international dominé par la #doctrine_Truman, dont le cheval de bataille était l’endiguement du communisme qui se déployait rapidement aux quatres coins du globe. Dans le monde arabe, la docrine Truman se traduisit par un choc frontal contre les nationalismes arabes socialisants ou pro-soviétiques  ; l’islam devenant, pendant la guerre froide, l’axe, à la fois culturel et idéologique, de la défense du «  monde libre  » contre le communisme dans le monde «  arabe  » (ainsi qu’en Malaisie et en Indonésie). Tout le monde connaît maintenant les effets catastrophiques et sanglants de cette ligne politique.

    Avec des succès inégaux, les mouvements islamiques ont, cependant, mis du temps à occuper le devant de la scène. Il leur a fallu, pour cela, attendre le milieu des années 1970’ et des circonstances bien précises.

    Les nouvelles conditions internationales liées à la dérégulation économique et à la prédominance financière, enrobées dans une théologie du «  marché libre  », s’accompagnaient d’un désengagement de l’Etat qui était, jusqu’alors, revendiqué comme le garant du développement social et culturel (Keynesianisme), ce qui leur a ouvert la voie (9). S’incrustant dans le tissu social à travers, notamment, des services caritatifs, s’appuyant, tour à tour, sur le nationalisme et sur la pratique d’un populisme ultra-conservateur, les mouvements islamistes ont pu se développer puis donner libre cours à leur délire apocalyptique.

    Apparaissant avec le fascisme en Europe et entrant en parfaite résonance avec l’idéologie postmoderne qui mine la pensée rationnelle, les mouvements islamistes ne constituent donc pas un simple épiphénomène mais une tendance lourde, un véritable courant contre-révolutionnaire - structuré et subventionné.

    1.- Pour qui connaît l’histoire des religions (et celle des dictatures), sa singularité est bien légère...

    2 - Il y a eu sous les régimes staliniens (et il y a toujours en Corée du Nord ou en Chine) une «  science socialiste  » , un «  art socialiste  » (par opposition à la science, à l’art «  bourgeois  »). Le même phénomène se produit maintenant avec l’islamisme. Les totalitarismes ont beaucoup de points communs entre eux malgré les différences idéologiques qu’ils affichent !

    3.- D’où le classique «  Vous ne pouvez pas comprendre  » qui met, en général, rapidement fin aux discussions.

    4.- C’est le propre des orthodoxies  : elles constituent des systèmes de pensée clos, tautologiques, qui « doivent » être acceptés comme intangibles.

    5.- La marche dite de la «  dignité  » qui, sous des apparences progressistes, cachait un discours identitaire des plus nauséabonds.

    6.- Et, il est tout à fait recommandé et souhaitable de le faire  !

    7.- Ben Laden et ses hommes des cavernes en sont de purs produits, même si tardivement.

    8.- Aujourd’hui encore, dans la continuité, l’éducation semble être un des axes de pénétration de l’islamisme – bien que se présentant sous des atours rassurants et engageants – comme, par exemple, avec le WISE (World Innovation Summit for Education).

    9.- En Europe, cette «  évolution  » économique (accompagnée du repli de l’Etat sur son rôle policier) a eu, en matière sociale, les conséquences économiques que chacun connaît ainsi que le développement des idéologies d’extrême-droite  : la xénophobie virulente étant à la fois une réponse aussi abjecte que confuse aux effets de la globalisation et un bien mauvais remède à l’anomie et à la frustration. C’est aussi la marque de la détermination du pouvoir cherchant à affaiblir la volonté collective, entraînant une baisse de la capacité à s’auto-organiser en dehors de toute tutelle étatique ou religieuse et de trouver collectivement des réponses.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • Pendant la minute de silence
    La destruction de HLM se poursuit

    Enfin, dans ce titre nous exagérons un peu, ça n’a pas été exactement «  pendant  ».

    Ça été un peu avant, et « ça » promet de se poursuivre après si l’on n’y fait rien. Oui, la destruction du bâtiment dans lequel logent des familles syriennes réfugiées à Toulouse a commencé avant la minute de silence du 16 novembre et Habitat-Toulouse, propriétaire des murs, entend manifestement la poursuivre après.

    Regardez la photo.

    Ces femmes et hommes syriens, beaucoup d’âge mur, certains très âgés, ont tenu à manifester leur rejet total des attentats de Paris et leur soutien à toutes les victimes, le 16 novembre à midi, avec une minute de silence, en compagnie de leurs deux avocats. Il y a là beaucoup de courage (ils s’exposent à des représailles). Il y a là beaucoup de dignité.

    Maintenant regardez, au-dessus des têtes. Regardez le bâtiment. Il y a trois grands trous béants au côté gauche. Ce sont deux fenêtres et une porte fenêtre qui ont été arrachées pour, avec d’autres destructions, rendre l’appartement inhabitable. Par qui ? Pourquoi ?

    Par qui ? Mais par #Habitat-Toulouse, le bailleur supposé social.

    Pourquoi ? Parce qu’une famille, défendue par un autre avocat, ayant accepté de partir en CADA (centre « d’accueil » officiel de demandeurs d’asile), l’appartement s’est trouvé momentanément libre (il y pourtant tant de gens qui dorment à la rue !) et qu’Habitat a sauté sur l’occasion pour le détruire.

    Enlever des portes et des fenêtres dans un appartement, c’est, en plein hiver, fragiliser tous ceux qui sont autour au point de vue chauffage. Mais ça, le logeur supposé social s’en moque. Faire des trous dans la façade d’un immeuble, dans un quartier sensible, ça ne peut que contribuer au sentiment d’insécurité. Mais ça aussi, ou Habitat s’en moque, ou ça fait partie de sa stratégie. Il n’y a pas si longtemps, la Mairie (Moudenc) et Habitat (Biasotto, adjoint de Moudenc) dénonçaient le soi-disant mauvais état du bâtiment, ce dont ils voulaient tirer argument pour en chasser les occupants (voir l’encadré). Loin de l’améliorer, ce qui était facile (ce que les Syriens ont fait eux-mêmes d’ailleurs), c’est la voie de la dégradation que les deux compères ont choisi. Et pour que leur dégradation volontaire ne soit pas réparée, pour que l’appartement ne soit pas remis en état, Habitat paye jour et nuit des vigiles pour surveiller le début de ruine qu’il a ainsi créé

    Il n’y a la ni le moindre courage ni la moindre dignité.

    Ni beaucoup de franchise : rappelons qu’Habitat Toulouse avait lancé en référé (c’est-à-dire de toute urgence) une procédure d’expulsion à l’encontre des réfugiés Syriens. Ce procès honteux avait été finalement fixé au 6 novembre, au Tribunal d’instance. Il a été reporté séance tenante au 8 janvier 2016… à la demande d’Habitat Toulouse ! Manifestement, les arguments juridiques soulevés par les deux défenseurs de l’ensemble des familles syriennes menacées (Maitres Caséro et Avenas) donnent du fil à retordre à Habitat, qui trouve tout d’un coup que l’expulsion, en réalité, n’est pas si urgente que ça.

    Pendant ce temps, pendant que certains s’acharnent à détruire, la solidarité continue. Chacun, de près ou de loin, d’une façon ou d’une autre, peut y participer. Vous pouvez suivre l’actualité sur https://www.facebook.com/Cnt-ait-toulouse-officiel-186830011469841

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

  • Seule la Raison peut s’opposer à la Folie
    La guerre, dans tous ses états

    Ironie de l’histoire, passée quelque peu inaperçue, ce 11 novembre 2015, les magasins étaient ouverts. A peine clôturé, en 2014, le centenaire de la première guerre mondiale, qu’il n’était plus question de mémoire mais de profits. Aux oubliettes, les réflexions sur l’escalade belliciste à l’origine de cette boucherie, sur les souffrances indicible des soldats, sur la terrible injustice des «  fusillés pour l’exemple  » … En cette date commémorative, il n’y avait vraiment plus rien de nouveau à l’Ouest, sinon cette injonction de travailler tous les jours pour acheter tous les jours.

    Etat de vide : la fabrique des insensés

    Après le massacre de masse du «  13 Novembre  », devant la chute de la consommation, Macron chantre du travail du dimanche, apôtre de la déconstruction du temps commun et de la destruction mémorielle de ce 11-Novembre a évoqué en guise d’explication une «  perte de repères  » . Il aura donc fallu un carnage pour que ce phare du modernisme économique commence à avouer que sa politique cynique, que la perte de sens sur l’autel des marchés, n’est qu’une fabrique à insensés.

    Cette montée de l’insignifiant se retrouve dans l’indigence des discours politiciens que nous avons du subir. Hollande a donné le top départ dès sa première allocution guerrière. Il a tourné en rond autour du thème de la peur  :

    «  Ce que les terroristes veulent, c’est nous faire peur, nous saisir d’effroi. Il y a effectivement de quoi avoir peur, il y a l’effroi,…  ».

    En face l’extrême-gauche a ressorti son bréviaire du XIXe siècle pour dénoncer les interventions impérialistes (comme si la Tunisie, cible majeure des islamistes nourrissait des visés impérialistes envers qui que ce soit) et cela, elle n’est pas à une contradiction près, tout en continuant à demander une intervention occidentale pour soutenir les Kurdes du PKK. Du mauvais Clemenceau contre du mauvais Jaurès ! Pour finir sur ce rapide état des lieux, les observateurs retiendront que le 13 novembre nous sommes entrés en guerre au soir de la… « Journée mondiale de la gentillesse » .

    Tout ceci n’est pas seulement un enchaînement de niaiseries abrutissantes mais signale ce qui domine notre époque : le vide sidéral de la pensée qui rend possible toutes sortes de folies collectives.

    « Etats sans raison » versus « exigence de rationnel »

    Les «  gentils contre les méchants  », le «  Bien contre le Mal  »,… si la pensée religieuse est une pensée magique et simplette, la pensée nationaliste l’est tout autant. Dieu n’existe que pour ceux qui veulent bien y croire et la Nation (ou en d’autres temps la «  Classe ouvrière  » mythifiée) n’est pas un organisme supérieur à l’individu. L’un et l’autre renvoient une image négative de celui qui ne partage pas les mêmes croyances, qui n’a pas le même Dieu ou la même Nation. Le mauvais, c’est toujours l’autre. Si l’on continue sur ce lamentable chemin, il y a de quoi nourrir effectivement de longues, très longues guerres. Car, dans les deux cas, domine cette idée absolument folle que des constructions imaginaires telles que Dieu ou la Nation sont supérieures à l’individu, à sa liberté et à sa vie  ; en fonction de quoi chacun peut facilement trouver de mauvaises raisons de massacrer l’autre.

    Dans notre actualité, pour nous libertaires, inverser cette donne criminelle c’est déjà remettre dans le bon sens la relation entre les abstractions idéologiques et le concret des existences des individus et donc de leur liberté.

    Au quotidien c’est défendre non pas simplement une pensée laïque, dont l’inconvénient est qu’elle peut s’intégrer au nationalisme, mais défendre une pensés rationnelle En fait l’enjeu est bien de sortir d’un manichéisme propre à favoriser la polarisation belliciste pour rentrer dans un débat qui traverse tous les individus : celui de la Raison et du raisonnable.

    Guerre asymétrique / terreur / état d’urgence

    Dans les médias, les experts se sont succédé pour nous expliquer que nous serions en train de vivre une «  guerre asymétrique  » . La guerre asymétrique est une stratégie militaire destinée à prolonger un conflit armé ; elle est menée par le plus faible contre le plus fort. C’est la petite guerre, la guérilla. De très nombreuses guérillas ont été menées sans pratiquer la Terreur, sans pratiquer des massacres de masse. Ce fut le cas en France, entre 1940 et 1944, dans un conflit asymétrique mené par les Maquisards contre les nazis, ce fut aussi le cas en Espagne avec des actions menés par des groupes de résistance anarchiste au franquisme.

    La Terreur est tout autre chose. C’est une stratégie politique.
    Ses manifestations, au contraire de la guérilla, sont toujours le fait du fort contre le faible. Adossée à toutes sortes d’idéologies, dont le point commun est le mépris absolu de la vie humaine, la férocité assumée de la Terreur s’exerce en vue de la conquête du Pouvoir ou du maintien dans celui-ci.

    Historiquement, la relation que la Terreur entretient avec son but, la domination totale de l’homme par l’homme, nous renvoie à ce qui est aussi la substance de l’Etat. C’est pourquoi, si tous les Etats ne pratiquent pas la terreur, tous les Etats en ont la capacité (1).

    Entre la guerre asymétrique et la Terreur, il existe donc une distinction fondamentale qui aurait dû sauter aux yeux de tous.

    Si la confusion est rarement levée, c’est que le concept de terrorisme a été l’objet pour le Pouvoir d’une commode inversion de valeurs. Tout au long du XXe siècle, les Pouvoirs les plus totalitaires n’ont pas hésité à qualifier de «  terroristes  » ceux qui n’étaient que des Résistants. Le procédé rhétorique est bien connu  : «  Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage  » . Un marqueur de dérive totalitaire est d’ailleurs la facilité avec laquelle le Pouvoir se permet de traiter ses opposants comme des terroristes ou de les qualifier de tels. Nous en retrouvons, hélas, les germes dans l’utilisation de l’actuel état d’urgence.

    Déjà, certains responsables politiques et administratifs commencent à utiliser l’état d’urgence contre de simples opposants à tel ou tel de leurs projets. Il s’agit là d’une faute gravissime car en agissant ainsi, ils font le jeu de Daesch et de sa folie criminelle. En traitant, pour satisfaire de petits calculs politiques du moment, toute contestation politique et sociale comme si elle était similaire à la Terreur semée par Daesch, non seulement « ils donnent plus d’eau au poisson », mais ils augmentent fatalement le néant réflexif et la confusion, deux facteurs qui ne peuvent faire qu’accroître le pouvoir d’attraction des fanatiques.

    Pour la liberté malgré l’Etat.
    Capacités d’une société solidaire

    On peut comprendre la subtilité qui consiste à ne pas vouloir nommer Daesch pour ce qu’il est réellement dans sa substance, mais, de fait, là où il a déjà le pouvoir, Daesch pratique la terreur d’Etat, en s’appuyant sur un corpus idéologique religieux totalitaire et en soumettant une population de 10 à 12 millions d’individus. On peut comprendre également les discussions théoriques autour du terme de « fasciste » - on trouvera d’ailleurs, dans les pages qui suivent des remarques sur ce sujet comme sur plusieurs autres évoqués ici. Mais d’un point de vue opérationnel, qu’on nomme cela comme on voudra, les conséquences sont les mêmes que si nous étions face à un Etat fasciste développant une dynamique d’expansion qui nous concerne directement en ceci qu’elle touche nos lieux et modes de vie.

    Nous n’avons rien à attendre de ces politiciens minables qui profitent de l’état d’urgence pour régler des comptes avec des opposants politiques, nous n’avons rien à attendre des intellectuels munichois qui, comme Onfray, parlent déjà de négocier avec Daesch comme d’autres parlaient hier de censurer le blasphème, nous n’avons rien à attendre de ces syndicalistes qui, tel celui-ci, éructent que

    «  Il vaut mieux avoir un événement organisé, encadré, que des choses qui fleurissent spontanément  » (2)

    Ce que ces agissements et ces dires nous apprennent aujourd’hui confirme notre expérience historique  : dans la lutte contre le fascisme, ce n’est surtout pas dans l’Etat et ses satellites mais dans la société que nous devons mettre nos espérances.

    D’ores et déjà il faut saluer la solidarité dont la population a spontanément fait preuve - malgré les discours politiciens l’appelant à la plus grande passivité.

    Oui, saluons les actions spontanées de solidarité qui ont fleuri lors de ces journées tragiques. Saluons toutes ces actions d’individus libres et courageux, de celles et ceux qui ont spontanément ouvert leur porte aux rescapés ensanglantés du 13 Novembre, des personnels de santé qui spontanément (et malgré un mouvement de grève) se sont rendus dans les hôpitaux pour soigner les centaines de blessés, des personnes qui, spontanément et par milliers, ont donné leur sang au matin du 14 novembre.

    C’est autour de ces capacités de réponse individuelle et collective, de solidarité, c’est en encourageant une réflexion rationnelle, capable d’envisager toutes les éventualités, que les anarchosyndicalistes doivent participer à la résistance populaire et autonome pour défendre le plus précieux de tout  : la Liberté.

    1.- L’idée d’inspirer de la crainte comme préalable à la soumission est en effet très ancienne. Elle se trouve déjà dans un propos célèbre de Caligula  : «  Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent  !  » . Machiavel a bien explicité l’emploi de la Terreur comme arme politique

    «  Or, se réemparer du pouvoir voulait dire, selon eux, renouveler cette terreur et cette crainte qu’ils avaient su inspirer à tous les esprits au moment où ils s’en étaient emparé.  » , «  Discours sur la première décade de Tite Live  », livre III, chapitre 1.

    2.- Bernard Debedan, un des secrétaires départementaux FSU, le vendredi 20 novembre sur « Direct matin  ».

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°147 /// Décembre 2015 - Janvier 2016

    Dossier #Paris_13_novembre_2015

  • État d’urgence - Actujuridique.com, l’actu autour du livre Face à la police / Face à la justice
    http://www.actujuridique.com/index.php?2015/11/21/19-etat-durgence

    La loi du 20 novembre 2015 relative a l’état d’urgence a été publiée au JO du 21 novembre : elle est déjà applicable. L’état d’urgence est prolongé pour trois mois à partir du 26 novembre, soit jusqu’à fin février. Le gouvernement peut cependant décider de le lever avant cette date.

    Les textes sur l’état d’urgence

    – loi du 3 avril 1955
    – loi du 20 novembre 2015 (modifiant la loi de 1955)
    – décrets du 14 et 18 novembre 2015 (la déclaration de l’état d’urgence)
    – circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets du 14 novembre
    – arrêté préfectoral du 14 novembre interdisant les manifestations à Paris et dans les départements limitrophes du 14 au 19 novembre
    – arrêté préfectoral interdisant les manifestations du 19 au 22 novembre
    – arrêté préfectoral du 20 novembre 2015 interdisant les manifestations du 23 au 30 novembre dans les « départements de la zone de défense de Paris » (l’Ile-de-France).

    Les mesures de l’état d’urgence

    1. Le préfet peut décider d’un « couvre-feu », c’est-à-dire de l’interdiction de circuler à pied ou en voiture dans un endroit donné à certaines heures.

    2. Le préfet peut décider une interdiction permanente de la circulation, par exemple autour de « bâtiments sensibles »

    3. Le préfet peut décider d’une interdiction de séjour dans certaines zones pour des personnes « cherchant à entraver l’action des pouvoirs publics ».

    4. Le préfet peut ordonner la fermeture des salles de spectacles, débit de boisson ou les « lieux de réunions de toute nature » et interdire les réunions, même dans un endroit privé, si elles sont de nature à « entretenir le désordre ». Le ministre de l’Intérieur peut faire la même chose au niveau national.

    5. Le préfet ou le ministre de l’Intérieur peuvent ordonner la remise des armes dans un département ou au niveau national. Des réquisitions sont possibles.

    6. L’assignation à résidence est décidée par le ministre de l’Intérieur contre « toute personne contre laquelle il existe une raison sérieuse de penser que son comportement constitue une menace pour le sécurité et l’ordre public ».
    Il y a deux types d’assignation à résidence :
    – celle qui se fait dans un « lieu choisi » par le ministre de l’intérieur sachant que « le ministre de l’intérieur peut faire conduire [la personne] sur les lieux de l’assignation à résidence par les services de police ou les unités de gendarmerie. »
    – celle qui se fait dans le « lieu d’habitation » déterminé par le ministre de l’Intérieur « pendant la plage horaire [fixée par le ministre de l’Intérieur], dans la limite de 12 heures par 24 heures », avec obligation de pointage et remise des documents d’identité.
    On ne sait pas en quoi peut consister le « lieu » fixé par le ministre de l’Intérieur si ce n’est que la loi de 1955 précise qu’il ne peut s’agir d’un « camp » de détention…
    Le ministre de l’Intérieur peut de plus imposer à la personne assignée à résidence
    – des obligations de pointage au commissariat ou à la gendarmerie (jusqu’à trois par jour)
    – la remise du passeport ou carte d’identité aux autorités
    – l’interdiction de rentrer en contact avec certaines personnesv - pour les personnes déjà condamnées pour terrorisme, l’assignation à résidence peut se doubler du port d’un bracelet électronique avec « l’accord de la personne concernée », qui est alors délivrée de l’obligation de pointage.

    7. Les perquisitions « administratives » sont possibles sans restriction d’heures. La perquisition est possible dans tout lieu (sauf chez les parlementaires, les avocats, les journalistes ou les magistrats) « lorsqu’il existe des raisons sérieuses de penser que ce lieu est fréquenté par une personne dont le comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics. ».
    La perquisition administrative signifie qu’on est hors du cadre des enquêtes judiciaires (flagrance, préliminaire ou instruction). Un OPJ les assiste et donc en cas de saisie d’objets illégaux (armes, drogue) une procédure judiciaire suivra. Les flics peuvent faire des copies « sur tout support » des données informatiques lors de la perquisition.

    8. La dissolution par décret d’association ou « groupements de fait » qui « participent à la commission d’actes portant une atteinte grave à l’ordre public ou dont les activités facilitent cette commission ou y incitent » est possible. A noter que les décisions de dissolution prises lors de l’état d’urgence sont permanentes, c’est à dire qu’elles ne cessent pas après la fin de l’état d’urgence. Les services de renseignement sont autorisés à surveiller les militants pour s’assurer que les groupements dissous ne sont pas reconstitués.

    9. Le ministre de l’Intérieur peut prendre toute mesure pour interrompre la diffusion de site en ligne qui feraient inciterait à la commission d’actes terroristes ou en ferait l’apologie.

    Toutes les décisions, tant ministérielles que préfectorales, sont susceptibles de recours devant la justice administrative, en particulier par les procédures en référé.

    Répression et peines

    Ces peines sont mentionnées à titre indicatif : il s’agit des peines maximales applicables mais elles ne le sont quasiment jamais aux personnes sans antécédents judiciaires.

    Les infractions sur les restrictions de circulation (le couvre-feu), l’interdiction des réunions publiques et la remise des armes sont punies de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende (article 13 de la loi de 1955 modifiée)
    Les infractions à l’assignation à résidence dans le lieu choisi par le ministre de l’Intérieur sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende (Article 13 de la loi de 1955 modifiée).
    Les infractions aux autres dispositions concernant l’assignation à résidence sont punies d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende (Article 13 de la loi de 1955 modifiée).
    Le fait de « participer » à la reconstitution ou au maintien d’un groupe dissous est puni de trois ans de prison et 75 000 euros d’amende, le fait « d’organiser » cette reconstitution de sept ans de prison et 100 000 euros d’amende (articles 6 de la loi de 1955 modifiée et articles 431-15 et 431-17 du Code pénal)

  • Dans le cadre du soutien aux familles de #réfugiés_syriens des Izards, une action d’initiation à langue française va être mise en place. Toutes les personnes qui souhaitent y participer bénévolement sont donc invitées à prendre contact avec nous :

    contact@cntaittoulouse.lautre.net

    Une première réunion de travail aura lieu sous quinzaine ...

    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=541320392687466

    #Toulouse

  • LibéRation de Philo - La #religion nous rend-elle meilleurs ? - Libération.fr
    http://liberationdephilo.blogs.liberation.fr/2015/11/20/la-religion-nous-rend-elle-meilleurs

    Il faudrait sauvegarder le sentiment religieux pour se préserver d’un monde égoïste. Une étude sur le comportement des enfants montre l’inverse : être élevé selon les préceptes chrétiens ou musulmans ne porte pas à l’altruisme, au contraire.

    La religion nous rend-elle meilleurs ?

    Ceux qui le croient risquent d’être profondément perturbés à la lecture des conclusions d’une enquête récente portant sur une population de 1170 enfants de cinq à douze ans au Canada, en Chine, en Jordanie, en Turquie, en Afrique du Sud, et aux États-Unis, les uns élevés dans des familles religieuses et les autres dans des familles non pratiquantes ou athées. (1)

    En effet, ces conclusions disent : non, la religion ne nous rend pas meilleurs. Elle a même tendance à affaiblir nos capacités morales à donner généreusement et à pardonner leurs fautes aux autres.

    Comment les auteurs de l’enquête sont-ils arrivés à ces conclusions déroutantes ?

    Leur but était de vérifier s’il existait des différences significatives entre les enfants élevés dans des familles religieuses et non religieuses, du point de vue de leurs comportements altruistes.

    Plusieurs religions avaient été sélectionnées au départ, mais l’enquête n’a pu porter finalement que sur des familles chrétiennes et musulmanes, les familles juives, hindouistes, bouddhistes étant écartées, en raison du nombre trop faible de leurs représentants susceptibles d’être interrogés.

    Les chercheurs ont d’abord mesuré le niveau de pratique religieuse des parents et leur ont demandé d’évaluer les capacités d’empathie ainsi que la sensibilité à l’injustice de leurs propres enfants.

    Comme on pouvait s’y attendre, les parents religieux les estimaient très élevées alors que les parents non religieux étaient plus prudents.

    Puis les enfants eux-mêmes ont été exposés à des petites vidéos montrant d’autres enfants qui se poussaient violemment ou se faisaient trébucher de façon intentionnelle ou pas.

    Les chercheurs leur ont demandé d’évaluer le niveau de méchanceté des fautifs et de proposer des punitions.

    Les enfants élevés dans une famille de croyants étaient toujours disposés à punir beaucoup plus sévèrement que les enfants venant de familles de non croyants.

    Puis, les chercheurs ont essayé d’évaluer la générosité des enfants.

    Ils leur ont demandé de choisir leurs dix autocollants préférés dans un lot de trente, en leur annonçant qu’ils n’en avaient pas assez pour en distribuer à tous leurs petits camarades.

    Une fois le choix effectué par les enfants, les chercheurs leur ont demandé s’ils étaient prêts à en céder quelques-uns aux camarades qui n’en avaient pas reçu.

    Ils ont constaté que les enfants de parents non religieux étaient plus généreux que les enfants ayant reçu une éducation religieuse. (2)

    LA « LICENCE MORALE » DES RELIGIEUX

    C’est une Fondation religieuse américaine qui a financé l’enquête. Le présupposé des commanditaires était évidemment qu’elle allait démontrer « scientifiquement » que la religion rend les enfants meilleurs ou plus « moraux », c’est-à-dire plus altruistes, plus empathiques à l’égard des souffrances d’autrui.

    Malheureusement pour eux, les faits observés ont complètement démenti leurs attentes. L’absence d’éducation religieuse ne diminue pas la bonté humaine. Elle l’accroît.

    Ces faits remettent donc en question, pour les chercheurs, le préjugé selon lequel la religion est indispensable au développement moral des enfants.

    Pour expliquer la moindre générosité des enfants de croyants, les chercheurs ont envisagé la possibilité que l’éducation religieuse donnait aux enfants une sorte de « licence morale ».

    Ces enfants entretiendraient consciemment ou inconsciemment la croyance qu’avoir été élevé religieusement les immunisait à l’égard de l’immoralité : aucune conduite de leur part, aussi égoïste soit-elle, ne pouvait entamer leur « capital de moralité » si on peut dire.

    Comme toute recherche scientifique, les résultats sont faillibles, ouverts aux objections.

    Le fait que l’enquête n’ait pu porter que sur des familles chrétiennes et musulmanes en limite certainement la portée.

    Les critères de « moralité » pourraient être contestés. Être plus altruiste ne signifie pas nécessairement être plus « moral ». L’altruisme peut être réservé aux plus proches exclusivement (parents enfants, membres de la même tribu, etc.). Il n’est alors qu’une forme d’égoïsme de groupe.

    Les auteurs de l’enquête proposent une explication au fait que les enfants élevés dans des familles religieuses sont moins généreux (la « licence morale »). Mais ils n’essaient pas de savoir pourquoi ils sont plus punitifs.

    Cependant les faits collectés devraient suffire à nous laisser sceptiques sur les bienfaits moraux de l’éducation religieuse.

    Ils semblent montrer en effet qu’on peut être moral sans être religieux, ou religieux sans être moral, si, bien sûr, on retient comme critère de moralité la générosité à l’égard des autres même lorsqu’ils ont commis des fautes.

    LA MORALE SANS LA RELIGION

    Certains philosophes rationalistes estiment désormais qu’une réévaluation du rôle de la religion dans les sociétés contemporaines est nécessaire. Ils semblent prôner une nouvelle alliance entre la gauche et la religion contre un ennemi commun : le monstre néolibéral qui serait en train de détruire le lien social, le « vivre ensemble ». (3)

    Dans les médias, des « penseurs » martèlent que les humains ont, par nature, un besoin profond de « transcendance », de foi dans une puissance supérieure, de « verticalité », de religion, et que faute de satisfaire ce besoin, nos sociétés sont condamnées à l’égoïsme, à la violence et même, disent les plus catastrophistes, à la disparition.

    Les études sur les comportements de ces enfants de croyants et de non croyants nous invitent à penser exactement le contraire.

    Elles montrent qu’on a tendance à être est plus fermé, plus violent, moins généreux à l’égard des autres, quand on a reçu une éducation religieuse.

    Cela ne veut évidemment pas dire que la bonté humaine n’existe pas chez les enfants de croyants.

    Au-delà des limites de ces enquêtes, ce qu’elles nous invitent à reconnaître seulement, c’est qu’on peut parfaitement être bon sans être passé par une éducation religieuse. Mais cela, nous le savions déjà.

    #Ruwen_Ogien

    (1) Jean Decety, et al., Current Biology, 25, 5 novembre 2015, p. 1-5.

    (2) Hervé Morin, « Les enfants non religieux sont plus altruistes que ceux élevés dans une famille de croyants », Le Monde, 5 novembre 2015.

    (3) Jürgen Habermas, Entre naturalisme et religion. Les défis de la démocratie, (2005), trad. Christian Bouchindhomme, Paris, Gallimard, 2008.

  • La vérité historique, première victime du nationalisme (janvier 2010)
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article348

    #Ernest_Renan, le grand mystificateur

    Joseph-Ernest Renan (1823-1892) était quelque peu tombé dans l’oubli. Le débat du jour le tire de l’ombre. Il redevient une référence, celle dont se revendiquent ouvertement des politiciens de haut vol comme Alain Juppé [1].

    Renan, ancien séminariste devenu rapidement, après quelques frictions avec Napoléon III, l’historien pour ainsi dire officiel de l’État, a au moins un avantage : son cynisme est tel qu’il n’y va pas par quatre chemins pour « lâcher le morceau ». Dans « Qu’est-ce qu’une nation  ? », conférence prononcée en 1882, il ne se gène pas pour écrire : « L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d’une nation, et c’est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger ». On ne saurait être plus clair...

    Renan, véritable « saint » de la troisième république, s’affirme partisan, pour les besoins de la cause, de « l’erreur historique », ce pourquoi on peut lui décerner le titre de «  Père du révisionnisme historique décomplexé  ». Aujourd’hui comme hier, ce révisionnisme permet au Pouvoir de continuer de travestir la vérité historique, de la faire entrer dans le moule qui lui convient, et de justifier ainsi son idéologie et sa pratique.

    Chantre du mensonge officiel, Renan fut le premier historien postérieur à la Révolution Française à remettre en selle, en tant que piliers de la « nation moderne », ceux qu’il nommait avec tendresse les « personnages du passé ». A sa suite, l’école de la troisième république intégrera toute une brochette de psychopathes royaux (et quelques uns de leurs plus célèbres laquais) dans l’imagerie héroïque de la France. Par ce coup de baguette magique, les brutes couronnées et leurs larbins devenaient, dans les livres scolaires, des héros qui auraient fondé la patrie française et se seraient sacrifiés pour elle.

    Les falsifications historiques vomies par Renan ont été la source à laquelle, à la fin du XIXème siècle, s’est abreuvée avec délectation cette bourgeoisie revancharde qui venait de massacrer les Communards. Les théories de Renan lui permettaient de faire coup double, d’une part en donnant un contenu clairement chauvin et réactionnaire à une République qui venait de s’installer par défaut [2], d’autre part, en contrant l’émergence du mouvement ouvrier internationaliste grâce à l’utilisation de cette version nationaliste de l’histoire. Deux attitudes qui allaient directement conduire à la boucherie sanglante de 1914/1918.

    L’essentiel de la falsification historique voulue par Renan et ses successeurs porte sur la Révolution française. Tout leur travail consiste à masquer la « rupture épistémologique » que représente cette période et à la présenter comme un simple prolongement du cours antérieur de l’histoire. Ainsi en est-il de l’idée de Nation, qui apparue dès le début de la Révolution, va être vidée de son sens par nos historiens et politiciens révisionnistes et déformée jusqu’à signifier le contraire de son sens premier. En effet, quand le terme Nation fait irruption dans le débat politique en 1789, il désigne clairement la collectivité formée par tous les individus, égaux entre eux, et de ce fait, la seule instance politique légitime dans un pays. L’idée de Nation se construit en opposition totale au pouvoir d’un seul (ou d’une petite caste), en opposition donc à la tyrannie qu’ont précisément défendu les Jeanne d’Arc, les Charles Martel et autres « personnages du passé » lors des siècles d’oppression féodale et monarchique, en opposition totale à cette idéologie qui permettait à n’importe quel crétin (pourvu qu’il fusse couronné) d’affirmer : « L’État, c’est moi  ! ».

    Ainsi, pendant la Révolution Française, on pouvait fort bien être étranger, être né loin du territoire français, et être immédiatement intégré dans la Nation. C’est pourquoi des hommes et des femmes de tous les pays se retrouvèrent en France, dés 1789, à délibérer, à décider et à agir pour les idéaux révolutionnaires. A partir de 1792, il y eut même des bataillons entiers formés par les nombreux étrangers désireux de combattre sous les drapeaux de la Nation. On ne parlait pas alors de « brigades internationales » mais de « Légions » : Légions Belges, Légion Franche Étrangère Batave (Hollandais), Légion des Allobroges, Légion Germanique, Légion des Américains (Antillais et habitants métis ou blanc des colonies), etc.

    Ces faits sont aussi remarquables qu’il sont peu connus. Et pour cause : ils gênent les historiographes nationalistes, préoccupés d’élaborer leur mystification xénophobe. Ils gênent tout autant l’école historique marxiste qui, les oeillères du matérialisme dialectique bien rivées, n’a jamais voulu voir dans la Révolution française que son expression bourgeoise. Il est vrai que l’existence des Légions belges, germaniques ou américaines prouve que la conscience internationaliste n’a pas attendu la théorie de Marx et la pratique de Lénine pour se manifester de façon concrète !

    Cette caractéristique du conflit fondateur de la Nation française est renforcée par un deuxième élément qui vient compléter clairement la signification en contrepoint : tout comme on pouvait être étranger et membre de la Nation, on pouvait tout aussi bien bien être français de souche, né sur le territoire et appartenir au parti de l’étranger.

    la frontière : fracture idéologique et non réalité territoriale

    En effet, si des esprits éclairés sont venus d’Europe et des Amériques pour défendre la Révolution, à l’inverse des membres éminents de la noblesse, de l’église et des milieux affairistes, tous « Français de souche » ont fui en masse le pays à partir de la prise de la Bastille [3]. Ceci nous montre où se situe la véritable fracture : non pas entre lieu de naissance, non pas entre territoires géographiques (d’un coté du Rhin ou de l’autre) , non pas entre « cultures » (culture française contre culture allemande...), mais bien entre intérêts économiques et de pouvoir.

    La France de la Révolution n’avait donc pas de problème avec les personnes nées hors de France. Elle en avait de sérieux avec toutes celles qui, selon l’expression des sans-culottes, formaient le « parti de l’étranger », parti désigné ainsi parce qu’il se regroupait sans vergogne autour des despotes régnant à l’étranger [4]. Un parti qui reçut la participation massive de « Français de souche » : on évalue à un million, chiffre énorme pour l’époque, le nombre de nobles, de riches et de curés qui n’hésitèrent pas à déserter le territoire français pour revenir l’attaquer avec les armées royales étrangères [5].

    les nouveaux émigrés

    L’histoire dit-on a tendance à se répéter. Parfois sous forme de farce. Après avoir connu l’émigration de la noblesse, revenue avec Louis XVIII dans les paquets des armées étrangères piller de nouveau le territoire dit national, voici que nous sommes menacés de l’émigration des... footballeurs. Le lien entre les deux émigrations n’est pas qu’apparent, et les théories révisionnistes des émules de Renan sont là pour masquer le scandale que constitue l’une comme l’autre.

    Alors que le slogan politicien affirme -ce que beaucoup de gens croient- que « Les plus pauvres ne payent pas d’impôt », en France, même les rmistes, tout comme les retraités aux pensions les plus minables, les étudiants aux bourses ridicules, et les sans-papiers les mieux cachés payent des impôts tous les jours [6]... A contrario, les politiciens s’en vantent moins, ils ont voté des « niches fiscales » qui permettent aux plus riches de ne pas payer d’impôts directs (ou de n’en payer que sur une fraction de leur revenu). Les joueurs professionnels de football, dont le salaire moyen tourne autour de 500 000 euros annuels, jouissent de ce privilège. Or, voici qu’un inconscient a envisagé de leur faire payer des impôts, comme à la masse de la population, sur la totalité de leur revenus. Quels cris d’effroi n’avons-nous pas entendus ! Et quelle menace ! Celle d’un « nouvel exode massif vers l’étranger des meilleurs joueurs du championnat. »

    Un exode massif vers l’étranger ? Bigre, cela nous en rappelle, des choses !

    Soulignons d’abord que cette menace d’émigration massive émane d’un milieu qui vit de la promotion d’un chauvinisme sportif identitaire qui englobe jusqu’à la couleur du slip ; qu’elle provient directement de gens qui composent l’équipe dite « de France » et qui font profession de chanter au garde à vous, en regardant le drapeau bleu-blanc-rouge « droit dans les yeux », devant des millions de personnes, l’hymne national. En plein débat sur l’identité nationale on mesure le peu de sincérité de l’establishment : alors qu’il s’était levé comme un seul homme pour fustiger cruellement le public qui avait, par jeu, sifflé la Marseillaise, pas un seul dignitaire du régime n’a dénoncé quelque chose qui devrait être bien plus grave à ses yeux et tirant bien plus à conséquence (s’il avait la moindre honnêteté) : une atteinte aux plus sacrés des devoirs, celui de verser, comme tout le monde, sa contribution.

    L’anecdote ridicule des tapeurs de ballon qui menacent, comme un seul homme, d’aller faire joujou ailleurs et, surtout, le silence complice qui accueille leur caprice nous révèle on ne peut plus clairement la véritable fonction du nationalisme : masquer, sous des mots creux, l’indignité passée, présente et à venir des privilégiés.

    Le principal pilier de la vie en société c’est la fraternité, la solidarité, sans cela, tout le reste n’est que mensonge et hypocrisie. Ceux qui sont trompé par les nationalismes défendent en réalité des privilégiés qui agitent leurs drapeaux nationaux (ou régionaux) pour mieux détourner l’attention et tirer des profits égoïstes. Hier comme aujourd’hui, il est notoire que ceux qui, à cause de leur rapacité, sont en dehors des valeurs fondamentales de la société humaine (de ce que les sans-culottes appelaient la Nation) ce ne sont pas les « étrangers » mais bien les riches, les patrons, les profiteurs de tous poils et leurs complices.

    G. Babeuf

    INTEGRISME & NATIONALISME

    Au moment, ou l’on parle beaucoup, en France, tour à tour, de l’intégrisme religieux et de l’identité nationale, je tiens à souligner que c’est bien le nationalisme que le pouvoir plébiscite au travers de cette fumeuse idée d’identité nationale. Et, il ne peut pas y avoir de doute sur le fait que le nationalisme est bien lui-même un intégrisme. Car comme tout intégrisme, il est un vecteur de fanatisme, parce qu’il est violemment excessif et injuste ; il est un vecteur qui génère des clichés sommaires, parce qu’il facilite l’existence d’une mentalité sécuritaire ; il est un vecteur d’ignorance, parce qu’il occulte la vérité de la réalité ; il est un vecteur de haine, parce qu’il engendre l’intolérance et la peur, donc, la violence, une violence qui servira toujours le pouvoir en place. Et de plus, le nationalisme revêt, aussi, un caractère fondamentalement religieux, car, il est, de par sa nature démagogique, appelé à être élevé au rang du sacré. Cette superstition est l’ennemie de tous les hommes libres, car, elle exalte le réflexe réactionnaire en faisant appel à l’émotionnel pour réveiller les pulsions primaires telles que, par exemple, l’esprit grégaire. Sa devise pourrait être : A chacun son drapeau, à chacun sa haine. Tous ceux qui savent qu’il y a d’autres manières d’exister que par la haine doivent rejeter toute complicité avec le nationalisme.

    [1] Voir par exemple le site de juppé http://www.al1jup.com/quest-ce-quune-nation

    [2] la chute de Napoléon III, la république fut instituée de façon provisoire par une assemblée monarchiste qui n’arrivait pas à se mettre d’accord entre elle. Moyennant quoi, cette Troisième république fut la plus longue de l’histoire de France

    [3] Trois jours après, le 17 juillet 1789, le comte d’Artois, frère du roi (et lui même futur roi, sous le nom de Charles X), passait à l’étranger sans oublier d’emporter tout ce qu’il pouvait de sa fortune

    [4] Certains lecteurs ont peut être entendu parler de Rivarol, une feuille qui se veut l’hebdomadaire de l’« opposition nationale et européenne » et soutient régulièrement le Front National. Ce périodique, adepte du slogan « La France ou on l’aime ou on la quitte » fait semblant d’oublier que le célèbre pamphlétaire royaliste dont il tire son nom ... a quitté la France en 1792, comme quoi, il ne devait pas l’aimer tant que ça...

    [5] Voir A. Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française. Ajoutons que c’est précisément pour avoir soutenu ce « parti de l’étranger » que Louis XVI, né français de souche, a été guillotiné en 1793.

    [6] ...car ils ne sont pas exonérés d’impôts indirects. Quand un rmiste achète des carottes, il verse 5,5 % du prix dans les caisses de l’État, et, s’il s’achète une chemise, 19,6 % !

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°115 janvier 2010
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article350

    • http://mondialisme.org/spip.php?article2383

      Temps critiques

      VERNISSAGE D’UNE ANTIQUITÉ :

      LE « DÉFAITISME RÉVOLUTIONNAIRE »

      À propos des attaques islamistes de Paris, nous avons reçu un tract qui passe une couche de vernis sur une ancienne position de la gauche communiste devenue aujourd’hui une antiquité : le défaitisme révolutionnaire.

      Premièrement, le tract est marqué par son incapacité à reconnaître ce qui est nouveau

      D’après lui, nous serions dans un système capitaliste mondialisé. On peut donc supposer, sans pour cela perdre du temps à s’interroger sur la validité de la notion (kautskienne je crois) de "super-impérialisme", que les souverainetés nationales ont aujourd’hui peu de poids face à l’imbrication des différentes fractions du capital dans ce que nous appelons, à Temps critiques, le "capitalisme du sommet" (cf. n° 15). Ce tract devrait donc en tirer toutes les conclusions possibles. Au lieu de cela, le texte nous dit qu’en fait la situation de guerre est engendrée par des puissances visant à la défense de leur pré carré ! Cela suppose de maintenir une vision traditionnelle des luttes anti-impérialistes comme si on en était encore à l’époque coloniale ou même post-coloniale des années 1960-1980. Or le mouvement mondial de globalisation a déplacé la question ancienne de la possession coloniale ou de la domination néocoloniale avec maîtrise des territoires vers celle du contrôle des flux par le biais de politiques financières et de mises en réseaux clientélistes. Pour ne prendre qu’un exemple, il ne s’agit pas tant de s’approprier le gaz ou le pétrole moyen oriental que de garder les robinets de distribution ouverts afin qu’il n’y ait pas de risque de rupture d’approvisionnement pour l’ensemble des pays consommateurs de la communauté internationale. Seuls les quelques pays soumis à embargo sont tenus à l’écart de ce consensus.

      Cet objectif internationalisé même si il est chapeauté par la puissance dominante, c’est-à-dire les États-Unis, change tout du point de vue stratégique. La stabilité d’un ordre mondial est primordiale pour garantir cette fluidité du capital et la circulation des ressources énergétiques ou des matières premières. Les stratégies ne sont donc plus dictées essentiellement par des efforts de déstabilisation de "l’autre camp" comme dans les soubresauts de l’après-guerre froide ; ou pour s’approprier des parts de gâteau dans une situation de guerre économique sauvage. Si on ne tient pas compte de ce nouvel ordre mondial, forcément instable dans certaines zones, alors pourquoi parler en termes de mondialisation comme le fait le tract ? Il n’y aurait rien de nouveau alors depuis 1945 !? C’est faire fi de toutes les réunions internationales incessantes, qu’elles soient de type commerciales, climatiques ou politiques.

      Qui peut penser, comme le soutient par exemple le tract, qu’El Assad veut développer son "capital national" ? que Daesh dont les antennes s’étendent paraît-il dans trente pays viserait à développer son capital national ? Et les talibans aussi, c’était ça aussi leur objectif en transformant Kaboul en un village du Moyen Age ?

      Cette incohérence ne permet pas de comprendre une double contradiction du capital. L’une au niveau stratégique de l’hyper-capitalisme du sommet entre d’un côté la tendance dominante à la mondialisation et donc à la crise des États sous leur forme d’État-nation et de l’autre la résurgence de politiques de puissance aussi diverses que celles menées récemment par le Japon, la Russie et l’Iran. L’autre au niveau de la gestion encore en grande partie nationale d’une situation où coexistent de façon conflictuelle, d’un côté une croissance de flux humains (migrants et réfugiés) parallèle à celle des flux financiers ou de marchandises et de l’autre une tendance protectionniste et souverainiste-identitaire.

      Deuxièmement, la guerre est conçue dans des termes anciens

      Cela découle de ce qui précède. Pour l’auteur du tract, la guerre ne peut être qu’une guerre entre États dans laquelle les gros mangeront les petits puisque les luttes de libération nationale qui avaient semblé inverser cette tendance ne sont plus vraiment d’actualité laissant place à une désagrégation des différents blocs issus de la Seconde Guerre mondiale puis de la Guerre froide. Pourtant ce qui caractérise les actions militaires depuis 2001, pour nous donc des opérations de police (cf. note 1) c’est ce qui a été théorisé par les experts en stratégie militaire, comme des guerres asymétriques ou dissymétriques, ce qui change la donne et pour tout le monde. Du côté des puissances et du pouvoir la désignation des ennemis n’est plus claire ; l’ennemi est-il encore extérieur ou en partie intérieur ? Le politique retrouve ici sa dimension incontournable par rapport à la dimension militaire et au rapport de force brut. C’est aussi pour cela que la position de facilité à court terme, pour l’État apparaît comme celle du tout sécuritaire.

      Mais de « notre côté » les choses ne sont pas plus claires. S’opposer directement à la guerre comme ce fut le cas encore pour le Vietnam alors que la conscription existait toujours n’était déjà plus qu’une possibilité indirecte au moment de l’intervention en Irak de forces opérationnelles spéciales. Cette possibilité est maintenant devenue très problématique dans une configuration où s’affrontent professionnels technologisés et dronés d’une part, combattants fanatisés (et bien armés aussi), d’autre part. Les « lois de la guerre » ne sont d’ailleurs plus respectées ni par les uns ni par les autres. En conséquence, pratiquer le « défaitisme révolutionnaire » s’avère sans objet ; et se réfugier dans un refus de l’unité nationale comme si c’était l’objet du problème et par ailleurs comme si cela pouvait avoir un quelconque effet pratique, relève du slogan qui devient grandiloquent et même ridicule quand il nous promet, dans le cas contraire une mort programmée (le catastrophisme encore et toujours).

      Troisièmement, il est marqué par sa confusion entre capital et capitalisme

      Pour l’auteur tout est capitaliste et donc les États et même le "proto-État" Daesh sont des États capitalistes. Il s’ensuit, entre autres, qu’aucune analyse fine des particularités de Daesh ou d’Al Qaida n’est possible puisque le tract néglige complètement le fait que ces organisations prospèrent sur le tribalisme et non pas sur le capitalisme (ça n’empêche certes pas la valeur de circuler) et qui plus est sur un tribalisme religieux, le tribalisme sunnite en conflit ouvert avec un chiisme plus centralisé et institutionnalisé sur le modèle iranien. Le même phénomène se retrouve en Libye où la mort de Kadhafi a libéré la lutte clanique. Cet éclatement des guérillas peut même être l’objet d’une véritable stratégie comme celle des « franchises » d’Al Qaida, réplique militaire des franchisés commerciaux occidentaux. Cette organisation à l’horizontale se rapprochant aussi de certaines organisations mafieuses comme à Naples, ce qui rend « la traque » plus difficile..

      Si elle revêt parfois des formes anticapitalistes ou anti-impérialistes, cette guerre de guérilla est avant tout appuyée sur trois axes, le premier religieux qui oppose révélation à raison est très éloigné des formes religieuses de l’islam intégré des pays occidentaux, le second familial et patriarcal en concordance plus étroite avec les piliers de l’Islam et enfin le troisième de type mafieux reposant sur l’accaparement de la rente, le pillage et le commerce illégal y compris l’esclavage. Il est donc inapproprié de traiter de capitalistes des organisations comme Daesh et Al Qaida alors que leur organisation et leurs perspectives sont tout autres. Il est aussi erroné de les traiter de fascistes comme le font souvent les libertaires et les gauchistes parce que le fascisme est un sous-produit du socialisme et du nationalisme alors que ces organisations n’ont justement pas de visées nationales ; elles sont même directement mondiales et s’adressent à une communauté des croyants potentiellement sans limite. Ce sont donc bien ces organisations et pas celles de la gauche radicale qui ont dépassé en pratique le cadre de référence de la nation même si ce n’est pas dans la perspective de la communauté humaine, mais dans celle aliénée de la communauté religieuse. C’est particulièrement vrai pour Al Qaida et si Daesh présente au départ une option plus territorialisée avec le projet de Califat, il semble que son orientation récente rejoigne celle de l’organisation concurrente. Au rebours de ce que prétend le tract, on peut même dire que ces organisations sont le fruit de la défaite des pouvoirs nationaux-socialistes nassériens, baasistes et kadhafistes dans la région.

      Quatrièmement, sa perspective est d’origine historique décadentiste (mais drapeau dans la poche en quelque sorte).

      Une phrase en est emblématique : « la guerre rode partout sur l’ensemble de cette planète vivant une véritable agonie ». À la limite, on peut dire que les djihadistes sont plus clairvoyants qui s’attaquent au capitalisme et particulièrement à une société capitaliste pourvoyeuse de plaisirs et fonctionnant sur un modèle hédoniste adopté par toutes les couches de la population y compris les plus défavorisées. En effet, les lieux choisis ne tiennent pas du hasard. Les lieux de divertissement sportifs, musicaux, bars ou restaurants à la mode ont été taxés de lieux « d’abominations et de perversion » par le communiqué de revendication des attentats par l’EI du le 14/11/2015. La crise avec un grand C n’est donc pas encore là quoiqu’en pense ou souhaite le tract. Les difficultés actuelles à reproduire les rapports sociaux dans leur ensemble n’empêchent pas la poursuite d’une dynamique de capitalisation dont l’un des axes est constitué par le consumérisme, festif de préférence.

      C’est malheureusement une tradition, dans l’ultragauche, que de réactiver cette tendance décadentiste qui voit du mortifère et de la misère partout, mais aujourd’hui cela s’effectue sous une forme radicalisée catastrophiste bien rendue par la phrase : « ces attentats dont ceux de Paris ne sont qu’un hors d’œuvre ». Qui écrit cela frôle le cynisme et surtout pratique la politique du pire parce qu’il n’a pas de solution de rechange. Noircir le tableau est le signe d’une désespérance du courant communiste radical.

      Cinquièmement, le spectre du prolétariat remplace la lutte des classes

      Tout d’abord la classe ouvrière est définie comme la classe « antinationale par définition ». On se demande bien qui a pu établir cette définition. Le Larousse ? Non. Marx ? Oui, mais avec plusieurs bémols. Tout d’abord Marx n’est qu’un théoricien-militant à l’épreuve de la pratique et on connaît aujourd’hui la pratique qui a mis à mal ce qui devait être l’internationalisme prolétarien resté toujours très minoritaire au sein de la classe ouvrière. Ensuite la phrase du Manifeste adorée comme une Bible pour croyant est une phrase tronquée dont le contenu complet est moins clair ou univoque. Je cite : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ôter ce qu’ils n’ont pas … Comme le prolétariat de chaque pays doit d’abord conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation [c’est nous qui soulignons], il est encore par là national ; mais ce n’est pas au sens bourgeois du mot ». Certes, Marx est encore à l’époque, imprégné de démocratisme révolutionnaire (deuxième partie de la citation) et sa perspective communiste reste lointaine même si elle est affirmée en tête de citation. C’est bien pour cela qu’il ne s’avance pas trop sur le caractère « antinational » du prolétariat. Il se laissera même parfois aller à un certain pangermanisme comme par exemple dans son opposition au slavisme de Bakounine ou dans ses prises de position au début de la guerre franco-allemande avant de comprendre l’importance de la Commune de Paris. En tout cas, s’il cède parfois à un essentialisme du prolétariat parce qu’il le pense dépositaire final de l’universalisme bourgeois (c’est sa position dans les œuvres de jeunesse), il sait aussi combien la classe ouvrière est une classe déterminée par ses conditions (c’est sa position à partir des Grundrisse). Alors pourquoi reprendre cela dans un tract répondant à un événement actuel ? La situation serait-elle plus favorable à l’expression de ce côté universel qu’au côté particulariste ? On aimerait bien mais on en doute. Le tract lui-même en doute quand il espère « le réveil du prolétariat international » sans se poser la question du pourquoi de son grand sommeil et sans se demander comment les tirs de kalachnikovs au Bataclan sonneraient ce réveil.

      Ce qui est patent mais bien évidemment dur à reconnaître pour les courants communistes radicaux, c’est que ce genre d’événements nous met tout simplement hors jeu et on peut dire celui de novembre bien plus encore que ceux de janvier. Dans cette situation que nous subissons au plus haut point, toute position « programmatique », sous condition même qu’elle puisse être fondée en principe, s’avère artificielle et velléitaire. Pour éviter qu’elle apparaisse trop décalée il faut alors se replier sur une position du type de celle prise par Erri de Luca.

      Cette intervention d’Erri de Luca est en effet cohérente avec son actuelle position démocrate et « antifa ». Il propose l’organisation d’une défense citoyenne sur le modèle de ce qui se faisait dans les quartiers de l’Italie des années 1970 pour neutraliser les fascistes même s’il s’agit cette fois de neutraliser les terroristes et ainsi d’éviter ce qu’il nomme un risque de « militarisation » excessive de l’État et donc sa droitisation extrême. Les dispositifs stratégiques imaginés par l’ancien dirigeant du service d’ordre de Lotta continua refont surface mais convertis pour un usage citoyen dans l’État de Droit de façon à nous sauver de l’État d’exception expérimenté un temps par l’État italien au cours des « années de plomb ». Sans partager ce propos, le réduire à un appel à la délation auprès de la police comme le font déjà certains, est un réflexe révolutionariste qui pense que la dénonciation est bien supérieure à la délation mais sans rien proposer d’autre qu’un mot d’ordre abstrait qui présuppose une guerre (de classe ?) entre deux ennemis, d’une part un État-policier et d’autre part des « révolutionnaires » qui le combattent. Où trouverait-on un collégien, même intoxiqué par le NPA, pour croire à cette fiction ?

      Pour conclure et répondre indirectement à une intervention d’un camarade à propos de Jaurès et du patriotisme, nous joignons ci-dessous des extraits d’une lettre adressée à quelques camarades dans le cadre des discussions préparant notre texte sur les événements de janvier.

      La phrase de Renan (« L’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création de la nation ») date d’une conférence de 1882 et ton énoncé n’est d’ailleurs pas complet. Il convient pourtant de lire toute la phrase puisque Renan ajoute à l’oubli, l’erreur historique (c’est-à-dire finalement la nécessité d’une réécriture qui fasse une « histoire »). Une citation donc très Troisième République et une définition fort éloignée de celle de Sieyès (« la nation c’est l’association ») et autres révolutionnaires de 1789. Une définition qui s’explique par la volonté de fonder en théorie une conception de la nation qui puisse être reconnue par tous, du bourgeois jusqu’à l’ouvrier, du républicain jusqu’au royaliste. Le patriotisme originel, par exemple de « l’armée révolutionnaire » se transformera alors progressivement en religion de la patrie.

      Les propos a-historiques que profèrent les « anti-nation » de principe et particulièrement ceux venus de l’ultra-gauche ou de l’anarchie, méconnaissent et c’est un peu étonnant, le fait qu’au moins jusqu’à la Commune de Paris, nation et patrie étaient des notions révolutionnaires puis internationalistes jusque dans la Première Internationale et que l’Église, la noblesse, les franges conservatrices de la bourgeoisie ne s’en revendiquaient pas, bien au contraire. On sait que la révolution française a combattu « le parti de l’étranger », mais qu’elle a accueilli comme français tous les volontaires étrangers dans ses légions, ancêtres des brigades internationales de 1936, les staliniens en moins.

      Plutôt que de résumer ici des positions historiques de marxistes sur la nation pour en montrer les limites ou les ambiguïtés (Marx et sa citation tronquée du Manifeste, Bauer et la nation comme communauté de destin que le socialisme ne "dépassera" pas plus d’un claquement de doigt qu’il ne "dépassera" la religion, Strasser, Pannekoek et leur déterminisme mécaniste, etc.) nous renvoyons aux 100 premières pages du n°33-34-35 de la revue Ni patrie ni frontières d’Yves Coleman sur « Les pièges de l’identité nationale ». On doit pouvoir le commander ou le lire directement sur le site de NPNF et "mondialisme.org".

      Temps critiques, le 19 novembre 2015.

  • MASSACRE DU 13 NOVEMBRE

    Le 7 janvier 2015, nous écrivions déjà que la situation en France était d‘une extrême gravité. C’est avec désolation que nous constatons qu’elle a empiré. Ce 13 novembre nous avons eu affaire à une attaque d’envergure de fascistes islamistes frappant lourdement des lieux fréquentés par un public populaire. C’est aux accents de l’inquisition que ces fanatiques, en plein Paris, ont tué et blessé gravement des centaines de personnes (désignées dans le communiqué de Daesch comme « idolâtres », et donc méritant, d’après eux, la mort). Soyons clairs, non seulement la CNT-AIT est aux côtés des victimes et de leurs familles, mais elle prendra toute sa modeste part dans la dure lutte qui s’annonce contre le fascisme, qu’il soit islamiste ou nationaliste.

    Cette lutte nous ne la mènerons certainement pas aux côtés des politiciens mais aux côtés de la population dans laquelle réside les véritables capacités d’émancipation. Nous avons eu encore un exemple de ces capacités ce samedi matin 14 novembre : alors que le pouvoir appelait chacun à se claquemurer prudemment chez lui et que les habituels « experts », toujours aussi ineptes, blablataient en boucle dans les médias, une foule de parisiens avec intelligence et courage s’est spontanément présentée dans les hôpitaux pour donner son sang. Aujourd’hui comme hier c’est dans la vie réelle - avec cette intelligence, avec cette solidarité qui la caractérisent - et à la base que se vaincra le totalitarisme quelque forme qu’il prenne.

    La découverte sur un des lieux du crime d’un passeport syrien constitue une grosse ruse de guerre. Il faut rappeler que les réfugiés syriens sont un obstacle majeur au développement de Daesch. En effet ils sont autant de témoins directs susceptibles de dénoncer, partout et face à qui que ce soit, les pratiques fascistes de Daesch : ils les ont vues, ils les ont subies. Glisser quelques barbouzes parmi les réfugiés, puis mettre clairement en scène cette infiltration en abandonnant sciemment un passeport syrien dans un endroit propice, voilà la ruse de Daesch pour tenter de discréditer ceux qui, par leurs témoignages, par leurs informations, par leur courage sont en mesure de contrecarrer son discours et son expansion. Mettre tous les Syriens dans un même sac, c’est tomber dans le piège que Daesch nous tend. C’est pourquoi il faut soutenir plus que jamais les réfugiés Syriens dans le cadre de la lutte antifasciste contre Assad et Daesch.

    Une autre ruse de guerre a été encore moins comprise. C’est « l’étonnante » conduite des kamikazes du stade de France. Elle a été moins commentée que l’histoire du passeport. Les rares fois où elle l’a été, les commentateurs ont laissé entendre qu’il s’agissait d’imbéciles incapables de se faire sauter là où il fallait, quand il le fallait. C’est sous-estimer gravement un ennemi qui a largement démontré son efficacité dans l’art du crime de masse. D’abord il est certain que les kamikazes ont agi sur ordre, ensuite s’il est toujours possible que l’un se soit « trompé », ce qui serait vraiment étonnant, c’est que les deux aient été dans la même erreur. Ce qui est arrivé n’a en fait rien de fortuit. En se faisant exploser à l’extérieur, au milieu du match (et ni avant ni après) ils ont mis leurs commanditaires en situation de suivre à la télé avec précision par qui, par où et comment on exfiltre le président de ce pays… et de comprendre comment on « gère » une foule immense captive dans un lieu... autant d’informations stratégiques.

    La mauvaise analyse de ces deux faits révèle une grave faiblesse polémologique de la sphère politico-médiatique, celle qui consiste à ne voir que ce que l’ennemi veut qu’on voit. Elle fait, ce faisant, preuve d’une aptitude certaine à être trompé par lui.

    SOLIDARITE CONTRE TOUS LES FACISMES !

    #CNT-AIT #Toulouse.

    https://www.facebook.com/Cnt-ait-toulouse-officiel-186830011469841

    En photo : le rassemblement ce midi dans le quartier des Izards à Toulouse des réfugiés syriens en solidarité avec les victimes de Paris

  • Histoire des idées anarchistes en #ex-Yougoslavie, par Trivo Indjic
    http://serbie-droitshumains.blogspot.fr/2015/11/histoire-des-idees-anarchistes-en-ex.html

    Selon le Dictionnaire des militants anarchistes : « Professeur à l’université de Belgrade, Trivo Indjic était dans les années 1960 en contact avec la Commission préparatoire du Congrès international de Fédérations anarchistes dont le secrétaire était Guy Malouvier. Il poursuivit ses contacts avec la Commission de relations de l’internationale des fédérations anarchistes (CRIFA) nommée au Congrès de Carrare en 1968. Il était à l’époque membre de la rédaction de la revue Praxis (Belgrade) qui regroupait les partisans du développement de l’autogestion. Ses prises de position lui vaudront ensuite d’être exclu en 1975 avec sept autres professeurs de l’Université de Belgrade par le gouvernement. Après la mort en 1982 du Maréchal Tito, Trivo Indjic participa activement à l’émergence d’un mouvement anarchiste en Yougoslavie et intervint dans de nombreuses conférences et réunions internationales, en particulier aux rencontres libertaires tenues à Venise en septembre 1984. Trivo Indjic, qui est l’auteur de plusieurs articles en sociologie et dans le domaine des relations internationales et a travaillé comme chercheur en sociologie dans divers instituts de Belgrade, a été ensuite ambassadeur en Espagne de 2001 à 2004 avant de devenir le conseiller politique du Président de la République de Serbie Boris Tadic. »
    Le texte qui suit a été publié également en langue anglaise en 1990, sous le titre Anarchisme en (ex-)Yougoslavie, par Barricade publishing (Australie). Je vous propose la traduction sur base du texte en langue serbo-croate.
    Dragan Grcic, 4 novembre 2015

  • Trois textes de la Ligue révolutionnaire des ouvriers noirs de Détroit - mondialisme.org
    http://mondialisme.org/spip.php?article2373

    A l’heure où en France fleurissent les théories identitaires de gauche, directement inspirées de l"’identity politics" (de la « politique de l’identité »), en clair des politiques identitaristes si populaires dans le monde universitaire et chez de nombreux politiciens anglosaxons depuis des décennies, il est important de se souvenir que d’autres positions politiques, révolutionnaires, favorables à la lutte de classe et à l’armement des prolétaires (et oui !!) ont été défendues... Et pas dans les couloirs des universités de Harvard, Berkeley, de Yale ou de... Paris VIII ou de l’EPHE (comme les théories postmodernes ou postcoloniales actuelles) mais dans les usines de Détroit par des ouvriers noirs militant notamment dans les syndicats de l’automobile.

    Il est facile, quarante ans plus tard de déceler tous les défauts, les erreurs importantes d’analyse voire les conneries contenues dans ces textes. Mais il reste quand même l’essentiel : le refus du réformisme, du nationalisme et de l’identitarisme qui dominent aujourd’hui en Occident à gauche et à l’extrême gauche ; un optimisme résolu et un regard particulièrement critique sur la gauche européenne et américaine ; et, derrière un ton décapant et pas du tout politiquement correct, une analyse particulièrement fine des faiblesses congénitales d’une grande partie des militants gauchistes occidentaux.

    Après avoir donné la parole à ces trois représentants la Ligue révolutionnaire des ouvriers noirs, « #Ni_patrie_ni_frontières » tentera de retracer l’histoire très brève de cette organisation, puisqu’elle n’a duré que quatre ans, de 1969 à 1973. Tâche d’autant plus importante que cette expérience est totalement occultée par les militants ou les intellectuels de gauche ou d’extrême gauche actuels qui préfèrent pérorer sans fin sur la « race » que sur la classe, surtout quand des éléments de sa fraction « noire » prennent la parole et agissent en dehors de la cage identitaire où les petits-bourgeois veulent enfermer les prolétaires des minorités dites « visibles » !

    Bonne lecture.

    Ces trois articles que nous avons scannés ont été traduits et sont parus dans la revue « Temps modernes ».

     dans le n° 291 d’octobre 1970

    – Jim Jacobs : DRUM, la construction de la Ligue des ouvriers révolutionnaires noirs à Détroit (traduit par Mona Etienne)
    http://mondialisme.org/IMG/pdf/drum_contrusction_de_la_ligue_aIEUR_deI_troit.pdf

    – Ken Cokrel et Mike Hamlin : Comment nous travaillons (interview)
    http://mondialisme.org/IMG/pdf/comment_nous_travaillons.pdf

    Dans le n° 293-294 de décembre janvier 1971

    – John Watson : Marxistes léninistes à Détroit (interview traduite par Muriel Nathan)
    http://mondialisme.org/IMG/pdf/marxistes_leI_ninistes_aIEUR_detroit.pdf

  • Logement, les expulsions sont en hausse constante
    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/30/logement-les-expulsions-sont-en-hausse-constante_4800308_4355770.html

    En 2013, près de 126 000 décisions de justice ordonnant une #expulsion ont été rendues. S’il est difficile d’établir précisément le nombre de cas où l’expulsion a été réalisée in fine, on sait en revanche que dans 12 759 cas, la force publique (police ou gendarmerie) est intervenue pour expulser des personnes.
    Les décisions d’expulsion ont augmenté de 14,5 % entre 2007 et 2013. Sur dix ans, de 2002 à 2013, les contentieux locatifs « avec demande de délivrance de titre exécutoire » (d’expulsion) ont augmenté de 28 %.

    #logement
    Avec ce que prévoir la loi de finances comme réforme de l’APL, on peut prévoir une explosion du nombre d’expulsions.

  • Quelques articles sur le #racisme parus dans la revue « #Ni_patrie_ni_frontières » depuis 2002 - mondialisme.org
    http://mondialisme.org/spip.php?article2372

    De Fabel van de illegaal : Trafic de drogue aux Pays-Bas : un prétexte pour diffamer les Antillais néerlandais
    (2002)
    http://www.doorbraak.eu/gebladerte/30182v01.htm

     De Fabel van de illegaal : Pays-Bas : Les jeunes Antillais pauvres sont la cible du gouvernement (2001)
    http://www.doorbraak.eu/gebladerte/30173v01.htm

     De Fabel van de illegaal : Le racisme libéral aux Pays-Bas (2001)
    http://www.doorbraak.eu/gebladerte/30166v01.htm

     De Fabel van de illegaal : Pourquoi nous préférons un langage politiquement juste à une langue « pure » (2001)
    http://www.doorbraak.eu/gebladerte/30153v01.htm

     De Fabel van de illegaal : « IS et le nouveau racisme culturel aux Pays-Bas » (2004)
    http://mondialisme.org/spip.php?article433

     De Fabel van de illegaal : « Combattre le racisme sans défendre le multiculturalisme »
    http://mondialisme.org/spip.php?article417

    « Les comiques “ antiracistes ” sur-médiatisés renforcent les préjugés qu’ils prétendent combattre » (2004)
    http://mondialisme.org/spip.php?article2307

     RER D et Marie L, religions, nations, ethnies, communautés y’en a marre
    http://mondialisme.org/spip.php?article356

    « Racisme institutionnel et action affirmative » (2007)
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article1057

     « Sur les “ questions noires ” dans l’Hexagone : quelques hypothèses » (2007)
    http://mondialisme.org/spip.php?article1066

     « “ Noirs de France ” : ébauche d’une chronologie »
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article1052

     Les 6 péchés capitaux de la gauche identitaire postmoderne (2010)
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article1533

    « "Haine de l’autre", racisme et religion (2011) »
    http://mondialisme.org/spip.php?article2084

     « Du meurtre d’Ilan Halimi à celui de Chaïb Zehaf : le racisme dans sa continuité » (2009)
    http://mondialisme.org/spip.php?article639

    « Du P’tit Blanc (Laurent) aux Grands “ Blacks ” » : le retour de bâton du pitoyable slogan de SOS Racisme" (2011)
    http://mondialisme.org/spip.php?article1639

    « Deux textes sur le prétendu "racisme anti-Blancs" » (2012)
    http://mondialisme.org/spip.php?article1627

    « Race, culture, peuple, racisme, civilisation : quelques définitions provisoires » (2012)
    http://mondialisme.org/spip.php?article1827

     Mathijs van de Sande : « A propos du débat sur le “ Zwarte Piet ” néerlandais » (2013)
    http://mondialisme.org/spip.php?article2193

    « Acquérir une vision claire des différentes formes de racisme et de leurs rôles. Et réfléchir à ce que pourrait être un antiracisme de classe » (2015).
    http://mondialisme.org/spip.php?article2260

     « Sur “ La dignité des travailleurs. Exclusion, race et immigration en France et aux Etats-Unis ”, de Michèle Lamont », FNSP, 2002
    http://mondialisme.org/spip.php?article2307

     Memorial98 : « Qui a peur de l’antiracisme dans les syndicats ? »
    http://mondialisme.org/spip.php?article2306

     « Racisme antimusulmans et antisémitisme en Europe : deux fléaux qu’il faut combattre ENSEMBLE »
    http://mondialisme.org/spip.php?article2290

     "Modèles d’interprétation du racisme et conséquences politiques actuelles"
    http://mondialisme.org/spip.php?article2370

  • Bidonvilles à #Toulouse

    Bidon, bidon, bidonville, chantait Claude Nougaro… on ne saurait si bien dire. En effet, dans notre paysage familier à côté des boutiques, des banques, des édifices publics, des monuments… depuis pas mal d’années des bidonvilles se rajoutent au « patrimoine » toulousain. Là se logent souvent des familles qui, bien qu’ayant un revenu, ne peuvent subvenir à un besoin essentiel : se loger décemment. Et oui, un (maigre) salaire ne suffit pas toujours à trouver un logement. Les bidonvilles étaient apparus après les grandes destructions liées à la seconde guerre mondiale. Ils avaient fini par disparaître dans les années 70. Et ils sont réapparus une vingtaine d’années après… On peut se poser la question de savoir pourquoi on est revenu si tristement en arrière alors qu’il y a en France plus de deux millions et demi de logements vacants et que leur nombre a augmenté de 40 % dans les dix dernières années (1). Comme quoi, si l’on voulait résoudre vraiment le problème, on pourrait !

    (1) http://www.francetvinfo.fr/societe/debats/2-6-millions-de-logementsvacants_840513.html

    #Un_Autre_Futur supplément d’@anarchosyndicalisme ! n°146
    ---- Edition spéciale #logement ----------------

  • ---- Bourbaki --------------------
    Coupure illégale

    Au quartier Bourbaki, 70 personnes se sont fait couper l’eau et l’électricité. Ensuite il y a eu bétonnage et mise en place de deux vigiles pour que personne ne puisse ouvrir la vanne d’eau. Sait-on jamais, au cas où des habitants auraient eu des goûts de luxe, comme de vouloir boire de l’eau potable et prétendre se laver… La coupure d’eau est une pratique totalement illégale. Les plus hautes juridictions l’ont rappelé. Aucun « responsable politique » ne peut l’ignorer. Pourtant, c’est en toute impunité que Habitat Toulouse (avec comme patron #Franck_Biassoto, adjoint au maire de Toulouse) a commis cette illégalité. Pour loger les gens en difficulté, le « bailleur social » a du mal ; mais pour aggraver leur situation, #Habitat_Toulouse, ne lésine pas sur les moyens : de l’argent pour payer des vigiles, de l’argent pour détruire des bâtiments en bon état … il y en a. Mais, pour répondre aux besoins réels et immédiats, c’est manifestement plus difficile. A moins que couper l’eau et mettre des vigiles constitue une aide d’urgence humanitaire…

    #Un_Autre_Futur supplément d’@anarchosyndicalisme ! n°146
    ---- Edition spéciale #logement ----------------